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Guerre totale au Moyen-Orient

20. September 2024 um 12:00
Guerre totale au Moyen-Orient | Univers News

Tawfik BOURGOU*

  • Il n’est pas pensable qu’un seul Etat, Israël en l’occurrence ait pu agir seul, mais la validation par l’administration américaine de telle attaques sont nécessaires

  • L’administration américaine ne pouvait pas ne pas être au courant, via la centrale du renseignement d’une telle attaque qu’elle a autorisé

  •  Il est vraisemblable aussi que certains « services amis » des services israéliens ont pu mettre à disposition du Mossad une ou plusieurs plateformes opérationnelles

  • Cette opération force l’Iran et ses alliés à réagir s’ils veulent maintenir un semblant de crédibilité.

TUNIS – UNIVERSNEWS –  Les explosions à distance de « pagers » (bippers), de talkies-walkies et vraisemblablement d’autres objets techniques fonctionnant par batteries au Liban et en Syrie (vraisemblablement en Iran aussi), opérées par les services de renseignements et l’armée israélienne aboutissent à trois conclusions momentanées et partielles, mais qui montrent que le Moyen-Orient est un champ de guerre totale : la technique employée et son caractère inédit, les complicités au moins américaines, la probable explosion du Moyen-Orient à la suite d’une attaque israélienne qui a atteint principalement des citoyens libanais, des femmes, des enfants.

La technique utilisée pour faire exploser à distance les fameux bippers n’a pas été encore précisée et donc peu de certitude quant au modus operandi. Il parait néanmoins incertain qu’il s’agit d’un simple piégeage par de mini-charges explosives, opérées à distance à un moment donné et bien longtemps après la mise à disposition des boitiers. Il est impensable que des centaines de mini-charges, aient pu être dissimulées en attendant d’être actionnées des semaines, voire des mois après la mise en service des bippers. Aucun service de renseignement, ni aucune armée n’auraient risqué de piéger des boitiers et d’attendre l’heure H avant d’actionner les explosions. Le risque que le stratagème soit découvert était trop grand. Une simple panne, une perte d’un des boitiers, un choc non voulu aurait déclenché une des charges et aurait très certainement alerté les autres utilisateurs.

Il est vraisemblable que l’action à distance ne ciblait que les batteries qui, en raison de leurs compositions, soumises à une sollicitation à distance, pourraient avoir chauffé et occasionné de graves blessures et des morts. Subsiste une question pour l’heure non résolue. A quel type de sollicitation peut-on soumettre, à distance, ces appareils pour les amener à une surchauffe et à une explosion incendiaire ? S’il s’agit par exemple d’appels simultanés, concentrés et dirigés. Dans ce cas précis, il n’est pas pensable qu’un seul Etat, Israël en l’occurrence ait pu agir seul dans le cadre d’une guerre électronique, l’aide logistique et technique, mais aussi la validation par l’administration américaine de telle attaques sont nécessaires et ce même s’il devait s’agir d’une interception des bippers et de leurs piégeages avant leur livraison à l’Iran et au Hezbollah. Là aussi, la complicité des fabricants taiwanais devient évidente et pose la question de la contrepartie d’une telle aide prodiguée par les taiwanais aux israéliens.

Malgré ses rapides dénégations, l’administration américaine ne pouvait pas ne pas être au courant, via la centrale du renseignement d’une telle attaque qu’elle a autorisé, ne serait-ce que pour mettre à l’abri ses officiels, militaires et citoyens au Moyen-Orient.

Ce type d’actions est partagé avec des « services amis » d’abord dans le cadre d’une coopération, souvent aussi pour un partage des frais financiers et techniques de l’opération. Il est vraisemblable aussi que certains « services amis » des services israéliens ont pu mettre à disposition du Mossad une ou plusieurs plateformes opérationnelles pour exécuter un plan d’une telle ampleur.

Dernier point et non des moindres, celui de l’inéluctable riposte du Hezbollah. Malgré le « gap » technologique, le décalage de moyens, de capacités entre l’arc chiite d’un côté, les israéliens et les américains de l’autre, il est impensable que l’Iran et le Hezbollah ne réagissent pas, sauf à disparaitre totalement. Cette opération force l’Iran et ses alliés à réagir s’ils veulent maintenir un semblant de crédibilité.

Depuis le Liban, en Syrie et en Irak, un cycle de violence semble se déclencher à nouveau et une confrontation Iran-Israël directe ou indirecte semble désormais inéluctable. Dans ce Moyen-Orient en processus de démolition depuis l’invasion américaine de l’Irak en 2003, c’est un cran de plus qui vient d’être enclenché vers une déflagration d’une rare ampleur. Cette opération force l’Iran et ses alliés à réagir s’ils veulent maintenir un semblant de crédibilité.

T.B.
*Politologue

Ariana : Interrogations au sujet du «mall culturel» d’Ennasr

20. September 2024 um 09:53

Le mall prétendument culturel, situé à quelques dizaines de mètres de l’arrondissement municipal d’Ennasr, relevant de la municipalité de l’Ariana, est un dossier opaque à plus d’un titre qui mérite d’être ouvert.

Elyes Kasri *

Ce dossier mérite d’être ouvert tant pour sanctionner les éventuels dépassements et abus dont il semblerait avoir profité que du préjudice considérable qui semble devoir en découler pour le voisinage immédiat et toute la cité Ennasr.

Du changement, dans des conditions obscures, d’un lot de terrain à vocation culturelle (d’où l’appellation singulière et que certains trouvent trompeuse de mall culturel) qu’au dépassement apparent des normes de construction (COS et CUF, etc.), en plus du mutisme des autorités au sujet des circonstances et péripéties administratives de ce bâtiment gigantesque implanté en pleine zone résidentielle déjà saturée, ce projet d’un promoteur déjà aux prises avec la loi pour maints autres dépassements, mérite d’être ouvert pour être éventuellement transformé soit en une institution véritablement culturelle, dans ce qui est communément qualifié de désert culturel, en attendant un centre culturel qui peine à sortir des boites et parapheurs de l’administration, ou médicale pour renforcer l’image de la cité Ennasr comme destination de tourisme médical.

Le statu quo d’un chantier gigantesque à l’arrêt ou d’un mall commercial en pleine agglomération urbaine qui souffre déjà d’un excès d’embouteillages et de nuisances diverses ne peut que précipiter l’agonie de la cité Ennasr et préfigurer une anarchie urbaine de la Tunisie de demain.

* Ancien ambassadeur.

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Le triste état de la démocratie tunisienne

20. September 2024 um 07:54

La réélection quasi certaine de Kaïs Saïed en octobre prochain pour un seconde mandat présidentiel renforcera l’autocratie tunisienne et marquera la fin définitive de la dernière expérience démocratique du Printemps arabe.

Ian Bremmer *

L’auto-immolation du vendeur de fruits Mohamed Bouazizi, il y a 14 ans, a incité les Tunisiens à renverser leur dictateur de longue date et a donné le coup d’envoi du Printemps arabe de 2011. De tous les pays de la région qui ont attrapé le virus de la révolution, la Tunisie a été le seul à avoir réussi à construire une démocratie multipartite avec séparation des pouvoirs et liberté d’expression, devenant pour un temps l’exemple d’une démocratisation réussie.

Puis est arrivé le président Kaïs Saïed, un constitutionnaliste peu charismatique, élu en 2019 sur un programme populiste anti-corruption qui a exploité la désillusion post-révolutionnaire des Tunisiens en matière d’impasse politique et de stagnation économique. Cinq ans plus tard, le berceau du Printemps arabe est devenu le théâtre d’un recul démocratique alarmant.

Le premier signe majeur de difficultés s’est produit en 2021, lorsque Saïed a utilisé la pandémie de Covid-19 pour centraliser son pouvoir. Le président tunisien a suspendu la constitution, limogé son Premier ministre et invoqué des protocoles d’urgence pour gouverner par décret. En 2022, il est allé encore plus loin en dissolvant le Parlement et en réécrivant la constitution. La persécution des politiciens de l’opposition, des critiques, des militants, des journalistes et des dirigeants syndicaux n’a fait que s’intensifier depuis. Cela inclut Rached Ghannouchi, chef du principal parti d’opposition Ennahdha; Lotfi Mraihi, chef du de l’Union populaire républicaine; et Abir Moussi, présidente du Parti destourien libre. Tous trois sont désormais derrière les barreaux sur la base d’accusations forgées de toutes pièces.

Fin des contrepoids démocratiques

Le mandat de Saïed devant expirer le 23 octobre, l’homme fort de la Tunisie brigue cinq ans supplémentaires à la présidence lors des nouvelles élections qu’il a prévues pour le 6 octobre. Mais après avoir passé tout son mandat à démanteler les freins et contrepoids démocratiques, à consolider le pouvoir et à museler la dissidence, ce mandat ne sera ni gratuit ni équitable.

Tous les adversaires crédibles de Saïed ont été soit emprisonnés, soit contraints à l’exil, soit empêchés de se présenter. Le 2 septembre, la commission électorale tunisienne soi-disant indépendante – dont les sept membres ont été nommés par le président – ​​n’a approuvé que deux candidats relativement inconnus, au mépris d’une ordonnance du plus haut tribunal du pays autorisant trois candidats supplémentaires à se présenter. L’un des candidats officiels, Ayachi Zammel, a été arrêté et accusé de falsification de parrainages électoraux (on ne sait pas s’il sera autorisé à se présenter).

Malgré certaines inquiétudes du public concernant la dérive autocratique de Saïed, il reste relativement populaire. Sa rhétorique xénophobe et contestataire résonne fortement auprès d’une grande partie de la population qui estime que la démocratie n’a pas amélioré leur niveau de vie.

Les problèmes économiques s’aggravent

La plus grande vulnérabilité de Saïed vient de la détérioration des conditions socio-économiques que la plupart des Tunisiens ont connues sous son règne. Après tout, la seule chose que les gens détestent plus qu’un autocrate, c’est un autocrate qui ne parvient pas à approvisionner le marché.

Même si Saïed a jusqu’à présent réussi à éviter un défaut souverain sur la dette extérieure gonflée de la Tunisie sans recourir à un prêt du FMI, décrié mais indispensable, cela s’est fait au prix d’une inflation plus élevée, d’un ralentissement de la croissance économique et de fréquentes pénuries de nourriture et de carburant.

Le gouvernement a également de plus en plus recours à l’emprunt auprès de la banque centrale autrefois indépendante ainsi qu’auprès des banques locales pour couvrir ses besoins de financement croissants, ce qui fera encore grimper l’inflation et créera des risques financiers.

À mesure que les problèmes économiques s’aggravent, la confiance des citoyens dans leur gouvernement va faiblir. Les demandes de changement vont se renforcer. Des protestations et de la répression pourraient s’ensuivre. Peut-être y aura-t-il même des appels à de nouvelles élections.

Mais les Tunisiens n’auront que peu de recours après la réélection quasi certaine – et dont la légitimité sera remise en question – de Kaïs Saïed en octobre prochain, qui renforcera l’autocratie tunisienne et marquera la fin définitive de la dernière expérience démocratique du Printemps arabe.

Source: Time.

* Rédacteur en chef au Time et président d’Eurasia Group, un cabinet de conseil en risques politiques.

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L’Occident complice du terrorisme de l’État d’Israël

19. September 2024 um 07:24

Les récents événements tragiques au Liban, où des dispositifs de communication ont explosé et causé la mort de neuf personnes et blessé 2 800 autres, principalement des civils, prouvent une fois de plus la brutalité du terrorisme de l’État d’Israël, et la complicité active dont il bénéficie de la part des Etats occidentaux, lesquels se gardent bien de condamner.  

Leith Lakhoua *

Ces attaques, survenues mardi 17 et mercredi 18 septembre 2024, et qui ont plongé la capitale libanaise dans une désolation totale, met en lumière une stratégie profondément cynique visant à atteindre des objectifs militaires en sacrifiant des vies innocentes.

Les médias israéliens, dans un élan d’autosatisfaction, parlent de succès dans leur opération contre le Hezbollah. Cependant, ce discours ne fait que mettre à nue l’aberration d’une politique qui se vante de la destruction des adversaires tout en laissant des milliers de victimes civiles sur son passage. Cette vision machiavélique, qui considère la vie humaine comme un simple dégât collatéral, témoigne d’une dérive morale alarmante.

L’utilisation de dispositifs civils pour perpétrer de tels massacres n’est pas seulement une violation des droits humains, mais constitue également une méthode éprouvée de terrorisme d’État. En s’attaquant délibérément à des populations non armées, Israël fait preuve d’une inhumanité sans pareille.

Le comble de l’ironie réside dans le fait que ce régime, tout en orchestrant des attaques aussi dévastatrices, se présente comme un défenseur de la démocratie, celle-là même dont se targuent les Etats Occidentaux qui le soutiennent aveuglément comme leur agent dans au Moyen-Orient.

Il est essentiel que la communauté internationale prenne conscience de cette réalité et condamne fermement ces actes. L’aveuglement complice des puissances occidentales face à ces crimes ne fait qu’encourager une escalade de la violence et un cycle de souffrance inacceptable. La véritable lutte contre le terrorisme ne peut se faire en fermant les yeux sur les agissements d’un État qui, au nom de sa propre sécurité, s’adonne au terrorisme le plus abject.

Il est impératif que les voix qui s’élèvent contre cette barbarie soient entendues. Les civils libanais, tout comme tous les innocents touchés par ces actes, méritent justice et protection. La lutte pour la paix et les droits humains doit se poursuivre, en mettant fin à l’impunité des États qui choisissent la voie de la terreur.

* Consultant en logistique et organisation industrielle.

