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Heute — 11. Dezember 2025Haupt-Feeds

Berd | Prêt vert de 10 millions d’euros à Amen Bank

11. Dezember 2025 um 09:46

La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) et l’Union européenne (UE) ont signé un prêt senior non garanti de 10 millions d’euros avec Amen Bank, l’une des principales banques privées de Tunisie. Ce premier prêt accordé dans le cadre du mécanisme de financement de l’économie verte de la Berd en Tunisie permettra à Amen Bank de refinancer le secteur privé tunisien, notamment les micro, petites et moyennes entreprises (PME), tout en promouvant l’égalité d’accès au financement vert pour les femmes et les hommes.

Cette initiative soutient la transition de la Tunisie vers une économie verte en augmentant le financement des technologies et services sobres en carbone et résilients au changement climatique.

Ce prêt est assorti d’un programme de coopération technique financé par la Berd et l’UE. Il aidera Amen Bank dans la préparation, la mise en œuvre, la vérification et le suivi de ses projets, et assurera la formation et le renforcement des capacités de son personnel afin de promouvoir l’égalité d’accès au financement climatique.

Par ailleurs, l’UE accordera des subventions incitatives à l’investissement une fois les investissements verts menés à bien et vérifiés.

Ces subventions visent à encourager les PME éligibles à adopter plus rapidement les technologies climatiques de pointe.

Ce financement bénéficie également du soutien du Fonds de change (TCX), un mécanisme soutenu par l’UE qui renforce les marchés financiers dans les économies en développement et propose une couverture de change aux banques tunisiennes à coûts réduits.

Amen Bank est une société par actions au capital de 174,6 millions de dinars tunisiens, dont 66,44 % sont détenus par le Groupe Amen, un acteur majeur de la finance privée tunisienne, reconnu pour son engagement en faveur de l’innovation, de la performance et du soutien à long terme à ses clients.

En juin 2025, Amen Bank figurait au sixième rang des banques tunisiennes, avec une part de marché de 8,5 % en termes d’encours de dépôts et de prêts.

Depuis le début de ses opérations en Tunisie en 2012, la Berd a investi 2,9 milliards d’euros dans 83 projets à travers le pays, dont 66 % dans le secteur privé.

Communiqué.

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Gestern — 10. Dezember 2025Haupt-Feeds

Tunisie : La BERD et l’UE accordent un prêt de 10 millions d’euros à Amen Bank pour financer l’économie verte

Von: walid
10. Dezember 2025 um 10:32

La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) et l’Union européenne (UE) ont signé un prêt de premier rang non garanti de 10 millions d’euros en faveur de “Amen Bank“, a annoncé, mardi la BERD.

Cet accord de prêt est le premier signé dans le cadre du Programme de financement d’une économie verte de la BERD en Tunisie. “Ce nouveau financement permettra à Amen Bank d’accorder des prêts au secteur privé tunisien, y compris aux micro, petites et moyennes entreprises (MPME), et favorisera l’égalité d’accès des femmes et des hommes au financement vert. Ce cadre vise à faciliter la transition vers une économie verte en accroissant le financement des technologies et des services bas carbone et climato-résilients”, selon la BERD.

Le Programme sera soutenu par un ensemble complet de mesures de coopération technique financées par la BERD et l’UE pour aider Amen Bank à préparer, mettre en œuvre, vérifier et suivre les projets. Cet ensemble de mesures appuiera également des activités de formation et de renforcement des capacités qui devront aider le personnel d’Amen Bank à promouvoir l’égalité d’accès des femmes et des hommes au financement de l’action climatique.

Dans le cadre de ce programme, l’UE accordera des subventions d’incitation à l’investissement pour la réalisation et la vérification d’investissements verts. Ces subventions visent à accélérer l’adoption de technologies climatiques avancées par les MPME éligibles.

Ce nouveau financement est également étayé par le Fonds de change (TCX), mécanisme soutenu par l’UE qui favorise la croissance des marchés financiers dans les économies en développement et offre aux banques tunisiennes une couverture du risque de change à des prix réduits.

