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CIFF 2025 – « Round 13 », la douleur et la dignité

20. November 2025 um 11:38



À la 46ᵉ édition du Festival international du film du Caire (CIFF 2025), Round 13 de Mohamed Ali Nahdi se présente au public dans la compétition « Horizons du Cinema Arabe », au cœur d’une section consacrée aux cinémas arabes contemporains. L’équipe du film, arrivée directement d’Estonie après sa première mondiale au Tallinn Black Nights Film Festival, accompagne cette œuvre profondément tunisienne dans son passage d’un grand rendez-vous européen à l’une des manifestations majeures du cinéma arabe.

Round 13 de Mohamed Ali Nahdi s’inscrit dans une double dynamique : celle d’un cinéma tunisien qui interroge sa propre réalité sociale, et celle d’un récit intime qui met en lumière la fragilité d’une famille confrontée à l’inimaginable. Réalisé par Mohamed Ali Nahdi, écrit par Sophia Haoues avec la participation du cinéaste, et interprété notamment par Helmi Dridi et Afef Ben Mahmoud, le film déroule un drame qui dépasse largement le cadre de la boxe pour donner corps à une histoire où les épreuves de la vie prennent l’allure d’un dernier round.

Le point de départ est simple et brutal. Kamel, ancien champion de boxe ayant abandonné les rings pour fonder une vie paisible avec sa femme Samia et leur fils Sabri, voit cette stabilité s’effondrer lorsque tous deux apprennent que leur enfant souffre d’une tumeur osseuse maligne, après ce qui semblait n’être qu’une chute anodine. Ce diagnostic fait basculer l’existence de la famille dans une succession de chocs et de bouleversements : la maladie grave d’un enfant, l’annonce de traitements lourds, la peur omniprésente de la mort, l’effondrement progressif du père qui sombre dans la colère et la perte de contrôle, la résistance obstinée de la mère qui s’accroche à l’espoir, et le courage silencieux du fils. Ces éléments structurent le premier axe majeur du film, celui d’un drame familial où chaque membre réagit différemment à la catastrophe, où la maladie devient un révélateur des forces et des fragilités de chacun.

Une des grandes qualités de Round 13 est précisément de ne pas tomber dans le mélodrame ni dans le pathos facile. Le film n’est pas conçu pour « faire pleurer dans les chaumières », il ne cherche pas l’émotion à tout prix, il est fait avant tout pour raconter et dénoncer. Bien sûr, on peut verser une larme, et même plusieurs, surtout lorsqu’on a déjà traversé une épreuve comparable : la maladie d’un enfant, surtout lorsqu’il est en très bas âge, et la menace de sa mort, restent parmi les drames humains les plus terribles que l’on puisse avoir à affronter. Accepter la mort éventuelle de son propre enfant est au-delà du supportable, et le film laisse affleurer cette horreur sans la souligner, sans l’exploiter, en la laissant simplement s’imposer au spectateur à travers les gestes, les regards, les silences.

Mais Round 13 ne se contente pas de raconter une histoire individuelle. Le film décrit une réalité tunisienne, celle que vivent chaque jour des familles issues de classes sociales défavorisées confrontées à la maladie grave d’un proche. Le choc de l’annonce, dans un pays où la perspective de traitements longs et coûteux provoque immédiatement une angoisse matérielle, se double d’une autre réalité tout aussi éprouvante : l’hôpital public ne remplit pas son rôle. Dans le film, les files d’attente interminables, les retards, les examens décalés, les prescriptions impossibles à obtenir et la lenteur générale du système occupent une place centrale. Les attentes y sont immenses, parfois désespérées, tandis que les prix pratiqués dans le secteur privé sont hors de portée pour une grande partie de la population. À cela s’ajoute la crise des médicaments, omniprésente dans la Tunisie contemporaine, où certains traitements indispensables sont introuvables, obligeant les familles à multiplier les démarches, à se tourner vers le marché noir et la contrebande ou à renoncer à une prise en charge optimale.

