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Migrants irréguliers | Kaïs Saïed déplore le faible taux de rapatriements

26. MĂ€rz 2025 um 11:52

Le prĂ©sident SaĂŻed a dĂ©plorĂ© le faible nombre de retours volontaires de migrants irrĂ©guliers (1544 depuis le dĂ©but de l’annĂ©e 2025), appelant les organisations internationales, dont l’OIM, Ă  redoubler d’efforts pour soutenir les initiatives tunisiennes.

«La bataille de libĂ©ration nationale menĂ©e en Tunisie doit ĂȘtre soutenue par l’action diplomatique», a dĂ©clarĂ© le prĂ©sident de la RĂ©publique, KaĂŻs SaĂŻed, lors de sa rencontre, mardi 25 mars 2025, au palais de Carthage, avec le ministre des Affaires Ă©trangĂšres, de la Migration et des Tunisiens Ă  l’étranger, Mohamed Ali Nafti.

Le chef de l’Etat, qui a rĂ©affirmĂ© le rĂŽle crucial des ambassadeurs dans la dĂ©fense des intĂ©rĂȘts nationaux, a rappelĂ© les constantes de la politique Ă©trangĂšre tunisienne, notamment l’indĂ©pendance de la dĂ©cision nationale et la diversification des partenariats internationaux. Il a Ă©galement plaidĂ© pour une Ă©valuation continue du rendement des ambassadeurs tunisiens et au renforcement de la coopĂ©ration internationale pour faciliter le retour des migrants irrĂ©guliers.

«L’enjeu n’est pas de crĂ©er de nouvelles ambassades ou de nommer des ambassadeurs, mais d’exiger des rĂ©sultats tangibles entre la remise des lettres de crĂ©ance et la fin de la mission», a lancĂ© le chef de l’Etat, laissant ainsi entendre qu’un certain nombre de reprĂ©sentants Ă  l’étranger ne s’inscrivent pas clairement et avec l’efficacitĂ© requise dans le processus de rĂ©forme globale qu’il a mis en route depuis qu’il a pris entre ses mains tous les leviers du pouvoir dans le pays, le 25 juillet 2021.   

Le prĂ©sident a Ă©galement ordonnĂ© une meilleure coordination entre les institutions de l’État pour mieux accompagner les Tunisiens Ă  l’étranger et amĂ©liorer les services qui leur sont fournis, avertissant que toute nĂ©gligence ou manquement de la part des missions diplomatiques envers les citoyens «ne saurait rester impunie».

Evoquant le problĂšme de l’immigration illĂ©gale, sujet critique et crucial s’il en est, le prĂ©sident SaĂŻed a dĂ©plorĂ© le faible nombre de retours volontaires de migrants irrĂ©guliers (1544 depuis le dĂ©but de l’annĂ©e 2025), appelant les organisations internationales, dont l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), Ă  redoubler d’efforts pour soutenir les initiatives tunisiennes. Il a Ă©galement soulignĂ© l’impĂ©rieuse nĂ©cessitĂ© de renforcer la coopĂ©ration avec les pays et les organisations concernĂ©es pour dĂ©manteler les rĂ©seaux criminels qui exploitent ces migrants, indique un communiquĂ© de la PrĂ©sidence de la RĂ©publique.

I. B. (avec Tap).  

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Tunisie | KaĂŻs SaĂŻed a-t-il un plan de sauvetage de Tunisair ?   

26. MĂ€rz 2025 um 11:08

Le prĂ©sident SaĂŻed est opposĂ© Ă  tout plan de session, totale ou partielle, de Tunisair, et cela se comprend, mĂȘme si on sait que de nombreuses compagnies aĂ©riennes Ă  travers le monde se portent beaucoup mieux aprĂšs avoir Ă©tĂ© privatisĂ©es. Mais l’Etat tunisien, qui traverse lui-mĂȘme une grave crise financiĂšre, a-t-il les moyens de voler au secours de cette entreprise publique, dans les comptes de laquelle il ne cesse d’injecter de l’argent pour la maintenir artificiellement en vie?

Imed Bahri

Kais SaĂŻed a soulignĂ© une nouvelle fois la nĂ©cessitĂ© de prendre des «mesures urgentes» en vue de mettre fin Ă  la situation qu’endure la compagnie Tunisair et ordonnĂ© de mettre sur pied un «plan de sauvetage» afin que celle-ci, avec toutes ses filiales, retrouve au plus vite son Ă©clat et son rayonnement, qui remontent tout de mĂȘme Ă  trĂšs longtemps et dont peu de ses clients se souviennent encore aujourd’hui.

Selon un communiquĂ© de la prĂ©sidence de la rĂ©publique, qui recevait mardi 25 mars 2025, au Palais de Carthage, le ministre des Transports, Rachid Amri et la chargĂ©e de la direction gĂ©nĂ©rale de la compagnie aĂ©rienne Tunisair, Halima Khaouja, aprĂšs le dĂ©part de son ex-Pdg, Khaled Chelly, poursuivi en justice dans une affaire de corruption, le chef de l’Etat a dĂ©noncĂ© les conditions «inacceptables» Ă  l’intĂ©rieur des avions, fustigeant les retards Ă  rĂ©pĂ©tition dans les horaires de desserte des vols.

Des pertes financiĂšres Ă©normes

Saïed est revenu aussi sur la situation de la flotte de la compagnie nationale, affirmant que celle-ci comptait par le passé 24 avions avant que ce nombre ne baisse à seulement 10.

Evoquant le dossier de la maintenance technique des avions, le chef de l’Etat a vivement critiquĂ© le temps passĂ© dans la maintenance technique des appareils de Tunisair, affirmant qu’il est estimĂ© Ă  123 jours en Tunisie alors qu’il ne dĂ©passe pas les 10 jours chez d’autres opĂ©rateurs aĂ©ronautiques. Une telle situation, a-t-il regrettĂ©, coĂ»te Ă  la compagnie des pertes financiĂšres Ă©normes estimĂ©es Ă  des dizaines de millions de dinars qui auraient dĂ» ĂȘtre exploitĂ©s dans l’acquisition de nouveaux avions.

Toujours dans le cadre de sa critique de la situation de Tunisair, le chef de l’Etat a dĂ©plorĂ© les recrutements opĂ©rĂ©s au sein de cette compagnie qui, a-t-il estimĂ©, sont souvent injustifiĂ©s et basĂ©s sur le clientĂ©lisme et le favoritisme.

Le prĂ©sident SaĂŻed a mis l’accent sur l’impĂ©ratif de mettre fin au plus vite Ă  cette «hĂ©morragie», rĂ©itĂ©rant son rejet catĂ©gorique de toute tentative visant Ă  cĂ©der cette entreprise nationale et l’aĂ©roport Tunis-Carthage ainsi que d’autres biens publics dans les diffĂ©rentes rĂ©gions du pays, qui ont Ă©tĂ© sciemment livrĂ©s Ă  l’abandon aux fins de les cĂ©der ultĂ©rieurement moyennant des prix modiques par des lobbies qui les convoitent.

Le chef de l’Etat a, dans ce contexte, soulignĂ© que l’aĂ©roport de Tunis-Carthage dispose de plusieurs avantages par rapport Ă  d’autres aĂ©roports, proposant de procĂ©der Ă  son extension afin d’en augmenter la capacitĂ©, rĂ©pondant ainsi Ă  ceux qui proposent de construire un autre aĂ©roport au nord de la capitale, Ă  Utique, entre Tunis et Bizerte, et libĂ©rer ainsi le terrain prĂ©cieux occupĂ© par l’actuel aĂ©rodrome situĂ© au cƓur de la capitale .

Que le prĂ©sident se penche aujourd’hui sur le dossier de Tunisair, qui  traverse une grave crise depuis une quinzaine d’annĂ©es, est louable en soi, mais suffit-il de reprendre les critiques et les griefs que les mĂ©dias n’ont cessĂ© d’exprimer au cours des quinze derniĂšres annĂ©es pour que les problĂšmes de la compagnie soient rĂ©solus ?  

Que peut faire le gouvernement ?

Les gouvernements qui se sont succĂ©dĂ© depuis 2011 ont tous (ou presque) parlĂ© d’un plan de redressement de Tunisair qui n’a jamais Ă©tĂ© mis en route, pourquoi ? Qu’est-ce qui empĂȘche la mise en route de ce plan, dont certains dĂ©tails ont Ă©tĂ© Ă©bruitĂ©s par les Pdg successifs ? Va-t-on enfin sortir ce plan des tiroirs de ces chers responsables et le dĂ©poussiĂ©rer pour tenter de le mettre en route, ou est-il dĂ©jĂ  caduc car dĂ©passĂ© par les Ă©vĂ©nements, la situation de la compagnie ayant continuĂ© Ă  se dĂ©tĂ©riorer entretemps ?

Le prĂ©sident de la rĂ©publique est opposĂ© Ă  tout plan de session, totale ou partielle, de Tunisair, et cela se comprend, mĂȘme si on sait que de nombreuses compagnies aĂ©riennes Ă  travers le monde se portent beaucoup mieux aprĂšs avoir Ă©tĂ© privatisĂ©es. Mais l’Etat, qui traverse lui-mĂȘme une grave crise financiĂšre, a-t-il les moyens de voler au secours de Tunisair, dans les comptes de laquelle il ne cesse d’injecter de l’argent pour la maintenir artificiellement en vie?

C’est Ă  ces questions qu’on aimerait voir la cheffe du gouvernement et le ministre des Transports rĂ©pondre, car il ne suffit pas de prĂȘter une oreille attentive aux recommandations prĂ©sidentielles et d’opiner de la tĂȘte, comme le font souvent ces chers responsables, pour que les problĂšmes soient enfin rĂ©solus.

Nous attendons des dĂ©cisions claires, un vĂ©ritable plan de restructuration et un Ă©chĂ©ancier pour sa mise en route. Car le temps presse, la compagnie continue de s’enliser et les Tunisiens en ont marre d’attendre un hypothĂ©tique redressement auquel ils ne croient plus vraiment.

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La sauterelle Ă  nos portes | Les enseignements du passĂ©

26. MĂ€rz 2025 um 09:01

De petits groupes de criquets pĂšlerins ont Ă©tĂ© rĂ©cemment aperçus dans le sud de la Tunisie, suite aux vents du sud ayant soufflĂ© sur la rĂ©gion, a fait savoir le ministĂšre de l’Agriculture dans un communiquĂ© publiĂ©  le 14 mars 2025, ajoutant que les opĂ©rations de surveillance et de suivi se poursuivent et que «la situation est sous contrĂŽle». Occasion pour parler de ce flĂ©au que notre pays connaĂźt depuis des millĂ©naires comme en tĂ©moigne la recherche historique, Ă©voquĂ©e ici par l’auteur.  

HĂ©di Fareh *

La sauterelle Ă©tait toujours considĂ©rĂ©e comme un flĂ©au Â«avorteur» et menaçant. Tous les pays tropicaux et subtropicaux en souffraient pĂ©riodiquement. Les vagues ravageant de sauterelles causĂšrent des pertes matĂ©rielles trĂšs importantes. Les sources grecques, latines et arabes nous ont laissĂ© une matiĂšre assez riche concernant le grand nombre d’invasions qui Ă©taient, le plus souvent, suivies de famines et d’épidĂ©mies dĂ©cimant les rĂ©gions envahies par les acridiens.

Les recherches actuelles ont montrĂ© que presque tout le continent africain, Ă  l’exception des parties centrales, boisĂ©es et humides, Ă©tait soumis aux invasions de la sauterelle. On en distinguait plusieurs espĂšces. Les acridiens migrateurs appartiennent Ă  la famille des OrthoptĂšres sauteurs, qui comprend les locustides (ou sauterelles) et les acrides (ou criquets). Parmi les locustides, on ne compte aucune espĂšce nuisible. Quant Ă  la famille des acrides, elle comprend deux types : les grands migrateurs et les petits migrateurs (Direction gĂ©nĂ©rale de l’Agriculture, «Les sauterelles», Revue Tunisienne, 1915, p. 155-190).

Les espĂšces dont les invasions Ă©taient Ă  redouter dans l’Afrique du Nord incarnaient le criquet pĂšlerin et le criquet marocain. Ce dernier type concernait surtout le Maroc et la partie occidentale de l’AlgĂ©rie. La Tunisie, elle, subissait surtout l’invasion du criquet pĂšlerin, qui concernait la plus grande partie de l’Afrique, de l’Asie et de l’Europe mĂ©ridionale, l’Italie en l’occurrence.

La vie larvaire et nymphale du criquet connaĂźt six pĂ©riodes. À partir de la 4e pĂ©riode, qui dure entre 7 et 8 jours, c’est-Ă -dire du 18e ou 20e jour au 26e ou 27e jours aprĂšs la naissance, les criquets montrent la plus grande activitĂ© et la plus grande voracitĂ© et forment les colonnes les plus redoutĂ©es dĂ©vastant tout sur leur passage. Pendant la 5e pĂ©riode, les criquets seront de plus en plus dangereux et ils forment des fois des colonnes de 4 et 5 Km de front sur 20 Ă  30 Km de profondeur, dĂ©vastant tout sur leur passage. Au cours de la 6e pĂ©riode, entre le 45e et le 50e jour, la mobilitĂ© et la voracitĂ© du criquet atteignent le maximum de dĂ©veloppement : les colonnes parcourent jusqu’à 2 Km par jour et causent des dĂ©gĂąts considĂ©rables.

Contrairement aux jeunes, les criquets plus ĂągĂ©s montrent une voracitĂ© extraordinaire puisqu’un criquet pourrait manger l’équivalent de son poids, soit deux grammes par jour. Les criquets dĂ©vorent l’herbe. Mais les arbustes et les arbres les plus Ă©levĂ©s n’en sont pas Ă©pargnĂ©s : les criquets ravagent les feuilles, l’écorce et les jeunes rameaux. Toutes les plantes cultivĂ©es, surtout les plus tendres d’entre elles, constituent une nourriture de prĂ©dilection pour le criquet.

Les témoignages historiques et archéologiques

Les contrĂ©es de l’Afrique du Nord Ă©taient sous la menace de nuages de sauterelles avant et pendant la pĂ©riode romaine ainsi que pendant les pĂ©riodes postĂ©rieures. L’apparition de la sauterelle est conditionnĂ©e par des phĂ©nomĂšnes climatiques, surtout la sĂ©cheresse. En effet, c’est celle-ci qui orientait les sauterelles vers les contrĂ©es qui se trouvaient au nord du Sahara. Les sources anciennes confirmĂšrent cette constatation (Strabon, GĂ©o., XVII, 3, 10).

Nos rĂ©fĂ©rences littĂ©raires sur la sauterelle en Afrique sont, en effet, trĂšs anciennes. Nous savons, par l’intermĂ©diaire d’HĂ©rodote (Histoire, Livre IV), que les Nasamons Ă©taient non seulement des chasseurs de sauterelles mais qu’ils Ă©taient aussi acridophages. C’étaient des acridiens sans ailes (?) que dĂ©voraient Ă  satiĂ©tĂ©, d’aprĂšs Discoride, les indigĂšnes de la rĂ©gion de Lepcis Magna (des Maces ?) mais qui n’étaient pas trĂšs loin des Nasamons.

En 125 avant J.-C., d’aprĂšs les sources, arrivaient des colonnes de sauterelles dont les ravages atteignaient l’extrĂȘme nord de l’«Africa Proconsularis». En effet, l’historien tardif d’Orose (385-420 aprĂšs J.-C.) nous prĂ©senta les deux citĂ©s d’Utique et de Carthage dĂ©vastĂ©es par les sauterelles (Orose, Historia contra pagano, V, II, 1-3).

Diodore de Sicile Ă©voqua des mĂ©thodes utilisĂ©es par les habitants de l’Afrique orientale pour chasser la sauterelle.  Pline l’Ancien (Pline l’Ancien, Histoire naturelle, VIII, 104), en se rĂ©fĂ©rant Ă  Varron, nous informa que des Africains durent abandonner leur ville ou territoire aprĂšs une invasion acridienne. Il parla aussi de la nature de la sauterelle, de sa reproduction, de sa ponte, de ses nuĂ©es et de ses ravages ainsi que des mĂ©thodes de lutte contre elle (Pline l’Ancien, XI, 101).

Pour l’AntiquitĂ© tardive, SynĂ©sios de CyrĂšne (Lettres, XLI-XLII) Ă©voqua une invasion de sauterelle infestant la CyrĂ©naĂŻque en 411-412 ap. J.-C. La catastrophe cyrĂ©nĂ©enne pourrait toucher les provinces africaines eu Ă©gard Ă  la proximitĂ© gĂ©ographique des deux contrĂ©es.

Pour la pĂ©riode byzantine, le poĂšte africain Corippus (auteur d’un poĂšme, la Johannide, en huit chants et de 4700 vers) mentionna (Joh., II, 196- 203), plus d’une fois, le danger acridien et insista sur les effets des invasions de sauterelles sur l’homme et son milieu.