Selo, la Banque européenne, “Amen Bank est une société anonyme au capital social de 174.600.000 dinars détenue à hauteur de 66,44% par le groupe AMEN, l’une des principales institutions financières privées en Tunisie, reconnue pour son engagement constant en faveur de l’innovation, de la performance et de l’accompagnement durable de ses clients. Amen Bank a été classée comme la sixième banque en Tunisie en Juin 2025, avec une part de marché de 8,5% en termes d’encours de dépôts et d’encours de prêts”.

Depuis le début de ses activités en Tunisie en 2012, la BERD a investi 2,7 milliards d’euros dans 83 projets à travers le pays, dont 67 % dans le secteur privé

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AGRICULTURE | Céréales : «L’autosuffisance céréalière n’est pas un slogan, c’est un plan de survie» Estime Fethi Ben Khlifa – UTAP

10. Dezember 2025 um 07:17

Fethi Ben KhelifaLa campagne céréalière 2024-2025 a été saluée comme « exceptionnelle ». Pourtant, derrière les chiffres, la Tunisie reste dépendante des importations de blé tendre et vulnérable aux aléas climatiques. Dans cet entretien, Fethi Ben Khalifa, conseiller économique (UTAP) rappelle que la souveraineté alimentaire ne peut se réduire à des slogans : elle exige une stratégie nationale, l’exploitation des terres domaniales, des centres de stockage efficaces et un accompagnement réel des agriculteurs.

On a parlé d’une saison exceptionnelle, certains ont même évoqué 20 millions de quintaux. Qu’en est-il réellement ?

La collecte a atteint environ 12 millions de quintaux, dont 90 % de blé dur. Mais nous continuons à importer du blé tendre pour la consommation humaine – pain, pâtes, farine. Ce n’est donc pas une campagne exceptionnelle, mais une campagne correcte après deux années de sécheresse. En 2019, nous avions fait mieux.

« La collecte atteint 12 millions de quintaux, mais ce niveau n’a rien d’exceptionnel. Après deux années de sécheresse, nous revenons à une récolte correcte, loin de celle de 2019. »

Comment expliquer cette dépendance persistante au blé tendre ?

La Tunisie produit surtout du blé dur. Pour le blé tendre, indispensable à notre alimentation, nous importons près de 75 % de nos besoins. C’est une vulnérabilité majeure.

La solution passe par une meilleure valorisation des terres domaniales : l’État doit via une stratégie nationale pouvoir réserver une partie importante de ses terres aux céréales et aussi faciliter aux agriculteurs l’exploitation de périmètres irrigués aux céréales plutôt que de les laisser à des cultures de confort comme les pastèques ou les tomates.

La souveraineté alimentaire exige des choix clairs et assumés.

Certains agriculteurs ont été sanctionnés pour avoir stocké leurs semences. Est-ce un problème de cadre légal ?

Oui. Aujourd’hui, il est urgent d’autoriser légalement les agriculteurs à conserver une partie de leur production pour la saison suivante. Sinon, nous restons dépendants des appels d’offres internationaux – 200.000, 300.000 tonnes – et exposés aux aléas du marché mondial.

La guerre en Ukraine nous a montré qu’on peut avoir de l’argent, mais ne pas pouvoir importer. Le stockage doit être une stratégie nationale, pas un slogan destiné à calmer l’opinion publique.

« La Tunisie produit surtout du blé dur et importe près de 75 % du blé tendre indispensable à son alimentation. C’est une vulnérabilité structurelle. »

Justement, que devraient être ces centres de stockage ?

Ils doivent garantir la sécurité alimentaire. Aujourd’hui, les annonces de « centres de stockage » sont souvent des effets d’annonce. Or, il faut des infrastructures modernes, capables de conserver les céréales dans de bonnes conditions, avec une gestion transparente. Sans cela, nous risquons de perdre une partie de la récolte et de continuer à importer.

Le stockage est un pilier de la souveraineté, au même titre que la production.

Le financement agricole est-il adapté à ces enjeux ?

Non. Les crédits de campagne sont instables, parfois sans garantie, et les taux atteignent 12 % pour un secteur fragile.

En 2024-2025, seulement 3,4 % des crédits économiques ont été alloués à l’agriculture.

Les offices de l’État absorbent la majorité des financements, laissant les agriculteurs marginalisés. Pourtant, ce sont eux qui prennent les risques, face aux sécheresses et aux aléas climatiques. Il faut un accompagnement réel, avec des crédits accessibles et des indemnisations rapides en cas de pertes.

