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Douze jours de guerre qui mettent à nu, tout et tous

25. Juni 2025 um 10:26
Douze jours de guerre qui mettent à nu, tout et tous | Univers News

Tawfik BOURGOU

  • L’Iran en agissant par ses proxys, a voulu améliorer les conditions de la négociation avec les Etats-Unis et les Israéliens
  • L’action israélienne à Gaza et en Cisjordanie visait à rendre impossible la solution à deux Etats, et l’objectif principal des pays du Golfe est de se débarrasser de la question palestinienne définitivement
  • Pour atteindre le seuil de négociation, l’Iran a offert aux israélo-américains la tête du Hamas, le Hezbollah, le régime d’Assad et a renoncé à toute aide aux houthis
  • Juin 2025 éclaire le rôle funeste de l’islam politique dans le monde arabe et dans le monde musulman pris dans sa totalité
  • Les Iraniens, se considèrent d’abord Perses avant d’être Musulmans, ne voient les Arabes que comme de la chair à canon, sans plus, et des porteurs de valises
  • Les alliances dans le monde arabe et dans le monde musulman sont toxiques et souvent destructrices

TUNIS-UNIVERSNEWS- (Tribune) – Soudain le silence d’un cessez-le-feu signé dans la nuit après le fracas des armes et les vociférations de part et d’autre. Les uns faisaient miroiter l’idée de remettre sur son trône le dernier des rejetons des Pahlavis, les autres promettaient aux naïfs de l’axe de la résistance une flamboyante victoire. 

En place et lieu d’un combat se fut un vaudeville, une sorte de pièce de théâtre dont les protagonistes sont presque les mêmes depuis bientôt une trentaine d’années, depuis un certain mois d’aout 1990 : les Etats-Unis, Israël, l’Iran, la Russie, la Turquie et l’aréopage de tous les roitelets du Golfe. En dessous, les pays faillis ou en faillite dont le groupe a grossi au fil des années : l’Irak, la Syrie, le Liban, le Yémen. Comme dans chaque Vaudeville, il faut un dindon de la farce. Pour l’occasion, c’est une bassecour : toutes les opinions arabes gargarisées par des mois de propagande iranienne et de contre-propagande occidentale, de vociférations de part et d’autre. Au milieu un drame innommable se déroule dans un silence général et une guerre pas si lointaine qui use pays et finances.

La guerre des 12 jours se termine par un trumpien « Que dieu bénisse l’Iran et Israël » 

Le 23 juin 2025 éclaire comme une lumière crue toutes les autres dates du Moyen-Orient et du monde arabe, met à nu mollahs et rois, chef d’Etats et chefs militaires.

D’abord c’est un éclairage quant au 7 octobre 2023 et de son impact dévastateur sur le Moyen-Orient et sur l’avenir même de la population palestinienne. Comme nous l’avons dit, dès le surlendemain de l’évènement, l’Iran est le commanditaire de cet épisode guerrier qui, s’il n’était pas lié à la volonté de l’Iran de peser avant le retour de Trump aux affaires aux Etats-Unis aurait été un suicide du Hamas. Ce fut un suicide d’ailleurs, au vu des résultats et de l’impasse totale dans laquelle se trouve la question palestinienne. L’Iran en agissant par ses proxys, a voulu améliorer les conditions de la négociation avec les Etats-Unis et les Israéliens. Mais ce qui n’a pas été dit entre octobre 2023 et juin 2025, c’est le processus de tractations qui s’étaient engagés avant octobre 2023, dans les derniers mois de l’administration Biden, via différents canaux, entre l’Iran et Israël, ces derniers jours via la Russie auxquels s’est ensuite adjoint Trump, la Turquie et quelques monarchies du Golfe dans le cadre d’un marché régional. Ces tractations éclairent d’un autre jour les combats tant à Gaza, qu’en Syrie, qu’au Liban et éclairent ce qui a pu se passer au cours des trois dernières semaines. Les phases de guerre n’étaient que des outils de tractations sans plus. 

L’action israélienne à Gaza et en Cisjordanie visait à rendre impossible la solution à deux Etats, ce que les Israéliens ont réussi à imposer sans aucune réaction des Etats arabes du Golfe dont l’objectif principale est de se débarrasser de la question palestinienne définitivement. 

L’Iran a été dans une posture intermédiaire. Il a proposé une négociation sur un « lot » en contrepartie d’une levée totale des sanctions et d’une réintégration dans la communauté internationale avec en prime un retour des entreprises américaines dans le marché iranien. La pierre d’achoppement a été le programme nucléaire. Les Iraniens sont au seuil de la miniaturisation et seraient donc au-delà de la phase de développement primordiale, de ce fait les bombardements américano-israéliens arrivent trop tard, l’essentiel étant acquis. Les attaques américaines et israéliennes ne devaient au mieux que retarder l’annonce de la possession de capacités nucléaires, sinon contraindre les mollahs à énoncer une future doctrine d’usage qui va exclure expressément une atteinte à Israël et exclure toute stratégie de frappe de première intention. Les Américains et les Israéliens se devaient de frapper pour faire passer la pilule à leurs opinions. Mais comme dans toute guerre, les dépassements de limites et de seuils de frappe, suscitent des réactions de l’Etat ciblé. L’Iran se devait de répliquer à hauteur de ce qu’il a perdu. Mais auparavant, pour atteindre ce seuil de négociation, l’Iran a offert aux israélo-américains la tête du Hamas, du Hezbollah, le régime d’Assad, il a renoncé à toute aide aux houthis isolés et a renoncé à tout rôle régional pérenne. 

Juin 2025 éclaire d’un jour cru le monde arabe : un construit moribond

L’Irak n’est plus, la Syrie est en voie de partition en trois Etats fantoches, selon les vœux Marco Rubio, le Liban est dans sa lente agonie, tandis que les pays riches du Golfe affolés par Trump ont acheté leur protection aux américains par 4000 milliards de dollars. 

A l’Egypte, il ne reste qu’une ligue arabe en mort cérébrale dont le financement dépend de l’Arabie saoudite. Cette dernière ne veut plus financer une structure aussi inutile que dispendieuse. Il ne reste au Maréchal Sissi qu’un Camp David comme ressource. L’Egypte serait un Etat failli sans l’aide américaine et la bienveillance israélienne. 

Le Maghreb est dans la pire situation de son histoire. En proie à des guerres intestines internes en Libye attisées par d’autres arabes, des pays occidentaux, par les Etats-Unis et par les Russes quand il n’est pas l’objet d’une invasion démographique subsaharienne en capacité d’effacer en moins d’une génération des pays entiers.  

Le Maroc et l’Algérie s’opposent sur le Sahara qui est historiquement propriété du Maroc. L’Algérie est dans une posture de faux leadership, ressemble à une Bélarus de pacotille de l’Afrique du Nord ou à un Iran englué dans une stratégie dont il n’a pas les moyens. 

Le Maroc fait illusion de ses capacités qui dépendent de façon directe de l’Europe, des Etats-Unis et d’Israël, mais on sait que cette extraversion tout azimuts, ne peut être une base pour une stratégie à long terme. Les alliances entre le monde arabe et les pays occidentaux ne durent que le temps de ce qui est nécessaire pour le plus fort, c’est-à-dire l’Occident. En la matière les ridicules printemps américains dans le monde arabe ont montré que même un Moubarak ou un Ben Ali, voire un Ghannouchi, ne sont jamais considérés comme des alliés, juste une sorte de version 21e siècle du vassal, voire du métèque, auquel on ne peut étendre le bénéfice du droit encore moins de la dignité.  

Juin 2025 éclaire le rôle funeste de l’islam politique dans le monde arabe et dans le monde musulman pris dans sa totalité. L’Iran n’a négocié que dans le périmètre du maintien du pouvoir de la théocratie. D’ailleurs la bombe iranienne, si elle devait advenir n’a pour fonction que de rendre irréversible le régime des mollahs. C’est du moins ce que croient les mollahs eux-mêmes, même si historiquement, la possession d’un arsenal nucléaire n’a pas pu empêcher la fin du totalitarisme soviétique.

Le mois de Juin sonne comme la fin de « l’axe de la résistance »,   

Ce mois de juin éclaire aussi le rôle des frères musulmans et leur proximité avec l’Iran. Certains experts autoproclamés et novices, occidentaux, pensaient impossible une alliance Iran-frères musulmans. Une simple lecture de l’histoire, celle de l’avènement de la République islamique d’Iran, dans la charnière de 1979 et 1980 aurait suffi de les renseigner, notamment les références iraniennes, au père fondateur, égyptien des frères musulmans.  Rappelons-nous Ghannouchi en Iran, chechia vissée sur la tête juste quelques semaines avant le début de la guerre du Golfe en février 1991. Ce fut le conclave qui scellait les liens entre l’Iran et la mouvance. Les iraniens y voyait une chance d’affaiblir le nationalisme arabe et les frères musulmans l’envie de se substituer à lui. 

Nous connaissons la suite de l’histoire qui devait conduire ce duo infernal jusqu’aux antichambres des officines de renseignement britanniques et américaines, notamment à partir de 2003 avec la préparation des ridicules printemps « fréristes ». Rappelons que le premier voyage de Morsi en tant que chef d’Etat fut en Iran. La coopération d’un Hamas payé par le Qatar, sous supervision de la CIA et du Mossad, avec l’Iran n’est ni une incongruité encore moins un secret tant étaient apparentes les relations entre les frères jumeaux de la mouvance théocratique.  

Juin 2025 sonne comme la fin de ce que certains ont appelé « l’axe de la résistance », qui à la lumière du jeu iranien était au moins tordu, sinon frappé d’un défaut de parallélisme. Les Iraniens, se considérant d’abord Perses avant d’être Musulmans, ne voient les Arabes que comme de la chair à canon, sans plus, des porteurs de valises ou des mules comme on le dit dans le jargon du renseignement. Cyniquement, lorsque l’Iran entreprenait des actions terroristes en Europe dans les années 1980, les poseurs de bombes étaient des arabes, souvent des Moyen-orientaux, parfois des gens d’Afrique du Nord. Là aussi rappelons les sinistres attentats de Lockerbie et d’UTA au-dessus du désert du Ténéré et le rôle indirect joué par l’Iran. Kadhafi en bon dindon de la farce a payé pour les Iraniens et les Syriens d’ailleurs. 

Juin 2025 devrait inciter certains à ne considérer que le périmètre de leurs Etats et n’envisager ni alliance, ni se mettre à la remorque d’un voisin ou d’un lointain, les alliances dans le monde arabe et dans le monde musulman sont toxiques et souvent destructrices. Kadhafi n’est plus de ce monde pour le dire, Assad a dû le comprendre ces derniers jours. Il aura la suite de sa vie pour le méditer. 

« Aucun Etat ne vole au secours d’un autre sans tenir compte de son intérêt propre » Magister Dixit, Karl Von Clausewitz.

T.B.

Politologue  

De Bagdad à Téhéran ou quand l’histoire se répète

25. Juni 2025 um 08:24

L’histoire, dit-on, ne se répète pas, mais elle bégaie. En 2003, les États-Unis envahissent l’Irak au nom d’un danger imminent : Saddam Hussein détiendrait des armes de destruction massive (ADM). Vingt ans plus tard, le monde assiste au bombardement de l’Iran par Israël et les Etats-Unis, justifié par la crainte que la République islamique soit sur le point d’acquérir l’arme nucléaire. Dans les deux cas, les faits sont contestés, les preuves fragiles, et les conséquences dévastatrices.

