Impérialisme, mégalomanie et arrogance décomplexée sont les caractéristiques les plus saillantes de la nouvelle présidence Trump avec des idées qui choquent l’opinion publique internationale certes mais qui semble-t-il ne sont pas toujours dans l’intérêt de leur propre instigateur. L’intégration du Canada aux États-Unis, aussi farfelue que puisse paraître cette perspective, modifierait la carte politique d’une manière qui pourrait coûter cher aux Républicains et modifierait les rapports de force en défaveur de M. Trump.
Imed Bahri
Le New York Times a publié un article de son correspondant à la Maison Blanche Peter Baker dans lequel il exprimait sa conviction que l’aspiration du président américain Donald Trump à annexer le Canada pour devenir le 51e État de son pays est dans l’intérêt du parti Démocrate dont les partisans en colère voient la proposition comme une aubaine électorale pour eux.
Baker indique que peu de personnes à Washington prennent au sérieux la possibilité d’annexer leur voisin du nord tandis que le Canada a rejeté l’idée, n’a exprimé aucun intérêt à rejoindre les États-Unis et il semble peu probable que Trump envoie la 82e division aéroportée pour forcer la chose à se concrétiser.
Toutefois, si l’idée plaît à Trump en raison de sa mégalomanie et de son intérêt à devenir un personnage historique bâtissant un empire, cela pourrait également nuire aux chances électorales de son parti, le Parti républicain, et affaiblir sa matrice idéologique symbolisée par le mouvement Maga (Make America Great Again).
Selon les premières études sur les tendances de l’opinion publique et les habitudes de vote, l’idée de Trump d’annexer le Canada coûterait presque certainement aux Républicains le contrôle de la Chambre des représentants, réduirait leur majorité au Sénat et rendrait plus difficile pour eux de remporter la Maison-Blanche lors des prochaines élections.
«Le Canada est un pays très à gauche et devenir le 51e État signifie plus de votes pour les Démocrates au Congrès et au Collège électoral sans parler de garantir une législation qui promulgue des soins de santé universels et combat le changement climatique», a déclaré l’ancien membre du Congrès Steve Israel qui a présidé le Comité de campagne démocrate du Congrès.
Le NYT estime dans son article qu’il ne semble pas clair si Trump était conscient que l’annexion du Canada pourrait être un geste suicidaire qui détruirait le Parti républicain d’autant plus qu’il n’a pas été impliqué dans la construction du parti et n’a pas montré beaucoup d’intérêt pour ce qui se passerait politiquement après avoir quitté ses fonctions.
«Si cela se produit (annexion du Canada, Ndlr), ce serait certainement une aubaine politique pour les démocrates», a récemment déclaré pour sa part le stratège républicain Douglas Hay ajoutant que Trump comptait faire grand bruit pour provoquer une réponse.
Peter Baker estime que Trump cherche peut-être à provoquer ses voisins du Nord en parlant d’annexer le Canada dans le cadre de ses pressions pour obtenir de leur part des gains commerciaux et d’autres concessions. Il reconnaît, cependant, que le président américain a réussi à provoquer la colère des Canadiens puisque leur premier ministre Justin Trudeau a déclaré à un groupe de chefs d’entreprise dans des déclarations divulguées qu’il ne considérait pas l’idée d’annexion comme une blague mais plutôt comme une chose réelle.
Le chef de cabinet adjoint de la Maison Blanche James Blair aurait déclaré après une réunion avec les premiers ministres des 13 provinces et territoires du Canada qui se sont rendus à Washington la semaine dernière pour renforcer les relations bilatérales que les responsables canadiens devraient prendre les commentaires de Trump au pied de la lettre.
En dépit de tout cela, le NYT estime que cette idée d’annexion relève de la farce et de l’improbable même si elle a attiré l’attention de la classe politique et a fait l’objet de nombreuses discussions dans les salles de réception de Washington.