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FITCH Ratings relève la notation de la Tunisie: Une première après la baisse continue depuis 2012

18. September 2024 um 13:00
FITCH Ratings relève la notation de la Tunisie: Une première après la baisse continue depuis 2012 | Univers News

Par Khélil LAJIMI

Ancien ministre

TUNIS – UNIVERSNEWS – Le relèvement de deux crans, de CCC- à CCC+, de la notation en devises étrangères de la Tunisie est une première depuis 2012. C’est une inflexion de la notation qui n’a pas cessé de baisser continuellement depuis cette date où nous étions à BBB+ et même A- par R&I l’agence de notation japonaise. Certes nous demeurons encore en zone à risque mais la tendance a été inversée. C’est un signal encourageant et l’assainissement des finances publiques doit rester un objectif primordial.

Que dit Fitch ?   

« Le relèvement de la note reflète notre confiance accrue dans la capacité du gouvernement à répondre à ses importants besoins de financement budgétaire. Ceci est dû à la position extérieure plus forte de la Tunisie qui lui permet de maintenir ses réserves en devises à un niveau suffisant pour faire face aux paiements extérieurs courants et aux obligations de la dette. Cette situation est contrebalancée par des besoins de financement toujours élevés, un accès limité au financement extérieur, l’incertitude quant à la capacité et à la volonté du secteur bancaire d’assumer d’importants volumes de dette intérieure et un budget qui reste vulnérable aux chocs extérieurs »

Un déficit courant soutenable, mais des investissements privés en berne 

Les réserves extérieures de la Tunisie restent confortables, plus de 115 jours d’importations, largement au-dessus des 90 jours représentant le seuil minimum admis. Le bon comportement du tourisme, des transferts des Tunisiens résidants à l’étranger et des exportations d’huile d’olive ont participé à la constitution de ce matelas de sécurité. En revanche, les importations timides des biens d’équipement et des matières premières ont aussi aidé à l’amélioration du déficit courant. Elles traduisent une baisse des investissements des opérateurs du secteur privé dans un climat d’attentisme en espérant que la confiance revienne. En outre, la relance des secteurs du phosphate et de l’énergie pourrait constituer des éléments favorables à l’amélioration de notre position extérieure.  

Consolider cette dynamique extérieure

Les échéances de remboursement de la dette extérieure continueront à être élevées : 400 millions d’euros en octobre prochain, 1 milliard de dollars en janvier 2025 et 700 millions d’euros en juillet 2026. Pour faire face à ces échéances et maintenir un niveau de réserves de change appréciable, nous n’avons d’autres choix que de consolider la dynamique extérieure que nous vivons depuis 2022, en reprise post Covid-19. Il s’agirait de soutenir notre secteur aérien, de rafraichir les infrastructures aéroportuaires et de prendre soin de l’environnement de nos villes et des zones touristiques. Une attention particulière est à apporter à nos concitoyens vivant à l’étranger par la facilitation de leurs démarches administratives et pourquoi pas par une fiscalité avantageuse.  En outre le redémarrage du secteur des phosphates et de l’exploration-production énergétique soulagerait notre balance commerciale. Enfin, une attention particulière est à apporter aux investisseurs pour les soulager des lourdeurs administratives auxquels ils sont confrontés quotidiennement et leur redonner confiance.

K.L.

Nouvel ordre international numérique en construction et pays du Sud global

17. September 2024 um 12:54

Dans le silence feutré des centres de données et l’effervescence des métropoles connectées, un nouvel ordre international numérique se dessine, redéfinissant les rapports de force entre les nations, reconfigurant les frontières de notre civilisation à une vitesse vertigineuse, et bouleversant les hiérarchies établies. Cet ordre, porté par l’explosion des technologies de l’information et de la communication, voit émerger les pays du Sud global comme des acteurs de premier plan, ouvrant la voie à une redistribution inédite du pouvoir mondial.

Ould Amar Yahya *

Dans l’histoire longue des relations internationales, chaque changement d’ordre mondial a souvent été accompagné de révolutions technologiques. Aujourd’hui, nous assistons à une nouvelle métamorphose : le passage à un ordre numérique global. Dans ce nouveau paysage, les pays du Sud global — longtemps marginalisés, dominés, souvent contraints de subir les décisions des grandes puissances — sont en passe de devenir des acteurs incontournables. Mais pour comprendre cette reconfiguration géopolitique, il faut d’abord saisir ce qui sous-tend cet ordre numérique et ce qui permettra aux nations du Sud d’y prendre une place prépondérante.

La structure du nouvel ordre numérique

Ce nouvel ordre repose sur des fondements bien différents de ceux qui ont façonné le monde industriel. Il ne s’agit plus simplement de dominer des territoires physiques ou des ressources naturelles — bien que celles-ci conservent une importance stratégique — mais d’imposer sa suprématie dans le domaine des données, des plateformes numériques, et de l’intelligence artificielle. Ceux qui maîtrisent ces nouveaux instruments de pouvoir détiennent la clé de la richesse et de l’influence.

Les pays du Nord, en particulier les États-Unis et aussi la Chine du Sud Global, ont pris une avance considérable en contrôlant la quasi-totalité des grandes plateformes numériques globales, des Gafam (Google, Apple, Facebook devenu Meta, Amazon, et Microsoft) aux Batx (les quatre géants technologiques chinois : Baidu, Alibaba, Tencent, et Xiaomi). Ces géants collectent, traitent et analysent des milliards de données chaque jour, façonnant ainsi les comportements des individus, des entreprises et des gouvernements.

Pourtant, dans l’ombre de cette domination apparente, un phénomène inattendu est en train d’émerger : le réveil numérique du Sud global.

Le Sud global : une force démographique et technologique en éveil

Les pays du Sud global, souvent perçus comme des acteurs secondaires de la mondialisation, possèdent en réalité des atouts considérables dans ce nouvel ordre numérique. Le premier, et sans doute le plus important, est démographique. L’Afrique, l’Asie du Sud, l’Amérique latine : ces régions concentrent une population jeune, connectée, et en pleine croissance. Ce vivier d’utilisateurs et de créateurs de contenu devient un levier stratégique pour toutes les entreprises technologiques qui cherchent à étendre leur influence. D’ici une quinzaine d’années, ce sont ces marchés qui définiront les nouvelles tendances numériques, tant en matière de consommation que d’innovation.

Le second atout du Sud global est son agilité à embrasser les technologies mobiles et décentralisées. Dans de nombreuses régions d’Afrique et d’Asie, des millions de personnes, jusque-là exclues des systèmes financiers traditionnels, ont sauté l’étape des banques classiques pour adopter directement le mobile banking. M-Pesa, en Afrique de l’Est, en est l’exemple le plus frappant : cette plateforme de paiement mobile a permis à des millions de personnes d’accéder à des services financiers de manière rapide, sécurisée et innovante. Il en est de même des succès rapides des applications de mobile banking D17 et Flouci en Tunisie, BaridiMob en Algérie ou Bankily en Mauritanie. Ce phénomène, que certains appellent «l’effet de saut technologique», démontre la capacité du Sud global à adapter des technologies à des contextes locaux spécifiques et à transformer des obstacles en opportunités.

Le rôle central des ressources naturelles

Un autre pilier de cet ordre numérique repose sur les ressources naturelles, en particulier celles nécessaires à la production des technologies. Le Sud global, longtemps exploité pour ses richesses minières, détient aujourd’hui les clés de l’économie numérique mondiale. Les métaux comme les terres rares, le lithium, le cobalt… indispensables à la fabrication des smartphones, des ordinateurs et des batteries électriques, se trouvent principalement dans les sols africains, sud-américains et asiatiques. Cette réalité confère à ces pays une nouvelle forme de pouvoir stratégique, encore peu exploité mais dont le potentiel est immense.

La gouvernance numérique : une opportunité pour le Sud

Si les pays du Sud global veulent véritablement peser dans ce nouvel ordre, ils doivent s’emparer d’un autre levier essentiel : la gouvernance numérique mondiale. Les grandes plateformes technologiques se développent dans un cadre réglementaire encore flou, où les règles sont souvent dictées par les intérêts des géants du Nord.

Le Sud global, à travers des alliances régionales comme l’Union africaine ou l’Asean, doit saisir l’opportunité de participer activement à la définition des normes et des régulations internationales du numérique. Il s’agit non seulement de protéger leurs données, mais aussi de garantir une répartition équitable des bénéfices générés par ces nouveaux flux de valeurs.

Les débats autour de la taxation des multinationales technologiques, la protection de la vie privée, et l’utilisation de l’intelligence artificielle sont des enjeux qui affectent particulièrement les pays du Sud. En s’unissant pour défendre leurs intérêts communs, ils peuvent non seulement réduire la fracture numérique qui les sépare du Nord, mais aussi devenir les architectes de nouvelles règles du jeu.

Les défis et les opportunités

Le nouvel ordre international numérique, fondé sur l’essor des technologies décentralisées et l’accélération des flux d’informations, ouvre une voie inédite de financement pour les pays du Sud global. Autrefois contraints par les jugements souvent sévères des grandes agences de notation, ces pays voient désormais émerger des solutions alternatives qui leur permettent de contourner ces systèmes rigides. A titre d’exemple, la tokenisation d’actifs (c’est-à-dire le moyen pour les entreprises de protéger les données sensibles), permise par les technologies blockchain, offre aux États la possibilité de fractionner et de numériser leurs ressources – qu’il s’agisse de terres, d’infrastructures ou de ressources naturelles – et de les rendre accessibles à un éventail mondial d’investisseurs.

Ce mécanisme fluidifie l’accès au capital en créant des marchés décentralisés où la transparence et la traçabilité des transactions sont garanties, réduisant ainsi le risque perçu par les investisseurs tout en offrant aux nations du Sud une flexibilité financière jusque-là impensable.

Au-delà de la tokenisation, d’autres mécanismes de financement innovants, tels que les plateformes de financement participatif ou les monnaies numériques émises par des banques centrales, redéfinissent les flux de capitaux vers ces régions.

En contournant les intermédiaires traditionnels et en s’appuyant sur la transparence numérique, ces pays peuvent attirer des investisseurs privés, des fonds de pension, des fonds de capital-risque et des partenaires institutionnels sans être soumis aux contraintes imposées par les agences de notation.

Ces nouvelles formes de financement décentralisé permettent non seulement de diversifier les sources de capitaux, mais aussi de renforcer l’indépendance financière de ces nations, tout en stimulant leur croissance.

Ainsi, le Sud global, en embrassant les outils du nouvel ordre numérique, se libère progressivement des schémas traditionnels de dépendance financière pour s’affirmer comme acteur autonome dans l’économie mondiale.

Bien sûr, ces nouvelles perspectives ne doivent pas occulter les défis auxquels sont confrontés les pays du Sud global. La fracture numérique reste profonde, avec des infrastructures inégales, un accès à Internet limité dans de nombreuses régions, et une éducation numérique encore trop insuffisante.

De plus, la concurrence mondiale dans le domaine de l’intelligence artificielle et des technologies de pointe impose une course à l’innovation dont les pays du Sud doivent impérativement s’emparer.

Le Sud global dispose de tous les atouts

Cependant, l’histoire est jalonnée de périodes où des nations ont su, contre toute attente, s’élever à un niveau de puissance et d’influence inattendu. Le Sud global, fort de ses ressources humaines, naturelles et d’une créativité foisonnante, dispose de tous les atouts pour s’imposer dans cet ordre numérique. Il leur faut pour cela des stratégies audacieuses, une mobilisation collective et des investissements massifs dans l’éducation et les infrastructures numériques.

Enfin, le nouvel ordre international numérique est encore en construction. Mais il est déjà clair que le Sud global y jouera un rôle majeur, à condition de saisir les opportunités offertes par cette révolution technologique. Ce qui soutient cet ordre, c’est la donnée, la connectivité et l’innovation. Si les pays du Sud parviennent à s’organiser autour de ces nouveaux vecteurs de pouvoir, ils pourront non seulement combler le retard qui les sépare du Nord, mais aussi contribuer à redéfinir les règles d’un monde de plus en plus connecté, où la géographie physique cède la place à la géopolitique des flux digitaux.

L’avenir appartient à ceux qui sauront naviguer habilement dans ce nouveau monde numérique. Et le Sud global, loin d’être spectateur, peut en devenir l’un des acteurs principaux, façonnant l’avenir de la planète à travers sa jeunesse, sa créativité et sa capacité à innover. Le moment est venu de passer de la marge au centre de la scène mondiale.

* Economiste, banquier et financier.

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Comment je me suis fait arnaquer par une clinique privée tunisienne

16. September 2024 um 08:45

L’auteure, Tunisienne résidente en France, raconte dans cette tribune, la mésaventure qu’elle a vécue lors de ses dernières vacances en Tunisie, en se faisant arnaquer par une clinique de Tunis, qui a profité d’une incongruité dans le code de change pour abuser les parents d’une jeune patiente.

Salima Menaï *

Nous étions en vacances en Tunisie, et 48 heures après notre arrivée, le 30 juillet 2024,  notre fille a été victime d’un grave accident de la route, percutée par un taxi, dans le gouvernorat de Jendouba. 

Elle a été transférée très bien prise en charge au CHR de Jendouba en urgence, avec toute l’attention des équipes qui ont été merveilleuses. 

Puis nous avons demandé son transfert en clinique à Tunis. Elle a été donc été transférée à une clinique privée pédiatrique de Tunis (nous avons pris la première, car nous ne connaissons pas le coin et les réputations). 

Notre fille polytraumatisée a donc été admise en réanimation en pleine nuit. On nous a d’abord demandé de fournir un chèque blanc pour la caution malgré que l’assistance (en Europe) était en train de créer le dossier. N’ayant pas de chèque, on m’a demandé de payer 5 000€ dinars en carte bleue, en nous indiquant que nous serons remboursés dès que l’assistance prendrait le relais. Ce que nous avons évidemment fait. 

À la fin : Axa assistance a été refacturée les 5 000€, la clinique s’est donc engagée à nous rembourser (après que nous les ayons harcelés en faisant 4 fois l’aller retour sur place!!!!), et nous a fourni un chèque en dinars prétextant qu’il s’agissait de la seule manière de rembourser, confirmant que ce moyen de paiement était recevable à l’étranger. 