Dr. Sadok Zerelli *

Deux guerres, un même mensonge

Après les attentats du 11 septembre 2001, l’administration Bush lance la «guerre contre le terrorisme». L’Irak est rapidement désigné comme cible prioritaire. Les justifications officielles abondent : liens supposés entre Saddam Hussein et Al-Qaïda, mais surtout, accusations de possession d’armes chimiques, biologiques et nucléaires.

Malgré les inspections de l’Onu qui n’ont trouvé aucune preuve tangible, la machine de guerre s’emballe. Colin Powell, alors secrétaire d’État, brandit des fioles supposées remplies de produits chimiques et bactériologiques dangereux et des schémas douteux à l’Onu.

Le 20 mars 2003, les États-Unis et leurs alliés envahissent l’Irak. La suite est connue : aucune arme de destruction massive ne sera jamais trouvée. Le régime est renversé, mais le pays s’enfonce dans le chaos, donnant naissance à une guerre civile et à des groupes terroristes comme Daech.

L’objectif réel ? Redessiner le Moyen-Orient, contrôler les ressources pétrolières, affirmer la domination américaine. Le mensonge d’État devient outil de guerre.

L’Iran, nouvelle cible du mensonge d’Etat

Le 13 juin 2025, Israël lance une série de frappes contre des sites iraniens. Motif officiel : empêcher l’Iran de fabriquer une bombe nucléaire. Pourtant, toutes les sources indépendantes, y compris des services de renseignement occidentaux et même la CIA, confirment que l’Iran ne possède pas d’arme nucléaire et n’est pas à quelques semaines de l’avoir. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) n’a trouvé aucun indice de militarisation active du programme iranien.

Comme en 2003, les avertissements diplomatiques sont ignorés. Le récit dominant est imposé par une minorité de faucons politiques et militaires. Une peur orchestrée l’emporte sur les faits. A nouveau, le monde découvre, trop tard, que les raisons invoquées relèvent davantage de l’idéologie que de la vérité.

Un même schéma basé sur la peur, la désinformation et la création d’un ennemi absolu.

– En 2003, Saddam Hussein présenté comme un tyran fou prêt à utiliser ses ADM contre l’Occident.

-En 2025, le régime iranien décrit comme messianique, irrationnel, et résolu à détruire Israël avec une bombe nucléaire fictive.

Dans les deux cas, on assite à une marginalisation des organismes internationaux.

En Irak, l’Onu est contournée, ses inspecteurs discrédités.

En Iran, l’AIEA est ignorée malgré ses rapports rassurants.

La mise en scène médiatique est identique.

En 2003, les grands médias relayent les assertions américaines sans enquête sérieuse.

En 2025, de nombreuses chaînes occidentales reprennent les éléments israéliens sans vérification, noyant les avertissements contradictoires.

Le dogme de la guerre préventive

Les bombardements par Israël depuis le 13 juin des sites nucléaires et civils en Iran suivis par des bombardements encore plus dévastateurs il y a quelques jours de trois sites nucléaires par les B-52 américains, illustrent parfaitement la mentalité de «cowboy» de Donald Trump, un grand amateur du sport de combat MMA dont il ne rate pas les grands matchs, et qu’il a résumé lui-même ainsi : «Lorsque la bataille est inévitable, il faut frapper le premier». Il n’hésite pas à appliquer le même principe de combat dans les relations internationales comme si le monde est une vaste arène où celui qui frappe le premier et de préférence par surprise gagne le match.

Ce faisant, il oublie que l’’invasion de l’Irak a été un désastre humanitaire, politique et moral et que le bombardement de l’Iran, sous un faux prétexte nucléaire, pourrait mettre en danger la paix mondiale et engendrer un cataclysme bien plus vaste pour toute l’humanité.

L’Eté de toutes les peurs 

La riposte immédiate de l’Iran aux bombardements d’Israël et des Etats-Unis a été jusqu’à maintenant une pluie de missiles et de drones sur les villes israéliennes et même une base américaine dans la région.

Cependant, le Liban, la Syrie et même certains Etats monarchiques du Golfe tels que le Qatar ou l’Arabie Saoudite risquent d’être aspirés dans le conflit. Les prix du pétole vont flamber à la suite de la fermeture éventuelle par l’Iran du détroit d’Ormuz. Les marchés paniquent et la récession économique et l’inflation seront mondiales, obligeant d’autres puissances telles que la Chine ou la Russie ou l’Europe d’intervenir : l’embrasement régional deviendra mondial, avec le risque d’utilisation en dernier recours d’armes nucléaires tactiques ou balistiques, ce qui provoquera la disparition à plus ou moins brève échéance de l’humanité et de toute vie sur terre.

Ce scénario catastrophe rejoint malheureusement les conclusions du ‘Bulletin of the Atomic Scientists Doomsday Clock’, un modèle symbolique élaboré par un grand nombre de scientifiques du monde entier qui mesure la «proximité de la fin du monde» en minutes avant minuit et qui intègre les risques de guerre nucléaire, changement climatique, IA non contrôlée, etc. En 2024, il a été placé à «90 secondes avant minuit», le plus proche jamais atteint. 

L’impact sur la Tunisie

Je ne suis pas particulièrement superstitieux, mais je ne peux pas ne pas relever la succession de catastrophes internationales depuis cinq ans qui se traduisent par des «chocs extérieurs» subis par la Tunisie : Covid-19 avec récession mondiale, guerre en Ukraine avec flambée du coûts des produits énergétiques et alimentaires, élection de Donald Trump avec imposition de nouveaux droits de douanes supplémentaires de 28% sur le produits tunisiens exportés aux Etats-Unis, et maintenant la guerre entre Israël et l’Iran avec risque d’un embrasement du Moyen-Orient dont la Tunisie fait partie intégrale, si elle n’engendrera pas une troisième guerre mondiale.

Certes, la Tunisie ne serait pas directement impliquée militairement, mais elle subirait des conséquences politiques, économiques et sociales importantes, qui viendront aggraver la récession économique, le chômage et l’inflation qu’elle endure déjà depuis 2011, et réduiront pratiquement à néant les faibles espoirs de reprise de la croissance économique et de la paix sociale.

Même si le président Kaïs Saïed chercherait probablement à maintenir une position de neutralité, toutefois, une pression populaire anti-israélienne pourrait surgir, avec manifestations, voire troubles, en particulier si des images de civils iraniens massacrés circulent massivement.

Sur le plan de la politique interne, la guerre entre Israël et l’Iran pourrait réactiver des de vieux clivages idéologiques : certains mouvements islamistes ou panarabes (comme Ennahdha ou d’anciens milieux nassériens) pourraient exprimer un soutien implicite à l’Iran, vu comme une puissance antisioniste, tandis que d’autres courants pourraient appeler à la modération ou au soutien indirect à Israël, par hostilité à l’axe chiite.

Sur le plan de la politique internationale, un soutien tunisien – même diplomatique – à l’Iran serait immédiatement perçu par Donald Trump comme inacceptable et risque d’être qualifié de «soutien à une puissance terroriste». Avec son tempérament fougueux et imprévisible, il ne se contenterait pas de critiques verbales mais pourrait immédiatement ordonner le gel des aides économiques américaines, l’extension des sanctions financières internationales via la pression américaine sur Fonds monétaire international (FMI) et la Banque Mondiale (BM), ou de nouveaux tarifs douaniers sur les exportations tunisiennes vers les Etats-Unis encore plus élevés que les 28% qu’il a déjà décidé d’instaurer en mars dernier. Pire, il pourrait utiliser son réseau social Social Truth pour s’en prendre personnellement à Kaïs Saïd, en le qualifiant de «sympathisant de l’ennemi» et exercer même des pressions sur ses alliés du Golfe (Arabie Saoudite, Émirats, Qatar) pour qu’ils isolent diplomatiquement et économiquement la Tunisie, davantage qu’elle ne l’est déjà.

Bref, à part les retombées directes et indirectes de la guerre entre l’Iran et Israël, la Tunisie risque de payer cher les affinités présumées de Kais Saïd avec le régime iranien.

Que Dieu nous protège !

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La mer saigne la plaie d’un pays muet  

25. Juni 2025 um 07:26

La «marée rouge», observée ces derniers jours dans certains de nos plages, n’est pas qu’une catastrophe écologique, c’est une plaie symbolique, un cri de la nature mais aussi de notre inconscient collectif.

Manel Albouchi *

«Ainsi parle l’Éternel : Par ceci tu sauras que je suis … Voici, je vais frapper les eaux du fleuve… et elles se changeront en sang.» (Exode 7 :17) 

Ces derniers jours, alors qu’on digérait encore l’Aïd, entre deux bouchées de viande trop chère et une prière récité-machinal. Occupés par des gladiateurs modernes courant derrière un ballon d’or, en guettant fébrilement les résultats du bac. Tout en suivant, de loin, une guerre qui n’est pas (encore) la nôtre. Pendant que des chefs d’État s’amusaient encore à qui pisse le plus loin, en comparant la taille de leurs missiles…, le pays, lui, saignait en silence. 

La cacophonie des chantiers accompagne comme une musique de fond une inflammation lente, continue et impitoyable : les produits alimentaires flambent : qu’ils soient industriels ou frais, fruits, légumes, viande… espoir.  

Et la parole ?  

Encore sous silence, mais… 

La mer parle 

Aujourd’hui en jetant un coup d’œil sur l’actualité. Une image m’est restée en tête. Une mer rougeâtre qui lèche les rivages de Monastir, des poissons échoués, un silence trop lourd pour être ignoré. 

Je n’ai pas pu m’empêcher de penser au livre de L’Exode «Moïse leva le bâton… et les eaux furent changées en sang. Les poissons moururent. Le fleuve empestait.» 

À première vue, la science parle d’anoxie, de bloom de microalgues. Des explications rationnelles, techniques, médicales. 

Mais à un autre niveau, plus profond, ces images sont un miroir qui nous demande : que sommes-nous en train de faire ? 

C’est un symptôme 

De mon point de vue (psychanalytique), cette mer rouge n’est pas qu’une catastrophe écologique, c’est une plaie symbolique, un cri de la nature mais aussi de notre inconscient collectif.

L’eau, archétype de l’inconscient, s’est teinte de sang. Les poissons, messagers silencieux de nos profondeurs psychiques, meurent. Et je ne peux m’empêcher de voir dans ce spectacle une métaphore de notre mutisme collectif. 

Une parole qui ne circule plus, des vérités étouffées par l’inflation des discours creux et la corruption des sens. 

Comme si nous étions pris dans un cercle vicieux : plus nous taisons la réalité, plus elle devient toxique. 

Corruption et asphyxie   

La corruption est aussi dans le langage, dans les discours qui sonnent faux, dans les institutions qui tournent à vide, dans la bureaucratie sourde. Et quand le symbolique est corrompu, le biologique suit. Et la mer, alors, rougit.  

En voyant les photos, j’ai eu la nausée : celle d’une société qui pourrait s’asphyxier, d’un peuple privé de souffle, et d’une mer qui, à force d’être blessée, refuse de rester bleue. 

Et peut-être que dans sa rougeur, nous invite-t-elle à l’introspection. Elle nous rappelle que lorsque la parole se bloque, l’inconscient éclate. 

