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La décision de Kais Saïed de rompre les relations avec le FMI analysée par le modèle du Minimax

25. März 2025 um 10:00

L’auteur, économiste universitaire, se livre ici à un exercice original : transposer le raisonnement à la base du modèle de décision très connu du Minimax à la décision que Kais Saïed à prise de rompre les relations avec le FMI. Aucune formation économique ou autre n’est nécessaire pour comprendre cet article, juste un minimum d’esprit logique et de bon sens communs à tout un chacun. Pour le reste, l’article se laisse lire facilement et sa conclusion est on peut plus claire.  (Ph. Dernière rencontre entre Kaïs Saïed et Kristalina Georgieva, DG du FMI, en marge d’un sommet financier en juin 2023 à Paris). 

Dr. Sadok Zerelli

Parmi les disciplines qu’on enseigne aux maitrisards de l’Institut des hautes études commerciales (Ihec) et futurs gestionnaires d’entreprises et que j’ai eu personnellement plaisir à enseigner, parmi d’autres disciplines, figure la théorie de décision.

La problématique que traite cette théorie est que nous vivons tous dans un avenir incertain et que personne, à moins d’être un prophète, ne peut prévoir de quoi sera fait demain, mais que nous devons quand même prendre des décisions importantes qui engagent notre avenir que ce soit sur le plan professionnel ou personnel.

Cette théorie comporte plusieurs modèles stochastiques (basés sur la théorie des probabilités), plus ou moins compliqués, dont je vais prendre juste le raisonnement à la base de l’un des plus simples d’entre eux, le modèle du Minimax, pour analyser avec cet outil de décision le bienfondé ou non de la décision prise par notre président de rompre toute collaboration de la Tunisie avec le FMI.

Raisonnement à la base du modèle du Minimax

Pour expliquer de la façon la plus simple ce raisonnement au grand public, je vais prendre un exemple que nous avons tous vécu ou que les jeunes gens vivront un jour ou l’autre.

Supposons qu’on fasse connaissance d’une jeune femme (ou d’un jeune homme s’il s’agit du genre opposé) qui nous plaît beaucoup et qu’on hésite à épouser ou pas (le raisonnement ne s’applique pas au cas où on tombe fou amoureux et que l’on fonce tête baissée sans même réfléchir!). Dans ce cas, il y a quatre scénarios possibles (on parle d’hypothèses dans la théorie de la décision).

Scénario A : on décide d’épouser la personne et l’avenir montrera qu’on a eu raison de le faire et qu’on sera heureux avec elle. Dans ce cas la perte subie est nulle puisqu’on a pris la bonne décision 

Scénario B : on décide de ne pas l’épouser et l’avenir montrera qu’on a eu raison de ne pas le faire parce cette personne qui n’était pas celle qu’il nous fallait et qu’on aurait été malheureux avec elle. Dans ce cas la perte subie est nulle aussi puisqu’on a pris la bonne décision 

Scénario C : on a décidé de l’épouser mais l’avenir montrera que c’était une mauvaise décision qu’on n’aurait pas dû prendre. Dans la théorie de décision, on appelle cela le risque de première espèce. La perte MAXIMALE (au pire des cas) associée à ce risque est un divorce, des enfants déchirés entre leurs parents divorcés, une pension alimentaire à payer, peut-être même une dépression psychologique, etc.

Scénario D : on décide de ne pas l’épouser alors que l’avenir montrera que c’était une erreur parce c’était la personne qu’il nous fallait pour être heureux. On appelle cela le risque de deuxième espèce. Dans ce cas, la perte MAXIMALE qu’on subit est la valeur qu’on attache à la vie en famille, à avoir des enfants, etc.

Selon ce modèle, la meilleure décision à prendre est celle qui correspond au minimum du risque maximum associé à chaque décision, d’où le nom de modèle du Minimax.

En clair, dans cet exemple, si la valeur qu’on attache au coût financier et psychologique d’un divorce est plus élevée que la valeur qu’on attache à la vie en famille, avoir des enfants, etc., il faut prendre la décision de ne pas se marier avec cette personne et inversement.

