Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé, jeudi 11 septembre 2025, qu’il n’y aurait jamais d’État palestinien, lors d’une cérémonie de signature d’un projet majeur de colonisation en Cisjordanie occupée. Ses propos, tenus à Maalé Adoumim, colonie située à l’est d’Al Qods occupé, ont immédiatement suscité des condamnations internationales.
Lors d’un événement célébrant l’approbation d’un vaste plan de construction de 3.400 logements dans la zone dite E1, Netanyahu a proclamé :
« Nous allons tenir notre promesse : il n’y aura pas d’État palestinien, cet endroit nous appartient ».
Le chef du gouvernement a ajouté vouloir « doubler la population » de Maalé Adoumim afin de préserver l’« héritage » et la « sécurité » d’Israël.
Le projet en question, validé le mois dernier, relie Al Qods occupé aux colonies voisines, fragmentant encore davantage la Cisjordanie et menaçant la continuité territoriale d’un futur État palestinien.
Hors Al Qods-Est, occupée et annexée par Israël, quelque trois millions de Palestiniens vivent en Cisjordanie, aux côtés d’environ 500 000 Israéliens installés dans des colonies que l’ONU juge illégales au regard du droit international.
Cette déclaration intervient alors que des pays occidentaux comme la France, l’Australie et le Canada ont annoncé leur intention de reconnaître un État de Palestine à l’Assemblée générale de l’ONU fin septembre. Londres a indiqué qu’il en ferait de même, sauf si Israël prenait une série d’engagements, dont celui d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.
Condamnations
Antonio Guterres a condamné fermement la décision israélienne, appelant à préserver la solution à deux États.
L’Autorité palestinienne a dénoncé une étape supplémentaire dans « l’annexion progressive » de la Cisjordanie.
L’extrême droite israélienne par la voix du ministre des Finances Bezalel Smotrich s’est félicitée du projet, exhortant à son accélération et à l’annexion pure et simple des territoires occupés, en réponse aux reconnaissances internationales croissantes d’un État palestinien.
Le plan E1
Le plan E1 est considéré comme l’un des plus controversés depuis des décennies. En reliant Al Qods-Est aux colonies environnantes, il diviserait la Cisjordanie en deux blocs distincts, rendant pratiquement impossible la création d’un État palestinien viable. Plusieurs gouvernements occidentaux et organisations internationales avaient déjà mis en garde Israël contre cette initiative.
Cousin von König Mohammed VI. sieht Eskalation im Nahen Osten als Gefahr für Marokkos Stabilität. Moulay Hicham fordert Kurswechsel in der Israel-Politik Prinz Moulay Hicham El Alaoui, Cousin von König Mohammed VI. und bekannt für seine im Königshaus kontroversen Thesen, hat im Interview mit der spanischsprachigen Zeitung El Confidencial (09.09.2025), zu einem Kurswechsel in der […]
Une frappe a eu lieu en plein cœur de la capitaledu Qatar. Une opération ciblée, dirigée contre des cadres du Hamas réunis dans une résidence du centre-ville. Officiellement, Israël a agi seul. Officieusement, tout indique que cette frappe porte une signature plus large. Derrière le tir, c’est un message stratégique qui se dessine. Et ce message ne vient pas seulement de Tel-Aviv, il vient de Washington.
Sans la moindre ombre de doute, on ne bombarde pas la capitale d’un pays allié des États-Unis sans que ces derniers soient informés. Et ici, ils l’étaient. Les services secrets américains auraient été prévenus, le président aussi. Le Qatar, lui, a été notifié une fois les missiles lancés, mais trop tard pour réagir, juste à temps pour comprendre. L’intention n’était pas de consulter, mais de marquer. De contraindre. De rappeler que l’ambiguïté stratégique a un prix.
Depuis des années, le Qatar joue sur une ligne de crête. À la fois allié militaire des États-Unis, hôte de la plus grande base américaine de la région, partenaire économique majeur de l’Europe, et en même temps parrain de longue date à certains mouvements islamistes. Une diplomatie de l’ambiguïté qui dérange de plus en plus, dans un contexte où les lignes se durcissent et les zones grises se ferment.
Ce que cette frappe signifie, c’est que le temps du double jeu touche à sa fin. L’administration américaine, via l’Etat sioniste, adresse un signal limpide à Doha : il faut choisir. On ne peut plus être à la fois refuge discret pour des figures du Hamas et prétendre incarner un pont entre l’Occident et le monde arabe. On ne peut plus abriter les ennemis désignés d’Israël, tout en s’affichant comme un partenaire fiable des États-Unis.
Derrière la rhétorique israélienne, il y a donc une pression politique américaine. Et derrière la façade d’une opération chirurgicale, une volonté de recalibrer les équilibres régionaux. En visant Doha, ce n’est pas seulement une frappe contre le Hamas qui est lancée, c’est une attaque symbolique contre un modèle diplomatique que Washington ne veut plus cautionner.
Le Qatar proteste, naturellement. Il dénonce une violation grave de sa souveraineté. Mais dans les faits, cette frappe rebat les cartes. Car elle rappelle au Qatar que sa sécurité comme sa stature régionale repose encore largement sur une alliance occidentale qui exige aujourd’hui des alignements plus clairs.
Le message est brutal, mais précis : il n’est plus possible de rester dans l’entre-deux. La posture d’équilibre, longtemps tolérée, est désormais perçue comme une forme de duplicité. Le Qatar doit sortir de sa zone grise ou en payer le prix.
Le Hamas n’était que le prétexte. Le vrai message était pour Doha.
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Par : Mahjoub Lotfi Belhedi
Chercheur en réflexion stratégique optimisée IA // Data scientist & Aiguilleur d’IA
À Catane, en Sicile, 15 bateaux s’apprêtent à rejoindre la Flottille SOUMOUD à destination de Gaza. Ce convoi maritime, soutenu par des militants issus de plus de 40 pays, ambitionne de briser le blocus israélien et d’acheminer une aide humanitaire. Mais entre menaces sécuritaires, aléas météorologiques et risques techniques, le départ reste entouré d’incertitudes.
Coordination entre la Tunisie et l’Italie
La stratégie prévoit un départ échelonné : les bateaux amarrés en Tunisie devraient prendre la mer avant ceux basés en Sicile, leur proximité avec Gaza offrant un avantage logistique. Cette coordination vise à maximiser l’impact symbolique et médiatique du convoi.
Des risques multiples : sabotage et surveillance
Si l’interception classique par la marine israélienne semble moins probable, les organisateurs redoutent désormais les sabotages en haute mer. Plusieurs pannes suspectes ont déjà immobilisé certains navires. Par ailleurs, la base aérienne américaine de Sigonella surveille étroitement les mouvements en Méditerranée, renforçant le climat de tension.
Un soutien international renforcé
Pour faire face aux dangers, le navire humanitaire Life Support, affrété par une ONG internationale, accompagnera la flottille. Équipé pour fournir une assistance médicale et logistique, il jouera le rôle de bateau de secours en cas de naufrage ou d’incident grave.
Retraits et incertitude
Initialement, 18 bateaux étaient annoncés, mais seuls 15 ou 16 devraient prendre la mer. Plusieurs participants se sont retirés face aux menaces directes, ce qui nourrit les doutes sur la capacité du convoi à partir dans les délais prévus. Les conditions météorologiques instables compliquent encore la planification.
Une portée géopolitique majeure
Au-delà de l’aspect humanitaire, cette initiative constitue un défi diplomatique direct à Israël. Y participent des personnalités médiatiques comme Greta Thunberg ou Mandla Mandela, ainsi que des députés européens. Pour la Tunisie, qui accueille une partie des préparatifs, il s’agit d’un geste fort de diplomatie humanitaire. Mais chaque incident, qu’il soit militaire ou technique, pourrait avoir des répercussions diplomatiques à l’échelle régionale et internationale.