Il s’agit aussi de la sauterelle dans d’autres sources littĂ©raires que nous n’avons pas pu consulter. L’épigraphie nous informe sur la catastrophe acridienne. Nous avons inventoriĂ© au moins cinq textes Ă©pigraphiques, trouvĂ©s tous en Proconsulaire, qui tĂ©moignent de la gravitĂ© de cette calamitĂ© pendant l’époque romaine. Le premier texte, le plus ancien, qui datait de l’annĂ©e 48-49 aprĂšs J.-C., Ă©tait trouvĂ© Ă  Thugga. Il commĂ©morait la carriĂšre d’un curateur chargĂ© de lutter contre la sauterelle. RĂ©digĂ© dans la langue d’HomĂšre, le deuxiĂšme texte (une cĂ©lĂšbre inscription magico-religieuse trouvĂ©e dans la rĂ©gion de Bou Arada) avait pour but l’éloignement et la neutralisation (d’un domaine) de tous les avorteurs, y compris des essaims des criquets malfaisants.

Fig. 1 – DĂ©tail.
Fig.1.

Quant au troisiĂšme texte, il concerne une inscription (CIL, VIII, 3657), trouvĂ©e Ă  Lambaesis, qui commĂ©more le nom d’un certain Lucustaruis. Il s’agit probablement d’un prĂ©posĂ© chargĂ© – pas forcĂ©ment par l’État – d’organiser la «guerre» contre la sauterelle Ă  l’instar de ce curator lucustae de Thugga.

La sculpture romano-africaine nous fournit quelques monuments figurĂ©s oĂč la sauterelle est prĂ©sente ; elle avait une valeur sans doute prophylactique. En la sculptant sur les monuments, le sculpteur (ou le commanditaire), voulait neutraliser ses mĂ©faits nuisibles. Avec une valeur apotropaĂŻque, le mĂȘme insecte meuble le giron que forme la robe d’un Priape ithyphallique, d’AĂŻn Djeloula (l’ancienne Cululis) qui est aujourd’hui exposĂ© au musĂ©e archĂ©ologique de Sousse (fig. 1).

En Numidie, Ă  Thamugadi, il s’agit de cet insecte sur une stĂšle dĂ©diĂ©e Ă  Saturne : «en reprĂ©sentant une sauterelle sur cette pierre dĂ©diĂ©e Ă  Saturne, c’est le flĂ©au acridien dans toute son ampleur que veut neutraliser le dĂ©dicant». Il en est de mĂȘme pour la mosaĂŻque oĂč nous remarquons la prĂ©sence de plusieurs ravageurs : criquets, grives, reptiles


La sauterelle avorteuse des moissons 

Il est Ă©vident que la sauterelle, partout oĂč elle passait, semait l’horreur et la peur, car elle Ă©tait considĂ©rĂ©e comme un ennemi fatal et inĂ©luctable pour toute sorte de rĂ©coltes.

En effet, la sauterelle dĂ©vorait tout ce qui se trouvait sur son passage, avec une prĂ©dilection pour les plantes vertes, tendres et dĂ©licates. De surcroĂźt, les criquets dĂ©voraient gĂ©nĂ©ralement l’herbe et notamment les petites graminĂ©es (gazon, cĂ©rĂ©ales
); mais ils grimpaient aussi aux arbustes et aux arbres les plus Ă©levĂ©s qu’ils dĂ©pouillaient de leurs feuilles, de leurs Ă©corces et de leurs jeunes rameaux. Ils dĂ©voraient Ă  peu prĂšs toutes les plantes cultivĂ©es, accordant la prĂ©fĂ©rence Ă  celles qui prĂ©sentaient des organes jeunes et tendres. Nous trouvons l’écho de ces lignes dans l’inscription de Bou Arada commentĂ©e plus haut.

Les ravages des sauterelles sont Ă©voquĂ©s par plusieurs sources littĂ©raires qui concernent l’Afrique du Nord, que ce soit pendant la pĂ©riode romaine ou les pĂ©riodes postĂ©rieures (A. Saadaoui, 1982, Les calamitĂ©s et les catastrophes naturelles dans le Maghreb mĂ©diĂ©val). Pour la pĂ©riode romaine, les textes des agronomes et des naturalistes Ă©taient assez prolixes. Pline l’Ancien, par exemple, nous informa que «certains Africains avaient dĂ» abandonner le territoire qu’ils occupaient aprĂšs les ravages des sauterelles». Plus tardif, Orose mit l’accent sur une invasion infestant, fort probablement, toute l’Afrique en 125 av. J.-C., atteignant mĂȘme les villes cĂŽtiĂšres, Carthage et Utique, entre autres. La description de Corippus des ravages des criquets nous paraĂźt trĂšs expressive montrant Ă  la fois les ravages nocifs de l’insecte, d’un cĂŽtĂ© et la peur des agriculteurs de perdre leurs rĂ©coltes face Ă  cette catastrophe, de l’autre : «le cƓur des paysans indĂ©cis tremble d’effroi : ils craignent que cet horrible flĂ©au n’anĂ©antisse les moissons, qu’il ne ravage les fruits dĂ©licats et les jardins verdoyants, ou ne blesse l’olivier en fleur aux tendres rameaux» (Joh., 196-203).

Les sources arabes parlent, elles aussi, de ravages acridiens infestant l’Ifriqiya. Ces donnĂ©es sont conformes Ă  celles que nous devons aux sources antiques. La sauterelle dĂ©vorait les cĂ©rĂ©ales, les vignobles et l’olivier, soit trois produits constituant le substrat de l’économie ancienne. En effet, en cas oĂč les ravages de sauterelles avorteraient la rĂ©colte cĂ©rĂ©aliĂšre, la famine ou, du moins, la disette en seraient une consĂ©quence immĂ©diate, non seulement en Afrique, mais aussi Ă  l’Urbs.

Habituellement, les sauterelles commencĂšrent leur conquĂȘte avec l’arrivĂ©e du printemps ou peu avant, c’est-Ă -dire vers une Ă©poque oĂč les agriculteurs attendraient la maturitĂ© de leurs rĂ©coltes (surtout les cĂ©rĂ©ales) ou pendant le bourgeonnement des plantes cultivĂ©es, surtout la vigne et l’olivier. L’arrivĂ©e des sauterelles augurait donc d’une catastrophe horrifiante.

Fig.2.
Fig.3.

L’iconographie nous offre quelques reprĂ©sentations de la sauterelle ravageant les rĂ©coltes. Il s’agit, entre autres, de quelques mosaĂŻques Ă  thĂšmes dionysiaques montrant le dieu, souvent avec son cortĂšge, au milieu d’un paysage dominĂ© par des vignes chargĂ©es par leurs grappes lourdes et par des amours vendangeurs (fig. n°2). Nous avons l’impression que les mosaĂŻstes voulaient nous dire que les vignes avaient conservĂ© leurs grappes trĂšs lourdes, dont parlĂšrent plusieurs sources (Strabon, XVII, 3, 5), malgrĂ© les menaces des ravageurs (criquets, grives, lapins, etc.).

Dionysos, dieu du vin et de la vigne, Ă©tait aussi, en Afrique, le dompteur et le vainqueur des ravageurs : il les neutralisa et les rendit incapables d’avorter la rĂ©colte viticole. Il nous semble aussi qu’à l’image d’Apollon en GrĂšce, Dionysos fut le dieu chargĂ© de dĂ©tourner la sauterelle en Afrique, pendant la domination romaine. En effet, cette hypothĂšse pourrait justifier cette reprĂ©sentation de la sauterelle avec le dieu Dionysos sur plusieurs tableaux de mosaĂŻques : il s’agit, par exemple, de cette mosaĂŻque ornant jadis les thermes de Bir el CaĂŻd, situĂ©s lĂ©gĂšrement au sud/sud-est de la Qasba de Sousse, oĂč nous voyons, sur un champ formĂ© d’un semis de branchages, divers personnages et animaux. En bas du champ, nous voyons, selon toujours L. Foucher, un jeune homme blond ailĂ©. L’auteur pense qu’on a affaire Ă  un Shadrapa qui s’est mis Ă  genoux pour mieux attraper une sauterelle (fig. n°3).

Une autre mosaïque, trouvée à Thysdrus et dite Grande mosaïque au SilÚne, nous présente SilÚne avec des amours vendangeurs, quelques volatiles et des sauterelles, au moins quatre dont une attaque une grappe de raisin (fig. n°4 a et b). Une autre mosaïque de Thysdrus (conservée au Musée du Bardo) illustre le triomphe de Dionysos dans un décor de vignes. Sur cette mosaïque, nous pouvons aisément voir, de par le dieu, le cortÚge et les amours, quelques ravageurs (sauterelles, grives, reptiles, lapins).

Fig.4.
Fig.5.

Les sauterelles répandaient famines et épidémies

Certes, l’homme saharien trouva dans la sauterelle un repas gratuit et abondant couvrant une pĂ©riode assez longue (aprĂšs sa prĂ©paration, la sauterelle peut ĂȘtre consommĂ©e mĂȘme aprĂšs six ou sept mois (HĂ©rodote, Histoire, Livre IV)). Mais, les criquets, avant d’ĂȘtre consommĂ©s, avaient dĂ©jĂ  tout dĂ©vorĂ© sur le passage. Devant une telle situation, les Romains n’hĂ©sitaient pas Ă  recourir aux livres sibyllins, par crainte de la famine (Pline l’Ancien, XI, 105).

En plus de la famine, les ravages acridiens contribuaient Ă  l’élĂ©vation des prix qui pourraient atteindre un stade trĂšs Ă©levĂ©. C’était la mĂȘme chose au Moyen Âge, oĂč les sources Ă©voquĂšrent les nuages de sauterelles et concomitamment la hausse des prix. Ce fut le cas, par exemple, en : 1136-1137, 1220-1221, 1280-1281, ainsi que dans plusieurs autres cas mais sans pouvoir fournir de prĂ©cisions chronologiques (Saadaoui, p. 78-79).

En fait, la famine et les disettes constituaient de vĂ©ritables causes de l’apparition et de l’expansion des Ă©pidĂ©mies et peut-ĂȘtre mĂȘme des Ă©pizooties susceptibles de transmettre la maladie Ă  l’Homme (la «peste» de 125 av. J.-C. par exemple?).

Somme toute, il est Ă©vident que les criquets constituent une catastrophe naturelle inĂ©luctable infestant Ă  la fois l’homme et son milieu. Ils engendrent des catastrophes d’ordres :

– naturel (dĂ©gradation de la couverture vĂ©gĂ©tale, aridification et dĂ©sertification);

– biologique (car la sauterelle ravageait la faune entourant l’homme, surtout le bĂ©tail et mĂȘme les animaux sauvages, puis l’homme lui-mĂȘme par la diffusion de la famine et des Ă©pidĂ©mies incurables dues Ă  la contagion ou Ă  la sous-alimentation);

– psychologique, d’oĂč cette apprĂ©hension de la famine, expressivement dĂ©clarĂ©e par Corippus (II, 198), et de la mort Ă  tel point que l’agriculteur prĂ©fĂ©rait parfois garder les semences chez soi que les ensevelir sous terre et les exposer pour une rĂ©colte non assurĂ©e. Pour cela, l’agriculteur se trouva obligĂ© de chercher ou d’inventer des moyens lui permettant de lutter contre une telle catastrophe.

Comment lutter contre les sauterelles ?  

HomĂšre nous enseigna sur la plus ancienne mĂ©thode utilisĂ©e pour combattre la sauterelle : combattre ces insectes avec des barriĂšres de feu (HomĂšre, Iliade, XXI, 12-14, t. IV, Chants XIX-XXIV). Il s’agit de la mĂȘme technique dĂ©crite par Diodore de Sicile et adoptĂ©e par les habitants de l’Afrique orientale (Diodore de Sicile, III, 29, 2-3). En CyrĂ©naĂŻque, un tel danger poussa les autoritĂ©s Ă  dĂ©crĂ©ter une loi ordonnant Ă  la population la destruction des Ɠufs de criquets, des sauterelles adultes et bannissant trĂšs sĂ©vĂšrement les contrevenants (Pline l’Ancien, XI, 105-106).

Selon Strabon (GĂ©ographie, 3, 4, 17), les Romains de Cantabrie devaient payer une prime aux chasseurs de rongeurs. La rĂ©action officielle est visible aussi Ă  travers l’affectation de prĂ©posĂ©s chargĂ©s de diriger des opĂ©rations contre ce flĂ©au qui attaquait la rĂ©gion surtout pendant le printemps. Ce fut le cas dans l’ancien territoire de Carthage, Ă  Dougga oĂč un tel danger incita les autoritĂ©s de la ville Ă  nommer un cur(ator) lucustae (curateur de la sauterelle) sur la pertica de Carthage en 48-49 de l’ùre chrĂ©tienne.

À peu prĂšs 19 siĂšcles plus tard, nous remarquons la mĂȘme rĂ©action de l’État Ă  cette mĂȘme catastrophe. En fait, les mĂȘmes causes produisant les mĂȘmes effets, au printemps de 1932, les autoritĂ©s dĂ©cidĂšrent la constitution d’un comitĂ© local de lutte Ă  GabĂšs pour arrĂȘter une invasion acridienne menaçant de dĂ©truire l’oasis.

D’autre part, l’onomastique nous autorise Ă  dire qu’il y avait des prĂ©posĂ©s chargĂ©s de la lutte contre la sauterelle, Ă©parpillĂ©s et rĂ©pandus çà et lĂ  dans les rĂ©gions menacĂ©es. Par exemple, le surnom de Lucustarius, attestĂ© Ă  LambĂšse, pourrait se rapporter Ă  quelqu’un qui aurait luttĂ© contre les sauterelles.

Entre autres solutions adoptĂ©es par les Anciens pour lutter contre le flĂ©au acridien convient-il de mentionner la magie ? En effet les propriĂ©taires ou les colons avaient recours Ă  cette pratique pour protĂ©ger leurs champs et surtout pour garantir et sauver leurs moissons et les protĂ©ger des sauterelles et de toute autre catastrophe. N’était-ce pas le cas Ă  Bou Arada oĂč, pour neutraliser le danger acridien, on a dĂ» demander la protection magico-divine de neuf dieux; c’était aussi le cas de Furnos oĂč les tablettes de bronze mentionnent clairement la sauterelle.

Quoi qu’il en soit, la sauterelle constituait, hier comme aujourd’hui, une catastrophe nĂ©cessitant une intervention officielle. Cette catastrophe s’aggrave encore quand elle s’accompagne d’une famine ou d’une Ă©pidĂ©mie.

* Professeur à la Faculté des lettres et des sciences humaines de Sousse.

Bibliographie :

J. Desanges, 2006, «TĂ©moignages antiques sur le flĂ©au acridien», in J. Jouanna, J. Leclant et M. Zink ed., L’Homme face aux calamitĂ©s naturelles dans l’AntiquitĂ© et au Moyen Age, Paris, p., 224.

H. Fareh, 2017, Catastrophes naturelles, famines et Ă©pidĂ©mies en Afrique du Nord antique (146 avant J.-C. – 698 aprĂšs J.-C.). ThĂšse de doctorat inĂ©dite, FLSH de Sousse.

H. Fareh, 2021 «Maux et flĂ©aux en ByzacĂšne (146 av. J.-C. /698 ap. J.-C.)». In : A. Mrabet (Ă©d.), 2021, Byzacium, ByzacĂšne, Muzaq : Occupation du sol, peuplement et modes de vie. Actes du VIe colloque international du Laboratoire de Recherche : «Occupation du sol, peuplement et modes de vie dans le Maghreb antique et mĂ©diĂ©val», p. 397-423.

N. Ferchiou et A. Gabillon, 1985, «Une inscription grecque magique de la rĂ©gion de Bou Arada (Tunisie), ou les 4 plaies de l’agriculture antique en Proconsulaire», dans BCTHS, ns. Fasc. 19B, p.109-125.

LĂ©gende des figures :

Fig. 1. Priape ithyphallique (Musée de Sousse, cliché H. Fareh).

Fig. 2. La sauterelle de Thysdrus, mosaïque conservée in situ (cliché H. Fareh).

Fig. 3.Un jeune gĂ©nie ailĂ© essayant d’attraper une sauterelle (MusĂ©e de Sousse, clichĂ© H. Fareh).

Fig. 4 a et b. Mosaïque dionysiaque (Eljem) avec la représentation de la sauterelle (cliché H. Fareh).

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Hommage | Hamed Karoui, l’un des bñtisseurs de la Tunisie moderne

26. MĂ€rz 2025 um 07:48

Nous fĂȘterons demain, jeudi 27 mars 2025, le 5e anniversaire de la mort de l’ancien Premier ministre Hamed Karoui. L’auteur, qui l’avait connu de prĂšs, rend hommage ici Ă  cette figure majeure de l’histoire tunisienne contemporaine, dont le parcours mĂ©rite d’ĂȘtre mieux connu et cĂ©lĂ©brĂ©. Car il reste une source d’inspiration pour tous les Tunisiens. *

Foued Mouakhar

Le 27 mars 2020, la Tunisie a perdu l’un de ses plus grands serviteurs : le Dr Hamed Karoui. Homme d’une intĂ©gritĂ© lĂ©gendaire, d’une modestie exemplaire et d’un dĂ©vouement sans faille. Il a consacrĂ© sa vie Ă  son pays, tant dans la lutte pour l’indĂ©pendance que dans la construction de la Tunisie moderne. Ce tĂ©moignage vise Ă  Ă©clairer une jeunesse souvent peu informĂ©e des pages glorieuses de notre histoire, en retraçant le parcours exceptionnel de cet homme qui a marquĂ© son Ă©poque par son engagement et son humilitĂ©.