Le Canada politiquement très favorable aux Démocrates
Si le Canada rejoignait son voisin du sud, il deviendrait l’État américain le plus grand et le plus peuplé avec une superficie de 6,11 millions de kilomètres carrés avec une population de près de 40 millions d’habitants.
Le Canada serait un État politiquement très favorable au Parti démocrate encore plus que la Californie avec 64% des Canadiens qui ont déclaré dans un sondage qu’ils auraient voté pour la candidate du parti à la présidence américaine Kamala Harris contre seulement 21% qui soutenaient Donald Trump.
Par conséquent, le très sûr de lui M. Trump devrait bien réfléchir avant de se précipiter à annoncer urbi et orbi des idées fantasques dont le caractère ridicule n’a d’égal que l’arrogance avec lesquels ils ont été annoncés.
L’Égypte est fortement embarrassée tout comme la Jordanie par le plan incendiaire du président américain Donald Trump qui prévoit de vider Gaza de ses habitants et de les déplacer vers ces deux pays voisins afin que la bande détruite puisse être reconstruite et transformée en une station touristique sans droit de retour pour ses habitants. Toutefois, le Caire n’entend pas uniquement se murer dans son refus catégorique du plan du président américain. Il a également élaboré le sien.
Imed Bahri
L’effort diplomatique égyptien est à saluer mais il a ses limites vu qu’il ne satisfait ni l’OLP, car il fait la part belle aux technocrates, ni Israël, car il ne tranche pas la question de l’avenir de la branche militaire du Hamas.
Dans une enquête réalisée par son rédacteur en chef diplomatique Patrick Wintour, le journal britannique The Guardian lève le voile sur ce plan égyptien, qui prévoit la création d’un comité de technocrates pour gérer la bande de Gaza et met l’accent sur la coopération avec la Banque mondiale et sur l’exclusion du Hamas de la gouvernance, de la gestion du territoire palestinien et de tout rôle dans le processus de reconstruction.
Le plan proposé comprend également la formation d’un comité de soutien social ou communautaire. Aucun membre du Hamas n’y participera. Cependant le fait que le futur statut militaire du Hamas à l’intérieur de Gaza ne soit pas résolu par ce plan risque de constituer un obstacle à son soutien par Israël. Cette question prioritaire pour les Israéliens demeure donc en suspens.
Les détails du plan arabe bientôt révélés
Les pays arabes, notamment les Émirats arabes unis et le Qatar, se préparent à apporter un soutien financier pour financer la reconstruction mais à condition d’accorder aux Palestiniens le droit de rester à Gaza et de ne pas les forcer à chercher refuge temporairement ou définitivement en Égypte ou en Jordanie. Le processus de reconstruction prendra entre trois et cinq ans après que 65% des bâtiments à Gaza aient été détruits.
Des sources européennes affirment que la fourniture de garanties de sécurité à Israël n’est toujours pas résolu d’autant plus qu’aucun des pays arabes n’a exprimé sa volonté d’envoyer des forces dans la bande de Gaza. De plus, l’absence d’un horizon politique clair de la part d’Israël pour la création d’un État palestinien complique la situation. Un sommet arabe doit se tenir à Riyad ce mois-ci au cours duquel seront discutés un plan alternatif aux propositions de Trump sur Gaza et les détails du plan arabe seront révélés.
L’Arabie saoudite n’a pas encore explicitement appelé à exclure le Hamas du processus de reconstruction ou de l’administration de Gaza mais Anwar Gargash, conseiller du président des Émirats arabes unis, a salué l’appel d’Ahmed Aboul Gheit, secrétaire général de la Ligue arabe, demandant au Hamas de se retirer de l’administration de Gaza, qualifiant cet appel d’approprié et rationnel. Aboul Gheit avait déclaré: «Les intérêts du peuple palestinien doivent passer avant ceux du mouvement notamment à la lumière des appels au déplacement des Palestiniens de Gaza et de la guerre qui en a résulté et qui a détruit la bande de Gaza et déchiré son tissu humain et social en raison de ses décisions».
