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Non, ce n’est pas de l’IA : Pikachu, Batman, Catwoman et mĂȘme Joker tous en manifestation anti-Erdogan !

27. MĂ€rz 2025 um 22:02
Non, ce n’est pas de l’IA : Pikachu, Batman, Catwoman et mĂȘme Joker tous en manifestation anti-Erdogan !

Des images surrĂ©alistes ont Ă©mergĂ© des manifestations anti-Erdogan qui ont secouĂ© la Turquie rĂ©cemment, oĂč des personnages emblĂ©matiques de la culture populaire se sont retrouvĂ©s parmi les protestataires. En effet, Pikachu, Batman, Catwoman et mĂȘme le Joker ont Ă©tĂ© aperçus en pleine action, comme si la scĂšne venait tout droit d’un film de multivers. Ces [
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Turquie | Erdogan vs Imamoglu ou le pouvoir et ses mirages

26. MĂ€rz 2025 um 07:30

Erdogan a peut-ĂȘtre gagnĂ© une manche en incarcĂ©rant Imamoglu, son potentiel vainqueur lors des prochaines prĂ©sidentielles en 2028. Mais ce ne sont pas les rĂ©pressions qui Ă©touffent les rĂ©volutions. C’est la perte de contrĂŽle du rĂ©cit. Et c’est lĂ  que tout se joue. 

Manel Albouchi *

J’étais en sĂ©ance avec un cadre dirigeant. Il se plaignait : Â«Madame, je suis directeur, mais ils ne m’écoutent pas. J’ai l’impression qu’ils obĂ©issent Ă  un autre leader que je ne connais pas !» J’ai souri : « Ah
 C’est la premiĂšre fois que vous entendez parler de l’État profond dans votre propre entreprise?» 

Il y a toujours un pouvoir derriĂšre le pouvoir. Une ombre derriĂšre l’autoritĂ© officielle. Ce qui se passe en Turquie aujourd’hui, ce n’est pas simplement une question de politique ou d’élections. C’est une question de mĂ©canique du pouvoir, de ces forces invisibles qui, comme dans un bureau oĂč les employĂ©s n’écoutent plus leur directeur, dĂ©cident en silence de qui rĂšgne vraiment. 

Le piĂšge du pouvoir visible  

Recep Tayyip Erdogan le sait mieux que personne. Il a lui-mĂȘme Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© lorsqu’il Ă©tait maire d’Istanbul, pour avoir rĂ©citĂ© un poĂšme jugĂ© subversif. Ironie du sort, c’est prĂ©cisĂ©ment cette arrestation qui a renforcĂ© son aura et lancĂ© sa carriĂšre politique nationale. Alors pourquoi reproduire ce schĂ©ma aujourd’hui avec Ekrem Imamoglu, l’actuel maire  d’Istanbul? 

Soit Erdogan se trompe. Soit il sait exactement ce qu’il fait. Et lĂ , la lecture change. 

Une arrestation spectaculaire ? C’est la meilleure façon de transformer un adversaire en martyr. Et qui dit martyr dit hĂ©ros. Erdogan, qui a construit sa carriĂšre en jouant sur l’image du leader persĂ©cutĂ©, sait que la politique ne se limite pas Ă  la rĂ©pression brute. Il joue avec le feu, avec cette frontiĂšre tĂ©nue entre Ă©craser un rival et lui donner une dimension mythique. 

Alors, quel est son calcul? Cherche-t-il Ă  tester la rĂ©sistance du systĂšme que lui-mĂȘme domine, Ă  forcer une rĂ©action de la population pour mieux la rĂ©primer ensuite ? Ou, au contraire, Ă  imposer l’idĂ©e que le jeu dĂ©mocratique est faussĂ© d’avance, pour pousser Ă  la rĂ©signation et tuer dans l’Ɠuf toute tentative de changement ? 

Le pouvoir qui ne dit pas son nom 

Michel Foucault nous apprend que le pouvoir n’est jamais une simple question de domination frontale. Il est diffus, insidieux, incorporĂ© dans les structures, dans les discours, dans les normes. L’État profond, ce n’est pas une organisation secrĂšte qui tire les ficelles dans l’ombre. C’est plus subtil. 