Origines familiales

Hamed Karoui est nĂ© le 30 dĂ©cembre 1927 dans une famille tunisienne respectĂ©e. Son pĂšre, Belhassen Karoui, appartenait Ă  une lignĂ©e de magistrats, tandis que son oncle, feu Mohamed Karoui, est considĂ©rĂ© comme l’un des pĂšres fondateurs du Code du statut personnel, une pierre angulaire de la modernisation de la Tunisie. Sa mĂšre, Lalla AĂŻchoucha Nour Eddine, Ă©tait une femme de caractĂšre, connue pour son authenticitĂ©, sa dĂ©termination et sa douceur.

DÚs son enfance, Hamed Karoui est imprégné des valeurs de justice, de rigueur et de service public. Ces principes guideront toute sa vie, tant dans son engagement politique que dans sa carriÚre médicale.

A gauche de Taieb Mehiri.
Scout : debout, 2e Ă  partir de la gauche.

Engagement prĂ©coce 

DĂšs son plus jeune Ăąge, Hamed Karoui s’engage dans la lutte pour l’indĂ©pendance de la Tunisie. Il rejoint les Scouts Tunisiens, oĂč il gravit les Ă©chelons pour devenir chef de la rĂ©gion du Sahel. Cette expĂ©rience forge en lui un esprit de leadership et de discipline, tout en renforçant son attachement Ă  la cause nationale.

Dans les annĂ©es 1940, alors qu’il est encore lycĂ©en, il rejoint secrĂštement le NĂ©o-Destour, le parti nationaliste dirigĂ© par Habib Bourguiba. MalgrĂ© son jeune Ăąge, il participe activement Ă  des actions de sensibilisation, de collecte de fonds et de diffusion clandestine de la presse nationaliste, notamment le journal Al-Kifah (La Lutte). Ces activitĂ©s, bien que risquĂ©es, tĂ©moignent de son engagement prĂ©coce et de sa dĂ©termination Ă  libĂ©rer la Tunisie du joug colonial.

Militant du NĂ©o-Destour Ă  Paris.
Militant de l’Uget à Paris.

Combat pour l’indĂ©pendance

En 1946, Hamed Karoui obtient son baccalaurĂ©at et part Ă©tudier la mĂ©decine Ă  Paris oĂč il continue son combat pour l’indĂ©pendance, cette fois sur le sol français. Il devient prĂ©sident de la cellule destourienne de Paris. Une position stratĂ©gique qui lui permet de mobiliser les Ă©tudiants tunisiens et de sensibiliser l’opinion publique française Ă  la cause tunisienne.

Avec ses camarades, il fonde l’Union gĂ©nĂ©rale des Ă©tudiants tunisiens (Uget). Une organisation qui joue un rĂŽle crucial dans la lutte anticoloniale. Elle devient une plateforme pour internationaliser la cause tunisienne, en Ă©tablissant des liens avec des Ă©tudiants maghrĂ©bins, arabes et africains. 

PrĂ©sident de l’Etoile du Sahel, avec Abdelmajid Chettali Ă  sa droite.
A gauche de Habib Bourguiba, avec Bechir Ben Yahmed, Bibi Junior et Taieb Mehiri.

Karoui reprĂ©sente l’Uget lors de confĂ©rences internationales Ă  Prague et Colombo, contribuant Ă  faire entendre la voix de la Tunisie sur la scĂšne mondiale.

En parallĂšle, Karoui et ses camarades utilisent les mĂ©dias français pour dĂ©noncer les exactions coloniales. Ils organisent des campagnes mĂ©diatiques autour d’évĂ©nements comme les incidents de Sousse, TĂ©boulba  et Tazerka
 amplifiant ainsi la pression sur le gouvernement français. Leur stratĂ©gie de communication habile, inspirĂ©e de la mĂ©thode bourguibienne de «l’alliance du dialogue et de la pression», contribue Ă  affaiblir le moral du colonisateur et Ă  accĂ©lĂ©rer la marche vers l’indĂ©pendance.

MĂ©decin et bĂątisseur de la nation

Juste Ă  l’aube de l’indĂ©pendance, Karoui obtient son doctorat en mĂ©decine et se spĂ©cialise en pneumologie. AnimĂ© par la volontĂ© de contribuer Ă  la reconstruction du pays, il rentre immĂ©diatement en Tunisie et entame une carriĂšre mĂ©dicale.

Il lance une campagne nationale contre la tuberculose, une maladie alors endĂ©mique en Tunisie. Chaque vendredi, il ouvre les portes de son cabinet privĂ© pour offrir des consultations gratuites aux patients dĂ©munis, venus de toutes les rĂ©gions du Sahel. Il dirige Ă©galement le service de pneumologie Ă  l’hĂŽpital Farhat Hached de Sousse, tout en maintenant un rythme de travail effrĂ©nĂ©.

Avec Saddam Hussein.
Avec Jacques Chirac.

Au service de Sousse et de la Tunisie

ParallĂšlement Ă  sa carriĂšre mĂ©dicale, Karoui s’engage en politique. Il devient maire de Sousse, dĂ©putĂ©, et vice-prĂ©sident du Parlement. Sous son mandat, Sousse se transforme en un pĂŽle touristique, industriel et culturel majeur. Il contribue Ă  la modernisation de la ville, tout en prĂ©servant son patrimoine historique.

Sur le plan national, Karoui occupe plusieurs postes ministĂ©riels, dont celui de Premier ministre sous le prĂ©sident Zine El Abidine Ben Ali de 1989 Ă  1999. Pendant cette pĂ©riode, il joue un rĂŽle clĂ© dans la stabilisation du pays et la mise en Ɠuvre de rĂ©formes Ă©conomiques et sociales. MalgrĂ© les dĂ©fis, il reste fidĂšle Ă  ses principes d’intĂ©gritĂ© et de modestie, refusant tout privilĂšge indu et vivant simplement.

Avec Yasser Arafat.
Avec Hafedh Assad. 

Un modÚle de service désintéressé

Tout au long de sa carriĂšre, Karoui est reconnu pour son intĂ©gritĂ© et sa discrĂ©tion. Il refuse de se mettre en avant, affirmant souvent : «Je n’ai fait que mon devoir sacrĂ© envers mon pays.» Cette humilitĂ©, alliĂ©e Ă  une rigueur et une ponctualitĂ© lĂ©gendaires, en fait un modĂšle pour ses pairs et pour les gĂ©nĂ©rations futures.

MĂȘme aprĂšs sa retraite, Karoui continue Ă  servir son pays discrĂštement. En 2013, face Ă  la dĂ©rive de la Tunisie, il lance le Mouvement Destourien pour redonner espoir aux Tunisiens et transmettre son hĂ©ritage politique Ă  la jeune gĂ©nĂ©ration. Il soutient des figures comme Abir Moussi, qu’il considĂšre comme une digne hĂ©ritiĂšre de l’esprit destourien.

Avec Abir Moussi.
Avec Nelson Mandela.

Héritage et postérité

Hamed Karoui restera dans les mĂ©moires comme un patriote intĂšgre et dĂ©vouĂ©, dont la vie et les actions ont grandement contribuĂ© Ă  l’indĂ©pendance et au dĂ©veloppement de la Tunisie. Son engagement sans faille, sa modestie et son refus de toute forme de reconnaissance personnelle en font un modĂšle pour les gĂ©nĂ©rations futures.

En cette pĂ©riode de turbulences, son parcours nous rappelle l’importance de l’intĂ©gritĂ©, du service dĂ©sintĂ©ressĂ© et de l’amour de la patrie. Puissent les jeunes Tunisiens s’inspirer de son exemple pour bĂątir un avenir meilleur.

* Une version complĂšte de cet article peut ĂȘtre consultĂ©e sur la page Facebook de l’auteur.

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Turquie | Erdogan vs Imamoglu ou le pouvoir et ses mirages

26. MĂ€rz 2025 um 07:30

Erdogan a peut-ĂȘtre gagnĂ© une manche en incarcĂ©rant Imamoglu, son potentiel vainqueur lors des prochaines prĂ©sidentielles en 2028. Mais ce ne sont pas les rĂ©pressions qui Ă©touffent les rĂ©volutions. C’est la perte de contrĂŽle du rĂ©cit. Et c’est lĂ  que tout se joue. 

Manel Albouchi *

J’étais en sĂ©ance avec un cadre dirigeant. Il se plaignait : Â«Madame, je suis directeur, mais ils ne m’écoutent pas. J’ai l’impression qu’ils obĂ©issent Ă  un autre leader que je ne connais pas !» J’ai souri : « Ah
 C’est la premiĂšre fois que vous entendez parler de l’État profond dans votre propre entreprise?» 

Il y a toujours un pouvoir derriĂšre le pouvoir. Une ombre derriĂšre l’autoritĂ© officielle. Ce qui se passe en Turquie aujourd’hui, ce n’est pas simplement une question de politique ou d’élections. C’est une question de mĂ©canique du pouvoir, de ces forces invisibles qui, comme dans un bureau oĂč les employĂ©s n’écoutent plus leur directeur, dĂ©cident en silence de qui rĂšgne vraiment. 

Le piĂšge du pouvoir visible  

Recep Tayyip Erdogan le sait mieux que personne. Il a lui-mĂȘme Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© lorsqu’il Ă©tait maire d’Istanbul, pour avoir rĂ©citĂ© un poĂšme jugĂ© subversif. Ironie du sort, c’est prĂ©cisĂ©ment cette arrestation qui a renforcĂ© son aura et lancĂ© sa carriĂšre politique nationale. Alors pourquoi reproduire ce schĂ©ma aujourd’hui avec Ekrem Imamoglu, l’actuel maire  d’Istanbul? 

Soit Erdogan se trompe. Soit il sait exactement ce qu’il fait. Et lĂ , la lecture change. 

Une arrestation spectaculaire ? C’est la meilleure façon de transformer un adversaire en martyr. Et qui dit martyr dit hĂ©ros. Erdogan, qui a construit sa carriĂšre en jouant sur l’image du leader persĂ©cutĂ©, sait que la politique ne se limite pas Ă  la rĂ©pression brute. Il joue avec le feu, avec cette frontiĂšre tĂ©nue entre Ă©craser un rival et lui donner une dimension mythique. 

Alors, quel est son calcul? Cherche-t-il Ă  tester la rĂ©sistance du systĂšme que lui-mĂȘme domine, Ă  forcer une rĂ©action de la population pour mieux la rĂ©primer ensuite ? Ou, au contraire, Ă  imposer l’idĂ©e que le jeu dĂ©mocratique est faussĂ© d’avance, pour pousser Ă  la rĂ©signation et tuer dans l’Ɠuf toute tentative de changement ? 

Le pouvoir qui ne dit pas son nom 

Michel Foucault nous apprend que le pouvoir n’est jamais une simple question de domination frontale. Il est diffus, insidieux, incorporĂ© dans les structures, dans les discours, dans les normes. L’État profond, ce n’est pas une organisation secrĂšte qui tire les ficelles dans l’ombre. C’est plus subtil. 

C’est un mode de fonctionnement, un tissu d’habitudes et d’alliances invisibles qui fait qu’un prĂ©sident peut ĂȘtre Ă©lu, mais ne jamais avoir rĂ©ellement le contrĂŽle. Que des institutions peuvent exister, mais ne jamais ĂȘtre fonctionnelles. Que le peuple peut voter, mais que le rĂ©sultat soit dĂ©jĂ  verrouillĂ© ailleurs. 

Si Imamoglu inquiĂšte le rĂ©gime, ce n’est pas seulement parce qu’il pourrait gagner des Ă©lections. C’est parce qu’il menace un Ă©quilibre invisible, celui qui garantit que, quoi qu’il arrive en surface, rien ne change en profondeur. 

OĂč se joue la vraie bataille ? 

Il y a une leçon Ă  retenir, pas seulement pour la Turquie, mais pour toutes les sociĂ©tĂ©s contemporaines : le pouvoir rĂ©el ne se voit pas. 

Dans une entreprise, ce n’est pas toujours le PDG qui dĂ©cide, mais peut-ĂȘtre son conseiller de l’ombre, ou le rĂ©seau informel des cadres intermĂ©diaires qui filtrent l’information. 

Dans un pays, ce n’est pas toujours le prĂ©sident qui contrĂŽle tout, mais les forces Ă©conomiques, les services de renseignement, la bureaucratie enracinĂ©e qui survit Ă  tous les rĂ©gimes. 

Et si Erdogan arrĂȘtait Ä°mamoglu prĂ©cisĂ©ment pour montrer qu’il en avait encore le pouvoir? Comme un directeur qui crie plus fort parce qu’il sent que son autoritĂ© lui Ă©chappe. 

Mais alors, si tout est si verrouillĂ©, oĂč se situent les failles? LĂ  oĂč le pouvoir croit avoir gagnĂ©, dans l’excĂšs de contrĂŽle. À trop montrer sa force, il trahit sa peur. Un pouvoir sĂ»r de lui n’a pas besoin d’écraser. 

Erdogan a peut-ĂȘtre gagnĂ© une manche. Mais si Foucault a raison, ce ne sont pas les rĂ©pressions qui Ă©touffent les rĂ©volutions. C’est la perte de contrĂŽle du rĂ©cit. Et c’est lĂ  que tout se joue. 

Le pouvoir est un jeu d’illusions. Tant que tout le monde croit que l’histoire est Ă©crite d’avance, rien ne change. Mais quand la rĂ©alitĂ© commence Ă  diverger du rĂ©cit officiel
 alors, tout devient possible. 

* Psychologue, psychanalyste.   

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Gestern — 25. MĂ€rz 2025Haupt-Feeds

Exposition Ă  la MĂ©dina de Tunis | Le Saint Coran en Tunisie

25. MĂ€rz 2025 um 13:35

A l’occasion du Ramadan, le mausolĂ©e d’Ali Ibn Ziad Al-Tounsi, devant le siĂšge du gouvernorat, dans la MĂ©dina de Tunis, s’est transformĂ© en un lieu privilĂ©giĂ© pour les habitants et les touristes.

Une collection unique de manuscrits rares du Coran tunisien constitue l’exposition «Le Saint Coran en Tunisie», un Ă©vĂ©nement promu par le ministĂšre des Affaires religieuses pour cĂ©lĂ©brer le Ramadan, souligner le lien profond du pays avec le texte sacrĂ© de l’Islam et valoriser le patrimoine islamique et culturel tunisien.

Visiter l’exposition, c’est comme plonger dans le passĂ©. Jusqu’à la fin du mois, en effet, il sera possible d’admirer des manuscrits du Coran datant d’il y a 330 ans, chacun ayant une particularitĂ© Ă  offrir. Il existe des textes Ă©crits sous l’Empire ottoman, des pages enluminĂ©es d’encre dorĂ©e qui brillent sous les lumiĂšres, et mĂȘme des documents qui prĂ©servent le sanad tunisien, la tradition orale avec laquelle le Coran se transmettait de voix en voix. Ce ne sont pas seulement des livres, mais de vĂ©ritables chefs-d’Ɠuvre, accompagnĂ©s de lĂ©gendes qui expliquent tout : des diffĂ©rents styles de calligraphie – comme le raffinĂ© khatt maghribi ou le caractĂ©ristique khatt zaytouni –  jusqu’aux variantes de lecture, de Qaloon Ă  Rashsh et Hafs.

Et puis il y a Mohamed Najib Zaalouni, un maĂźtre en calligraphie qui a fait valoir son talent. Ses Ɠuvres sont des sourates entiĂšres du Coran Ă©crites avec une prĂ©cision Ă©tonnante, presque comme pour rappeler Ă  quel point les mots peuvent devenir de l’art.

Le maĂźtre a Ă©galement amĂ©nagĂ© un petit coin crĂ©atif, sorte de laboratoire oĂč l’on respire le parfum de l’encre et de la patience.

Ce n’est pas seulement une exposition, mais aussi un voyage. Il raconte comment le Coran tunisien a Ă©voluĂ© au fil du temps, des feuilles manuscrites aux imprimĂ©s d’aujourd’hui, et nous rappelle une histoire qui, surtout en ce mois de Ramadan, veut continuer Ă  vivre. C’est une invitation Ă  s’arrĂȘter, Ă  regarder attentivement, Ă  dĂ©couvrir un patrimoine qui mĂȘle foi, beautĂ© et mĂ©moire.

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La Tunisie mise sur l’hydrogùne vert | Bientît une usine d’ammoniac à Gabùs

25. MĂ€rz 2025 um 12:31

La Tunisie fait les premiers pas vers la mise en Ɠuvre de sa stratĂ©gie nationale sur l’hydrogĂšne vert, qui mettra Ă©galement l’accent sur les Ă©nergies renouvelables d’une façon gĂ©nĂ©rale. Il s’agit de construire Ă  court terme une usine de production d’ammoniac vert pour le secteur des engrais destinĂ©s au marchĂ© local.