Il convient de rappeler que les agriculteurs contribuent, de leurs propres ressources, à un Fonds censé les protéger contre les aléas climatiques. Pourtant, la promesse d’accompagnement reste largement théorique : les indemnisations tardent, parfois ne viennent jamais, et ceux qui devraient être soutenus se retrouvent seuls face aux pertes.

Autrement dit, un mécanisme pensé comme un filet de sécurité s’est transformé en mirage, laissant les producteurs dans une vulnérabilité accrue.

« Sans centres modernes et transparents, le stockage reste un slogan. C’est pourtant un pilier de la souveraineté alimentaire, au même titre que la production. »

Qu’en est-il des semences locales et de la recherche scientifique ?

Nous avons un Institut national des grandes cultures, financé par les taxes des agriculteurs. Il faut valoriser les semences sélectionnées – cette année, 517.000 quintaux – et investir dans la recherche pour améliorer la productivité. Sans OGM, mais avec des variétés adaptées à notre climat.

Si nous passons de 14 à 20 quintaux en moyenne sur un million d’hectares, nous atteignons déjà 6 millions de quintaux supplémentaires. C’est une équation simple : améliorer les rendements, c’est réduire les importations.

« Les producteurs financent un fonds censé les protéger contre les aléas climatiques, mais les compensations annoncées n’arrivent pas. Ce décalage détruit la confiance. »

Les agriculteurs réclament aussi des indemnisations pour les aléas climatiques…

C’est un droit. Ils cotisent à un fonds, mais les compensations annoncées pour 2023-2024 n’ont pas été versées. L’État doit respecter ses engagements, sinon la confiance s’effondre.

Les agriculteurs sont les premières victimes des sécheresses et des aléas climatiques. Sans accompagnement, ils ne peuvent pas investir ni améliorer leurs rendements. La souveraineté alimentaire passe par eux.

« Passer de 14 à 20 quintaux par hectare permettrait de gagner 6 millions de quintaux. L’amélioration des rendements reste la voie la plus rapide pour réduire la dépendance. »

En résumé, quelles sont les priorités pour la Tunisie ?

Il faut axer sur volets :

  • Exploiter les terres domaniales pour produire du blé tendre et réduire notre dépendance.
  • Construire de vrais centres de stockage, modernes et transparents, pour sécuriser les récoltes.
  • Accompagner les agriculteurs, avec des financements accessibles, des indemnisations rapides et une recherche scientifique adaptée.

La sécurité alimentaire n’est pas un luxe pour la Tunisie, c’est une condition de stabilité nationale. Dans un pays exposé aux aléas climatiques et dépendant des marchés internationaux, garantir l’accès régulier à des céréales de qualité relève autant de la souveraineté que de la dignité.

Les crises récentes – pandémie, guerre en Ukraine, sécheresses – ont montré que l’argent seul ne suffit pas : sans production locale, sans centres de stockage fiables et sans stratégie claire, le pays reste vulnérable.

Assurer la sécurité alimentaire, c’est protéger la population contre les ruptures, préserver l’équilibre social et donner aux agriculteurs la place qu’ils méritent dans le projet national.

Entretien conduit par Amel Belhadj Ali

EN BREF

  • La campagne 2024-2025 atteint 12 millions de quintaux, mais reste loin de l’autosuffisance.
  • La Tunisie importe 75 % du blé tendre et demeure vulnérable aux crises internationales.
  • Le stockage, encore limité, doit devenir un axe stratégique pour sécuriser la récolte.
  • Les agriculteurs manquent d’un financement accessible et d’indemnisations rapides.
  • La recherche et l’augmentation des rendements sont essentielles pour réduire les importations.

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Tunisie : produire plus, importer moins, la souveraineté céréalière est-elle toujours possible ?

09. Dezember 2025 um 07:02

CéréalesEn 2025, la Tunisie a enregistré une récolte céréalière jugée favorable, estimée entre 18 et 20 millions de quintaux. Cette embellie, due à une pluviométrie bien répartie après plusieurs années de sécheresse, a permis de relancer l’espoir d’une réduction de la dépendance aux importations.