Les destructions à Gaza et les bombardements au Qatar ont poussé plusieurs dirigeants européens à brandir la menace de sanctions contre Israël. Mais derrière les critiques, un obstacle majeur subsiste : la forte dépendance des armées européennes aux géants israéliens de la défense.
L’an dernier, les pays européens ont acheté pour près de 8 milliards de dollars d’armements israéliens, soit plus de la moitié des exportations du pays. Les entreprises Elbit Systems, Rafael et Israel Aerospace Industries sont intégrées aux chaînes d’approvisionnement militaires européennes et disposent de filiales locales, employant des milliers de personnes, rapporte le site Capital.
A noter au passage que sous la pression américaine, les membres de l’OTAN doivent porter leurs dépenses de défense à 5 % du PIB d’ici 2035, mais un objectif difficile à atteindre sans Israël. Cette réalité limite la portée des restrictions annoncées, comme en Allemagne, où l’interdiction de certaines exportations liées à Gaza n’empêche pas de nouveaux contrats, notamment l’achat de drones Heron pour près d’un milliard d’euros…
Sur le plan politique, le chancelier allemand, Friedrich Merz, a dénoncé mercredi 10 septembre les frappes israéliennes au Qatar comme une « violation du droit international », tout en évitant de soutenir l’idée de sanctions européennes.
De son côté, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, a annoncé la suspension de l’aide financière de l’UE à Israël.
Enfin, la polémique s’est étendue au domaine culturel, avec l’annulation de la participation du chef d’orchestre israélien Lahav Shani à un festival en Belgique, décision dénoncée en Allemagne comme un « boycott culturel » et un « antisémitisme pur et dur ».
Onde de choc dans les États du Golfe. La tentative israélienne ratée d’assassiner les dirigeants politiques du Hamas mardi 9 septembre 2025 en bombardant Doha pourrait bouleverser les fondements d’un ordre dirigé par les États-Unis au Moyen-Orient. Cette attaque montre que le parapluie américain, les bases américaines présentes dans ces pays, les milliards engloutis dans les contrats d’armement avec Washington et même l’avion offert par le Qatar récemment à Donald Trump – une aberration dans les relations internationales – n’ont pas mis ces pays à l’abri du déchaînement belliqueux de Benjamin Netanyahu qui fait ce qu’il veut avec une complicité vicieuse des États-Unis. (Ph. La base américaine d’Al-Udaid au Qatar n’a pas dissuadé Israël de bombarder l’émirat gazier allié des Américains).
Imed Bahri
Le New York Times a publié une enquête à ce sujet de sa correspondante à Riyad, Vivian Nereim, où elle fait part des interrogations des États du Golfe concernant la protection américaine après l’attaque israélienne ayant ciblée le territoire du Qatar. L’opération israélienne visant à assassiner des dirigeants du Hamas à Doha pourrait ébranler les fondements de l’ordre dirigé par les États-Unis au Moyen-Orient, affirme-t-elle, en rappelant que le Qatar abrite la plus grande base militaire américaine au Moyen-Orient, qu’il a acheté aux États-Unis des systèmes de défense pour plusieurs milliards de dollars et a récemment offert un Boeing de luxe au président Trump. Cependant, rien de tout cela n’a empêché Israël, allié clé des États-Unis, de lancer une attaque militaire audacieuse sur le territoire qatari mardi 9 septembre 2025.
Quelle valeur pour le partenariat avec les Américains ?
Il s’agissait d’une tentative d’assassinat de hauts responsables du Hamas qui s’étaient réunis pour discuter d’une proposition américaine de cessez-le-feu visant à mettre fin à la guerre à Gaza. Le journal américain cite Kristin Diwan, chercheuse résidente à l’Institut des États arabes du Golfe à Washington, qui déclare: «L’incapacité du Qatar à protéger ses citoyens grâce au commandement central américain présent sur son territoire a conduit les habitants à s’interroger sur la valeur du partenariat américain. C’est un véritable problème pour les dirigeants du Golfe. Les États-Unis devraient également s’en inquiéter».
Le journal indique que l’attaque israélienne a provoqué une onde de choc dans les capitales du Golfe car Israël cherchait à cultiver avec eux des relations d’alliés potentiels et surtout parce que ces pays considéraient depuis longtemps les États-Unis comme le principal garant de leur sécurité.
Le raid a visé un quartier résidentiel de la capitale, Doha, provoquant un dégagement de fumée noire et tuant un membre des Forces de sécurité intérieure qataries, Bader Saad Al-Humaidi Al-Dosari, selon des responsables qataris. Il est le premier Arabe du Golfe tué par Israël depuis des décennies.
Le Qatar a accepté d’accueillir les dirigeants politiques du Hamas à la demande des États-Unis, faisant de ce dernier un médiateur clé dans les négociations visant à mettre fin à la guerre à Gaza.
Dans un communiqué, le mouvement palestinien a confirmé la mort du fils de Khalil Al-Hayya, négociateur en chef du Hamas, et de quatre autres membres du Hamas lors de l’attaque.
On ignore encore quel sera l’impact de la frappe israélienne sur les négociations de cessez-le-feu, déjà chancelantes. Le Premier ministre qatari Cheikh Mohammed ben Abdelrahman Al Thani a déclaré mardi que cette frappe ne dissuaderait pas son pays de jouer son rôle de médiateur tout en accusant le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de tenter de saboter toute tentative de créer des opportunités de paix.
Les Etats du Golfe à la croisée des chemins
Cependant, selon les analystes, l’attaque israélienne aura des répercussions bien au-delà du Qatar. La volonté d’Israël d’attaquer un État du Golfe représente un tournant potentiel dans une région longtemps dominée par les alliances et les intérêts américains. «Il s’agit d’un test crucial», a déclaré Bader al-Saif, professeur d’Histoire à l’Université du Koweït. Il ajoute: «Si les dirigeants du Golfe ne prennent pas de mesures décisives dès maintenant, ils ne seront rien d’autre qu’une partie de la sphère d’influence israélienne et d’un ordre régional dirigé par Israël».
Les États pétroliers du Golfe –l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Qatar, Oman, Koweït et Bahreïn– ont fait preuve de plus en plus d’ambition ces dernières années, utilisant leurs immenses richesses pour accroître leur influence à l’échelle mondiale. Ensemble, ces pays contrôlent près de 4 000 milliards de dollars d’actifs dans leurs fonds souverains et nombre d’entre eux exercent une influence significative sur les marchés mondiaux de l’énergie.
Le NYT ajoute que les agendas nationaux et la réputation des États du Golfe dépendent de leur statut de refuges pour le commerce, l’investissement et le tourisme dans un Moyen-Orient instable, une réputation directement ternie par l’attaque israélienne. «Netanyahu lui-même a déclaré qu’il allait remodeler le Moyen-Orient. Est-ce un message indiquant qu’il entend également remodeler le Golfe ?», a également déclaré Cheikh Mohammed Al-Thani.
Le journal américain écarte toute réaction de la part des États du Golfe car une nouvelle escalade nuirait à leurs agendas nationaux. Malgré la frustration suscitée par la politique américaine dans la région, ces pays restent dépendants du soutien militaire américain.
Al-Saif a déclaré: «Ils disposent de nombreux outils notamment la diplomatie et l’influence économique», affirmant que «si les fonds souverains du Golfe décidaient d’agir en retirant leurs investissements d’une manière qui porte atteinte aux intérêts israéliens ou américains, cela pourrait avoir un impact».
