Les Émirats arabes unis innovent une fois de plus dans l’observation astronomique en utilisant des drones équipés d’intelligence artificielle pour repérer le croissant de l’Aïd. Ce samedi 29 mars 2025, le Conseil des fatwas des Émirats scrutera le ciel à l’aide de cette technologie de pointe afin de déterminer le début du mois de Chawwal […]
À l’approche de l’Aïd El-Fitr, la Poste Tunisienne a décidé de célébrer le patrimoine culinaire en lançant une série de quatre timbres-poste dédiée aux pâtisseries tunisiennes.
Cette initiative met en lumière la richesse et la diversité des douceurs traditionnelles, qui varient selon les régions et les occasions et dès le 27 mars 2025, il sera possible de se procurer ces timbres illustrant quatre spécialités emblématiques : le Makroud, le Kâak Warka, la Baklawa et le Mlabes.
Ces pâtisseries souvent préparés en grande quantité pour les fêtes, à l’instar de l’Aïd El-Fitr, témoignent du savoir-faire et des traditions culinaires tunisiennes.
Les timbres et les produits philatéliques seront disponibles dans tous les bureaux de La Poste et en ligne sur son site www.e-stamps.poste.tn.
Créée en avril 1937, la revue tunisienne de sciences humaines et sociales de l’Institut des Belles Lettres Arabes, connue sous le nom de « Revue IBLA », est la plus ancienne revue scientifique en Tunisie.
En 2024, elle entame une nouvelle étape de son histoire en préparant son passage au digital. Et la date du 20 mars 2025 marque donc le lancement officiel de la plateforme en ligne de la revue IBLA qui, « forte de son histoire, s’ouvre désormais au monde numérique », note Raja Ben Slama, directrice de la revue.
Il s’agit « probablement de la première revue scientifique tunisienne à être mise en ligne de manière structurée. L’indexation de tous les numéros se poursuivra au cours des mois à venir. L’archive de la revue est disponible de manière ouverte et gratuite, au service de la recherche, des chercheurs, et de la culture tunisienne et maghrébine en général ».
Le projet de son passage au digital lancé en 2024, consiste à numériser l’ensemble des processus de gestion, à fournir une publication électronique accessible en ligne, à promouvoir le contenu numérique de la revue et à assurer son indexation sur des plateformes internationales à l’instar de la plateforme web francophone Cairn, rassemblant des milliers d’ouvrages et de revues francophone en sciences humaines et sociales sous forme numérique.
S’intéressant aux sciences humaines et sociales et à la littérature appliquée notamment en Tunisie et au Maghreb, tout en ouvrant des fenêtres sur d’autres sphères géographiques et linguistiques, la revue qui publie des articles en arabe, en français et en anglais, a une longue histoire qui a débuté avec les Pères Blancs d’Afrique du Nord avant qu’elle ne soit une revue à comité de rédaction composé d’universitaires et d’intellectuels tunisiens.
Principaux repères historiques
Dès 1928, les premières brochures paraissent, issues, entre autres, des conférences du Cercle des Amitiés Tunisiennes, créé par le Père André Demeerseman (1901-1993), et sont alors divisées en deux séries distinctes : Les Cahiers Tunisiens et Documents Tunisiens, composés de manière assez variée de recueils de contes, poésies, proverbes, mais aussi glossaires, descriptions, introductions, notes ou commentaires.
Ces premières publications mettent en avant une littérature à la fois populaire et savante, et consignent les nuances de l’arabe tunisien dans une collection dédiée, « Le Bled », selon la documentation historique d’IBLA.
Alors que l’Institut des Belles Lettres Arabes est officiellement inauguré sous ce nom en mai 1931 dans la rue Jamaa al Haoua, la maison d’études se développe peu à peu, se spécialisant dans les sciences humaines et sociales appliquées à la Tunisie. Au sein du Cercle des Amitiés Tunisiennes se développent des réflexions qui donneront naissance à des manuels de conversation, une série d’une trentaine de conversations sur la vie quotidienne en Tunisie intitulés « Miroir de la vie tunisienne » (1941) et « Le Guide pratique » (1945).