S’exprimant lors du Sommet mondial de la gouvernance la semaine dernière, Aboul Gheit a déclaré que la proposition de Trump de déplacer environ deux millions de Palestiniens de Gaza pousserait la région dans une spirale de crises avec un impact dévastateur sur la paix et la stabilité. «C’est inacceptable pour le monde arabe qui combat cette idée depuis 100 ans», a-t-il déclaré.
Le comité proposé dans le plan arabe devrait inclure des technocrates indépendants et des représentants de la société civile et des syndicats afin de garantir qu’aucune faction ne domine. Même les diplomates arabes modérés considèrent que le plan Trump n’est ni pratique ni moralement valable. L’un d’eux a déclaré: «Nous devons y faire face.»
Une deuxième source arabe a dénoncé les propositions fantasques qui font florès ces derniers temps: «Beaucoup de ces idées semblent farfelues comme celle de transformer les tunnels du Hamas en réseau de métro. L’idée est venue de nulle part.»
Un casse-tête appelé Hamas
L’Autorité nationale palestinienne qui gouverne certaines parties de la Cisjordanie n’a pas encore soutenu le plan égyptien craignant qu’il n’entraîne une division permanente entre la Cisjordanie et Gaza à travers deux systèmes administratifs distincts. Jibril Rajoub, responsable du Fatah qui domine l’Autorité palestinienne, a déclaré que le groupe avait refusé de discuter de l’idée d’un comité qui dirige Gaza le décrivant comme un prélude à la perpétuation de la division et a souligné l’adhésion à ce qu’il a appelé l’unité du gouvernement et du système.
Le secrétaire d’État américain Marco Rubio a exclu tout plan alternatif à la proposition de Trump. «Tout plan qui laisse le Hamas dans la bande de Gaza sera un problème car Israël ne tolérera pas cela», a-t-il souligné dimanche à Tel Aviv, en s’adressant au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Rubio est en tournée au Moyen-Orient où il discutera également de Gaza à Riyad et où son équipe rencontrera des responsables russes pour discuter de la manière de mettre fin à la guerre en Ukraine.
Le dernier point de la première phase de l’accord entre Israël et le Hamas est l’entrée de 60 000 caravanes et de plusieurs bulldozers. Un point vital quand on sait le nombre de Gazaouis qui continuent de dormir à la belle étoile et les millions de tonnes de débris qui se dressent comme des obstacles au mouvements et aux activités dans l’enclave.
Après avoir tenu son Conseil de ministres dimanche 16 février, Netanyahu annonça froidement qu’il ne permettrait l’entrée à Gaza ni des caravanes, ni des bulldozers. Il a ajouté qu’il exige la libération de tous les otages morts et vivants en même temps; sinon « les portes de l’enfer s’ouvriront de nouveau ». Reprenant mot à mot la même menace proférée par Donald Trump quelques jours plus tôt.
Le revirement du Premier ministre israélien était prévisible. Le doute concernant l’accomplissement de la première phase de l’accord et l’engagement dans les négociations relatives à la deuxième phase était largement partagé dans les milieux médiatiques et politiques du monde arabe et d’ailleurs.
Trois raisons au moins expliquent le revirement de Netanyahu :
La continuation de la guerre garantit son maintien au pouvoir. Tandis que la paix signifie sa fin politique et son jugement pour une multitude d’affaires de corruption;
Les pressions que ne cessent d’exercer les partis extrémistes de Ben Gvir et Smotrich et les menaces de retrait de la coalition au cas où la guerre ne reprendrait pas;
Le soutien de la nouvelle administration américaine de Trump qui s’avère plus intense encore que celui offert pendant plus d’un an par l’ancienne administration de Biden. Celui-ci ne ratait pas une occasion de rappeler au monde qu’il était « sioniste »; et celui-là vient de rappeler encore une fois qu’il est « le plus grand ami d’Israël que l’Amérique ait jamais produit »…
Dans le point de presse au cours duquel il a annoncé son revirement, Netanyahu a affirmé qu’il est en train de discuter avec Trump de « la date de réouverture des portes de l’enfer ». Démontrant, si besoin est, l’entière identité de vues des deux hommes sur le sort qu’ils comptent réserver à l’enclave palestinienne.