On ne sait pas encore comment les États du Golfe réagiront, même s’ils remettent en question la validité des garanties de sécurité américaines, surtout quelques mois seulement après la tournée de Trump dans la région, où il a salué ses dirigeants et signé une série d’accords commerciaux. Cheikh Mohammed Al-Thani a indiqué que les États-Unis ont contacté le Qatar pour l’avertir de l’attaque, dix minutes après son exécution. S’adressant à l’ensemble des États du Golfe, Al-Saif a déclaré: «Il est difficile pour les États-Unis de nous donner ce que nous voulons à ce stade. Nous devons trouver une autre solution ou bien nous devons rencontrer à nouveau Trump et parler principalement de sécurité et pas seulement de commerce».
Doha lâché par son protecteur américain ? C’est en tout cas l’amer sentiment qui prévaut au Qatar. Tandis que la Maison Blanche ne s’est pas opposée aux plans malveillants de l’Etat hébreu, ni n’a condamné formellement les frappes contre son territoire.
Vent de panique sur les monarchies du Golfe inquiètes d’être prises pour cible à leur tour. Cependant que Tel-Aviv ne semble plus avoir de frein pour frapper à sa guise tout pays de la région, y compris les alliés des États-Unis. Faudra-t-il désormais se fier aux Yankees pour leur propre défense? Et ce, alors même que le Qatar- membre fondateur du Conseil de coopération du Golfe (CCG), l’organisation régionale créée en 1981, aux côtés de l’Arabie saoudite, de Bahreïn, du Koweït, d’Oman et des Émirats arabes unis- vient de subir les foudres d’Israël ?
Inquiétudes légitimes d’autant plus que ce richissime Emirat gazier se croyait à l’abri sous le parapluie américain en sa qualité d’allié majeur non-membre de l’OTAN des Etats-Unis, médiateur dans le conflit entre Israël et le Hamas et pays abritant la base militaire la plus importante au Moyen-Orient. Lequel pays avait signé avec les Etats-Unis lors de la dernière visite de Donald Trump à Doha en mai 2025 un accord censé générer des échanges économiques d’au moins 1200 milliards de dollar. Et allant même jusqu’à lui offrir un avion présidentiel estimé à 400 millions de dollars en signe d’amitié. En vain.
Trahison
En effet, l’Etat hébreu a annoncé mardi 9 septembre avoir ciblé des responsables du Hamas dans des frappes à Doha. Mais le mouvement islamiste palestinien a assuré que les négociateurs visés avaient survécu, tout en faisant état de six morts dans l’attaque.
Ainsi, le mouvement palestinien a affirmé que « l’ennemi n’avait pas réussi à assassiner les membres de la délégation en charge des négociations ». Cependant, il a fait état de six morts : le fils du négociateur en chef du Hamas Khalil al-Hayya, le chef de son bureau et trois gardes du corps, ainsi qu’un policier qatari.
« Le fait de prendre pour cible les négociateurs au moment même où ils discutent de la dernière proposition de Trump, confirme que Netanyahu et son gouvernement ne souhaitent parvenir à aucun accord et cherchent délibérément à faire échouer les efforts internationaux, sans se soucier de la vie de leurs prisonniers », a indiqué le Hamas.
Pour sa part, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qui dit assumer seul la décision, explique avoir ordonné ces frappes après une fusillade, revendiquée lundi par le Hamas, qui a fait six morts à Jérusalem-Est.
« L’action menée aujourd’hui contre les principaux chefs terroristes du Hamas était une opération israélienne totalement indépendante », a déclaré le bureau du Premier ministre dans un communiqué. « Israël l’a préparée, Israël l’a menée et Israël en assume l’entière responsabilité ».
Une « rare erreur tactique israélienne », estime l’éditorialiste du Washington Post David Ignatius. Car ce dernier constate que si « l’attaque n’a pas réussi à éliminer les hauts dirigeants du Hamas. Elle a en tout cas détruit l’un des rares canaux permettant d’arrêter le conflit ».
Le journaliste estime encore que les responsables qataris, qui jouent un rôle de médiateur dans le conflit, ont été « choqués par l’attaque et se sont sentis trahis. Des sources qataries m’ont confié qu’Israël et les États-Unis leur avaient promis le mois dernier que les responsables du Hamas ne seraient pas ciblés sur leur territoire. Cette promesse s’est révélée vide ».
Flou artistique
Trahison, duplicité ? Soit le président américain ne s’est pas opposé au raid israélien, soit, crime de lèse-majesté, Tel-Aviv s’est estimé en position d’agir sans l’en informer au préalable.
Dans les deux cas de figure, la communication de la Maison Blanche était floue et même contradictoire. En effet, tout en condamnant la frappe israélienne, la porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt a affirmé mardi qu’ « éliminer le Hamas, qui a profité de la misère de ceux qui vivent à Gaza, constitue un but louable ».
Elle a également ajouté que « sous instruction de Donald Trump, Steve Witkoff (le promoteur immobilier new-yorkais devenu envoyé spécial personnel de Donald Trump au Moyen-Orient. NDLR) avait informé Doha avant les événements ». Ce que le Qatar, dont un membre des forces de sécurité a été tué dans l’attaque, a immédiatement réfuté.
Trump « pas ravi »
Même attitude ambigüe de la part du locataire de la Maison Blanche- apparemment très mal à l’aise, vu que son pays est allié à la fois avec Israël et le Qatar qui abrite la plus grande base américaine de la région- qui a nié en bloc qu’Israël l’avait prévenu au préalable, même si son administration a été avertie « par l’armée américaine ».
La décision de lancer une attaque au Qatar «a été prise par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu » a écrit Trump sur son réseau social », qualifiant l’opération d’« incident regrettable ».
« Je ne suis pas ravi » et « je suis très mécontent », a-t-il indiqué mardi soir, lors d’un bref échange avec la presse.
En signe de représailles, le richissime Emirat gazier avec ses 330 000 habitants « se réserve le droit de riposter à cette attaque flagrante », a déclaré son premier ministre, Cheikh Mohammed ben Abdulrahmane Al Thani. L’ennemi sioniste en tremble d’avance !
La 80e session ordinaire de l’Assemblée générale de l’ONU s’est ouverte mardi 9 septembre au Siège des Nations Unies à New York sur le thème : « Mieux ensemble : 80 ans et plus au service de la paix, du développement et des droits humains. »
Et qui est la présidente de cette 80e session de l’AG de l’ONU ? Annaleena Baerbock, l’ancienne ministre des AE allemande sous Olaf Scholz, une belliciste connue pour sa célèbre déclaration : « Nous (les Européens) sommes en guerre contre la Russie ». Connue aussi pour sa déclaration solennelle à la Conférence de Munich pour la sécurité le 18 février 2023 qui a fait et fait toujours les gorges chaudes des diplomates et des journalistes à travers le monde : « Pour que l’Ukraine soit en sécurité, Poutine doit faire un changement de cap de 360° »… C’est cette femme que l’ONU a choisie pour présider sa 80e Assemblée générale dans un monde littéralement en flammes.
Le thème choisi est totalement hors sujet. Un thème qui choque plus d’un au regard du génocide qu’Israël continue de perpétrer, avec la complicité des Etats-Unis et l’approbation des puissances européennes, et au regard de l’impuissance de l’ONU à protéger le peuple palestinien ni même l’une de ses principales Agences, l’UNRWA et ses employés.
Un thème qui, par contraste, ne fait que jeter encore plus de lumière sur les abus de la puissance américaine qui a utilisé plus de 45 vétos pour assurer l’impunité d’Israël et protéger cet Etat paria des conséquences des crimes qu’il n’arrête pas de commettre depuis sa création jusqu’à ce jour.