Cet ancrage social constitue le second grand axe du film, abordé de façon explicite, sans artifice ni détour. La maladie grave d’un enfant n’est pas seulement un drame familial ; elle est également un révélateur structurel. Le film montre comment la précarité se mêle à la détresse émotionnelle, comment l’impossibilité d’accéder à un traitement rapide ou complet accroît les tensions au sein du foyer, comment la fatigue, la peur et la pression matérielle déforment les relations entre les parents et l’enfant. Dans Round 13, les obstacles administratifs et médicaux ne sont pas des éléments secondaires : ils font partie intégrante du combat que mène cette famille, autant que le diagnostic lui-même.

Dans cette tempête, un détail qui n’en est pas un apparaît clairement : c’est la mère qui reste le pilier de la famille. Samia tient bon lorsque tout vacille autour d’elle, elle tient la maison, le fils, le mari, et elle continue d’avancer malgré la fatigue et la peur. Ce n’est pas un hasard : dans la société tunisienne, c’est très souvent la mère qui occupe ce rôle central, celle qui reste debout quoi qu’il arrive, celle sur qui l’on peut compter lorsque les épreuves s’accumulent. Le film en fait un clin d’œil appuyé sans jamais l’énoncer théoriquement : il suffit de la regarder, de la suivre, pour comprendre sur qui repose l’ossature du foyer.

Ce contexte explique la spirale dans laquelle plonge Kamel, dont la descente vers la colère et la violence est inscrite comme la conséquence d’un double effondrement : celui de son fils, et celui des institutions censées le protéger. Une altercation, provoquée par l’accumulation de tensions, conduit à son arrestation. Lorsqu’il sort de prison, le temps a passé, et le film s’oriente vers un « dernier round », un combat qui n’a plus lieu sur un ring mais dans l’intimité d’un foyer qui tente de se reconstruire malgré la maladie, la peur, le manque de moyens et l’usure des épreuves.

CIFF 2025 
Round 13

L’écriture cinématographique de Mohamed Ali Nahdi s’appuie sur sa propre trajectoire de réalisateur et d’acteur. Formé au Théâtre National Tunisien puis au Conservatoire Libre du Cinéma Français, il a élaboré au fil des années un regard particulièrement attentif aux émotions et aux trajectoires intimes. Round 13, son deuxième long métrage après Moez, prolonge cette approche en s’inscrivant dans la continuité d’un cinéma tunisien contemporain qui explore la réalité sociale du pays à travers des récits profondément humains. Le choix de traiter un sujet aussi lourd que la maladie infantile, mais en l’ancrant dans le quotidien des familles modestes, inscrit ce film dans une zone abordée avec une grande frontalité dans le cinéma tunisien.

Au-delà de sa construction narrative, le film doit aussi beaucoup à la qualité du jeu des acteurs. Helmi Dridi et Afef Ben Mahmoud incarnent avec justesse un couple pris dans une tourmente qui les dépasse, chacun réagissant selon ses propres forces et ses propres failles. Mais c’est surtout l’interprétation du jeune acteur, Hedi Ben Jabouria, qui marque durablement : son visage, son regard, sa posture disent la maladie avec une vérité bouleversante. Le maquillage, utilisé avec une grande précision, parvient à donner à l’enfant cette apparence affaiblie, délicate, cette lumière vacillante qui accompagne les corps souffrants, sans jamais tomber dans l’exagération ou l’effet artificiel. Un travail mesuré, équilibré, pensé pour que la maladie existe à l’écran avec sobriété et crédibilité, et pour que le spectateur saisisse la vulnérabilité extrême de cet enfant sans jamais sentir qu’on cherche à lui imposer une émotion.

La force de Round 13 tient peut-être à cela : même enraciné dans une réalité tunisienne précise, il touche quelque chose d’universel. La maladie d’un enfant, la peur de le perdre, ce vertige qui renverse toute logique et toute hiérarchie, sont des expériences qui traversent les pays, les langues, les classes sociales. Aucun système de santé, même le plus solide, n’annule la brutalité d’un tel choc. En montrant cette douleur dans un cadre tunisien, le film rappelle qu’elle pourrait surgir n’importe où, chez n’importe qui. Et peut-être que son véritable déplacement — de Tallinn au Caire, puis vers d’autres festivals au Maroc ou en Iran — réside précisément là : dans cette capacité à faire circuler une émotion qui ne connaît pas de frontière, et à poser une question qui atteint chacun de nous, au-delà des contextes et des cultures.