La mer a saigné. Elle nous dit, dans une langue archaïque et rouge : «Réparez le lien ou tout s’effondrera».  

Une plaie moderne  

Je n’ai pas de réponse toute faites, ni de solutions. Mais j’ai une intuition claire «Tant que la parole ne circulera pas entre nous, l’eau non plus ne coulera pas librement.» 

C’est une plaie moderne, une plaie de notre temps, à notre échelle, qui nous appelle à réapprendre à écouter, à pleurer, et à guérir ensemble. 

* Psychothérapeute, psychanalyste.

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Le compte à rebours de la 3e guerre mondiale s’accélère-t-il ?

24. Juni 2025 um 11:30

Les récentes frappes américaines contre les principales installations nucléaires iraniennes montrent les limites de la résistance du président Donald Trump à l’état profond et au lobby sioniste et surtout au diabolique Benjamin Netanyahu, malgré l’évaluation récente de la communauté américaine du renseignement selon laquelle le danger d’une militarisation du programme nucléaire iranien n’est pas imminent.

Elyes Kasri *

Les gouvernements du Golfe appréhendent une escalade qui risque de compromettre le commerce des hydrocarbures, leur principale source de revenus, en plus d’une contamination nucléaire en provenance de l’Iran ou d’Israël maintenant que le tabou des installations nucléaires a été levé.

De son côté, l’Europe craint les effets des hostilités sur le cours des hydrocarbures, facteur supplémentaire d’intensification de la crise économique et le détournement de l’attention mondiale et américaine du théâtre ukrainien.

Le président américain doit faire face à sa base politique Maga (Make America Great Again) auprès de laquelle il s’était engagé de ne pas laisser entraîner les Etats-Unis d’Amérique dans les guerres des autres et surtout pas dans le bourbier moyen oriental.

D’importants membres du Congrès ont pris leur distance avec les frappes contre le programme nucléaire iranien, certains invoquant la condition constitutionnelle de l’autorisation préalable du Congrès à tout acte de guerre.

Pour sa part, le célèbre chroniqueur Tucker Carlson qui a été très actif lors de la campagne présidentielle de Trump est allé jusqu’à annoncer la fin de la présidence de ce dernier.

Le compte à rebours de la troisième guerre mondiale s’accélère-t-il ?

* Ancien ambassadeur.

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La guerre israélo-iranienne │ Trump jette le masque et frappe l’Iran

22. Juni 2025 um 08:28

L’aviation américaine a donc bombardé **, dans la nuit du samedi 21 au dimanche 22 juin 2025, trois sites nucléaires iraniens. On aurait dû le savoir depuis que le président américain avait exigé une reddition sans conditions de l’Iran, et qu’Israël avait attaqué ce pays qui pourtant poursuivait des négociations directes avec l’administration américaine sur son programme nucléaire. (Ph. Le site nucléaire iranien de Fordo, bombardé par l’US Army).

Dr Mounir Hanablia *

Le fait qu’à la suite de ces bombardements, il n’y ait pas eu d’émanations radioactives laisse raisonnablement supposer que ces sites étaient hors service.

Abstraction faite du devenir du stock d’uranium enrichi déjà constitué, rien ne prouve donc que l’Iran ait perdu ses capacités nucléaires, et il est tout à fait plausible qu’il en ait sauvegardé au moins une partie. Mais le plus important n’est pas ce nouvel épisode du contentieux américano-iranien. Si on peut le qualifier de guerre, ainsi que le font les néo-sionistes américains, elle aurait débuté en 1953 avec le renversement par la CIA du gouvernement, démocratiquement élu il faut le rappeler, du Premier ministre Mohammad Mossadegh qui avait chassé le Chah et nationalisé le pétrole iranien au détriment des Britanniques. Elle se serait poursuivie avec le rétablissement du Chah, et le soutien militaire à son régime, l’un des plus répressifs et des plus sanglants au monde.

Après l’Irak, l’Iran. A qui le tour ?

L’invasion de l’Iran par l’armée de Saddam Hussein en 1981 soutenue par l’Occident, l’usage des armes chimiques contre sa population, la destruction de ses villes, et de ses installations pétrolières, durant huit années de guerre, les millions de morts, l’Airbus civil iranien abattu «par erreur» par l’armée américaine, le gel des avoirs iraniens entreposés dans les banques américaines, tout cela n’avait fait qu’ajouter à l’exaspération des Iraniens qui avaient trouvé l’occasion de riposter au cours les années 80 et 90 au Liban dans des attaques contre les armées américaine, française, israélienne, puis dans des attentats à Paris.

C’est bien au début de la guerre Irak-Iran que, rappelons-le, l’armée de l’air israélienne avait attaqué et détruit le réacteur nucléaire irakien Osirak, du moins selon la version officielle. Ce réacteur avait été prévu pour ne pas permettre l’enrichissement du combustible nucléaire, démontrant ainsi que le but poursuivi par les Israéliens, et les Américains, était moins d’empêcher les Irakiens d’avoir la bombe, que d’acquérir le savoir-faire pour le faire.

Le sort des savants atomiques irakiens après l’invasion américaine de 2003 demeure inconnu. Ils ont probablement pour la plupart été pris et liquidés, selon un modus operandi qui vient d’être récemment appliqué en Iran avec l’élimination des spécialistes en nucléaire.

Ainsi pour en revenir au dernier bombardement américain contre les trois sites nucléaires iraniens, ils démontrent une fois de plus que les Américano-sionistes ne permettront à aucun pays du Moyen-Orient ou du Maghreb l’usage de l’énergie atomique, même à des fins civiles, en dehors de leur contrôle.

Il reste l’exception pakistanaise, mais il faut désormais s’attendre à ce qu’il y soit mis bon ordre, à l’emporte-pièce.

Cette intervention américaine était-elle programmée dès le début? Certainement ! Et même depuis le 7 octobre 2023, on peut affirmer que tout ce qui s’est passé ensuite était programmé. Mais il fallait laisser les villes israéliennes souffrir des dommages de la riposte iranienne afin de convaincre l’opinion américaine de son opportunité. Si c’est bien le cas, force est de constater que plusieurs voix se sont élevées en Amérique même pour dénoncer le caractère illégal d’un acte qui engage leur pays dans une guerre non approuvée préalablement par le Congrès Américain en exposant les vies américaines à des représailles.

Soumission arabe au diktat américano-sioniste

Naturellement, les Sionistes n’ont pas manqué d’applaudir, mais le fait est là: au Moyen-Orient, ce sont une nouvelle fois les thèses favorables au gouvernement israélien qui ont prévalu, et le président américain préfère une guerre de soutien à un pays qui ne cesse de coûter des sommes astronomiques au contribuable américain, du fait d’une politique colonialiste et belliciste, plutôt qu’un accord avec le pays le plus important de la région.

Malgré leur silence et leur soumission au diktat américano-sioniste, les pays arabes se retrouvent bel et bien dans l’œil du cyclone. D’aucuns ont même annoncé la prochaine cible: l’Algérie!

Quoi qu’il en soit, dans le monde actuel, le tandem israélo américain avec sa politique impérialiste démontre une nouvelle fois que le rêve d’indépendance et d’intégrité territoriale des Etats arabes et musulmans, et même de tous les pays, demeurera vain tant qu’ils n’auront pas acquis l’arme nucléaire et le savoir nécessaire pour le faire. 

* Médecin de libre pratique.  

** Donald Trump a annoncé tôt ce dimanche 22 juin sur X que les États-Unis ont mené une attaque « très réussie » sur trois sites nucléaires iraniens, Fordo, Natanz, et Ispahan, larguant une « charge complète de bombes » sur celui de Fordo. Les bombardiers B-2 qui ont mené l’opération avaient décollé d’une base américaine au-dessus du Pacifique.

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La croisade de l’Occident et d’Israël contre les Musulmans

20. Juni 2025 um 09:16

Ce que les Israéliens sont en train d’expérimenter dans la douleur et l’indignation depuis le début de leur attaque militaire contre l’Iran, il y a une semaine, c’est le principe de réciprocité qui régit pourtant habituellement les relations humaines, individuelles et collectives, et que leur dédain vis-à-vis de leurs voisins leur aurait peut-être fait oublier.

Jamila Ben Mustapha *

Le suprémacisme dont ils sont imbus les aurait-il ainsi poussés à l’erreur en leur faisant croire qu’ils allaient pouvoir, en attaquant l’Iran, réaliser leur habituelle victoire rapide et facile sur un pays musulman ?

Et voilà que ce peuple anciennement persécuté n’a aucun problème à devenir le peuple actuellement le plus persécuteur vis-à-vis de ses voisins et le plus méprisant à l’égard du droit international, élaboré pourtant par et pour les pays dits «civilisés».

Israël a le droit… d’attaquer !

Ses alliés, aveuglés par un soutien inconditionnel, en sont venus à inverser les choses et faire une confusion sémantique entre les notions pourtant nettement opposées  d’«attaque» et de «défense». Alors que c’est ce pays qui a clairement déclenché les hostilités contre l’Iran, voilà que le président français Emmanuel Macron lance la phrase -mantra : «Israël a le droit de se défendre»; pourtant, il est clair comme le jour que c’est lui qui est le pays agresseur.

Quant au président américain Donald Trump, il se demande tout haut et devant le monde entier s’il va ou non faire tuer l’ayatollah Ali Khamenei. Imaginons un instant le président d’un pays musulman exprimant son désir de faire exécuter un homme politique qu’il considère comme un ennemi. On le traiterait, pour le moins, de dictateur sous-développé et de personne peu civilisée. Pourtant, l’affirmation de Trump n’a suscité aucune indignation collective; et face à cet appel décomplexé au meurtre d’un responsable précis venant du chef d’un pays puissant, on peut légitimement se poser la question suivante, en ce début du XXIe siècle : «Où allons-nous ?»

Les contradictions de l’Occident prédateur

Quant à l’Occident, qui compte par ailleurs des personnalités sincèrement humanistes, on pourrait le définir de façon synthétique comme la contradiction vivante entre la valorisation qu’il fait de valeurs humaines dites universelles mais qu’il n’applique qu’à lui-même, et une attitude pratique prédatrice vis-à-vis du reste du monde et dont on évoquera rapidement les grands moments : l’éradication des Indiens pour leur prendre leurs terres en Amérique, l’esclavage des Noirs auquel nous, Arabes, avons aussi participé, et la colonisation de vastes régions dont le dernier acte a été la création, aux dépens de voisins forcément hostiles, d’un Etat – Israël – qui le représente au Moyen-Orient, pour se faire pardonner les crimes  du régime allemand nazi vis-à-vis des juifs.

C’est ainsi que les peuples qui paient leur faute à leur place ne sont ni les Allemands, ni les Européens de façon générale, mais ceux des pays musulmans qui n’avaient rien à voir avec les crimes du régime hitlérien.

* Ecrivaine.

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Atouts, défis et perspectives de l’IA en Tunisie

20. Juni 2025 um 08:28

La Tunisie, forte de ses écoles d’ingénieurs, se positionne progressivement comme un pôle émergent de l’intelligence artificielle (IA) en Afrique du Nord. Entre initiatives gouvernementales, écosystème de startups et filiales de grands groupes, le pays dispose d’un terreau favorable pour développer des solutions innovantes basées sur l’IA.