En toute rationalité et loin des calculs politiciens, le thème qui devrait s’imposer logiquement à l’occasion de la célébration du 80e anniversaire de l’ONU est : « Se réformer ou disparaitre ». Car, sans réforme du droit de véto, cette malédiction onusienne, les abus des Etats puissants et l’impunité de leurs protégés continueront. Et la question : « L’existence d’une Organisation incapable de faire respecter sa Charte a-t-elle un sens ? » continuera d’être escamotée.
Le 9 septembre 2025, la 80e session de l’Assemblée générale des Nations Unies s’est ouverte sur fond de menaces croissantes pour la paix et la sécurité internationales, notamment au Moyen-Orient, où Israël commet un génocide contre le peuple palestinien, avec la complicité des États-Unis, du Royaume-Uni, de l’Allemagne et d’autres pays qui continuent d’apporter un soutien militaire, économique, politique, diplomatique et propagandiste à cet État génocidaire.
Le complice américain n’a même pas jugé utile de dissuader l’enragé Netanyahu de bombarder le Qatar, le pays qui accueille la plus grande base militaire américaine dans la région et qui, lors de sa visite à Doha Trump fut littéralement couvert d’or et de diamant emportés dans le « Palais volant », un Boeing 747 d’un demi-milliard de dollars généreusement offert par Tamim Al Thani…
Nul ne croit que le génocidaire Netanyahu ait pu mener une telle agression contre un allié si précieux des Etats-Unis sans que le président américain ne soit mis au courant. Trump a donc laissé faire et, dix minutes après l’agression, il a appelé Tamim pour le « rassurer » qu’ « il n’y aura plus d’attaques contre Qatar »… Même pas la reconnaissance du ventre !
L’affaire est devant le Conseil de sécurité et tout le monde connait d’avance le résultat : le véto américain habituel pour protéger Israël ou, dans le meilleur des cas, une abstention.
La question que beaucoup se posent aujourd’hui est la suivante : Qu’est-ce qui empêche l’Assemblée générale de faire le minimum : exclure Israël de sa session en cours, comme elle l’a fait en 1974 pour l’Afrique du Sud ? Un vote des trois-quarts des membres ferait l’affaire, Washington n’ayant dans ce cas aucun droit de véto.
Dans le même ordre d’idées, qu’est-ce qui l’empêche de décréter le déploiement d’une force multinationale à Gaza pour mettre fin au génocide et à la famine. Aussi arrogants et déchainés qu’ils puissent être, il est peu probable que Trump et Netanyahu prennent le risque grave de bombarder une force multinationale qui serait composée de milliers d’hommes venant de dizaines de pays.
Craig Mokhiber, ancien fonctionnaire de l’ONU et ancien chef du Haut-commissariat aux droits de l’homme au siège de l’ONU à New York a publié un document le 27 août 2025 dans lequel il exhorte l’Assemblée générale à adopter une résolution pertinente dans le cadre de l’initiative « Unis pour la paix », qui devrait :
« Appeler tous les États à adopter des sanctions globales et un embargo militaire contre le régime israélien. Bien qu’elle ne dispose pas du pouvoir d’appliquer des sanctions, elle peut les imposer, les surveiller et les compléter si nécessaire.
Décider d’annuler les lettres de créance d’Israël auprès de l’Assemblée générale des Nations Unies, comme l’a fait l’Assemblée générale dans le cas de l’Afrique du Sud sous l’apartheid.
Instaurer un mécanisme de responsabilisation (tel qu’un tribunal pénal) pour juger les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité, l’apartheid et le génocide israéliens.
Réactiver les mécanismes anti-apartheid de l’ONU, longtemps en sommeil, afin de lutter contre l’apartheid israélien.
Mandater une force de protection armée et multinationale de l’ONU, déployée à Gaza (et, à terme, en Cisjordanie), agissant à la demande de l’État de Palestine, pour protéger les civils, ouvrir les points d’entrée terrestres et maritimes, faciliter l’aide humanitaire, préserver les preuves des crimes israéliens et contribuer à la reconstruction. »
Des propositions rationnelles, logiques et parfaitement réalisables si une volonté politique et une force morale surgissent de cette 80e session de l’AG de l’ONU.
Après 80 ans d’existence, l’ONU est à la croisée des chemins : se réformer ou disparaitre. Pendant des décennies, l’Organisation mondiale a été exagérément paralysée et humiliée par les Etats-Unis et Israël. On la voit mal accepter de fêter dans vingt ans son centenaire dans ces conditions de paralysie et d’humiliations.
L’assassinat de Charlie Kirk, figure montante du conservatisme américain et fondateur de Turning Point USA, a plongé les États-Unis dans une nouvelle phase de tension politique. Survenu le 10 septembre à Orem, dans l’Utah, à la veille du 24e anniversaire des attentats du 11-Septembre, ce meurtre a suscité une vive émotion dans un pays profondément polarisé.
La coïncidence avec une frappe israélienne contre des responsables du Hamas à Doha, le 9 septembre, a rapidement alimenté des spéculations sur les réseaux sociaux. Aucun lien officiel n’a été établi, mais la proximité temporelle et symbolique nourrit interrogations et suspicions.
Charlie Kirk, 31 ans, était proche de Donald Trump et reconnu pour son soutien inconditionnel à Israël ainsi que ses critiques de l’islam radical. Lors d’un débat sur la liberté d’expression à l’Université de la Vallée de l’Utah, il a été abattu d’une balle au cou. Transporté d’urgence à l’hôpital, il n’a pas survécu. Le gouverneur de l’Utah a qualifié l’attaque d’« assassinat politique », tandis que Donald Trump a dénoncé la « gauche radicale » pour avoir créé un climat propice à la violence. Sa disparition constitue une perte stratégique pour le camp conservateur, mais pourrait également galvaniser sa base, renforçant le sentiment de persécution des militants MAGA.
Le même jour ou la veille, Israël a frappé des hauts responsables du Hamas à Doha, dont le négociateur Khalil al-Hayya. Cinq à six personnes ont été tuées, principalement des cadres subalternes et un fils de dirigeant. Israël a présenté l’opération comme une riposte à une attaque du Hamas ayant coûté la vie à six Israéliens. Le Qatar, allié des États-Unis et médiateur dans les négociations sur Gaza, a dénoncé une « violation flagrante » de sa souveraineté. Si aucun lien officiel n’existe avec l’assassinat de Kirk, le calendrier confère aux événements une forte charge symbolique, à la veille du 11-Septembre.
Sur les réseaux sociaux, certaines théories suggèrent un « False Flag » orchestré pour détourner l’attention de la frappe de Doha. D’autres affirment que Kirk aurait été « sacrifié » pour renforcer le soutien américain à Israël ou désigner des ennemis communs. Ces spéculations, non vérifiées, illustrent la défiance croissante envers les récits officiels et la puissance des symboles dans un contexte de polarisation extrême.
Sans mobile clair, plusieurs acteurs pourraient tirer profit de ce meurtre : la gauche américaine si le camp républicain est affaibli, les conservateurs eux-mêmes en mobilisant leur base, Israël selon certaines interprétations conspirationnistes, et enfin les extrêmes, qui exploitent chaque tragédie pour accentuer la spirale de violence et de défiance. L’enquête en cours devra clarifier les faits pour apaiser un pays déjà divisé.
