La Société nationale des chemins de fer tunisiens (SNCFT) a annoncé, mercredi soir, 11 juin 2025, l’échec des négociations avec la partie syndicale, qui a décidé d’observer une grève les jeudi 12 et vendredi 13 juin 2025.
Toutefois, la SNCFT a assuré, dans un communiqué, que toutes les mesures ont été prises pour garantir le transport des citoyens, sans préciser si elle va procéder aux réquisitions des employés pour assurer le trafic ferroviaire.
Alors que police de l’immigration américaine fait des arrestations massives dans plusieurs secteurs de Los Angeles où se trouvent une grande population de migrants provenant de l’Amérique latine, de très grandes manifestations ont lieu pour s’y opposer. Donald Trump a décidé de mobiliser la Garde nationale et les Marines pour faire face à ces manifestations qui se tiennent dans une ville et un État profondément démocrate en l’occurrence la Californie. Pire, le président américain appelle à l’arrestation du gouverneur Gavin Newsom qui est en train de devenir la figure de proue de l’opposition à son pouvoir.
Imed Bahri
Dans une analyse publiée dans le New York Times, l’éditorialiste Michelle Goldberg décrit avec acuité ce qu’elle perçoit comme les signes d’un autoritarisme sous la présidence de Trump. Elle exprime sa vive inquiétude depuis la réélection de de dernier et surtout aujourd’hui alors qu’il fait appel à l’armée pour faire face aux manifestations qui se tiennent à Los Angeles contre les expulsions massives des migrants ce qui pourrait conduire les États-Unis à l’application de la loi martiale.
Goldberg souligne que, même dans les scénarios les plus pessimistes, elle n’a jamais imaginé que Trump déploierait des forces militaires dans les rues d’une ville américaine contre la volonté des autorités locales, simplement pour répondre à des manifestations relativement modestes comme ce fut le cas la semaine dernière à Los Angeles. Il est devenu clair que Trump n’a pas besoin d’une véritable crise pour lancer une répression autoritaire, il peut tout simplement la créer.
Goldberg reconnaît que certains manifestants ont agi violemment, ce qui, selon elle, est contraire à l’éthique et contre-productif et in fine profite au pouvoir. Toute attaque contre des biens publics comme l’incendie de stations de taxis ou le vandalisme de vitrines fait le jeu de l’administration et lui fournit un prétexte à utiliser pour tenter de justifier ses méthodes musclées.
L’éditorialiste estime cependant que l’affirmation selon laquelle la ville traversait un dangereux état de chaos justifiant une intervention militaire est une pure fiction. Samedi soir, la police de Los Angeles a publié un communiqué déclarant: «Aujourd’hui, les manifestations dans la ville étaient pacifiques et nous félicitons tous ceux qui ont exercé leurs droits constitutionnels de manière responsable».
En dépit de cette affirmation, Trump a outrepassé l’autorité du gouverneur de Californie Gavin Newsom et a fédéralisé la Garde nationale de l’État invoquant une loi rare qui n’est activée qu’en cas d’insurrection ou de menace d’insurrection contre l’autorité du gouvernement des États-Unis.
Trump ne s’était pas arrêté là. Il avait décidé d’envoyer 700 Marines aux côtés des milliers de soldats de la Garde nationale déjà déployés. Malgré ce renforcement militaire, la LAPD (police de Los Angeles) a exprimé son opposition à cette présence, le chef de la police Jim McDonnell a déclaré: «L’arrivée des forces fédérales à Los Angeles sans coordination claire représente un défi logistique et opérationnel important».
Cependant, la protection de la ville n’a jamais été le véritable objectif de Trump. Les manifestations n’ont plus besoin d’être violentes pour être qualifiées de «soulèvement illégal». L’appel à la Garde nationale intervient normalement pour faire face aux actes de violence et aux manifestations qui entravent le maintien de l’ordre mais dans ce cas, la définition de menace s’est élargie aux manifestations même pacifiques.
Goldberg cite un exemple datant du mois de mai quand des agents fédéraux armés ont pris d’assaut deux restaurants italiens populaires de San Diego maîtrisant les employés et arrêtant quatre personnes. Une foule en colère s’est rassemblée devant les restaurants scandant «Honte» et a empêché les clients de partir pendant un certain temps. Dans la logique actuelle de Trump, ces manifestants pourraient être considérés comme insurrectionnelles et passibles d’une action militaire.
L’éditorialiste insiste sur le fait que la violence sert le discours du pouvoir tandis que la manifestation pacifique est la véritable menace qu’il cherche à réprimer. Elle cite l’appel lancé lundi par Trump à l’arrestation du gouverneur Newsom. Et souligne que tout observateur extérieur aurait conclu à l’instauration de l’autoritarisme s’il avait été témoin de scènes comme l’envoi de troupes pour réprimer la dissidence intérieure, l’arrestation de dirigeants syndicaux et les menaces contre des opposants politiques.
Goldberg pose une question cruciale : Comment peut-on encore convaincre les Américains opposés à l’autoritarisme de se mobiliser?, notant que beaucoup s’attendent à ce que l’affrontement de Los Angeles renforce la popularité de Trump en le présentant comme un défenseur de la loi et de l’ordre surtout qu’il a le don de créer des scènes conflictuelles qui attisent les émotions de ses partisans.
Une opinion instable
Cependant, l’opinion publique américaine reste instable et il est donc essentiel que tous ceux qui ont une tribune -politiciens, anciens combattants, responsables culturels et religieux- saisissent l’occasion pour condamner les excès de l’administration et se mobilisent.
Goldberg note que des responsables comme le chef adjoint de cabinet de la Maison-Blanche Stephen Miller promeuvent l’idée que Los Angeles est «un territoire occupé» invoquant le fait que certains manifestants agitent des drapeaux étrangers. Les Américains qui croient en la démocratie doivent dénoncer ce récit et lui crier au visage: «C’est un mensonge stupide et insultant destiné à justifier une prise de pouvoir dictatoriale».
L’éditorialiste se souvient de ce qui s’est passé en 2020 lorsque Trump a pris une photo devant l’église Saint-Jean après que la police a utilisé des gaz lacrymogènes contre des manifestants. L’incident a suscité une indignation générale parmi les chefs religieux et les militaires à la retraite et la Maison-Blanche a été contrainte de reculer. Un sondage réalisé à l’époque montrait que deux tiers des Américains tenaient Trump pour responsable de l’exacerbation des tensions.
Dérive vers la dictature
Goldberg prévient que la situation a changé. De nombreux démocrates hésitent à s’engager dans une nouvelle bataille après les pertes politiques subies suite aux réactions négatives contre le mouvement Black Lives Matter et l’immigration clandestine. Cependant qu’un président qui déploie l’armée dans les rues d’une ville américaine sur la base de mensonges invoquant une invasion étrangère imaginaire ne peut être ignoré. Cet événement est l’un des signes les plus évidents de la dérive du pays vers la dictature.
La journaliste indique également que Trump prévoit pour son prochain anniversaire un défilé militaire massif à Washington sous prétexte de célébrer le 250e anniversaire de la fondation de l’armée américaine. Des chars ont été filmés en train de pénétrer dans la ville dans une scène digne d’un cauchemar cinématographique, avec le Lincoln Memorial en toile de fond tragique.
Tout en espérant que la tentative de Trump de réprimer les manifestations déclenchera des contre-manifestations dans tout le pays sous le slogan «Pas de roi», Goldberg estime que le désir de liberté peut être empreint de peur mais ne tolère pas la lâcheté.
«L’humanité commence dans l’homme par le désintéressement», écrivait Amiel. Il n’est de plus grande noblesse que de voir un être humain se lever pour en secourir un autre. Plonger dans les flots pour sauver un naufragé, courir dans une maison en flammes pour en extraire un enfant ou une personne âgée — ces gestes, par leur simplicité héroïque, nous rappellent ce qu’il y a de plus grand en nous. Car sauver l’autre, c’est au fond sauver soi-même. C’est préserver en nous la part humaine, celle que l’égoïsme et l’indifférence s’emploient chaque jour à ronger.
Khémaïs Gharbi *
Ce sursaut d’humanité, nous le voyons aujourd’hui prendre forme dans une initiative concrète, modeste peut-être en apparence, mais immense par la portée symbolique qu’elle recèle : une caravane de solidarité est partie de Tunis, avec à son bord des citoyens tunisiens, algériens, marocains, mauritaniens — et bientôt des Libyens — unis par la seule force de leur conscience et de leur cœur. Leur destination : le poste-frontière de Rafah, entre l’Égypte et Gaza.
Ils ne transportent pas des armes, ni des discours creux. Ils portent avec eux ce que les peuples opprimés attendent le plus du reste du monde : une preuve que leur souffrance n’est pas invisible. Une main tendue. Un regard fraternel. Un cri qui rompt le silence.
Les peuples se lèvent
Depuis plus d’un an, Gaza endure l’insoutenable : famine organisée, blocus total de nourriture, de médicaments, de soins, de logement… et des bombardements quotidiens qui ont déjà fait plus de 160 000 morts et blessés.
Face à ce martyre, les grandes puissances — celles qui ont les moyens d’agir — restent paralysées par des calculs géopolitiques ou des intérêts sordidement matériels. Mais les peuples, eux, ne se taisent pas. Ils se lèvent. Comme toujours dans l’Histoire, ce sont les anonymes, les sans-grades, les consciences éveillées, qui répondent présents.
Partout en Europe et au-delà, des manifestations massives ont dénoncé le blocus de Gaza, l’occupation israélienne, le génocide en cours, et le silence complice des institutions internationales. À peine le bateau Maddalena avait-il été intercepté par l’armée israélienne qu’une nouvelle initiative s’est mise en route, cette fois par voie terrestre.
À Tunis, des femmes et des hommes se sont rassemblés, ont formé une caravane, et pris la direction de la Libye avec un seul but : rejoindre Rafah, non pour «briser» le blocus — ils n’en ont pas les moyens — mais pour dire que Gaza n’est pas seule. Pour rappeler que la solidarité est un devoir moral avant d’être un acte politique. Pour raviver cette flamme humaine qui refuse de s’éteindre, même sous les gravats.
Ce geste est beau. Il est simple. Et il est profondément politique, au sens le plus noble du mot. Il est l’écho d’une tradition ancienne, où l’on allait, sans calcul, secourir ou réconforter l’autre parce qu’il est notre semblable.
À cette caravane, nous disons merci. Merci de nous rappeler que l’honneur n’est pas mort. Merci de réaffirmer, dans un monde de plus en plus indifférent, que l’humanité est encore capable d’élans désintéressés. Puissent vos pas faire vibrer les consciences. Et si vous n’êtes pas autorisés à entrer à Gaza, sachez que vous êtes déjà entrés dans le cœur de ceux qui gardent foi en la justice et en la dignité humaine.
Abdelwahab Meddeb n’est plus, mais il écrit encore. Dix ans après sa disparition, ses carnets refont surface et composent un livre bouleversant de beauté et d’érudition : ‘‘Vers l’Orient. Carnets de voyage de Tanger à Kyoto’’, publié aux éditions Stock. Plus de cinq cents pages de manuscrits, de dessins, de méditations poétiques, de pensées sur l’histoire, les civilisations, les villes et les âmes.