C’est un mode de fonctionnement, un tissu d’habitudes et d’alliances invisibles qui fait qu’un prĂ©sident peut ĂȘtre Ă©lu, mais ne jamais avoir rĂ©ellement le contrĂŽle. Que des institutions peuvent exister, mais ne jamais ĂȘtre fonctionnelles. Que le peuple peut voter, mais que le rĂ©sultat soit dĂ©jĂ  verrouillĂ© ailleurs. 

Si Imamoglu inquiĂšte le rĂ©gime, ce n’est pas seulement parce qu’il pourrait gagner des Ă©lections. C’est parce qu’il menace un Ă©quilibre invisible, celui qui garantit que, quoi qu’il arrive en surface, rien ne change en profondeur. 

OĂč se joue la vraie bataille ? 

Il y a une leçon Ă  retenir, pas seulement pour la Turquie, mais pour toutes les sociĂ©tĂ©s contemporaines : le pouvoir rĂ©el ne se voit pas. 

Dans une entreprise, ce n’est pas toujours le PDG qui dĂ©cide, mais peut-ĂȘtre son conseiller de l’ombre, ou le rĂ©seau informel des cadres intermĂ©diaires qui filtrent l’information. 

Dans un pays, ce n’est pas toujours le prĂ©sident qui contrĂŽle tout, mais les forces Ă©conomiques, les services de renseignement, la bureaucratie enracinĂ©e qui survit Ă  tous les rĂ©gimes. 

Et si Erdogan arrĂȘtait Ä°mamoglu prĂ©cisĂ©ment pour montrer qu’il en avait encore le pouvoir? Comme un directeur qui crie plus fort parce qu’il sent que son autoritĂ© lui Ă©chappe. 

Mais alors, si tout est si verrouillĂ©, oĂč se situent les failles? LĂ  oĂč le pouvoir croit avoir gagnĂ©, dans l’excĂšs de contrĂŽle. À trop montrer sa force, il trahit sa peur. Un pouvoir sĂ»r de lui n’a pas besoin d’écraser. 

Erdogan a peut-ĂȘtre gagnĂ© une manche. Mais si Foucault a raison, ce ne sont pas les rĂ©pressions qui Ă©touffent les rĂ©volutions. C’est la perte de contrĂŽle du rĂ©cit. Et c’est lĂ  que tout se joue. 

Le pouvoir est un jeu d’illusions. Tant que tout le monde croit que l’histoire est Ă©crite d’avance, rien ne change. Mais quand la rĂ©alitĂ© commence Ă  diverger du rĂ©cit officiel
 alors, tout devient possible. 

* Psychologue, psychanalyste.   

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Rafaa Tabib : « Erdogan est tombĂ© dans le piĂšge tendu par l’administration Biden Â»

24. MĂ€rz 2025 um 13:25

Rafaa Tabib, expert en gĂ©opolitique, a abordĂ© plusieurs sujets liĂ©s aux dynamiques rĂ©gionales et internationales, notamment le rĂŽle de Recep Tayyip Erdogan dans les crises en MĂ©diterranĂ©e et en Afrique du Nord, lors de son intervention sur les ondes d’Express fm.

Rafaa Tabib considĂšre qu’Erdogan est tombĂ© dans le piĂšge tendu par l’administration Biden. Il qualifie cette approche de pragmatique mais non stratĂ©gique. Ce qui a conduit au recul de l’influence turque et Ă  un prix Ă  payer pour Erdogan.

Il prĂ©cise dans ce contexte : « La Turquie, et en particulier Erdogan, paient-ils aujourd’hui le prix de leurs choix en Syrie? Ces choix incluaient un alignement avec les factions armĂ©es comme Hayat Tahrir al-Sham (HTS) dirigĂ©e par Al-Joulani, en Ă©change d’une expansion de l’influence turque sur le territoire syrien. Les stratĂ©gies suivies par Erdogan Ă©taient peut-ĂȘtre intelligentes Ă  court terme, mais manquaient d’une vision prospective. Â»

De plus, il a rappelĂ© que la rĂ©gion est marquĂ©e par plusieurs conflits majeurs : la guerre en Ukraine, le conflit entre l’AzerbaĂŻdjan et l’ArmĂ©nie (oĂč l’ArmĂ©nie occupe une place importante pour la Russie en raison de considĂ©rations religieuses communes), ainsi que les dĂ©veloppements rĂ©cents en Syrie.