Pourtant, l’Office des céréales a lancé en septembre un appel d’offres pour l’achat de 125 000 tonnes de blé tendre et au mois de novembre un autre appel d’offres international portant acquisition de 125 000 tonnes de blé tendre et 100 000 tonnes de blé dur, selon des informations relayées par l’agence Reuters.

Le blé tendre sera livré en cinq cargaisons de 25 000 tonnes chacune, entre le 5 décembre 2025 et le 25 janvier 2026. Le blé dur, quant à lui, sera importé en quatre cargaisons de 25 000 tonnes, avec des livraisons prévues entre le 5 décembre 2025 et le 20 janvier 2026.

Ces appels d’offres qui se suivent confirmant une réalité persistante : la Tunisie reste structurellement dépendante du marché international pour garantir son approvisionnement en céréales, principalement en blé tendre et en orge.

La production nationale, bien qu’en hausse, ne couvre qu’environ 60 % des besoins du pays, estimés à 30 millions de quintaux par an. Le blé dur, utilisé pour les pâtes, le couscous et la semoule, représente la moitié des surfaces emblavées, tandis que le blé tendre — destiné à la fabrication du pain — ne couvre que 20 % des besoins. L’orge, cultivée principalement au centre et au sud du pays, est utilisée pour l’alimentation animale et la brasserie, mais reste insuffisante face à la demande croissante du secteur de l’élevage.

Comme le souligne Ridha Bergaoui, expert en agriculture dans un article publié sur “Leaders” :

« La céréaliculture tunisienne est essentiellement pluviale. Elle dépend étroitement de la quantité et de la répartition des pluies, ce qui rend les rendements très variables d’une année à l’autre. »

« La céréaliculture tunisienne est pluviale. Elle dépend de la quantité et de la répartition des pluies, ce qui rend les rendements très variables. »

 Une dépendance qui coûte cher

Les importations de céréales — blé tendre, blé dur, orge et maïs — représentent 52 % des achats alimentaires du pays. En 2022, la subvention destinée aux produits alimentaires de base a atteint 3 771 millions de dinars, dont 3 111 millions pour les céréales. Cette dépendance constitue une hémorragie de devises, aggravée par la chute du dinar, l’inflation mondiale, et la volatilité des marchés internationaux.

La Tunisie importe notamment du blé tendre d’Ukraine, de Bulgarie et de Roumanie, et de l’orge de Russie. Ces pays, bien que compétitifs, sont eux-mêmes exposés à des risques géopolitiques majeurs, comme la guerre en Ukraine ou les tensions au Moyen-Orient, qui perturbent les chaînes logistiques et font grimper les prix.

« La sécurité alimentaire ne peut plus reposer sur la mondialisation. Les crises récentes ont montré que même les pays éloignés des conflits peuvent en subir les conséquences. Il faut désormais raisonner en termes d’autosuffisance », affirme Bergaoui.

Une stratégie nationale centrée sur le blé dur

Face à ces défis, la Tunisie a adopté une stratégie visant l’autosuffisance en blé dur, avec un objectif de production de 1,2 million de tonnes par an. Le blé dur est historiquement cultivé dans le pays, mieux adapté aux conditions climatiques locales, et plus rémunérateur pour les agriculteurs grâce à un système de prix incitatif mis en place par l’Office des céréales.

Le ministère de l’Agriculture encourage également la culture de l’orge et des fourrages pour l’alimentation du cheptel, ainsi que l’extension des surfaces céréalières dans le Sud, irriguées à partir des nappes profondes.

« Les crises récentes montrent que la sécurité alimentaire ne peut plus reposer sur la mondialisation. Même les pays éloignés des conflits en subissent les effets. »

 Cultiver dans le désert : un pari mesuré

Inspirée par l’expérience algérienne dans le Sahara, la Tunisie développe une approche plus modeste et durable dans la région de Tataouine. Des projets de culture irriguée du blé dur en goutte-à-goutte, à partir de sondages collectifs, visent à produire 2,2 millions de quintaux sur 55 000 hectares. Cette stratégie permet de diversifier les cultures, de créer de l’emploi, et de préserver les nappes phréatiques, déjà surexploitées.

« Contrairement à l’Algérie, la Tunisie ne dispose ni des vastes étendus ni des moyens financiers pour une agriculture minière. Elle mise sur l’intensification raisonnée et la valorisation des petits agriculteurs », précise Bergaoui.