Djamal Guettala
Il y a des auteurs qui écrivent pour publier. Meddeb écrivait pour marcher, pour respirer, pour exister. Dans ses carnets retrouvés par son épouse Amina et sa fille Hind, il y a le monde. Pas le monde qu’on traverse en touriste, mais celui que l’on arpente en lecteur, en mystique laïc, en poète en quête de correspondances.
De Tanger à Kyoto, en passant par Fès, Tolède, Kairouan, Alexandrie, Sarajevo ou Jérusalem, l’auteur trace une carte intérieure où les civilisations dialoguent en silence.
Érudition en mouvement
Chaque étape du voyage est une méditation. Chaque ville, un palimpseste. Meddeb lisait les pierres comme d’autres lisent les livres. Il consigne, en français comme en arabe, dans une graphie soignée, ses impressions, ses émerveillements, ses colères aussi. Les pages sont ornées de croquis, de plans d’architecture, de fleurs séchées ramassées au bord d’un chemin. L’objet-livre est un trésor en soi, magnifiquement préfacé par Arthur H.
Ce ‘‘Vers l’Orient’’ n’est pas une fuite mais un retour. Un retour aux sources, à l’origine du souffle poétique, aux croisements oubliés où l’Islam et l’Europe, l’Afrique et l’Asie se sont fécondés mutuellement.
Meddeb rappelle, sans jamais le dire frontalement, que l’Orient n’est pas l’Autre, mais une part de nous-mêmes. Que la culture musulmane n’est pas un bloc figé mais une vibration, une traversée, une lumière qui voyage.
Le legs d’un passeur
Abdelwahab Meddeb fut poète, romancier (‘‘Talismano’’, ‘‘Phantasia’’), essayiste (‘‘La Maladie de l’islam’’), critique d’art, historien, traducteur, animateur de l’émission ‘‘Cultures d’islam’’ sur France Culture. Il a aussi contribué à la redécouverte de la littérature arabe classique, à la traduction des grands textes soufis, et à l’exploration des liens entre peinture, mystique et modernité.
Ses carnets, patiemment assemblés par son épouse et sa fille, ne forment pas un journal intime mais une géographie mentale. Un texte-monde. Un anti-GPS poétique. On y entre comme on entre dans une bibliothèque ancienne ou une médina endormie. On en ressort avec la sensation d’avoir appris à regarder autrement.
Un livre d’avenir
Ce livre arrive à point nommé. À l’heure où les crispations identitaires et les replis dogmatiques réduisent la pensée à des slogans, ‘‘Vers l’Orient’’ ouvre des fenêtres. Il rappelle que le voyage est un acte de culture, que l’islam n’est pas un mur mais un pont, que la beauté sauve parfois ce que la politique détruit.
Pour tous ceux qui aiment la langue, la lenteur, la marche, la poésie et la civilisation, ce livre est un événement. Meddeb, l’écrivain-marcheur, l’amoureux des livres et des lieux, n’est pas mort. Il nous parle encore. À nous de tendre l’oreille.
‘‘Vers l’Orient. Carnets de voyage de Tanger à Kyoto’’, de Abdelwahab Meddeb, préface Arthur H, éditions Stock, collection «La Bleue», Paris le 21/05/2025, 512 pages.
Dans le cadre du projet ‘Soumoud’ mis en œuvre par Onu-Habitat en Tunisie avec l’appui de l’Agence espagnole de coopération internationale pour le développement (Aecid), la municipalité de Kerkennah accueille une série d’activités d’échange d’expériences visant à renforcer les capacités locales en matière de résilience climatique urbaine face au changement climatique.
Le projet, mené dans six villes de cinq pays (Bolivie, Colombie, Jordanie, Tunisie et Éthiopie), s’inscrit dans le programme phare mondial Rise Up – Résidences résilientes pour les populations urbaines vulnérables, dont l’ambition est de mobiliser des investissements importants en faveur de l’adaptation urbaine au changement climatique.
Après une première étape organisée à Madrid en mai 2025, la deuxième phase de cet échange a lieu à Kerkennah du 9 au 13 juin 2025. Elle comprend des visites de terrain, des rencontres avec les acteurs municipaux et techniques ainsi qu’une master class organisée à la Faculté des sciences de Sfax, en collaboration avec la municipalité de Kerkennah et l’Université de Sfax.
Experts espagnols au cœur de la transition écologique de Kerkennah
Cette master class, intitulée «Kerkennah en transition : vers une résilience urbaine intégrée, une mobilité verte et des solutions fondées sur la nature», se tient le 12 juin à la Faculté des Sciences de Sfax et rassemble universitaires, étudiants, experts nationaux et internationaux autour de thématiques clés tels que : l’utilisation des données géoréférencées pour la gouvernance territoriale, les approches écosystémiques pour l’adaptation climatique pour les villes, la culture hors-sol et la mobilité durable sur les territoires insulaires.
Cette initiative vise à présenter le rapport d’Analyse des vulnérabilités multi-couches de Kerkennah et à enrichir le Plan d’action climatique de Kerkennah actuellement en cours, tout en renforçant la capacité d’adaptation des territoires insulaires particulièrement vulnérables.
L’échange met également en lumière les bonnes pratiques issues des îles espagnoles comme celles de l’île de Las Palmas, représentée par un expert de la municipalité, ainsi que les innovations locales développées par des chercheurs tunisiens.
Dans le cadre de sa politique d’inclusion urbaine, Onu-Habitat accorde une attention particulière à ne laisser personne de côté, en particulier les sans-abris et les migrants, qui sont de véritables acteurs du changement et de la cohésion au sein des communautés.
Et si la guerre n’était plus seulement l’échec de la diplomatie, mais aussi la réussite silencieuse des marchés financiers ? Dans un monde où les conflits ne sont plus des accidents, mais des variables intégrées aux modèles financiers, il devient urgent de comprendre comment la logique spéculative façonne les dynamiques de sécurité globale. Ce n’est pas une dénonciation, mais une mise en lumière : celle d’un capitalisme contemporain où la paix semble coûter plus cher que la guerre, où les armes ne sont plus seulement des instruments de dissuasion mais des actifs financiers à part entière, et où la géopolitique dialogue en permanence avec les stratégies d’investissement.
Ould Amar Yahya *
Dans un monde façonné par les flux de capitaux, les arbitrages budgétaires et les réseaux d’influence, une question s’impose : jusqu’où la finance internationale contribue-t-elle à entretenir la logique des guerres sans fin?
Défendre sans agresser : les dilemmes stratégiques
Certes, dans un monde où la souveraineté des nations peut être menacée par des agressions extérieures, développer une capacité autonome de production d’armements revêt une importance stratégique majeure. Ce n’est pas une fuite en avant militariste, mais un impératif moral, politique et économique : assurer la sécurité de ses citoyens, défendre les principes de liberté, protéger l’intégrité territoriale, dissuader toute velléité d’invasion et favoriser le développement économique. Lorsqu’une guerre est imposée, la capacité à se défendre avec efficacité devient une condition de survie nationale, mais aussi un acte de responsabilité à l’égard de l’ordre international. Dans ce contexte, produire des armes, c’est refuser la dépendance et affirmer que la paix, parfois, se construit aussi par la force de la dissuasion.
Le capitalisme de guerre : une mécanique bien huilée
Mais cette logique défensive ne saurait en aucun cas justifier que l’on déclenche ou prolonge des guerres à des fins lucratives. Faire de la guerre un simple vecteur de profit, une variable d’ajustement pour les dividendes, une mesure de relance pour l’économie, relève d’un cynisme insoutenable. Aucune courbe boursière, aucun rendement financier ne saurait compenser le chaos, les destructions massives, les vies humaines perdues ou les traumatismes durables que laisse derrière elle toute guerre inutile. Entre défense légitime et commerce de la mort, la frontière est fine, mais essentielle. Il est du devoir des États, des entreprises et des investisseurs de ne jamais la franchir.
Et pourtant, cette frontière est aujourd’hui largement brouillée. Depuis 2001, quand les bombes explosent, certaines courbes boursières montent. Dans le silence feutré des salles de marché, la guerre est perçue comme une opportunité. Car derrière les discours sur la paix et la diplomatie, un capitalisme de la guerre s’organise, porté par les plus puissants fonds d’investissement du monde. Une collusion d’intérêts se dessine : celle entre les stratégies d’allocation des grands fonds, la rémunération des dividendes et la perpétuation des conflits.
Trump face au complexe militaro-industriel
En septembre 2024, lors d’un rassemblement dans le Wisconsin, le candidat à la présidentielle Trump a vivement dénoncé cette collusion : «Je vais expulser les va-t-en-guerre. Nous avons des gens qui veulent faire la guerre tout le temps. Vous savez pourquoi ? Les missiles coûtent 2 millions de dollars pièce. Voilà pourquoi. Ils adorent larguer des missiles partout. Moi, je n’ai lancé aucune guerre… Je vais expulser les va-t-en-guerre de notre appareil sécuritaire national et mener un grand nettoyage du complexe militaro-industriel pour mettre fin au profit de guerre et toujours faire passer l’Amérique d’abord. Nous mettons l’Amérique d’abord. Nous allons mettre un terme à ces guerres sans fin. Des guerres sans fin, ça ne s’arrête jamais».
Si la campagne affichait une volonté de rupture, les décisions budgétaires prises une fois au pouvoir ont témoigné d’une continuité stratégique inattendue.
Trump devenu président a annoncé en mai 2025 un budget de la défense flirtant avec le seuil symbolique des 1 000 milliards de dollars (!), ce qui a suscité une avalanche de réactions et de critiques au sein de son propre camp au Congrès, au sein des milieux stratégiques et de la presse spécialisée.
Malgré ce budget faramineux, Roger Wicker, président républicain de la commission des forces armées du Sénat, a dénoncé une proposition qui risque, selon lui, «d’anéantir les capacités militaires américaines et le soutien à nos troupes». Mike Rogers, son homologue à la Chambre, a fustigé une «trajectoire budgétaire irréaliste». Susan Collins et Mitch McConnell, figures modérées et influentes, ont exprimé leurs réserves quant à l’usage d’«artifices comptables» pour faire illusion, prévenant que le Congrès ne saurait être «dupé par une ingénierie financière aussi instable».
Les consultants en défense mènent depuis un mois une campagne auprès des élus, expliquant que «la crédibilité de la puissance américaine est à ce prix».
Dans les médias et les publications proches du lobby militaire, les tribunes se multiplient pour alerter sur le «décrochage capacitaire» des États-Unis face à la Chine, à la Russie ou même à l’Iran. La Foundation for Defense of Democracies, fortement financée par l’industrie de l’armement, s’indigne : «On ne peut pas faire la paix par la force avec un modeste budget de paix». Ce refrain trouve un écho jusque dans les réseaux sociaux, où certains influents vétérans n’hésitent pas à qualifier ce budget de «trahison envers nos troupes».
Enfin, la réaction la plus révélatrice est le «silence» des marchés financiers. À l’annonce du budget, les titres de la défense ont peu réagi, signe que les investisseurs savent déjà que, quel que soit le chiffre affiché, les arbitrages réels se jouent ailleurs. Dans les commissions. Dans les comités restreints. Et dans ce triangle d’influence où la guerre est moins une nécessité qu’un modèle économique.