Par ailleurs, un accord stratĂ©gique approfondi entre l’Iran et la Russie a Ă©tĂ© signĂ© rĂ©cemment, consolidant leur coopĂ©ration sĂ©curitaire et militaire. Cela a donnĂ© naissance Ă  un axe Moscou-TĂ©hĂ©ran qui s’éloigne de l’ancien partenariat entre Moscou et Ankara.

En Ukraine, il est probable que le conflit se solde par un accord reconnaissant la victoire russe. Quant aux États-Unis, ils pourraient rĂ©duire leur dĂ©pendance Ă  l’égard de la Turquie aprĂšs avoir investi massivement dans cette guerre sous l’administration Biden. En ArmĂ©nie, un coup d’État rĂ©cent a vu certains politiciens influents se rapprocher de la Russie pour reconstruire une alliance brisĂ©e.

Sur le plan intĂ©rieur turc, il estime qu’Erdogan fait face Ă  une opposition forte mais bĂ©nĂ©ficie Ă©galement du soutien des « tigres anatoliens Â», une classe influente d’entrepreneurs et commerçants. Cependant, son parti AKP semble avoir perdu sa cohĂ©sion historique aprĂšs le dĂ©part de figures clĂ©s comme Babacan. La Turquie pourrait entrer dans une phase de repli sur elle-mĂȘme pour rĂ©soudre ses problĂšmes Ă©conomiques internes.

Erdogan a Ă©galement tentĂ© rĂ©cemment d’amĂ©liorer ses relations avec les Kurdes, notamment via des appels historiques Ă  mettre fin au conflit armĂ© avec Abdullah Öcalan et le PKK. Cela pourrait ĂȘtre une tentative de renforcer ses positions politiques.

Enfin, les dynamiques rĂ©gionales restent complexes avec des tensions persistantes en Syrie et des dĂ©saccords croissants entre la Turquie et ses anciens alliĂ©s comme la Russie et l’Iran.

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Istanbul en Ă©bullition : manifestations massives aprĂšs l’incarcĂ©ration d’Ekrem Ä°mamoğlu

23. MĂ€rz 2025 um 23:12
Istanbul en Ă©bullition : manifestations massives aprĂšs l’incarcĂ©ration d’Ekrem Ä°mamoğlu

L’arrestation d’Ekrem Ä°mamoğlu, maire d’Istanbul et principal opposant au prĂ©sident Recep Tayyip Erdoğan, a dĂ©clenchĂ© une vague de manifestations massives Ă  travers la ville. Dimanche soir, des milliers de personnes ont envahi les rues pour protester contre cette dĂ©cision judiciaire controversĂ©e, perçue par beaucoup comme une manƓuvre politique visant Ă  affaiblir l’opposition. TransfĂ©rĂ© Ă  la [
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Turquie| Le coup d’Etat d’Erdogan contre l’opposition

20. MĂ€rz 2025 um 13:13

C’est Ă  croire que la dictature dĂ©complexĂ©e est en train de triompher partout dans le monde et que les dictateurs reprennent partout du poil de la bĂȘte, et ce n’est pas le prĂ©sident turc Recep Tayyip Erdogan qui va rater ce train lĂ .

En arrĂȘtant hier, mercredi 19 mars 2025, Ekrem Imamoglu, maire d’Istanbul et principal opposant, pour des accusations «corruption» et de «soutien Ă  une organisation terroriste» auxquelles lui-mĂȘme aurait du mal Ă  croire, l’homme fort de Turquie, au pouvoir depuis 22 ans et qui, Ă  71 ans, n’est pas prĂȘt Ă  lĂącher le morceau, prouve ce qu’il a toujours Ă©tĂ© : un despote oriental qui impute souvent Ă  ses adversaires ses propres tares, car en matiĂšre de corruption et mĂȘme de terrorisme, l’Ottoman n’a rien Ă  envier Ă  personne.  