Charlie Kirk assassinated the day before the anniversary of Israel's most successful false flag attack against America is also ominous timing. pic.twitter.com/d1BTjJWz8o
Depuis le début de la guerre génocidaire israélienne contre Gaza, la chaîne d’information continue Al-Jazeera est le premier témoin des crimes de l’État hébreu et rapporte 24heures/24 et 7jours/7 tout ce qui se passe dans l’enclave palestinienne. Ce témoin gênant est une cible de premier plan pour Israël qui a tué des journalistes d’Al-Jazeera comme Ismail Al-Ghoul et Anas Al-Sharif ainsi que des cameramen et des chauffeurs de la chaîne. D’autres journalistes ont vu leur famille décimée comme Moamen Al-Sharafi qui a perdu toute sa famille ou Wael Al-Dahdouh qui a été blessé et a perdu plusieurs membres de la sienne. À chaque fois, Israël prétend sans aucune preuve que les journalistes d’Al-Jazeera sont des membres du Hamas. Aujourd’hui, la jeune Nour Khaled a repris le flambeau au péril de sa vie.(Ph. En reprenant le flambeau des mains de ses collègues assassinés par l’armée israélienne, Nour Khaled sait que la mort sera au bout du chemin).
Imed Bahri
Le Financial Times a publié une enquête sur les journalistes d’Al-Jazeera travaillant à Gaza. Cette enquête, préparée par Mehul Srivastava et Heba Saleh, indique que les journalistes palestiniens qui risquent leur vie pour documenter les guerres israéliennes sont confrontés à de nombreux défis de différentes natures.
Peu après l’assassinat par Israël d’Anas al-Sharif, l’un des correspondants les plus éminents d’Al Jazeera à Gaza, sa successeure, Nour Khaled, a été contrainte de faire un choix difficile. Elle s’est réunie avec ses neuf collègues survivants dans leur tente de presse improvisée, réparée à la hâte, devant l’hôpital Shifa de Gaza –l’endroit même où al-Sharif, quatre de leurs collègues et deux journalistes indépendants ont été tués le mois dernier– et a discuté de la question. Devraient-ils se déplacer vers le sud ou rester dans la ville de Gaza pour documenter l’invasion israélienne imminente de la plus grande ville de l’enclave assiégée jusqu’au départ de la dernière personne pour enregistrer sa voix et livrer son témoignage ?
«Je préfère rester», a déclaré Nour Khaled, 27 ans, si mal nourrie que sa veste de presse, l’une des rares que la chaîne possède encore à Gaza, est trop grande pour sa silhouette élancée. «Si je reste, cela ne signifie pas que je cherche la mort mais plutôt que je m’engage à couvrir l’actualité», a-t-elle expliqué au Financial Times.
Israël a tué au moins 189 journalistes palestiniens
Cependant, le danger est clair. Israël a tué au moins 189 journalistes et professionnels des médias palestiniens à Gaza depuis le 7 octobre 2023, selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), basé à New York.
Le journal britannique ajoute que des dizaines de personnes ont été tuées dans l’exercice de leurs fonctions, tandis que les autorités de Gaza estiment à 63 000 le nombre de personnes tuées pendant la guerre.
Le rythme des assassinats est sans précédent. Israël a tué presque autant de journalistes en 22 mois de guerre qu’en deux décennies de conflit en Irak, selon les groupes de défense des droits des médias.
La peur se lit dans le regard de la journaliste palestinienne à Gaza
Le danger ne s’est pas atténué face à l’indignation internationale. La semaine dernière, les forces israéliennes ont tiré plusieurs obus sur un emplacement bien connu de l’hôpital Nasser, tuant cinq journalistes, dont des collaborateurs de Reuters, d’Associated Press et d’Al Jazeera et plus d’une douzaine de secouristes.
Après avoir initialement qualifié l’incident d’accident malheureux, Israël a affirmé avoir tué six combattants du Hamas. Cependant, il n’a fourni aucune preuve et a refusé de répondre à une liste détaillée de questions complémentaires concernant cet incident et d’autres incidents au cours desquels des journalistes ont été tués.
La BBC, l’Agence France-Presse et d’autres médias ont également mis en garde contre les dangers auxquels leurs journalistes sont confrontés à Gaza, notamment la famine.
Pour Al Jazeera, les menaces étaient nombreuses et spécifiques, en particulier contre sa chaîne en langue arabe, regardée par des centaines de millions de personnes dans la région. Le média financé par le Qatar est devenu la principale source d’information concernant la guerre israélienne contre Gaza, transformant ses correspondants en symboles palestiniens. L’armée israélienne a accusé six employés de la chaîne dont Al-Sharif d’être des «terroristes», c’est à croire que pour Israël, tout Palestinien est par définition un terroriste. Dix journalistes et professionnels des médias d’Al Jazeera ont été tués.
Où qu’ils vont, les journalistes sont pris pour cibles
Israël décrit la chaîne comme «un canal de propagande du Hamas», affirmant qu’elle possède des «preuves de l’infiltration de terroristes du Hamas au sein du réseau médiatique qatari Al Jazeera».
Cependant, aucun média indépendant ni aucune grande organisation de défense des droits humains n’a jugé crédibles «les preuves» publiées par Israël telles que les captures d’écran de prétendus bulletins de salaire.
Le CIJ a déclaré que l’armée israélienne n’avait pas répondu à ses demandes d’informations complémentaires. «Près d’une douzaine de journalistes figurent sur des listes diffamatoires. Ces journalistes craignent désormais pour leur vie», a déclaré Sara Qudah, directrice régionale du CPJ.
Nour Khaled se dit hantée par la peur. Au cours de 22 mois de guerre, l’aviation israélienne a tué trois de ses frères, détruit sa maison et déplacé sa famille. La semaine dernière, une bombe israélienne est tombée près de l’endroit où sa famille s’était réfugiée. «J’étais hystérique», a-t-elle confié.
En acceptant ce poste chez Al Jazeera, Nour Khaled réalise qu’elle se retrouve sous les feux des projecteurs. «Je ne cache pas la peur de ma mère pour moi car les journalistes sont devenus des cibles. Où que nous allions, nous pourrions être pris pour cible», a-t-elle déclaré.
L’équipe d’Al Jazeera à Gaza est passée d’une vingtaine d’employés avant la guerre à environ 130 aujourd’hui.
Selon Tamer Al-Mishal, qui a débuté sa carrière à Gaza avant de s’installer à Doha et qui supervise désormais la couverture de la guerre, ce nombre comprend des chauffeurs, des techniciens, des équipes de tournage et de nouveaux correspondants. Cette expansion est en grande partie due aux ordres d’évacuation israéliens et aux opérations de combat qui ont empêché les petites équipes de reportage de se déplacer librement dans la bande de Gaza.
Israël a refusé aux journalistes étrangers un accès indépendant à Gaza et n’a pas autorisé l’entrée de matériel de diffusion dans la bande de Gaza. Même Al Jazeera, pourtant bien dotée financièrement, a du mal à surmonter les obstacles pratiques qui l’empêchent de couvrir les événements dans une zone de guerre assiégée. Deux correspondants dans le sud de la bande de Gaza partagent un même micro, les caméras sont délabrées et les camions satellite manquent de pièces détachées. Al-Mishal estime que 90% de ses employés ont vu leurs maisons détruites et que la quasi-totalité d’entre eux souffrent de malnutrition, tout en s’efforçant de subvenir aux besoins de familles nombreuses.
Moamen Al-Sharafi, l’un des huit correspondants arabophones de la chaîne, a perdu 22 membres de sa famille dont ses parents et ses frères et sœurs, dans un bombardement en décembre 2023. Il est resté à Gaza mais lorsqu’il a tenté de louer un appartement pour sa femme et ses enfants, sa demande a été refusée car les habitants craignaient que vivre à proximité d’un journaliste d’Al Jazeera ne les expose aux bombardements israéliens. Il a déclaré : «À la dernière minute, alors que j’étais sur le point de lui remettre l’argent, le propriétaire m’a appelé et m’a dit: Je suis désolé, je ne savais pas que vous étiez journaliste pour Al Jazeera».