La guerre, ultime valeur refuge des fonds d’investissement ?
Le silence des marchés face à la montée en puissance des dépenses militaires révèle moins une indifférence qu’un ajustement structurel : celui d’un capitalisme qui intègre la guerre comme levier stable, mais économiquement questionnable. L’industrie de la défense, hautement concentrée et protégée par des contrats publics, opère en marge des logiques de marché, échappant à la concurrence et à l’allocation efficiente des ressources. Sa production, orientée vers la dissuasion, ne contribue que marginalement à l’innovation ou à la croissance civile.
Ce déséquilibre s’accompagne d’un arbitrage budgétaire risqué : en canalisant des ressources considérables vers des secteurs à faible rendement sociétal, il fragilise à terme l’investissement dans les infrastructures fondamentales de l’économie réelle. Cette logique, désormais renforcée par les flux de capitaux institutionnels orientés vers un secteur jugé résilient, accentue la tension entre impératif stratégique immédiat et soutenabilité économique de long terme.
Financiarisation stratégique du complexe militaro-industriel
Les fonds d’investissement sont les plus importants actionnaires de toutes les grandes entreprises de défense : Lockheed Martin, Raytheon, General Dynamics… Leur poids est tel qu’ils votent les orientations stratégiques, influencent les politiques ESG (Environnementales, Sociales et de Gouvernance), et orientent les flux de capitaux vers les secteurs jugés «résilients».
Ces fonds n’investissent pas par idéologie, mais par logique : la guerre, c’est du rendement prévisible. Les contrats publics sont massifs, récurrents, indexés sur l’inflation. Les marges sont solides. Et les besoins, depuis 2001, sont devenus structurels. Difficile de trouver un secteur plus protégé du cycle économique.
Dividendes record, morts invisibles
En 2023, Lockheed Martin a distribué environ 9,1 milliards de dollars en dividendes et rachats d’actions, Raytheon Technologies environ 3,24 milliards de dollars exclusivement en dividendes, et General Dynamics environ 1,35 milliard de dollars ; en 2024, les montants versés s’élèvent à environ 3,13 milliards de dollars pour Raytheon et 1,43 milliard de dollars pour General Dynamics, tandis que Lockheed Martin n’a pas encore publié de total annuel consolidé.
Mais au-delà des chiffres et des bilans financiers, un autre bilan s’impose : celui du coût réel des guerres.
Depuis 2001, les guerres en Afghanistan, en Irak, en Syrie, au Yémen, au Pakistan, en Ukraine et au-delà ont engendré un coût global estimé à plus de 9 000 milliards de dollars. Ce fardeau colossal, majoritairement financé par la dette publique, représente non seulement une charge budgétaire intergénérationnelle, mais alimente aussi les dividendes d’un complexe militaro-industriel devenu structurellement dépendant de la guerre.
Mais le coût humain est encore plus vertigineux. Selon le Watson Institute, ces conflits ont causé entre 4,5 et 4,7 millions de morts, dont près d’un million directement sur les champs de bataille, et plus de 3,6 millions de morts indirectes liées aux déplacements forcés, aux famines, aux effondrements sanitaires. Ces chiffres dévoilent un paradoxe glaçant : alors que la guerre est devenue un levier budgétaire et un actif spéculatif pour les marchés, elle demeure un gouffre humanitaire aux conséquences irréparables.
Ce paradoxe est d’autant plus alarmant qu’il ne relève pas du hasard : il est entretenu, nourri et diffusé par un écosystème d’influence où les intérêts économiques dictent les récits stratégiques.
Think tanks et narratifs : une guerre des idées financée
Une analyse approfondie du Quincy Institute met en lumière une mécanique troublante au cœur du débat stratégique américain : la majorité des think tanks qui commentent les guerres sont financés par des fabricants d’armes ou leurs sous-traitants. Sur 27 institutions analysées, 21 reçoivent des fonds du complexe militaro-industriel, et 100 % des dix plus citées dans les médias entretiennent des liens financiers directs avec des acteurs de l’armement. Ce biais se traduit dans l’espace médiatique par une surreprésentation systématique : 85 % des citations d’experts dans la presse proviennent de ces think tanks, dont les analyses s’alignent majoritairement sur les intérêts économiques de l’industrie de la défense. Dans ce système, le financement privé façonne discrètement le discours public, tandis que près d’un tiers de ces institutions refusent même de divulguer leurs bailleurs de fonds.
Ce réseau d’influence tisse une alliance implicite entre les fonds d’investissement, les entreprises d’armement, les producteurs d’idées et les politiques. Il crée une symbiose singulière où la guerre devient une variable de croissance, et la paix, un risque pour les dividendes. Les experts relayés ne sont pas neutres : ils sont souvent liés aux intérêts financiers qui bénéficient du prolongement des conflits.
Trois géants détenus majoritairement par les fonds d’investissement
A titre d’exemple et pour ne citer que celles-ci, les trois grandes entreprises américaines d’armement Lockheed Martin, Raytheon Technologies et General Dynamics sont cotées à Wall Street, sur le New York Stock Exchange (NYSE)-la bourse de New York, l’une des plus grandes bourses au monde. Elles font toutes partie de l’indice S&P 500 (les 500 plus grandes capitalisations boursières), ce qui signifie qu’elles sont largement présentes dans les portefeuilles institutionnels et fonds indiciels – Exchange Traded Fund (ETF) qui répliquent la performance de cet indice boursier.
Lockheed Martin, symbole de la puissance militaro-industrielle américaine, est un géant incontournable dans le domaine de l’armement avancé et des technologies de défense. Son cœur d’activité gravite autour de l’aéronautique militaire avec des fleurons comme le chasseur furtif F-35 Lightning II, le F-22 Raptor ou encore les célèbres F-16 Fighting Falcon et le transport militaire C-130 Hercules. Mais Lockheed ne s’arrête pas là : il conçoit également des missiles de haute précision et à longue portée, à l’image du Trident II D5 (missile balistique intercontinental lancé par sous-marin), de l’AGM-158 JASSM (missile de croisière furtif) ou du PAC-3 MSE, intercepteur emblématique intégré au système Patriot. L’entreprise excelle aussi dans les systèmes de défense antimissile, les satellites militaires et les dispositifs de guerre électronique.
Au capital de Lockheed Martin, on retrouve une constellation des plus grandes institutions financières mondiales. State Street Corporation figure en première ligne, suivi de près par The Vanguard Group et BlackRock. D’autres acteurs majeurs comme Charles Schwab Investment Management, Geode Capital, Morgan Stanley et Capital World Investors composent également l’architecture actionnariale, illustrant le poids massif de la finance passive et de la gestion institutionnelle dans l’industrie de guerre.
Raytheon se positionne comme un maître d’œuvre global dans les systèmes d’armement de précision, avec une expertise reconnue dans les missiles, les radars, la défense aérienne, les capteurs avancés et la guerre électronique. Parmi ses créations les plus redoutées figurent les systèmes de missiles sol-air, les radars phasés, les solutions de contre-mesures électroniques embarquées, ainsi que des plateformes de détection sophistiquées utilisées dans les théâtres d’opérations les plus complexes. Raytheon est souvent au cœur de l’architecture de défense aérienne intégrée de nombreux pays de l’Otan et alliés des États-Unis.
Son actionnariat repose sur les piliers institutionnels de la finance mondiale. Vanguard et State Street, véritables mastodontes de la gestion passive, détiennent une part substantielle de l’entreprise, suivis par BlackRock, Capital Research, Dodge & Cox, ainsi que Merrill Lynch International. Cette présence dense des grands gestionnaires dans le capital de Raytheon témoigne de la rentabilité structurelle de la guerre dans les portefeuilles long terme.
General Dynamics se distingue par une capacité rare à couvrir l’ensemble du spectre de la guerre conventionnelle. Ses spécialités vont des systèmes terrestres — notamment les chars Abrams, les blindés Stryker et d’autres véhicules de combat — à la construction navale avec des sous-marins nucléaires et des destroyers pour la marine américaine. L’entreprise est également active dans la fourniture de munitions, de pièces d’artillerie et de systèmes d’information et de cybersécurité destinés à l’armée et aux agences de renseignement.
Le capital de General Dynamics est dominé par Longview Asset Management, suivi de près par The Vanguard Group et BlackRock. Newport Trust Company et State Street Corporation complètent ce noyau actionnarial. Cette composition reflète, là encore, une alliance solide entre le capital institutionnel et l’économie de défense, où la rentabilité s’appuie sur des contrats publics de longue durée, une demande stable, et une position stratégique dans l’appareil militaire américain.
Quand l’instabilité devient une stratégie d’investissement
Derrière les équilibres actionnariaux, c’est une architecture financière sophistiquée qui se déploie, où l’instabilité géopolitique cesse d’être une menace pour devenir une source anticipée de rendement. Dans ce paradigme inversé, la guerre n’est plus un choc mais un scénario intégré, valorisé pour sa prévisibilité budgétaire, ses marges garanties et sa capacité à structurer durablement les flux de capitaux.
La paix, quant à elle, devient un actif incertain, moins lisible pour les algorithmes de gestion. Désormais, les tensions mondiales alimentent les matrices d’allocation, transformant la guerre en variable stratégique — non pas subie, mais modélisée, arbitrée, et parfois implicitement souhaitée. Ce déplacement moral du capital appelle une reconfiguration urgente des critères d’investissement et des finalités géoéconomiques.
Ainsi se dessine, au croisement de la géopolitique et de la finance, une mécanique redoutablement rationnelle où la guerre, jadis tragédie, devient opportunité ; où la paix, hier horizon de progrès, se voit reléguée au rang d’anomalie risquée. Loin d’un simple dysfonctionnement moral, c’est l’architecture même du capitalisme contemporain qui est interpellée, dans sa capacité à distinguer création de valeur et destruction de sens. Face à la financiarisation croissante des guerres, il devient urgent de repenser les grilles d’évaluation, redéfinir les finalités de l’investissement, et restaurer l’exigence d’un rendement aligné non sur l’effondrement des nations, mais sur leur stabilité, leur dignité et leur avenir. Car si les marchés peuvent tout anticiper — y compris la guerre — il appartient aux sociétés humaines de choisir, lucidement, ce qu’elles veulent valoriser.
Le réalisateur de cinéma tunisien Ali Labidi est décédé, hier soir, mardi 10 juin 2025, à l’âge de 75 ans après un long combat avec la maladie.
Lé défunt a étudié le cinéma et le théâtre en Roumanie. Après avoir réalisé plusieurs courts-métrages, il a tourné un long métrage de fiction tiré du roman de Béchir Khraief ‘‘Barguellil’’ en 1990. Son second long métrage s’intitule ‘‘Redayef 54’’ en 1997 et le troisième ‘‘Ellambara’’ en 2007.
Ali Labidi avait aussi été metteur en scène de théâtre. Il était un polémiste et souvent à contre-courant de ce qui se faisait en Tunisie dans le domaine cinématographique. Ce qui ne l’a pas beaucoup aidé dans sa carrière artistique, puisqu’il a fini par avoir, dans l’establishment culturel, un profil de marginal. Ce qui convenait à son tempérament et à sa rigidité doctrinale.