Nous avions refusé à plusieurs reprises en expliquant que cela n’était pas valable en France : on nous a répondu que tout cela était normal et que le chèque serait bien encaissable. 

Une fois en France, nous avons informé la financière [de ladite clinique] que le chèque était a présent déposé dans notre banque avec une copie de l’accusé de réception de notre banque française en photo, la financière n’ayant manifesté aucune alerte pour nous indiquer que son chèque n’était absolument pas valable hors de Tunisie. 

Notre banque en France a évidemment refusé ce chèque, et depuis : on nous prend pour des idiots. 

En fait, ce chèque de 15 000 dinars n’est pas encaissable pour un non résident, non titulaire d’un compte en Tunisie : et il est illégal de sortir une telle somme. 

Entre-temps, ma banque a contacté le siège de la TSB (émettrice du chèque), qui leur a confirmé que c’est bien la clinique qui a choisi ce mode de paiement et qu’il a toujours été possible de réaliser des virements internationaux, surtout dans ce cas. 

Depuis, le médecin et la financière, chapeautés par le directeur général, nous mènent en bateau, par sms, en nous indiquant que c’est la banque qui refuse de faire un virement, puis qu’il faudrait qu’on revienne en Tunisie, puis qu’il faudrait que ce soit nous qui appelions la banque pour avoir un virement international, et chaque nouvelle journée est un cauchemar. 

Nous avons regardé les avis publiés sur Google et le constat est clair : c’est un usage de la clinique d’escroquer. 

Nous avons imploré à plusieurs reprises la clinique de nous rendre notre argent en leur expliquant qu’ils nous mettaient dans une situation financière catastrophique (5000€!!!!), que nous ne comprenions pas comment ils arrivaient à profiter de l’état grave d’enfants pour voler de l’argent à leurs parents en détresse. 

Nous aimerions pouvoir communiquer à plus grande échelle, pour que tout le monde sache ce qui se passe dans cette clinique, et que ceux qui se sont fait arnaquer puissent également faire porter leur voix car ils sont très clairement impuissants. 

Nous avons les preuves, les identités et les messages avec les photos du médecin et de la financière. 

Nous souhaitons également porter cela en justice, pour que ces pratiques soient connues. 

J’ajoute également que nous avons demandé à plusieurs reprises à la clinique de nous fournir la facture détaillée qui a été envoyée à l’assistance, ce qu’elle a toujours refusé : nous savons maintenant qu’ils ont probablement dû surfacturer des soins. 

* Tunisienne résidente en France.

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Tunisie : le double échec, du pouvoir et de l’opposition

15. September 2024 um 08:37

L’opposition tunisienne, qui a toutes les conditions objectives de son côté pour mobiliser la rue contre le pouvoir en place, ne parvient pas à regagner la confiance des masses populaires. La fatigue démocratique et la crise économique n’expliquent pas tout. Une autocritique et des remises en question s’imposent.

Moktar Lamari *  

Alors que les instantes en charge des élections présidentielles limitent indûment la pluralité des candidats, et alors que les arrestations des dits opposants se comptent par dizaine, un regroupement d’associations a appelé depuis semaines à une «grande manifestation» pour dénoncer le «retour de l’autoritarisme» et mobiliser contre les élections présidentielles qui se tiendront dans moins de 4 semaines.**

Sur un pays qui compte presque 9 millions d’électeurs, et dans une agglomération qui compte plus de 2 millions d’habitants, seulement un millier de manifestants est descendu dans la rue pour décrier l’«autoritarisme». Une goutte dans l’océan, un coup de pied dans l’eau…

C’est sans aucun doute un gros camouflet pour les opposants, une preuve additionnelle que l’opposition tunisienne dans ses formations actuelles n’est plus crédible. Elle est tellement désorganisée, déchirée par ses divisions qu’elle ne peut plus mobiliser ses «membres».

Pis, c’est un constat échec, un désaveu cinglant, perçu comme un sauf-conduit, voire un quitus pour le président sortant Kaïs Saïed.

Comment expliquer ce camouflet ? Quelles leçons en tirer ? Et surtout comment redonner confiance aux Tunisiennes et Tunisiennes déçus par tous ces élites et toutes ces guerres de factions qui divisent l’opposition?

Fatigue démocratique

Trois raisons essentielles expliqueraient ce camouflet et ce désaveu pour l’opposition?

1- une certaine «fatigue démocratique» s’abat sur ces millions de Tunisiens qui ont manifesté en masse, qui ont subit les balles des snipers (jamais retrouvés) et qui ont permis de «dégager» et faire fuir, comme un voleur, le dictateur Ben Ali, en janvier 2011.

Tout ce beau monde qui a allumé la flamme du Printemps arabe, dans une dizaine de pays de la région , est aujourd’hui déçu, épuisé et déprimé par tout ce qu’il a vu venir comme élites politiques choisis par les islamistes venus d’ailleurs et des lobbyistes qui ont nommé les pires des pires au sein de l’appareil de l’Etat, plus de 900 ministres depuis 2011, une douzaine de gouvernements, pour mener le pays à sa faillite : surendettement, stagflation, chômage massif des jeunes et paupérisation d’une ampleur jamais vue auparavant en Tunisie.

La très faible participation à la manifestation d’avant-hier n’est qu’un résultat objectif, attendu et prévisible, pas seulement par la police.

Manque de crédibilité

2- Malgré les arrestations, malgré le conflit institutionnel entre l’Isie (autorité électorale) et le Tribunal administratif et malgré le bilan économique catastrophique des gouvernements de la mandature Kaïs Saïed, l’opinion publique préfère encore le régime de Kaïs Saïed à celui de Rached Ghannouchi, et de ceux qui ont navigué dans son sillage, tous ces ministres corrompus, larbins ou simplement girouettes.

Ceux qui se considèrent aujourd’hui dans l’opposition et ceux qui ont particulièrement appelé à la manifestation d’avant-hier, un vendredi 13 (sans superstition), doivent s’interroger sur leur capacité à mobiliser, sur leur crédibilité et sur leurs allégeances.

Ils doivent probablement tirer leur révérence et passer le flambeau à plus crédibles, à des moins magouilleurs. Un bilan doit être fait et des changements à la tête de ces opposants caviar, souvent corrompus ou salis par leur participation aux gouvernements et partis ayant gouverné sous la houlette des islamistes radicaux de Ghannouchi. La démocratie doit se faire constater, se pratiquer au jour le jour dans les rangs de l’opposition aussi. Il faut purger et vidanger dans leurs rangs pour donner l’exemple.

Déficit de confiance

3- Le problème le plus grave et le plus commun est celui de la perte de confiance. Les Tunisiens et les Tunisiennes ont perdu confiance dans leurs élites politiques, dans leurs médias et partis politiques. Une défiance totale, un discrédit d’une ampleur jamais atteinte colle désormais à la peau des dirigeants, au pouvoir comme en opposition. Ce déficit de confiance est ravageur pour la cohérence des politiques publiques. Il est néfaste pour les activités économiques qui requièrent de l’investissement et de la productivité du travail. Même la centrale syndicale n’a pas échappé à cette vague de défiance et de rejet par l’opinion publique, les forces vives et les honnêtes gens qui veulent travailler et améliorer leur niveau de vie par le travail et pas par la magouille.

Les intellectuels et les universitaires doivent aider l’opinion publique à comprendre ce déficit de confiance généralisé et qui couvre quasiment toutes les élites de l’opposition, y compris l’UGTT, le principal syndicat. Des conclusions doivent être tirées de ce camouflet essuyé par l’opposition, qui avait pourtant toutes les conditions objectives de son côté pour mobiliser la rue et mériter sa confiance.

* Universitaire, économiste.

* Le titre et les intertitres sont de la rédaction.

Blog de l’auteur : Economics for Tunisia, E4T.

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Il y a des solutions pour éviter l’abattage des chiens et chats errants

13. September 2024 um 07:53

On assiste à l’heure actuelle en Tunisie à une campagne insensée d’abattage de chiens et chats errants tous azimuts. Même les chiens bagués n’y échappent pas. Insensée car ce n’est pas en tuant ces animaux que nous allons combattre efficacement la rage.

Samia Ladgham *

Sait-on seulement qu’il n’y a pas que les chiens et les chats qui peuvent transmettre la rage? Il y a les bovins notamment les chèvres et les moutons, le cheval, la chauve-souris et la liste est encore longue qui peuvent être porteurs de la rage.

A-t-on la prétention d’éradiquer toute forme de vie animale en Tunisie? Les vidéos et photos d’animaux abattus ou blessés et les suppliques des gens qui sont témoins de ces abattages sont insupportables à voir. Pis encore, on va jusqu’à abattre des chiens qui ont des maitres sur le seuil de leur porte.

Les auteurs de tels actes ne sont pas sans savoir que ce comportement est sanctionné par le Code pénal qui très clairement stipule que sont passibles de peines de prison et d’amendes ceux qui exercent des mauvais traitements sur des animaux appartenant à des tiers.

La déclaration universelle des droits de l’animal proclame dans son préambule que le respect des animaux par l’homme est inséparable du respect des hommes entre eux.

Cessons le carnage !

Il est impératif que cesse ce carnage car ce n’est pas la solution au problème. Quelle est d’ailleurs l’étendue de ce problème ? S’il n’y a pas de statistiques en ce qui concerne les cas de rage transmis à l’homme, l’on sait que 9 personnes sont mortes de la rage cette année. Ceci aurait pu être évité si des politiques durables de prévention avaient été mises en place. Par comparaison, même si la comparaison n’est toujours bonne à faire quand il s’agit de morts, il y a eu, au 20 juin 2024, selon le dernier rapport de l’Observatoire national de la sécurité routière, 2180 accidents routiers ayant coûté la vie à 480 personnes sans compter les blessés. On ne semble pas s’en alarmer.

Un très bon article de Meriem Khdimallah publié dans La Presse le 20 juin 2021 décrivait déjà le problème et soulignait que les solutions existaient pour contenir la rage et la multiplication des chiens errants à savoir trapper, stériliser, vacciner et relâcher, dite la méthode TNVR. L’incitation à l’adoption est également une option pour réduire la population des chiens et chats errants.

Un certain nombre de centres de stérilisation et vaccination contre la rage ont été créés des 2019 dans plusieurs municipalités. Ces efforts ont porté des fruits au départ mais se sont essoufflés faute de volonté et de moyens. Et nous sommes revenus à la solution de facilité qui cause des souffrances indescriptibles aux animaux, traumatisent ceux qui les aiment et surtout ne résout pas le problème.

Le lancement début septembre par le ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche d’une campagne nationale de vaccination contre la rage qui devrait se poursuivre jusqu’à fin octobre est un pas dans la bonne direction mais est-il suffisant en termes de délai ? Qui sont ceux visés par cette campagne ?

En dehors des animaux de compagnie clairement visés par cette campagne, ce qui est déjà positif compte tenu du fait que certains des décès attribués à la rage cette année sont le fait d’animaux de compagnie, et probablement le cheptel, il ne semble pas que les chiens et chats errants soient inclus. Pourtant les centres de vaccination et stérilisation existent, il suffirait de les réactiver avec l’aide de la société civile, les organismes de défense des animaux et en faisant appel au bon cœur des vétérinaires.

Il faut également responsabiliser les propriétaires d’animaux de compagnie pour qu’ils les vaccinent annuellement.

Des pratiques traumatisantes

Par ailleurs, on a mis en place, dans un certain nombre de pays, l’obligation d’enregistrer annuellement les animaux domestiques auprès des municipalités.  Une médaille avec un numéro unique est alors remise au propriétaire et l’animal doit le porter en tout temps. Cela permet sa traçabilité en cas de disparition notamment. L’enregistrement n’est pas gratuit mais s’il est mis en place en Tunisie, l’argent recueilli pourrait servir à stériliser et vacciner les chiens et chats errants.

Les droits et les obligations doivent être encadrés par la loi. Le dépôt récent d’un projet de loi pour la protection animale à l’Assemblée des représentants du peuple par le député Chokri Bahri, dont il faut saluer l’initiative, pourrait si adoptée représenter une avancée majeure et hisser la Tunisie au rang des pays qui ont une telle législation. Mais au-delà des lois qui sont nécessaires et des campagnes ponctuelles, il faut inculquer à l’enfant l’amour et le respect des animaux.

L’image de chiens et chats agonisants sur le bord des trottoirs et le bruit de cartouches tirées chaque nuit ces dernières semaines peuvent traumatiser nos enfants mais également renforcer le sentiment qu’il est normal de maltraiter un animal quel qu’il soit.

La phobie des animaux et du chien en particulier doit être combattue par la connaissance. Chaque espèce animale a un rôle utilitaire à jouer dans la biosphère et la société. Le flair exceptionnel du chien fait de lui un atout précieux pour détecter les explosifs et la drogue et retrouver la trace de personnes disparues. Il est utilisé aussi à des fins thérapeutiques. Les plus connues sont l’assistance aux aveugles, malentendants et handicapés. Les moins connues sont la détection des cancers chez l’être humain ou encore la zoothérapie dans le cadre des troubles de l’enfant ou des personnes âgées. La liste est longue.

Vous l’aurez compris le chien n’est pas seulement un animal de compagnie. C’est un allié indispensable de l’homme. Il faut le protéger à tout prix. 

* Ancienne diplomate et fonctionnaire des Nations unies à la retraite.

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La France : en marche vers la récession (2-2) : Les technologies avancées seront-elles salutaires ?

11. September 2024 um 11:08

Même si l’industrie du secteur des technologies avancées se développe de manière remarquable en Europe et notamment en France, son poids financier dans le PIB de l’UE et de la France reste relativement modeste par rapport à celui de l’industrie «traditionnelle» qui, elle, est en train de se désagréger.