Neïla Driss

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JCC 2025 – L’affiche et les films tunisiens de la 36ᵉ édition dévoilés

16. November 2025 um 10:00

Les Journées cinématographiques de Carthage ont levé le voile sur l’affiche de leur 36ᵉ édition, qui se tiendra du 13 au 20 décembre 2025. L’image choisie cette année met en scène une silhouette féminine en marche, traversée par un flux de couleurs où se croisent le bleu, le violet, le fuchsia et des teintes orangées. Cette figure, imaginée par le designer Firas Agrebi, semble avancer portée par un souffle lumineux, comme si elle ouvrait un passage vers un espace en transformation. Son mouvement vers l’avant traduit une dynamique de liberté et de persévérance, en écho à l’identité même des JCC, qui demeurent depuis leur création un lieu de circulation des récits, de résistance culturelle et d’échanges entre les cinémas d’Afrique et du monde arabe. Le jasmin qu’elle tient, élément visuel discret mais central, ancre l’affiche dans la Tunisie, rappelant l’hospitalité, la mémoire et l’esprit de création qui caractérisent le festival.

JCC 2025 Affiche

Dans le même temps, la direction des JCC a annoncé la liste des films tunisiens retenus cette année dans les différentes sections compétitives, un ensemble particulièrement attendu tant par le public que par les professionnels du secteur. Sélectionnés par un comité indépendant, ces titres offrent un aperçu de la vitalité et de la diversité du cinéma tunisien actuel.

En compétition officielle des longs métrages de fiction, trois films représenteront la Tunisie. Where the Wind Comes From d’Amel Guellaty, déjà remarqué au Festival d’El Gouna 2025 où il a remporté le Prix de la meilleure fiction arabe, poursuit ainsi son parcours international. Il sera accompagné de La voix de Hind Rajab de Kaouther Ben Hania, dont la projection à Venise avait suscité un écho exceptionnel et qui avait valu au film de décrocher le Lion d’Argent et plusieurs prix dans les sections parallèles; l’œuvre a depuis été choisie pour représenter la Tunisie aux Oscars dans la catégorie du Meilleur film international et a été programmée dans plusieurs festivals majeurs. Le troisième long métrage en lice, Promis Le Ciel d’Erige Sehiri, avait quant à lui inauguré la section Un Certain Regard au Festival de Cannes en mai 2025.

La section des longs métrages documentaires rassemble également trois propositions : Le Para-dis de Majdi Lakhdar, Notre Semence d’Anis Lassoued et On The Hill de Belhassen Handous. Chacun de ces titres vient enrichir un segment documentaire tunisien de plus en plus structuré, où se croisent approches personnelles, récits ancrés dans le réel et explorations formelles.

Enfin, la compétition officielle des courts métrages comptera trois films tunisiens : Le fardeau des ailes de Rami Jarboui, Sursis de Walid Tayaa et Tomates Maudites de Marwa Tiba. Ces œuvres courtes, souvent premières incursions ou laboratoires esthétiques, occupent toujours une place essentielle aux JCC, révélant régulièrement de nouveaux regards.

Avec une affiche tournée vers l’horizon et une sélection nationale qui témoigne d’une véritable pluralité de voix, cette 36ᵉ édition des Journées cinématographiques de Carthage s’annonce comme un rendez-vous attentif aux mouvements du monde, aux histoires qui s’écrivent aujourd’hui et à celles qui cherchent encore leur forme.

Neïla Driss

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El Gouna 2025 – « Where the Wind Comes From » sacré Meilleur film de fiction arabe

25. Oktober 2025 um 12:40

Hier soir, lors de la cérémonie de clôture de la 8ᵉ édition du Festival international du film d’El Gouna, le film tunisien Where the Wind Comes From, réalisé par Amel Guellaty, a remporté l’Étoile d’El Gouna du Meilleur film de fiction arabe.

Cette récompense vient distinguer le premier long métrage de la réalisatrice tunisienne, produit par Asma Chiboub pour Yol Film (Tunisie) et Karim Aïtouna pour Haut les Mains Productions (France), en coproduction avec le Doha Film Institute (Qatar). Le film, d’une durée d’environ 100 minutes, est interprété par Eya Bellagha et Slim Baccar dans les rôles principaux.