Le 6 juin 2925, les commissions des affaires étrangères des parlements d’Estonie, de Lituanie et de Lettonie, réunis en Lituanie, ont publié une déclaration commune appelant à un soutien continu à la victoire de l’Ukraine et à son adhésion à l’Union européenne (UE) et à l’Otan. Une pierre dans le jardin de la Russie.
Habib Glenza, à Lodz, Pologne.
Ces trois baltes ont souligné que la victoire de l’Ukraine contre la Russie renforcerait une paix juste et durable, non seulement en Ukraine mais dans toute l’Europe, et contribuerait à préserver l’ordre international fondé sur les règles internationales. Ils ont ajouté que l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan constituerait aussi une base plus efficace et plus solide pour la sécurité euro-atlantique.
Dans leur déclaration commune, les pays baltes s’engagent à soutenir l’Ukraine jusqu’à la victoire complète, y compris la libération de tous les territoires temporairement occupés par la Russie, la traduction en justice des dirigeants russes pour crimes de guerre et la pleine mise en œuvre de la justice internationale.
Isoler la Russie
Les commissions des affaires étrangères promettent aussi de poursuivre les efforts diplomatiques et politiques visant à isoler la Russie et ses alliés militaires, d’étendre et de renforcer les sanctions et de veiller à ce que les crimes commis contre l’Ukraine fassent l’objet d’une pleine responsabilité juridique et politique.
Ils réaffirment aussi leur soutien à l’adhésion de l’Ukraine à l’UE et appellent à la conclusion des négociations sur l’adhésion de l’Ukraine en tant que membre à part entière d’ici le 1er janvier 2030.
«Nous appelons les participants au prochain sommet de l’Otan, qui se tiendra à La Haye en 2025, à prendre des mesures politiques concrètes qui ouvriraient la voie à l’adhésion de l’Ukraine à l’Alliance», indique la déclaration.
Pour rappel, les États baltes ne reconnaîtront jamais l’annexion «criminelle» de la Crimée par la Russie, même si les Américains le leur demandent, et continueront à soutenir l’Ukraine dans sa lutte, dont dépend leur propre sécurité.
Cette position, qui s’apparente à une provocation, est lourde de conséquences car elle pourrait conduire à l’embrasement de toute la région de la mer Baltique voire à une troisième guerre mondiale.
Il y a quelques semaines le chef du service de renseignement extérieur russe, Sergei Naryshkin, a menacé la Pologne et les trois États baltes de ripostes militaires si la guerre en Ukraine échappe à tout contrôle. «Ils devraient comprendre, mais ils ne comprennent pas encore, qu’en cas d’agression de l’Alliance de l’Atlantique Nord contre la Russie et la Biélorussie, c’est bien sûr l’ensemble du bloc de l’Otan qui en pâtira. Mais les premiers à en souffrir seront, dans une large mesure, les porteurs d’idées telles que celles que l’on trouve dans les cercles politiques en Pologne et dans les pays baltes», a déclaré le responsable russe.
Dans une interview accordée à l’agence de presse publique russe Tass, ce dernier a déclaré que la Russie et la Biélorussie sont prêtes à répondre à une éventuelle «escalade européenne» résultant de la guerre en Ukraine.
Selon Naryshkin, les États baltes et la Pologne ont fait preuve de ce qu’il appelle une «grande agressivité» à l’égard de la Russie, accusant les quatre pays de «faire constamment agiter leurs armes».
Vers une expansion territoriale russe
La Russie se prépare à s’emparer de la moitié du territoire ukrainien d’ici la fin de l’année prochaine, selon un plan récemment dévoilé par des responsables ukrainiens, détaillant une potentielle expansion territoriale russe.
Le colonel Pavlo Palisa, chef adjoint du bureau présidentiel ukrainien, a fait ces déclarations lors d’un point presse, immédiatement suivi d’un avertissement de Washington : il ne faut pas franchir la ligne rouge dans le cadre d’un éventuel accord de paix.
Selon Palisa, la Russie cherche à prendre le contrôle total des régions de Lougansk et Donetsk d’ici le 1er septembre 2025, avant d’établir une zone tampon le long de la frontière entre l’Ukraine et la Russie.
«Le plan de la Russie pour l’année prochaine est d’occuper toute la partie de l’Ukraine située sur la rive gauche du Dniepr. Ils prévoient également de s’emparer des régions d’Odessa et de Mykolaiv afin de couper l’accès de l’Ukraine à la mer Noire», a-t-il déclaré.
L’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (Onudi) met actuellement en œuvre 15 projets de développement en Tunisie, couvrant divers secteurs industriels, pour une valeur avoisinant les 40 millions de dollars (117 millions de dinars). Vidéo.
C’est ce qu’a annoncé son représentant en Tunisie, Lassaad Ben Hassine, dans un entretien avec l’agence Tap, en précisant que ces projets sont financés grâce aux contributions de l’Union européenne, de l’Allemagne, de la Suisse, du Japon, de Monaco, du Fonds pour l’environnement mondial et du Fonds multilatéral.
Depuis leur lancement, et pour la majorité en 2019, ces projets ont permis de créer ou de maintenir plus de 6 000 emplois, avec un accent croissant mis sur la transition verte et le développement industriel durable.
Ben Hassine a souligné que la Tunisie est un partenaire privilégié de l’Onudi, grâce à une coopération remontant au début des années 1970, couronnée par la signature d’un accord bilatéral en 1994 et l’ouverture d’un bureau permanent en Tunisie.
Les interventions de l’organisation s’inscrivent dans le cadre de l’accord des Nations Unies pour la coopération en faveur du développement durable et s’alignent sur la vision «Tunisie 2035», ainsi que sur le plan de développement 2023-2025, tout en visant une harmonisation avec le nouveau plan 2026/2030.
Les interventions de l’Onudi en Tunisie reposent sur quatre principes clés : répondre à la demande nationale, garantir l’appropriation nationale des projets et la coordination gouvernementale, soutenir la transformation productive et l’innovation industrielle, et ancrer les projets dans les régions intérieures pour promouvoir l’équité économique.
Artisanat, design et autonomisation des femmes
Dans ce contexte, Ben Hassine a présenté certains projets de l’Onudi en Tunisie. Il a notamment mentionné le projet «Tunisie Créative» qui soutient depuis 2019 les chaînes de valeur dans le secteur de l’artisanat et du design, couvrant 17 filières dans six secteurs, tels que, les fibres végétales à Gabès, et les tapis au Kef.
Le projet a permis notamment la formation de plus de 2 500 personnes (dont 80% de femmes), la production de 750 nouveaux produits et l’amélioration de la compétitivité de 248 entreprises, dont 16 entreprises féminines.
Le projet «Autonomisation économique des femmes» (2022-2024) a, quant à lui, soutenu 205 entreprises féminines dans le secteur des cosmétiques, obtenu cinq certifications ISO 22716 et créé plus de 1 400 emplois.
Dans le domaine de la compétitivité, Ben Hassine a évoqué le projet d’accès aux marchés étrangers pour les produits agricoles traditionnels, qui a renforcé les filières des dattes, de la figue de barbarie, et de la tomate séchée.
Ce projet a permis la création de 492 nouveaux produits (dont 148 en 2024), la génération de 735 emplois supplémentaires (90% pour des femmes) et l’élaboration de la première stratégie nationale pour les produits agricoles traditionnels.
Transition écologique et économie verte
Sur le plan environnemental, Ben Hassine a mis en avant l’importance du Protocole de Montréal, qui comprend quatre projets ayant permis de réduire 13,3 millions de tonnes d’équivalent CO₂, de soutenir la transition technologique de sept entreprises vers des réfrigérants moins polluants, et de former 155 techniciens, 83 douaniers et 29 formateurs. Une feuille de route nationale pour l’application de l’amendement de Kigali a également été élaborée.
Le responsable a également mentionné le projet de mobilité électrique (2024-2028), visant à réduire la pollution en promouvant les véhicules électriques, en installant des bornes de recharge et en renforçant la coordination entre les secteurs des transports, de l’énergie et du climat. Une phase pilote a été lancée dans trois villes : Djerba, Sfax et Bizerte, avec des avancées notables sur le cadre juridique.
Enfin, dans le cadre de l’économie circulaire, le projet «SwitchMed – Textile circulaire» (2020-2024) a permis le recyclage de 68 000 tonnes de déchets textiles et la production de 224 000 jeans recyclés, ainsi que l’élaboration d’une feuille de route nationale pour le textile durable.
En septembre 2025, ce projet évoluera vers un «Projet d’économie verte» ciblant initialement le secteur des composants automobiles pour son impact économique et environnemental.
Ben Hassine a affirmé que l’ensemble des projets de l’Onudi en Tunisie a permis, depuis 2024, d’accompagner 565 PME dans leur transition technologique et écologique, et de bénéficier directement ou indirectement à plus de 9 400 personnes dans les domaines du design, de l’industrie créative, de l’industrie 4.0 et de la production durable, avec un accent particulier sur les régions intérieures, les femmes et les jeunes.
Alors que le vent tourne au Moyen-Orient pour l’Axe de la Résistance, l’Irak reste la dernière chasse gardée de la République islamique d’Iran. Aujourd’hui, à l’approche des élections législatives de cette année, il y a une démobilisation de l’électorat chiite dans le centre et le sud et au sein même de certaines formations politiques affidées à Téhéran, certains hommes politiques souhaitent une émancipation de la tutelle iranienne et appellent à ne pas aller à contre-courant de la tendance régionale à l’heure où l’Axe de la Résistance accumule les revers. L’emprise de la République islamique sur l’Irak n’est plus désormais totalement acquise comme ce fut le cas depuis 2003.(Ph. Quel avenir pour les milices chiites irakiennes?)
Imed Bahri
Le quotidien londonien arabophone Al Quds al-Arabi, qui s’est livré à une anatomie de la scène politique irakienne, indique que les politiciens chiites de la coalition du Cadre de coordination ont commencé à envisager sérieusement de nouveaux plans pour conserver leur position au sein du gouvernement irakien.
Ces plans incluent l’intégration des factions armées dans la vie politique, l’incitation de leurs partisans à renouveler leurs cartes électorales et à participer le plus largement possible aux élections prévues le 11 novembre. L’objectif est de contrer un mouvement sunnite cherchant à obtenir une majorité politique qui lui permettrait de s’emparer du pouvoir et de renverser un équilibre politique convenu depuis 2003.
Il semble que l’affaiblissement de l’influence iranienne en Irak depuis le renversement du régime de Bachar Al-Assad en Syrie, il y a six mois, l’affaiblissement du pouvoir du Hezbollah au Liban et le rôle décroissant de l’Axe de la Résistance soient autant de raisons qui ont incité les factions à envisager de s’engager en politique.
Atheel Al-Nujaïfi, homme politique sunnite irakien et ancien gouverneur de Ninive, estime que le nouveau parlement sera encore plus à l’abri de l’influence iranienne, le front soutenant cette influence ayant perdu une grande partie de ses partisans.
Selon Al-Nujaïfi, le bloc pro-iranien lors de la prochaine législature ne dépassera pas au mieux 30% des sièges du Parlement. Il fonde cet argument sur quatre facteurs, à savoir qu’une grande partie des suffrages exprimés dans le centre et le sud de l’Irak s’étaient déjà opposés à l’influence iranienne lors des dernières élections et ont choisi le mouvement sadriste* et les religieux chiites non alignés sur la République islamique comme le Cadre de coordination.