Le retrait attendu du phosphogypse de la liste des dĂ©chets dangereux et de son reclassement en produit Ă  valeur ajoutĂ©e et l’exonĂ©ration, Ă©galement attendue, du Groupe chimique tunisien (GCT), principal partenaire dans la mise en Ɠuvre de la stratĂ©gie de l’hydrogĂšne vert, de la TVA sur les intrants d’engrais destinĂ©s au marchĂ© local, font partie de ces mesures.

La Tunisie se lance dans la mise en Ɠuvre d’une vision stratĂ©gique Ă  l’horizon 2050 qui vise Ă  faire du pays un exportateur net d’hydrogĂšne vert (H2g) et donc un Ă©lĂ©ment de l’épine dorsale hydrogĂšne de l’Union europĂ©enne (UE).

Selon cette vision, la Tunisie serait en mesure d’exporter environ 6,3 millions de tonnes (Mt) de H2 par an d’ici 2050 vers l’UE via des pipelines et de fournir environ 2 Mt au marchĂ© local, sous forme de H2G ou de sous-produits tels que l’ammoniac vert, le mĂ©thanol vert et les carburants synthĂ©tiques verts.

Parmi les projets prĂ©vus figure la crĂ©ation de la premiĂšre usine de production d’ammoniac vert dans la zone sud, prĂšs du gouvernorat de GabĂšs. Cette rĂ©gion, qui souffre d’une pollution gĂ©nĂ©ralisĂ©e causĂ©e par l’industrie du phosphate depuis les annĂ©es 1970, sera une «vallĂ©e de l’hydrogĂšne H2» oĂč un Ă©cosystĂšme sera crĂ©Ă© pour la production et la demande de H2G et de sous-produits avec «un effet multiplicateur d’opportunitĂ©s commerciales et de projets», lit-on dans le document stratĂ©gique.

Appui important de l’Union europĂ©enne

Selon la mĂȘme source, la Tunisie sera appuyĂ©e par la Banque europĂ©enne d’investissement (BEI), le Fonds europĂ©en de dĂ©veloppement durable plus (FEDD+) et la Banque europĂ©enne pour la reconstruction et le dĂ©veloppement (Berd) dans l’exĂ©cution de projets structurants dans les secteurs des Ă©nergies renouvelables et de l’hydrogĂšne vert.

La premiĂšre phase comprendra la crĂ©ation d’un parc photovoltaĂŻque de 8 mĂ©gawatts (MW) connectĂ© au rĂ©seau Ă©lectrique national, d’une unitĂ© de dessalement d’eau de mer, d’un Ă©lectrolyseur et d’une unitĂ© de synthĂšse d’ammoniac Haber-Bosch, un procĂ©dĂ© chimique qui permet de fixer l’azote en grande quantitĂ© et Ă  faible coĂ»t.

Ces projets seront implantĂ©s Ă  l’usine GCT de GabĂšs (zone industrielle de Ghannouch).

Le parc photovoltaĂŻque sera construit sur un site, situĂ© Ă  l’ouest de la ville de Ouedhref, Ă  proximitĂ© de l’usine GCT et du rĂ©seau Ă©lectrique de la Steg afin de faciliter le transport de sa production Ă©lectrique.

La stratĂ©gie tunisienne de l’hydrogĂšne vert est soutenue par l’Organisation des Nations Unies pour le dĂ©veloppement industriel (Onudi) et l’Agence allemande de coopĂ©ration internationale (Giz) et sera mise en Ɠuvre dans le pays en collaboration avec le GCT.

D’aprùs Ansamed.

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Appui de l’Onudi au dĂ©veloppement Ă©conomique de la Tunisie  

25. MĂ€rz 2025 um 11:26

Les diffĂ©rents aspects de la coopĂ©ration entre la Tunisie et l’Organisation des Nations Unies pour le dĂ©veloppement industriel (Onudi) et leurs perspectives de dĂ©veloppement ont Ă©tĂ© les thĂšmes au centre de la rencontre entre le ministre du Commerce et du DĂ©veloppement des exportations, Samir Abid, et le reprĂ©sentant de l’Onudi Ă  Tunis, LassaĂąd Ben Hassine.

Au cours de la rĂ©union, des projets et des initiatives de dĂ©veloppement dans l’intĂ©rĂȘt du pays ont Ă©tĂ© discutĂ©s, notamment en matiĂšre de commerce et d’accĂšs au marchĂ©.

Selon un communiquĂ© du ministĂšre, les projets de l’Onudi actuellement en cours en Tunisie concernent principalement les secteurs de l’artisanat, des foires internationales, de l’agroalimentaire et de l’énergie.

Selon la mĂȘme source, l’Onudi s’engage Ă  mettre en Ɠuvre des projets d’investissement en Tunisie, ainsi que des projets interrĂ©gionaux qui pourraient apporter des bĂ©nĂ©fices au pays, avec des efforts concentrĂ©s sur les niveaux de production, la formation, l’appui aux PME, l’accĂšs aux marchĂ©s mondiaux et l’amĂ©lioration de la compĂ©titivitĂ©, grĂące Ă  la compĂ©tence et Ă  l’expĂ©rience des ressources humaines et des gestionnaires tunisiens. De son cĂŽtĂ©, le ministre du Commerce a saluĂ© toutes les initiatives et projets Ă©voquĂ©s, compte tenu de leur rĂŽle important dans le renforcement de l’économie nationale et la rĂ©alisation du dĂ©veloppement, notamment dans les rĂ©gions de l’intĂ©rieur. Abid a Ă©galement soulignĂ© la qualitĂ© des produits agroalimentaires tunisiens, notamment l’huile d’olive et les dattes, ainsi que leur compĂ©titivitĂ© sur le marchĂ© mondial et leur inclusion dans ces projets visant Ă  promouvoir les exportations.

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Vers l’extension de l’amnistie aux Ă©metteurs de chĂšques sans provision, sans plafond de montant

25. MĂ€rz 2025 um 11:06

La proposition de loi n° 2025-08 portant sur l’amnistie gĂ©nĂ©rale pour les chĂšques sans provision, sans plafond de montant, a Ă©tĂ© approuvĂ©e au niveau des commissions parlementaires.

Le texte a Ă©tĂ© approuvĂ© par les commissions parlementaires de la lĂ©gislation gĂ©nĂ©rale, du rĂšglement intĂ©rieur, des lois parlementaires, des lois Ă©lectorales et de la fonction Ă©lectorale, lors d’une sĂ©ance conjointe tenue lundi 24 mars 2024 au palais du Bardo.

Initialement, le texte prĂ©voyait une amnistie limitĂ©e aux chĂšques sans provision d’un montant infĂ©rieur ou Ă©gal Ă  5000 dinars, conformĂ©ment Ă  la loi n° 2024-41 du 2 aoĂ»t 2024. Cependant, un amendement a Ă©tĂ© proposĂ© sur l’article premier, visant Ă  Ă©tendre cette amnistie Ă  tous les Ă©metteurs de chĂšques sans provision, sans plafond de montant.

Les partisans de cet amendement ont dĂ©fendu l’idĂ©e qu’une telle mesure permettrait de rĂ©intĂ©grer les contrevenants dans le circuit Ă©conomique, de faciliter la rĂ©gularisation des dettes tout en protĂ©geant les droits des crĂ©anciers via des recours civils, et de rĂ©duire l’engorgement des tribunaux.

Certains dĂ©putĂ©s ont estimĂ© que les dispositions de la loi n° 2024-41 Ă©taient suffisantes, tandis que d’autres ont exprimĂ© des rĂ©serves quant Ă  une possible atteinte au principe d’égalitĂ© entre crĂ©anciers, ainsi qu’aux risques pesant sur les petites et moyennes entreprises. À l’issue des dĂ©bats, les articles 2 et 3 ont Ă©tĂ© maintenus dans leur version initiale. La proposition de loi, modifiĂ©e sur son premier article, a finalement Ă©tĂ© adoptĂ©e dans sa nouvelle version.

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La décision de Kais Saïed de rompre les relations avec le FMI analysée par le modÚle du Minimax

25. MĂ€rz 2025 um 10:00

L’auteur, Ă©conomiste universitaire, se livre ici Ă  un exercice original : transposer le raisonnement Ă  la base du modĂšle de dĂ©cision trĂšs connu du Minimax Ă  la dĂ©cision que Kais SaĂŻed Ă  prise de rompre les relations avec le FMI. Aucune formation Ă©conomique ou autre n’est nĂ©cessaire pour comprendre cet article, juste un minimum d’esprit logique et de bon sens communs Ă  tout un chacun. Pour le reste, l’article se laisse lire facilement et sa conclusion est on peut plus claire.  (Ph. DerniĂšre rencontre entre KaĂŻs SaĂŻed et Kristalina Georgieva, DG du FMI, en marge d’un sommet financier en juin 2023 Ă  Paris). 

Dr. Sadok Zerelli

Parmi les disciplines qu’on enseigne aux maitrisards de l’Institut des hautes Ă©tudes commerciales (Ihec) et futurs gestionnaires d’entreprises et que j’ai eu personnellement plaisir Ă  enseigner, parmi d’autres disciplines, figure la thĂ©orie de dĂ©cision.

La problĂ©matique que traite cette thĂ©orie est que nous vivons tous dans un avenir incertain et que personne, Ă  moins d’ĂȘtre un prophĂšte, ne peut prĂ©voir de quoi sera fait demain, mais que nous devons quand mĂȘme prendre des dĂ©cisions importantes qui engagent notre avenir que ce soit sur le plan professionnel ou personnel.

Cette thĂ©orie comporte plusieurs modĂšles stochastiques (basĂ©s sur la thĂ©orie des probabilitĂ©s), plus ou moins compliquĂ©s, dont je vais prendre juste le raisonnement Ă  la base de l’un des plus simples d’entre eux, le modĂšle du Minimax, pour analyser avec cet outil de dĂ©cision le bienfondĂ© ou non de la dĂ©cision prise par notre prĂ©sident de rompre toute collaboration de la Tunisie avec le FMI.

Raisonnement Ă  la base du modĂšle du Minimax

Pour expliquer de la façon la plus simple ce raisonnement au grand public, je vais prendre un exemple que nous avons tous vĂ©cu ou que les jeunes gens vivront un jour ou l’autre.

Supposons qu’on fasse connaissance d’une jeune femme (ou d’un jeune homme s’il s’agit du genre opposĂ©) qui nous plaĂźt beaucoup et qu’on hĂ©site Ă  Ă©pouser ou pas (le raisonnement ne s’applique pas au cas oĂč on tombe fou amoureux et que l’on fonce tĂȘte baissĂ©e sans mĂȘme rĂ©flĂ©chir!). Dans ce cas, il y a quatre scĂ©narios possibles (on parle d’hypothĂšses dans la thĂ©orie de la dĂ©cision).

ScĂ©nario A : on dĂ©cide d’épouser la personne et l’avenir montrera qu’on a eu raison de le faire et qu’on sera heureux avec elle. Dans ce cas la perte subie est nulle puisqu’on a pris la bonne dĂ©cision 

ScĂ©nario B : on dĂ©cide de ne pas l’épouser et l’avenir montrera qu’on a eu raison de ne pas le faire parce cette personne qui n’était pas celle qu’il nous fallait et qu’on aurait Ă©tĂ© malheureux avec elle. Dans ce cas la perte subie est nulle aussi puisqu’on a pris la bonne dĂ©cision 

ScĂ©nario C : on a dĂ©cidĂ© de l’épouser mais l’avenir montrera que c’était une mauvaise dĂ©cision qu’on n’aurait pas dĂ» prendre. Dans la thĂ©orie de dĂ©cision, on appelle cela le risque de premiĂšre espĂšce. La perte MAXIMALE (au pire des cas) associĂ©e Ă  ce risque est un divorce, des enfants dĂ©chirĂ©s entre leurs parents divorcĂ©s, une pension alimentaire Ă  payer, peut-ĂȘtre mĂȘme une dĂ©pression psychologique, etc.

ScĂ©nario D : on dĂ©cide de ne pas l’épouser alors que l’avenir montrera que c’était une erreur parce c’était la personne qu’il nous fallait pour ĂȘtre heureux. On appelle cela le risque de deuxiĂšme espĂšce. Dans ce cas, la perte MAXIMALE qu’on subit est la valeur qu’on attache Ă  la vie en famille, Ă  avoir des enfants, etc.

Selon ce modĂšle, la meilleure dĂ©cision Ă  prendre est celle qui correspond au minimum du risque maximum associĂ© Ă  chaque dĂ©cision, d’oĂč le nom de modĂšle du Minimax.

En clair, dans cet exemple, si la valeur qu’on attache au coĂ»t financier et psychologique d’un divorce est plus Ă©levĂ©e que la valeur qu’on attache Ă  la vie en famille, avoir des enfants, etc., il faut prendre la dĂ©cision de ne pas se marier avec cette personne et inversement.

Ce modĂšle, tel qu’il est enseignĂ© Ă  l’universitĂ© aux futurs gestionnaires d’entreprises, s’applique surtout pour les dĂ©cisions Ă  prendre dans les domaines de l’investissement, d’achat d’actions et de placements financiers en bourse, etc., oĂč il est plus facile de traduire en termes financiers les coĂ»ts attachĂ©s aux risques de premiĂšre et deuxiĂšme espĂšce. Il se complique par l’introduction de probabilitĂ©s de rĂ©alisation de chaque scĂ©nario estimĂ© Ă  priori (au nez) ou en ayant recours Ă  des lois statistiques telles que la loi de Poisson (qui permet de calculer la probabilitĂ© d’un Ă©vĂšnement rare tel qu’un accident, une faillite, un divorce, etc.) et en raisonnant en termes d’espĂ©rance mathĂ©matique de coĂ»t (modĂšle de Bayes), ou en introduisant un coefficient d’optimisme/pessimisme (modĂšle de Hurwicz).

Mais bien sĂ»r je ne vais pas aller aussi loin dans cet article destinĂ© au grand public et je vais juste appliquer le raisonnement qui est Ă  la base de ce modĂšle Ă  la dĂ©cision qu’aurait dĂ» prendre notre PrĂ©sident en rapport avec les relations avec le FMI.

Risque de premiĂšre espĂšce de la dĂ©cision de Kais SaĂŻed 

Il s’agit du risque associĂ© Ă  la dĂ©cision d’accepter les conditions posĂ©es par le FMI pour dĂ©bloquer le prĂȘt de 1,9 milliards de dollars (et donc de ne pas rompre avec lui) alors que l’avenir montrera que c’était une erreur et qu’il n’aurait pas dĂ» accepter ces conditions et prendre cette dĂ©cision.

Quelle est la perte Maximale (au pire des cas) associée à ce risque?

Elle est la rĂ©sultante ou la somme des pertes associĂ©es Ă  la mise en Ɠuvre de chacune des conditions que le FMI avait posĂ© pour dĂ©bloquer son prĂȘt, Ă  savoir :

– la restructuration des entreprises publiques dĂ©ficitaires; 

– la rĂ©duction du poids de la masse des salaires des fonctionnaires dans le budget de l’Etat; 

– la suppression de la compensation des prix des produits Ă©nergĂ©tiques et de consommation de base.  

Dans mon avant dernier article intitulĂ© «Le PrĂ©sident Kais SaĂŻd avait-il raison de rompre avec le FMI ?», j’avais analysĂ© d’une façon approfondie l’impact et les modalitĂ©s possibles de mise en Ɠuvre de chacune de ces rĂ©formes structurelles que le FMI avait exigĂ©. Je ne vais pas reprendre cette analyse dans le prĂ©sent article pour ne pas me rĂ©pĂ©ter mais en faire juste une synthĂšse en faveur ou contre la dĂ©cision prise par notre PrĂ©sident.

Risque de premiĂšre espĂšce associĂ© Ă  la condition de restructuration des entreprises publiques 

Il s’agit d’une centaine (110 exactement) d’entreprises publiques structurellement et historiquement largement dĂ©ficitaires dont les dĂ©ficits d’exploitation pĂšsent de plus en plus lourd sur le budget de l’Etat l’obligeant Ă  chercher des sources de financement internes ou externes pour les financer.

