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Affaire Miraoui : Le suspect rejette l’accusation de crime raciste

Von: MC
05. Juni 2025 um 15:37

Alors que le principal suspect dans l’assassinat de Hichem Miraoui en France a reconnu les faits mais nié toute motivation raciste, les autorités tunisiennes poursuivent leurs démarches diplomatiques pour obtenir la vérité et garantir la sécurité de leurs ressortissants.

Christophe B., l’homme accusé d’avoir tué Hichem Miraoui, un ressortissant tunisien de Puget-sur-Argens dans le Var (France), a reconnu les faits devant le juge antiterroriste, ce jeudi 5 juin 2025, mais a nié tout mobile raciste ou terroriste. 

Le Parquet national antiterroriste (PNAT), saisi en raison du caractère présumé raciste de l’acte, a requis sa mise en examen pour assassinat terroriste motivé par la race, la religion ou l’ethnie, et son placement en détention provisoire.

Les premiers éléments de l’enquête, appuyés notamment par la publication de vidéos à caractère haineux avant et après les faits, laissent pourtant penser à une motivation raciale. Le tireur a également blessé un jeune homme d’origine turque, avant d’être interpellé par la gendarmerie.

En Tunisie, l’affaire suscite une vive émotion. Le ministère des Affaires étrangères a affirmé suivre de près le dossier en coordination avec les autorités françaises, afin de garantir les droits des Tunisiens à l’étranger et prévenir la répétition de tels crimes. L’ambassade de Tunisie à Paris a contacté immédiatement les autorités françaises dès la confirmation de l’identité de la victime.

Le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a fermement condamné le crime, qu’il a qualifié de « raciste » et même de « terroriste » lors d’un entretien avec l’ambassadeur de Tunisie et d’une visite à l’ambassade le 3 juin. Il a présenté ses condoléances à la famille du défunt et à la communauté tunisienne.

De son côté, le ministre tunisien de l’Intérieur, Khaled Nouri, a réclamé la protection renforcée des Tunisiens résidant en France et appelé à une approche préventive contre les discours de haine et les crimes motivés par l’intolérance.

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Hichem Miraoui assassiné en France : Anne Guéguen dénonce un crime raciste

Von: MC
03. Juni 2025 um 20:27

L’assassinat raciste de Hichem Miraoui, citoyen tunisien tué par balles dans le Var le 31 mai 2025, provoque une vive émotion en Tunisie comme en France. Tandis que le Parquet antiterroriste français s’est saisi de l’affaire, les autorités des deux pays condamnent un acte haineux qualifié de terroriste, et appellent à la justice et à la protection des communautés.

L’assassinat de Hichem Miraoui, un ressortissant tunisien tué par balles samedi 31 mai à Puget-sur-Argens, dans le département du Var (France), a suscité une vive émotion en Tunisie comme en France. L’acte, qualifié de raciste et prémédité, a rapidement été pris en charge par le Parquet national antiterroriste français, qui a ouvert une enquête pour assassinat et tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste, motivée par la race ou la religion.

Selon des sources concordantes et les médias français, l’auteur présumé du crime, un homme français de 53 ans, a tiré sur son voisin tunisien, le tuant sur le coup, et a également blessé un autre homme, de nationalité turque. Il a été interpellé peu après les faits et placé en détention. Des vidéos à caractère xénophobe et terroriste ainsi que des armes à feu ont été retrouvées en sa possession, renforçant la qualification de crime à motivation idéologique.

Face à ce drame, la diplomatie des deux pays s’est fortement mobilisée. L’ambassadrice de France en Tunisie, Anne Guéguen, a exprimé sa « profonde tristesse » et présenté ses condoléances à la famille de la victime, à ses proches, à la communauté tunisienne en France, ainsi qu’aux autorités tunisiennes. Elle a dénoncé « un crime raciste et prémédité qui nous frappe tous au plus profond de notre humanité », réaffirmant l’engagement de la France à lutter contre toutes les formes de haine, de racisme et de violence.

De son côté, le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a personnellement présenté ses condoléances à l’ambassadeur de Tunisie à Paris, Dhia Khaled, puis à son homologue tunisien Khaled Nouri, lors d’un entretien téléphonique. Il a condamné un « acte odieux, raciste et terroriste », assurant que les autorités judiciaires françaises « n’hésiteront pas à infliger les peines les plus sévères » à l’auteur présumé, dont les agissements ne sauraient représenter ni la société française ni les valeurs de la République.