Oleg Nesterenko *

Certains économistes préconisent que la fuite du secteur énergivore de l’industrie hors Union européenne (UE) n’est pas aussi grave qu’il paraît car, en ce qui concerne la part de l’industrie du secteur des technologies avancées, telles que technologies quantiques, de navigation, des biotechnologies et de la robotique, la position de l’UE et de la France est assez saine. Notamment, en 2022, 194 entreprises dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA) ont été créés dans l’UE contre 160 en Chine et la part du secteur des technologies avancées de l’UE représente dans les 20% du volume mondial : 22% dans les technologies quantiques, 20% dans la navigation, 18% dans les biotechnologies et 18% dans la robotique (données 2022).

S’ils ont, d’une part, tout à fait raison de souligner le développement accru du secteur en question dans les pays de l’UE, ils négligent, toutefois, le facteur du poids financier actuel de ce dernier vis-à-vis de l’apport dans le PIB de l’UE et de la France en particulier. Et ce dernier reste relativement modeste par rapport à celui de l’industrie «traditionnelle» qui est en train de se désagréger sur le sol européen.

D’autre part, il n’est pas à négliger que le développement du secteur des technologies avancées en France et en Europe, en général, se heurtera davantage dans un avenir très proche non seulement à la très importante concurrence américaine et chinoise déjà omniprésente, mais également à la forte croissance exponentielle de cette dernière en Chine qui affiche un grand dynamisme dans le domaine. Notamment, concernant les dépôts de brevets, tous secteurs confondus, en 2023 l’EU accuse une croissance de 2,9% contre 8,8% en Chine pour la même période (source : l’OEB).

Le facteur de développement des hautes technologies à lui seul n’est guère salutaire : l’Allemagne qui a déposé en 2023 incomparablement plus de brevets que la France – 24 966 contre 10 814 – est un pays dont le marché est également en train d’entrer à grand pas dans une récession économique.

La force toute particulière de la France dans le domaine des technologies avancées se situe dans le secteur des transports et de l’aéronautique, et, comme indiqué auparavant, c’est bien la production du matériel de transport qui s’est littéralement effondrée dans l’Hexagone – et ceci malgré la continuation de l’innovation suivie par un important dépôt de brevets dans le domaine.

Le déficit commercial et les énergies

En ce qui concerne le déficit commercial français, ce dernier se maintient dans des sommets peu enviables : 85,9 milliards d’euros pour la période de mai 2023 à mai 2024, dont 8 milliards d’euros pour le seul mois de mai dernier (source : Insee).

Certes, le camp politique de Macron peut se vanter de n’avoir creusé que 85,9Mld de déficit contre le record absolu de 162Mld d’euros qu’il a réalisé en 2022 (source : Douanes Françaises), mais il n’y a pas de quoi se réjouir : le très grave déséquilibre du commerce extérieur ne va que s’accentuer car, à ce jour et dans les horizons du visible, il n’y a strictement aucun indice politico-économique sérieux permettant de supposer le contraire. 

Ce ne date pas d’hier, puisque depuis l’année 2006, la balance commerciale française est dans le rouge chaque année consécutive sans exception et le déficit cumulé des dix-huit dernières années a déjà dépassé les 650Mld d’euros.

Les principales raisons structurelles de ce grave déficit sont un important déséquilibre du solde des échanges des biens manufacturés, dont la compétitivité française est plombée par le très haut niveau des prix de l’énergie faisant exploser les coûts de production; la forte dépendance française aux énergies fossiles importées et, surtout, l’incapacité déconcertante du président Emmanuel Macron et des responsables de son appareil exécutif à mener une politique économique nationale et, surtout, une politique étrangère qui ne serait pas profondément irresponsable vis-à-vis des intérêts stratégiques de la France qui exigent l’atténuation des retombées désastreuses sur l’économie française par le maintien de relations politico-diplomatiques saines avec des pays-fournisseurs de l’énergie. 

En ce qui concerne les capacités de la production nationale d’électricité, les inquiétudes des Français à la suite de la privation de la France de sa première source d’uranium qui est le Niger ont été atténuées par la communication d’informations sur les stocks français d’uranium qui semblent être suffisants pour faire fonctionner les centrales électriques de l’Hexagone durant les 32-40 ans années à venir.

Le Texte n° 222 déposé au Sénat, le 19 décembre 2023, dévoile : «Si la France ne dispose pas directement d’uranium naturel sur son territoire, les opérations d’enrichissement ont, elles, lieu en France. Aujourd’hui, pour faire fonctionner nos 56 réacteurs nucléaires, EDF a besoin de 8 à 10 000 tonnes d’uranium naturel chaque année. Fin 2021, le stock d’uranium appauvri entreposé sur notre territoire national était de 324 000 tonnes».

Pourtant, l’apaisement des Français à ce sujet est bien hâtif.

Ce même texte stipule : «…en conservant ce rythme actuel [de l’accroissement des réserves de l’uranium], il devrait avoisiner 550 000 tonnes en 2050». Ce qui laisse sous-entendre, à juste titre, l’importance stratégique de la continuation de l’accumulation des stocks. Pourtant, les indications des rythmes de l’accumulation des réserves de l’uranium indiqués dans ce texte du Senat sont aujourd’hui totalement coupées de la réalité.

Non seulement ils ne sont plus réalisables, mais la probabilité est forte que les réserves stratégiques «intouchables» dont la France dispose commenceront à être consommées sous peu, faute de volumes d’importations suffisantes, et cela sera le signe du début du désastre énergétique à venir.  

Avant d’avoir retiré ce début juillet 2024 le permis d’exploitation d’un important gisement d’uranium à Madaouéla (Nord du Niger) au groupe canadien GoviEx, le 19 juin, le gouvernement nigérien a retiré le permis d’exploitation du gisement d’uranium d’Imouraren au groupe français Orano (ex-Areva). Imouraren qui est classé comme l’un des plus grands gisements d’uranium au monde, avec des réserves estimées à 200 000 tonnes.

La politique étrangère du gouvernement de Macron a fait perdre à la France son premier fournisseur d’uranium qui est le Niger. Et ceci d’une manière irrévocable : les puissances étrangères que la France a ouvertement inscrit sur la liste de ses ennemis feront et sont déjà en train de faire le nécessaire pour assurer cette irrévocabilité. La perte par la France de l’accès à ces gigantesques réserves de combustible pour ses centrales électriques est un échec stratégique qui réduit considérablement les alternatives d’approvisionnement et met Paris en position de dépendance accrue vis-à-vis d’autres fournisseurs actuels et potentiels restants.

En parlant du second fournisseur d’uranium pour la France – le Kazakhstan – qui, après la perte du Niger, devient, de facto, le tout premier fournisseur, les autorités françaises n’oublient pas de mentionner que l’exploitation et l’importation depuis ce pays de l’Asie centrale se déroulent via l’entreprise locale Katco qui assure 7% de la production mondiale d’uranium et dont le français Orano détient 51% du capital.

Néanmoins, ce que l’Elysée «oublie» de communiquer à ses citoyens, c’est que les 49% restants du capital de Katco sont détenus par l’entreprise Kazatomprom, laquelle, à son tour, appartient à 50% à l’entreprise Tsentr Obogosheniya Urana dont la Fédération de Russie est le copropriétaire. On ne peut que féliciter la présidence française d’être victime de tels trous de mémoire.

IDE : les illusions et la réalité

Si la France, dont les flux nets des investissements directs étrangers (IDE) ont atteint 72,7 milliards d’euros en 2022 et 39,1 milliards en 2023, reste depuis plusieurs années consécutives bien en tête des IDE sur le sol européen – ce résultat positif est à nuancer.

Les stocks d’investissements étrangers en France se concentrent à près de 70% sur trois secteurs : 35% pour l’industrie (à fin 2023), 14% pour les finances-assurance et 19% pour l’immobilier (source : Banque de France).

Malgré les investissements étrangers assez impressionnants, il est important de ne pas négliger les facteurs qui s’y attachent et qui sont d’une importance stratégique. Notamment, les IDE qui ont lieu en France visent non pas la création de nouveaux emplois, de nouveaux projets de développement et de nouveaux sites, mais principalement l’extension des sites déjà existants. En 2021, les projets visant la création de nouveaux sites ne représentaient que 31%, contre 69% pour des sites déjà existants. Le nombre moyen d’emplois créés par projet étaient de 38.

En même temps et à titre de comparaison, ces proportions sont tout à fait différentes dans d’autres pays européens et ceci en grande défaveur de la France. Notamment, selon les dernières données disponibles (année 2021), en Allemagne, les projets visant la création de nouveaux sites représentaient 81%, contre 19% pour des sites déjà existants. Le nombre moyen d’emplois créés en Allemagne par projet était de 45. Au Royaume-Uni, les projets visant la création de nouveaux sites représentaient 77%, contre 23% pour des sites déjà existants. Le nombre moyen d’emplois créés en Grande Bretagne par projet était de 68 (source : EY).

Ainsi, les résultats de l’attraction des IDE dans l’économie française qui sont présentés par l’actuel pouvoir en tant que succès de sa politique sont bien à nuancer : la monnaie étrangère investie en France génère de 30 à 50% d’emplois en moins qu’en Allemagne ou en Grande-Bretagne, ce qui reflète nettement la réalité désastreuse de la politique française d’emploi.

Les défaillances d’entreprises

Plus de secret pour personne que dans la période du 06/2023 au 06/2024, la quasi-intégralité des pays de l’UE ont enregistré un nombre de défaillances d’entreprises supérieur à celui d’avant la pandémie du Covid.

La France ne fait non seulement pas l’exception dans la tendance généralisée dans l’espace européen, mais en % détient même le «leadership» vis-à-vis de l’Allemagne et du Benelux au niveau des défaillances d’entreprises et ceci depuis le début de 2023. 

Pour les entreprises, les coûts dus à plusieurs éléments clés tels que le refinancement, les salaires et l’énergie sont nettement plus élevés qu’avant la période Covid – ce qui n’est guère le cas de la demande. Le grand manque de confiance des ménages dans l’avenir les fait privilégier l’épargne à la consommation, ce qui déclenche un cercle vicieux, dont la formule est simple : la baisse de la consommation augmente les faillites d’entreprises qui détruisent l’emploi et, de facto, baissent d’avantage la demande des ménages – ce qui, à son tour, impacte directement la croissance. 

Non seulement la France enregistre 60 210 entreprises de toutes tailles confondues qui sont entrées en procédure de défaillances ou de cessation de paiement sur un an (données de la Banque de France, fin mai 2024), ce chiffre inclue les 5 161 entreprises de taille intermédiaire (ETI) et les grosses PME – ce qui est supérieur même à celui du triste record de 4 825 défaillances qui ont été comptabilisées en septembre 2009, après la crise financière que le monde a connue. Les secteurs-clés, tels que l’industrie, l’information/communication et le transport sont grandement impactés et la tendance les concernant ne fait que s’aggraver. 

Post-scriptum

Contrairement aux Etats-Unis qui ont pu, jusqu’à présent, maintenir leur économie à un niveau tout à fait confortable via le déclenchement dans le monde de guerres de répression des menaces à leur hégémonie assurée par le statut de l’outil principal opérationnel qui est le dollar américain, en couvrant grossièrement les invasions par des slogans sur l’apport de la lumière de la démocratie dans des ténèbres dictatoriaux et en tuant au passage des millions de personnes dans ledit processus de «démocratisation» – la France n’est guère ni en position, ni en capacité d’appliquer ce modus operandi, même si ce dernier est considéré comme le plus efficace pour obtenir gain de cause avec l’engagement de la moindre contrepartie.

Les éléments énumérés dans ce dossier d’une manière non exhaustive et ne comprenant pas toute une série d’autres problèmes structurels graves de l’économie française, tels que le niveau des impôts et taxes le plus élevé au monde, le système fiscal le plus complexe au monde, la dette publique exorbitante qui connait la plus grande croissance au sein de l’UE et atteint 3 200 Mld €, le gigantesque déficit public qui se creuse davantage chaque année et atteint la hauteur de 154Mld € pour la seule année de 2023 après 124,9Mld € pour l’année de 2022 – ce sont de désastreuses conséquences structurelles produites par la politique nationale et étrangère néfaste menée par la gouvernance française et nécessitant un changement radical de son vecteur dans les plus brefs délais. Le cas échéant, la seule réalité que connaîtra la France sera celle de l’entrée inexorable de son économie dans une profonde récession.

* Ancien professeur auprès des masters des grandes écoles de commerce de Paris), président du CCIE

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La France : en marche vers la récession (1-2).

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La France en marche vers la récession (1-2)

11. September 2024 um 10:29

Les tendances économiques se développant en France depuis la crise de 2008 ont reçu un important coup d’accélérateur dès l’installation au pouvoir suprême de la république en 2017 du parti d’Emmanuel Macron, dont le cadre de la politique intérieure et de la politique étrangère autodestructrice mène directement vers la récession économique dans laquelle la France est en train d’entrer à grand pas.

Oleg Nesterenko *

La personne qui était à la tête du ministère français de l’Economie, monsieur Bruno Le Maire, a prononcé un discours magistral, le 1er mars 2022, dans lequel il n’a «laissé planer aucune ambiguïté sur la détermination européenne » dans sa volonté de «livrer une guerre économique et financière totale à la Russie», afin de faire effondrer son économie. Son enthousiasme était sans équivoque : «Nos sanctions sont efficaces. Les sanctions économiques et financières sont même d’une efficacité redoutable […] Nous allons donc provoquer l’effondrement de l’économie russe!».

Deux ans et demi se sont écoulés depuis les exultations publiques dudit personnage et nous retrouvons l’économie de la Fédération de Russie très exactement à l’opposé des lumineuses prévisions du ministre : dans une des meilleures de ses formes – ce qui est très loin d’être le cas pour l’économie de l’Hexagone, dont ce dernier est censé de s’occuper.