« Faute de vastes étendues ou de moyens pour une agriculture minière, la Tunisie mise sur l’intensification raisonnée et la valorisation des petits agriculteurs. »

Intensifier, encadrer, innover

Pour améliorer les rendements, qui restent faibles (16 q/ha pour le blé, 9 q/ha pour l’orge), la Tunisie doit investir dans la recherche agronomique, fournir des semences adaptées à la sécheresse, et garantir l’accès aux engrais et aux crédits pour les petits producteurs. L’encadrement technique et la formation sont également essentiels pour accompagner la transition vers une agriculture plus productive et résiliente.

« Intensifier et améliorer les rendements n’est plus un choix, mais une obligation pour préserver notre souveraineté alimentaire », insiste Bergaoui.

Gaspillage alimentaire : l’autre talon d’Achille

Au-delà de la production, la consommation doit être rationalisée. Le pain, produit à partir de blé tendre importé, est massivement gaspillé. Des quantités importantes se retrouvent chaque jour dans les poubelles, représentant une perte économique et écologique considérable.

Bergaoui appelle à une réforme de la filière du blé tendre — de l’importation à la distribution — et à une sensibilisation des citoyens :

« Produire plus et gaspiller moins : tel est le double impératif. La sécurité alimentaire dépend autant des champs que des assiettes. »

« Intensifier la production et améliorer les rendements n’est plus un choix. C’est une obligation pour préserver la souveraineté alimentaire. »

Une souveraineté à bâtir, pas à décréter

La Tunisie ne peut plus se contenter d’importer pour combler ses déficits. Dans un contexte de dérèglement climatique, de tensions géopolitiques et de volatilité des marchés, la souveraineté alimentaire devient une nécessité stratégique. Elle exige des choix courageux, une vision à long terme, et une mobilisation collective — des agriculteurs aux consommateurs, en passant par les institutions.

La route est encore longue, mais les marges de progression sont réelles. À condition de produire mieux, de consommer avec conscience, et de faire du blé — pilier du régime alimentaire tunisien — un symbole de résilience nationale.

A.B.A

EN BREF

  • La récolte 2025 progresse mais ne couvre que 60 % des besoins nationaux.
  • Deux appels d’offres confirment la dépendance persistante de la Tunisie aux importations.
  • Les subventions et la facture en devises restent lourdes.
  • La stratégie nationale mise sur le blé dur et l’intensification raisonnée.
  • Le gaspillage de pain accentue la vulnérabilité alimentaire du pays.

Sources : Bulletin de la FAO sur l’offre et la demande de céréales (novembre 2025) → Données mondiales sur la production, l’utilisation et les stocks de céréales, avec prévisions pour 2025-2026. FAO – Cereal Supply and Demand Brief (source principale)

2.Analyse de Ridha Bergaoui (2025) → Texte expert sur la céréaliculture tunisienne, ses contraintes, ses perspectives et les enjeux de souveraineté alimentaire. Source directe fournie par l’utilisateur.

3.Données de l’Office des Céréales (Tunisie) → Appels d’offres pour l’importation de blé tendre, volumes importés, pays fournisseurs (Ukraine, Russie, Bulgarie, Roumanie, Argentine). Ministère de l’Agriculture – Tunisie (références générales)

 4.Rapport de la Caisse Générale de Compensation (2022) → Montants alloués aux subventions alimentaires, notamment pour les céréales. Ministère des Finances – Tunisie

 5.Données sur les importations agricoles tunisiennes (2024–2025) → Statistiques sur les volumes de maïs, soja, blé tendre et orge importés, et leur impact sur la balance commerciale. INS – Institut National de la Statistique

 

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AGRICULTURE | huile d’olive : «Produire ne suffit pas, Il faut valoriser, stocker et conquérir les marchés les plus exigeants», Fethi Ben Khlifa – UTAP

08. Dezember 2025 um 08:45

Conseiller économique de l’UTAP, Fethi Ben Khlifa analyse une campagne oléicole exceptionnelle et les défis de la filière tunisienne. Entre abondance de la récolte, fragilités du financement, nécessité d’augmenter les capacités de stockage et conquête des marchés internationaux menée par des opérateurs comme Abdelaziz Makhloufi, appelle à une stratégie nationale ambitieuse pour donner à l’huile d’olive tunisienne la place qu’elle mérite.