Cependant le retrait du mouvement sadriste a fait émerger la configuration actuelle du Parlement. Par conséquent, nombre de ces voix d’opposition à l’influence iranienne chercheront une opposition alternative parmi les candidats.
Il a également noté dans un article que les changements régionaux ont renforcé la conviction que l’influence iranienne a considérablement diminué dans la région et que ceux qui seront affidés à cette influence seront confrontés à des crises et des problèmes et ne récolteront ni influence ni gains comme il y a quatre ans.
Il estime également que les performances des blocs vainqueurs n’ont pas été suffisamment satisfaisantes pour que leurs électeurs s’y accrochent, c’est plutôt l’inverse qui s’est produit.
Volonté de soutenir le changement
Al-Nujaïfi a également mis en exergue la division du groupe parlementaire qui soutenait l’influence iranienne et la tentative d’une partie de ce groupe de flirter avec les changements qui s’opèrent dans la région et d’éviter de heurter la volonté internationale de soutenir le changement. Il exprime sa conviction que le changement en Irak sera progressif et se fera par le biais d’élections, l’influence d’un parti diminuant tandis qu’un autre se renforçant à ses dépens. Cela ne signifie pas la disparition d’un parti mais simplement que l’influence de l’autre camp s’accentuera.
Les hommes politiques chiites sont au pouvoir en Irak depuis 2003 sans amélioration tangible des services publics qui est pourtant une revendication majeure de la population. Cette situation est aggravée par une corruption généralisée et la mainmise des puissants partis sur les ressources du pays.
Selon la Commission électorale, environ 29 millions d’Irakiens sont en droit de voter le jour du scrutin. Cependant, le nombre de personnes ayant mis à jour leur carte électorale dépasse à peine 21 millions, ce qui signifie qu’environ 8 millions d’Irakiens ne souhaitent pas mettre à jour leurs données.
La perte de ces voix, notamment dans les provinces du centre et du sud, serait importante pour les forces politiques chiites, qui ont donc exhorté leurs partisans à actualiser leur inscription auprès de la commission et à participer aux élections. Ils ont peur de perdre leur siège au gouvernement.
Sadr Al-Din Al-Qabanji, dignitaire religieux chiite et imam de la prière du vendredi à Najaf, a déclaré que la participation électorale dans les provinces de l’ouest à majorité sunnite était plus élevée que dans les régions du centre et du sud considérant cela comme une tentative de «prise de pouvoir» des mains des chiites en Irak.
Fin mai dernier, Al-Qabanji a exhorté chacun à actualiser sa carte électorale, déclarant: «Les statistiques montrent désormais que ceux qui ont opté pour la modernisation dans les provinces de l’ouest sont plus nombreux que dans les provinces du centre et du sud. Il s’agit d’un complot prémédité. Ils ont également déclaré vouloir prendre le pouvoir aux chiites». Il a ajouté : «Notre position est celle de la Constitution: la majorité politique est celle qui gouvernera indépendamment des discours confessionnels. La Constitution irakienne stipule que la majorité politique a le droit de gouverner».
Al-Qabbanji s’est adressé aux chiites en ces termes: «Que chacun renouvelle sa carte électorale et participe activement aux élections afin que nous puissions former la majorité politique. Nous devons nous efforcer de corriger les erreurs électorales passées». Il a considéré que «les partisans du parti Baas et les ennemis d’Ahl Al-Bayt ** n’accèderont pas au pouvoir tant que nous, les partisans d’Ahl Al-Bayt, serons présents».
Les craintes chiites de perdre le pouvoir en Irak coïncident avec ce qu’a laissé entendre le député Raad Al-Dahlaki, chef de l’Alliance sunnite Azm dans la province de Diyala. Il a déclaré que les sunnites pourraient accéder au poste de Premier ministre si leurs électeurs participaient à l’actualisation des données électorales soulignant que l’occasion est venue. Dans une déclaration à une station de radio locale, Al-Dahlaki s’est adressé à la population sunnite en ces termes: «Participez aux élections et vous prendrez le poste de Premier ministre». Il a ajouté: «C’est mon droit lorsque je remporte le plus grand nombre de sièges, que mes régions sont sûres et stables, sans armes, et que je donne à mon peuple la force dont il a besoin. Je garantis aux sunnites que l’occasion est venue. Participez à l’actualisation des données et vous aurez le poste de Premier ministre».
Cependant, le député Habib Al-Hilawi, chef du bloc parlementaire Al-Sadiqoun, a affirmé que les tentatives visant à promouvoir l’idée de démettre la principale composante chiite du poste de Premier ministre ne passeront pas, soulignant que cet acquis est intangible.
Al-Halawi a déclaré dans un communiqué au ton très confessionnel relayé par les médias de son bloc: «Ceux qui prônent l’idée d’éjecter la principale composante chiite du poste de Premier ministre ne sont pas seulement de simples rêveurs ou des personnes qui délirent. Nous leur disons clairement : ce sont les gens aux fronts bruns qui dirigent l’Irak, non seulement parce qu’ils constituent la majorité mais aussi parce que ce sont eux qui ont versé leur sang précieux à Mossoul, à Anbar et dans d’autres régions du pays pour préserver l’unité et la souveraineté de l’Irak». Et Al-Halawi d’ajouter: «Ce sont les enfants de cette composante qui protègent les intérêts de toutes les composantes et non ceux qui ont fui à l’étranger et renoncé à leur patrie en temps de crise».
Malgré ces affirmations de l’homme politique chiite, des dirigeants de forces politiques tels que Hadi Al-Amiri, chef de l’Organisation Badr, Nouri Al-Maliki, chef de la Coalition pour l’État de droit, Qais Al-Khazali, secrétaire général de l’Asab Ahl Al-Haq et d’autres ont publié des communiqués de presse et des discours télévisés exhortant leurs partisans à participer aux prochaines élections de novembre.
L’affaire ne s’est pas arrêtée là. Le Kataëb Hezbollah (le Hezbollah irakien), dont les membres et les sympathisants sont également membres du mouvement, a également exprimé son soutien au bloc parlementaire Houqouq et à son chef le député Hussein Mounes.
Dans un communiqué publié par le responsable de la sécurité des Kataëb Abou Ali Al-Askari, ce dernier a déclaré: «Les prochaines élections législatives revêtent une importance capitale compte tenu des transformations régionales et internationales qui caractérisent cette période critique. Tout en soulignant la nécessité d’accélérer la mise à jour des cartes d’électeurs et de préparer pleinement les prochaines élections afin de garantir les droits des citoyens et d’assurer leur représentation dans cette compétition effrénée, nous affirmons que les Kataëb Hezbollah soutiendront la liste du Mouvement Houqouq dirigée par notre cher frère Husseïn Mounes compte tenu du dévouement du mouvement à défendre les causes de la nation et les droits de notre cher peuple».
Notes:
* Mouvement national irakien islamique dirigé par Moqtada Al-Sadr. Il reçoit un large soutien de la part de la société irakienne, en particulier de la population chiite et des pauvres.
** Terme désignant les descendants du prophète dans doctrine chiite.
Lors de sa rencontre, lundi 9 juin 2025, au Palais de Carthage, avec la ministre des Finances, Mechket Slama Khaldi, Kaïs Saïed a réitéré ce qu’il considère comme des priorités nationales dans le cadre du rôle social de l’Etat qu’il n’a de cesse de défendre à chacune de ses réunions avec les membres du gouvernement.
Ces «priorités nationales» devraient être au centre du projet de loi de finances pour le prochain exercice, lequel «doit être élaboré dans le cadre du plan national de développement et refléter la volonté réelle du peuple», selon les termes du communiqué officiel de la présidence.
«Les priorités nationales constituent la seule véritable base pour répondre aux attentes des citoyens tunisiens, notamment par la révision des différentes législations fiscales et la création d’emplois pour ceux qui ont longtemps souffert du chômage», a déclaré le président. Il indique ainsi les deux lignes directrices dudit projet : créer davantage d’emplois, notamment dans les services publics, pour les chômeurs de longue durée, et pour financer l’effort financier que les recrutements programmés exigeront de la part de l’Etat, le président montre la voie qu’il préconise, soit, «la révision des différentes législations fiscales», soit donc davantage d’impôts, ce qui, on l’imagine, ne va pas aider à relancer la machine économique, grippée depuis 2011.
En ordonnant, par ailleurs, de préparer minutieusement le retour des Tunisiens à l’étranger en leur fournissant des services de qualité, en simplifiant les procédures administratives et en garantissant leur transparence totale, le chef de l’Etat semble accorder beaucoup d’importance aux entrées de devises que cette population – représentant plus de 10% de la population nationale – ne manquera d’effectuer. Des recettes dont, soit dit en passant, dépend de plus en plus les équilibres financiers du pays. Et qui lui permettent d’honorer tous ses engagements financiers internationaux, a rappelé Saïed, par allusion aux dettes que la Tunisie continue de contracter pour financer ses dépenses publiques. Ces prêts qui, selon l’aveu même du président de la république, «n’ont pas bénéficié au peuple tunisien comme prévu – fait reconnu par de nombreuses organisations internationales – et sur lesquels la Tunisie continue de payer des intérêts sans en tirer de réel bénéfice», a-t-il déploré, estimant, au passage, que ces dettes «auraient dû être annulées» par les bailleurs de fonds.
Saïed exprime ainsi, sans trop y insister, une vieille revendication populaire qui attribue le gâchis de l’endettement public non pas à l’Etat qui dépense sans compter mais aux bailleurs de fonds qui ne sont pas assez regardants sur le sort de l’argent qu’ils prêtent.
Comme les membres du gouvernement s’expriment rarement sur les politiques qu’ils mènent, il y a peu de chance que Mme Slama Khaldi, magistrate de son état et peu versée dans les questions financières, nous dise comment elle compte faire pour trouver les financements nécessaires aux politiques ultras sociales du président de la république. Les experts, quant à eux, ne voient que deux moyens : plus d’impôt et plus d’endettement, l’économie étant en panne avec une croissance atone de moins 2% par an.
Parmi les mythes les plus vivaces constitutifs de la pensée européenne, l’un est que la liberté individuelle et son corollaire la citoyenneté en tant que paradigmes sont issues de la Grèce. Un autre, que la démocratie est née à Athènes. Un troisième, que les Grecs avaient toutes les raisons du monde de conquérir l’Asie après l’invasion de leur pays par les Perses au Ve siècle avant l’ère Universelle (eU).Un réexamen des données historiques montre l’inexactitude voire le mensonge que recouvrent de telles thèses.
Dr Mounir Hanablia *
Le fait est que la Grèce, morcelée en cités-Etats indépendantes liguées les unes contre les autres au gré des circonstances, avait été fédérée par la conquête macédonienne, qui avec le Roi Alexandre en avait mené les armées en Asie contre l’Empire Perse, et en Egypte, où leur supériorité militaire s’était confirmée. Il importe peu d’en retracer les étapes.
Alexandre rêvait apparemment d’un empire universel qui fondrait les Grecs et les non Grecs dans une même allégeance envers sa personne puis sa descendance. Il dut donc adopter pour cela le système asiatique et égyptien de gouvernement fondé sur la divinisation du Roi et l’absolutisme royal.