Ce modèle, tel qu’il est enseigné à l’université aux futurs gestionnaires d’entreprises, s’applique surtout pour les décisions à prendre dans les domaines de l’investissement, d’achat d’actions et de placements financiers en bourse, etc., où il est plus facile de traduire en termes financiers les coûts attachés aux risques de première et deuxième espèce. Il se complique par l’introduction de probabilités de réalisation de chaque scénario estimé à priori (au nez) ou en ayant recours à des lois statistiques telles que la loi de Poisson (qui permet de calculer la probabilité d’un évènement rare tel qu’un accident, une faillite, un divorce, etc.) et en raisonnant en termes d’espérance mathématique de coût (modèle de Bayes), ou en introduisant un coefficient d’optimisme/pessimisme (modèle de Hurwicz).

Mais bien sûr je ne vais pas aller aussi loin dans cet article destiné au grand public et je vais juste appliquer le raisonnement qui est à la base de ce modèle à la décision qu’aurait dû prendre notre Président en rapport avec les relations avec le FMI.

Risque de première espèce de la décision de Kais Saïed 

Il s’agit du risque associé à la décision d’accepter les conditions posées par le FMI pour débloquer le prêt de 1,9 milliards de dollars (et donc de ne pas rompre avec lui) alors que l’avenir montrera que c’était une erreur et qu’il n’aurait pas dû accepter ces conditions et prendre cette décision.

Quelle est la perte Maximale (au pire des cas) associée à ce risque?

Elle est la résultante ou la somme des pertes associées à la mise en œuvre de chacune des conditions que le FMI avait posé pour débloquer son prêt, à savoir :

– la restructuration des entreprises publiques déficitaires; 

– la réduction du poids de la masse des salaires des fonctionnaires dans le budget de l’Etat; 

– la suppression de la compensation des prix des produits énergétiques et de consommation de base.  

Dans mon avant dernier article intitulé «Le Président Kais Saïd avait-il raison de rompre avec le FMI ?», j’avais analysé d’une façon approfondie l’impact et les modalités possibles de mise en œuvre de chacune de ces réformes structurelles que le FMI avait exigé. Je ne vais pas reprendre cette analyse dans le présent article pour ne pas me répéter mais en faire juste une synthèse en faveur ou contre la décision prise par notre Président.

Risque de première espèce associé à la condition de restructuration des entreprises publiques 

Il s’agit d’une centaine (110 exactement) d’entreprises publiques structurellement et historiquement largement déficitaires dont les déficits d’exploitation pèsent de plus en plus lourd sur le budget de l’Etat l’obligeant à chercher des sources de financement internes ou externes pour les financer.

Parmi les impacts négatifs de cette politique, je citerais :

– l’aggravation du déficit budgétaire : ces subventions et aides pèsent sur les finances publiques, réduisant les marges de manœuvre pour d’autres investissements;

– le financement des entreprises publiques déficitaires se fait souvent par l’endettement, soit directement par l’État, soit par des garanties accordées aux entreprises pour contracter des prêts, ce qui la contribue à l’augmentation du déficit budgétaire et à l’endettement global du pays;

– la réduction des ressources pour les secteurs productifs : les fonds alloués au sauvetage des entreprises publiques sont souvent détournés des secteurs productifs ou essentiels comme la santé, l’éducation ou les infrastructures, ce qui limite la capacité de l’État à financer des projets de développement et améliorer le bien-être de la population et la croissance économique;

– l’effet sur l’investissement privé et la compétitivité : les entreprises publiques déficitaires fonctionnent souvent avec des coûts élevés, un faible rendement et une gestion inefficace, ce qui nuit à la compétitivité de l’économie et peut décourager les investissements privés, qui craignent une concurrence déloyale ou un environnement économique instable;

– la pression fiscale accrue : pour compenser les pertes des entreprises publiques et maintenir un niveau minimal de services, l’État est contraint d’augmenter les impôts ou d’introduire de nouvelles taxes, ce qui impacte le pouvoir d’achat des citoyens et la compétitivité des entreprises;  

– une plus grande injustice sociale : contrairement à ce que pense notre Président, une telle politique augmente l’injustice sociale. Je citerais comme exemple le cas de la SNCFT où toutes les recettes du trafic de voyageurs et de marchandises ne couvrent que 87% des charges salariales, ne laissant rien pour la consommation d’énergie, l’entretien du réseau, le renouvellement du matériel roulant… Au nom de quel principe de justice sociale le citoyen qui habite a Sidi Bouzid ou Kairouan qui n’a pas la possibilité de prendre un train puisque ces villes ne sont pas connectées au réseau ferroviaire, doit-il contribuer, à travers les taxes qu’il paie à l’Etat, à subventionner à hauteur de 13% les salaires perçus par les cheminots? Je pourrais multiplier les exemples pour Tunisair, la Steg, la Sonede, etc.;

– enfin, au nom de quel principe l’Etat peut-t-il justifier le maintien d’une telle politique, d’autant plus que, comme je l’ai expliqué dans mon article, il existe bel et bien plusieurs techniques de montages juridiques et financiers qui permettent de restructurer une entreprise publique et la rendre excédentaire sans avoir à la privatiser (contrat programme, PPP, BOT, concession…)?