Présenté pour la première fois en janvier 2025 au Festival de Sundance dans la section World Cinema Dramatic Competition, Where the Wind Comes From a ensuite figuré dans plusieurs festivals internationaux, notamment à Rotterdam et à La Valette, où il avait remporté le Golden Bee Award du meilleur long métrage ainsi que le prix de la meilleure interprétation féminine pour Eya Bellagha. Sa sélection à El Gouna, en compétition pour les films de fiction arabes, a confirmé la reconnaissance croissante du film sur la scène régionale.

Le récit suit deux jeunes Tunisiens, Alyssa, 19 ans, et Mehdi, 23 ans, qui quittent Tunis pour se rendre à Djerba afin de participer à un concours de dessin. Ce voyage devient pour eux une manière d’explorer leur rapport au monde, à la liberté et à leurs propres choix. Le film se déroule principalement sur les routes du sud tunisien et aborde, à travers ce déplacement, les aspirations et les contradictions d’une jeunesse tunisienne contemporaine.

Where the Wind Comes From se distingue par une approche réaliste, ancrée dans la société tunisienne d’aujourd’hui, tout en laissant place à des moments de respiration et de contemplation. Amel Guellaty, également scénariste du film, y prolonge les thématiques qu’elle avait amorcées dans ses courts métrages, autour du passage à l’âge adulte et du rapport entre la jeunesse et son environnement social.

Avec cette Étoile d’El Gouna, le film rejoint la liste des œuvres arabes primées par le festival depuis sa création, confirmant la présence du cinéma tunisien dans les principales manifestations de la région.

Neïla Driss

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CIFF 2025 – Une présence tunisienne marquante

14. Oktober 2025 um 08:55

La Tunisie s’impose cette année encore au Festival international du film du Caire (CIFF) avec une présence remarquée dans plusieurs sections, entre compétition, jury et espace professionnel. La 46e édition du festival, qui se déroule du 12 au 21 novembre 2025, offre une vitrine de choix au cinéma tunisien contemporain, porté par des cinéastes confirmés et de jeunes auteurs qui s’affirment sur la scène régionale et internationale.

La réalisatrice Leyla Bouzid figure parmi les membres du jury de la compétition internationale, la section la plus prestigieuse du festival. Révélée avec À peine j’ouvre les yeux (2015) et confirmée avec Une histoire d’amour et de désir (2021), elle représente une génération de cinéastes tunisiens dont le travail s’impose de plus en plus sur la scène mondiale.

CIFF 2025 Tunisiens Compétition Internationale Leyla Bouzid

En compétition internationale, la Tunisie est représentée par Exile de Mehdi Hmili (Tunisie, Luxembourg, France, Qatar, Arabie saoudite, 2025, 120 min). Le film suit Mohamed, ouvrier dans une aciérie blessé lors d’une explosion qui laisse un fragment de métal incrusté dans son crâne. Mis à l’écart de son travail, il sombre dans une quête de vengeance qui met à nu la corruption et l’injustice d’un système défaillant, tandis que son corps se détériore lentement. À travers ce récit, Mehdi Hmili explore la douleur, la marginalité et la lutte contre un environnement social oppressant.
Le cinéaste avait déjà participé au Festival International du Film du Caire en 2021 avec son film Streams, présenté dans la compétition Horizons du cinéma arabe.

CIFF 2025 Tunisiens 
Compétition Internationale

Dans la compétition Horizons du cinéma arabe, deux longs métrages tunisiens attirent également l’attention.

Le premier, Looking for Aida de Sarra Abidi (Tunisie, 2025, 89 min), se déroule dans un centre d’appels où Ayda voit sa vie bouleversée par le départ soudain d’un collègue qu’elle connaissait depuis des années. Entre regrets, désirs refoulés et désorientation, elle entreprend une réflexion sur le temps, l’amour et le sens de son existence. À travers ce portrait de femme en quête d’elle-même, Sarra Abidi signe un film sensible et introspectif.

CIFF 2025 Compétition Horizons du cinéma arabe Tunisiens

Le second, Round 13 de Mohamed Ali Nahdi (Tunisie, 2025, 89 min), plonge dans l’univers d’un ancien champion de boxe, Kamel, qui a mis fin à sa carrière par amour pour sa femme Samia. Leur vie bascule lorsque leur fils Sabri se fracture le bras et se voit diagnostiquer une tumeur maligne. Entre douleur, courage et amour, le film met en scène une succession d’émotions et de choix déchirants, révélant la force de résilience d’une famille confrontée à l’épreuve.
Mohamed Ali Nahdi avait déjà participé au Cairo International Film Festival en 2019 avec son court métrage Fatum, sélectionné dans la compétition officielle.