La chaîne a indiqué que son correspondant, Ismail Al-Ghoul, avait été arrêté par les forces israéliennes début 2024 et interrogé pour ses liens présumés avec des militants du Hamas. Libéré quelques heures plus tard, il a été assassiné quatre mois plus tard lors d’une frappe aérienne et Israël a réitéré les mêmes accusations.
Dans le cas d’Anas Al-Sharif, l’armée israélienne ne l’a jamais arrêté. Il a affirmé que des documents interceptés précédemment démontraient son appartenance au Hamas mais n’a fourni aucune preuve de son implication dans des activités armées pendant le conflit actuel.
Les juges du CPJ ont affirmé que les lois de la guerre n’autorisent le meurtre de journalistes que s’ils sont directement impliqués dans les hostilités en cours. L’armée israélienne n’a inculpé les six journalistes tués d’aucun crime, ce qui, selon le CPJ, constitue un crime de guerre.
Après leur mort, Nour Khaled a déclaré: «J’ai senti quelque chose en moi me dire que je devais aller au bout du voyage pour lequel ils ont sacrifié leur vie ». Elle a expliqué que c’était la raison pour laquelle elle avait accepté de travailler malgré le danger. C’est la même raison qui l’avait finalement poussée, elle et l’équipe d’Al Jazeera, à rester à Gaza ville malgré l’approche des chars israéliens. Avant de choisir de rester, Nour a dit à Al-Mishal : «Si je garde le silence en tant que journaliste, cela garantirait-il ma sécurité? Non, le silence ne garantira pas ma sécurité».
Dans le communiqué ci-dessous, publié mercredi 10 septembre 2025, avant l’annonce officielle par le ministère de l’Intérieur d’une attaque «préméditée» contre le navire Alma de la Flottille Al-Soumoud, amarrée au port de Sidi Bou Saïd en attente du départ pour Gaza, sans préciser l’identité de l’auteur présumé de l’attaque en question, le Centre pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie (CRLDHT) s’interroge si la Tunisie n’était pas devenue une cible pour Israël.Sauf que l’Etat hébreu n’a pas revendiqué (ou pas encore) les deux attaques…
En moins de 72 heures, les frappes israéliennes se sont étendues à plusieurs fronts : le Liban, la Syrie, le Yémen, le Qatar et la Palestine. Dans ce contexte accéléré, la question de la Tunisie devient légitime et urgente : la Tunisie est-elle à son tour devenue une cible ?
En Tunisie précisément, le 9 septembre 2025, l’un des navires de la Flottille du Sumud, appelé Family Boat, a pris feu alors qu’il était à quai dans le port de Sidi Bou Saïd. Les images, témoignages et sources indépendantes ont confirmé que l’incendie résultait d’une attaque de drone israélien. De leur côté, le ministère de l’Intérieur et la Garde nationale ont publié des communiqués officiels niant ce scénario, affirmant que le feu avait démarré de l’intérieur, dans une partie des gilets de sauvetage, et qu’aucun drone n’avait été détecté dans le ciel.
Le 10 septembre 2025, un autre navire de la Flottille du Sumud, baptisé Alma, a subi un incendie limité à Sidi Bou Saïd, que l’équipage a attribué à une attaque de drone. Cette fois, les autorités tunisiennes n’ont émis aucune réaction officielle, laissant planer un vide qui accentue l’opacité des faits.
Cette contradiction entre ce que documentent les témoignages et ce que déclarent — ou taisent — les autorités, ne dissipe pas l’inquiétude : elle l’amplifie et soulève des questions vitales sur la souveraineté, la sécurité et la transparence de l’information.
La convergence entre l’escalade régionale et les incidents de Sidi Bou Saïd place le gouvernement tunisien à la croisée de deux dynamiques : un colonialisme qui étend sa logique de force au-delà des frontières et une dictature qui rétrécit l’espace de vérité à l’intérieur. L’incapacité des autorités à gérer ces faits avec transparence n’est rien d’autre qu’un nouvel aveu des limites de la démagogie et de l’autoritarisme : une posture qui, au lieu de résister à l’occupant, se compromet dans l’occultation de la vérité.
La dictature, même si elle est moins spectaculaire que les massacres, n’en demeure pas moins dangereuse. La manière dont le gouvernement tunisien a réagi à une atteinte réelle à sa souveraineté dévoile la fausseté de son discours : un discours qui attaque le migrant et s’incline devant l’expulseur, qui produit l’injustice et se tait face à l’oppresseur, qui ouvre les prisons aux voix libres au lieu de les protéger.
Quant au colonialisme, il est le visage extérieur de cette répression intérieure : il fabrique une réalité livide, visant les voix libres et les pensées courageuses par la violence, l’arrogance et la barbarie. L’État d’occupation n’a cessé de violer la loi, les normes, la raison et l’humanité, trouvant dans la dictature un allié objectif qui lui prépare le terrain en falsifiant les faits et en muselant les consciences. Si la dictature étouffe la voix à l’intérieur, le colonialisme cherche à en effacer l’écho à l’extérieur. Le résultat est le même : étouffer la vérité et criminaliser la liberté.
En conséquence, nous :
Renouvelons notre solidarité avec la Flottille du Sumud et tous ses participants,
Condamnons les agressions israéliennes répétées, qui ne cessent de s’intensifier et de s’étendre,
Condamnons explicitement le génocide en cours en Palestine et les crimes de guerre commis contre les civils,
Appelons les autorités tunisiennes à faire preuve de responsabilité, de courage et de cohérence, en reconnaissant la vérité dans son intégralité et en toute transparence,
Exhortons la France et l’Union européenne à assumer leurs responsabilités morales et juridiques en imposant des sanctions fermes contre l’État d’occupation,
Invitons l’opinion publique tunisienne à réfléchir et à s’interroger sur la véritable identité des «patriotes sincères» : est-ce celle de ceux qui dissimulent la vérité et confisquent la liberté, ou bien celle de ceux qui défendent la souveraineté, préservent la dignité et se tiennent aux côtés des droits et des libertés ?
Des frappes aériennes israéliennes ont visé mercredi 10 septembre 2025 la capitale yéménite Sanaa, contrôlée par les rebelles Houthis. Selon des témoins, de puissantes explosions ont secoué la ville.
La chaîne de télévision al-Massirah, proche des Houthis, a dénoncé une « agression israélienne sur la capitale, Sanaa », précisant que plusieurs frappes ont eu lieu dans la journée. Un journaliste de l’AFP sur place a confirmé avoir entendu de fortes explosions dans la ville.
L’armée israélienne a de son côté revendiqué l’opération, affirmant avoir visé des « cibles militaires » appartenant aux rebelles houthis. Aucune information immédiate n’a été donnée sur d’éventuelles victimes ou dégâts matériels.
Les Houthis, soutenus par l’Iran, contrôlent Sanaa et une grande partie du nord du Yémen depuis 2014. Ils sont engagés dans un conflit prolongé contre le gouvernement yéménite. Ces dernières années, les Houthis ont revendiqué des attaques contre Israël, notamment par drones et missiles, en solidarité avec le Hamas palestinien.
Cette frappe intervient alors que la guerre à Gaza continue de déstabiliser l’ensemble du Moyen-Orient, multipliant les fronts d’affrontement indirects entre Israël et ses adversaires régionaux.