Pour couper dĂ©finitivement l’herbe sous les pieds de son principal concurrent pour mes prochaines prĂ©sidentielles prĂ©vues en 2028, Erdogan a fait Ă©mettre plus d’une centaine de mandats d’arrĂȘt contre les collaborateurs d’Imamoglu, des Ă©lus et des membres de son parti, qui dĂ©noncent, Ă  juste titre, un «coup d’État» contre l’opposition.

Le domicile d’Imamoglu, leader du Parti rĂ©publicain du peuple (CHP), a Ă©galement Ă©tĂ© perquisitionnĂ©, l’agence officielle Anadolu faisant Ă©tat d’un soutien prĂ©sumĂ© au PKK, le groupe kurde considĂ©rĂ© comme terroriste par la Turquie et l’Union europĂ©enne.

Le maire d’Istanbul avait, Ă©galement, appris que son diplĂŽme de 1995, obtenu Ă  l’UniversitĂ© de Chypre du Nord, venait d’ĂȘtre annulĂ© par l’UniversitĂ© d’Istanbul, ce qui pourrait l’empĂȘcher de se prĂ©senter Ă  la prĂ©sidence, la loi turque exigeant un diplĂŽme d’études supĂ©rieures pour ĂȘtre Ă©lu.

Imamoglu a dĂ©noncĂ©, Ă  plusieurs reprises, un harcĂšlement judiciaire visant Ă  le disqualifier. «Nous subissons un harcĂšlement judiciaire au plus haut niveau», a-t-il dĂ©clarĂ©, depuis janvier. Ce qui s’est passĂ© hier se veut un coup de grĂące assĂ©nĂ© Ă  un adversaire politique qui ne se laissait pas intimider.  

La communautĂ© internationale a rĂ©agi vivement. Le ministĂšre allemand des Affaires Ă©trangĂšres a qualifiĂ© l’arrestation d’Imamoglu de «grave revers pour la dĂ©mocratie» en Turquie. De nombreux maires europĂ©ens, dont ceux d’Amsterdam, Paris, Milan, Barcelone et Bruxelles, ont dĂ©noncĂ© son incarcĂ©ration arbitraire.

MalgrĂ© l’interdiction des rassemblements, des manifestations ont eu lieu Ă  Istanbul. Des milliers de personnes se sont rassemblĂ©es pour soutenir Imamoglu, scandant «Imamoglu, tu n’es pas seul». Le prĂ©sident du CHP, ÖzgĂŒr Özel, a dĂ©noncĂ© un «coup d’État contre l’opposition», tandis que la famille d’Imamoglu a exprimĂ© sa conviction que justice serait rendue. Son fils, Mehmet, a critiquĂ© les mĂ©thodes utilisĂ©es par les autoritĂ©s : «ArrĂȘter un homme que vous savez susceptible de diriger le pays Ă  l’avenir est un signe de crainte.»

Cette vague d’arrestations a aussi eu des rĂ©percussions Ă©conomiques : la livre turque a chutĂ© Ă  un niveau historiquement bas et les indices boursiers d’Istanbul ont plongĂ©.

I.B. (avec agences).

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Syrie | Ahmed Al-Charaa pourra-t-il tenir longtemps?

15. MĂ€rz 2025 um 08:08

Le nouveau prĂ©sident syrien catapultĂ© Ă  la tĂȘte du principal pays du Levant Ă  la suite de la chute vertigineuse de Bachar Al-Assad il y a seulement trois mois se trouve aujourd’hui face une Ă©quation pour le moins compliquĂ©e Ă  rĂ©soudre. 