Aymen Achouri *

Parmi les points forts du marché tunisien de l’IA, il y a donc, d’abord, le capital humain et les formations spécialisées.

Les universités et écoles d’ingénieurs tunisiennes (Enit, Ihec, Insat…) offrent désormais des cursus dédiés au machine learning, au traitement du signal et à la data science. Des académies privées comme Gomycode complètent cette offre en proposant des bootcamps intensifs pour former rapidement des développeurs IA.

Il y a ensuite le cadre incitatif pour les startups. L’adoption du Startup Act a facilité la création et le financement d’entreprises technologiques. Les incubateurs (Carthage Business Angels, Startup Garage…) accompagnent de nombreux porteurs de projets IA, favorisant le prototypage et la mise sur le marché rapide.

Autre point fort, plusieurs acteurs tunisiens nouent des partenariats avec des laboratoires européens ou nord-américains. Ainsi, la startup InstaDeep, fondée à Tunis, collabore avec Google DeepMind pour concevoir des algorithmes de décision avancés et a connu une forte croissance internationale.

Les grands acteurs de l’IA en Tunisie

Parmi les entreprises tunisiennes phares de l’IA, on citera Ekara by IP-Label, filiale d’IP-Label. Spécialisée dans la supervision de la performance digitale, Ekara exploite des algorithmes d’apprentissage automatique pour anticiper les anomalies et optimiser la qualité de service web.

Il y a aussi InstaDeep, déjà citée, fondée à Tunis et qui est désormais présente à Londres et à Berlin. Elle développe des solutions d’IA applicables à la logistique, à la santé et aux énergies renouvelables. Son expertise en reinforcement learning est reconnue mondialement.

Vermeg est un autre acteur important de l’écosystème. Spécialiste des logiciels financiers, le société a son centre de R&D en Tunisie où elle intègre des modules d’IA pour la détection de fraudes et la gestion automatisée des risques.

DataVizz est unestartup locale qui propose des plateformes de visualisation et d’analyse prédictive pour les PME tunisiennes, facilitant la prise de décision à partir de données métier.

Il y a beaucoup d’autres startups très actives en Tunisie et dont certaines parviennent à lever des fonds et à établir des partenariats avec de grands acteurs internationaux de l’IA, mais on ne peut toutes les citer dans cet article.

Les défis qui restent à relever  

L’écosystème technologique est en place et ne manque pas d’atouts, mais il reste beaucoup de défis relever et d’obstacle à surmonter. Le principal défi est celui de la fuite des talents, qui prend de plus en plus d’ampleur. Un grand nombre de diplômés est attiré par des salaires et des conditions de travail plus avantageux à l’étranger, notamment en France et au Canada.

Autre défi et pas des moindres, l’adoption limitée de l’IA dans le secteur public. En effet, les administrations et les industries traditionnelles tardent à intégrer l’IA, freinées par un manque d’infrastructures, de moyens financiers et de culture numérique.

Le besoin de formation continue

Les technologies évoluent très rapidement : il est essentiel de renforcer la formation continue (Mooc, certifications, ateliers pratiques) pour maintenir les compétences à jour.

La Tunisie possède déjà des réussites remarquables en IA, grâce à l’énergie de ses jeunes ingénieurs et à l’engagement d’acteurs comme Ekara by IP-Label, InstaDeep ou Vermeg.

Pour transformer ces succès en un véritable écosystème durable, il convient de continuer à investir dans la formation, de soutenir l’industrialisation des projets IA et de créer davantage de synergies entre le secteur privé, les universités et les institutions publiques.

Ainsi, la Tunisie pourra consolider son statut de hub régional de l’intelligence artificielle.

* Expert en management, relation et coaching client.

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La loi déshumanise la société, oui mais la loi divine ou la loi humaine ?

18. Juni 2025 um 09:53

Dans la première partie de cet article une analyse arendtienne du ‘‘Procès’’ de Franz Kafka, était censée nous éclairer sur le malaise sociétal, naturellement sans la prétention de le dissiper, nous a emmené à comprendre qu’avec son usage actuel, la loi nous condamne et nous écrase par la bureaucratie et par le système lui-même, qui s’ingénie à rester inaccessible et indéchiffrable. La loi nous soumet donc de cette façon à un assujettissement indiscutable, la société nous pousse toujours plus à accepter notre sort et ne peut donc être que l’autre instrument de la loi visant à nous asservir. Toutefois, cette analyse n’élucide que partiellement la vraie raison de cet assombrissement général de l’humeur et nous nous proposons donc d’essayer d’étendre un peu plus l’analyse en tentant une approche métaphysique.

Monem Lachkam *  

Ontologiquement ‘‘Le Procès’’ de Kafka est une allégorie de la vie avec ses lois que tout le monde subit, que personne n’a choisie, et auxquelles personne ne peut ni accéder ni échapper. Le désarroi et l’angoisse de Joseph K., le héros, du ‘‘Procès’’ face à cette justice sibylline et abstruse ne sont-ils pas les mêmes qu’on ressent face à cet univers, à cette vie, aux lois qui les régissent et qui nous soumettent sans qu’on puisse rationnellement connaître leurs origines, leurs initiateurs ni leur sens ?

Par voie d’analogie, l’être humain est face à des règles, des dogmes, des normes et des préceptes auxquels il est soumis, qui l’ont précédé, qui lui survivront et qui resteront pour lui abscons, impénétrables et insondables. La mort constitue le principal de ces préceptes, d’où la question fondamentale pour Albert Camus dans ‘‘Le Mythe de Sisyphe’’, sur le suicide : est-ce que la vie vaut la peine d’être vécue ?

Cette impérieuse volonté de comprendre

L’être humain est né sans l’avoir choisi, subira la mort que ça lui convienne ou pas, perdra des proches, subira la maladie et il obéira à des règles fixées d’avance sans avoir la possibilité de les discuter, de les comprendre et ne pourra donc jamais contester ce qu’il n’a jamais consenti. Ça me rappellera toujours une amie très chère, qui boude le bon dieu pour avoir créé la mort.

Il est vrai que d’avoir à subir des règles dont on ignore l’origine et le fondement puisse paraître dénué de sens. Le sens des choses est bien entendu une quête universelle et chacun d’entre nous cherche à donner un sens aux choses de la vie. Le plus commun et ce que certains qualifient du plus trivial, est de se fier et de se reposer sur la religion. Ceux qui veulent comprendre sans être obligés de passer par le confort théologique, ils s’embarquent forcément dans ce que Camus qualifie de «l’absurde» et qui n’est autre que cette impérieuse volonté de comprendre devant un univers impénétrable.

J’ai toujours respecté et je dirais même admiré mes amis athées car j’ai toujours pensé que le vrai courage était de choisir la lucidité quand l’aveuglement est plus commode.

Pour qu’il n’y ait pas de méprise, ceci n’est en rien un réquisitoire contre les croyants ou du moins pas tous. Cette admiration n’est pas non plus pour tous les athées, en tout cas pas pour ceux qui se sont arrêtés à la négation. Cette catégorie de personne, celui qui assimile tout en bloc et que Kafka appelle «le résigné», et les athées passifs, sont en général les plus subversifs et je ne pense pas prendre un énorme risque d’erreur en affirmant qu’ils constituent la majorité citoyenne sous nos cieux.

Le résigné accepte mal les échanges, il est d’autant plus agressif que doté d’une croyance qu’il sait fragile et son agressivité traduit souvent la peur d’être déstabilisé et que sa foi ne soit irrémédiablement ébréchée.

L’athée passif est une personne qui assimile la négation généralement par influence ou par commodité partisane, pensant qu’il suffisait de tout remettre en question et de tout rejeter sans autre effort mental, que c’est d’ores et déjà l’éminence intellectuelle. Ce sont habituellement les plus rigides, qui croient avoir la science infuse, les plus sardoniques et qui n’ont généralement comme éléments de langage que des truismes et des stéréotypes trop souvent répétées, devenues usées et sans originalités. Ce sont ceux-là mêmes qui tiennent des réflexions du genre : ou dieu existe et qu’il est responsable du mal ou que l’homme est responsable du mal et que dieu n’est pas tout puissant. Les personnes qui tranchent aussi facilement dans un sens ou dans l’autre sont généralement les plus intolérants, les plus sectaires et les plus fanatiques. Ce sont ceux-là mêmes que l’on voit à des heures de grandes écoutes dans les médias, ou devant un grand auditoire, ou même en aparté à s’enflammer et à palabrer en dépréciant, en dénigrant et en pourfendant l’autre, pensant, vraisemblablement par atavisme, que leur valeur est inversement proportionnelle à celle de l’autre.

Je ne dis pas que ces gens-là sont dangereux, mais je dis que le danger et la subversion ont plus de chance de s’épanouir chez celui qui arrive à statuer d’une façon aussi sommaire dans des sujets aussi existentiels et d’être convaincu sans avoir engagé le moindre petit effort afin d’étayer ses convictions, que l’enfer est systématiquement l’autre.

L’absurde est proportionnel à notre avidité de compréhension et de rationnel et inversement à notre disposition à s’accommoder de concepts ne tolérant aucune analyse logique.

Ce que Camus appelle l’absurde et qui n’est autre que cette impérieuse quête de sens de cette vie, devant cet univers irrationnel, passe pour lui par trois étapes : la négation, la révolte et puis l’amour. On est tenté vouloir déductivement exclure d’emblée ceux qui, par identité ou par naissance, ont assimilé un sens à leurs vies, qui les a précédés, qu’ils se sont interdits de discuter et qu’il se sont imposés comme seule alternative, mais là non plus, rien n’est moins certain, car chacun s’accommode à sa façon de ses incertitudes. Cette servitude volontaire est probablement le choix le plus confortable et je ne suis pas sûr que la qualifier d’ignorance sacrée lui convient vraiment !  

Avant de s’étaler dans l’absurde que Kafka avait évoqué avant Camus, sans l’avoir nommé ni théorisé, et avant d’essayer de le comprendre dans notre société méditerranéenne, exposons brièvement ce que Kafka appelle la résignation. 

La parabole de la loi de Kafka, compliquée et complexe, vous donne l’impression qu’elle est écrite pour vous et particulièrement pour certains moments de votre vie : un homme arrive devant la porte de la loi et demande au gardien de le laisser entrer, c’est possible lui explique le gardien mais le moment n’est pas encore venu. Il lui explique aussi qu’une fois dedans, il aura affaire à beaucoup d’autres gardiens et qu’il lui faudra composer avec eux. Il attend alors des années et à la fin de sa vie il pose la question au gardien : mais pourquoi est-ce que pendant tout ce temps je n’ai vu personne entrer ? Mais parce que cette porte était faite pour vous, que maintenant il était trop tard, lui a-t-il dit, et il ferma la porte définitivement et s’en alla. Le désarroi de cet homme était que la loi était faite pour lui et qu’il était puni du fait de lui avoir obéi.

La volonté suprême ou la loi suprême revêt à nos yeux nous les humains un aspect illogique voire magnifiquement absurde mais ce n’est peut-être que notre limite de compréhension qui nous les présente ainsi.

Les résignés sont donc ces personnes qui ont trouvé une religion, une tradition ou une légende, qu’ils ont assimilées intégralement sans se donner la peine de douter, d’envisager un tant soit peu d’autres alternatives ni même d’essayer de se trouver une raison de l’adopter.