Parmi les impacts négatifs de cette politique, je citerais :

– l’aggravation du dĂ©ficit budgĂ©taire : ces subventions et aides pĂšsent sur les finances publiques, rĂ©duisant les marges de manƓuvre pour d’autres investissements;

– le financement des entreprises publiques dĂ©ficitaires se fait souvent par l’endettement, soit directement par l’État, soit par des garanties accordĂ©es aux entreprises pour contracter des prĂȘts, ce qui la contribue Ă  l’augmentation du dĂ©ficit budgĂ©taire et Ă  l’endettement global du pays;

– la rĂ©duction des ressources pour les secteurs productifs : les fonds allouĂ©s au sauvetage des entreprises publiques sont souvent dĂ©tournĂ©s des secteurs productifs ou essentiels comme la santĂ©, l’éducation ou les infrastructures, ce qui limite la capacitĂ© de l’État Ă  financer des projets de dĂ©veloppement et amĂ©liorer le bien-ĂȘtre de la population et la croissance Ă©conomique;

– l’effet sur l’investissement privĂ© et la compĂ©titivitĂ© : les entreprises publiques dĂ©ficitaires fonctionnent souvent avec des coĂ»ts Ă©levĂ©s, un faible rendement et une gestion inefficace, ce qui nuit Ă  la compĂ©titivitĂ© de l’économie et peut dĂ©courager les investissements privĂ©s, qui craignent une concurrence dĂ©loyale ou un environnement Ă©conomique instable;

– la pression fiscale accrue : pour compenser les pertes des entreprises publiques et maintenir un niveau minimal de services, l’État est contraint d’augmenter les impĂŽts ou d’introduire de nouvelles taxes, ce qui impacte le pouvoir d’achat des citoyens et la compĂ©titivitĂ© des entreprises;  

– une plus grande injustice sociale : contrairement Ă  ce que pense notre PrĂ©sident, une telle politique augmente l’injustice sociale. Je citerais comme exemple le cas de la SNCFT oĂč toutes les recettes du trafic de voyageurs et de marchandises ne couvrent que 87% des charges salariales, ne laissant rien pour la consommation d’énergie, l’entretien du rĂ©seau, le renouvellement du matĂ©riel roulant
 Au nom de quel principe de justice sociale le citoyen qui habite a Sidi Bouzid ou Kairouan qui n’a pas la possibilitĂ© de prendre un train puisque ces villes ne sont pas connectĂ©es au rĂ©seau ferroviaire, doit-il contribuer, Ă  travers les taxes qu’il paie Ă  l’Etat, Ă  subventionner Ă  hauteur de 13% les salaires perçus par les cheminots? Je pourrais multiplier les exemples pour Tunisair, la Steg, la Sonede, etc.;

– enfin, au nom de quel principe l’Etat peut-t-il justifier le maintien d’une telle politique, d’autant plus que, comme je l’ai expliquĂ© dans mon article, il existe bel et bien plusieurs techniques de montages juridiques et financiers qui permettent de restructurer une entreprise publique et la rendre excĂ©dentaire sans avoir Ă  la privatiser (contrat programme, PPP, BOT, concession
)?

A moins que ce soit la politique de la fuite en avant ou de celle du proverbe qui dit «le dernier qui reste paiera le loyer», je ne trouve aucun argument en termes de justice sociale ou d’allocation optimale des ressources qui justifie le rejet par notre PrĂ©sident de cette rĂ©forme structurelle demandĂ©e par le FMI qui est absolument nĂ©cessaire Ă  court ou moyen terme pour Ă©quilibrer les finances publiques. En consĂ©quence, la perte associĂ©e Ă  cette condition posĂ©e par le FMI est Ă  mon avis non seulement nulle, mais on pourrait parler mĂȘme d’une opportunitĂ© ratĂ©e pour rĂ©soudre ce problĂšme de ces entreprises publiques structurellement dĂ©ficitaires Ă  ses racines.

Risque de premiĂšre espĂšce associĂ© Ă  la condition de rĂ©duction du poids de la masse salariale dans le budget de l’Etat 

Avec 56 fonctionnaires par 1000 habitants (contre 17 au Maroc et 14 en Jordanie, des pays Ă  taille et Ă©conomie comparables), l’administration tunisienne est l’une des plus plĂ©thoriques au monde. Il en rĂ©sulte un poids de la masse salariale des fonctionnaires sur le budget de l’État excessif : en 2025, les dĂ©penses salariales sont estimĂ©es Ă  24,389 milliards de dinars, marquant une augmentation de 8,1% par rapport Ă  2024. Cette somme reprĂ©sente 40,7% des dĂ©penses totales du budget et 13,3% du produit intĂ©rieur brut (PIB). 

Cette proportion Ă©levĂ©e des dĂ©penses salariales limite la capacitĂ© de l’État Ă  investir dans d’autres secteurs essentiels tels que l’infrastructure, la santĂ© et l’éducation. Son financement par le biais d’emprunts obligataires et de Bons du TrĂ©sor Ă  court, moyen ou long termes souscrits par les banques commerciales, coĂ»te trĂšs cher Ă  l’État en termes d’intĂ©rĂȘts Ă  payer et dĂ©tourne les banques commerciales de leur vocation de financer les entreprises et l’activitĂ© Ă©conomique pour favoriser la croissance. De mĂȘme que son financement par la BCT, Ă  travers le recours excessif au mĂ©canisme de la planche Ă  billets renforce l’inflation, rĂ©duit la compĂ©titivitĂ© des entreprises et aggrave le dĂ©ficit de la balance commerciale et dĂ©prĂ©cie la valeur du dinar, engendrant une plus grande baisse de la compĂ©titivitĂ©, un plus grand dĂ©ficit commercial, etc.

Le maintien d’une telle armĂ©e de fonctionnaires (640 000), ou pire son renforcement par 5000 autres parmi les diplĂŽmĂ©s de l’enseignement supĂ©rieur en chĂŽmage de longue durĂ©e comme vient de le dĂ©cider le chef de tout l’Etat, ne peut qu’aggraver la situation et obliger l’Etat Ă  continuer Ă  s’endetter davantage, s’il trouve qui veut bien lui prĂȘter, sinon augmenter davantage la pression fiscale qui est dĂ©jĂ  parmi les plus Ă©levĂ©es au monde.

En termes de perte liĂ©e au risque de premiĂšre espĂšce Ă  subir, on peut ainsi conclure qu’elle est nulle aussi et qu’au contraire, l’Etat a perdu une occasion d’assainir les finances publiques une fois pour toutes.

Risque de premiĂšre espĂšce associĂ© Ă  la suppression de la compensation 

Le systĂšme de compensation des prix en Tunisie, destinĂ© Ă  stabiliser les coĂ»ts des produits de base et Ă©nergĂ©tiques, reprĂ©sente une charge financiĂšre notable pour le budget de l’État. En 2024, les dĂ©penses de compensation sont estimĂ©es Ă  11 337 millions de dinars (MD), en lĂ©gĂšre baisse par rapport aux 11 475 MD de 2023. De plus, l’augmentation des prix du pĂ©trole et la dĂ©prĂ©ciation du dinar ont entraĂźnĂ© des dĂ©passements budgĂ©taires, notamment en 2017, oĂč une dĂ©rive de 900 millions de dinars a Ă©tĂ© enregistrĂ©e pour la compensation Ă©nergĂ©tique.

Ces fluctuations rendent le systĂšme de compensation vulnĂ©rable aux variations des marchĂ©s internationaux et aux facteurs Ă©conomiques internes. En particulier, la compensation des prix de l’énergie exerce une pression notable sur le budget de l’État : en 2024, une enveloppe de 7,086 milliards de dinars a Ă©tĂ© allouĂ©e Ă  la compensation des hydrocarbures et de l’électricitĂ©, contre 7,030 milliards en 2023. Cette situation limite la capacitĂ© de l’État Ă  investir dans d’autres secteurs essentiels tels que l’éducation, la santĂ© et les infrastructures.

De plus, la volatilitĂ© des prix internationaux du pĂ©trole des cours des produits alimentaires (blĂ©, orge, sucre, riz etc.) et les fluctuations du taux de change du dinar rendent difficile la prĂ©vision et la gestion efficace de ces dĂ©penses. 

Face Ă  ces dĂ©fis, le gouvernement tunisien doit tĂŽt ou tard procĂ©der Ă  des rĂ©formes pour rationaliser le systĂšme de subventions des prix des produits de consommation de base et Ă©nergĂ©tiques, avec pour objectif de rĂ©duire le fardeau financier sur le budget de l’État tout en protĂ©geant les populations vulnĂ©rables contre les hausses des prix de l’énergie. Une des solutions que j’avais proposĂ© dans mon avant-dernier article est de crĂ©er une caisse autonome de compensation financĂ©e par des taxes «pigurrienes» telles qu’un impĂŽt sur le capital oisif ou un impĂŽt sur le patrimoine, afin de dĂ©charger le budget de l’Etat du poids de la compensation et sans en priver  les catĂ©gories sociales les plus vulnĂ©rables.

Si on tient compte du fait que le FMI n’a jamais exigĂ© la suppression immĂ©diate et d’un seul coup de la compensation mais l’élaboration d’une stratĂ©gie et d’un programme Ă©talĂ©s sur plusieurs annĂ©es pour arriver Ă  cet objectif, on peut considĂ©rer que la perte maximale associĂ© au risque de premiĂšre espĂšce de cette rĂ©forme est faible.

Risque de premiĂšre espĂšce associĂ© Ă  la perte de la souverainetĂ© nationale 

C’est le principal argument avancĂ© par notre PrĂ©sident pour justifier non seulement le rejet des conditions de FMI mais mĂȘme la rupture de toute collaboration avec lui.A ce sujet, il faut bien qu’on ouvre les yeux et qu’on ne prenne pas nos rĂȘves pour de la rĂ©alitĂ©. En effet, de quelle souverainetĂ© nationale parle notre PrĂ©sident lorsqu’on doit importer 87% du blĂ© dur et 73% de l’orge que nous consommons chaque annĂ©e, que l’on doit taper Ă  la porte du FMI ou d’autres bailleurs de fonds pour obtenir des prĂȘts en devises pour rembourser notre dette et payer nos importations, ou que l’on doit demander l’aumĂŽne au Roi de l’Arabe Saoudite pour qu’il veuille bien nous accorder 87 millions de dollars pour financier la construction d’un hĂŽpital Ă  Kairouan ou Ă  l’Émir du KoweĂŻt pour qu’il nous accorde 100 millions de dollars pour construire quatre autres hĂŽpitaux, des sommes qui constituent des miettes pour ces Rois et Émirs?

La vĂ©ritable souverainetĂ© nationale ne viendra que le jour oĂč nous serons capables de produire nous-mĂȘmes ce que nous consommons, ou exporter nos produits pour pouvoir en importer d’autres. Tout le reste, ce sont des discours naĂŻfs, utopiques et populistes entiĂšrement dĂ©connectĂ©s de la rĂ©alitĂ© qu’on peut Ă  la limite tenir dans la buvette des facultĂ©s, mais pas quand on dĂ©tient le sort de 12 millions de Tunisiens entre les mains.

Pour rĂ©sumer, la perte maximale associĂ©e au risque de premiĂšre espĂšce liĂ© Ă  la dĂ©cision de Kais SaĂŻed, je prendrais l’exemple d’un cancer, que Dieu nous en prĂ©serve tous. Pour moi, tant les dĂ©ficits chroniques des entreprises publiques, que le poids de la masse salariale des fonctionnaires sur le budget de l’Etat et le fardeau de la compensation, sont comme des cancers qui rongent les finances publiques: soit on choisit de les ignorer avec le risque que l’économie nationale s’effondre au bout de quelques annĂ©es, soit de les soigner par des chimio ou radiothĂ©rapies avec tous les dĂ©sagrĂ©ments qui en rĂ©sultent : vomissements, diarrhĂ©es, perte de cheveux,.., avec l’espoir de guĂ©rison au bout. C’est aussi simple et dramatique que cela.

Risque de deuxiĂšme espĂšce associĂ© Ă  la dĂ©cision de Kais SaĂŻed 

C’est celui que reprĂ©sente la dĂ©cision de refuser les conditions posĂ©es par le FMI pour le dĂ©blocage du prĂȘt de 1,9 milliards de dollars et mĂȘme d’annoncer la rupture de toute collaboration avec lui, alors que l’avenir montrera que notre PrĂ©sident avait tort de prendre cette dĂ©cision

Comme pour le risque de premiĂšre espĂšce, la perte maximale (au pire des cas) est la somme de plusieurs pertes probables :

– perte des 1,9 milliards de dollars qui auraient Ă©tĂ© les bienvenus dans une conjoncture aussi difficile que celle que traverse notre Ă©conomie; c’est mĂȘme une perte certaine et non probable puisqu’on ne verra plus la couleur de ces dollars;

– nos entreprises publiques continueront Ă  ĂȘtre de plus en plus dĂ©ficitaires et incapables de rĂ©aliser les investissements nĂ©cessaires pour amĂ©liorer la qualitĂ© des services publics qu’ils fournissent aux usagers;

– la masse salariale des fonctionnaires continuera Ă  creuser le dĂ©ficit du budget de l’Etat, avec des difficultĂ©s de financement et un dĂ©tournement plus grand des ressources des banques locales pour le financement du dĂ©ficit de l’État plutĂŽt que des entreprises et des investisseurs privĂ©s;

– le budget de la compensation pĂšsera de plus en plus lourd sur le budget de l’Etat en raison de la fluctuation des cours internationaux des produits alimentaires et Ă©nergĂ©tiques et du glissement lent mais continu du taux de change du dinar;

– ces trois facteurs combinĂ©s alourdiront d’une annĂ©e Ă  l’autre les dĂ©ficits budgĂ©taires de l’État, augmenteront son endettement interne et externe et dĂ©trĂŽneront ses rares ressources de l’investissement en infrastructures, santĂ©, Ă©ducation, etc., pour amĂ©liorer la qualitĂ© des services publics, y compris pour les catĂ©gories sociales vulnĂ©rables pour la protection desquelles le PrĂ©sident a cru bon de refuser les conditions du FMI et mĂȘme rompre avec lui;

– ils accroissent aussi le risque d’une pression fiscale encore plus grande, faute de trouver d’autres sources de financement internes et externes;

– sans l’aval de FMI, les autres bailleurs de fonds n’accepteront pas de nous accorder des prĂȘts en devises pour honorer les Ă©chĂ©ances de notre dette extĂ©rieure et importer nos produits alimentaires, mĂ©dicaments, pĂ©trole, etc. A ce sujet, il faut bien noter que nos banques commerciales ne peuvent souscrire qu’à des emprunts libellĂ©s en dinars, et que la banque centrale ne peut crĂ©er grĂące Ă  la planche Ă  billets que des dinars aussi, et que ni les unes ni l’autre ne peuvent crĂ©er des dollars ou des euros qui ne peuvent provenir que de l’exportation de biens et de services, tels que le tourisme, ou des transferts effectuĂ©s par nos TRE au profit de leurs familles restĂ©es en Tunisie;

– tant que les investissements publics et privĂ©s restent faibles et que les taux de croissance Ă©conomique continuent Ă  osciller entre 1% et 2% (1,4% en 2024), soient des taux nettement plus fiables que les taux d’intĂ©rĂȘt auxquels nous avons empruntĂ© souvent Ă  long terme, le dĂ©faut de paiement de la dette publique est mathĂ©matiquement inĂ©luctable et le passage devant le Club de Paris n’est qu’une question de temps.

Dans ce cas, on risque de perdre pour de bon et dans des conditions humiliantes notre souveraineté nationale que Saïed pense avoir sauvé en rejetant les conditions du FMI et en rompant avec lui.

DĂ©jĂ  sans en arriver lĂ , ce que personnellement et en tant que Tunisien je ne souhaite pas, trouver dans le communiquĂ© du FMI en date du 14 mars 2025 le nom de la Tunisie parmi les rares pays dans le monde dont les consultations en vertu de l’article IV avec FMI sont retardĂ©es, tels que la Syrie, le YĂ©men, le Soudan et l’Afghanistan, des pays dont le seul nom Ă©voque la famine ou la guerre civile quand ce n’est pas les deux Ă  la fois, est une bien triste nouvelle et ne prĂ©sage rien  de bon pour l’avenir de notre pays.

En rĂ©sumĂ© de cet exercice de transposition du raisonnement qui est la base du modĂšle du Minimax Ă  la dĂ©cision que devait prendre Kais SaĂŻed en relation avec le FMI, il apparaĂźt clairement pour le commun des mortels dotĂ© du minimum de bon sens  que le minimum du risque maximum, en termes d’assainissement des finances publiques y compris en termes de prĂ©servation de la paix sociale et de la souverainetĂ© nationale, se  trouve bel et bien dans la dĂ©cision d’accepter les rĂ©formes structurelles demandĂ©es par le FMI quitte Ă  bien nĂ©gocier les conditions de le leur mise en Ɠuvre et le planning de leur exĂ©cution.

Pour conclure cet article, j’hĂ©site entre deux conclusions possibles:

– soit rappeler qu’en Ă©conomie, comme dans tous les domaines de la vie «celui qui n’avance pas recule» et que des petits pays qui n’ont pas davantage de ressource naturelles ou humaines, tels que la CĂŽte d’Ivoire ou le Rwanda ou l’Ethiopie ou mĂȘme la petite Gambie (1,5 millions d’habitants) arrivent Ă  faire 5 ou mĂȘme 7% de croissance Ă©conomique annuelle et sont donc en train de nous rattraper et mĂȘme de nous dĂ©passer grĂące Ă  leur seule bonne gouvernance Ă©conomique; 

– soit parler Ă  notre PrĂ©sident dans le langage qu’il semble comprendre le mieux, celui du bonheur ! Etant donnĂ© qu’il n’avait pas hĂ©sitĂ© Ă  proposer le plus sĂ©rieusement du monde de remplacer le calcul du PIB (Produit IntĂ©rieur Brut) par un autre PIB (Produit IntĂ©rieur du Bonheur), a-t-il pris le temps de lire, entre deux poĂšmes de Bayram Ettounsi, que, selon The World Happiness Report basĂ© sur des donnĂ©es rĂ©coltĂ©es par un sondage mondial Gallup dans plus de 140 pays au cours des trois annĂ©es prĂ©cĂ©dentes, soit de 2022 Ă  2024, la Tunisie se classe 113e, loin derriĂšre l’AlgĂ©rie (84e) et mĂȘme la Libye (79e)?