Le PIB de la Russie a augmenté de 4,6% sur un an au premier semestre 2024, contre 1,1% en France. Le FMI, qui a déjà prévu une croissance confortable du PIB russe, a récemment revu à la hausse ses prévisions initiales de croissance, anticipant désormais une hausse du PIB de 3,2% sur l’ensemble de l’année 2024. Des prévisions qui ne prennent pas, néanmoins, en compte tous les éléments de la réalité des marchés démontrant que la croissance sur l’ensemble de l’année en cours sera plutôt de 3,5-4%.

Selon les dernières statistiques, en juin 2024 la Russie est devenue le pays avec le plus faible taux de chômage parmi les pays du G-20. Le niveau du chômage parmi la population active n’est que de 2,4% contre 7,4% en France qui entre dans le peu glorieux Top-5 des pays du G-20 avec le taux du chômage le plus élevé et dont l’indice INSEE du climat d’emploi annonce un taux de chômage de 8,5% pour la fin de l’année en cours.

En ce qui concerne le pouvoir d’achat de la population russe, au premier trimestre 2024, les revenus nets disponibles – les revenus monétaires corrigés de l’inflation moins les paiements obligatoires des impôts, taxes, redevances et autres contributions obligatoires au budget de l’état – ont vu l’augmentation de 5,8% par rapport à l’année précédente (source : Rosstat). Sur l’ensemble de l’année 2024, l’augmentation du pouvoir d’achat est attendu à hauteur de 9,2% (source : ministère de l’Économie). Pour la France, cependant, une augmentation du pouvoir d’achat à hauteur de 1% brut pour l’année 2024 serait déjà considérée comme un très bon résultat, après une croissance de 0,8% brut pour l’année 2023 (source : l’OFCE).

De même, la Fédération de Russie est entrée dans le Top-3 du G-20 au niveau de la plus faible dette publique par habitant qui n’est que de 2 070$/hab., contre 40 300$/hab. en France, 50 600$/hab. au Royaume-Uni ou encore 104 500$ par habitant aux Etats-Unis d’Amérique.

En France, le taux de chômage élevé de ce jour, la très faible croissance du PIB et la dette publique exorbitante pesant sur le présent et le futur de l’économie française ne sont que les constantes structurelles se développant en synchronie avec toute une série d’autres facteurs économiques résultant de la politique française irresponsable des dernières années et démontrant l’entrée prochaine de la France dans la récession économique.

La croissance du PIB à hauteur de 1,1% pour le premier semestre 2024, dont le chiffre correspond également à la croissance attendue pour l’ensemble de l’année en cours, malgré les prévisions de stagnation annoncées auparavant par l’INSEE, ne doit guère être surestimée et prise pour une constante. La non-modération de la joie serait une importante erreur d’appréciation, car son augmentation n’est grandement due qu’à la hausse des dépenses publiques (+0,3% de la consommation des administrations et +0,6% de l’investissement public pour le second trimestre) qui ne fait que soutenir artificiellement le PIB du pays en creusant davantage la dette de l’Etat français. 

La ré-industrialisation ou la désindustrialisation ?

La désindustrialisation de la France n’est nullement un phénomène nouveau. Elle s’est mise en place dès la crise de 1974 et ne s’est jamais arrêtée depuis, en faisant de la France le pays européen qui s’est le plus désindustrialisé ces 50 dernières années.

Si en 1972 la part de l’industrie manufacturière française dans le PIB était de 19%, en 2020 elle n’est plus que de 9%. De même pour la part d’emplois dans le secteur industriel : 37,4% en 1982, contre 13,3% en 2020.

Dès la période de la propagande électorale précédant la prise du pouvoir en 2017, Emanuel Macron a choisi de se promouvoir avec un message politique tout à fait attractif adressé aux masses électorales : faire de la ré-industrialisation de la France un chantier prioritaire de son mandat. Message adressé à des masses qui ne connaissent à peu près rien du fonctionnement de l’économie mondiale et des lois qui la gouvernent pour être pris au sérieux.

Le travail d’un illusionniste, c’est de concentrer l’attention des spectateurs sur des détails devant leurs yeux et de ne surtout pas leur permettre la vision globale de l’ensemble du processus en développement, ce qui mènerait, le cas échéant, inévitablement à la découverte de la supercherie.

Les années ont passé et Emmanuel Macron se vante de la grande réussite de son initiative de ré-industrialisation de l’Hexagone. Les éléments mis en avant sont le solde positif de la création d’emplois dans l’industrie depuis 2017 et la création de 500 usines de plus en France en 2023 par rapport à 2016.

Très jolie image. Toutefois, la réalité est tout à fait différente.

La spécificité du secteur industriel français d’aujourd’hui et de ses capacités de production sont dans une situation sous très forte dépendance directe des approvisionnements étrangers en matières premières critiques et en énergie.

Vouloir se libérer de cette dépendance – c’est une chose; pouvoir se permettre ce luxe – s’en est une autre. Chercher des alternatives aux approvisionnements depuis, notamment, la Chine et la Russie est non seulement une idée utopique, mais, tout simplement, financièrement suicidaire pour de nombreux secteurs de l’industrie française, dont les marges de manœuvres sont déjà quasi inexistantes.

Et c’est exactement ce que le gouvernement Macron est en train d’imposer au secteur secondaire de l’économie française. En violant d’une manière grossière les règles de l’OMC, le tenant actuel du pouvoir en France est en train de provoquer la mise en place d’une riposte de la part de la Russie et de la Chine à l’hostilité française. Une riposte asymétrique qui aura des répercutions désastreuses et à très long terme sur l’économie française.

Le seul espoir de l’industrie de l’Hexagone est dans la retenue rationnelle des décideurs de la coalition sino-russe qui ne se limiteront qu’à une riposte proportionnelle, au lieu d’exercer leur pouvoir de déclencher une guerre économique et de faire effondrer d’une manière radicale et dans des délais limités non seulement le secteur industriel de l’économie française, mais celui de l’ensemble de l’Union européenne (UE), en les privant d’importations vitales.    

En parlant des chiffres du «miracle» de la ré-industrialisation réalisée par le parti présidentiel, plusieurs éléments sont à retenir. Selon les dernières statistiques disponibles, la production industrielle française accuse une décroissance nette de 3,1% pour la période du 05/2023 au 05/2024.

Selon les indices de l’INSEE datant de juillet 2024 sur le climat des affaires, hormis la période particulière du Covid, ce dernier est au plus bas depuis le mois d’avril 2015 pour le secteur des services et, pour le secteur de l’industrie, au plus bas depuis ces 11 dernières années – depuis le mois du juillet 2013.

Dans le secteur du BTP, le climat des affaires est au plus bas depuis avril 2016. Dans celui du commerce de détail, hormis la chute d’avril 2022 liée à l’incertitude produite par le déclenchement du conflit en Ukraine, le climat des affaires est au plus bas depuis novembre 2014. 

En ce qui concerne les 500 nouveaux sites industriels de plus en France en 2023 par rapport à 2016, les communicants de l’Elysée «oublient» de mentionner que la production manufacturière française, quant à elle, a baissé de 4,45% pour la même période. Alors qu’entre 2012 et l’arrivée de Macron au pouvoir en 2017, elle a, au contraire, connu une augmentation de 1,2%.

En ce qui concerne la production du matériel de transport sous les deux quinquennats de Macron, elle s’est, tout simplement, effondrée.

En mettant en avant le solde positif de création d’emplois dans l’industrie depuis 2017, une fois de plus, ils «oublient» de préciser qu’aujourd’hui la France est au 22e rang européen sur les 27 en matière d’emploi industriel rapporté à l’emploi total.

La part de l’industrie dans le PIB français en 2016, avant la prise du volant du pouvoir par Emmanuel Macron, était de 17,43% ; en 2022, à l’issue des cinq années de son mandat, cette même part été de 17,38% (Statista), ce qui n’est rien d’autre que la démonstration d’une parfaite stagnation tout à fait éloignée des narratifs développés par l’Elysée. 

L’indice de la production industrielle des PMI est à 42,1, ce qui le place au plus bas depuis avril 2009, hors période Covid et la remontée post-Covid de décembre 2023.

Avec une vision à long terme, les statistiques nationales démontrent nettement et indiscutablement que le grand projet de la ré-industrialisation de la France par le parti du président Macron, projet qui a été promu en tant que chantier prioritaire de ses deux quinquennats, ne peut guère être qualifié de grande réussite. Et il n’est pas à négliger que nous parlons bien de l’élément de la politique nationale où l’effort et l’investissement ont été parmi les plus considérables. 

La grande dépendance incontournable de l’industrie française vis-à-vis des importations énergétiques et des matières premières critiques depuis les pays envers lesquels la France se positionne ouvertement d’une manière de plus en plus hostile, la main d’œuvre française incomparablement plus coûteuse que celle d’un grand nombre de concurrents sur le marché mondial et tant d’autres éléments de contraintes spécifiques à la production sur le sol français rendent l’idée de la réussite de la ré-industrialisation française illusoire et totalement coupée de la réalité économique.

Le résultat de la gouvernance de Macron, étroitement associée à celle de l’UE, a directement mené vers l’impossibilité non seulement du développement, mais même d’une stagnation simple des industries énergivores françaises et européennes. 

La survie durable de ces dernières ne peut être assurée qu’avec la délocalisation vers des pays procurant l’accès à des énergies à des coûts abordables pour pouvoir rester concurrentielles au sein du marché mondial. Notamment vers les Etats-Unis d’Amérique qui sont aujourd’hui les premiers bénéficiaires de la nouvelle politique économique de l’UE et de la France.

A moyen et long terme, le processus de désindustrialisation de la France ne va que s’accentuer et ne fera qu’aggraver l’important déséquilibre du commerce extérieur déjà existant, ce que j’évoquerai plus loin. Ce déséquilibre ne sera que proportionnel à l’ampleur de la désindustrialisation qui risque d’être plus vaste que celle connue entre 1979 et 1984, quand la chute de l’industrie française a été la plus brutale en Europe.

La production industrielle française risque d’être de moins en moins concurrentielle sur le marché mondial et de se replier progressivement sur le marché intérieur intra-européen, dont l’exécutif assurera le protectionnisme qui est déjà en train de prendre de l’ampleur. Le protectionnisme qui est bien une lame à double tranchant avec le prix qui va avec et qui sera également à payer.

Le protectionnisme ou le néolibéralisme ?

La réponse est sans équivoque. D’une part, la politique commerciale protectionniste dans son état pur et irréfléchi ne peut être que porteuse d’une grave récession économique.

A ne pas oublier les leçons de l’histoire : c’est bien la politique commerciale protectionniste qui fut la cause majeure de la Grande Dépression que le monde a connue de 1929 à 1939. L’instauration d’importantes mesures protectionnistes dans les pays industrialisés a fait muter la crise financière et la récession économique du début des années 1930 en une dépression économique à l’échelle mondiale.

La hausse des droits d’importation pour venir en aide à certains secteurs de l’économie nationale provoque inexorablement des mesures de rétorsion, symétriques ou asymétriques, de la part des pays-victimes des mesures protectionnistes. Le résultat obtenu n’est que la diminution réciproque du commerce international des pays impliqués.

Mais, d’autre part, le néolibéralisme tel qu’on le connaît depuis des décennies, ne peux être bénéfique à des pays occidentaux, dont la France, qu’à la condition qu’il s’applique à des pays «partenaires», dont la politique intérieure et étrangère est globalement soumise à la volonté occidentale. La soumission, telle qu’on la connait depuis l’époque de la prétendue décolonisation : via la pression par des institutions financières internationales contrôlées par l’Occident collectif, telles que la Banque mondiale (BM) et le Fond monétaire international (FMI); via l’installation des présidences et des gouvernements dans des pays visés sous le contrôle du pouvoir occidental et, le cas échéant, via l’organisation de coups d’état, voir le lancement de guerres de remise en ordre des rapports «dominant-dominé».

La guerre en Ukraine s’est avérée être un élément accélérateur de la refondation de l’échiquier politico-économique mondial dans lequel la soumission du monde non-occidental à des règles néolibérales de l’Occident deviendra de plus en plus compliqué à maintenir et à développer par ce dernier.

De même, vu la montée en puissance des économies non-occidentales disposant de plus en plus de leviers de pressions et de capacités de ripostes symétriques et asymétriques vis-à-vis de la force occidentale dominatrice, le renforcement des mesures protectionnistes par les marchés occidentaux ne peut guère être considéré comme une solution salutaire.

Ainsi, les nouvelles réalités mondiales en cours de développement ne peuvent que produire des constats alarmants vis-à-vis du futur de l’économie française.

* Ancien professeur auprès des masters des grandes écoles de commerce de Paris), président du CCIE

A suivre…

La France en marche vers la récession (2-2) : Les technologies avancées seront-elles salutaires ?

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Le repli de l’inflation ouvre la voie à une baisse du taux directeur de la BCT

09. September 2024 um 12:00
Le repli de l’inflation ouvre la voie à une baisse du taux directeur de la BCT | Univers News

Par Khélil LAJIMI
Ancien ministre

TUNIS – UNIVERSNEWS L’Institut national de la statistique (INS) vient de publier les chiffres de l’inflation à fin août 2024. L’Indice des prix à la consommation (IPC) poursuit son repli, depuis son pic de 10,4% en mars 2023, pour baisser à 6,7%. Ce recul de l’inflation est une bonne nouvelle. Il faut saluer les efforts de la Banque centrale de Tunisie (BCT) qui a mené une politique monétaire restrictive pour combattre l’inflation. L’Institut d’émission devrait continuer ce travail pour la ramener à des niveaux qui garantissent la stabilité des prix et ce, malgré un discours qui prône une baisse significative du taux directeur (TD) pour relancer l’investissement. Or, pour vérifier la pertinence d’un investissement, on mesure le taux de rentabilité interne ou taux de rendement interne (TRI) qui est un indicateur financier calculé par les investisseurs et les banquiers. En Tunisie, un investissement qui ne dégage pas un TRI entre 20 et 25 %, en dinars, n’est généralement pas rentable. Donc une variation du taux directeur de 1% à très peu d’impact sur la rentabilité d’un investissement dont le TRI se situe entre 20 et 25 %. Mais nous comprenons nos amis investisseurs qui prônent la baisse des taux d’intérêt vue la sous-capitalisation structurelle des entreprises et le recours excessif à l’effet de levier de l’endettement bancaire. Mais ce reflux de l’inflation ne doit pas nous amener à relâcher les efforts. L’inflation demeure encore élevée et la maîtriser est un enjeu important pour la stabilité économique et la cohésion sociale.