Les résignés sont aussi, à mon avis, ceux qui se sont arrêtés à la négation, qui n’ont comme prouesse intellectuelle que de demander à l’autre de prouver ces croyances et qui se sont donc accommodés de leurs totale incompréhension comme d’une fatalité. On a l’impression que leur négation est plus un rejet qu’un besoin de comprendre et qu’ils se sont emprisonnés dans cette négation, qui si elle était saine et qu’elle était suivie du cheminement logique de la raison, aurait donné une révolte qui se serait soldée par ce que Camus appelle l’amour.  

La loi ou les règles nous sont imposées et personne ne peut le nier; la mort nous est imposée et tout ce qu’on peut faire, c’est essayer de comprendre. Les moins malheureux sont ceux qui ont leurs évidences malgré le fond d’incertitude auquel personne n’y échappe, mais ni l’évidence ni le doute ni la négation ne nous empêchent de vivre avec le désarroi et l’angoisse en prime.

L’absurdité d’avoir vécu sans aucune raison

‘‘Le Procès’’ devient alors une métaphore de la vie, qui nous donne la liberté d’agir avec une soumission non choisie au jugement de l’autre selon sa propre compréhension de la loi et avec comme seule certitude notre propre finitude. La vie devient alors cette gigantesque scène où on s’affirme en agissant et où on est jugé pour chaque action. Exister est donc une forme de procès où la société nous juge et nous condamne selon sa propre compréhension de la loi et pour avoir osé exercer notre liberté et donc pour avoir osé vivre. La mort vient alors nous ouvrir les yeux sur l’absurdité d’avoir vécu sans aucune raison, en obéissant à une loi qui n’a été écrite par personne et qui a été revue et amendée par chacun. Par voie de conséquence, le fait qu’elle soit juste ne devient qu’une candide illusion. Le paradoxe tient devient donc à ce choix qui s’impose à nous de se résigner, d’obéir et de vivre comme cet homme qui a attendu des années devant la porte de la loi et qui s’est vu refuser la lumière, ou se révolter contre une loi dédaléenne avec le risque de devenir indéniablement fou et qui ne le deviendrait pas en se révoltant contre la mort ?

Ce combat n’est pas très différent de celui de Meursault dans ‘‘L’étranger’’ de Camus, qui a été condamné à la peine capitale pour avoir tué accidentellement un homme, non pas principalement pour son acte mais surtout parce qu’il n’a pas pleuré aux funérailles de sa mère et pour ne pas avoir exprimé de remord. Il a accepté son jugement quand il finit par intégrer l’absurdité de sa situation.

Kafka avait déjà introduit la notion de l’absurde que Camus définit comme étant la confrontation entre cet univers et ces lois irrationnelles et ce désir éperdu de clarté dont l’appel résonne au plus profond de l’homme.

Le sens de la vie n’a jamais ou très peu posé de problème pour un monde où chacun s’est trouvé son dieu créateur, car le sens de la création est admis, c’est la genèse, le bien et le mal et même les catastrophes naturelles rentreraient dans ce cadre en contribuant d’une certaine manière au schéma de l’existence.

Le sens de la vie et sa raison deviennent la question originelle dès lors que dieu est déclaré mort comme l’a décrété Nietzsche. L’absurde est donc la prise de conscience de l’absence de sens de ce monde, on est à la recherche d’un sens à notre vie mais dans l’impossibilité d’en trouver. Vient alors la révolte qui n’est autre que le refus de l’indifférence face à cette absence de sens. La révolte ne nie pas l’absurdité mais la transcende en la rendant humaine. Vient alors l’amour comme source d’espoir et comme dépassement de l’égoïsme, c’est ce qui permettrait de se sortir de l’isolement et de la solitude.

Le problème de la révolte chez Camus est qu’il l’a décidée absolue. Elle ne peut pas se solder par la découverte d’un sens à la vie, il l’exclut catégoriquement. Il a traité Jaspers et Kierkegaard d’apôtres de la pensée humiliée pour avoir dit, le premier : «L’échec ne montre-t-il pas, au-delà de toute explication et de toute interprétation possible, non le néant mais l’être de la transcendance ?» Et le deuxième pour avoir réclamé le troisième sacrifice, exigé par Ignace, celui dont Dieu se réjouit le plus : «le sacrifice de l’Intellect».

Pourquoi exclure irrévocablement la possibilité de trouver un sens à la vie ou une logique à ses croyances ? Jaspers, Kierkegaard et Chestov, il est vrai, donnent plutôt l’impression d’avoir abdiqué mais non pas sans une certaine logique. Sinon quelle serait la logique dans un univers censé constitué de 95 % de matière et d’énergie noire, qu’on appelle noire uniquement parce qu’on ne peut pas la voir et qu’on n’a aucune preuve de son existence ? L’existence de cette énergie noire est admise par la quasi-totalité des scientifiques malgré qu’elle ne soit que le fruit de déductions, démontrée par des formules abstraites afin d’expliquer maints phénomènes, tels que la gravité qui maintient l’équilibre cosmique et la complexité de la vitesse d’expansion de l’univers, sans que son existence ne soit jamais démontrée. Elle le sera très probablement un jour, comme l’ont été les trous noirs annoncés en 1916 et observées directement la première fois en 2016. Et le déiste de Michio Kaku, qui pense avoir trouvé la preuve de l’existence de dieu, n’est pas un apôtre de la pensée humiliée, osons l’espérer ! ?

Une philosophie séduisante de la vie

L’absurde de Camus reste une philosophie séduisante de la vie, en dehors du fait qu’elle ne soit parfois dans une exclusion qui ne souffre le moindre petit doute. Décider de l’impossibilité totale et définitive d’accéder d’une manière logique ou scientifique aux mystères de la vie, si on y consent, ne peut que brider la liberté et l’intelligence humaine. N’envisager que l’amour comme issue n’est pas loin de l’idée du surhomme de Nietzsche avec les ambiguïtés en moins, surtout que ‘‘Le Mythe de Sisyphe’’ a vu le jour en 1942, et qu’à l’époque l’idée du surhomme a été crucialement salie par les véhémences nazies. 

Croire ou ne pas croire n’est pas un choix ni le fruit d’une réflexion pour tout le monde. Quand on a choisi de s’engager dans une longue quête à la recherche d’un sens à la vie, quelle qu’en soit l’issue, cette recherche ne peut qu’être que saine et riche, parce qu’elle est née d’un doute, construite sur le doute et restera bénie par le doute.

La résignation et l’assimilation d’une croyance ou la négation réactionnelle, par un oppositionnisme quasi morbide sans véritable réflexion ni approfondissement, sont à l’origine de ce qu’il y a de plus mauvais chez l’être humain. Les élus de cette calamité sont généralement reconnaissables à leur ouïe partiale, étroite et irritable, à leurs convictions à peine voilées que, plutôt que de les agacer avec de futiles palabres, on devrait profiter et apprendre tant qu’ils sont là et à leurs répliques qui se résument à peu près à des aphorismes de salon.

Quant à mon amie qui punit le bon dieu pour avoir créé la mort, je ne sais pas si c’est une résignée qui accepte l’idée d’un créateur et chose curieuse elle compose avec lui d’égal à égal, si elle est dans une négation tronquée ou si ce n’est qu’une révoltée qui s’accommode avec ce que Camus appelle la pensée humiliée. Je ne lui ferai naturellement pas l’affront d’essayer de la classer mais je pense que dans l’absurde de Camus, on ne peut raisonnablement se figurer, plus absurde. Et je ne peux pas finir sans lui citer l’ange Gersade dans ‘‘Zadig’’ de Voltaire qui dit : «Selon les ordres immuables de celui qui embrasse tous, il n’y a point de hasard, tout est épreuve, punition, récompense ou prévoyance, s’il n’y avait que du bien et point de mal, cette terre serait une autre terre.»

* Chirurgien à Gafsa.  

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Gaza, Ukraine, Iran │ Répétition tragique des erreurs du passé

18. Juni 2025 um 08:34

«Tout paraît comme un clou pour celui qui ne possède qu’un marteau.» Cette maxime attribuée au psychologue Abraham Maslow résume avec acuité l’impasse d’une vision du monde où la force militaire devient la seule réponse aux défis de notre temps. Ce que nous observons aujourd’hui, tant dans l’escalade entre la Russie et l’Ukraine, Israël et l’Iran, qu’à Gaza, illustre l’échec retentissant de cette réponse, ressuscitée sans nuance par le nouveau locataire de la Maison-Blanche.

Khemais Gharbi *

L’idée selon laquelle on pourrait imposer la paix par la force est une illusion ancienne, dangereuse et profondément incompatible avec les principes du droit international. Elle ne produit ni sécurité ni stabilité, mais bien l’inverse : la haine, la destruction, et les germes de nouveaux conflits.

Mais cette croyance n’est pas neuve. Elle a déjà conduit au désastre. L’histoire nous en a laissé une leçon amère : les Accords de Munich de 1938.

Munich 1938 : la paix par la soumission à la force

En 1938, face aux exigences d’Adolf Hitler d’annexer les Sudètes et d’expulser les populations tchèques de ces régions, les dirigeants britanniques et français ont cru préserver la paix en cédant à ses pressions.

Neville Chamberlain, Premier ministre britannique, pensait avoir évité la guerre en sacrifiant la souveraineté tchécoslovaque. Il revenait de Munich en déclarant avoir obtenu la «paix pour notre temps». En réalité, il n’avait obtenu que la soumission au fait accompli de la force.

C’est alors que Winston Churchill prononça cette réplique restée dans l’histoire : «Vous aviez le choix entre le déshonneur et la guerre. Vous avez choisi le déshonneur, et vous aurez la guerre.»

Ces mots sont d’une justesse tragique. L’Europe avait voulu préserver la paix à tout prix, même au prix de l’abandon du droit et de la justice. Elle a eu l’humiliation… et la guerre, en moins d’un an.

2025 : le retour de la politique de la canonnière

En six mois, la politique étrangère américaine, marquée par la menace permanente de la force, a produit des résultats accablants :

– la perpétuation du génocide à Gaza, amorcé avant la réélection du président, avec 160 000 Palestiniens morts ou blessés, une population exsangue privée d’abris, de nourriture, d’eau, d’hôpitaux, de soins, de perspectives;

– une nouvelle région en flammes, avec l’entrée dans une phase ouverte du conflit armé entre l’Iran et Israël, porteur de conséquences potentiellement dévastatrices à l’échelle mondiale.

Tout cela n’a apporté ni sécurité, ni paix, ni règlement durable. La violence engendre la violence. Et les peuples d’aujourd’hui ne sont plus désarmés comme en 1938 : la disproportion militaire est bien moins certaine, et la spirale de l’armement et de la violence peut rapidement devenir incontrôlable.

Ni Dôme de Fer, ni Dôme d’Acier ne pourront garantir une sécurité totale. Seul le dôme de la paix, invisible mais solide, peut protéger durablement un peuple — en assurant des relations stables avec ses voisins, fondées non sur la peur ou la domination, mais sur le respect mutuel.

Un pays ne peut durablement vivre en sécurité si ses voisins vivent dans l’humiliation, la peur de l’expulsion, ou la contamination permanente par des conflits qu’on leur impose. La puissance militaire ne doit pas devenir un permis d’annexer, de mépriser, ni de déplacer les problèmes au-delà de ses frontières.