A moins que ce soit la politique de la fuite en avant ou de celle du proverbe qui dit «le dernier qui reste paiera le loyer», je ne trouve aucun argument en termes de justice sociale ou d’allocation optimale des ressources qui justifie le rejet par notre Président de cette réforme structurelle demandée par le FMI qui est absolument nécessaire à court ou moyen terme pour équilibrer les finances publiques. En conséquence, la perte associée à cette condition posée par le FMI est à mon avis non seulement nulle, mais on pourrait parler même d’une opportunité ratée pour résoudre ce problème de ces entreprises publiques structurellement déficitaires à ses racines.

Risque de première espèce associé à la condition de réduction du poids de la masse salariale dans le budget de l’Etat 

Avec 56 fonctionnaires par 1000 habitants (contre 17 au Maroc et 14 en Jordanie, des pays à taille et économie comparables), l’administration tunisienne est l’une des plus pléthoriques au monde. Il en résulte un poids de la masse salariale des fonctionnaires sur le budget de l’État excessif : en 2025, les dépenses salariales sont estimées à 24,389 milliards de dinars, marquant une augmentation de 8,1% par rapport à 2024. Cette somme représente 40,7% des dépenses totales du budget et 13,3% du produit intérieur brut (PIB). 

Cette proportion élevée des dépenses salariales limite la capacité de l’État à investir dans d’autres secteurs essentiels tels que l’infrastructure, la santé et l’éducation. Son financement par le biais d’emprunts obligataires et de Bons du Trésor à court, moyen ou long termes souscrits par les banques commerciales, coûte très cher à l’État en termes d’intérêts à payer et détourne les banques commerciales de leur vocation de financer les entreprises et l’activité économique pour favoriser la croissance. De même que son financement par la BCT, à travers le recours excessif au mécanisme de la planche à billets renforce l’inflation, réduit la compétitivité des entreprises et aggrave le déficit de la balance commerciale et déprécie la valeur du dinar, engendrant une plus grande baisse de la compétitivité, un plus grand déficit commercial, etc.

Le maintien d’une telle armée de fonctionnaires (640 000), ou pire son renforcement par 5000 autres parmi les diplômés de l’enseignement supérieur en chômage de longue durée comme vient de le décider le chef de tout l’Etat, ne peut qu’aggraver la situation et obliger l’Etat à continuer à s’endetter davantage, s’il trouve qui veut bien lui prêter, sinon augmenter davantage la pression fiscale qui est déjà parmi les plus élevées au monde.

En termes de perte liée au risque de première espèce à subir, on peut ainsi conclure qu’elle est nulle aussi et qu’au contraire, l’Etat a perdu une occasion d’assainir les finances publiques une fois pour toutes.

Risque de première espèce associé à la suppression de la compensation 

Le système de compensation des prix en Tunisie, destiné à stabiliser les coûts des produits de base et énergétiques, représente une charge financière notable pour le budget de l’État. En 2024, les dépenses de compensation sont estimées à 11 337 millions de dinars (MD), en légère baisse par rapport aux 11 475 MD de 2023. De plus, l’augmentation des prix du pétrole et la dépréciation du dinar ont entraîné des dépassements budgétaires, notamment en 2017, où une dérive de 900 millions de dinars a été enregistrée pour la compensation énergétique.

Ces fluctuations rendent le système de compensation vulnérable aux variations des marchés internationaux et aux facteurs économiques internes. En particulier, la compensation des prix de l’énergie exerce une pression notable sur le budget de l’État : en 2024, une enveloppe de 7,086 milliards de dinars a été allouée à la compensation des hydrocarbures et de l’électricité, contre 7,030 milliards en 2023. Cette situation limite la capacité de l’État à investir dans d’autres secteurs essentiels tels que l’éducation, la santé et les infrastructures.

De plus, la volatilité des prix internationaux du pétrole des cours des produits alimentaires (blé, orge, sucre, riz etc.) et les fluctuations du taux de change du dinar rendent difficile la prévision et la gestion efficace de ces dépenses. 