Alexandre, un conquérant sanguinaire
Naturellement cela plaça Alexandre en opposition avec ses compagnons macédoniens qui désiraient une place prééminente dans l’empire qui leur assurerait honneurs et richesses et ne désiraient nullement l’égalité avec les barbares qu’ils avaient vaincus. Qui plus est, les Grecs, qui considéraient les Macédoniens comme des envahisseurs étrangers, n’avaient pas de plus grande ambition que de rétablir les indépendances perdues de leurs cités.
Alexandre grâce à un service de renseignements actif et efficace déjoua les complots et en fit exécuter impitoyablement tous les participants, y compris ses plus proches amis. En brûlant et détruisant Persépolis dans une orgie sous l’effet de la boisson, il démontra ainsi avoir été l’un des conquérants les plus sanguinaires de l’Histoire, qui s’était plus soucié d’étendre ses conquêtes que d’apporter la civilisation.
Avec la mort d’Alexandre, à l’âge de 33 ans, il faut le préciser, ses généraux, qu’on nomma les diadoques, ou successeurs (califes), au nombre de 8, décidèrent le partage de l’empire. C’était compter sans le désir des cités grecques de recouvrer leur liberté. C’est d’ailleurs au nom de la liberté grecque que Rome interviendrait près d’un siècle plus tard pour vaincre la Macédoine. Mais après la mort d’Alexandre, une première guerre qualifiée de Lamiaque vit l’écrasement du soulèvement, aidé par la peur de l’oligarchie grecque, qui par crainte du mouvement révolutionnaire accordant la citoyenneté à ceux qui en sont exclus préféra se ranger du côté des occupants macédoniens plutôt que perdre ses biens et ses privilèges.
Ensuite, après 42 années de guerres, trois royaumes émergèrent, celui de Macédoine et de Grèce ou Antigonide, celui de Syrie, qualifié de Séleucide, et celui d’Egypte appelé Lagide. On les nomma hellénistiques, en signifiant par là toute la civilisation héritée de la fusion des éléments grecs et allogènes.
Est-ce la réalité objective ou une simple vue de l’esprit tendant à conférer à la civilisation grecque un caractère universel ?
Ces royaumes seraient conquis par Rome, constituant les frontières de son Empire à l’Est du bassin méditerranéen. Néanmoins, avant cela, le reflux avait commencé puisque les autres royaumes hellénistiques macédoniens établis sur l’Indus, en Afghanistan et au Punjab, disparaissaient sous les coups des peuplades nomades iraniennes et turco-mongoles venues de la grande steppe centre asiatique, et que les Parthes, un peuple iranien, parti du Khorassan, réussissait à reconquérir la totalité de l’Iran et à établir sa capitale, Ctésiphon, sur le Tigre, en Mésopotamie, l’Irak actuelle.
Ainsi l’Euphrate, le nord de la Syrie, constituerait la frontière orientale que Rome hériterait du royaume Séleucide et qu’elle finirait par accepter entre son empire méditerranéen et l’Iran, c’est-à- dire le monde centre asiatique. Il est important de le noter pour comprendre la vision géostratégique euro-américaine contemporaine du Moyen-Orient, naturellement partagée par l’Etat sioniste, privant l’Iran de tout accès à la Méditerranée.
Des régimes coloniaux ségrégationnistes
Mais y eut-il bien une réalité hellénistique? Bien sûr, dans l’iconographie des livres traitant du sujet, on ne manque jamais de retrouver les fameux Bouddhas de Gandhara habillés à la grecque, pour apporter la preuve de la fusion des envahisseurs avec les peuples conquis. En réalité, celle-ci n’eut pas lieu. En Égypte Lagide l’Etat gréco-macédonien se substitua à celui des pharaons et les rois devinrent des dieux vivants égyptiens parce que cela renforçait leur pouvoir. Mais c’est aux envahisseurs puis à leurs descendants que les terres, propriétés exclusives de l’Etat, furent distribuées, et on leur attribua même le droit de résider chez l’autochtone, qui fut soumis à la capitation, que l’islam adoptera des siècles plus tard sous le nom de jizya.
D’autres communautés, juive ou perse, ont été établies en Haute Egypte. La société coloniale en Egypte était ségrégationniste, basée sur la race. Les Afrikaners d’Afrique du Sud n’auront à l’ère moderne rien inventé. L’intention du pouvoir Lagide en Egypte était clairement d’amoindrir le poids économique des autochtones majoritaires et de les entretenir dans un état de pauvreté et de dépendance à même de les maintenir dans la servitude supposée empêcher toute possibilité de révolte.
C’est donc un véritable régime colonial qui fut imposé à la campagne. En ville, ce régime acquit un caractère ségrégationniste puisque seuls les conquérants pouvaient s’établir et acquérir les droits de la cité, de participation à la vie politique. Alexandrie d’Egypte, la ville phare du monde, en constitue le meilleur exemple. Et fatalement, c’est la langue et la culture grecques qui furent promues dans l’administration.
Ainsi, si l’autochtone se trouva dans l’obligation d’apprendre et de pratiquer la langue de l’étranger, dans les écoles qualifiées de gymnases, sa condition sociale ne s’en trouva que peu modifiée. Il ne faut pas chercher loin pour trouver la source d’inspiration du modèle colonial qui a prévalu en Algérie ou qui prévaut actuellement en Israël, avec le plein assentiment des occidentaux, imprégnés de l’antécédent gréco macédonien. Dans le Royaume Séleucide, si les franchises des cités grecques d’Asie mineure (Anatolie) ont été respectées, il semble qu’une politique d’assimilation de l’autochtone, ait été tentée, afin de lui faire oublier ses coutumes ancestrales en lui faisant adopter celles de l’envahisseur.
Cette politique en Palestine s’est heurtée au refus des prêtres juifs, de considérer le roi comme une divinité redevable d’un véritable culte, d’abandonner la circoncision, ou de manger du porc, afin de devenir semblables aux Grecs. Une véritable guerre s’ensuivit qui poussa les révoltés à proclamer le premier Etat juif non de la légende mais de l’Histoire, qualifié de Hasmonéen, et à rechercher la protection de Rome.
Le cas des juifs mérite d’être discuté. La communauté juive d’Alexandrie était nombreuse, riche et puissante, au point de soutenir Cléopâtre III dans sa quête du pouvoir. Curieusement, l’Histoire prétend que la Bible fut traduite en grec dans cette ville. On peut dès lors se poser la question de savoir si la Bible n’a pas été tout simplement rédigée et compilée à Alexandrie en langue grecque, une ville à l’avant-garde de son temps, qui possédait le fond culturel, le savoir et le foisonnement d’idées nécessaires à la rédaction d’un tel livre, qui serait plus tard traduit en hébreu, et prendrait pour héros l’ensemble d’un peuple au lieu d’un personnage selon la coutume hellène. En effet on a du mal à croire qu’elle ait été élaborée à l’orée du désert dans un village obscur des collines de Judée nommé Jérusalem.
Ainsi l’Exode de Moïse tel qu’on le lit dans la Bible n’aurait été qu’un manifeste lancé aux Juifs d’Alexandrie, en butte aux guerres du pouvoir entre les pharaons Lagides frères et sœurs, et aux persécutions endurées pour avoir choisi un camp au détriment de l’autre, les invitant à quitter l’Egypte pour s’installer en Palestine.
En effet, comment expliquer l’apparition dans l’Histoire d’un État juif surgi de nulle part en Palestine un siècle plus tard, et luttant victorieusement contre les Séleucides de Syrie?
Le ressentiment de l’autochtone moyen-oriental
En Iran, on a vu que la réaction autochtone contre l’invasion gréco-macédonienne a finalement prévalu avec l’instauration de l’Etat Parthe.
Écrasée en Egypte, avec l’aide des prêtres égyptiens, soucieux de consolider leur position auprès du roi, la révolte contre les conquérants fut donc victorieuse en Asie.
On prétend toujours qu’il y eut bien une fusion qui s’est traduite dans le culte égyptien de Sérapis, unissant conquérants et conquis, ainsi que dans la naissance de la doctrine néo platonicienne à Alexandrie, quelques siècles plus tard, sous domination romaine.
Il n’en demeure pas moins qu’en Asie et en Egypte les conquérants gréco-macédoniens et plus tard leurs successeurs romains n’ont été que des étrangers qui n’accordèrent que rarement l’égalité des droits aux autochtones, même après l’avènement du christianisme, qui en quittant le judaïsme essaya de fondre les Grecs et les non Grecs dans une même communauté qui ne serait redevable de culte qu’au Dieu du Ciel et non à l’empereur représentant de l’autorité politique. C’est cela qui fit son succès dans les différentes communautés puisque, ainsi qu’on l’a vu, la Grèce était à l’origine une mosaïque de cités états libres auto administrées et foncièrement antimonarchiques.
Mais l’avènement du christianisme en tant que religion d’Etat ne mit pas fin au ressentiment de l’autochtone du Moyen-Orient politiquement et culturellement aliéné. Les querelles christologiques ou marianistes au sein de l’Eglise semblent en avoir été un reflet.
C’est dans ce contexte qu’il faut situer l’apparition de l’islam dans une aire géographique qui ne subit jamais le joug politique gréco romain, tout en en subissant l’influence civilisationnelle. René Grousset l’a appelé la grande révolte de l’Asie. S’il prit une forme arabe, avec le jeûne, le calendrier et le pèlerinage, il n’en demeure pas moins qu’il véhicula des idées grecques d’unicité, de responsabilité individuelle, d’égalité de droits, de devoirs envers la communauté, de règles éthiques, mais aussi inévitablement, d’aliénation de la femme, et de port du voile.
L’injustice des orientalistes européens
Il faut se souvenir à cet effet que la femme la plus émancipée du Moyen-Orient à l’époque, selon les normes contemporaines, fut l’Egyptienne. Et il y a des ressemblances frappantes entre la Fitna et les guerres des Diadoques; tout comme le Prophète Mohamed, Alexandre de Macédoine n’avait pas désigné d’héritier, et ses compagnons finirent par s’affronter.
Simplement aux droits issus de la naissance, de la race et de la cité, irrécusables dans le monde gréco-romain, l’islam substitua ceux issus de la foi, donc, au moins théoriquement, émanant d’un choix.
On comprendra dès lors l’ampleur de l’injustice des orientalistes européens refusant de reconnaître à l’Islam des fondements issus de la civilisation hellénistique.
Au terme de la lecture de ce livre, on s’aperçoit que les Gréco-macédoniens ont été des colonisateurs de l’Orient dont ils ont adopté quelques-unes des coutumes les plus inacceptables à notre époque, qu’elles se situent au plan politique à l’instar de l’absolutisme royal qui a conduit au despotisme byzantin qualifié de césaro-papisme, ou à celui des mœurs, pour citer l’horrible inceste, largement pratiqué en Egypte et en Iran.
Néanmoins, abstraction faite d’illusoires fusions culturelles que le régime ségrégationniste colonial instauré contre les autochtones n’a que marginalisées, il demeure légitime de penser que sans les Etats hellénistiques d’Egypte et d’Asie, le monothéisme que nous connaissons et les règles éthiques qui en découlent telles que la solidarité sociale et l’interdiction de l’inceste, n’auraient probablement pas acquis l’importance que nous leur reconnaissons aujourd’hui.