Le groupe alimentation et les soldes principaux contributeurs à la baisse de l’inflation en août

La baisse de l’inflation à fin août est due essentiellement à la décélération du rythme d’augmentation annuelle des prix de l’alimentation à 8,5% contre 9,4% le mois précèdent. Les produits alimentaires libres ont connu une hausse de 9,4% contre 2,6% pour les produits alimentaires à prix encadrés. D’un autre côté, le début de la période des soldes a contribué aussi à cette baisse. Les prix des articles d’habillement et des chaussures se sont repliés (-4,5%) entre juillet et août.

L’Inflation sous-jacente fait de la résistance

Le taux d’inflation sous-jacente (hors produits alimentaires et énergie), indicateur important dans la conduite de la politique monétaire, recule légèrement de 0,1%, pour s’établir à 6,4% contre 6,5% le mois précédent.  Cet indicateur scruté par le Comité de politique monétaire ne baisse pas franchement. Pour comprendre la résistance de cet indice, l’analyse de la contribution des secteurs à l’inflation à fin août (6,7%) montre que : l’énergie et l’alimentaire contribuent en valeur absolue pour 0 et 2,5 points respectivement et stables depuis neuf mois ; par contre les produits manufacturés, 2,5 points, et les services, 1,7 points, baissent lentement sur la même période de 4,8 points à 4,2 points. 

Baisse du taux directeur de la BCT

Au vu de l’ensemble des indicateurs de l’inflation publiés, ajoutés à une croissance économique encore molle (le mandat de la BCT se limite à la stabilité des prix), les conditions d’une baisse de 50 points de base du taux directeur de la BCT sont réunies. On aurait ainsi un taux directeur de 7,5%.  L’important n’est pas l’ampleur de la baisse mais l’inflexion dans le mouvement d’évolution des taux d’intérêts. Un signal positif à l’ensemble des opérateurs économiques et un léger allègement du service de la dette publique intérieure que nous estimons à 130 millions de dinars en année pleine sur l’encours des BTA et des BTC.

Enfin, le travail sur la maîtrise des prix du groupe alimentation reste essentiel pour contenir l’inflation. En effet, les prix alimentaires demeurent très élevés et un travail approfondi sur la constitution de ces prix est un élément clé de la maîtrise de l’inflation.  Par ailleurs, une amélioration de la productivité dans les services et les industries manufacturières contribuera aussi à la maîtrise de l’inflation. Il est primordial que les augmentations salariales, dans ces deux secteurs, soient résorbées par une amélioration conséquente de la productivité, autrement les prix continueraient à déraper.  

 

 

Université du XXIe siècle : générateur, serveur et diffuseur de connaissance

09. September 2024 um 11:44

De nos jours et à une échelle globale, la richesse des nations dépend plus que jamais de leurs richesses en ressources humaines éduquées et de leurs capacités à créer et à innover. L’âge d’or de la connaissance moderne a commencé au XXe siècle et cette tendance se confirme et s’accentue à l’aube de ce troisième millénaire.

Pr Med Dahmani Fathallah *

L’université n’a jamais été aussi importante et le volume d’éducation n’a jamais été aussi dense. L’université offre des possibilités d’éducation, crée des connaissances et fournit des services.

L’université a un impact significatif sur presque tous les aspects de la société contemporaine, de la prospérité et du bien-être personnel à la compétitivité économique, en passant par la sécurité nationale, la protection de l’environnement et l’enrichissement de la culture. Il existe un consensus sur le fait qu’aucun autre investissement public n’est plus rentable économiquement que celui réalisé dans l’enseignement supérieur.

Les missions classiques des universités modernes sont l’enseignement, la recherche et les services qui s’y rattachent. Ces missions ont pour objectifs la préservation, l’intégration, la transmission, la création et l’application des connaissances. Si l’on se réfère au langage informatique des réseaux, l’université peut être considérée comme un «serveur de connaissance», fournissant les services du savoir et du savoir-faire (c’est-à-dire la création, la conservation, l’intégration, la transmission et l’application de la connaissance).

Cette perspective montre clairement que si les rôles fondamentaux de l’université en tant que serveur de connaissances ne changent pas au fil du temps, les expressions de ces rôles changent, et ce de manière assez significative. Dans cette perspective, le défi du changement et de la transformation consiste simplement à maintenir les rôles traditionnels que l’université a toujours joués dans la société.

L’université du XXIe siècle ne se contentera pas de transmettre le meilleur des connaissances passées, mais intégrera activement le concept moderne de l’importance de la création et de la diffusion de nouvelles connaissances.

Le modèle universitaire du XXIe siècle s’annonce dynamique et versatile axé sur les technologies de la quatrième révolution industrielle et intégrant les objectifs du millénaire fixés par les Nations Unies.

L’aspect démographique

Jusqu’au milieu du XXe siècle, l’enseignement universitaire n’était jugé nécessaire et utile que pour un nombre limité de privilégiés. Aujourd’hui, la plupart des professions de l’économie moderne et du marché du travail requièrent un diplôme universitaire. Des études basées sur une analyse prospective ont montré que plus de 70% des emplois offerts d’ici 2030 nécessiteront un diplôme universitaire. Ceci est en train de se traduire par une demande d’enseignement postsecondaire plus importante que par le passé. Cette demande accrue proviendra d’un segment plus diversifié de la population et obligera le système à offrir un enseignement de haute qualité à cette population nombreuse et diversifiée. Rien qu’en Afrique le nombre de candidats aux études supérieures est estimé à 30 millions à l’orée de 2030.

Jusqu’à récemment, l’université s’est développée sur la base du modèle d’apprentissage d’un expert travaillant en étroite collaboration avec un apprenti. L’expert assigne des tâches, assure la supervision et la formation nécessaires à l’accomplissement de ces tâches et fournit un retour d’information continu sur le travail. Ce modèle de base, ou son évolution moderne du «Tuteur Expert», s’est avéré être la méthode d’éducation la plus efficace.

Ces approches du passé seraient-elles suffisantes pour répondre aux besoins éducatifs de la société actuelle ? Ces besoins consistent à enseigner efficacement un énorme volume de connaissances et des compétences techniques hautement complexes à la majeure partie de la population estudiantine. La réponse est probablement non. On se retrouve alors en face d’un défi éducatif sans précédent.

L’impact des technologies de l’information

Les développements des technologies de l’information et de la communication (Tics) au cours des dernières décennies offrent des possibilités évidentes de modifier la façon dont l’enseignement universitaire est dispensé afin de le rendre plus efficace et plus efficient. Il est surprenant de constater que cet immense potentiel reste largement inexploité.

En général, les technologies de l’information actuellement disponibles dans le domaine de l’éducation sont assez limitées, tant en termes de quantité que de qualité, en dépit de quelques exemples spectaculaires. En conséquence, les membres du corps enseignant de l’université du XXIe siècle devront probablement troquer leur rôle d’enseignant contre celui de concepteur de nouvelles expériences d’apprentissage et de créateur de processus et d’environnements éducatifs novateurs.

Il est probable que dans l’université du XXIe siècle, les enseignants abandonneront le style d’enseignement actuel. Le processus d’apprentissage solitaire, dans lequel les étudiants apprennent essentiellement par eux-mêmes en lisant, en écrivant et en résolvant des problèmes, évoluera et se transformera en expériences d’apprentissage collectif dans lesquelles les étudiants travailleront ensemble et apprendront ensemble.

Dans un tel paysage éducatif, le professeur devient plus un consultant ou un coach qu’un enseignant. Les enseignants ne se concentreront plus sur la collecte et la transmission de connaissances conventionnelles, mais se préoccuperont davantage d’inspirer, de motiver et de gérer un processus d’apprentissage dynamique fait par les étudiants pour par les étudiants1.

Cependant, le problème est que les enseignants d’aujourd’hui n’ont pas reçu la formation adéquate et ne possèdent pas les compétences nécessaires pour s’engager dans ce type d’expérience éducative. L’université devra subir de profonds changements qui affecteront ses racines les plus profondes si le processus de création de nouvelles connaissances doit évoluer du chercheur solitaire vers des équipes de chercheurs, souvent réparties dans un certain nombre de disciplines.

En d’autres termes, les objectifs de l’enseignement supérieur seront atteints grâce au processus de production de connaissances par la recherche. Le concept d’apprentissage par la pratique sera mis en exergue et devra probablement être revu et institutionnalisé.

La recherche et développement

Dans l’université du XXIe siècle, les recherches fondamentales et appliquées seront probablement fusionnées sous le nom de recherche et développement. Outre l’adoption du concept d’apprentissage par la pratique, cela soulignera le nouveau rôle majeur que le corps enseignant jouera dans l’acquisition et l’application des connaissances, en particulier dans le domaine des sciences et de l’ingénierie.

La gestion d’un programme de recherche devient une partie obligatoire des activités de presque tous les professeurs de sciences et d’ingénierie, et c’est souvent la partie la plus reconnue et la mieux récompensée.

La description de poste typique du personnel universitaire comprendra certainement la mise en œuvre de programmes de recherche définis. Cette activité principale nécessite la préparation de propositions de recherche et la mise en concurrence pour l’obtention de fonds de recherche.

En outre, le travail comprendra les tâches classiques suivantes : i) gestion des étudiants diplômés et du personnel, ii) rédaction d’articles scientifiques, iii) contribution aux sociétés professionnelles concernées, iiii) participation à des conférences et à des exposés.

Par conséquent, le travail du personnel universitaire sera plus ou moins similaire à la gestion d’une entreprise. Grâce à ses propres programmes de recherche et de développement et en tant que bénéficiaire du soutien de l’industrie à la R&D, l’université du XXIe siècle contribuera de manière significative à l’innovation industrielle de la nation et à la mise en place d’une économie fondée sur la connaissance [Knowledge Based Economy, KBE].

Les contributions des partenariats de recherche et développement entre l’industrie et les universités au niveau de l’innovation technologique conduiront à l’adoption par de nombreuses entreprises de nouvelles technologies générées dans l’université. La proximité physique des institutions de recherche jouera un rôle crucial dans la diffusion de la culture de l’innovation et de l’esprit d’entreprise.

Le transfert de technologie

Au XXIe siècle, les professeurs d’université seront de plus en plus sollicités par leurs institutions et les gouvernements pour franchir l’étape supplémentaire consistant à convertir les connaissances de leur laboratoire de recherche en produits commerciaux. Cela apporte des revenus supplémentaires à l’institution et justifie de manière très visible les dépenses publiques consacrées à la recherche dans les universités.

Par souci d’équité et d’efficacité ce modèle doit aussi profiter l’universitaire. Lorsqu’ils s’impliquent dans le processus de transfert de technologie, les membres du corps enseignant doivent être conscients que ce processus est le moyen de gérer une entreprise du «monde réel». Pour réussir dans cette tâche similaire à la gestion d’une entreprise, ils doivent s’appuyer sur leur expérience de la gestion d’un laboratoire de recherche universitaire et s’y préparer.

En fonction de la taille de l’université et du volume de ses activités de recherche et de leurs résultats, il sera obligatoire de créer un bureau dédié au transfert de technologie [Technology Transfert Office, TTO] ou de traiter avec un bureau externe. Une telle structure a des tâches multiples allant de la sélection et de l’évaluation de nouvelles technologies ayant un potentiel commercial et un rendement financier pour les universités, à la protection de la propriété intellectuelle et à la commercialisation de la technologie par le biais d’une variété de partenariats et d’autres mécanismes.

Bien que de bons arguments puissent être avancés en faveur de la valeur de la recherche universitaire menée par les enseignants, la commercialisation des résultats de la R&D et la création d’entreprises dérivées entraînent pour les enseignants de nouvelles exigences et responsabilités qui étaient largement inexistantes au milieu du siècle dernier. Ces exigences doivent être prises en compte dans toute discussion sur la transformation de l’enseignement supérieur et l’évolution de l’université vers un modèle du  XXIe siècle.

L’infrastructure physique

L’université en tant que lieu physique conserverait-elle sa pertinence au XXIe siècle ? Si nous considérons que la mission d’enseignement : bien que nous pensions généralement à ce rôle en terme de paradigme de salle de classe, c’est-à-dire d’un professeur enseignant à une classe d’étudiants, qui à leur tour répondent en lisant des textes assignés, en écrivant des articles, en résolvant des problèmes ou en réalisant des expériences, et en passant des examens, il est clair que la génération d’étudiants d’aujourd’hui peut exiger une approche tout à fait différente. La génération «plug-and-play» d’aujourd’hui ou génération «Z» connectée d’aujourd’hui, exigera probablement que cet univers remplace les cours magistraux par des expériences hautement interactives et collaboratives.

En outre, la bibliothèque, pierre angulaire de l’université, ne sera plus un centre de collection, mais plutôt un centre de navigation du savoir, un facilitateur de la recherche et de la diffusion de l’information. La bibliothèque universitaire du XXIe siècle permettra l’accès à de vastes quantités de données numériques dans des systèmes informatiques physiquement dispersés, auxquels les utilisateurs pourront accéder à distance par le biais de réseaux d’information.

L’université du XXIe siècle sera probablement une communauté de personnes étroitement liées mais largement dispersées, intéressées par le partage de nouvelles expériences et la poursuite intellectuelle créées dans l’esprit humain à l’aide de moyens numériques.

Néanmoins, à court terme, il semble probable que l’université en tant que lieu physique pour la communauté d’érudits et centre culturel subsistera.