Aucune ville, si fortifiée soit-elle, n’est à l’abri de la folie humaine. Le monde entier se souvient des tours jumelles de New York, frappées au cœur d’un pays que l’on croyait inattaquable. Aujourd’hui, en voyant des villes du Moyen-Orient rivaliser en ruines, qui aurait cru que Tel-Aviv et Jabaliya puissent, à terme, se refléter l’une dans l’autre — non dans la paix, mais dans la désolation ? Qui aurait imaginé que la guerre puisse faire ressembler des ennemis par le bas, jusque dans leurs décombres et leurs abris souterrains ?

C’est cela, le paradoxe cruel de la force : elle détruit l’autre… mais finit toujours par se retourner contre soi.

Le droit, seule base d’une paix durable

Il ne peut y avoir de paix durable sans le respect du droit. Pas de solution aux problèmes complexes sans concessions réciproques.

La seule voie de sortie viable réside dans le dialogue, la diplomatie, les accords multilatéraux, le respect du droit international et des résolutions de l’Onu.

Les peuples n’aspirent pas à mourir sous les bombes. Ils veulent vivre. Ils veulent consacrer leur énergie aux véritables périls de notre temps :

– les catastrophes climatiques;

– les pandémies;

– les inégalités croissantes.

La politique du Far West — celle du revolver posé sur le pupitre de justice — comme dans la bande dessinée de Lucky Luke, est une caricature du droit. C’est le règne de l’arbitraire, où la loi est inversée, comme ce juge qui lit son code à l’envers, revolver à la main.

Cette époque doit être révolue. La force brute ne construit rien de solide.

En 1938, le monde a choisi l’illusion de la paix par la soumission à la force. Il a reçu la guerre en retour.

En 2025, il est encore temps d’éviter la même erreur. La paix ne se construit pas par la force. Elle se bâtit avec le droit, la justice, et le courage de parler — même à ses ennemis.

La paix imposée par la force n’est qu’un mirage : elle sacrifie le droit sans jamais garantir la paix. Il est temps d’inverser les priorités — puiser notre force dans le droit et la justice, pour bâtir une paix digne… et dans l’honneur.

Ecrivain et traducteur.

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Israël-Iran │Les Etats-Unis vont-ils être acculés à s’engager dans la guerre ?

17. Juni 2025 um 10:48

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, plus l’Iran inonde Israël de missiles en semant la terreur parmi les Israéliens et plus il s’engage dans une dynamique qui fera passer son conflit avec Israël à une confrontation militaire et diplomatique avec les Etats-Unis d’Amérique et les autres pays de l’Alliance Atlantique. (Ph. Explosion lors d’une attaque de missiles iraniens à Tel Aviv, le 13 juin 2025).

Elyes Kasri *

La pluie de missiles iraniens sur Tel Aviv, Haïfa et d’autres sites économiques et militaires israéliens constitue une première dans l’histoire moderne du Moyen Orient et suscite une grande excitation chez ceux qui ont été longtemps exaspérés par l’impunité dont a longtemps bénéficié Israël avec sa politique devenue ouvertement raciste, génocidaire et au-dessus de tout droit international et de toute morale humaine.

Il faut toutefois se rendre à l’évidence que, depuis le coup fatal du 13 juin 2025 qui a vu Israël décapiter le système de défense anti-aérienne et le commandement militaire iranien, en plus de l’élite des scientifiques nucléaires, toute riposte iranienne aux provocations israéliennes ne fait que renforcer la main du criminel de guerre Benjamin Netanyahu dans le plus important aspect de ce conflit qu’est l’engagement direct des Etats-Unis d’Amérique dans un conflit ouvert avec l’Iran.

Un conflit aux conséquences imprévisibles

Si plusieurs présidents américains ont résisté à cette manœuvre israélienne, Donald Trump, avec son credo «America First» et sa promesse de ne pas engager les Etats-Unis dans une guerre extérieure, semblait être le plus réfractaire à toute implication ouverte dans un conflit aux conséquences imprévisibles.

Toutefois, le diabolique Netanyahu semble, avec l’aide d’un régime iranien en désarroi et aux prises à de sérieuses remises en question internes, sur le point de forcer la main à Trump et créer une atmosphère de menace existentielle à l’Etat juif pour justifier une intervention américaine et même de l’Otan. Les pays membres de l’Alliance Atlantique seraient trop contents de voir la présidence américaine renoncer à sa tentation isolationniste pacifiste avec ses implications sur le théâtre européen et russo-ukrainien.

En conclusion, l’Iran a perdu une grande bataille le 13 juin et risque, avec ses tirs de missiles dont la valeur stratégique est inversement proportionnelle à leur effet psychologique immédiat, de perdre la guerre non seulement en étant obligé de renoncer définitivement à son ambition nucléaire mais en tombant dans une phase d’instabilité politique et un processus séparatiste qui pourrait aboutir à l’éclatement de l’Iran moderne en plusieurs provinces autonomes ou carrément des Etats ethniques indépendants.

Donald Trump dans l’expectative

En gagnant certains aspects de la guerre d’image, l’Iran a perdu l’initiative militaire et diplomatique et joue dorénavant dans un carré qui lui est tracé par Netanyahu et les pays de l’Otan désireux d’affaiblir le président américain Trump en le forçant à renoncer à son refus de s’engager dans des guerres extérieures et à être rejeté par son électorat Maga (Make America Great Again) pour le faire revenir à de meilleurs sentiments bellicistes et militaristes.

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, plus l’Iran inonde Israël de missiles en semant la terreur parmi les Israéliens et plus il s’engage dans une dynamique qui fera passer son conflit avec Israël à une confrontation militaire et diplomatique avec les Etats-Unis d’Amérique et les autres pays de l’Alliance Atlantique.

* Ancien ambassadeur.

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Guerre Israël-Iran │ Netanyahu plutôt maussade

15. Juni 2025 um 07:45

Le gouvernement israélien actuel, ambitieux, partisan et fanatique, qui ne comprend le monde qu’à travers sa frénésie, selon la fameuse expression du Général De Gaulle, a jugé bon de bombarder par surprise les installations nucléaires et militaires situées sur le territoire iranien, en pensant riposter aux douloureuses piqûres de moustiques des Houthis. Une réussite du Mossad? Il se confirme que c’est quand il est acculé que le Premier ministre israélien tente ses coups les plus risqués.  (Ph.  Bâtiments détruits par des missiles iraniens, à Ramat Gan, en Israël, le 14 juin 2025. © Reuters/Ronen Zvulun).

Dr Mounir Hanablia *

L’Iran a riposté par ses missiles balistiques et ses drones qui ont frappé Tel Aviv et Haïfa. Désormais, c’est la guerre ouverte entre les deux pays. Naturellement, l’état sioniste bénéficie de l’aide militaire et médiatique inconditionnelle de l’Occident et le résultat de la guerre ne fait pas de doute, même si elle se prolonge.

Finis les morts de Gaza; oubliés et enterrés !  Cependant c’est l’ampleur des dégâts que l’Iran infligera à l’agresseur qui risque d’être déterminante lors des discussions qui fatalement mettront un terme au conflit. Les Iraniens seront-ils ou non capables, à défaut d’éliminer les dirigeants ennemis, d’atteindre la centrale nucléaire Dimona et les installations gazières israéliennes en Méditerranée? 

Un pion dans le jeu américain

Il existe néanmoins une certitude. Le rêve israélien de devenir une grande puissance dont les tentacules s’étendent du golfe d’Oman jusqu’à la Méditerranée avec un Moyen-Orient à sa botte a vécu. Et Israël demeurera un pion dans le jeu américain, certes important, mais un pion tout de même dont la dépendance vis-à-vis de son puissant parrain ne cesse de croître. Et en fin de compte c’est avec Téhéran que les Américains finiront par discuter, parce que l’Iran est un pays qui n’est pas arabe, parce qu’il est chiite, parce qu’il est bien plus important géopolitiquement, et parce qu’il est rompu aux subtilités de la négociation.

Quant aux F 35 de fabrication américaine que Téhéran affirme avoir abattus, le plus plausible est que ce type d’appareil n’a pas besoin d’être atteint pour s’écraser. Il est notoire que son avionique est tellement sophistiquée que son utilisation nécessite un environnement météo particulier que les conditions prévalant au-dessus du désert iranien ne favorisent certainement pas. La plupart du temps, le F 35 est immobilisé au sol pour des nécessités d’entretien.

Alliances régionales

Les difficultés israéliennes, prévisibles après les performances de l’armée à Gaza, semblent se confirmer puisque Netanyahu, maussade, demande désormais au peuple iranien, autrement dit les minorités kurde, baloutche, et azerbaidjanaise, de se soulever pour recouvrir sa liberté, et de faire le travail à sa place,  puisqu’il est douteux qu’il soit entendu par les Persans. L’avenir dira si ceux qui ont déjà été abandonnés dans le jeu des alliances régionales, feront confiance au moins fiable des alliés de la région.  

* Médecin de libre pratique.

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Alors que la RAM décolle, Tunisair stagne dans une léthargie inquiétante  

14. Juni 2025 um 08:14

Alors que certains ses voisins avancent à pas sûrs vers l’avenir, la Tunisie semble résolument attachée à une vision figée de son transport aérien. Le monde se réinvente autour de nous, mais Tunisair s’arc-boute sur un modèle dépassé, sans anticipation ni ambition, ce qui lui vaut (et nous vaut) une marginalisation progressive sur les plans régional et international.

Leith Lakhoua *

Dernière illustration en date : l’annonce par Royal Air Maroc (RAM) d’un projet d’envergure pour renouveler et élargir sa flotte. La compagnie marocaine est sur le point de conclure une commande colossale de près de 14 milliards de dollars, comprenant : 24 Boeing 787 Dreamliner pour ses vols long-courrier; jusqu’à 50 Boeing 737 pour les lignes court-courriers ; et 20 Airbus A220 pour les dessertes régionales.

La RAM déploie ses ailes

Ce plan s’inscrit dans une stratégie claire et assumée du royaume chérifien : faire du Maroc un hub aérien de premier plan en Afrique de l’Ouest. Tout est pensé dans une logique de connectivité régionale, de compétitivité internationale et de rayonnement économique.

Et nous, en Tunisie ? Du côté de Tunisair, c’est le silence radio. Aucun plan connu. Aucun signal fort. Aucune stratégie publique digne de ce nom. La compagnie nationale, autrefois fleuron régional, stagne dans une léthargie inquiétante, prise en étau entre une flotte vieillissante, des problèmes structurels chroniques et un immobilisme politique confondant.

Tunisair clouée au sol

Les années passent, les gouvernements se succèdent, les promesses s’accumulent, mais rien ne change vraiment. Pire, alors que le monde se réinvente autour de nous, Tunisair semble s’arc-bouter sur un modèle dépassé, sans anticipation ni ambition.

À qui incombe cette responsabilité ?

Il serait trop facile de la faire peser uniquement sur les directions successives de Tunisair. La responsabilité est collective et politique.

Elle est celle des ministères concernés qui n’ont pas su ou voulu bâtir une vision nationale de l’aviation civile; de l’État actionnaire qui, au lieu de soutenir une réforme courageuse, a trop longtemps maintenu la compagnie sous perfusion sans réelle restructuration; des partenaires sociaux, parfois arc-boutés sur des positions rigides, qui freinent toute évolution; et, enfin, celle de l’élite politique, incapable de faire de l’aviation civile un levier stratégique pour le tourisme, le commerce et la diplomatie tunisiennes.