* Médecin de libre pratique.
‘‘L’impérialisme macédonien et l’hellénisation de l’Orient’’, de Pierre Jouguet, éditions Albin Michel, Paris, 23 février 1972, 512 pages.
Dans un communiqué publié à l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement, célébrée le 5 juin 2025, le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) a dénoncé l’échec des politiques environnementales nationales, soulignant que les programmes mis en œuvre depuis les années 1990 ont conduit à une mise en décharge sauvage généralisée des déchets.
«La Tunisie ne compte que 13 décharges contrôlées, dont quatre sont fermées, pour une capacité totale de 1,8 million de tonnes, contre 3 200 décharges illégales. Les déchets ménagers annuels atteignent 3,3 millions de tonnes, dont seulement 4% sont recyclés», indique le communiqué. «Cela a entraîné une grave dégradation de l’environnement, notamment dans le Grand Tunis (qui génère 13% des déchets nationaux, soit près de 1 kg par habitant et par jour), suivi par des villes comme Sfax (plus de 247 000 tonnes) et Nabeul (257 000 tonnes).»
Face à cette situation, le FTDES appelle à l’accélération de la révision du code de l’environnement et à une réforme radicale des systèmes de gestion des déchets en Tunisie, affirmant que les approches traditionnelles se sont avérées inadéquates.
Dans son communiqué, le Forum soutient la thèse de la valorisation des déchets par une approche économique et de développement axée sur des projets de recyclage qui prolongent la durée de vie des produits et réduisent le volume des déchets.
Soulignant que le droit à un environnement sain est à la fois un droit humain et une obligation constitutionnelle, le FTDES insiste sur la nécessité de réformes des politiques environnementales fondées sur la responsabilité partagée et intégrant les dimensions économiques, sociales et environnementales.
Le forum appelle également à une application plus rigoureuse des lois environnementales par les entreprises industrielles, notamment l’obligation de se conformer à la loi n° 35-2018 relative à la responsabilité sociale des entreprises.
En décrivant la situation, le Forum a souligné comment la dépendance de la Tunisie aux industries extractives (phosphates, pétrole, etc.) a intensifié la pollution industrielle à Gabès, dans les bassins miniers et dans le golfe de Monastir, exacerbée par une application défaillante de la loi. Seuls 61,9 % des ménages sont raccordés au réseau d’assainissement, laissant 4,5 millions de Tunisiens sans système d’évacuation des eaux usées adéquat, ce qui alimente la pollution, notamment en milieu rural.
Le FTDES a établi un lien entre la dégradation de l’environnement et la détérioration de la santé publique, citant des données de l’OMS qui attribuent 6 000 décès par an à la pollution atmosphérique due aux particules fines industrielles.
La pollution entraîne également près de 500 millions de dinars par an en coûts de santé pour les maladies associées. La pollution de l’eau et des sols a réduit la production agricole de 15 % au cours de la dernière décennie.
Le Forum a également dénoncé la mauvaise gestion des déchets médicaux, qui «constitue une crise supplémentaire», avec 18 000 tonnes par an (dont 8 000 tonnes de déchets toxiques). «Alors que l’usine d’élimination des déchets dangereux de Jradou reste fermée, les sept entreprises responsables de l’élimination des déchets médicaux continuent de déverser 12 000 tonnes de déchets dangereux non traités dans des sites illégaux, sans aucun tri ni neutralisation», indique le communiqué.
Sans réformes systémiques, conclut le FTDES, la crise environnementale et sanitaire en Tunisie s’aggravera, nécessitant une action urgente pour aligner les politiques sur les objectifs de développement durable.
Tel est le titre d’un livre récemment publié de Mehdi Tabbakh et Kamel Karoui, qui se propose d’explorer l’importance stratégique du canal de Sicile, en mettant en lumière les sous-marins naufragés sur les côtes tunisiennes lors des deux guerres mondiales.
En s’appuyant sur une approche scientifique et patrimoniale, et à travers l’étude de ces épaves et leur mise en avant, les auteurs voudraient non seulement contribuer à enrichir la compréhension du passé, mais également ouvrir la voie à des perspectives nouvelles en matière de recherche, d’éducation et de développement durable.
A travers l’inventaire réalisé, Mehdi Tabbakh, spécialiste en plongée sous-marine, et Kamel Karoui, universitaire passionné de la mer, appellent à la nécessité de protéger ces sites historiques sous-marins, qui sont souvent menacés, selon eux, en cas d’absence de vision et d’approches culturelles, scientifiques et économiques, dans leur gestion.
Cet ouvrage, préfacé par René Heuzey, grand réalisateur sous-marin, appelle aussi à la valorisation et la mise à la disposition de ces épaves, non seulement des spécialistes du domaine comme les plongeurs et les scientifiques, mais aussi du grand public.
Ce livre de 176 pages, se veut donc une invitation à redécouvrir cette période tumultueuse de l’histoire tunisienne et méditerranéenne, afin de mieux comprendre les enjeux présents et futurs de cette zone stratégique. Il se veut aussi un moyen au service de la documentation, la préservation et la promotion d’un aspect fascinant et souvent méconnu de l’histoire et du patrimoine subaquatique tunisien.
Le livre est disponible aux librairies Al Kitab et Arthephage, et sur Amazon.
La nouvelle fresque murale à Djerbahood, signée Alexandre Farto aka Vhils, rend hommage à Hmed Ben Yaala, figure discrète mais essentielle du village. Elle frappe par sa force, sa tendresse, et sa justesse. Vidéo.
Hmed Ben Yaala est un homme de mémoire et de valeurs, reconnu par beaucoup comme un repère bienveillant et l’oncle de chacun. Les habitants l’ont aussitôt reconnu. Les enfants s’interrogent, les anciens racontent. L’œuvre touche, rassemble, ouvre le dialogue. Elle transforme les murs en mémoire vivante. Encore une création sensible et profondément humaine !
Un geste artistique sincère, chargé d’émotion, d’ancrage et de respect. Et un regard lucide et plein de générosité d’Alexandre Farto aka Vhils, dont l’œuvre entre aujourd’hui dans l’histoire du village, et dans celle de Djerbahood.
Pendant l’été 2014, des artistes du monde entier se sont retrouvés, à l’initiative de la Galerie Itinerrance, au cœur de l’île de Djerba, au cœur de la Méditerranée… Là, sur les murs d’un village séculaire, ils ont créé le premier musée de street art à ciel ouvert ! Un livre-objet intitulé ‘‘Djerbahood’’ raconte l’aventure extraordinaire de ce projet au rayonnement mondial et propose les témoignages exclusifs ainsi que les œuvres de tous les artistes du projet.
En 2022, l’aventure a continué avec plus de 60 nouveaux artistes, dont Shepard Fairey, Invader, Hush, Inti, Cryptik…, dont les œuvres sont reproduites dans le livre.
Voir la vidéo pour en apprendre plus sur le processus de création.
Islamophobie, antisémitisme, haine des minorités, régression dans l’exercice des droits sociaux… Qui est responsable de cette situation. Les Chinois, les Russes, Israël, les Juifs, les Arabes, chacun paraît y contribuer. Une internationale réactionnaire semble être à la manœuvre.
Fathi Bchir *
Les journaux sont remplis de nouvelles venant notamment d’Amérique, des États-Unis, où le président a mobilisé, hier, lundi 9 juin 2025, l’armée et la garde nationale contre l’État rebelle de Californie. Des tensions inévitables. L’affaire remet en mémoire les prédictions d’un célèbre écrivain américain, Douglas Kennedy, dans son livre ‘‘Flyover’’ (en français, ‘‘C’est ainsi que nous vivrons’’), qui y poursuit l’idée qu’une guerre civile est en plein réchauffement dans son pays. L’Amérique devenue folle. Et si l’histoire à venir donnait raison à toutes ces augures ?
La démocratie électorale est en recul
Parallèlement, aujourd’hui même, mardi 10 juin, les journaux citent la publication d’un rapport international portant sur les menaces pesant sur l’intégrité des élections dans le monde.
Basé à Stockholm, l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale (Idea) constate que 40% des scrutins nationaux organisés en 2024 ont fait l’objet d’«une forme ou d’une autre de contestation de la crédibilité du résultat». Il décrit un vaste tableau de pays où la démocratie électorale est en recul : l’ex-Europe de l’Est communiste est placée au premier rang. L’Amérique latine, l’Afrique, l’Asie, le Maghreb : nul n’échappe au constat. Pas seulement la démocratie électorale, la démocratie tout court et même la paix, d’abord celle des esprits.
Tableau complet. Un virus à baptiser Trumpoutinyahou paraît avoir contaminé la planète. D’accessoires potentats font partie de ses effets secondaires.
Ajoutons-y, pour accroître l’anxiété, l’avènement devenu récurrent en Europe d’une extrême droite xénophobe porteuse de promesses liberticides.
Régression dans l’exercice des droits sociaux
Islamophobie, antisémitisme, haine des minorités, régression dans l’exercice des droits sociaux… Qui est responsable de cette situation. Les Chinois, les Russes, Israël, les Juifs, les Arabes, chacun paraît y contribuer. Une internationale réactionnaire semble être à la manœuvre.
Cerise sur le gâteau, multiplication de l’information manipulée grâce au pouvoir devenu malsain des réseaux sociaux. Le fake est devenu la règle.
Tout se conjugue pour laisser croire à l’approche de la fin du monde, ou plutôt, celle d’un monde déjà vécu.
Ce qui rappelle la formule que si la démocratie représentative n’est pas l’idéal, elle demeure le moins mauvais système connu.
Sauvons les meubles pendant qu’il est temps. Que faire? Faire comme le célèbre colibri de la fable amérindienne rapportée par l’écrivain Pierre Rabhi. Le minuscule oiseau, pour éteindre un grand incendie, rapporte chaque fois dans son bec quelques gouttes d’eau. «Que fais-tu ?», lui demanda le lion et l’éléphant. Il répondit : «Je fais ma part.»
Que chacun fasse son devoir !
Que faire ? Là, j’en appelle alors à la phrase du renommé Stepan Hessel qui se contentait d’un simple «Indignez vous !».
Le monde change. Faut-il que ce soit en mal ? C’est notre faute. Collective.
Avertissement : ceci n’est pas une fake news mais, nous les citoyens, nous sommes vrais. Nous existons réellement. Et comme tous les animaux, nous souffrons.
En 2024, les échanges commerciaux entre la Tunisie et l’Afrique subsaharienne ont atteint 1,6 million de dinars tunisiens (MDT). Ces échanges ont généré un excédent commercial à la faveur de la Tunisie, avec des recettes d’exportation de l’ordre de 1,3 MDT. Toutefois, le potentiel inexploité d’exportation de la Tunisie vers cette région est estimé à 1,5 MDT, soit l’équivalent de 520 millions de dollars.Vidéo de l’entretien.
C’est ce qu’a précisé Mourad Ben Hassine, Pdg du Centre de promotion des exportations (Cepex), dans un entretien avec l’agence Tap, pour présenter la 1ère édition de la manifestation Africa Business Partnership Days (ABPD 2025) qui se tiendra du 23 au 25 juin 2025, destinée au développement des partenariats entre la Tunisie et les pays d’Afrique subsaharienne.