Imed Bahri

Ahmed Al-Charaa, ancien djihadiste lui-mĂȘme, doit Ă  la fois imposer son pouvoir Ă  des factions islamistes qui sont lĂ©gion, peu disciplinĂ©es et dont certaines sont trĂšs violentes, les derniers Ă©vĂ©nements meurtriers dans la zone cĂŽtiĂšre Ă  forte densitĂ© alaouite en attestent. S’il ne parvient pas Ă  le faire, c’est le spectre de la dĂ©sintĂ©gration de la Syrie qui pointe. Et en mĂȘme temps, les troupes du nouveau pouvoir sont souvent confrontĂ©es Ă  des embuscades tendues par des groupes armĂ©s liĂ©s Ă  l’ancien pouvoir qui veulent que le pays sombre dans le chaos Ă  la fois pour se venger et pour montrer que le nouveau prĂ©sident est incapable de tenir le pays. Et comme si tout cela ne suffisait pas, le pays est dĂ©truit par quinze ans de guerre civile et se trouve Ă©tranglĂ© Ă©conomiquement. Ahmed Al-Charaa peut-il rĂ©ussir cette mission quasi-impossible? 

Le magazine britannique The Economist indique dans un rĂ©cent Ă©ditorial que le temps presse pour le prĂ©sident syrien et qu’il ne doit pas accaparer le pouvoir mais associer et impliquer les diffĂ©rentes parties pour prĂ©server l’unitĂ© de son pays. 

Le magazine note que la Syrie a Ă©tĂ© le thĂ©Ăątre des pires violences sectaires depuis la chute du rĂ©gime de Bachar Al-Assad il y a trois mois et peut-ĂȘtre depuis les attaques chimiques sur la Ghouta orientale en 2013. Le pays qui ressent encore l’impact de la trĂšs longue dictature et de la guerre civile et qui n’a pas encore pansĂ© ses plaies a reçu un nouveau choc. On estime que 800 personnes ont Ă©tĂ© tuĂ©es dans les zones cĂŽtiĂšres de la Syrie considĂ©rĂ©es comme le bastion de la communautĂ© alaouite Ă  laquelle appartient la famille Al-Assad.

Le spectre de la désintégration

Les violences rĂ©vĂšlent le dilemme de la gouvernance de la Syrie : le pays restera-t-il un État unifiĂ© avec un pouvoir concentrĂ© entre les mains d’un gouvernement central capable de faire rĂ©gner l’ordre public, mĂȘme si le prĂ©sident Ahmed Al-Charaa est un ancien djihadiste dont l’engagement Ă  inclure d’autres protagonistes dans le projet de reconstruction du pays est douteux? Ou bien les minoritĂ©s devraient-elles garantir leur propre sĂ©curitĂ© dans les zones oĂč elles vivent mĂȘme si cela se fait au prix de la dĂ©sintĂ©gration du pays?

Le The Economist note que les causes des rĂ©cents Ă©vĂ©nements restent floues, la meilleure hypothĂšse Ă©tant que des combattants de la minoritĂ© alaouite ont attaquĂ© les forces gouvernementales et des hĂŽpitaux le jeudi 6 mars 2025. En rĂ©ponse, les milices sunnites se sont prĂ©cipitĂ©es en convois dans les villages et les villes tuant des civils et incendiant des maisons. Comble de l’horreur, des vidĂ©os ont montrĂ© que des civils Ă©taient obligĂ©s d’aboyer comme des chiens avant d’ĂȘtre abattus.

The Economist estime que les milices sunnites sont probablement responsables de la plupart des meurtres. Certains pensent qu’Ahmed Al-Charaa n’est pas prĂȘt Ă  limiter le pouvoir des extrĂ©mistes parmi ses partisans quand d’autres considĂšrent qu’il a mis du temps Ă  rĂ©agir aux Ă©vĂ©nements et que son gouvernement n’a pas le contrĂŽle de la situation. En tout Ă©tat de cause, les Ă©vĂ©nements violents dans les zones alaouites sont un signe de la dĂ©sintĂ©gration de la Syrie.