Le contraste avec le Maroc est cruel. Tandis que Casablanca s’équipe pour devenir une plateforme aérienne moderne et ambitieuse, Tunis semble accepter une marginalisation progressive, y compris dans son propre espace géographique.

Il est encore temps d’agir. Mais pour cela, il faut du courage politique, une vision long terme, et une volonté de rupture avec les habitudes du passé. La Tunisie a les compétences, les talents et la position géographique pour redevenir un acteur majeur du transport aérien en Méditerranée et en Afrique.

Encore faut-il s’en donner les moyens. Sinon, nous continuerons à regarder nos voisins décoller… pendant que nous restons cloués au sol.

* Consultant en organisation industrielle et logistique.  

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Vers un renforcement de la coopération militaire entre la Tunisie et l’Italie 

13. Juni 2025 um 09:05

La coopération entre les armées tunisienne et italienne et la diversification de ses axes d’intervention ont été au cœur de la rencontre, le 12 juin 2025, à Tunis, entre le ministre de la Défense, Khaled Shili, et le général Carmine Masiello, chef d’état-major de l’armée de terre italienne, au siège du ministère.

Selon un communiqué du ministère de la Défense, M. Shili a salué les liens d’amitié historiques et de qualité entre la Tunisie et l’Italie, notamment ces dernières années, réaffirmés lors de la rencontre avec son homologue italien à l’occasion de la clôture de la réunion de la Commission militaire mixte tuniso-italienne.

«Les deux parties partagent une vision commune de la paix dans la région et une volonté commune de relever les défis actuels», poursuit le communiqué.

À cette occasion, M. Shili a exprimé l’espoir de voir cette coopération évoluer vers un partenariat continu et fructueux entre les deux pays amis, notamment dans les domaines de la formation, des exercices conjoints, de la santé militaire, de l’hydrographie et des projets de développement. Le ministre Shili a ensuite souligné l’importance d’assurer la mise en œuvre des programmes de coopération bilatérale, compte tenu des opportunités qu’ils offrent pour renforcer davantage cette coopération, notamment dans le développement des capacités opérationnelles des armées des deux pays dans un climat de confiance et de respect mutuels.

Shili a également salué les efforts de la partie italienne et le soutien apporté à la réalisation et au lancement de projets intégrés dans les zones désertiques, tels que la revitalisation des régions de Rjim Maâtoug et d’El-Modeth (gouvernorat de Kébili), deux exemples réussis de projets de développement intégré.

Grâce au financement italien, ces projets ont transformé la zone, autrefois désertique et aride, en oasis de palmiers et zones habitées offrant une vie digne à leurs habitants.

De son côté, Masiello a exprimé sa profonde appréciation pour le niveau de coopération tuniso-italienne dans le domaine militaire, affirmant la volonté de l’Italie de poursuivre ses efforts pour élargir son champ d’action afin d’améliorer les capacités opérationnelles des institutions militaires des deux pays et de servir les intérêts des deux peuples amis.

Le chef d’état-major de l’armée tunisienne et l’ambassadeur d’Italie en Tunisie, Alessandro Prunas, ont assisté à la réunion.

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Un souffle d’honneur sur la route de Rafah

12. Juni 2025 um 08:46

«L’humanité commence dans l’homme par le désintéressement», écrivait Amiel. Il n’est de plus grande noblesse que de voir un être humain se lever pour en secourir un autre. Plonger dans les flots pour sauver un naufragé, courir dans une maison en flammes pour en extraire un enfant ou une personne âgée — ces gestes, par leur simplicité héroïque, nous rappellent ce qu’il y a de plus grand en nous. Car sauver l’autre, c’est au fond sauver soi-même. C’est préserver en nous la part humaine, celle que l’égoïsme et l’indifférence s’emploient chaque jour à ronger.

Khémaïs Gharbi *

Ce sursaut d’humanité, nous le voyons aujourd’hui prendre forme dans une initiative concrète, modeste peut-être en apparence, mais immense par la portée symbolique qu’elle recèle : une caravane de solidarité est partie de Tunis, avec à son bord des citoyens tunisiens, algériens, marocains, mauritaniens — et bientôt des Libyens — unis par la seule force de leur conscience et de leur cœur. Leur destination : le poste-frontière de  Rafah, entre l’Égypte et Gaza.

Ils ne transportent pas des armes, ni des discours creux. Ils portent avec eux ce que les peuples opprimés attendent le plus du reste du monde : une preuve que leur souffrance n’est pas invisible. Une main tendue. Un regard fraternel. Un cri qui rompt le silence.

Les peuples se lèvent

Depuis plus d’un an, Gaza endure l’insoutenable : famine organisée, blocus total de nourriture, de médicaments, de soins, de logement… et des bombardements quotidiens qui ont déjà fait plus de 160 000 morts et blessés.

Face à ce martyre, les grandes puissances — celles qui ont les moyens d’agir — restent paralysées par des calculs géopolitiques ou des intérêts sordidement matériels. Mais les peuples, eux, ne se taisent pas. Ils se lèvent. Comme toujours dans l’Histoire, ce sont les anonymes, les sans-grades, les consciences éveillées, qui répondent présents.

Partout en Europe et au-delà, des manifestations massives ont dénoncé le blocus de Gaza, l’occupation israélienne, le génocide en cours, et le silence complice des institutions internationales. À peine le bateau Maddalena avait-il été intercepté par l’armée israélienne qu’une nouvelle initiative s’est mise en route, cette fois par voie terrestre.

Un devoir moral

À Tunis, des femmes et des hommes se sont rassemblés, ont formé une caravane, et pris la direction de la Libye avec un seul but : rejoindre Rafah, non pour «briser» le blocus — ils n’en ont pas les moyens — mais pour dire que Gaza n’est pas seule. Pour rappeler que la solidarité est un devoir moral avant d’être un acte politique. Pour raviver cette flamme humaine qui refuse de s’éteindre, même sous les gravats.

Ce geste est beau. Il est simple. Et il est profondément politique, au sens le plus noble du mot. Il est l’écho d’une tradition ancienne, où l’on allait, sans calcul, secourir ou réconforter l’autre parce qu’il est notre semblable.

À cette caravane, nous disons merci. Merci de nous rappeler que l’honneur n’est pas mort. Merci de réaffirmer, dans un monde de plus en plus indifférent, que l’humanité est encore capable d’élans désintéressés. Puissent vos pas faire vibrer les consciences. Et si vous n’êtes pas autorisés à entrer à Gaza, sachez que vous êtes déjà entrés dans le cœur de ceux qui gardent foi en la justice et en la dignité humaine.

* Ecrivain et traducteur.

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La finance mondiale au service des guerres sans fin

11. Juni 2025 um 13:09

Et si la guerre n’était plus seulement l’échec de la diplomatie, mais aussi la réussite silencieuse des marchés financiers ? Dans un monde où les conflits ne sont plus des accidents, mais des variables intégrées aux modèles financiers, il devient urgent de comprendre comment la logique spéculative façonne les dynamiques de sécurité globale. Ce n’est pas une dénonciation, mais une mise en lumière : celle d’un capitalisme contemporain où la paix semble coûter plus cher que la guerre, où les armes ne sont plus seulement des instruments de dissuasion mais des actifs financiers à part entière, et où la géopolitique dialogue en permanence avec les stratégies d’investissement.

Ould Amar Yahya *

Dans un monde façonné par les flux de capitaux, les arbitrages budgétaires et les réseaux d’influence, une question s’impose : jusqu’où la finance internationale contribue-t-elle à entretenir la logique des guerres sans fin?

Défendre sans agresser : les dilemmes stratégiques

Certes, dans un monde où la souveraineté des nations peut être menacée par des agressions extérieures, développer une capacité autonome de production d’armements revêt une importance stratégique majeure. Ce n’est pas une fuite en avant militariste, mais un impératif moral, politique et économique : assurer la sécurité de ses citoyens, défendre les principes de liberté, protéger l’intégrité territoriale, dissuader toute velléité d’invasion et favoriser le développement économique. Lorsqu’une guerre est imposée, la capacité à se défendre avec efficacité devient une condition de survie nationale, mais aussi un acte de responsabilité à l’égard de l’ordre international. Dans ce contexte, produire des armes, c’est refuser la dépendance et affirmer que la paix, parfois, se construit aussi par la force de la dissuasion.

Le capitalisme de guerre : une mécanique bien huilée

Mais cette logique défensive ne saurait en aucun cas justifier que l’on déclenche ou prolonge des guerres à des fins lucratives. Faire de la guerre un simple vecteur de profit, une variable d’ajustement pour les dividendes, une mesure de relance pour l’économie, relève d’un cynisme insoutenable. Aucune courbe boursière, aucun rendement financier ne saurait compenser le chaos, les destructions massives, les vies humaines perdues ou les traumatismes durables que laisse derrière elle toute guerre inutile. Entre défense légitime et commerce de la mort, la frontière est fine, mais essentielle. Il est du devoir des États, des entreprises et des investisseurs de ne jamais la franchir.

Et pourtant, cette frontière est aujourd’hui largement brouillée. Depuis 2001, quand les bombes explosent, certaines courbes boursières montent. Dans le silence feutré des salles de marché, la guerre est perçue comme une opportunité. Car derrière les discours sur la paix et la diplomatie, un capitalisme de la guerre s’organise, porté par les plus puissants fonds d’investissement du monde. Une collusion d’intérêts se dessine : celle entre les stratégies d’allocation des grands fonds, la rémunération des dividendes et la perpétuation des conflits.

Trump face au complexe militaro-industriel

En septembre 2024, lors d’un rassemblement dans le Wisconsin, le candidat à la présidentielle Trump a vivement dénoncé cette collusion : «Je vais expulser les va-t-en-guerre. Nous avons des gens qui veulent faire la guerre tout le temps. Vous savez pourquoi ? Les missiles coûtent 2 millions de dollars pièce. Voilà pourquoi. Ils adorent larguer des missiles partout. Moi, je n’ai lancé aucune guerre… Je vais expulser les va-t-en-guerre de notre appareil sécuritaire national et mener un grand nettoyage du complexe militaro-industriel pour mettre fin au profit de guerre et toujours faire passer l’Amérique d’abord. Nous mettons l’Amérique d’abord. Nous allons mettre un terme à ces guerres sans fin. Des guerres sans fin, ça ne s’arrête jamais».

Si la campagne affichait une volonté de rupture, les décisions budgétaires prises une fois au pouvoir ont témoigné d’une continuité stratégique inattendue.

Trump devenu président a annoncé en mai 2025 un budget de la défense flirtant avec le seuil symbolique des 1 000 milliards de dollars (!), ce qui a suscité une avalanche de réactions et de critiques au sein de son propre camp au Congrès, au sein des milieux stratégiques et de la presse spécialisée.

Malgré ce budget faramineux, Roger Wicker, président républicain de la commission des forces armées du Sénat, a dénoncé une proposition qui risque, selon lui, «d’anéantir les capacités militaires américaines et le soutien à nos troupes». Mike Rogers, son homologue à la Chambre, a fustigé une «trajectoire budgétaire irréaliste». Susan Collins et Mitch McConnell, figures modérées et influentes, ont exprimé leurs réserves quant à l’usage d’«artifices comptables» pour faire illusion, prévenant que le Congrès ne saurait être «dupé par une ingénierie financière aussi instable».

