Le 27 mars 2025, l’écrivain et intellectuel algérien Boualem Sansal a été condamné à cinq ans de prison ferme par le tribunal de Dar El Beida à Alger, suite à des accusations portant sur des atteintes à la sécurité de l’État. Cette condamnation intervient après plusieurs mois de tensions politiques et culturelles dans le pays, et met en lumière une problématique alarmante : la répression croissante de la liberté d’expression en Algérie.
Boualem Sansal, figure de proue de la littérature francophone et auteur de romans emblématiques comme ‘‘Le Serment des Barbares’’ et ‘‘2084 : La Fin du Monde’’, est reconnu pour ses prises de position courageuses sur la société algérienne, ses critiques sur le pouvoir en place, ainsi que ses réflexions sur les dérives de l’intégrisme religieux. Son arrestation en novembre 2024, suivie de cette lourde peine de prison, suscite une vive inquiétude au sein de la communauté littéraire et intellectuelle internationale.
Un écrivain dans la tourmente
La situation de Sansal fait écho à celle de nombreux écrivains et intellectuels algériens qui, au fil des années, ont été contraints de faire face à la répression et à la censure. Son cas soulève des questions cruciales sur l’espace de la liberté d’expression dans le pays. Sa condamnation, qui n’a fait qu’exercer son droit à la parole, marque un recul significatif pour une société qui, jadis, a été nourrie par les écrits de figures emblématiques comme Mouloud Mammeri, Assia Djebar, Kateb Yacine, ou encore Tahar Djaout.
Ces écrivains ont, chacun à leur manière, façonné la mémoire de l’Algérie, apportant une richesse intellectuelle et culturelle inestimable. L’Algérie, terre de réflexion et de lutte, est aussi la terre de la pensée libre, de la résistance littéraire et de l’engagement. Des voix comme celles de Mammeri, Djebar ou Yacine, qui ont contesté les normes établies et ont défié les régimes en place, ont marqué l’histoire contemporaine du pays. La répression de Sansal s’inscrit dans cette longue tradition de lutte des écrivains algériens pour la liberté de penser et d’écrire.
Un carrefour littéraire en danger
L’Algérie est un carrefour littéraire et intellectuel, marqué par une longue tradition de réflexion philosophique, historique et culturelle. Figures comme Apulée, philosophe et écrivain romain né à Madaure, ont établi des bases solides pour la transmission des savoirs. Apulée, à travers son œuvre ‘‘Les Métamorphoses (ou L’Âne d’or)’’, a incarné la fusion de la culture africaine, latine et grecque, une combinaison qui a forgé une identité littéraire unique. Il a inspiré des générations de penseurs, soulignant le rôle de la littérature comme outil de réflexion et de libération.
Des écrivains comme Apulée ont montré que la pensée et la parole libres ne connaissent pas de frontières. L’Algérie, de ses racines antiques à sa période coloniale, a toujours été un terrain de débats et d’échanges intellectuels. Les écrivains contemporains, dont Sansal, ont hérité de cette tradition, mais aujourd’hui, leurs voix sont étouffées par un régime qui semble redouter la pensée critique.
La liberté d’expression en danger
La condamnation de Sansal n’est pas un incident isolé. Elle fait partie d’une tendance inquiétante observée en Algérie, où la répression des voix dissidentes s’intensifie, y compris dans le domaine littéraire et intellectuel. Au moment où le pays est confronté à des défis économiques et sociaux majeurs, la censure devient une arme pour maintenir l’ordre établi. Cependant, cette politique ne peut que nuire à l’avenir du pays. La littérature, le débat intellectuel et l’échange d’idées sont les pierres angulaires d’une société libre et démocratique.
Le cas de Sansal est aussi un appel à l’action. La communauté internationale, les organisations de défense des droits de l’homme et les écrivains du monde entier doivent se mobiliser pour soutenir les écrivains algériens, et pour faire pression sur le gouvernement afin de garantir la liberté d’expression.
Alors que Sansal purge sa peine, il est crucial d’espérer qu’il bénéficiera d’une amnistie, comme cela a été le cas pour d’autres écrivains et intellectuels dans des situations similaires. Il est impératif que des efforts soient déployés pour garantir la liberté d’expression et permettre aux voix dissidentes de s’exprimer sans crainte de répression.
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