Face à ces défis, le gouvernement tunisien doit tôt ou tard procéder à des réformes pour rationaliser le système de subventions des prix des produits de consommation de base et énergétiques, avec pour objectif de réduire le fardeau financier sur le budget de l’État tout en protégeant les populations vulnérables contre les hausses des prix de l’énergie. Une des solutions que j’avais proposé dans mon avant-dernier article est de créer une caisse autonome de compensation financée par des taxes «pigurrienes» telles qu’un impôt sur le capital oisif ou un impôt sur le patrimoine, afin de décharger le budget de l’Etat du poids de la compensation et sans en priver  les catégories sociales les plus vulnérables.

Si on tient compte du fait que le FMI n’a jamais exigé la suppression immédiate et d’un seul coup de la compensation mais l’élaboration d’une stratégie et d’un programme étalés sur plusieurs années pour arriver à cet objectif, on peut considérer que la perte maximale associé au risque de première espèce de cette réforme est faible.

Risque de première espèce associé à la perte de la souveraineté nationale 

C’est le principal argument avancé par notre Président pour justifier non seulement le rejet des conditions de FMI mais même la rupture de toute collaboration avec lui.A ce sujet, il faut bien qu’on ouvre les yeux et qu’on ne prenne pas nos rêves pour de la réalité. En effet, de quelle souveraineté nationale parle notre Président lorsqu’on doit importer 87% du blé dur et 73% de l’orge que nous consommons chaque année, que l’on doit taper à la porte du FMI ou d’autres bailleurs de fonds pour obtenir des prêts en devises pour rembourser notre dette et payer nos importations, ou que l’on doit demander l’aumône au Roi de l’Arabe Saoudite pour qu’il veuille bien nous accorder 87 millions de dollars pour financier la construction d’un hôpital à Kairouan ou à l’Émir du Koweït pour qu’il nous accorde 100 millions de dollars pour construire quatre autres hôpitaux, des sommes qui constituent des miettes pour ces Rois et Émirs?

La véritable souveraineté nationale ne viendra que le jour où nous serons capables de produire nous-mêmes ce que nous consommons, ou exporter nos produits pour pouvoir en importer d’autres. Tout le reste, ce sont des discours naïfs, utopiques et populistes entièrement déconnectés de la réalité qu’on peut à la limite tenir dans la buvette des facultés, mais pas quand on détient le sort de 12 millions de Tunisiens entre les mains.

Pour résumer, la perte maximale associée au risque de première espèce lié à la décision de Kais Saïed, je prendrais l’exemple d’un cancer, que Dieu nous en préserve tous. Pour moi, tant les déficits chroniques des entreprises publiques, que le poids de la masse salariale des fonctionnaires sur le budget de l’Etat et le fardeau de la compensation, sont comme des cancers qui rongent les finances publiques: soit on choisit de les ignorer avec le risque que l’économie nationale s’effondre au bout de quelques années, soit de les soigner par des chimio ou radiothérapies avec tous les désagréments qui en résultent : vomissements, diarrhées, perte de cheveux,.., avec l’espoir de guérison au bout. C’est aussi simple et dramatique que cela.

Risque de deuxième espèce associé à la décision de Kais Saïed 

C’est celui que représente la décision de refuser les conditions posées par le FMI pour le déblocage du prêt de 1,9 milliards de dollars et même d’annoncer la rupture de toute collaboration avec lui, alors que l’avenir montrera que notre Président avait tort de prendre cette décision

Comme pour le risque de première espèce, la perte maximale (au pire des cas) est la somme de plusieurs pertes probables :

– perte des 1,9 milliards de dollars qui auraient été les bienvenus dans une conjoncture aussi difficile que celle que traverse notre économie; c’est même une perte certaine et non probable puisqu’on ne verra plus la couleur de ces dollars;

– nos entreprises publiques continueront à être de plus en plus déficitaires et incapables de réaliser les investissements nécessaires pour améliorer la qualité des services publics qu’ils fournissent aux usagers;

– la masse salariale des fonctionnaires continuera à creuser le déficit du budget de l’Etat, avec des difficultés de financement et un détournement plus grand des ressources des banques locales pour le financement du déficit de l’État plutôt que des entreprises et des investisseurs privés;

– le budget de la compensation pèsera de plus en plus lourd sur le budget de l’Etat en raison de la fluctuation des cours internationaux des produits alimentaires et énergétiques et du glissement lent mais continu du taux de change du dinar;