Face à la levée de boucliers dans le monde entier contre l’expulsion de deux millions de Gazaouis de leurs terres, Trump et Netanyahu se sont-ils mis d’accord pour concrétiser leur projet par la reprise de la guerre; malgré le refus universel du crime de nettoyage ethnique?
Une chose est certaine : si Netanyahu reprend la guerre, il se libèrera des pressions des extrémistes de son gouvernement; mais il se trouvera confronté à la rue israélienne qui se mobilise avec les parents des otages. La question pour lui est de savoir laquelle des deux pressions est la plus supportable et la moins dangereuse pour son maintien au pouvoir.
En cas de reprise de la guerre, la situation serait plus inextricable encore pour le Hamas. Affaiblie, ayant perdu beaucoup de ses dirigeants de premier rang et incapable d’être du moindre secours pour les survivants, l’organisation islamiste est au pied du mur.
Si Netanyahu décide de partir de nouveau en guerre, le Hamas se trouvera face à une alternative dont les deux termes sont aussi douloureux l’un que l’autre. Ou il continue à résister avec le peu de moyens qui lui reste à une machine de guerre israélienne soutenue par la plus grande puissance du monde. Ou il déclare solennellement mettre un terme à ses ambitions de continuer à gouverner Gaza en cédant la place à l’Autorité palestinienne par exemple.
Ainsi, le Hamas doit se rendre à l’évidence que son retrait du pouvoir n’est pas exigé seulement par Israël. Sans parler des pays occidentaux, la plupart des pays arabes, dont l’Egypte et l’Arabie saoudite, désirent le voir quitter la scène palestinienne.
Jusqu’ici, on ne sait pas si Netanyahu va reprendre la guerre ou s’engager, comme prévu initialement, dans le second round des négociations. Au cas où il choisit de reprendre la guerre, la seule solution pour éviter la destruction de ce qui reste à Gaza et d’épargner aux survivants de nouveaux massacres passe par l’annonce du Hamas de son retrait. Cela renforcera sans doute la position du monde arabe, qui n’a jamais été aussi uni, dans son opposition au sinistre projet que Trump et Netanyahu tentent d’imposer.
D’après Le Nouvel Obs et l’AFP, l’accord de cessez-le-feu, entré en vigueur le 19 janvier, prévoit une deuxième phase consacrée à la libération complète des otages et à la fin définitive des hostilités à partir de la semaine prochaine. Cette phase sera suivie d’une troisième étape dédiée à la reconstruction de la bande de Gaza.
Taher al-Nounou, un responsable du Hamas, a déclaré : « Nous nous attendons à ce que la deuxième phase des négociations sur le cessez-le-feu commence au début de la semaine prochaine, et les médiateurs poursuivent les discussions à ce sujet ».
Selon une source proche des négociations, les médiateurs ont informé le Hamas qu’ils espéraient commencer la deuxième phase des négociations la semaine prochaine à Doha, au Qatar.
À la suite de l’accord de cessez-le-feu facilité par le Qatar, l’Égypte et les États-Unis, qui a pris effet le 19 janvier, des négociations indirectes étaient initialement prévues pour démarrer le 3 février afin de traiter les détails de la deuxième phase. Cependant, les discussions n’ont pas encore commencé.
La première étape, d’une durée de 42 jours, prévoit la libération de 33 otages israéliens en échange d’environ 1 900 prisonniers palestiniens. La deuxième phase vise à garantir la libération totale des otages et à mettre fin définitivement au conflit, avant la troisième étape, qui concernera la reconstruction de Gaza, ruinée par plus de 15 mois de guerre génocidaire.