Les consultants en défense mènent depuis un mois une campagne auprès des élus, expliquant que «la crédibilité de la puissance américaine est à ce prix».

Dans les médias et les publications proches du lobby militaire, les tribunes se multiplient pour alerter sur le «décrochage capacitaire» des États-Unis face à la Chine, à la Russie ou même à l’Iran. La Foundation for Defense of Democracies, fortement financée par l’industrie de l’armement, s’indigne : «On ne peut pas faire la paix par la force avec un modeste budget de paix». Ce refrain trouve un écho jusque dans les réseaux sociaux, où certains influents vétérans n’hésitent pas à qualifier ce budget de «trahison envers nos troupes».

Enfin, la réaction la plus révélatrice est le «silence» des marchés financiers. À l’annonce du budget, les titres de la défense ont peu réagi, signe que les investisseurs savent déjà que, quel que soit le chiffre affiché, les arbitrages réels se jouent ailleurs. Dans les commissions. Dans les comités restreints. Et dans ce triangle d’influence où la guerre est moins une nécessité qu’un modèle économique.

La guerre, ultime valeur refuge des fonds d’investissement ?

Le silence des marchés face à la montée en puissance des dépenses militaires révèle moins une indifférence qu’un ajustement structurel : celui d’un capitalisme qui intègre la guerre comme levier stable, mais économiquement questionnable. L’industrie de la défense, hautement concentrée et protégée par des contrats publics, opère en marge des logiques de marché, échappant à la concurrence et à l’allocation efficiente des ressources. Sa production, orientée vers la dissuasion, ne contribue que marginalement à l’innovation ou à la croissance civile.

Ce déséquilibre s’accompagne d’un arbitrage budgétaire risqué : en canalisant des ressources considérables vers des secteurs à faible rendement sociétal, il fragilise à terme l’investissement dans les infrastructures fondamentales de l’économie réelle. Cette logique, désormais renforcée par les flux de capitaux institutionnels orientés vers un secteur jugé résilient, accentue la tension entre impératif stratégique immédiat et soutenabilité économique de long terme.

Financiarisation stratégique du complexe militaro-industriel

Les fonds d’investissement sont les plus importants actionnaires de toutes les grandes entreprises de défense : Lockheed Martin, Raytheon, General Dynamics… Leur poids est tel qu’ils votent les orientations stratégiques, influencent les politiques ESG (Environnementales, Sociales et de Gouvernance), et orientent les flux de capitaux vers les secteurs jugés «résilients».

Ces fonds n’investissent pas par idéologie, mais par logique : la guerre, c’est du rendement prévisible. Les contrats publics sont massifs, récurrents, indexés sur l’inflation. Les marges sont solides. Et les besoins, depuis 2001, sont devenus structurels. Difficile de trouver un secteur plus protégé du cycle économique.

Dividendes record, morts invisibles

En 2023, Lockheed Martin a distribué environ 9,1 milliards de dollars en dividendes et rachats d’actions, Raytheon Technologies environ 3,24 milliards de dollars exclusivement en dividendes, et General Dynamics environ 1,35 milliard de dollars ; en 2024, les montants versés s’élèvent à environ 3,13 milliards de dollars pour Raytheon et 1,43 milliard de dollars pour General Dynamics, tandis que Lockheed Martin n’a pas encore publié de total annuel consolidé.

Mais au-delà des chiffres et des bilans financiers, un autre bilan s’impose : celui du coût réel des guerres.

Depuis 2001, les guerres en Afghanistan, en Irak, en Syrie, au Yémen, au Pakistan, en Ukraine et au-delà ont engendré un coût global estimé à plus de 9 000 milliards de dollars. Ce fardeau colossal, majoritairement financé par la dette publique, représente non seulement une charge budgétaire intergénérationnelle, mais alimente aussi les dividendes d’un complexe militaro-industriel devenu structurellement dépendant de la guerre.

Mais le coût humain est encore plus vertigineux. Selon le Watson Institute, ces conflits ont causé entre 4,5 et 4,7 millions de morts, dont près d’un million directement sur les champs de bataille, et plus de 3,6 millions de morts indirectes liées aux déplacements forcés, aux famines, aux effondrements sanitaires. Ces chiffres dévoilent un paradoxe glaçant : alors que la guerre est devenue un levier budgétaire et un actif spéculatif pour les marchés, elle demeure un gouffre humanitaire aux conséquences irréparables.

Ce paradoxe est d’autant plus alarmant qu’il ne relève pas du hasard : il est entretenu, nourri et diffusé par un écosystème d’influence où les intérêts économiques dictent les récits stratégiques.

Think tanks et narratifs : une guerre des idées financée

Une analyse approfondie du Quincy Institute met en lumière une mécanique troublante au cœur du débat stratégique américain : la majorité des think tanks qui commentent les guerres sont financés par des fabricants d’armes ou leurs sous-traitants. Sur 27 institutions analysées, 21 reçoivent des fonds du complexe militaro-industriel, et 100 % des dix plus citées dans les médias entretiennent des liens financiers directs avec des acteurs de l’armement. Ce biais se traduit dans l’espace médiatique par une surreprésentation systématique : 85 % des citations d’experts dans la presse proviennent de ces think tanks, dont les analyses s’alignent majoritairement sur les intérêts économiques de l’industrie de la défense. Dans ce système, le financement privé façonne discrètement le discours public, tandis que près d’un tiers de ces institutions refusent même de divulguer leurs bailleurs de fonds.

Ce réseau d’influence tisse une alliance implicite entre les fonds d’investissement, les entreprises d’armement, les producteurs d’idées et les politiques. Il crée une symbiose singulière où la guerre devient une variable de croissance, et la paix, un risque pour les dividendes. Les experts relayés ne sont pas neutres : ils sont souvent liés aux intérêts financiers qui bénéficient du prolongement des conflits.

Trois géants détenus majoritairement par les fonds d’investissement

A titre d’exemple et pour ne citer que celles-ci, les trois grandes entreprises américaines d’armement Lockheed Martin, Raytheon Technologies et General Dynamics sont cotées à Wall Street, sur le New York Stock Exchange (NYSE)-la bourse de New York, l’une des plus grandes bourses au monde. Elles font toutes partie de l’indice S&P 500 (les 500 plus grandes capitalisations boursières), ce qui signifie qu’elles sont largement présentes dans les portefeuilles institutionnels et fonds indiciels – Exchange Traded Fund (ETF) qui répliquent la performance de cet indice boursier.

Lockheed Martin, symbole de la puissance militaro-industrielle américaine, est un géant incontournable dans le domaine de l’armement avancé et des technologies de défense. Son cœur d’activité gravite autour de l’aéronautique militaire avec des fleurons comme le chasseur furtif F-35 Lightning II, le F-22 Raptor ou encore les célèbres F-16 Fighting Falcon et le transport militaire C-130 Hercules. Mais Lockheed ne s’arrête pas là : il conçoit également des missiles de haute précision et à longue portée, à l’image du Trident II D5 (missile balistique intercontinental lancé par sous-marin), de l’AGM-158 JASSM (missile de croisière furtif) ou du PAC-3 MSE, intercepteur emblématique intégré au système Patriot. L’entreprise excelle aussi dans les systèmes de défense antimissile, les satellites militaires et les dispositifs de guerre électronique.

Au capital de Lockheed Martin, on retrouve une constellation des plus grandes institutions financières mondiales. State Street Corporation figure en première ligne, suivi de près par The Vanguard Group et BlackRock. D’autres acteurs majeurs comme Charles Schwab Investment Management, Geode Capital, Morgan Stanley et Capital World Investors composent également l’architecture actionnariale, illustrant le poids massif de la finance passive et de la gestion institutionnelle dans l’industrie de guerre.

Raytheon se positionne comme un maître d’œuvre global dans les systèmes d’armement de précision, avec une expertise reconnue dans les missiles, les radars, la défense aérienne, les capteurs avancés et la guerre électronique. Parmi ses créations les plus redoutées figurent les systèmes de missiles sol-air, les radars phasés, les solutions de contre-mesures électroniques embarquées, ainsi que des plateformes de détection sophistiquées utilisées dans les théâtres d’opérations les plus complexes. Raytheon est souvent au cœur de l’architecture de défense aérienne intégrée de nombreux pays de l’Otan et alliés des États-Unis.

Son actionnariat repose sur les piliers institutionnels de la finance mondiale. Vanguard et State Street, véritables mastodontes de la gestion passive, détiennent une part substantielle de l’entreprise, suivis par BlackRock, Capital Research, Dodge & Cox, ainsi que Merrill Lynch International. Cette présence dense des grands gestionnaires dans le capital de Raytheon témoigne de la rentabilité structurelle de la guerre dans les portefeuilles long terme.

General Dynamics se distingue par une capacité rare à couvrir l’ensemble du spectre de la guerre conventionnelle. Ses spécialités vont des systèmes terrestres — notamment les chars Abrams, les blindés Stryker et d’autres véhicules de combat — à la construction navale avec des sous-marins nucléaires et des destroyers pour la marine américaine. L’entreprise est également active dans la fourniture de munitions, de pièces d’artillerie et de systèmes d’information et de cybersécurité destinés à l’armée et aux agences de renseignement.

Le capital de General Dynamics est dominé par Longview Asset Management, suivi de près par The Vanguard Group et BlackRock. Newport Trust Company et State Street Corporation complètent ce noyau actionnarial. Cette composition reflète, là encore, une alliance solide entre le capital institutionnel et l’économie de défense, où la rentabilité s’appuie sur des contrats publics de longue durée, une demande stable, et une position stratégique dans l’appareil militaire américain.

Quand l’instabilité devient une stratégie d’investissement

Derrière les équilibres actionnariaux, c’est une architecture financière sophistiquée qui se déploie, où l’instabilité géopolitique cesse d’être une menace pour devenir une source anticipée de rendement. Dans ce paradigme inversé, la guerre n’est plus un choc mais un scénario intégré, valorisé pour sa prévisibilité budgétaire, ses marges garanties et sa capacité à structurer durablement les flux de capitaux.

La paix, quant à elle, devient un actif incertain, moins lisible pour les algorithmes de gestion. Désormais, les tensions mondiales alimentent les matrices d’allocation, transformant la guerre en variable stratégique — non pas subie, mais modélisée, arbitrée, et parfois implicitement souhaitée. Ce déplacement moral du capital appelle une reconfiguration urgente des critères d’investissement et des finalités géoéconomiques.

Ainsi se dessine, au croisement de la géopolitique et de la finance, une mécanique redoutablement rationnelle où la guerre, jadis tragédie, devient opportunité ; où la paix, hier horizon de progrès, se voit reléguée au rang d’anomalie risquée. Loin d’un simple dysfonctionnement moral, c’est l’architecture même du capitalisme contemporain qui est interpellée, dans sa capacité à distinguer création de valeur et destruction de sens. Face à la financiarisation croissante des guerres, il devient urgent de repenser les grilles d’évaluation, redéfinir les finalités de l’investissement, et restaurer l’exigence d’un rendement aligné non sur l’effondrement des nations, mais sur leur stabilité, leur dignité et leur avenir. Car si les marchés peuvent tout anticiper — y compris la guerre — il appartient aux sociétés humaines de choisir, lucidement, ce qu’elles veulent valoriser.

* Economiste, banquier et financier.

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