CIFF 2025 Compétition Horizons du cinéma arabe Tunisiens

En sélection officielle hors compétition, le film de clôture du festival est signé Kaouther Ben Hania : The Voice of Hind Rajab (Tunisie, France, 2025, 89 min). Inspiré d’une histoire réelle, le film revient sur le destin tragique de Hind Rajab, une fillette palestinienne de six ans coincée pendant des heures dans une voiture bombardée à Gaza, alors qu’elle tente d’appeler les secours. À travers ce récit mêlant documentaire et reconstitution, Kaouther Ben Hania interroge la mémoire, la responsabilité et la puissance des images face à la guerre.
The Voice of Hind Rajab a été choisi par la Tunisie pour représenter le pays à l’Oscar 2026 du Meilleur Film International.

CIFF 2025 La voix de Hind Rajab Kaouther Ben Hania

La Tunisie se distingue également dans la compétition des courts métrages. Deux films y sont présentés :

First the Blush Then the Habit de Mariam Al Farjani (Tunisie, Italie, 2025), où Layla, après un long périple, se retrouve dans la même ville qu’Ettore, un homme qui, des décennies plus tôt, avait fui la guerre. Leurs corps « non-morts » errent désormais chaque nuit à la recherche de nourriture, dans un conte de sang, de solitude et d’intimité, où les deux protagonistes refusent de rester prisonniers d’un passé qu’ils n’ont pas choisi.

CIFF 2025 Tunisiens

The Bird’s Placebo de Rami Jarboui (Tunisie, Qatar, Allemagne, 2025), raconte l’histoire de Yahya, un jeune homme en fauteuil roulant vivant dans un quartier marginalisé de la capitale tunisienne. Rêvant de traverser la Méditerranée, il voit sa trajectoire bouleversée par une rencontre étrange et transformatrice.

CIFF 2025 Tunisiens

Enfin, dans le cadre du Cairo Film Connection, organisé par les Cairo Industry Days, la réalisatrice Sarra El Abed présente son projet Goodbye Party (Tunisie, Canada). Ce projet, soutenu par plusieurs institutions, confirme la présence dynamique de la nouvelle génération de cinéastes tunisiens dans les espaces de coproduction et de développement international.

Entre films engagés, regards intimes et récits à portée universelle, la participation tunisienne au CIFF 2025 illustre la diversité d’un cinéma en constante évolution, qui continue de s’affirmer comme l’un des plus riches et des plus audacieux du monde arabe.

Neïla Driss

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Tunis Tout Court fête ses 20 ans : le court-métrage tunisien à l’honneur

27. September 2025 um 12:45

Du 3 au 5 octobre 2025, la Maison de la Culture Ibn Rachiq accueillera la 13e édition de Tunis Tout Court, unique festival national exclusivement consacré au court-métrage professionnel. Une édition anniversaire qui marquera les vingt ans de cette manifestation initiée en 2005 par l’Association Tunisienne pour la Promotion de la Critique Cinématographique (ATPCC). Après quelques années d’interruption dues à la pandémie, le festival revient avec la volonté affirmée de réinscrire le format court au cœur du paysage cinématographique tunisien, tout en célébrant un parcours déjà riche et significatif.

Né d’une conviction forte – celle que le court-métrage est un terrain d’expérimentation et de renouvellement artistique – Tunis Tout Court s’est imposé au fil des années comme un espace de reconnaissance, de diffusion et de réflexion. Depuis sa première édition en 2005, il a offert aux jeunes cinéastes une vitrine privilégiée et permis aux critiques de nourrir un dialogue fécond avec les créateurs. Aujourd’hui, alors que l’ATPCC s’apprête à fêter ses quarante ans, cette édition anniversaire du festival s’annonce comme un moment double : retour sur un héritage et ouverture vers de nouvelles perspectives.

Cette 13e édition s’articulera autour d’un programme dense : projections des meilleurs courts-métrages tunisiens récents, séminaire et atelier de formation autour de la thématique de l’adaptation, compétition d’articles critiques, débats et rencontres conviviales. Fidèle à sa vocation, Tunis Tout Court ne se contente pas de présenter des films : il stimule aussi la réflexion, interroge les enjeux esthétiques et industriels, et ouvre des pistes pour l’avenir.