L’ambassadeur tunisien à Paris a, pour sa part, souligné l’importance d’une instruction judiciaire rapide et rigoureuse, pour que justice soit rendue à la victime et à ses ayants droit. Il a également insisté sur la nécessité de protéger la communauté tunisienne résidant en France, en appelant à des mesures concrètes pour prévenir de tels crimes à l’avenir.

Le ministre tunisien de l’Intérieur, Khaled Nouri, a exprimé sa « vive indignation » et la « tristesse profonde » du peuple tunisien face à ce drame, exhortant les autorités françaises à garantir un environnement sûr et respectueux pour les Tunisiens en France.
Une réponse judiciaire attendue

L’enquête préliminaire ouverte par le Parquet antiterroriste français marque une prise en compte du caractère idéologique et haineux de cet assassinat, dans un contexte de vigilance accrue contre les violences racistes en Europe. Les premiers éléments de l’instruction confirment une motivation raciale et xénophobe, renforcée par le comportement numérique du suspect et son armement.

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Tunisie : Le ministre de l’Intérieur appelle son homologue français à protéger les Tunisiens

Von: MC
03. Juni 2025 um 10:55

À la suite de l’assassinat du ressortissant tunisien Hichem Miraoui à Puget-sur-Argens en France, le ministre tunisien de l’Intérieur, Khaled Nouri, s’est entretenu avec son homologue français, Bruno Retailleau. Il a insisté sur la nécessité de renforcer la protection des Tunisiens vivant en France et de prévenir toute dérive violente liée aux discours de haine.

À la suite de l’odieux attentat terroriste ayant coûté la vie au citoyen tunisien Hichem Miraoui, 35 ans, coiffeur de son état, survenu dans la soirée du samedi 31 mai 2025 à Puget-sur-Argens (Var), le ministre de l’Intérieur, Khaled Nouri, a eu un entretien téléphonique hier, avec son homologue français, Bruno Retailleau.

Lors de cet échange, Khaled Nouri a exprimé sa vive condamnation de cet acte tragique qui a profondément choqué l’opinion publique en Tunisie. Il a souligné l’impératif de garantir la sécurité de la communauté tunisienne résidant en France, en appelant à la mise en place d’une approche préventive afin d’éviter de tels crimes, contraires aux valeurs humaines, et d’en empêcher la récurrence. Il a également mis en garde contre les discours incitant à la haine et à l’extrémisme, qui peuvent souvent conduire à de telles atrocités.

De son côté, le ministre français de l’Intérieur, M. Bruno Retailleau, a fermement condamné ce crime à caractère raciste, qu’il a qualifié d’acte terroriste. Il a assuré du rejet total par les autorités françaises de tout ce qui pourrait semer la discorde au sein de la société. 

Au nom du gouvernement français, il a présenté ses sincères condoléances à la famille de la victime, affirmant que la justice française appliquerait les sanctions les plus sévères contre l’auteur de cet acte, qui ne représente ni la société française ni les valeurs de la République.

Rappelons que samedi, le corps de Hichem Miraoui a été retrouvé à Puget-sur-Argens, où il habitait, criblé de cinq impacts de balles. Un Turc a également été blessé au moment des faits. 

Le mis en cause, actuellement en garde à vue, est un voisin. Il a été interpellé dans la foulée à bord de son véhicule, où ont été découvertes des armes « de type pistolet automatique, fusil à pompe et arme de poing », selon le procureur de Draguignan. Le parquet antiterroriste s’est saisi de l’enquête. 

Le suspect, né en 1971, est Français et adepte du tir sportif. Avant et après son passage à l’acte, il a publié deux vidéos au contenu « raciste et haineux » sur Facebook, d’après le procureur de Draguignan. Dans l’une d’entre elles, il aurait assuré « prêter allégeance au drapeau français » et appelé les Français à « tirer » sur les personnes d’origine étrangère.

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Le racisme en France ou la banalité du crime

17. August 2025 um 09:30

D’un point de vue statistique, la France est le pays occidental où on a tué le plus de Maghrébins et la tendance persiste. Au quotidien, le racisme suprémaciste blanc et néocolonial se traduit par «la négation» de l’existence même des non-blancs, dont les Arabes, pas assez blancs, font partie. Ce sont des stratégies d’effacement social qui, poussées à l’extrême, peuvent aller jusqu’à l’élimination physique.

Mahmoud Gabsi *

Le 31 mai 2025, un coiffeur tunisien de 46 ans, a été tué de cinq balles dans un attentat raciste à Puget-sur-Argens, dans le Var, au sud-est de la France, et un autre homme a été blessé. Fait inédit, le Parquet national antiterroriste (Pnat) s’est saisi de l’affaire et une enquête préliminaire pour «assassinat et tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste, commis en raison de la race ou la religion», a été ouverte. 