Ben Hassine a souligné que la Tunisie pourrait doubler ses exportations vers l’Afrique subsaharienne, à travers la diversification des produits exportés, qui devraient être à haute valeur ajoutée.
«Le marché d’exportation de la Tunisie ne se contente pas uniquement des produits agroalimentaires et des industries de transformation; il concerne, désormais, les composants automobiles, ayant une forte valeur ajoutée et où la Tunisie dispose d’un avantage compétitif», a-t-il noté.
A cet égard, Ben Hassine a précisé que les études ont montré que la demande du marché africain sur les composants automobiles ou les produits ayant une forte valeur ajoutée, serait en hausse au cours des prochaines années.
275 opérations dans le cadre de la Zlecaf
La Tunisie compte parmi les premiers pays qui exportent vers cette région moyennant des certificats d’origine établis dans le cadre de la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), a avancé Ben Hassine, ajoutant que, jusqu’à présent, la Tunisie a réalisé 275 opérations d’exportation par les certificats d’origine vers des pays africains, dans le cadre de l’accord de la Zlecaf.
Le PDG du Cepex a souligné que les échanges commerciaux réalisés dans le cadre de l’accord de la Zlecaf sont effectués sans obstacles douaniers.
Ainsi, chaque pays africain membre de la Zlecaf présente une liste des produits pour lesquels le pays s’engage durant cinq ans à réduire les droits douaniers. La réduction est de l’ordre de 20% chaque année, de telle manière qu’au bout de 5 ans, ces produits seront totalement exonérés, a-t-il encore expliqué.
Dans les cinq prochaines années, 90% des produits seront échangés sur le continent africain sans droits de douane, souligne Ben Hassine.
Bientôt, le nombre des entreprises possédant des certificats d’origine établis dans le cadre de l’accord de la Zlecaf devra atteindre 300, ce qui va impulser les exportations tunisiennes vers le marché africain, a encore dit Ben Hassine.
Le certificat d’origine permet aux entreprises exportatrices de bénéficier d’importantes réductions sur les droits de douane, lesquels devraient être progressivement éliminés à partir du 1er janvier 2026.
L’Accord de la Zlecaf, entré en vigueur en mai 2019 et ratifié par la Tunisie le 7 août 2020, est l’un des projets phares de l’Union africaine (UA). Il a pour objectif de renforcer la coopération sud-sud et de promouvoir une Afrique plus intégrée, prospère et pacifique, conformément à l’Agenda 2063 de l’UA.
Ce projet vise également à consolider les relations commerciales entre les 55 États membres de l’UA, créant ainsi un marché de plus de 300 millions de consommateurs et générant un volume d’échanges annuel de 3 400 milliards de dollars. L’accord a pour ambition de lever les barrières douanières qui entravent la libre circulation des marchandises et des services entre les pays africains.
Que faire pour faire bouger une administration publique qui emploie quelque 700 000 salariés (plus du double de ce dont elle a besoin pour fonctionner plus ou moins correctement) et que l’on continue d’engraisser par des milliers de recrutements supplémentaires chaque année, sans tenir compte des difficultés financières de la Tunisie, ni de ses déficits chroniques ni encore de son surendettement qui la rend de moins en moins solvable au regard d’éventuels prêteurs internationaux ?
Imed Bahri
«Les textes de loi, à eux seuls, ne suffisent pas, tant que les personnes chargées de leur mise en œuvre ne font pas preuve de responsabilité et de dévouement au service de l’administration», a déclaré le président de la République, Kaïs Saïed, lors de son entretien avec la cheffe du gouvernement, Sarra Zaâfrani Zenzeri, hier, lundi 9 juin 2025, au Palais de Carthage.
Selon le communiqué de la présidence, l’entretien a porté sur la situation de plusieurs établissements et entreprises publics, se gardant d’ajouter que ces établissements et entreprises connaissent presque tous des difficultés financières et des dysfonctionnements structurels qui ne datent pas d’aujourd’hui mais auxquels on n’a pas encore trouvé de solutions.
Un manque d’engagement
Le président Saïed a indiqué qu’il suit de près le fonctionnement de plusieurs services publics, une tâche «qui devait, normalement, être confiée directement aux autorités compétentes à l’échelle nationale, régionale ou locale», a-t-il souligné, dans ce qui ressemble à un reproche adressé à la Première ministre et aux membres de son cabinet.
Dans ce contexte, Saïed a fait remarquer – pour la énième fois et sans craindre de se répéter – que servir les citoyens est un devoir sacré qui incombe à tout responsable, ajoutant que «les textes de loi ne tirent pas leur valeur de leur existence, mais de l’engagement de ceux chargés de veiller à leur mise en œuvre», laissant ainsi entendre que les membres du gouvernement et les hauts cadres de l’Etat ne font pas montre d’engagement et encore moins de zèle dans la mise en œuvre des mesures prises et des lois promulguées dans le cadre de la «révolution législative» et de la «lutte de libération nationale» qu’il mène depuis la proclamation de l’état d’exception, le 25 juillet 2021. Mesures et lois qui tardent à donner leurs fruits, en termes de relance de la croissance économique et d’amélioration du niveau de vie des citoyens. D’où l’impatience du chef du chef de l’Etat et ce lancinant sentiment d’impuissance qu’il ne cesse d’exprimer face à une bureaucratie lourde et inefficace.
On engraisse le mastodonte
A qui la faute ? Et que faire pour faire bouger le mastodonte qui emploie quelque 700 000 salariés (plus du double de ce dont le pays a besoin pour fonctionner plus ou moins correctement) et que l’on continue d’engraisser par des milliers de recrutements supplémentaires chaque année, sans tenir compte des difficultés financières du pays, ni de ses déficits chroniques ni de son surendettement qui le rend de moins en moins solvable au regard d’éventuels prêteurs internationaux.
Et puis, jusqu’à quand le pays va-t-il continuer de s’endetter, auprès des bailleurs de fonds, intérieurs et extérieurs, non pas pour relancer son économie en panne depuis 2011, mais pour financer ses dépenses publiques, lesquelles poursuivent leur irrésistible escalade de l’Everest ?
Le chef de l’Etat estime sans doute que son rôle est éminemment politique et qu’il consiste à décider des politiques publiques et à faire promulguer des décrets et des lois, et qu’il revient aux membres du gouvernement de trouver et de mobiliser l’argent nécessaire pour leur mise en œuvre.
Recevant, au cours de la même journée, le ministre des Affaires sociales, Issam Lahmar, qui s’apprêtait à partir pour Genève pour participer aux réunions de l’Organisation internationale du travail (OIT), le chef de l’Etat a souligné la nécessité de trouver des solutions pour le financement des caisses sociales qui, comme on le sait, sont toutes déficitaires, et maintenues sous perfusion grâce aux injections de fonds de l’Etat.
Selon un communiqué de la présidence de la République, le chef de l’État a souligné que la «révolution législative» dans le domaine du travail doit être fondée sur la justice et l’équité afin de répondre aux aspirations du peuple tunisien dans les secteurs public et privé, faisant ainsi allusion à la suppression de la sous-traitance et de l’emploi précaire dans les secteurs aussi bien privé que public, «révolution» qui va se traduire par des recrutements dont bénéficieront des dizaines de milliers de chômeurs de longue durée.
Ce n’est certes pas de refus, et c’est même une excellente nouvelle pour cette catégorie sociale longtemps oubliée. Il reste, cependant, l’essentiel, à savoir la mobilisation des fonds nécessaires au financement des salaires et des indemnités de ces travailleurs, sachant que la Loi de Finances pour l’année 2025, dont le financement est loin d’être bouclé, n’a pas prévu ces dépenses supplémentaires.
Et le problème, car problème il y a, c’est que ni la Première ministre, ni la ministre des Finances, que le président a également reçu hier, ni encore les membres de l’Assemblée des représentants du peuples (ARP), n’ont cru devoir nous expliquer comment ils vont procéder pour «trouver des solutions pour le financement des caisses sociales» et des masses de nouveaux travailleurs publics, comme les y invite Kaïs Saïed.
La balle est dans leur camp, mais on ne voit vraiment pas comment ils vont faire pour mobiliser les financements nécessaires pour la mise en œuvre des politiques sociales du président sans crever le plafond du déficit public et de l’endettement extérieur.
Après le meurtre raciste du Tunisien Hichem Miraoui à Puget-sur-Argens, dans le Var, des organisations issues de l’immigration et des quartiers, des collectifs de lutte contre le racisme institutionnel, des syndicats, des associations, citoyennes et des citoyens engagés (voir liste ci-dessous), appellent à un «rassemblement contre les discours de haine, pour la dignité et l’égalité !», le jeudi 12 juin 2025, à 18heures, à la Place de la République, à Paris.
Le meurtre raciste de Hichem Miraoui à Puget-sur-Argens n’est ni un fait divers ni un accident. Il s’agit d’un acte politique, un attentat haineux nourri par des années de banalisation des discours racistes, xénophobes, islamophobes.
Assez ! Ibrahim Ali, tué à Marseille le 21 février 1995 par des colleurs d’affiches du Front national; Brahim Bouarram, jeté dans la Seine et tué le 1er mai 1995 par des manifestants d’extrême droite; Djamel Benjaballah, assassiné le 31 août 2024 par un militant néonazi; Aboubakar Cissé, abattu dans une mosquée le 25 avril 2025 par un raciste islamophobe ; et, aujourd’hui, Hichem Miraoui, tué à Puget-sur-Argens. La Liste est longue.
Jusqu’à quand resterons-nous silencieux ?
Un crime raciste clairement revendiqué dans des vidéos publiées par l’assassin, où il exprimait sa volonté de «tuer des étrangers» tout en se réclamant de l’idéologie d’extrême droite. Le Parquet national antiterroriste (PNAT) s’est saisi de l’affaire, en raison du caractère politique de l’acte.
Ce crime, comme les précédents, sont le résultat direct et tragique de la banalisation des discours de haine. Des partis d’extrême droite, relayés par toutes sortes de figures politiques et des médias nauséabonds alimentent sans relâche un climat de stigmatisation. Des propos racistes, xénophobes, négrophobes et islamophobes sont relayés et normalisés, jusqu’à devenir un bruit de fond quotidien. Et quand la parole haineuse devient la norme, elle prépare le passage à l’acte.
Nous, organisations issues de l’immigration et des quartiers, les collectifs luttons contre le racisme institutionnel, syndicats, associations, citoyennes et citoyens engagés, nous appelons à une grande mobilisation pour exiger:
– la fin de l’impunité des discours racistes, xénophobes et islamophobes dans l’espace public ;
– la mise en œuvre effective de la loi contre le racisme et l’antisémitisme concernant les actes et propos racistes et islamophobes qui visent les citoyens de culture musulmane ;
– la mise en place d’un plan national de lutte contre le racisme institutionnel ;
– la promotion, dans les écoles, les médias et les institutions publiques, des valeurs de fraternité, d’égalité, de tolérance et de respect, indispensables à une société réellement plurielle et solidaire ;
– une réelle mobilisation des institutions contre les discriminations systémiques ;
Nous n’attendrons pas la prochaine victime pour nous faire entendre.