La gouvernance, l’organisation et la gestion

Cette question est l’une des plus critiques et des plus complexes auxquelles est confronté l’enseignement supérieur. L’université du XXIe siècle utilisera de nouvelles structures de gouvernance et de direction, de nouvelles cultures et de nouvelles politiques pour gérer efficacement et se développer en réponse aux nombreux défis internes et externes de l’environnement moderne de l’enseignement supérieur.

Les structures de gouvernance traditionnelles ont été construites selon une forme pyramidale, le pouvoir de décision étant confiné au sommet de la pyramide. Les conceptions conventionnelles de l’organisation et de la gestion des universités sont encore largement répandues dans la plupart des établissements d’enseignement supérieur.

Dans une université moderne, la prestation d’un enseignement supérieur de qualité repose fondamentalement sur la synergie efficace des tâches et le partage des responsabilités, et donc sur un processus de prise de décision collégial. L’organisation de la gouvernance universitaire du XXIe siècle tiendra compte de cette évolution et permettra l’engagement et la responsabilisation de l’ensemble de la communauté universitaire afin de garantir la réalisation des objectifs de l’université.

Le cœur du système universitaire global est que l’université doit être autonome dans son fonctionnement et démocratique dans sa gestion, et ce sous macro-contrôle public. La structure administrative sera le moteur et le noyau d’une université du XXIe siècle. La flexibilité de la structure interne et l’efficacité des processus sont nécessaires pour permettre à l’organisation de planifier et de s’adapter.

Un autre problème de gestion auquel l’université du XXIe siècle sera confrontée, est la gestion juridique et économique des activités intracommunautaires. La gestion juridique et économique de la propriété intellectuelle est un autre problème de gestion auquel l’université du XXIe siècle sera confrontée.

Conclusion

En se référant aux activités de recherche/développement, de transfert de technologie et de l’enseignement, on conçoit que l’université du XXIe siècle puisse être à la fois un générateur, un serveur et un diffuseur de connaissance. Même si ces activités diffèrent, elles restent toujours centrées sur la connaissance.

Cependant, les progrès extraordinaires des technologies surtout les technologies de l’intelligence artificielle et l’information et de la communication auront de profondes répercussions sur tous les aspects liés à la réalisation de la mission élargie de l’université du XXIe siècle.

Il est aussi important de se demander si la connaissance gardera son rôle central dans le concept de l’université qui existe depuis plus de mille ans ou si on se dirige vers une pluralité du concept de cette remarquable institution sociale? Si nous voulons une réponse à cette question légitime, nous devons analyser cette citation provocante de l’économiste du MIT Paul Krugman, dans un article intitulé «White Collars Turn Blue» («Les cols blancs deviennent bleus») : «La diminution du rendement économique des titres universitaires conduira à la dévaluation de l’enseignement supérieur (et à un retour au rôle de l’université au XIXe siècle, à savoir une institution essentiellement sociale pour les enfants des riches) 2.

Est-ce le cas aujourd’hui ?

* Expert Onusien en stratégie de l’éducation et transfert de technologie.

Notes :

1) Med Dahmani Fathallah, et al. “Consensual Cooperative-Learning: A New Method to Harmonize the Learning of Complex Knowledge.” American Journal of Educational Research, vol. 6, no. 12 (2018): 1710-1714. doi: 10.12691/education-6-12-18.

2) ‘‘New York Times Magazine’’ (p.106 édition du 29 septembre 1996).

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L’UGTT contre les réformes de Saïed : une grève générale de trop !

09. September 2024 um 07:23

Les syndicats jouent un rôle crucial dans la défense des droits des travailleurs. Mais ils ne doivent pas interférer dans le processus politique de manière destructrice. Aussi les grèves générales doivent-elles être envisagées avec prudence et dans des contextes où elles sont justifiées par des revendications réelles et concrètes.

Leith Lakhoua *

Lors de sa dernière réunion à Monastir, le Conseil national de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a décidé d’organiser une grève générale. La décision prise par le Conseil devra, selon le règlement général de la centrale syndicale, les détails de ce mouvement de protestation, notamment sa date, seront fixés lors de la prochaine réunion du bureau exécutif national.

Depuis trois ans, l’UGTT se positionne contre les réformes mises en place par le président Kaïs Saïed. Toutefois, cette opposition semble déconnectée de la réalité, car les réformes du président ont abordé plusieurs problèmes sociaux et ont contribué à l’amélioration des conditions de vie des travailleurs. Les augmentations du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) et les avancées dans le secteur de l’éducation en témoignent.

La décision de déclencher une grève générale à un moment aussi critique, à peine un mois avant les élections présidentielles, soulève des interrogations. Ce mouvement pourrait compromettre les efforts visant à stabiliser l’économie et à préparer le terrain pour des élections sereines. L’UGTT semble vouloir utiliser ce levier pour entrer en conflit avec les institutions de l’État, ce qui pourrait engendrer des perturbations économiques majeures.

Il est essentiel de rappeler que les syndicats jouent un rôle crucial dans la défense des droits des travailleurs. Cependant, il est tout aussi important qu’ils n’interfèrent pas dans le processus politique de manière destructrice. Les grèves générales doivent être envisagées avec prudence et dans des contextes où elles sont justifiées par des revendications réelles et concrètes.

Dans ce contexte, il est impératif que la présidence de la république prenne des mesures pour restaurer l’ordre et la stabilité. Les enjeux économiques et sociaux de la Tunisie ne doivent pas être sacrifiés sur l’autel des tensions politiques. Il est crucial de garantir un équilibre entre les revendications syndicales et la nécessité de maintenir une économie stable et fonctionnelle, surtout à l’approche d’élections décisives pour l’avenir du pays.*

* Consultant en logistique et organisation industrielle.

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Tunisie : 80% des entreprises médiatiques menacées de disparition

08. September 2024 um 12:47

Les médias en Tunisie ne se sont jamais aussi mal portés qu’ils le sont aujourd’hui. Ce secteur est sinistré sur le plan économique et complètement abandonné par l’Etat, qui n’est pressé d’y mener les réformes qui s’imposent.

C’est  le président du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) qui a lancé cette alerte, lors de sa participation à une rencontre organisée par le SNJT et la Fédération internationale des journalistes (FIJ), en collaboration avec les associations Journalisme et citoyenneté et Journalistes sans frontières, ce dimanche 8 septembre 2024, sur le thème «Comment soutenir la presse de qualité ?».

«Le secteur souffre aujourd’hui en Tunisie d’abandon, d’appauvrissement, de marginalisation et d’intimidation. Il a besoin d’être profondément réformé, mais le pouvoir le laisse sciemment couler», estime Dabbar, qui déplore l’absence d’instances de régulation notamment pour l’information audiovisuelle, et ce depuis la marginalisation de la Haute instance indépendante de la communication audiovisuelle (Haica) et son remplacement par l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie).

L’absence de la Haica se fait aujourd’hui lourdement ressentir en pleine campagne pour la présidentielle du 6 octobre prochain, estime Dabbar. Cette élection est d’ailleurs la première que les médias tunisiens couvrent en l’absence d’une instance de régulation, sous le contrôle direct de la commission électorale et sous la menace du recours au décret loi n°54 qui a valu l’emprisonnement et des poursuites judiciaires à plusieurs journalistes et acteurs de la société civile, ce qui a créé un climat de peur dans les salles de rédaction et poussé les journalistes à l’autocensure, a aussi fait remarquer Dabbar.              

Citant les conclusions d’une étude récemment réalisée par le SNJT et qui sera publiée avant la fin de cette année, Zied Dabbar a indiqué que 80% d’entreprises médiatiques vont bientôt fermer leurs portes en raison des difficultés financières qu’elles rencontrent et des pressions de toutes sortes auxquelles elles font face, alors  que le public va de plus en plus chercher l’information dans les réseaux sociaux où pullulent les mensonges, les désinformations et les manipulations de toutes sortes.

I. B.   

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Le Réseau tunisien pour les droits et les libertés saura-t-il tourner la page des alliances dangereuses?

06. September 2024 um 07:13

Le Réseau tunisien pour les droits et les libertés ne doit être ni un remake du Collectif  du 18 octobre 2005, contre Ben Ali, qui a été un tremplin permettant aux islamistes de cueillir les fruits d’une révolution à laquelle ils n’ont pas participé, ni un prolongement du Front de salut national (FSN), créé le 31 mai 2022, contre Kaïs Saïed, qui aboutira aux mêmes résultats.

Mohamed Cherif Ferjani *

Il a fallu que la mascarade des prochaines élections présidentielles tourne au tragicomique avec les rebondissements de l’affaire des candidatures recalées, repêchées par l’Assemblée générale du tribunal administratif dont les décisions sont légalement définitives, irrévocables et sans appel, puis à nouveau recalées par l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), pour qu’enfin des associations et des partis politiques passent à l’acte et mettent en place le Réseau tunisien pour les droits et les libertés.

Un tel réseau aurait dû voir le jour bien avant : contre  les islamistes et leurs alliés qui ont commencé, dès leur accès au pouvoir, à remettre en cause les acquis de la révolution dans le domaine des droits et des libertés, puis, au lendemain du 25 juillet 2021, contre la volonté, affichée dès sa candidature à la présidence, d’instaurer un régime liberticide fermant la porte à la séparation des pouvoirs et à un fonctionnement démocratique des institutions.

Mieux vaut tard que jamais

L’entêtement de l’Isie ne fait que confirmer les visées de Kaïs Saïed à l’origine du processus conduisant aux impasses de la situation absurde dans laquelle la Tunisie s’enfonce, chaque jour davantage.

Outre la volonté de Kaïs Saïed, plusieurs forces politiques et sociales ont contribué à ce processus en le soutenant ou en faisant le dos rond et en laissant faire. Certains pointent, à raison, les forces politiques qui ont d’emblée soutenu toutes les décisions de Kaïs Saïed sans en être remerciées, mais aussi des organisations comme l’Utica et l’Ordre des avocats. Cependant, la responsabilité de l’UGTT n’est pas moindre d’autant plus qu’elle était et reste la seule force ayant la capacité et la légitimité de fédérer les autres forces sociales et politiques, comme elle a su le faire contre la Troïka pour imposer le Dialogue national. Plusieurs appels ont été adressés en ce sens à la centrale syndicale. Elle y a répondu par le silence ou en se limitant à quelques déclarations et réactions timorées, loin d’être à la hauteur de la gravité de la situation.

La création du Réseau tunisien pour les droits et les libertés aujourd’hui peut être considérée comme une initiative arrivée trop tard; mais mieux vaut tard que jamais ! Le plus important n’est pas le timing de l’initiative. Le retard peut être rattrapé si les objectifs sont bien définis, et si les moyens, dont les alliances, sont bien choisis.

Concernant les objectifs, outre la cause des droits et des libertés, pour laquelle le réseau est créé en rapport avec la tournure tragicomique de l’actuel processus électoral, il serait important de savoir si la perspective de son action est, par-delà le combat contre la politique et le régime de Kaïs Saïed, de rompre ou de renouer avec le passé proche et lointain, avant le 25 juillet 2021 et avant le 14 janvier 2011, passé contre lequel les forces vives du pays se sont levées pour voir leurs  luttes détournées de leurs objectifs au profit de forces politiques qui n’ont rien à voir avec leurs aspirations : l’islam politique et ses alliés entre 2011 et 2021; et le populisme national-conservateur depuis le 25 juillet 2021.

Ne pas reproduire les alliances dangereuses

Le non retour à la situation d’avant 2021 et 2011, dans la perspective de la défense des droits et des libertés, implique un combat pour une démocratie sociale répondant aux aspirations – sociales, politiques et culturelles – qui ont porté la révolution de 2010-2011, contre le régime de Ben Ali, et auxquelles toutes les politiques menées depuis cette révolution ont tourné le dos.

Si l’objectif est la rupture avec le présent national-conservateur, le passé islamiste et le passé des régimes de Ben Ali et de Bourguiba, dans une perspective démocratique traduisant les aspirations des forces vives du pays, les moyens et les alliances pour atteindre ces objectifs doivent en découler : un combat démocratique faisant appel à la mobilisation des forces vives de la société, dans des cadres et par des moyens démocratiques. Cela implique le refus de toute alliance avec les forces politiques dont l’objectif est la poursuite ou la reprise des projets antidémocratiques, d’une part, et, d’autre part, le refus de tout appel à l’armée et aux forces de sécurité pour leur faire jouer un rôle politique pour pallier l’impuissance des partis et de la société. 

Dans  ce sens, le Réseau tunisien pour les droits et les libertés ne doit être ni un remake du collectif  di 18 octobre 2005, contre Ben Ali, qui a été un tremplin permettant aux islamistes de cueillir les fruits d’une révolution à laquelle ils n’ont pas participé, ni un prolongement du Front de salut national (FSN), créé le 31 mai 2022, contre Kaïs Saïed, qui aboutira aux mêmes résultats : s’allier avec des forces antidémocratiques qui ne s’intéressent à la question des droits et des libertés que comme un parapluie, lorsqu’elles sont la cible de la répression, c’est servir de caution à ces forces qui ont montré qu’elles n’ont aucun scrupule à changer d’alliances comme de chaussettes. 

J’espère que les organisations de la société civile et les partis politiques regroupés dans le Réseau tunisien pour les droits et les libertés ne reproduiront pas les erreurs des alliances dangereuses du passé et tireront les leçons des expériences qui ont été fatales à la démocratie, aux droits humains et aux libertés publiques et individuelles. A bon entendeur salut !

* Professeur honoraire de l’Université Lyon 2.

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Kaïs Saïed et les intellectuels mal informés

06. September 2024 um 06:43

Certains intellectuels entretiennent une polémique autour des candidatures à la présidence. Leur objectif semble être de barrer la route au président Kaïs Saïed, mais quel en serait le bénéfice pour le pays?

Leith Lakhoua *

Récemment, la Tunisie a été secouée par une polémique autour de la gestion des candidatures à la présidence, notamment celles de Abdelatif Mekki, Mondher Zenaidi et Imed Daimi.