Selon plusieurs médias, le Hamas a libéré ce samedi 15 février trois otages israéliens.
Dans le cadre de la trêve entre Israël et le Hamas, trois Israéliens, Sacha Trupanov, un Israélo-Russe, Sagui Dekel-Chen, un Israélo-Américain et Yair Horn, un Israélo-Argentin, ont été libérés ce samedi 15 février, après avoir passé seize mois dans la bande de Gaza.
Ce fut un exercice diplomatique compliqué auquel à été confronté Abdallah de Jordanie, mardi 11 février 2025 à la Maison-Blanche. Le souverain a été confronté à une équation très particulière, d’un côté il ne devait pas plier face à Donald Trump qui veut imposer son plan de déplacement des Palestiniens de Gaza et d’un autre, il ne pouvait pas entrer en confrontation directe, frontale et publique avec le président de la première puissance mondiale. Lors de la précédente présidence Trump, la Jordanie avait refusé catégoriquement les Accords d’Abraham ce qui avait valu à Abdallah II une animosité de la part du président américain. Le souverain hachémite semble avoir retenu la leçon et a été plus madré cette fois-ci.
Imed Bahri
Le magazine Politico a publié une analyse d’Eli Stokols dans laquelle il affirme que le roi Abdallah II a utilisé à la fois la flatterie et la subtilité pour tenter de gagner du temps concernant le plan de Donald Trump visant à contrôler Gaza, expulser ses habitants et la transformer en un projet immobilier. Il a été le premier dirigeant arabe à rencontrer Trump après son entrée à la Maison Blanche le mois dernier et depuis qu’il a annoncé son désir de prendre le contrôle de Gaza et de déplacer ses habitants vers la Jordanie et l’Égypte.
Le roi jordanien a diplomatiquement éludé les questions sur le sujet pour tenter d’éviter un désaccord direct et public avec le président Trump. Il a rejeté le plan lorsqu’il a été annoncé et a déclaré aux journalistes à la Maison Blanche qu’il accepterait 2 000 enfants blessés de Gaza. Parallèlement, en ce qui concerne les questions liées au déplacement des Palestiniens vers l’Egypte et la Jordanie, il a renvoyé les journalistes à la proposition sur laquelle travaille la Jordanie avec le reste des pays arabes concernant la reconstruction de Gaza et qui sera présentée ultérieurement à l’administration américaine. Trump a, quant à lui, déclaré, concernant l’accueil des 2000 enfants de Gaza ayant besoin de soins: «C’est vraiment un beau geste, c’est très bien et nous en sommes reconnaissants».
Eli Stokols estime que la tactique du monarque jordanien dont le pays est le troisième plus grand bénéficiaire de l’aide américaine et qui s’oppose obstinément à devenir une patrie de substitution pour les Palestiniens déplacés a peut-être réussi à apaiser les tensions entre les deux alliés et à gagner du temps.
Politico estime qu’il existe dans tous les pays arabes une large opposition au déplacement des Palestiniens mais l’Égypte et d’autres pays coordonnent une stratégie régionale visant à satisfaire le désir de Trump d’imposer une solution à la crise humanitaire à Gaza dévastée par 15 mois de guerre avec Israël. Abdallah a tenu à exprimer une volonté plus large de travailler avec Trump, en suggérant que le président pourrait être un homme historique et un artisan de la paix. «Avec tous les défis auxquels nous sommes confrontés au Moyen-Orient, je vois enfin quelqu’un qui peut nous mener jusqu’à la ligne d’arrivée pour parvenir à la stabilité, à la paix et à la prospérité pour nous tous dans la région», a- t-il déclaré assis à côté de Trump dans le bureau ovale et d’ajouter: «Il est de notre responsabilité collective au Moyen-Orient de continuer à travailler avec vous et à vous soutenir pour atteindre ces nobles objectifs.»
Toutefois, le roi Abdallah a refusé de répondre lorsqu’on lui a demandé directement s’il voulait que les États-Unis contrôlent la bande de Gaza indiquant qu’il devait attendre que l’Égypte présente son plan.