Le cœur du festival battra au rythme de la compétition officielle des films, qui réunit cette année seize courts-métrages sélectionnés parmi les œuvres les plus marquantes des saisons 2023 et 2024. Fiction, documentaire et animation se côtoient, témoignant de la vitalité et de la diversité des écritures cinématographiques émergentes. Ces films concourront pour quatre prix attribués par un jury composé de critiques et d’universitaires : meilleure réalisation, meilleur scénario, meilleure contribution technique et meilleur jeu d’acteur.

Les seize films en compétition sont :
Leni Africo de Marouene Labib,
373, Pasteur Street de Mohamed Ismail Louati,
Where is Diana de Samy Chaffai,
Makun de Fares Naanaa,
Le sentier de Isha de Selma Hobbi,
Loading de Anis Lassoued,
In Three Layers of Darkness de Houcem Slouli,
Aucun Numéro de Hiba Dhaouadi,
Kamikaze de Hassen Marzougui,
Le chemin de l’oubli de Ali Marwen Chekki,
To Be de Ghassen Gacem,
The Carob Tree de Imed Methneni,
Between Two Worlds de Hedia Ben Aicha,
Flesh and Blood de Inès Arsi,
Le monde est petit de Bilel Bali
Fragments of Life de Anis Ben Dali.

ATPCC Tunis Tout court films

À côté de la compétition de films, Tunis Tout Court met également la critique cinématographique à l’honneur. Une compétition d’articles récompensera deux prix : celui du meilleur article critique de l’année 2023-2024 et celui du meilleur article écrit pendant le festival. Avec cette initiative, l’ATPCC affirme son rôle de passeur, convaincue que la critique reste un maillon essentiel de la vie culturelle, permettant de nourrir le débat et de donner aux œuvres une profondeur supplémentaire.

Les dix articles en lice pour le prix 2023-2024 sont :
RSIFF 2024 – « Les Enfants Rouges », un cri contre l’oubli de Neila Driss (Webdo.tn),
Les Enfants rouges : interroger le silence des victimes de Houssem Laachi (Yawmiyat al-Ayyam, Journées de Carthage 2024),
Mé El Aïn de Mariem Joobeur : maternité et identité face à l’extrémisme de Lassaad Mahmoudi (TAP),
Agora d’Ala Eddine Slim : où le corbeau et le chien racontent les maux de l’homme et de la patrie de Yosra Chikhawi (Réalités Online),
La Pietà et ses revenants de Meysem Marrouki (La Presse),
« Là d’où l’on vient », la sublime beauté de l’horreur de Rihab Boukhayatia (Nawaat),
Seuils interdits : entre fantasme et fracture sociale de Fadoua Medallel,
L’union d’un œil-oignon et d’un écran au-delà du noir et du blanc de Mohamed Ismail Louati (A Ticket to),
L’intervention de l’État dans le financement de la production cinématographique de Fathi Kharrat (Al Hayat Athakafiya)
Lorsque Hedi Khélil explore la photographie (Gouvernants et gouvernés) de Abeljelil Bouguerra (Al Hayat Athakafiya).

ATPCC Tunis Tout Court Critiques

La réflexion théorique et historique trouvera sa place dans un séminaire consacré à l’adaptation littéraire. Intitulé « Aux origines du court-métrage tunisien : l’adaptation littéraire comme geste premier », ce rendez-vous analysera comment les premiers courts tunisiens, dès les années 1960-1970, ont trouvé dans les nouvelles et récits littéraires une matière fondatrice. L’adaptation sera ainsi explorée comme geste culturel, esthétique et identitaire, en interrogeant sa pertinence actuelle à l’heure des hybridations intermédiatiques et des mutations globales de l’image.

Dans le prolongement du séminaire, un atelier de formation rassemblera une dizaine de participants pour réfléchir au rôle de la critique dans l’analyse de l’adaptation et pour écrire sur un corpus de courts-métrages. Cette initiative confirme la volonté pédagogique du festival, qui souhaite transmettre des outils d’analyse et former de nouvelles voix critiques capables d’accompagner le cinéma tunisien avec exigence et indépendance.