Dans plusieurs vidéos tournées avant et après son passage à l’acte, postées sur Facebook et révélées par ‘‘Libération’’ et ‘‘Le Monde’’, l’auteur présumé, Christophe Belgembe, 53 ans, revendique effectivement son geste au nom d’une idéologie d’extrême droite, affiche une volonté de médiatisation et appelle à la violence. Il y fait également référence à des leaders d’extrême droite raciste comme Jean-Marie Le Pen, Marine Le Pen et Jordan Bardella, avant d’enjoindre à son auditoire : «Votez bien la prochaine fois.»

Des chiffres alarmants : en 2024, la police et la gendarmerie françaises ont enregistré 9 400 crimes et délits «à caractère raciste», soit une hausse annuelle de 11 %, nettement moins importante que celle observée en 2023 (+ 30 %). À ces crimes et délits enregistrés, s’ajoutent près de 7 000 contraventions pour les mêmes motifs, en augmentation de 6 % par rapport à 2023.

Toujours d’après le ministère de l’Intérieur français, moins de 3 % des personnes victimes d’atteintes «à caractère raciste» réalisent une démarche auprès des services de sécurité. Un peu plus de 1 million de personnes de 18 ans et plus vivant en France métropolitaine déclarent avoir été victimes d’au moins une atteinte «à caractère raciste» en 2022.

Violence diffuse qui s’enracine dans le passé

Cette violence diffuse ne vient pas ex-nihilo. La France coloniale tuait les militants nationalistes. ‘‘Ici on noie les Algériens : 17 octobre 1961’’ est un documentaire français réalisé par Yasmina Adi, sorti en 2011, évoque cette page sombre de l’histoire française. Suite à une manifestation pacifique d’Algériens pro FLN et sous les ordres du préfet de police Maurice Papon, les forces de l’ordre ont tiré sur les manifestants faisant, selon les chiffres avancés à l’époque, entre 80 et 200 morts.

Mais l’événement le plus significatif de la politique néocoloniale s’est déroulé en 1973, révélant un conflit ethnique et religieux qui ne disait pas son nom. Une tuerie de masse a eu lieu pendant l’été et l’automne lors d’une vague de meurtres et de violences racistes envers des immigrés maghrébins. Ils ont été perpétrés principalement dans la région marseillaise. Une cinquantaine d’Algériens ont été assassinés, dont 17 dans Marseille. Le journal ‘‘L’humanité’’ a parlé du racisme qui tue en série.

Les crimes et les agressions racistes étaient alors commis dans un contexte de tensions et sur fond de grande rancœur héritée de la guerre d’Algérie. Ils ont presque tous été classés sans suite après des enquêtes bâclées. L’Organisation de l’armée secrète (OAS), organisation terroriste clandestine française d’extrême droite, et des éléments de la police seraient les auteurs de ces massacres. La sociologue Rachida Brahim en a parlé dans son ouvrage ‘‘La race tue deux fois. Une histoire des crimes racistes en France’’ (1970-2000).

Il existe une loi du silence (la fameuse omerta de la mafia) autour de l’assassinat des Arabes. Le sociologue se doit de l’aborder : la ratonnade, la chasse à l’homme, la noyade dans les rivières, la traque nocturne en voiture, le tir à la carabine à partir du balcon et les tirs aveugles sur les terrasses de café sont les méthodes les plus utilisées.

De nombreux Maghrébins ont été ainsi assassinés. Le Maghreb entier en est concerné, car quelle famille maghrébine n’a pas un de ses membres en France ? 

Le contexte de Puget-sur-Argens

Le village de Puget-sur-Argens dans le Var où le Tunisien Hichem Miraoui a été assassiné compte une population de 9500 habitants. Les résultats lors des dernières élections y étaient conformes à la tendance nationale. Le vote d’extrême droite a été très fort au second tour de l’élection présidentielle de 2002. Depuis 2014, dans toutes les élections, le village a voté pour l’extrême droite nationaliste, identitaire, réactionnaire et raciste, que ce soit aux scrutins départementaux, régionaux, législatifs, européens ou présidentiels.

L’extrême droite domine la région Paca : le département du Var et des Alpes maritimes en sont des fiefs historiques. Contrairement au sud-ouest qui a une longue tradition de vote à gauche, le sud-est a toujours été à droite. Nice et Toulon sont les fers de lance de l’extrême droite xénophobe dans la région.