Cette controverse a été exacerbée par des critiques formulées par certains intellectuels, qui, malgré leur statut, semblent mal informés des subtilités juridiques et administratives en jeu. Leur indignation cible principalement l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) pour ne pas avoir exécuté un jugement du Tribunal administratif sur l’éligibilité des candidats.

Pourtant, il est crucial de rappeler que le Tribunal administratif ne peut que rendre un jugement administratif, laissant à l’Isie la responsabilité de la décision finale, en prenant également en compte la situation civile des candidats.

Cette réaction illustre une tendance récurrente parmi certains intellectuels mal informés à alimenter des polémiques plutôt que de comprendre en profondeur les mécanismes en place. Cette attitude n’est pas nouvelle. Par le passé, ces mêmes voix se sont élevées contre des décisions liées à des affaires de diffamation impliquant des journalistes et des chroniqueurs, ainsi que contre les enquêtes sur les affaires douteuses de certains hommes d’affaires. Leur agitation semble souvent chercher à exacerber des situations déjà tendues, sans véritablement chercher des solutions constructives.

La question légitime qui se pose est : que cherchent réellement ces intellectuels ? Leur objectif semble être de barrer la route au président Kaïs Saïed, mais quel en serait le bénéfice pour le pays? Le président de la république a initié des réformes destinées à remédier à la corruption et aux dysfonctionnements politiques qui ont marqué les dix dernières années. Sa démarche est perçue par certains comme un retour à une gouvernance plus saine, loin des dérives passées.

L’ex-président Habib Bourguiba avait un jour affirmé que la Tunisie pourrait être détruite par ses propres enfants. Cette vision semble se vérifier aujourd’hui, avec des intellectuels dont la désinformation contribue à entretenir une atmosphère de conflit et de confusion. Cependant, la présence et la vigilance d’un peuple libre sont essentielles pour contrer ces dérives et protéger les intérêts de la nation.

En définitive, il est impératif que le débat public se base sur une compréhension claire des enjeux et des processus. Les intellectuels, loin de se limiter à alimenter des polémiques mal informées, devraient jouer un rôle constructif en éclairant le débat et en soutenant des réformes qui visent à renforcer l’intégrité et la transparence des institutions. La Tunisie, face à ces défis, a besoin d’une critique éclairée et responsable pour avancer vers un avenir plus stable et équitable.

* Consultant en logistique et organisation industrielle.

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L’autorité politique seule justiciable de la sélection des candidats à la présidence

03. September 2024 um 06:42

Dans le débat actuel sur les conditions de sélection des candidats à la présidence de la république, opposer l’autorité de la commission électorale à celle du tribunal administratif n’est pas convaincant et ne fait que fournir de l’eau au moulin de ses adversaires.   

Dr Mounir Hanablia *

Je ne suis ni juriste ni politicien et je me bornerai à apporter par cet article ma modeste contribution à un débat qui exacerbe les passions et les ambitions afin d’épargner à mon pays des contorsions supplémentaires dont son peuple après plus de dix années de traversée du désert n’a nul besoin.

La récente décision du tribunal administratif de répondre favorablement aux requérants concernant leurs candidatures aux élections présidentielles et celle de l l’Isie d’en surseoir l’application, sont en train de plonger le pays dans une ambiance insurrectionnelle propice à tous les dérapages.

La question n’est pas de savoir si les décisions du tribunal administratif sont supérieures à celles de toute autre institution officielle ainsi qu’on s’obstine à la considérer, pour des raisons qui n’ont rien de juridique. Les magistrats de la cour n’ont jamais prétendu détenir le pouvoir d’accorder à des candidats le droit d’être présidentiables. Ils ont simplement dit que les raisons pour lesquelles certains parmi eux avaient été rejetés par l’instance électorale n’étaient juridiquement pas valables. Mais celle-ci, au lieu de faire amende honorable, a jugé bon de dénoncer à postériori la participation de certains juges et a donc transposé l’objet du débat, tout à fait à tort selon moi, vers le conflit des juridictions, l’Isie n’étant nullement une cour de justice, quoiqu’étant susceptible d’infliger des sanctions aux contrevenants.

Le droit de choisir ses adversaires

En réalité et ainsi que tout le monde l’a compris, le véritable objet du litige est de savoir si le chef de l’Etat qui est lui-même en course pour un autre mandat, a ou non le droit de choisir ses propres adversaires.

A priori, il est facile de dire qu’il ne l’a pas, mais il ne s’agit là que d’une opinion empirique, autrement dit basée sur le simple bon sens et sur le sentiment commun de justice que la complexité des réalités ne justifie souvent pas.

Dans les pays qualifiés de démocratiques dont les corpus juridiques sont les plus évolués, différents mécanismes existent, visant à contrôler les candidats, et à s’assurer qu’ils ne violent pas les lois constitutionnelles, civiles, pénales, administratives, ou même communes. Or ces mécanismes se trouvent pour une large part sous le contrôle de l’autorité politique et non pas des juges.

A titre d’exemple, il y a en France le Conseil constitutionnel qui valide les comptes de campagne des candidats aux élections présidentielles. Au milieu des années 90, Roland Dumas, son président socialiste, avait validé les comptes du candidat de droite Edouard Balladur, alors que de sérieuses réserves sur leur régularité avaient été exprimées par les délégués de la Cour des comptes. Des soupçons quant à l’origine des rétro-commissions en rapport avec l’attentat de Karachi au cours duquel onze ingénieurs français devaient décéder, avaient été exprimés sans que des preuves formelles y aient été apportées. Pour se justifier Roland Dumas avait nié avoir été en droit d’annuler l’ensemble des élections présidentielles à cause de cette histoire, et que l’intérêt de son pays lui avait imposé d’agir comme il l’avait fait.

Le second exemple a trait aux contacts établis entre le candidat à la présidence Donald Trump avec des émissaires de Vladimir Poutine lors de la campagne électorale et publié après son élection à la présidence. L’enquête du procureur indépendant Robert Muller n’avait pu établir sa culpabilité, faute de preuves, alors que l’attorney général Bill Barr n’avait pas hésité contre toute évidence à le laver de tout soupçon. C’est ce même Bill Barr qui allait abandonner les charges du ministère de la Justice contre Mike Flynn, l’ami du président Donald Trump, pourtant coupable  de crime fédéral. Il ne faudra pas non plus oublier le commentaire du sénateur Mitch Mc Connell chef du parti républicain jugeant inutiles après l’attaque du Capitole toute sanction contre un président sur le départ.

La Tunisie n’a jamais été en reste durant les années Ennahdha : Béji Caïd Essebsi avait gracié l’un de ses proches, condamné par la justice. Rached Ghannouchi, le président «élu» du parlement grâce à l’apport décisif de Nabil Karoui, n’hésitait pas à prendre l’avion d’Istanbul après des séances nocturnes à l’ARP sans en référer à quiconque et sans que nul n’eût été informé de l’objet de son voyage.

Plus récemment encore la Cour suprême des Etats-Unis d’Amérique avait disculpé le président Trump de toute accusation de violation des lois fédérales sur les documents secrets. La Cour suprême dont plusieurs des membres lui devaient leur nomination avait estimé que le président dans l’exercice de ses fonctions était soit non justifiable de toute poursuite, soit non justifiable jusqu’à preuve du contraire, et que seuls les actes n’ayant pas trait à ses fonctions pouvaient être jugés.

Les garde-fous institutionnels nécessaires

Tous ces exemples prouvent que, étant dépositaire de l’intérêt supérieur de l’Etat,  l’autorité d’un président de la république en exercice est toujours supérieure, et que celle des magistrats y obéit toujours, quoiqu’on en dise.

On peut certes faire le reproche au président Kaïs Saïed de ne pas s’être entouré des garde-fous institutionnels nécessaires lui évitant de s’exposer en première ligne. Ainsi opposer l’autorité de l’Isie à celle du tribunal administratif n’est pas convaincant et ne fait que fournir de l’eau au moulin de ses adversaires. Une commission parlementaire aurait mieux fait l’affaire afin de sélectionner les candidats. 

N’en déplaise à tous les thuriféraires d’une démocratie idéalisée, à fortiori à l’heure de l’Internet et réseaux sociaux évaluateurs et influenceurs d’opinions en temps réel, il demeure du devoir de tout Etat de s’assurer que les candidats à la magistrature suprême veillent à respecter ses intérêts les plus fondamentaux, et le président Macron en apporte présentement la preuve. Et de cela, des magistrats disposant d’un simple dossier afin de répondre à une question ne sauraient être les meilleurs juges.

* Médecin de libre pratique.  

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Comment relancer le tourisme tunisien, en déclin depuis 2010 ?

01. September 2024 um 10:04

Dans cette «Lettre ouverte à Sofiene Tekaya, le nouveau ministre du Tourisme et de l’Artisanat», l’auteur, vieux routier de la profession, passe en revue les maux chroniques dont souffre cette industrie en Tunisie et propose des solutions.

Habib Glenza *  

Permettez-moi tout d’abord de vous souhaiter la réussite dans votre nouvelle mission, là où beaucoup avant vous ont échoué.

Je n’ai pas de conseils à vous donner car vous êtes mieux placé que moi pour connaître les maux chroniques du tourisme tunisien. Mais en tant que citoyen tunisien je tiens à vous rappeler les recommandations du président Kaïs Saïed, lors de la cérémonie d’investiture des nouveaux membres du gouvernement, à propos  de la lutte contre la corruption et contre tous les responsables qui ont fermé leurs portes au nez du citoyen tunisien où qu’il soit. Il parlait de la corruption de certains lobbys qui ont gangrené l’économie tunisienne en général et le secteur touristique en particulier. 

Hôtels en difficulté et d’autres fermés

En seulement 5 ans, l’hôtellerie tunisienne a perdu plus de 60 000 lits, passant d’une capacité d’hébergement globale de 240 000 à 180 000 lits. C’est une perte considérable, sachant que notre tourisme a été créé grâce à l’effort de l’Etat qui a investi une fortune, au détriment de plusieurs secteurs névralgiques tels que l’agriculture et la pêche.

Monsieur le ministre, j’aimerais vous citer en exemple l’hôtel Nabeul-Plage qui a été construit en 1964 grâce aux efforts de la municipalité de Nabeul, propriétaire du terrain sur lequel a été construit l’établissement, et plusieurs centaines d’associés dont mon défunt père, associé-fondateur.

Malheureusement, l’hôtel en question a été géré, en dépit de la volonté de tous les associés, par des personnes louches qui ont profité des largesses de l’administration locale. Ces personnes, dont certaines étaient proches du pouvoir de l’ancien président Ben Ali, ont fini par ruiner ce joyau. Jusqu’à ce jour ni les associés et associés fondateurs ni leurs descendants n’ont touché un seul sou depuis 1964!

Au nom de toutes ces personnes, je vous demande d’ouvrir une enquête pour que justice soit faite. L’enquête doit également concerner tous les hôtels qui sont en situation difficile ou qui ont fermé définitivement leurs portes, pour déterminer les raisons qui ont conduit à cette perte nationale.

J’ai écrit à ce sujet à plusieurs responsables du ministère du Tourisme et de l’ONTT, malheureusement mes demandes sont restées lettre morte. J’ai également soulevé le cas de l’hôtel Nabeul Plage sur les pages du journal Kapitalis.com, mais je n’ai noté aucune réaction 

Une activité peu rentable   

Je suis dans le tourisme depuis les années 60. En 1992, j’ai créé le premier TO tuniso-polonais avec comme seule et unique destination la Tunisie. Je peux vous affirmer que notre tourisme allait beaucoup mieux à cette époque. Les meilleures performances ont été réalisées en 2006, 2007, 2008, 2009 et 2010. Une étude rétrospective présentée lors du Forum Ibn Khaldoun pour le Développement, en 2020 et 2023, par des experts issus de l’ONTT, de la BCT et de l’Organisation mondiale du tourisme, a confirmé, chiffres à l’appui, la bonne santé de notre tourisme durant sa phase d’expansion couverte durant les années 1970-2010. Après ce fut le début d’un long déclin qui se poursuit encore aujourd’hui.

Malgré les efforts déployés en matière de promotion du produit touristique sur les marchés émetteurs, la position de la Tunisie dans le bassin méditerranéen n’a cessé de décliner depuis 2010, à tel point que la couverture du déficit commercial par les recettes nominales en devises est aujourd’hui de l’ordre de 19% alors que le montant en devises de l’exercice 2005 en couvrait 75%!

Ce qui s’est passé depuis 2010, c’est sans doute la révolution de 2011, les attentats du Bardo, de Sousse, de Tunis et de Djerba, ainsi que les mesures de confinement et de restriction des déplacements en 2020 et 2021 suite à la pandémie de la Covid-19. Il y a cependant des raisons encore plus profondes que les aléas de la conjoncture, et qui sont d’ordre structurel. 

All-inclusif et manque de rentabilité  

J’ai écrit sur les pages de ce même journal plusieurs articles concernant le diktat des TO étrangers sur les hôteliers et agences de voyages qu’ils poussent à davantage de concessions. Pire encore l’hébergement en all-inclusive a non seulement transformé nos hôtels en hôtels-dortoirs comme disait le président Kaïs Saïed, mais il a nettement augmenté les charges des hôteliers qui les répercutent négativement sur la qualité de service.

Grâce aux normes internationales de plus en plus sévères en matière d’hébergement, plusieurs pays touristiques optent sur une formation professionnelle qualitative et quantitative pour mieux répondre à ces normes. En Tunisie, la qualité de service laisse beaucoup à désirer en raison de l’absence de formation professionnelle qualitative et quantitative. Je rentre très souvent au pays, et à chaque fois je remarque que les services hôteliers sont en-deçà des normes en ce qui concerne le traitement du linge qui, faut-il le rappeler, représente l’image de marque de tout hôtel et en particulier d’un hôtel 4 et 5 étoiles ou se prétendant tel.  

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