Machtdemonstration Israels, Demütigung der arabischen Welt und des UN-Sicherheitsrats mit Potential zur weltpolitischen Umgestaltung. Köln – Der israelische Luftschlag auf die katarische Hauptstadt Doha am gestrigen 9. September 2025 ist nicht nur ein militärischer Präzisionsschlag gegen Hamas-Funktionäre. Er könnte ein langanhaltendes geopolitisches Erdbeben ausgelöst haben – eines, das die Sicherheitsarchitektur der arabischen Welt erschüttert, die […]
L’Union européenne vient d’opérer un virage diplomatique notable dans sa relation avec Israël, marqué par trois décisions fortes. Entre condamnation de la colonisation, suspension partielle d’un accord commercial et dénonciation de la crise humanitaire à Gaza, Bruxelles cherche à affirmer une ligne plus ferme.
1. Rejet du projet de colonisation « E1 »
Le projet E1, qui prévoit la construction de plus de 3 000 logements entre Jérusalem-Est et Ma’ale Adumim, suscite une levée de boucliers en Europe. Pour Ursula von der Leyen, présidente de la Commission, cette initiative « sape clairement » toute perspective de paix et menace la viabilité d’un futur État palestinien. Plusieurs capitales européennes, dont Paris, Bruxelles et Madrid, ont exprimé leur opposition. Certaines ont même franchi une étape symbolique en reconnaissant un État palestinien à l’ONU.
2. Suspension partielle de l’accord UE–Israël
Deuxième geste fort : la suspension du volet commercial de l’accord d’association signé en 1995. Cette mesure vise principalement les avantages douaniers accordés à Israël, tout en maintenant le soutien aux ONG et projets de la société civile. Von der Leyen a également plaidé pour des sanctions ciblées contre des figures de l’extrême droite israélienne, comme Bezalel Smotrich et Itamar Ben-Gvir. Mais l’adoption de ces mesures reste suspendue à l’obtention d’une majorité qualifiée au Conseil européen.
3. Position ferme sur la famine à Gaza
Enfin, la Commission européenne dénonce une « famine causée par l’homme » dans la bande de Gaza, en écho aux alertes de l’ONU et de plusieurs ONG. Selon Bruxelles, entraver l’accès à la nourriture et aux soins constitue un crime de guerre. L’UE a décidé de suspendre son soutien bilatéral direct à Israël, tout en renforçant l’aide humanitaire aux populations civiles palestiniennes.
Un tournant diplomatique encore fragile
Ces annonces traduisent une volonté de l’UE d’affirmer une position plus éthique et politique au Proche-Orient. Mais leur portée réelle dépendra de la capacité des États membres à dépasser leurs divisions internes et à transformer ces déclarations en actions contraignantes. Pour Israël, elles constituent un signal de plus en plus clair : l’Europe n’entend plus rester spectatrice.
Mercredi après-midi, le port de Sidi Bou Saïd s’apprête à devenir le théâtre d’une scène inédite : le départ d’une flottille internationale en direction de Gaza. Vers 16 heures, heure de Tunis, des dizaines de navires prendront la mer sous les applaudissements de la foule, réunie pour saluer ces bateaux qui vogueront vers une zone assiégée depuis plus de 17 ans.
« Le port sera réservé aux participants, mais les habitants sont invités à venir sur la plage voisine pour assister au départ et dire au revoir aux navires », confie Wael Nawar, membre de la coordination maghrébine de la flottille.
Une mer, espace de liberté
Parmi les soutiens, la députée européenne Rima Hassan, élue de La France insoumise, insiste sur la portée symbolique du geste. « La mer, c’est un espace de liberté. La reprendre comme tel, c’est envoyer un signal fort », explique-t-elle, consciente de la résonance politique et humaine de cette traversée.
Des attaques qui n’entament pas la détermination
La route n’est pas sans dangers. Dans la nuit de mardi à mercredi, le navire Alma, battant pavillon britannique, a été la cible d’une attaque par drone alors qu’il était amarré dans les eaux tunisiennes. Un incendie s’est déclaré sur son pont supérieur, maîtrisé rapidement sans faire de blessés. La veille, un autre bateau avait déjà été visé. Les organisateurs dénoncent des « tentatives de sabotage » et pointent du doigt Israël, accusé de vouloir empêcher l’initiative.
« Ces attaques ne font que renforcer notre détermination », martèle Rima Hassan. « Nous savons pourquoi nous partons : pour briser le blocus et rappeler au monde l’urgence humanitaire à Gaza. »
Une mobilisation sans précédent
Jamais une flottille d’une telle ampleur n’avait pris la mer pour Gaza. Près de vingt navires venus d’Espagne et d’Italie, soutenus par des organisations de plus de 40 pays, transportent militants et cargaisons d’aide humanitaire. Dans les ruelles de Sidi Bou Saïd, l’effervescence est palpable. Les habitants se préparent à saluer ce départ inédit, entre espoir, crainte et solidarité.
Au-delà des vagues et des menaces, cette flottille porte un message universel : celui de la liberté de circuler, de la dignité et du droit d’un peuple à recevoir une aide vitale.
À Gaza, où la population meurt de faim sous le blocus et les bombardements, une nouvelle révélation soulève l’indignation. Une enquête de la BBC révèle que la sécurité des centres de distribution de l’aide est confiée à des membres du gang américain Infidels Motorcycle Club, connu pour son idéologie islamophobe.
Un gang islamophobe en uniforme humanitaire
Le groupe, créé par d’anciens vétérans de la guerre en Irak, se présente comme une confrérie de « Croisés modernes ». Leur chef, Johnny “Taz” Mulford, ex-sergent de l’armée américaine condamné pour corruption et faux témoignages, dirige aujourd’hui le contrat de sécurité de la société UG Solutions (UGS) à Gaza.
Ce sont ces mêmes hommes qui, armés de fusils automatiques, de grenades assourdissantes et de gaz lacrymogènes, sont chargés de « sécuriser » les files de Palestiniens affamés. Résultat : des scènes de panique meurtrières où des centaines de civils ont déjà perdu la vie en tentant simplement d’obtenir de quoi nourrir leurs familles.
Une aide humanitaire sous contrôle américain et israélien
Le Gaza Humanitarian Foundation (GHF), créée en 2025 dans le Delaware, a remplacé l’ONU dans la distribution de l’aide. Ce dispositif, soutenu par Israël et le président américain Donald Trump, est censé répondre à l’urgence humanitaire. Mais dans les faits, il accentue la souffrance : certains centres n’ouvrent que quelques minutes par jour, dans un système « premier arrivé – premier servi », transformant l’aide en loterie mortelle.
Derrière la façade humanitaire, le flou demeure sur les financements — plusieurs millions de dollars par mois — et sur les liens avec d’anciens militaires, agents de renseignement et groupes extrémistes américains. Même le premier directeur exécutif du GHF a démissionné avant le lancement, dénonçant une mission incompatible avec les principes d’humanité, de neutralité et d’impartialité.
Indignation et dénonciations
Pour Edward Ahmed Mitchell, directeur adjoint du Council on American-Islamic Relations (CAIR), la comparaison est sans appel :
« Mettre le gang Infidels en charge de l’aide à Gaza, c’est comme confier au Ku Klux Klan une mission humanitaire au Soudan. »
Des experts de l’ONU dénoncent eux aussi une structure opaque, instrumentalisée politiquement et dépourvue de véritable mandat humanitaire.
Dans son discours sur l’état de l’Union, prononcé mercredi 10 septembre 2025 à Strasbourg, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé de nouvelles mesures contre Israël. Bruxelles prévoit de sanctionner certains ministres jugés extrémistes et de suspendre partiellement l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël, en ciblant en particulier les aspects commerciaux.