L’édition 2025 de Tunis Tout Court ne se limite pas aux projections et débats. Elle s’accompagne également d’une production livresque portée par l’ATPCC, fidèle à sa tradition éditoriale. Les publications récentes consacrées à Khemaies Khayati, Jilani Saadi ou encore au cinéma amateur tunisien en témoignent : la critique tunisienne écrit son histoire et enrichit le patrimoine cinématographique par la mémoire et l’analyse.

En investissant la Maison de la Culture Ibn Rachiq, lieu emblématique de la vie culturelle tunisienne, le festival renoue avec un ancrage urbain et populaire, accessible au grand public comme aux professionnels. Étudiants en cinéma, chercheurs, critiques, réalisateurs, producteurs et simples passionnés d’images y trouveront un espace de rencontre et de dialogue.

À travers Tunis Tout Court, l’ATPCC poursuit une mission claire : valoriser le court-métrage comme laboratoire de formes et d’idées, soutenir les jeunes talents, représenter la diversité culturelle du pays, encourager les politiques publiques en faveur du court, et offrir une vitrine internationale à ces films trop souvent invisibilisés. Vingt ans après sa création, ce festival confirme que le court-métrage n’est pas une étape secondaire, mais un langage artistique à part entière, essentiel à l’écosystème cinématographique. En réunissant films, critiques, publications, séminaires et ateliers, Tunis Tout Court 2025 se présente comme un carrefour unique, où la célébration du passé se double d’une réflexion sur l’avenir. Une édition qui promet d’honorer vingt ans d’existence tout en ouvrant de nouvelles voies pour les générations à venir.

Neïla Driss

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El Gouna 2025 – Le film « Where the Wind Comes From » d’Amel Guellaty en compétition

18. September 2025 um 13:00

Le 8ᵉ Festival de cinéma d’El Gouna, prévu du 16 au 24 octobre 2025, accueillera en compétition des films de fiction le premier long-métrage d’Amel Guellaty, Where the Wind Comes From. Le film y tiendra sa première dans le monde arabe, après un parcours international déjà couronné de succès.

Présenté en avant-première mondiale au Festival de Sundance, le film a rapidement séduit la critique et a poursuivi sa tournée dans de grands rendez-vous comme Rotterdam et Istanbul. Partout, il a été remarqué pour son mélange d’humour et d’émotion, la justesse de ses interprètes et la puissance de ses images. Les distinctions n’ont pas tardé : Golden Bee du meilleur film au Mediterranean Film Festival de Malte et prix du meilleur long métrage de fiction au Toronto Arab Film Festival.

La presse spécialisée a unanimement salué cette œuvre. Pour Variety, il s’agit d’« un film visuellement frappant qui explore de nombreux thèmes dans le cadre simple du road movie ». Cineuropa a mis en avant « le portrait d’une génération perdue qui cherche à se réinventer ». Le Hindustan Times a parlé d’« un petit miracle avec un immense cœur », tandis que Fasllah a souligné « une voix nouvelle et fraîche du cinéma tunisien », insistant sur son originalité par rapport aux films tunisiens récents.

C’est dans ce contexte que le film arrive à El Gouna. À l’annonce de la sélection, Amel Guellaty a confié son émotion : « Je suis profondément honorée de présenter mon film au Festival de cinéma d’El Gouna, un lieu qui l’a soutenu dès les premières étapes, du développement jusqu’à la post-production. Pouvoir enfin partager le fruit de plusieurs années de travail ici est une grande fierté. Ramener ce film dans la région MENA a une signification particulière pour moi, et j’ai hâte de le présenter au public. »

Where the Wind Comes From raconte l’histoire d’Alyssa, 19 ans, et de Mehdi, 23 ans, deux jeunes qui rêvent de fuir une réalité étouffante. En découvrant un concours offrant une chance de départ, ils se lancent dans un road trip à travers le sud tunisien. Leur voyage devient une quête initiatique, faite d’épreuves, de découvertes et de révélations sur eux-mêmes.

Produit par Asma Chiboub pour Atlas Vision, le film réunit Slim Baccar, Eya Bellagha, Sondos Belhassen et Lobna Noomane. La photographie est signée Frida Marzouk, le montage assuré par Amel Guellaty, Ghalya Lacroix et Malek Kammoun, la musique composée par Omar Aloulou et le son par Aymen Labidi. La distribution arabe et les ventes internationales sont confiées à MAD Distribution.