Dans le nord du pays, les groupes kurdes ont leurs propres poches. Dans le sud, d’autres milices, notamment celles dirigĂ©es par les Druzes, ont eux aussi une sphĂšre d’influence. Les puissances Ă©trangĂšres interviennent soit pour protĂ©ger leurs frontiĂšres du chaos soit pour saisir l’opportunitĂ© de contrĂŽler l’avenir de la Syrie. IsraĂ«l soutient les Druzes, la Turquie les groupes arabes sunnites et l’AmĂ©rique les Kurdes, du moins encore pour le moment.

MalgrĂ© qu’elle ait soutenu le rĂ©gime dĂ©testĂ© d’Al-Assad, la Russie reste rĂ©ticente Ă  rĂ©agir espĂ©rant conserver une certaine influence et peut-ĂȘtre l’accĂšs Ă  ses bases aĂ©riennes et navales.

Chef d’Etat ou chef de milice ?

Pour le magazine britannique, Al-Charaa a Ă©tĂ© jusqu’à prĂ©sent dĂ©cevant. Son expĂ©rience prĂ©cĂ©dente consistait Ă  diriger un rĂ©gime illibĂ©ral dans la ville d’Idlib par l’intermĂ©diaire de son groupe Hayat Tahrir Al-Cham. Jusqu’à prĂ©sent, il dirige la Syrie en tant que chef de milice. Il n’a pas respectĂ© les dĂ©lais pour former un gouvernement inclusif, publier une dĂ©claration constitutionnelle et nommer un organe lĂ©gislatif et il n’a montrĂ© aucun engagement envers les lois laĂŻques, ne faisant preuve que d’une faible tolĂ©rance.

Cependant, les dĂ©fauts de son gouvernement reflĂštent Ă©galement la faiblesse de l’État syrien. Il ne dispose que d’un nombre relativement restreint de forces sous son contrĂŽle direct. Les diffĂ©rentes milices ethniques sont Ă©galement plus nombreuses et plus armĂ©es que l’armĂ©e et la police.

La Syrie a besoin d’un gouvernement central capable de dĂ©lĂ©guer son autoritĂ© aux provinces. L’Occident doit lever les sanctions Ă©conomiques qu’il a imposĂ©es pour punir le rĂ©gime odieux d’Al-Assad qui causent actuellement de graves difficultĂ©s financiĂšres Ă  la Syrie.

RĂ©tablir la confiance

Toutefois, la responsabilitĂ© incombe Ă  Al-Charaa. Cette semaine, aprĂšs les massacres, il a pris quelques mesures positives. Il a formĂ© des comitĂ©s pour enquĂȘter sur les violences sectaires et a signĂ© un accord pour intĂ©grer les Kurdes des Forces dĂ©mocratiques syriennes (FDS) dans les forces de sĂ©curitĂ© syriennes. Sauf qu’il doit faire plus et son armĂ©e doit ĂȘtre purgĂ©e des extrĂ©mistes et davantage de modĂ©rĂ©s doivent ĂȘtre invitĂ©s Ă  le rejoindre afin qu’il ait le pouvoir de rĂ©agir et n’apparaisse pas comme un instrument d’un pouvoir sunnite. Il doit Ă©galement mettre en place des institutions et fixer un calendrier pour les Ă©lections qui rassureraient les Syriens sur le fait qu’un gouvernement fort ne serait pas l’expression de ce  pouvoir strictement sunnite. Il faudrait donc dĂ©lĂ©guer davantage de pouvoirs aux rĂ©gions.

La reconstruction de la Syrie est une question de confiance. Si davantage de personnes croient en un avenir harmonieux, les chances d’y parvenir augmenteront. Cependant, un autre massacre sous l’ùre d’Al-Charaa pourrait mettre fin à son pouvoir et le pays implosera.

The Economist affirme que les Ă©vĂ©nements survenus le 6 mars ont transformĂ© l’ouest de la Syrie en une «zone de catastrophe avec des cadavres jonchant les rues et des gens fuyant vers les forĂȘts ou vers le Liban». Le magazine ajoute qu’Al-Charaa semble dĂ©chirĂ© entre son passĂ© djihadiste et son prĂ©sent de prĂ©sident en citant la vidĂ©o qu’il a publiĂ©e le premier jour du soulĂšvement qui Ă©tait pleine de rĂ©fĂ©rences religieuses, incitait au conflit et louait «nos honorables combattants».

