S’il est vrai que notre monde n’est pas à une absurdité près, il y a tout de même des absurdités qui vous dressent les cheveux sur la tête. Ce constat ne se vérifie pas seulement quand on passe en revue les problèmes politiques et économiques et les désastres géostratégiques qui enflamment la planète.
Le constat se vérifie aussi dans le domaine du sport, supposé apolitique, neutre et le moyen le plus efficace de promouvoir la paix, la compréhension et l’amitié entre les peuples.
Il se trouve que les élites en charge des différentes fédérations représentant les multiples disciplines sportives ont trahi les principes pour la défense et la promotion desquels elles ont été élues ou choisies ou nommées.
Les raisons pour lesquelles les élites en charge des principales fédérations sportives mondiales, et en particulier celles du football et du tennis, obéissent au doigt et à l’œil aux pouvoirs politiques des deux rives de l’Atlantique importent peu. Le plus grave, ce sont les conséquences désastreuses sur la réputation et la fonction du sport et pour les équipes sportives des pays qui ne sont pas en odeur de sainteté à Washington et Bruxelles…
Les deux pays qui ont subi le plus les conséquences du travestissement et la dénaturation de la fonction du sport sont incontestablement la Russie et Israël, conséquences aux dépens de la première et au profit du second.
Bien avant l’effondrement de l’URSS, les sportifs soviétiques avaient souvent été interdits de compétions sportives internationales, y compris dans les jeux olympiques, bien qu’ils fussent parmi les meilleurs athlètes du monde.
Aujourd’hui, la Russie, pour avoir osé défendre sa sécurité et résister fermement aux provocations et à l’arrogance occidentales, a vu ses sportifs interdits de toutes les compétitions sportives du football européen et du tennis mondial. Le ridicule atteint des proportions telles que les champions russes du tennis ne peuvent participer qu’« à titre personnel », le drapeau russe étant interdit de figurer même à côté du nom du compétiteur…
Pour Israël, les choses sont différentes du moment où ce pays est l’enfant gâté de l’Occident. Il peut faire tout qu’il veut, commettre tous les crimes et perpétrer toutes les horreurs; sans que cela ne se traduise par la moindre sanction, ni pour ses politiciens, ni pour ses sportifs.
Mieux encore, ce pays est honni dans l’espace géographique où il se trouve et aucune nation n’accepte de l’affronter dans les compétitions sportives régionales? Qu’à cela ne tienne. On tord le cou à la géographie et on inscrit Israël et ses clubs de football dans la liste des pays habilités à participer dans les compétitions européennes.
La Russie est entrée dans l’Est de l’Ukraine pour secourir les populations russophones et défendre sa sécurité? Elle est accablée de sanctions, mise en quarantaine et exclue de toute participation aux compétitions sportives européennes.
Israël occupe depuis près de 60 ans des territoires par la force, sévit contre les populations civiles, commet un génocide à Gaza et se livre à une guerre de destruction au Liban? Peu importe, ce pays moyen-oriental est cordialement invité à participer à la compétition européenne des club champions.
C’est ainsi que le Maccabi de Tel-Aviv a rencontré l’Ajax d’Amsterdam. Les milliers de supporters israéliens présents à la rencontre n’ont rien trouvé de mieux que de se livrer à des provocations en aboyant insultes et obscénités contre les Palestiniens et les Arabes.
Au point de pousser Arabes et Musulmans présents sur les lieux à réagir à ces provocations? D’où les troubles qu’a connus la ville d’Amsterdam en cette nuit du jeudi 7 novembre.
La couverture de ces événements par la presse occidentale et les réactions des politiciens hollandais et leurs homologues européens sont méprisables. Pour la presse, « des supporters du club israélien ont été violemment attaqués dans les rues de la capitale hollandaise. » Pas un mot sur les provocations des Israéliens, sur les slogans hostiles aux Palestiniens, aux chants racistes!
Pour le maire d’Amsterdam, il s’agit d’ « une explosion d’antisémitisme ». Même chose pour le Premier ministre hollandais qui « condamne fermement ces attaques antisémites » !
Le président français Emmanuel Macron n’est pas en reste. L’Elysée a annoncé qu’il sera présent au Stade de France le jeudi 14 novembre pour assister au match de football opposant la France à Israël qui sera disputé dans le cadre de la Ligue des Nations… européennes. Selon l’entourage du chef de l’État français, la présence d’Emmanuel Macron vise à manifester « son plein et entier soutien à l’équipe de France. »
Une raison étonnante quand on sait que les présidents français ne se déplacent que pour les finales de la Coupe de France ou pour les matchs décisifs de la France en Coupe du monde. Dire que le président va assister pour soutenir son pays contre l’équipe d’Israël. On veut bien le croire quoique…
La vraie raison qui anime le président français est le soutien indéfectible qu’il témoigne envers Israël. Et ce, en dépit des crimes de guerre et du génocide que ce pays perpétue quotidiennement depuis treize mois.
Mais l’Elysée a aussi annoncé que « le président souhaite envoyer un message de fraternité et de solidarité, après les actes antisémites intolérables survenus à Amsterdam ».
Ce qui est intolérable, c’est cette effarante hypocrisie qui consiste à considérer des réactions fussent-elles inacceptables aux provocations des spectateurs israéliens comme « antisémites », mais de regarder ailleurs quand l’Etat criminel israélien massacre indistinctement femmes et enfants par dizaines de milliers et transforme Gaza et le Liban en enfer pour leurs habitants.
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