Post scriptum : les lecteurs et lectrices, que je suis le premier Ă  regretter que mes analyses Ă©conomiques pessimistes dĂ©priment, peuvent toujours aller sur mon blog «PoĂšmes de la vie» pour rĂȘver avec moi d’un monde meilleur. Avec sa politique, Kais SaĂŻed peut nous enlever beaucoup de choses, mais ne pourra jamais nous enlever la capacitĂ© de rĂȘver !

* Economiste, consultant international.

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Forces de «maintien de la paix» en Ukraine | Les mensonges des impuissances europĂ©ennes

25. MĂ€rz 2025 um 09:27

Sans la signature de l’accord de paix entre la Russie et l’Ukraine, la prĂ©sence Ă  titre officiel du moindre contingent militaire ne serait-ce que d’un seul des pays membres de l’Otan sur le sol ukrainien vaudra l’entrĂ©e directe de l’Alliance de l’Atlantique Nord en guerre contre la FĂ©dĂ©ration de Russie. Et cela, la plupart des pays de l’Otan le savent trĂšs bien qui rĂ©flĂ©chiront par deux fois avant de faire le moindre pas en ce sens, malgrĂ© les gesticulations de la France et de la Grande-Bretagne. (Ph. L’Union europĂ©enne joue toutes ses cartes sur Volodymyr Zelenski).

Oleg Nesterenko *

Quelques jours aprĂšs que le premier ministre britannique Keir Starmer a annoncĂ© que le plan de «coalition des volontaires» entrait dans une «phase opĂ©rationnelle», le 20 mars dernier, les reprĂ©sentants de la majoritĂ© des pays de l’Otan se sont rĂ©unis dans les banlieues de Londres pour discuter de la crĂ©ation de «la force de maintien de la paix» en Ukraine et Ă©laborer les plans de son action.

Londres s’attend Ă  ce que plus de 30 pays, dont l’intĂ©gralitĂ© des membres de l’Otan, prennent une participation dans la nouvelle coalition et apportent leurs contributions.

Lors de ladite rĂ©union, les participants ont convenu que les forces «de maintien de la paix» en Ukraine comprendront autant de troupes terrestres que de forces aĂ©riennes et navales. Notamment, des militaires britanniques et français seront dĂ©ployĂ©s tant dans les villes que dans les ports et les infrastructures critiques ; les navires de patrouille et dragueurs de mines de l’Otan opĂ©reront en mer Noire.

De son cĂŽtĂ©, le 27 mars, Emmanuel Macron a organisĂ© un nouveau sommet Ă  Paris entre Volodymyr Zelensky et ses partenaires de guerre : «On a fait un gros travail avec les Britanniques sur les conditions d’encadrer le cessez-le-feu et donc lĂ , je pense que ça va ĂȘtre l’occasion d’en discuter et de le prĂ©ciser», a dĂ©clarĂ© le prĂ©sident français.

Bien Ă©videmment, en parlant d’une coalition et d’un grand dĂ©ploiement militaire des forces de l’alliance du TraitĂ© de l’Atlantique Nord, ce n’est guĂšre une action d’une durĂ©e de 30 jours couvrant le cessez-le-feu proposĂ© par les Etats-Unis d’AmĂ©rique qui est en discussion, mais une opĂ©ration stratĂ©gique Ă  long terme.  

Les tentatives désespérées de se sauver la face

La grandeur des ambitions des idĂ©es exprimĂ©es et des plans Ă©laborĂ©s par la coalition anglo-franco-centrique ne peut ĂȘtre comparĂ©e qu’à la profondeur abyssale de leur coupure de la rĂ©alitĂ©. Car, jamais aucune force d’aucun pays de l’Otan ne participera dans le prĂ©tendu processus de «maintien de la paix» sur le sol de l’Ukraine post-conflit.

AprĂšs la remise dĂ©monstrative des pays du Vieux continent Ă  leur vĂ©ritable place â€“ celle des vassaux du maitre outre-Atlantique – par le rejet de leur prĂ©sence Ă  la table des futures nĂ©gociations de paix en Ukraine qui n’auront lieu qu’entre les deux rĂ©elles puissances en guerre : les Etats-Unis d’AmĂ©rique et la FĂ©dĂ©ration de Russie – les rĂ©centes dĂ©clarations des pays-membres du camp en dĂ©faite face Ă  la Russie ne sont que des tentatives maladroites et dĂ©sespĂ©rĂ©es de sauver les dĂ©bris restant de leur rĂ©putation, en tant que puissances militaires, aux yeux du monde qui les observent d’une maniĂšre de plus en plus sceptique.

Contrairement Ă  ces mensonges et illusions propagĂ©s depuis la rĂ©union Ă  Londres au sujet des futures actions des prĂ©tendues forces du «maintien de la paix» en Ukraine dans la pĂ©riode post-guerre, mon affirmation sur l’impossibilitĂ© de la participation des forces armĂ©es des pays de l’Otan dans le «maintien de la paix» en Ukraine est sans Ă©quivoque et basĂ©e sur des fondements juridiques incontournables.

Plusieurs facteurs-clĂ©s rendent parfaitement impossible l’initiative occidentale de «contrĂŽler» la paix en Ukraine Ă  la fin du conflit armĂ©. 

La condition sine qua non de Moscou

Sans la signature de l’accord de paix entre Moscou et Kiev, la prĂ©sence Ă  titre officiel du moindre contingent militaire ne serait ce que d’un seul des pays membres de l’Otan sur le sol ukrainien vaudra l’entrĂ©e directe de l’Alliance de l’Atlantique Nord en guerre contre la FĂ©dĂ©ration de Russie.

Il est connu d’avance via de multiples dĂ©clarations de Moscou qui n’ont jamais variĂ© au sujet des rapports entre Kiev et l’Otan : l’une des conditionssine qua non de la signature de l’accord de paix sera l’interdiction signĂ©e et ratifiĂ©e par la partie adverse de la prĂ©sence des forces armĂ©es du bloc de l’Otan sur le territoire de l’Ukraine. 

Soit, juridiquement, c’est bien le Kremlin et personne d’autre qui dĂ©cidera de la prĂ©sence du camp ennemi Ă  ses frontiĂšres du sud-ouest. Une prĂ©sence qui n’aura jamais lieu : sa seule menace a Ă©tĂ© l’une des raisons principales pour Moscou d’entrer en guerre qui dure depuis plus de trois ans.

L’unique moyen de rĂ©aliser les fantasmes des dirigeants des pays de l’Otan sur la prĂ©sence en Ukraine de leurs forces «de maintien de la paix» est celui d’entrer en guerre contre la Russie et de l’importer.

Les casques bleus

Les Casques bleus sont une force qui agit au nom de l’Organisation des Nations unies (Onu) dans le cadre des opĂ©rations de maintien de la paix (OMP). Il est donc logique de supposer que leur prĂ©sence peut avoir lieu en Ukraine post-guerre. 

Cela Ă©tant, le dĂ©ploiement d’une telle mission ne peut ĂȘtre dĂ©cidĂ© que par le principal organe des Nations Unies qui est le Conseil de sĂ©curitĂ©. Le Conseil, dont la FĂ©dĂ©ration de Russie est membre permanent et, Ă  ce titre, dispose du droit de veto lorsque des rĂ©solutions doivent ĂȘtre votĂ©es.

Ainsi, une fois de plus, c’est bien Moscou qui dĂ©cidera si la prĂ©sence des casques bleus en Ukraine aura lieu ou non.

Navires de patrouille et dragueurs de mines en mer Noire

Lors de la rĂ©union de 20 mars Ă  Londres, l’une des dĂ©cisions qui a Ă©tĂ© prise Ă©tait celle de la future prĂ©sence des navires de patrouille et dragueurs de mines de l’Otan qui opĂ©reront en mer Noire.

Les propagateurs de la dĂ©sinformation depuis Londres ont «oublié» de parler de l’existence de la convention de Montreux. La convention de Montreux, signĂ©e le 20 juillet 1936, dĂ©termine l’exercice de la circulation dans les dĂ©troits des Dardanelles et du Bosphore (Turquie), ainsi que dans la mer Noire. Et le §2 de son article 18 est sans Ă©quivoque : Â«Quel que soit l’objet de leur prĂ©sence en mer Noire, les bĂątiments de guerre des Puissances non riveraines ne pourront pas y rester plus de vingt et un jours».

Soit, aucune sĂ©rieuse prĂ©sence supplĂ©mentaire de la marine du bloc de l’Otan ne peut y avoir lieu. Hormis celles de la Roumanie, de la Bulgarie et de la Turquie riveraines qui y sont dĂ©jĂ  prĂ©sentes et peuvent naviguer librement dans leurs eaux territoriales et les eaux internationales – ce qu’elles font depuis toujours.   

Les dĂ©clarations europĂ©ennes sur la future prĂ©sence des navires de l’Otan qui opĂ©reront en mer Noire dans le cadre de «la force de maintien de la paix» en Ukraine ne sont donc que de la rhĂ©torique vide.

La constitution de l’Ukraine

En vue des grossiĂšres violations au quotidien de la Constitution de l’Ukraine depuis 2014 et, plus particuliĂšrement, depuis les 3 derniĂšres annĂ©es par les rĂ©gimes  successifs installĂ©s Ă  Kiev, il est presque dĂ©placĂ© de mentionner l’existence d’une Constitution dans ce pays et, encore moins, de mentionner l’existence de l’article 17 de ladite Constitution qui est sans Ă©quivoque : «Le dĂ©ploiement de bases militaires Ă©trangĂšres sur le territoire ukrainien est interdit».

Il est tout Ă  fait certain qu’une violation constitutionnelle de plus, parmi tant d’autres, par le dĂ©ploiement des forces armĂ©es de l’Otan sur le territoire de l’Ukraine serait passĂ© tout Ă  fait inaperçu. De plus que l’existence de la Cour constitutionnelle qui est l’unique organe de juridiction constitutionnelle en Ukraine a Ă©tĂ© rĂ©duite par le rĂ©gime de Zelensky Ă  n’exister que sur papier.

Post-scriptum : En mettant de cĂŽtĂ© les fantaisies propagĂ©es par la composante europĂ©enne de l’Organisation du TraitĂ© de l’Atlantique Nord, revenons Ă  la rĂ©alitĂ© : d’une maniĂšre incontournable, seule la FĂ©dĂ©ration de Russie peut rĂ©ellement garantir la paix sur le territoire de l’Ukraine. Il n’y aura aucune paix, si les conditions de sĂ©curitĂ© et la prise en compte des intĂ©rĂȘts russes exigĂ©es par Moscou, durant tant d’annĂ©es avant-mĂȘme le dĂ©clenchement de la guerre, ne sont pas respectĂ©es par le camp-ennemi. Et en mentionnant l’ennemi, ce n’est guĂšre du camp ukrainien qui n’a jamais Ă©tĂ© qu’un outil pĂ©rissable entre les mains des tireurs de ficelles anglo-saxons dont je parle.

L’intervention directe et officielle de la moindre composante militaire d’un seul des pays de l’Otan sur le sol ukrainien vaudra directement son entrĂ©e en guerre contre la Russie avec toutes les consĂ©quences pour le monde qui en dĂ©couleront.

Cela Ă©tant, si une telle situation a Ă©tĂ© soigneusement Ă©vitĂ©e dans les heures les plus sombres du rĂšgne belliqueux des «dĂ©mocrates» sur la Maison Blanche – ce n’est certainement pas demain que cela arrivera dans le cadre des gesticulations archaĂŻques et impuissantes des anciennes puissances europĂ©ennes, dont «l’ñge d’or» a sombrĂ© Ă  tout jamais dans l’oubli du passĂ©.

* PrĂ©sident du CCIE, spĂ©cialiste de la Russie, CEI et de l’Afrique subsaharienne.

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Ramadan sanglant Ă  Gaza

25. MĂ€rz 2025 um 07:54

La reprise de la guerre gĂ©nocidaire israĂ©lienne contre Gaza intervient pendant le ramadan et prĂ©cisĂ©ment durant les dix derniers jours de ce mois considĂ©rĂ©s par les musulmans comme les jours les plus saints de l’annĂ©e mais les Gazaouis n’ont pas le droit de les vivre paisiblement et tranquillement comme leurs coreligionnaires de par le monde, leur quotidien renoue avec le pilonnage sauvage de l’aviation israĂ©lienne et de son artillerie, les familles qui sont dĂ©cimĂ©es et les morts qui ne se comptent plus. 

Imed Bahri 

The Guardian a consacrĂ© une enquĂȘte Ă  la situation humanitaire dĂ©sastreuse que vivent les Palestiniens notamment dans les hĂŽpitaux. La salle d’urgence de l’hĂŽpital des Martyrs d’Al-Aqsa Ă  Deir Al-Balah, dans le centre de Gaza, Ă©tait pleine quelques minutes aprĂšs une vague de frappes aĂ©riennes israĂ©liennes qui ont violĂ© le cessez-le-feu et environ un tiers des blessĂ©s avaient moins de 14 ans, rapporte le journal britannique. 

«À aucun moment, il n’y avait moins de 65 personnes aux urgences, toutes avec des plaies ouvertes, la plupart d’entre elles Ă©tant des femmes et des enfants. Le sol Ă©tait couvert de sang»,  tĂ©moigne Mark Perlmutter, un chirurgien orthopĂ©diste bĂ©nĂ©vole venu des États-Unis, citĂ© par le mĂȘme journal.

À quelques kilomĂštres de lĂ , des scĂšnes similaires se sont dĂ©roulĂ©es Ă  l’hĂŽpital Nasser de Khan Younis. «Il y avait des vagues successives. DĂšs que les patients mouraient ou Ă©taient transfĂ©rĂ©s, d’autres arrivaient. C’était le chaos», tĂ©moigne Tania Haj Hassan, mĂ©decin en soins intensifs pĂ©diatriques.

À l’hĂŽpital Nasser, plus de la moitiĂ© des blessĂ©s adultes admis mardi soir ont Ă©tĂ© examinĂ©s pendant 20 secondes par les chirurgiens. Puis, afin de privilĂ©gier ceux dont la vie pouvait ĂȘtre sauvĂ©e, la personne qui les avait amenĂ©s s’est vu dire qu’il n’y avait rien Ă  faire. Les enfants pour leurs parts ont presque tous Ă©tĂ© admis mĂȘme lorsque leurs blessures Ă©taient clairement mortelles.

Des enfants entre la vie et la mort

Le docteur Haj Hassan dĂ©crit les scĂšnes d’horreur des arrivĂ©es d’enfants entre la vie et la mort: «Ils dormaient et arrivaient en pyjama, emmitouflĂ©s dans des couvertures. Souvent, c’étaient des voisins qui les amenaient car leurs parents avaient Ă©tĂ© tuĂ©s. C’était horrible. Nous avons dĂ» interrompre la rĂ©animation de plusieurs enfants pour nous concentrer sur celui qui avait encore une chance d’ĂȘtre sauvé».

Selon les responsables mĂ©dicaux palestiniens, plus de 200 personnes ont Ă©tĂ© tuĂ©es et des centaines blessĂ©es pour la seule matinĂ©e du mardi 18 mars, jour de la reprise de la guerre. IsraĂ«l a dĂ©clarĂ© avoir bombardĂ© 80 «cibles terroristes» en l’espace de 10 minutes mardi matin ayant visĂ©, selon eux, des dirigeants et des infrastructures militaires clĂ©s.

Avec les frappes aĂ©riennes et les bombardements continus, le bilan des morts dans l’enclave palestinienne dĂ©vastĂ©e au cours de la guerre qui dure depuis 18 mois a atteint plus de 50 000, la plupart des femmes et des enfants, avec plus de 113 000 blessĂ©s, selon le ministĂšre palestinien de la SantĂ©.

Fayrouz Sidhwa, une chirurgienne traumatologue californienne de 43 ans qui travaille comme bĂ©nĂ©vole Ă  Khan Younis, rapporte comment elle a dĂ» dire au pĂšre d’une fillette de quatre ans que sa fille n’avait plus que quelques minutes Ă  vivre.

Ahmed Al-Farra, chef du service de pĂ©diatrie et d’obstĂ©trique, a dĂ©clarĂ© que 300 personnes avaient Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©es Ă  l’hĂŽpital Nasser mardi mais que seules quelques-unes avaient survĂ©cu. Environ 85 personnes sont dĂ©cĂ©dĂ©es dont une quarantaine d’enfants ĂągĂ©s de 1 Ă  17 ans. Parmi les victimes se trouvaient un garçon de 10 ans avec une moelle Ă©piniĂšre sectionnĂ©e, complĂštement paralysĂ© du cou jusqu’aux pieds et incapable de respirer sans assistance et une fillette de 5 ans avec de multiples blessures par Ă©clats d’obus qui ne pourra probablement plus parler Ă  l’avenir.

«L’ñge moyen des enfants dĂ©clarĂ©s morts Ă  l’hĂŽpital Nasser aprĂšs la reprise de la guerre la semaine derniĂšre Ă©tait compris entre six et huit ans et environ 35% de l’ensemble des victimes avaient moins de 14 ans», a rapportĂ© pour sa part Morgan McMonagle, un chirurgien vasculaire irlandais bĂ©nĂ©vole auprĂšs de l’ONG Medical Aid for Palestine.