Des sanctions individuelles contre des responsables israéliens
La Commission européenne propose d’imposer des mesures restrictives à l’encontre de plusieurs ministres israéliens qualifiés d’« extrémistes ». L’objectif affiché est de répondre aux politiques jugées contraires aux principes démocratiques et aux engagements internationaux d’Israël.
Suspension partielle de l’accord d’association UE–Israël
Bruxelles envisage également de suspendre partiellement l’accord d’association qui régit les relations politiques et commerciales entre l’UE et Israël. Cette suspension concernerait notamment les volets liés aux échanges commerciaux, cœur de la coopération économique bilatérale.
Fin du soutien bilatéral direct
Ursula von der Leyen a par ailleurs confirmé que la Commission européenne mettrait fin à son soutien bilatéral direct à Israël. Cette mesure vient s’ajouter à la réévaluation de la participation d’Israël à certains programmes européens.
La Commission avait précédemment suggéré de limiter l’accès d’Israël à « Horizon Europe », le principal programme européen de recherche et d’innovation. Faute d’un consensus entre les États membres, la proposition n’avait pas abouti. Désormais, l’exécutif européen entend agir dans les marges de ses compétences, sans attendre l’unanimité des Vingt-Sept.
Le guet-apens de Doha ne doit pas être lu comme un simple épisode local. C’est un signal : celui d’un monde où les négociations de paix deviennent des pièges mortels, où la diplomatie se transforme en arme de guerre, et où la civilisation elle-même se renie.
Khemaïs Gharbi *
Il y a des instants où l’Histoire révèle sa cruauté dans toute sa nudité. Le récent épisode des négociations de Doha en est un. Le président américain annonçait urbi et orbi qu’Israël avait accepté ses conditions pour un accord sur Gaza: libération des otages, trêve dans la guerre. Dans un ton martial, Donald Trump adressait même un ultimatum au Hamas : «Les Israéliens ont accepté mes conditions. Il est temps pour le Hamas d’accepter également. J’ai averti le Hamas des conséquences en cas de refus. Ceci est mon dernier avertissement, il n’y en aura pas d’autre !»
Un piège américano-israélien
Sous cette pression, les responsables palestiniens se réunissent mardi 9 septembre 2025 à Doha, au Qatar, afin d’examiner les termes de l’accord et de donner leur réponse. Ils étaient donc en train de statuer, d’exercer ce que l’on appelle dans toutes les traditions diplomatiques un devoir de délibération, lorsque l’impensable survient : l’armée israélienne bombarde les lieux mêmes de la réunion, visant à éliminer les dirigeants du Hamas.
Peut-on imaginer scénario plus cynique ? D’un côté, on proclame un accord imminent ; de l’autre, on détruit militairement ceux-là mêmes à qui l’on demande de le ratifier. Ce n’est pas une coïncidence. C’est un guet-apens méthodiquement construit, qui combine la pression publique d’un président américain et l’action létale d’une armée israélienne.
Un tel piège dépasse la simple inconvenance diplomatique : il entre dans le domaine du complot contre la paix. Car qu’est-ce que négocier, sinon accepter de parler avec son adversaire ? Et qu’est-ce que bombarder son interlocuteur, sinon nier la négociation elle-même, la réduire à une mascarade, une mise en scène destinée à tromper l’opinion mondiale ?
Cette duplicité n’est pas un accident de parcours. Elle s’inscrit dans une logique où les États-Unis se présentent en médiateurs tout en soutenant, directement ou indirectement, les opérations israéliennes. Le résultat est sans équivoque : la paix n’est pas recherchée, elle est piégée.
Ci-git le droit international
Au-delà de l’événement lui-même, c’est l’ordre international qui s’effondre. Les institutions censées protéger les peuples et réguler la guerre sont discréditées. La Cour pénale internationale, qui tente d’enquêter sur les crimes de guerre, est sanctionnée, ses juges interdits de visa par Washington. L’autre juridiction humanitaire internationale subit le même sort. Ainsi, non seulement les crimes se multiplient, mais la justice chargée de les juger est elle-même paralysée.
Ce n’est plus seulement la loi du plus fort. C’est l’institutionnalisation du mensonge diplomatique : feindre de tendre la main tout en préparant le coup de grâce. Et lorsque cette duplicité est couverte par la première puissance mondiale, elle devient une menace pour l’équilibre de la planète entière.
Le guet-apens de Doha ne doit pas être lu comme un simple épisode local. C’est un signal : celui d’un monde où les négociations de paix deviennent des pièges mortels, où la diplomatie se transforme en arme de guerre, et où la civilisation elle-même se renie.
À ce rythme, nul ne peut se bercer d’illusions : l’effondrement du droit international entraînera tôt ou tard toutes les nations dans le chaos. Car dans un monde où la paix est piégée, c’est l’humanité entière qui devient l’otage.
Le 9 septembre 2025, l’aviation israélienne a bombardé Doha, visant des dirigeants du Hamas. C’est la première fois qu’un État médiateur du conflit israélo-palestinien est directement touché. L’attaque, qui a fait six morts selon le Hamas, a déclenché une onde de choc diplomatique dans tout le Golfe.
Mardi 9 septembre, plusieurs explosions ont secoué Doha peu avant 15 heures. D’épaisses colonnes de fumée se sont élevées dans le ciel. Les Forces de défense israéliennes ont confirmé qu’il s’agissait d’une frappe aérienne ciblant des membres de haut rang du Hamas.
Le Hamas a affirmé dans un communiqué que six personnes avaient été tuées, parmi lesquelles le fils de son négociateur en chef Khalil al-Hayya, le chef de son bureau, trois gardes du corps et un membre des forces de sécurité qataries. « Mais l’ennemi n’a pas réussi à atteindre les membres de la délégation chargée des négociations », a précisé le mouvement, ajoutant que la direction politique avait échappé à une tentative d’assassinat.
Selon un dirigeant du Hamas interrogé par Al Jazeera, la frappe a visé une réunion consacrée à une proposition de cessez-le-feu avancée par Donald Trump.
Inquiétudes
Le gouvernement qatari a condamné une « attaque lâche » et une « violation flagrante du droit international », affirmant que la sécurité des citoyens et résidents du Qatar avait été directement menacée.
Doha a aussi démenti avoir été averti par Washington avant l’opération : « L’appel d’un responsable américain a eu lieu alors que les explosions étaient entendues à Doha », a précisé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Majed Al-Ansari.
Les monarchies voisines ont affiché leur solidarité. L’Arabie saoudite a dénoncé un « acte criminel », tandis qu’Abou Dhabi a parlé d’une « attaque traîtresse », malgré sa normalisation avec Israël. Ces réactions traduisent l’inquiétude partagée de voir la guerre s’étendre au cœur des monarchies du Golfe.
L’entité sioniste franchit une nouvelle étape
Depuis le 7 octobre 2023, le Qatar joue un rôle central de médiateur, à la demande de Washington, entre Israël et le Hamas, permettant deux cessez-le-feu temporaires assortis de libérations d’otages israéliens. Doha, riche émirat gazier, est à la fois allié stratégique des États-Unis et proche de mouvements islamistes, dont le Hamas, qu’il accueille en exil depuis de longues années.
Israël critique régulièrement ce double rôle et, avec cette frappe, franchit une étape : il étend désormais ses opérations au territoire d’un pays qui n’est pas un adversaire déclaré mais un intermédiaire. Pour le Qatar comme pour ses voisins, le message est clair : leur proximité avec les États-Unis ne les met pas à l’abri des répercussions directes du conflit.