Entretien :

Cette année, on parle d’une saison exceptionnelle. Quelles sont vos prévisions ?

La campagne oléicole 2025 s’annonce remarquable. Nous estimons une production comprise entre 450 000 et 500 000 tonnes d’huile d’olive, soit près de 2 millions de tonnes d’olives. C’est une récolte qui témoigne de la vitalité de nos terroirs.

Les zones principales de production ont bénéficié de précipitations abondantes, ce qui a favorisé la maturation des fruits. Certaines régions devraient à elles seules fournir près de 100 000 tonnes d’huile d’olive, un chiffre qui illustre l’importance stratégique de ces bassins agricoles.

Pourtant, le secteur a traversé des difficultés, notamment avec la fermeture de certaines huileries surtout à la suite de l’affaire Abdelaziz Makhloufi. Y a-t-il une reprise ?

La crise a effectivement fragilisé plusieurs unités de trituration. Certaines huileries ont dû fermer, faute de liquidités ou de débouchés. Mais des opérateurs solides, dotés de grandes capacités de transformation — parfois plus de 1.000 tonnes par jour — ont permis de maintenir la dynamique.

Ce sont des hommes de confiance, des professionnels qui ont su investir dans des équipements modernes et soutenir la filière. Leur rôle est essentiel pour absorber les volumes et garantir la qualité.

« La campagne 2025 sera remarquable. Nous anticipons 450 000 à 500 000 tonnes d’huile, un volume qui reflète la vitalité des terroirs et l’effet des précipitations abondantes. »

Vous insistez sur la valorisation du produit tunisien. Quels sont les points forts ?

La Tunisie ne doit pas se contenter de produire : elle doit valoriser. Cela signifie mettre en bouteille, labelliser, certifier et conquérir les marchés les plus exigeants. Abdelaziz Makhloufi, par exemple, est l’un des plus grands opérateurs dans la vente d’huile d’olive labellisée. C’est lui qui a ouvert le marché américain, un marché réputé difficile.

Contrairement à ce que l’on croit, les États-Unis ne sont pas « acquis » : il faut des analyses, une stratégie et une constance. Aujourd’hui, 70% de l’huile tunisienne exportée en bouteilles est destinée à ce marché, ce qui représente près de 30% des exportations globales. C’est une réussite qui prouve que la Tunisie peut s’imposer face à une concurrence féroce.

Quelles sont les possibilités pour les opérateurs nationaux de profiter de lignes de financement internationales à des conditions accessibles pour soutenir leurs activités ?

Il existe nombre de lignes de financement internationales, notamment italiennes, qui peuvent être exploitées par nos opérateurs. Ce sont des crédits fournisseurs à long terme, avec des conditions préférentielles : des taux qui ne dépassent pas 4 à 5 %, des échéances pouvant aller jusqu’à 10 ans, et des périodes de grâce de trois à quatre ans.

Ces instruments financiers sont précieux pour moderniser les huileries, investir dans le stockage et soutenir l’exportation. Mais il faut une volonté politique et institutionnelle pour les activer pleinement et les mettre à la disposition des acteurs tunisiens.

« La fermeture d’huileries a fragilisé la filière, mais des opérateurs solides, dotés de capacités modernes, ont absorbé les volumes et maintenu la qualité. »

Le financement reste un problème majeur pour les agriculteurs…

Absolument. Les agriculteurs manquent de liquidités pour payer les ouvriers et assurer la cueillette. Il faudrait mobiliser près d’un milliard de dinars pour soutenir la récolte.

Aujourd’hui, c’est souvent l’agriculteur qui sort l’argent de sa poche, ce qui fragilise toute la chaîne. Sans financement, il est difficile de négocier les prix ou de stocker la production.

Nous devons mettre en place des crédits de gestion à six mois, des lignes de financement adaptées et des mécanismes de soutien pour éviter que les producteurs ne soient pris à la gorge.

Il y a eu l’affaire Adel Ben Romdhane…

Adel Ben Romdhane a exporté de l’huile d’olive sans lettres de crédits irrévocables, il a utilisé des ordres de virement simples ou des accords moins contraignants, qui ne garantissaient pas le retour des fonds en Tunisie.