HÎpitaux surchargées et manquant de fournitures de base

MalgrĂ© tout cela, l’armĂ©e israĂ©lienne a dĂ©clarĂ© dans un communiquĂ© qu’elle s’engageait Ă  attĂ©nuer les dommages causĂ©s aux civils pendant les opĂ©rations et qu’elle Ă©tait pleinement engagĂ©e Ă  respecter toutes les obligations juridiques internationales applicables y compris le droit s’appliquant aux conflits armĂ©s. 

Bien que 22 des 35 principaux Ă©tablissements de santĂ© de Gaza soient toujours opĂ©rationnels, ils ne fournissent qu’une fraction des services qu’ils fournissaient avant la guerre. Olga Cherevko, porte-parole du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies Ă  Gaza, a dĂ©clarĂ© que toutes ces installations sont surchargĂ©es et manquent de fournitures de base.

Le Dr Khamis Al-Eisi, neurologue spĂ©cialiste de la douleur Ă  l’hĂŽpital Al-Ahli de la ville de Gaza, a dĂ©clarĂ© qu’il n’avait pas assez d’analgĂ©siques pour des centaines de patients atteints de cancer. «À Gaza, des centaines de milliers de personnes souffrent de maladies chroniques. Elles ont besoin de soins appropriĂ©s mais les conditions sont dĂ©sastreuses. Il n’y a pas d’eau potable et les systĂšmes d’égouts sont complĂštement dĂ©truits. Les gens sont terrifiĂ©s», a-t-il expliquĂ©. Et d’ajouter : «IsraĂ«l a continuĂ© d’autoriser les Ă©vacuations mĂ©dicales de Gaza, mais seules quelques dizaines de personnes partaient chaque jour et plus de 14 000 ont besoin de soins urgents hors de Gaza».

La plupart des Ă©tablissements de santĂ© de Gaza disposent dĂ©sormais de procĂ©dures bien rodĂ©es pour les incidents impliquant de nombreuses victimes mĂȘme si celles-ci se sont rĂ©vĂ©lĂ©es insuffisantes la semaine derniĂšre. «Nous avons des plans, de bons plans mais le problĂšme est que le nombre de victimes est encore plus Ă©levĂ© que nos plans», a dĂ©clarĂ© le docteur Fahd Haddad, directeur mĂ©dical d’un hĂŽpital de campagne prĂšs de la ville de Nuseirat dans le sud de la bande de Gaza. 

Cependant, le plus grand dĂ©fi pour cet homme de 38 ans et ses collĂšgues est de maintenir leur moral aprĂšs que les espoirs d’un cessez-le-feu permanent ont Ă©tĂ© anĂ©antis. Â«Nous nous sommes rĂ©veillĂ©s ce mardi-lĂ  avec les explosions et c’était comme un flashback, 18 mois en arriĂšre, lorsque la guerre a commencĂ©. Nous Ă©tions si heureux du cessez-le-feu. La vie Ă©tait trĂšs dure mais au moins, il n’y avait pas de morts», confie Haddad avec inquiĂ©tude.

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Tunisie | Le groupe chinois CNBM lorgne Les Ciments Jbel Oust

24. MĂ€rz 2025 um 14:06

L’usine que le groupe China National Building Material (CNBM) prĂ©voit d’acquĂ©rir pour plus de 100 millions de dollars est bien Les Ciments Jbel Oust, le deuxiĂšme plus grand fabricant de ciment en Tunisie, situĂ©e dans le gouvernorat de Zaghouan, Ă  40 km au sud de Tunis, ainsi que sa filiale Granulats Jbel Oust.

Selon MosaĂŻque FM, citant une source du ministĂšre de l’Industrie, la partie chinoise rachĂštera les parts dĂ©tenues jusqu’ici par une sociĂ©tĂ© «portugaise». En fait, il s’agit de la sociĂ©tĂ© de matĂ©riaux de construction 100% brĂ©silienne Votorantim Cimentos qui en assure la gestion depuis 2012. Sa capacitĂ© annuelle de production est de 1,8 millions de tonnes de ciment et 1,5 millions de tonnes de granulats.

C’est l’ambassadeur de la Chine en Tunisie, Wan Li, qui avait rĂ©cemment dĂ©clarĂ© qu’une entreprise chinoise spĂ©cialisĂ©e dans le secteur du ciment envisageait d’acquĂ©rir une cimenterie proche de Tunis pour un montant dĂ©passant les 100 millions de dollars.

Le mĂȘme responsable du ministĂšre de l’Industrie a prĂ©cisĂ© que la capacitĂ© de production de ciment en Tunisie atteint 12 millions de tonnes par an. Toutefois, face Ă  la hausse des coĂ»ts de production, notamment ceux du gaz et du pĂ©trole, le pays limite sa production Ă  6 millions de tonnes, correspondant Ă  la demande locale.

Cette augmentation des coĂ»ts a Ă©galement freinĂ© les exportations tunisiennes de ciment, offrant ainsi un avantage compĂ©titif Ă  l’AlgĂ©rie, qui est aujourd’hui l’un des principaux exportateurs de ciment de la rĂ©gion, soutenue par une production nationale importante de gaz et de pĂ©trole.

La Tunisie compte actuellement neuf cimenteries : une spĂ©cialisĂ©e dans le ciment blanc, et huit dans le ciment gris. Trois d’entre elles sont publiques, tandis que les autres sont gĂ©rĂ©es par des sociĂ©tĂ©s privĂ©es Ă©trangĂšres.

I. B.

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Elections municipales en Tunisie | Un retard qui fragilise la démocratie locale

24. MĂ€rz 2025 um 13:28

Depuis la rĂ©volution de 2011, la Tunisie a fait des avancĂ©es notables en matiĂšre de rĂ©formes politiques et institutionnelles. Cependant, il y a un domaine oĂč le retard devient inquiĂ©tant : les Ă©lections municipales [les derniĂšres ayant eu lieu en 2018 et celles initialement prĂ©vues pour mai 2023  ayant Ă©tĂ© supprimĂ©es par une dĂ©cision du prĂ©sident de la rĂ©publique KaĂŻs SaĂŻed, le 9 mars de la mĂȘme annĂ©e Ndlr].

Leith Lakhoua *

Bien que les Ă©lections municipales soient inscrites comme une exigence fondamentale dans la Constitution tunisienne de 2022, force est de constater qu’elles continuent de se faire attendre.

Ce retard soulĂšve une question cruciale : comment concilier la nĂ©cessitĂ© d’élire nos reprĂ©sentants locaux avec l’absence de cadre lĂ©gislatif adaptĂ© Ă  la rĂ©alitĂ© politique actuelle?

Un vide juridique problématique

La loi Ă©lectorale municipale qui Ă©tait en vigueur n’est plus compatible avec les Ă©volutions politiques du pays aprĂšs 2021. Elle ne reflĂšte plus les aspirations dĂ©mocratiques des Tunisiens ni les nouvelles rĂ©alitĂ©s du systĂšme politique en place. L’absence d’une loi Ă©lectorale municipale rĂ©visĂ©e empĂȘche la mise en place de mĂ©canismes de gouvernance clairs et transparents pour les municipalitĂ©s.

Pourtant, les Ă©lections municipales, comme le stipule la Constitution tunisienne de 2022, sont un maillon essentiel dans la construction d’une dĂ©mocratie locale solide, permettant aux citoyens de choisir leurs dirigeants Ă  l’échelle communale et d’assurer une gestion de proximitĂ© plus rĂ©active et adaptĂ©e Ă  leurs besoins.

Malheureusement, la mise en place de cette nouvelle loi Ă©lectorale semble faire face Ă  des obstacles politiques et institutionnels. L’incertitude quant Ă  son adoption soulĂšve un dilemme : doit-on organiser les Ă©lections municipales sans cette loi, en attendant que celle-ci soit enfin adoptĂ©e? Ou faut-il impĂ©rativement attendre sa promulgation pour garantir un cadre juridique cohĂ©rent?

Un retard qui fragilise les municipalités

En attendant cette fameuse loi Ă©lectorale, la situation actuelle est marquĂ©e par un vide institutionnel de plus en plus prĂ©occupant. Actuellement, les municipalitĂ©s sont dirigĂ©es par des secrĂ©taires gĂ©nĂ©raux, des fonctionnaires qui n’ont pas nĂ©cessairement Ă©tĂ© Ă©lus pour gĂ©rer ces collectivitĂ©s. Cette gestion administrative a engendrĂ© une forme d’anarchie et de dĂ©sorganisation qui va Ă  l’encontre des besoins rĂ©els des citoyens. Les dĂ©cisions sont prises de maniĂšre centralisĂ©e et Ă©loignĂ©es des prĂ©occupations locales, ce qui nuit Ă  l’efficacitĂ© de l’administration municipale et renforce la distance entre l’État et les citoyens.

De plus, l’absence de reprĂ©sentants Ă©lus dans les communes prive les citoyens d’une vĂ©ritable prise en charge de leurs besoins quotidiens. Les municipalitĂ©s, qui devraient ĂȘtre les premiĂšres Ă  rĂ©pondre aux attentes des citoyens, sont dĂ©connectĂ©es de la rĂ©alitĂ© locale, et cette dĂ©connexion engendre un dĂ©sintĂ©rĂȘt croissant des populations pour la politique locale. La gestion des services municipaux devient de plus en plus opaque, alimentant le sentiment de frustration des Tunisiens, qui ne voient plus dans leurs autoritĂ©s locales un interlocuteur capable de rĂ©pondre Ă  leurs prĂ©occupations.

Une urgence pour le pays

Dans cette situation, il est essentiel de se poser la question de savoir si nous devons continuer Ă  attendre une loi Ă©lectorale municipale ou si, au contraire, il serait plus pragmatique d’organiser les Ă©lections, quitte Ă  adapter la loi par la suite.

Ne pas organiser les élections municipales dans les délais prévus revient à priver les Tunisiens de leur droit fondamental à élire leurs représentants locaux, et cela fragilise davantage le systÚme démocratique tunisien.

Cependant, il ne fait aucun doute qu’une fois les Ă©lections organisĂ©es, il faudra, dans les plus brefs dĂ©lais, adopter une loi Ă©lectorale municipale moderne et adaptĂ©e. Cette loi devra non seulement assurer la transparence et la rigueur dans l’organisation des Ă©lections, mais aussi garantir une gestion locale efficace et proche des prĂ©occupations des citoyens.

En attendant, il est impĂ©ratif de ne pas laisser les municipalitĂ©s entre les mains des secrĂ©taires gĂ©nĂ©raux, car cette situation engendre une forme d’anarchie qui porte prĂ©judice aux citoyens et au pays tout entier. Il est essentiel que les autoritĂ©s politiques et lĂ©gislatives prennent leurs responsabilitĂ©s pour Ă©viter que cette gestion dĂ©centralisĂ©e ne devienne un frein Ă  l’évolution dĂ©mocratique de la Tunisie.

Prendre des dĂ©cisions pour l’avenir

La Tunisie ne peut plus se permettre d’attendre indĂ©finiment pour organiser ses Ă©lections municipales et mettre en place une nouvelle loi Ă©lectorale municipale. Il est crucial d’agir rapidement pour rĂ©pondre aux attentes des citoyens et permettre une gestion locale responsable et dĂ©mocratique.

La situation actuelle, marquĂ©e par l’absence de gouvernance lĂ©gitime et d’une vĂ©ritable reprĂ©sentation locale, nuit Ă  l’intĂ©rĂȘt des Tunisiens et compromet l’avenir de la dĂ©mocratie en Tunisie. Il est donc urgent de prendre des mesures concrĂštes et de garantir que les Ă©lections municipales se tiennent dans les meilleurs dĂ©lais, pour que la Tunisie puisse avancer sur la voie de la dĂ©centralisation et de la gouvernance participative.

* Consultant en organisation industrielle et logistique.

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Tuberculose | Le vaccin ne garantit pas une immunité à 100 %

24. MĂ€rz 2025 um 10:55

Le vaccin contre la tuberculose offre une certaine protection, mais il ne garantit pas une immunité à 100 %, a déclaré Dr Zouhair Souissi, spécialiste en pneumologie et allergologie.

Intervenant sur le sujet dans l’émission ‘‘Ahla Sbah’’, sur MosaĂŻque FM, ce lundi 24 mars 2025, le praticien a expliquĂ© que la bactĂ©rie responsable de la tuberculose se transmet d’une personne Ă  l’autre par les gouttelettes en suspension dans l’air lors de la toux ou des Ă©ternuements. Il a aussi dĂ©taillĂ© les symptĂŽmes du mal, notamment la fatigue, la fiĂšvre, des sueurs nocturnes, des frissons, une perte de poids, ainsi que des douleurs thoraciques ou lors de la respiration ou de la toux.

Pour Dr Souissi, il est importance de consulter un mĂ©decin si la toux persiste pendant plusieurs semaines, rappelant que les mĂ©dicaments jouent un rĂŽle clĂ© dans l’élimination de la bactĂ©rie, en particulier au niveau des poumons.

Le vaccin BCG, utilisĂ© contre la tuberculose pulmonaire, est fabriquĂ© par l’Institut Pasteur de Tunis Ă  partir d’une souche affaiblie de la bactĂ©rie responsable de la maladie. Ce vaccin stimule le systĂšme immunitaire, protĂ©geant ainsi contre la tuberculose sans provoquer de contamination. Son efficacitĂ© varie entre 70 et 80% contre les formes graves de la tuberculose, comme la mĂ©ningite tuberculeuse chez les enfants. Toutefois, il est moins performant dans la lutte contre les formes pulmonaires plus frĂ©quentes chez les adultes.

Rappelons qu’en 2023, l’OMS a estimĂ© Ă  38/100000 le taux d’incidence de la tuberculose en Tunisie, contre prĂšs de 49/100000 Ă  la fin des annĂ©es 1970. Mais si la Tunisie se distingue par un taux d’incidence bien moins Ă©levĂ© que ses voisins d’Afrique du Nord selon les donnĂ©es de l’OMS (92/100000 pour le Maroc, 74/100000 pour la Mauritanie, 59/100000 pour la Libye et 47/100000 pour l’AlgĂ©rie), elle reste trĂšs Ă©loignĂ©e de la recommandation des Nations Unies pour 2025 (un taux d’incidence de 20/100000).  En 2023, quelque 3114 cas de tuberculose ont Ă©tĂ© recensĂ©s dans notre pays.

I. B.

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Sfax | Sauvetage de quatre marins naufragĂ©s au large de Kerkennah

24. MĂ€rz 2025 um 10:25

Quatre marins ont Ă©tĂ© secourus par la Garde maritime aprĂšs le naufrage de leur bateau, dimanche 23 mars 2025, au large de Louata dans l’archipel de Kerkennah (gouvernorat de Sfax).

La garde maritime a reçu, hier vers 13h30, un message de dĂ©tresse Ă©manant de l’un des marins et envoyĂ© quatre patrouilleurs pour localiser le lieu de naufrage. Les naufragĂ©s ont Ă©tĂ©, ensuite, emmenĂ©s au Port de pĂȘche de Louata.

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Tunisie | Des applications de transport au service du blanchiment d’argent   

24. MĂ€rz 2025 um 10:14

Les autoritĂ©s sĂ©curitaires et judiciaires tunisiennes ont mis au jour des soupçons de blanchiment d’argent et d’évasion fiscale impliquant plusieurs entreprises spĂ©cialisĂ©es dans les applications de transport de passagers via taxis individuels.

D’aprĂšs un communiquĂ© de la Garde nationale, il est apparu que ces sociĂ©tĂ©s opĂ©raient sans les autorisations lĂ©gales requises, recouraient Ă  de fausses dĂ©clarations, et utilisaient des comptes bancaires non dĂ©clarĂ©s pour transfĂ©rer d’importantes sommes d’argent Ă  l’étranger, en totale infraction avec la lĂ©gislation en vigueur.

Les investigations menĂ©es par l’unitĂ© nationale d’enquĂȘte sur les crimes financiers complexes relevant de la Garde nationale, sous la direction du service des renseignements et des recherches Ă  El Aouina et en coordination avec le parquet du PĂŽle judiciaire Ă©conomique et financier, ont permis la saisie de prĂšs de 12 millions de dinars sur les comptes bancaires de ces sociĂ©tĂ©s. Leurs activitĂ©s ont Ă©tĂ© suspendues, et  elles ont Ă©tĂ© radiĂ©es du registre national des entreprises et leurs siĂšges sociaux fermĂ©s.

Le communiquĂ© ne prĂ©cise pas si des arrestations ont Ă©tĂ© effectuĂ©es dans le cadre de cette enquĂȘte.

I. B.  

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Comment le trafic du pétrole maintient-il la division de la Libye?

24. MĂ€rz 2025 um 09:06

Depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye n’a pas pu renouer avec la stabilitĂ© et l’unitĂ© territoriale. Depuis quatorze ans, le vaste pays du Maghreb est en proie Ă  la division, aux conflits armĂ©s et au chaos. Un long feuilleton qui n’en finit pas. Pourquoi?, se demandent beaucoup d’observateurs. Il semble que c’est la volontĂ© des protagonistes de la scĂšne politique libyenne aussi bien en Tripolitaine qu’en CyrĂ©naĂŻque, la division rapporte beaucoup d’argent. Chacune des factions trouve son compte, se remplit les poches et se gave des revenus du trafic de pĂ©trole. Un pays unifiĂ© avec seul un État central qui capte les revenus de la manne pĂ©troliĂšre ne leur convient pas. L’unitĂ© de la Libye n’est donc pas pour demain. 