Toulon a été l’une des premières villes qui a élu un maire issu du Front national de Jean-Marie Le Pen en 1995. A cette période, Marignane, Orange et Vitrolles ont aussi basculé. Les quatre villes sont toutes situées au sud du pays.

Racisme d’atmosphère dans le sud-est

La Provence-Alpes-Côte d’Azur compte 5 081 101 habitants en 2019. 10% de la région Paca sont étrangers. Ils sont 560 000. 50 % d’entre eux sont Africains, un tiers Européens (notamment Italiens, Espagnols et Portugais). On est très loin de l’idéologie de l’invasion et du grand remplacement qui sont relayés par l’influenceur Eric Zemmour.

Le sud du pays est la région où les rapatriés français chrétiens du Maghreb dits «pieds noirs» sont nombreux. On y trouve aussi des Maghrébins juifs qui ont quitté l’Afrique du Nord avant, pendant et après les indépendances. Dans son ensemble, la population des régions méridionales compte un grand nombre d’immigrés des deux rives de la Méditerranée.

Les Tunisiens à Puget-sur-Argens

«En 1999, 7,7 % des habitants de Puget-sur-Argens étaient étrangers. Parmi cette population étrangère permanente, 2,1 % étaient originaires de Tunisie, 1,5 % d’Italie, 1,4 % d’Algérie, 0,8 % du Maroc et 0,5 % d’Espagne et du Portugal.» (Insee). Ainsi, les Tunisiens représentent la première communauté étrangère du village où le crime raciste de mai eut lieu.

Nice et Toulon sont dans la moyenne nationale qui tourne autour de 10 %. Ces deux villes comptent une forte population tunisienne. Nice compte 10 300 tunisiens.  A Toulon ils sont 3 486. Dans ces deux villes, les Tunisiens représentent là encore la première communauté étrangère.

Un million de Tunisiens vivent en France, ce qui fait qu’un Français sur 60 est Tunisien. C’est peu, mais ce n’est pas rien non plus. Sur 68 millions de Français, 10% sont musulmans.

Réactions de la société civile et des autorités

La sœur de Hichem Miraoui a réclamé justice pour son frère, en racontant à l’AFP qu’il parlait à sa famille au téléphone au moment où il a été criblé de cinq balles.

Le 8 juin, plus de 2000 personnes ont participé aux deux marches blanches organisées à Marseille, puis à Puget-sur-Argens.

Plusieurs associations et syndicats ont appelé à se joindre à la marche à Marseille où des députés de la France insoumise (LFI), Manuel Bompard et Sébastien Delogu, ont été présents. 

Par ailleurs, la famille de la victime a été reçue par le préfet du Var.

Les déclarations politiques se sont succédées : Jean-Luc Mélenchon : «un meurtre raciste infâme». L’avocat de la famille du Tunisien, citée par ‘‘La Croix’’, a expliqué : «Nous mènerons le combat jusqu’au bout pour que toutes les responsabilités soient tirées, jusqu’au plus haut sommet de l’État, parce que ce racisme d’atmosphère, ce qui a visé Hichem, c’est un racisme, c’est une islamophobie, c’est une xénophobie».      

Les crimes de voisinage de l’ultra-droite

Cet acte de violence politique a démontré une réalité : le racisme idéologique des voisins tue. La victime était un citoyen ordinaire qui faisait l’unanimité dans son village. Il était inconnu des services de police. Suite aux problèmes répétés de voisinage, le gérant du salon de coiffure qui l’employait envisageait de déménager. 

D’après ‘‘Philosophie magasine’’, le meurtre raciste du Tunisien révèle l’émergence d’un terrorisme de proximité qui n’est plus réservé au djihadisme. Par ailleurs, ce crime n’est pas un acte isolé. Selon ‘‘Le Monde’’, le 1er juin s’est ouvert le procès de membres du groupe d’ultra-droite AFO («Actions des forces opérationnelles») qui préparait des attentats racistes, le meurtre du coiffeur tunisien illustre aussi le rapport en miroir qu’entretiennent le djihadisme et le populisme d’extrême droite.

«Le Parquet national antiterroriste (PNAT) a déjoué depuis 2017 des projets d’attentats. Il s’agit en revanche du premier assassinat – en lien avec cette idéologie à être traité comme un attentat terroriste par la justice(…) Le PNAT relève qu’il avait diffusé avant sa virée meurtrière une vidéo sur Facebook dans laquelle il lançait : «Français (…) réveillez-vous, allez les chercher là où ils sont», et annonçait son intention de dire «stop aux islamiques» et de faire «un petit carton déjà rien qu’en sortant de chez lui».