En avril 1937, la revue IBLA voit le jour sous la forme d’un « simple bulletin » polycopié de 56 pages, organisé autour de deux volets : l’étude de l’arabe classique d’un côté, et celle de l’arabe dialectal, de l’autre. Alors que l’arabe classique sert de vecteur pour l’étude de l’islamologie et des thématiques religieuses comme le droit musulman, l’histoire de l’islam ou l’étude des textes sacrés, l’arabe dialectal devient un outil permettant une meilleure connaissance des traditions tunisiennes.
En 1942, la revue passe à l’impression et touche un lectorat plus large. Son contenu évolue, se recentrant sur des études scientifiques et bibliographiques. Elle devient alors un acteur incontournable de la recherche en sciences humaines et sociales.
Dès les années 1960, IBLA s’impose comme une revue scientifique réputée, publiant des articles sur la linguistique, la sociologie, l’ethnographie, l’islam, l’éthique, la culture, l’histoire, l’économie, l’agriculture, la santé…
La revue doit sa longévité à son fondateur le Père André Demeerseman (1901-1993) qui a joué un rôle majeur dans son développement, en dirigeant la publication pendant quarante ans, ainsi qu’à d’autres figures marquantes, comme le Père André Louis (1912-1978), un des premiers collaborateurs de la revue et auteur de plus de cinquante articles, sans oublier Jean Fontaine (1936-2021), directeur de l’Institut de 1977 à 1999, qui a laissé une longue « Histoire de la littérature tunisienne par les textes » et de nombreux ouvrages autour des littératures arabe et tunisienne contemporaines.
En 1977, un comité éditorial tunisien est mis en place pour assurer la continuité de la revue. Agée aujourd’hui de 88 ans, la Revue IBLA dont le comité est composé de membres de divers domaines scientifiques, demeure une référence pour les chercheurs, universitaires et intellectuels de tous bords.
Dans la Déclaration commune de la réunion des ministres des Affaires étrangères du G7 tenue à Charlevoix (Québec, Canada), le 14 mars 2025, il n’y a aucune référence à la solution à deux Etats Israël-Palestine. On parle désormais d’«horizon politique palestinien», aussi vague qu’ambigu. Une manière d’enterrer la cause d’un peuple occupé, humilié et martyrisé depuis près de 80 ans.
Dans leur déclaration, les membres du G7 «ont souligné l’impératif d’un horizon politique pour le peuple palestinien, obtenu grâce à une solution négociée au conflit israélo-palestinien qui réponde aux besoins et aspirations légitimes des deux peuples et favorise une paix, une stabilité et une prospérité globales au Moyen-Orient».
La référence à une solution à deux États, évoquée dans un précédent projet également relancé par les médias internationaux, a donc disparu.
La déclaration finale indique également que les membres du G7 «ont affirmé leur volonté de travailler avec leurs partenaires arabes sur leurs propositions visant à tracer la voie à suivre pour la reconstruction de Gaza et la construction d’une paix durable entre Israéliens et Palestiniens».
Ces chers ministres des Affaires étrangères des puissances occidentales, soutenant toutes l’Etat génocidaire d’Israël, ne nous expliquent pas comment ils conçoivent «une paix durable entre Israéliens et Palestiniens»… sans Etat Palestinien. Ils ne nous disent pas non plus ce qu’ils entendent par «horizon politique palestinien», si ce n’est l’enterrement purement et simplement de la cause palestinienne après son abandon par ceux-là même qui sont censés la faire vivre : les Arabes, plus soumis que jamais à la Pax Americana.
La question des migrants en Tunisie dépasse les frontières du politique et de l’économique. Elle nous tend un miroir brutal. Elle révèle nos contradictions, nos vérités cachées, nos refoulements collectifs.(Photo: des migrants rapatriés de Tunisie avec l’aide de l’OIM).
Manel Albouchi *
Il y a quelque chose d’étrange, d’inquiétant dans l’air. Une tension, une crispation. Une peur sourde qui s’infiltre dans les discussions, dans les regards, dans les décisions. On dit que l’Autre fait peur, mais si c’était nous qui nous faisions peur?