Née en 1988, Amel Guellaty s’est d’abord formée au droit à la Sorbonne avant de se consacrer au cinéma. Elle a débuté comme assistante sur Après Mai d’Olivier Assayas et Foreign Body de Raja Amari, avant de réaliser en 2017 Black Mamba, court-métrage sélectionné dans plus de soixante festivals, primé à vingt reprises, et acquis par Canal+ et la chaîne italienne RT. En 2022, son deuxième court, Chitana, a confirmé son talent. Elle a également signé des campagnes pour Dior, Montblanc et IWC. Avec Where the Wind Comes From, son premier long-métrage, elle impose une voix singulière et prometteuse dans le cinéma arabe contemporain.

En rejoignant la compétition des films de fiction d’El Gouna 2025, le film tunisien confirme l’émergence d’une nouvelle génération de cinéastes capables de faire rayonner leur cinéma bien au-delà de leurs frontières, tout en résonnant profondément dans leur région d’origine.

Neïla Driss

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Venise couronne « La Voix de Hind Rajab » du Lion d’Argent

06. September 2025 um 20:37


Le film La Voix de Hind Rajab de la réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania poursuit son parcours exceptionnel à la 82ᵉ édition du Festival international du film de Venise en remportant l’un des plus prestigieux trophées du palmarès officiel : le Lion d’Argent, soit le deuxième meilleur prix du festival.

Ce nouveau couronnement, après les six distinctions parallèles déjà obtenues, confirme la puissance artistique et émotionnelle de l’œuvre, qui s’impose comme un moment marquant de cette Mostra 2025.

Lors de la cérémonie de clôture, Kaouther Ben Hania est montée sur scène pour recevoir son prix. Dans un discours sobre et émouvant, elle a dédié cette récompense au Croissant-Rouge palestinien, rappelant que Hind Rajab n’était qu’une enfant parmi des milliers d’autres victimes du génocide en cours à Gaza. Elle a insisté pour que leurs voix soient entendues à travers le monde, appelant la communauté internationale à réagir afin de mettre un terme à cette tragédie.

« Je dédie ce prix au croissant rouge palestinien et à ceux qui ont tout risqué pour sauver des vies à Gaza. Ce sont des véritables héros. La voix de Hind, c’est celle de Gaza, un cri pour être secouru que le monde entier a entendu et auquel, pourtant, il n’a pas répondu. Nous croyons tous en la force du cinéma. Le cinéma ne peut pas ramener Hind, pas plus qu’il ne peut effacer les atrocités qu’elle a subies, mais le cinéma peut préserver sa voix et la faire résonner par-delà les frontières, car son histoire n’est pas que la sienne, c’est celle tragique, de tout un peuple qui subit un génocide infligé par un régime israélien, criminel, qui agit en tout impunité. J’appelle les leaders du monde à les sauver. Il est question de justice. Il était une fois un homme sage nommé Nelson Mandela qui a dit : « nous savons bien que notre liberté reste incomplète sans celle des palestiniens ». Aujourd’hui ces mots semblent plus juste que jamais. Puisse l’âme de Hind reposer en paix et les yeux de ces assassins rester sans sommeil. Palestine libre. Merci. »

Par ces mots, la cinéaste a fait résonner à Venise non seulement la mémoire de Hind Rajab, mais aussi celle de tous les enfants de Gaza, transformant sa consécration artistique en un acte de témoignage et de résistance. Cet instant a également rappelé l’importance du cinéma, non seulement comme art, mais comme moyen de porter la voix des oubliés et de mettre le projecteur sur des causes humanitaires trop souvent ignorées.

Désormais, tous les regards sont tournés vers l’avenir du film. Nous croisons les doigts pour son parcours international, et plus particulièrement pour les Oscars 2026, où La Voix de Hind Rajab a été choisi pour représenter officiellement la Tunisie dans la catégorie du meilleur film international.

En attendant cette échéance capitale, le public tunisien pourra découvrir le film dès le 10 septembre, date de sa sortie en salles en Tunisie, pour partager à son tour l’émotion qui a déjà conquis Venise et bouleversé la critique internationale.

Neïla Driss

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