– ces trois facteurs combinés alourdiront d’une année à l’autre les déficits budgétaires de l’État, augmenteront son endettement interne et externe et détrôneront ses rares ressources de l’investissement en infrastructures, santé, éducation, etc., pour améliorer la qualité des services publics, y compris pour les catégories sociales vulnérables pour la protection desquelles le Président a cru bon de refuser les conditions du FMI et même rompre avec lui;

– ils accroissent aussi le risque d’une pression fiscale encore plus grande, faute de trouver d’autres sources de financement internes et externes;

– sans l’aval de FMI, les autres bailleurs de fonds n’accepteront pas de nous accorder des prêts en devises pour honorer les échéances de notre dette extérieure et importer nos produits alimentaires, médicaments, pétrole, etc. A ce sujet, il faut bien noter que nos banques commerciales ne peuvent souscrire qu’à des emprunts libellés en dinars, et que la banque centrale ne peut créer grâce à la planche à billets que des dinars aussi, et que ni les unes ni l’autre ne peuvent créer des dollars ou des euros qui ne peuvent provenir que de l’exportation de biens et de services, tels que le tourisme, ou des transferts effectués par nos TRE au profit de leurs familles restées en Tunisie;

– tant que les investissements publics et privés restent faibles et que les taux de croissance économique continuent à osciller entre 1% et 2% (1,4% en 2024), soient des taux nettement plus fiables que les taux d’intérêt auxquels nous avons emprunté souvent à long terme, le défaut de paiement de la dette publique est mathématiquement inéluctable et le passage devant le Club de Paris n’est qu’une question de temps.

Dans ce cas, on risque de perdre pour de bon et dans des conditions humiliantes notre souveraineté nationale que Saïed pense avoir sauvé en rejetant les conditions du FMI et en rompant avec lui.

Déjà sans en arriver là, ce que personnellement et en tant que Tunisien je ne souhaite pas, trouver dans le communiqué du FMI en date du 14 mars 2025 le nom de la Tunisie parmi les rares pays dans le monde dont les consultations en vertu de l’article IV avec FMI sont retardées, tels que la Syrie, le Yémen, le Soudan et l’Afghanistan, des pays dont le seul nom évoque la famine ou la guerre civile quand ce n’est pas les deux à la fois, est une bien triste nouvelle et ne présage rien  de bon pour l’avenir de notre pays.

En résumé de cet exercice de transposition du raisonnement qui est la base du modèle du Minimax à la décision que devait prendre Kais Saïed en relation avec le FMI, il apparaît clairement pour le commun des mortels doté du minimum de bon sens  que le minimum du risque maximum, en termes d’assainissement des finances publiques y compris en termes de préservation de la paix sociale et de la souveraineté nationale, se  trouve bel et bien dans la décision d’accepter les réformes structurelles demandées par le FMI quitte à bien négocier les conditions de le leur mise en œuvre et le planning de leur exécution.

Pour conclure cet article, j’hésite entre deux conclusions possibles:

– soit rappeler qu’en économie, comme dans tous les domaines de la vie «celui qui n’avance pas recule» et que des petits pays qui n’ont pas davantage de ressource naturelles ou humaines, tels que la Côte d’Ivoire ou le Rwanda ou l’Ethiopie ou même la petite Gambie (1,5 millions d’habitants) arrivent à faire 5 ou même 7% de croissance économique annuelle et sont donc en train de nous rattraper et même de nous dépasser grâce à leur seule bonne gouvernance économique; 

– soit parler à notre Président dans le langage qu’il semble comprendre le mieux, celui du bonheur ! Etant donné qu’il n’avait pas hésité à proposer le plus sérieusement du monde de remplacer le calcul du PIB (Produit Intérieur Brut) par un autre PIB (Produit Intérieur du Bonheur), a-t-il pris le temps de lire, entre deux poèmes de Bayram Ettounsi, que, selon The World Happiness Report basé sur des données récoltées par un sondage mondial Gallup dans plus de 140 pays au cours des trois années précédentes, soit de 2022 à 2024, la Tunisie se classe 113e, loin derrière l’Algérie (84e) et même la Libye (79e)?

Post scriptum : les lecteurs et lectrices, que je suis le premier à regretter que mes analyses économiques pessimistes dépriment, peuvent toujours aller sur mon blog «Poèmes de la vie» pour rêver avec moi d’un monde meilleur. Avec sa politique, Kais Saïed peut nous enlever beaucoup de choses, mais ne pourra jamais nous enlever la capacité de rêver !

* Economiste, consultant international.

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