Résultat : les banques tunisiennes qui ont financé ses opérations n’ont pas eu la garantie internationale que l’argent rentrerait. Cela lui a permis de quitter le pays sans honorer ses engagements bancaires, laissant derrière lui des encours de crédits impayés.

Exporter sans lettres de crédit irrévocables confirmées, c’est exposer la filière et les banques à des risques majeurs. Il faut imposer systématiquement ce mécanisme pour sécuriser les exportations, protéger les agriculteurs et garantir que les devises générées par l’huile d’olive reviennent effectivement en Tunisie.

« La Tunisie doit aller au-delà de la production : mettre en bouteille, certifier et viser les marchés difficiles. C’est ainsi qu’elle consolidera sa place à l’international. »

La question du stockage est également cruciale…

Oui, notre capacité nationale de stockage plafonne à 450 000 tonnes, alors qu’il faudrait l’augmenter à 600 000 voire 700 000 tonnes pour accompagner les nouvelles plantations.

Nous avons déjà des projets ambitieux, avec des plantations atteignant 400.000 oliviers dans certaines zones. Si nous ne renforçons pas nos infrastructures de stockage, nous risquons de perdre une partie de la valeur ajoutée. Le stockage est la clé pour réguler le marché, éviter les ventes précipitées et garantir des prix compétitifs.

Et sur le plan international ?

Le marché mondial de l’huile d’olive ne représente que 2 % des huiles consommées. Cela signifie qu’il existe une marge énorme de progression, surtout avec les études scientifiques qui confirment ses vertus nutritionnelles et médicinales.

La Tunisie doit saisir cette opportunité, mais cela exige des lignes de financement compétitives. Quand nos voisins marocains bénéficient de taux à 2 %, nous ne pouvons rester à 12 ou 14 %.

Il faut des crédits préférentiels pour encourager les opérateurs privés à investir dans le stockage et l’exportation. Sinon, nous serons dépassés par les Italiens, les Espagnols, les Grecs, les Turcs, les Syriens, les Marocains et les Algériens, tous très agressifs sur les marchés.

« Nos opérateurs peuvent accéder à des crédits fournisseurs internationaux, souvent italiens, avec des taux de 4 à 5 % et des échéances pouvant atteindre dix ans. »

Quel rôle pour l’État et l’Office national de l’huile ?

L’Office national de l’huile doit redevenir un acteur central. Il doit réguler, acheter aux agriculteurs, fixer des prix moyens au démarrage et aider les opérateurs privés avec des lignes de financement claires et des taux préférentiels. L’État doit aussi imposer des mécanismes d’assurance pour sécuriser les exportations.

Trop souvent, des opérateurs exportent sans lettres de crédit confirmées, ce qui expose à des risques financiers majeurs. Avec des contrats d’assurance solides, nous pouvons protéger nos exportateurs et renforcer la confiance des banques.

« Avec des plantations en expansion, la capacité de stockage de 450 000 tonnes est insuffisante. Il faut viser 600 000 à 700 000 tonnes pour réguler le marché. »

En conclusion, quel avenir pour l’huile d’olive tunisienne ?

Nous avons un potentiel extraordinaire. Avec une production annuelle moyenne supérieure à 500.000 tonnes, des terroirs riches et une reconnaissance internationale croissante, la Tunisie peut devenir une puissance mondiale de l’huile d’olive.

Mais cela exige une stratégie cohérente : financement, stockage, valorisation, conquête des marchés. Si nous réussissons, l’huile d’olive tunisienne ne sera plus seulement un produit agricole, mais un symbole national de qualité et de rayonnement international.

Entretien conduit par Amel Belhadj Ali

EN BREF

  • La campagne oléicole 2025 devrait atteindre jusqu’à 500 000 tonnes d’huile.
  • Le secteur reste fragilisé par les fermetures d’huileries mais soutenu par des opérateurs solides.
  • La valorisation du produit et la conquête des marchés, notamment américains, constituent une priorité stratégique.
  • Le financement demeure un obstacle majeur pour les agriculteurs et les exportateurs.
  • La Tunisie doit renforcer sa capacité de stockage et sécuriser les exportations pour rester compétitive.

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