Le jour de l’attaque, l’assassin a ouvert le feu à plusieurs reprises depuis son pick-up, tuant Hichem Miraoui. Puis il s’est dirigé vers le domicile d’Akif B., avant d’y tirer de nouveau. Grièvement blessé à la main, Akif B s’est enfui, poursuivi par le suspect.

La nouveauté réside dans le fait que le meurtrier connaissait son voisin qui ne lui a pas fait de mal. Il a froidement préparé son acte et il l’a reconnu lors de son arrestation par les agents de l’ordre.

Hichem est une victime de l’histoire, de la géographie et des idéologies de la haine banalisée. En émigrant, il pensait améliorer sa condition sociale, mais il a subi le pire des sorts. Il a été foudroyé par une mort injuste qu’il n’aurait jamais pu imaginer. Pour son entourage, le choc est immense, car en Tunisie le lien avec le voisin est primordial et les voisins sont solidaires. Il existe toute une mythologie qui sacralise le voisin.

Ce drame démontre deux tendances :

1 – Ce sont les gens du peuple qui s’entretuent sans justification et il est inacceptable qu’ils tombent dans le piège des idéologues. La victime perd la vie et le coupable se retrouve entre quatre murs pour longtemps. Or ils devaient vivre dans la paix et la fraternité, mais la haine raciste est aveugle, sourde et muette.

2 – Les vrais coupables sont les chroniqueurs et les faux intellectuels qui propagent les idées violentes. Protégés, ils bénéficient des honneurs politiques et médiatiques. Les théoriciens du grand remplacement et du conflit de civilisations vivent dans l’opulence et reçoivent les honneurs dans les médias et parfois dans les salons de la République.

Parmi les centaines de prédicateurs de la haine, on compte un grand nombre de sionistes extrémistes ainsi que des influenceurs proches de l’extrême droite. Les médias de masse leur sont ouverts 24 heures sur 24 heures.

Un projet ancien : en finir avec les Arabes

D’un point de vue statistique, la France est le pays occidental où on a tué le plus de Maghrébins et la tendance persiste.

Au quotidien, le racisme suprémaciste blanc et néocolonial se traduit par «la négation» de l’existence même des non blancs. Les Arabes en font partie. Ce sont des stratégies d’effacement social qui, poussées à l’extrême, peuvent aller jusqu’à l’élimination physique.

Les violences racistes sont intermittentes, mais c’est leur constance qui doit inquiéter. Faire de sorte que l’Arabe ne se sente jamais chez lui, tel est le projet. Nul répit n’est accordé à l’étranger non blanc minoritaire et il importe de le maintenir sous la pression menaçante de la majorité blanche judéo-chrétienne. 

Cette logique a sa propagande qui use d’une sémantique spécifique. Le discours ayant toujours précédé l’acte, les termes sont bien choisis et constamment modifiés. Le langage populaire a toujours inventé des dénominations péjoratives : sale arabe, bougnoule, bicot, melon… Les médias et les intellectuels de salon ont d’autres qualificatifs, toutes aussi hostiles qu’ambigües : minorités visibles, gens de couleur, individus typés, exotiques, gens du Sud, populations des quartiers, la France des banlieues, la France périphérique, les quartiers difficiles, les zones sensibles…

Et depuis peu, le conflit entre les bien-pensants et les exclus de tous bords s’accentuant, on parle ouvertement de territoires perdus de la république, de zones de non droit, d’une France en sécession ou en sédition, de cités interdites…

Dans le fond, il s’agit de toute une logorrhée bien française qui est conçue pour ne pas voir la réalité. Il ne faut surtout pas appeler les choses par leur nom. Or les banlieues sont les territoires de l’exclusion et de l’injustice. Un tiers des Français y vit et les étrangers y sont minoritaires. Construites pour être inaccessibles, sans emplois et sans loisirs, c’est le lieu où tous les démunis se retrouvent, indépendamment de leur couleur et de leur religion.

Selon Euronews, un rapport de la fondation Bertelsmann montre que dans cinq pays, environ un cinquième des personnes interrogées ne veulent pas vivre en voisinage avec des musulmans. A la question «souhaiteriez-vous ces groupes de personnes comme voisins ou cela n’a-t-il pas d’importance pour vous», un peu moins de 20% des personnes interrogées en Allemagne, Autriche, Suisse, France et Royaume-Uni répondent non au groupe des musulmans.

Médiapart, un média indépendant, évoque des mécanismes d’«invisibilisation» toujours à l’œuvre aujourd’hui.

* Sociologue.

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