Cependant, pragmatique, et alors que les tensions dans le pays s’intensifiaient, il a habilement changĂ© de cap. Dans un deuxiĂšme discours vidĂ©o prononcĂ© deux jours plus tard, il s’est fait passer pour le chef d’une nation et non d’une communautĂ©. Pour la premiĂšre fois depuis son arrivĂ©e au pouvoir, il a nommĂ© des Alaouites Ă  des postes de direction et les a inclus dans deux comitĂ©s: l’un pour enquĂȘter sur les actes de violence et l’autre pour rĂ©tablir la paix civile. 

Maintenir l’unitĂ© du pays

Le lendemain, un accord a Ă©tĂ© annoncĂ© pour intĂ©grer les Forces dĂ©mocratiques syriennes aux forces de sĂ©curitĂ© gouvernementales. Il existe un possible accord avec les Druzes qu’IsraĂ«l tente d’attirer. Le 11 mars, Al-Charaa a invitĂ© les imams Ă  un iftar du Ramadan et les a exhortĂ©s Ă  parler de l’égalitĂ© entre toutes les communautĂ©s syriennes dans leurs sermons et cours religieux. Parmi les participants se trouvait son ami d’enfance, Cheikh Abu Al-Khair Shukri.

Le dĂ©fi auquel Al-Charaa est confrontĂ© est sa capacitĂ© Ă  maintenir l’unitĂ© du pays qui, il y a une semaine, Ă©tait au bord de l’effondrement. Les violences sur la cĂŽte ont rouvert des blessures sectaires qu’il avait pourtant promis de guĂ©rir.

Le The Economist note, Ă  ce propos, que les Alaouites Ă©taient Ă©galement effrayĂ©s car le directeur de la radio de Damas, nommĂ© par le nouveau pouvoir, a appelĂ© Ă  les jeter Ă  la mer. Les nouveaux dirigeants syriens ont considĂ©rĂ© la cĂŽte syrienne comme une zone militaire et de nombreux Alaouites ont fui cherchant protection Ă  l’étranger et tentant de pĂ©nĂ©trer dans les bases russes.

À Damas et dans d’autres villes, les minoritĂ©s craignent que les djihadistes ne les prennent Ă©galement pour cibles. Le calme apparent d’Al-Charaa leur rappelle celui de Bachar Al-Assad. Beaucoup craignent encore que leur nouveau prĂ©sident ne soit qu’un «terroriste» en costume.

Pour faciliter l’emploi et le logement aux sunnites, le nouveau prĂ©sident a dissous les anciennes forces armĂ©es, purgĂ© la fonction publique et expulsĂ© les anciens fonctionnaires de leurs logements de fonction. Comme dans le cas de la dĂ©baĂąsification en Irak, cela dissuade les minoritĂ©s de rendre leurs armes et alimente le soutien Ă  la rĂ©bellion. Ce qui fait dire au journal britannique que satisfaire Ă  la fois les sunnites et les minoritĂ©s est un dĂ©fi majeur et difficile Ă  relever.

Si Ahmed Al-Charaa veut avoir le contrĂŽle sur les extrĂ©mistes, il doit mettre en place une justice transitionnelle. Il doit aussi veiller Ă  ce que les Alaouites qui n’ont pas participĂ© aux atrocitĂ©s de l’ancien rĂ©gime retrouvent leur emploi et une vie normale. Pour rĂ©ussir sa mission, il a besoin d’argent qu’il n’a pas actuellement en raison des sanctions.

Lorsqu’il a pris le pouvoir, l’État Ă©tait Ă  court de main-d’Ɠuvre et sans argent pour payer les salaires, il devait encore faire face au problĂšme des partisans de la ligne dure qui dĂ©fiaient l’armĂ©e et traitaient les minoritĂ©s comme des butins de guerre. En fin de compte, il doit partager le pouvoir avec les autres composantes du pays. Sans cela, il perdra la confiance nationale et la dĂ©tĂ©rioration de l’économie aggravera ses problĂšmes.

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