Tournée de Trump au Moyen-Orient : Business first !
Lors de sa visite au Moyen-Orient, Donald Trump œuvrera à développer les échanges économiques entre les monarchies du Golfe et les États-Unis. La situation à Gaza et le dossier du nucléaire iranien seront également au menu, mais relégués au second plan.
Benyamin Netanyahou devrait méditer cette leçon de machiavélisme politique, selon laquelle les Etats n’ont pas d’amis ou d’ennemis permanents; mais des intérêts permanents.
En effet, le Premier ministre israélien devrait être dans ses petits souliers depuis que le président américain a réservé aux monarchies du Golfe sa première tournée à l’étranger de son deuxième mandat sans passer par Jérusalem. Lui qui, deux semaines après l’investiture du président américain pour un second mandat, tenait un discours triomphal, se targuant d’être le premier dirigeant étranger invité à Washington en visite officielle, proclamait à l’adresse de Donald Trump « Vous êtes le plus grand ami qu’Israël ait jamais eu à la Maison Blanche ».
Camouflet pour « Bibi »
Par ce geste inédit, le nouveau locataire de la Maison Blanche semble vouloir favoriser ses relations géopolitiques, économiques et personnelles avec la dynastie saoudienne au détriment de l’Etat hébreu.
« C’est nouveau et surprenant, Trump semble vouloir rééquilibrer la relation triangulaire avec Jérusalem et Riyad au point d’envisager un grand deal sur le nucléaire civil avec l’Arabie saoudite sans contrepartie de cette dernière en direction d’Israël. Donald Trump ne se reconnaît pas de ligne rouge », assure un analyste politique averti. « La défiance, personnelle, est extrême en ce moment entre Donald Trump et Benyamin Netanyahou, avec qui il est en désaccord sur l’Iran, les Houthis, la Syrie et le nucléaire civil saoudien », a-t-il ajouté.
En effet, le 47ème président des États-Unis, Donald Trump, est arrivé lundi 12 mai, en Arabie saoudite, où il a été accueilli par le roi Salmane ben Abdelaziz Al Saoud, au Al Murabba de Riyad. Il s’agit du premier arrêt du président américain, qui doit également se rendre au Qatar et aux Émirats arabes unis. Sachant que c’est la deuxième fois en autant de mandat que Donald Trump se rend en Arabie saoudite avant toute autre destination.
Dossiers politiques
Au menu de cette tournée au Proche-Orient : les dossiers politiques sensibles à l’instar du nucléaire iranien, où Téhéran se dit prêt à des concessions sur le taux d’enrichissement de son uranium. Et ce, en contrepartie d’une levée des sanctions américaines et d’une reconnaissance de son droit à en disposer pour produire de l’électricité. Ou encore la guerre à Gaza, en passant par la transition en Syrie.
Donald Trump doit rencontrer ce mardi le numéro un de facto du régime, Mohammed ben Salmane, ainsi que le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Mais aussi le président libanais, Joseph Aoun, et le président par intérim de la Syrie, Ahmed Al-Charaa – un ancien djihadiste en voie de normalisation pour les Occidentaux.
Business first
En bon entrepreneur, le milliardaire républicain discutera avec ses hôtes des projets de coopération dans le nucléaire civil saoudien, la défense, l’aviation, ou l’énergie. D’après des sources concordantes, il devrait offrir à l’Arabie saoudite des équipements militaires d’une valeur totale de plus de 100 milliards de dollars, avec notamment des armes de pointe.
Mais, il n’oublie pas pour autant les transactions privées : la Trump Organization a signé le mois dernier un contrat pour la construction d’un golf et des résidences de luxe au Qatar. De même qu’elle a dévoilé les détails d’un gratte-ciel d’un milliard de dollars à Dubaï, dont les appartements pourront être achetés en cryptomonnaies.
Ajoutez à cela une tour Trump à Jeddah en Arabie saoudite et un autre projet immobilier à 4 milliards de dollars à Oman.
Pour sa part, son gendre, Jared Kushner, aura reçu 2 milliards de dollars du fonds souverain saoudien investis dans sa société d’investissement Affinity Partners.
Conflit d’intérêt ?
Cerise sur le gâteau, l’ABC news a révélé dimanche 11 mai qu’un Boeing 747-8 Jumbo, estimé à 400 millions de dollars, aurait été promis par la famille royale qatarie au président américain, en amont de sa tournée dans les pays du Golfe. Signe de gêne : la Maison Blanche a reconnu, lundi, que l’opération, destinée à remplacer « temporairement » deux Air Force One vieillissants, méritait « d’ultimes vérifications juridiques ».
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Ce cadeau d’« un palace volant », pose de toute évidence la question de potentiels conflits d’intérêt. La Constitution américaine interdit en effet aux dépositaires de l’autorité publique d’accepter des cadeaux « de la part d’un roi ou d’un prince d’un État étranger ».
Et c’est tout à fait normal que l’annonce suscite la colère des démocrates qui reprochent au président de vouloir s’enrichir personnellement. Car une fois son mandat terminé, la propriété de l’appareil serait transférée de l’Armée de l’air américaine à la fondation du président américain.
Réponse saugrenue de l’intéressé : « Le fait que le département de la Défense reçoive en cadeau un avion 747 pour remplacer temporairement Air Force One dérange tellement les démocrates véreux qu’ils insistent pour que nous payions l’avion au prix fort ». Drôle de justification.
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