La question des migrants en Tunisie dépasse les frontières du politique et de l’économique. Elle nous tend un miroir brutal. Elle révèle nos contradictions, nos vérités cachées, nos refoulements collectifs.
Depuis quelque temps, le discours de rejet s’installe. On parle d’invasion, de «problème», de «danger». On ferme les frontières, on durcit les lois, on alimente une rhétorique de peur. Mais quelle est cette angoisse diffuse qui nous fait réagir avec tant de violence?
Il y a une ombre qui nous hante, une mémoire enfouie, un passé qu’on ne veut pas voir. Un héritage colonial non réglé. On nous a appris à nous voir comme Arabes, Méditerranéens, modernes. Africains ? Silence. Pourtant, l’Afrique est là, dans nos traits, dans notre dialecte, dans nos rythmes, nos traditions, notre cuisine. Mais l’Autre Africain, celui qui arrive aujourd’hui, celui qui frappe à notre porte avec son sac trop léger et son regard trop lourd, il dérange. Il trouble une identité qu’on a soigneusement fabriquée. Il nous rappelle une part de nous que nous avons voulu oublier.
Nous sommes ces migrants
Nous avons une mémoire sélective. On oublie trop vite que nous aussi, nous sommes ces exilés, ces déracinés. Que nos oncles, nos pères, nos cousins, nos fils ont traversé la Méditerranée en quête d’un avenir. Mais nous, nous nous sommes crus différents. Nous avons adopté l’accent parfait des centres d’appels; nous avons pris des prénoms français, François, Marie, pour mieux nous fondre dans le décor. On nous prenait pour des Français, le temps d’un appel téléphonique. Mais dès qu’il fallait un visa, un emploi, une place dans la société, on nous rappelait notre véritable place. Et pourtant, ici, nous reproduisons ce que nous avons subi ailleurs. Nous regardons l’Autre avec la même méfiance que celle que nous avons tant détestée. Nous le tolérons, à condition qu’il reste invisible. Nous l’acceptons dans nos chantiers, dans nos maisons, pour garder nos enfants ou laver nos sols, tant qu’il ne réclame rien. Tant qu’il ne revendique pas d’exister pleinement.
On les veut serviables, dociles, silencieux. Meilleurs que les enfants de Ain Draham, parce qu’ils appellent «Monsieur, Madame», qu’ils nourrissent un ego malmené. Parce qu’ils acceptent ce que nous-mêmes refusons. Mais dès qu’ils sortent du rôle qu’on leur a assigné, dès qu’ils marchent dans la rue en groupe, dès qu’ils rient un peu trop fort ou qu’ils osent s’installer, la peur surgit. On les accuse d’être trop nombreux, de «voler notre travail». Mais quel travail? Qui veut faire la plonge pour 10 dinars la journée? Qui accepterait de dormir à même le sol dans un chantier ou dans un entrepôt glacé en hiver et brûlant en été?
On alterne entre pitié et rejet. Une schizophrénie sociale. On dit «haram, ça me fait de la peine» en regardant un enfant dormir sous un porche. Mais une minute plus tard, on murmure «qu’ils rentrent chez eux». Une oscillation permanente entre humanisme et instinct de survie.
L’enfer, c’est nous
L’ennemi n’est pas l’Autre, c’est notre propre peur Plus on alimente la peur, plus elle grandit. Plus on durcit les frontières, plus la tension monte. Jusqu’à l’explosion. On l’a vu ailleurs. On le voit déjà ici. Mais cette question dépasse les migrants. C’est une question de société. Une épreuve pour notre capacité à évoluer, à dépasser nos archaïsmes.
Voulons-nous rester prisonniers de nos peurs, ou sommes-nous capables d’accepter la complexité de notre identité? Parce que l’histoire ne s’arrête pas. Parce que la Tunisie ne pourra pas éternellement osciller entre attraction et rejet. Parce qu’un jour, il faudra choisir : se refermer sur soi-même ou s’ouvrir à ce que nous sommes vraiment. Parce que l’enfer, ce ne sont pas les autres. L’enfer, c’est nous, quand nous refusons de voir la vérité en face.