Imed Bahri

Une enquĂȘte bien fournie du Financial Times rĂ©vĂšle les dĂ©tails du commerce illicite de pĂ©trole qui maintient la Libye divisĂ©e. 

Le journal britannique affirme que la contrebande de carburant subventionnĂ© hors de Libye et sa vente Ă  l’étranger entretiennent les divisions au sein du pays, contribuent Ă  soutenir financiĂšrement les factions rivales et Ă  entraver les efforts de l’Onu pour organiser des Ă©lections, lutter contre la corruption et unifier le pays sous un gouvernement unique dans le quatriĂšme plus grand pays membre de l’Opep en termes de rĂ©serves de pĂ©trole.

Selon les experts de l’Onu, la contrebande via des navires douteux est rendue possible par un systĂšme de troc controversĂ© dans lequel la Libye, qui n’a pas la capacitĂ© de raffiner du carburant Ă  grande Ă©chelle, Ă©change sa production de pĂ©trole brut contre du carburant raffinĂ© plutĂŽt que de le payer en espĂšces. Par la suite, ce carburant raffinĂ© est vendu localement Ă  des prix fortement subventionnĂ©s.

La contrebande finance la corruption et
 la guerre

En mĂȘme temps, une partie de ce carburant importĂ© et subventionnĂ© est destinĂ© Ă  la contrebande vers l’étranger pour ĂȘtre vendue au prix du marchĂ© noir ou au prix du marchĂ© avec de faux document. Ce systĂšme gĂ©nĂšre un flux constant de revenus pour les groupes armĂ©s affiliĂ©s aux factions concurrentes qui contrĂŽlent le pays.

L’un est le gouvernement reconnu par l’Onu du Premier ministre Abdulhamid Dbeibah Ă  Tripoli et l’autre est une administration rivale Ă  l’ouest contrĂŽlĂ©e par le marĂ©chal Khalifa Haftar et l’ArmĂ©e nationale libyenne (LNA), la formation armĂ©e qu’il commande.

Ces fonds suspects ont contribuĂ© Ă  entraver les efforts de l’Onu visant Ă  organiser des Ă©lections, Ă  lutter contre la corruption et Ă  unifier le pays sous un gouvernement unique aprĂšs l’éviction du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011.

«Alors que des rĂ©gions entiĂšres du pays sont confrontĂ©es Ă  des pĂ©nuries rĂ©currentes de carburant, les dirigeants libyens semblent satisfaits du programme massif d’échange de carburant», dĂ©clare Charles Cutter, directeur des enquĂȘtes chez The Sentry, une organisation d’enquĂȘte qui traque la corruption.

Le procureur gĂ©nĂ©ral de Libye, Siddiq Al-Sour, a rĂ©cemment ordonnĂ© sa suspension Ă  la suite d’une enquĂȘte menĂ©e par le Bureau d’audit, l’organe de surveillance du pays. Toutefois, mettre un terme Ă  cette pratique ne signifie pas forcĂ©ment la fin de l’utilisation abusive des richesses pĂ©troliĂšres de la Libye. Un rapport du Conseil de sĂ©curitĂ© de l’Onu note l’émergence d’une nouvelle sociĂ©tĂ©, appelĂ©e Arkino, qui exporte du pĂ©trole brut, c’est la premiĂšre sociĂ©tĂ© privĂ©e libyenne Ă  le faire. La National Oil Corporation (NOC), la compagnie pĂ©troliĂšre publique du pays, est la seule entitĂ© autorisĂ©e Ă  exporter.

Le rapport du Conseil de sécurité indique que la société, qui a exporté pour 483 millions de dollars de pétrole brut, est sous le contrÎle indirect de Saddam Haftar, le fils de Khalifa Haftar.

Les rĂ©solutions du Conseil de sĂ©curitĂ© stipulent que seule la NOC est autorisĂ©e Ă  exporter du pĂ©trole, les recettes devant ĂȘtre dĂ©posĂ©es Ă  la Banque centrale de Libye.

Le dernier rapport de l’Onu a conclu que la contrebande de carburant depuis le vieux port de Benghazi fournissait aux forces de Haftar un accĂšs indirect aux fonds publics, tandis que les groupes armĂ©s Ă  Tripoli et Ă  Zawiya contrĂŽlent directement des secteurs Ă©conomiques clĂ©s et des institutions gouvernementales concernĂ©es pour faire passer en contrebande des quantitĂ©s importantes de diesel. 

La NOC au cƓur du trafic

Selon le Financial Times, cette pratique basĂ©e sur le troc a dĂ©butĂ© en 2021 aprĂšs que le gouvernement l’a choisie parmi trois options prĂ©sentĂ©es par la NOC pour attĂ©nuer les pĂ©nuries de devises Ă©trangĂšres selon Mustafa Sanalla alors prĂ©sident de la NOC.

Dans une lettre adressĂ©e au ministre du PĂ©trole et du Gaz datĂ©e du 13 avril 2021, Sanalla a proposĂ© des options pour les importations de carburant, affirmant que l’absence de mesures entraĂźnerait une crise du carburant d’ici le mois de mai.

Sanalla a Ă©tĂ© remplacĂ© en 2022 par Farhat Bengdara qui avait Ă©tĂ© gouverneur de la banque centrale sous Kadhafi et le programme s’est rapidement Ă©tendu. Les critiques affirment que le projet est vague et manque de surveillance.

Selon un rapport de l’Onu, environ 70% du diesel libyen est importĂ©, le tout via un systĂšme de troc. Les donnĂ©es de Kepler montrent qu’en 2023 et 2024, une part importante des importations libyennes provenait de Russie dont les produits pĂ©troliers Ă©taient exclus des marchĂ©s europĂ©ens en raison de la guerre en Ukraine.

Une fois importĂ©s, la NOC achĂšte ces carburants et les paie intĂ©gralement en pĂ©trole brut. Le carburant est ensuite revendu Ă  des prix fortement subventionnĂ©s aux distributeurs locaux et aux consommateurs industriels. Cette subvention signifie que les Libyens paient une somme dĂ©risoire pour l’essence, le diesel et l’électricitĂ© mais elle crĂ©e une incitation claire Ă  dĂ©tourner les produits pĂ©troliers vers le marchĂ© noir local et Ă©tranger oĂč ils peuvent ĂȘtre vendus Ă  leur pleine valeur marchande.

La Banque mondiale a déclaré dans un rapport publié en octobre 2024 que la Libye perdrait plus de 5 milliards de dollars par an en raison du commerce illicite. Le rapport indique que la contrebande de carburant en provenance du port de Benghazi aurait considérablement augmenté depuis la guerre en Ukraine.

L’augmentation des importations a accru le coĂ»t du soutien Ă  l’économie libyenne en difficultĂ©. Dans une lettre adressĂ©e au Premier ministre Dbeibah en mars 2024, le gouverneur de la Banque centrale de Libye de l’époque, Sadiq Al-Kabir, a dĂ©clarĂ© que le coĂ»t annuel des importations de carburant s’élevait Ă  8,5 milliards de dollars et dĂ©passe les besoins du pays, notant que les subventions avaient triplĂ© pour atteindre 12,5 milliards de dollars entre 2021 et 2023. Les subventions aux carburants ont reprĂ©sentĂ© 8,4 milliards de dollars de ce total annuel.

«Notre objection Ă©tait qu’un litre de carburant nous coĂ»te un dollar, alors qu’il est vendu trois centimes», explique Al-Kabir, licenciĂ© par Dbeibah en aoĂ»t et qui a fui le pays. Il a ajoutĂ©: «Cela coĂ»te Ă  l’État des sommes Ă©normes et une grande partie de ce carburant est exportĂ©e en contrebande Ă  l’étranger».

La Cour des comptes libyenne a ouvert une enquĂȘte sur ces opĂ©rations l’annĂ©e derniĂšre. Parmi ses conclusions les plus significatives contenues dans un rapport non publiĂ© obtenu par le Financial Times figure le fait que les importations de carburant du pays dans le cadre du systĂšme d’échange se sont Ă©levĂ©es Ă  8,5 milliards de dollars en 2023 dont plus de 8 milliards de dollars ont Ă©tĂ© exportĂ©s sous forme de pĂ©trole brut pour couvrir ces coĂ»ts.

Des Turcs dans la combine

La seule entreprise mentionnée dans le rapport de la Cour des comptes qui a répondu aux questions du Financial Times sur le systÚme de troc est la société turque de négoce de matiÚres premiÚres BGN dirigée par sa présidente Ruya Bayegan.

BGN est issue du groupe familial turc Bayegan, vieux de 80 ans, qui a commencĂ© Ă  commercialiser des produits pĂ©trochimiques dans les annĂ©es 1990 avant de s’étendre au pĂ©trole et Ă  d’autres matiĂšres premiĂšres. Bien que peu connu en dehors de la rĂ©gion Moyen-Orient et Afrique du Nord, BGN a connu une croissance rapide au cours de la derniĂšre dĂ©cennie avec des Ă©changes de matiĂšres premiĂšres d’une valeur de prĂšs de 30 milliards de dollars en 2023.

Selon le rapport du Bureau d’audit, trois filiales de BGN ont reçu un total de 2,7 milliards de dollars de pĂ©trole brut en 2023 dans le cadre du systĂšme de troc ce qui reprĂ©sente 30% du volume des Ă©changes et la deuxiĂšme part la plus importante aprĂšs Gulf Upstream.

BGN a annoncĂ© dans un communiquĂ© qu’elle opĂšre conformĂ©ment aux normes les plus Ă©levĂ©es de conformitĂ© avec toutes les rĂ©glementations rĂ©gissant le commerce du pĂ©trole en Libye grĂące Ă  une coopĂ©ration transparente et formelle avec la NOC, tous les acteurs du marchĂ© et les autoritĂ©s compĂ©tentes. 

Elle a Ă©galement soulignĂ© des violations regrettables dans le rapport du Bureau d’audit sur le processus de qualification et a dĂ©clarĂ© qu’elle Ă©tait pleinement qualifiĂ©e pour participer au systĂšme de troc car elle Ă©tait l’une des 12 entreprises sĂ©lectionnĂ©es en 2021 Ă  travers un processus d’appel d’offres transparent qui comprenait 20 entreprises locales et internationales qualifiĂ©es.

Selon le journal britannique, le systĂšme de troc serait sur le point de disparaĂźtre en raison des pressions nationales et internationales. Une lettre envoyĂ©e par le procureur gĂ©nĂ©ral libyen Ă  la mi-janvier, consultĂ©e par le Financial Times, ordonnait Ă  la NOC de cesser immĂ©diatement la pratique du troc de pĂ©trole brut contre du carburant et d’adopter des mĂ©canismes contractuels garantissant la transparence des accords d’approvisionnement en carburant.

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Être ou ne pas ĂȘtre chef de gouvernement en Tunisie

24. MĂ€rz 2025 um 08:02

Le prĂ©sident Kais SaĂŻed a nommĂ© Sarra Zaafrani Zenzeri comme 4e chef de gouvernement, depuis 2021, et 11e depuis 2011, date de la RĂ©volte du Jasmin en Tunisie. Une espĂ©rance de vie politique moyenne de seulement 15 mois pour chacun. Une rotation effrĂ©nĂ©e et qui ne rassure ni l’économie, ni la sociĂ©tĂ©. Est-ce un indicateur d’instabilitĂ© ? Est-ce un corrĂ©lĂąt d’une inefficacitĂ© chronique au niveau gouvernemental?

Moktar Lamari *

Plusieurs questions se posent et plusieurs enjeux s’imposent dans le contexte d’une crise Ă©conomique et monĂ©taire sans prĂ©cĂ©dent. Une crise Ă©conomique qui secoue le sens du travail, qui vampirise l’investissement et qui enfonce le pays dans la dette et la stagflation.

Être chef de gouvernement est un mĂ©tier qui ne s’improvise pas. C’est un mĂ©tier politique que ceux et celles qui n’ont pas assumĂ© une vie politique active et engagĂ©e ne peuvent pas exercer de façon efficace.

En Tunisie, on a tendance à négliger la complexité de la fonction et à sous-estimer les compétences liées.

Être ou ne pas ĂȘtre chef de gouvernement

Être chef de gouvernement, c’est un mĂ©tier complexe et jonchĂ© de difficultĂ©s et d’imprĂ©vus. Il faut convaincre par un leadership assumĂ© et efficace, pour pouvoir communiquer et mobiliser les parties prenantes (pouvoirs, ministĂšres, rĂ©gions, etc.). Et il faut comprendre les mĂ©canismes de l’État, et les rouages macroĂ©conomiques de l’économie nationale et de ses interdĂ©pendances avec les pays Ă©trangers et les organismes internationaux.

On doit avoir une compréhension des concepts économiques clefs et de leur impact sur le niveau de vie des citoyens et sur les processus de la création de la richesse.

Multiplier les changements du chef de gouvernement a Ă©tĂ© un sport national pour l’ùre post-2011. On prĂ©fĂšre limoger le chef de gouvernement que de remettre en question les politiques publiques qui de facto n’ont pas fonctionnĂ© efficacement, parce qu’elles ont Ă©tĂ© mal conçues ou mal-implantĂ©es, ou les deux Ă  la fois.

On enseigne Ă  nos Ă©tudiants en sciences politiques et en sciences Ă©conomiques qu’il faut dĂ©tenir une expĂ©rience politique et une expertise technique pour pouvoir fixer de maniĂšre rĂ©aliste les bonnes prioritĂ©s et pour faire tourner l’État, en crĂ©ant la richesse et pas l’inverse.

Il faut au moins 9 mois pour maĂźtriser tous les mĂ©canismes et les rouages de l’État, quand on occupe le poste de ministre, et un peu plus pour occuper efficacement celui de Premier ministre.

Durant l’ùre de Ben Ali ou de Bourguiba (50 ans), les 8 premiers ministres duraient dans leur poste plusieurs annĂ©es, peut-ĂȘtre un peu trop. Ils Ă©taient tous des hommes et de la rĂ©gion de Monastir et environs.

Vision programme et agendas

Dans les rĂ©gimes dĂ©mocratiques, on ne change pas de chef de gouvernement sur un coup de tĂȘte, sans Ă©valuation et sans consultation crĂ©dible (Ă©lections ou vote parlementaire). On ne prend pas le risque de brouiller en un rien de temps, les repĂšres du fonctionnement Ă©conomiques et les cibles visĂ©es par une Ă©quipe dirigĂ©e par un chef de gouvernement.

L’économie n’aime pas l’instabilitĂ© politique, hait les incertitudes et peut sanctionner toutes les mauvaises dĂ©cisions, par des fuites de capitaux, atrophie des investissements, ou mĂȘme contraction de l’emploi et de la croissance.

Dans les rĂ©gimes dĂ©mocratiques, on Ă©value les performances de chaque gouvernement, par des Ă©valuations de politiques (domaine de recherche en sciences sociales); on mesure le niveau de confiance populaire Ă  l’égard des gouvernements et des Ă©lites.

La confiance compte en politique publique et le citoyen a son mot Ă  dire, durant ces moments clefs. Elle constitue le principal carburant de la vie politique, et le principal propulseur de l’économie.

Le changement de chef de gouvernement constitue un moment clef pour changer de vision, instaurer un nouveau momentum et dessiner un nouvel agenda.

La nomination de la nouvelle chef de gouvernement, Ă  qui on souhaite tout le succĂšs dans ses nouvelles fonctions, doit ĂȘtre assortie de transparence et de vision, quant aux prioritĂ©s et Ă  l’agenda gouvernemental dans le court terme.

L’économie tunisienne est Ă  la peine, et les tensions sociopolitiques sont nombreuses et parfois explosives. Notre Ă©conomie est handicapĂ©e par une productivitĂ© qui recule sans cesse et une politique monĂ©taire qui vampirise l’investissement, la libre concurrence entre les opĂ©rateurs Ă©conomiques.

Sans un vrai programme économique mobilisateur et sans une révision structurelle de la politique monétaire, on ne peut rien faire de différent et de concluant.

La marge de manƓuvre gouvernementale est tributaire de la relance de la croissance, de la crĂ©ation d’emplois, du retour de l’investissement, et ultimement de la restauration de la confiance envers l’État dans son ensemble et ses institutions officielles ou informelles.

Les chiffres actuels indiquent que 2 Ă  3 citoyens sur 4 ne font pas du tout confiance aux principales institutions de l’État (administration, gouvernement, banque, parlement). Ces donnĂ©es viennent de la World Value Survey (2022).

La nouvelle cheffe de gouvernement doit restaurer la confiance du citoyen. Elle doit aussi nous afficher clairement sa vision, ses prioritĂ©s et les changements Ă  introduire pour faire autrement, et obtenir les rĂ©sultats que ses prĂ©dĂ©cesseurs n’ont pas pu rĂ©aliser.

On n’obtient pas des rĂ©sultats diffĂ©rents en faisant toujours les mĂȘmes erreurs.

* Economiste universitaire.

Blog de l’auteur : Economics for Tunisia, E4T.

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