Lors de la partie publique de sa rencontre avec le roi Abdallah, Trump s’en est tenu à son idée de déplacer deux millions de Palestiniens de Gaza et de transformer la zone en un projet immobilier piloté par les États-Unis bien qu’il ait eu du mal à expliquer comment l’Amérique contrôlerait la zone ou sous quelle autorité, affirmant catégoriquement et à tort que personne ne remettra cela en question.
Trump a également exprimé son optimisme quant au fait que son plan que beaucoup dans la région considèrent comme un nettoyage ethnique apporterait la paix dans une région longtemps en proie à la guerre.
«Cela fonctionnera», a-t-il lancé, promettant que les Palestiniens «vivraient magnifiquement ailleurs».
Le plus important pour le souverain jordanien est que Trump a renoncé la veille à sa menace de suspendre l’aide. «Nous donnons d’ailleurs beaucoup d’argent à la Jordanie et à l’Égypte. C’est beaucoup pour eux deux mais je n’ai pas besoin de menacer, je pense que nous sommes au-dessus de ça», a déclaré le président américain, sans vraiment rassurer définitivement son hôte à propos de ce sujet.
En même temps, Trump n’a pas renoncé à sa position plus agressive envers le Hamas qu’il a menacé de l’enfer s’il ne restituait pas neuf détenus supplémentaires d’ici samedi comme promis. Cet ultimatum et la rhétorique menaçante de Trump pourraient aider Israël à créer un prétexte pour mettre fin au très fragile cessez-le-feu avec le Hamas.
Malgré la diplomatie prudente et subtile du souverain jordanien à la Maison Blanche, l’engagement indéfectible de Trump envers un plan que les critiques ont décrit comme trompeur et irréaliste menace la stabilité générale du Moyen-Orient et met un certain nombre d’alliés arabes dans une position difficile. La Jordanie, par exemple, a connu des troubles dans le passé et alors que Trump a longuement parlé de sa vision du Moyen-Orient, Abdallah II n’a montré aucune réaction à la presse présente dans la salle.
Marwan Muasher, ancien ministre jordanien des Affaires étrangères qui a participé aux négociations du traité de paix jordano-israélien de 1994, a déclaré la semaine dernière qu’accepter un grand nombre de Palestiniens était inacceptable pour son pays et constituerait une menace existentielle. «Ce n’est pas une question économique ou de sécurité pour la Jordanie, c’est une question d’identité», a déclaré Muasher.
De nombreux Jordaniens sensibles au sort des Gazaouis craignent qu’accepter le plan de Trump équivaudrait à abandonner la création d’un État palestinien et à renier aux Palestiniens leur droit au retour sur la terre qu’ils ont fuie en 1948 et 1967. Ces questions sont au cœur d’un projet de loi soumis au parlement jordanien la semaine dernière visant à interdire le transfert des Palestiniens dans le royaume. Ce projet de loi qui bénéficiera d’un examen prioritaire affirme dans le texte le rejet officiel et populaire de la Jordanie de tout plan visant à déplacer les Palestiniens vers la Jordanie comme patrie de substitution. Le projet de loi stipule explicitement que la Jordanie est aux Jordaniens et la Palestine est aux Palestiniens.
Les analystes ont émis l’hypothèse que le roi Abdallah aurait averti Trump de l’impact de ses plans sur la région et sa stabilité mais le président américain depuis son entrée en fonction le mois dernier n’a montré aucune réserve dans la pression qu’il exerce sur ses alliés afin qu’ils acceptent ses conditions. Interrogé dans le Bureau ovale sur l’autorité légale sur laquelle les États-Unis peuvent se baser pour prendre le contrôle de Gaza, le président a répondu du tac au tac: «L’autorité américaine».
Après la fin de l’entretien, le Premier ministre jordanien Jaafar Hassan est intervenu sur CNN et a expliqué que la Jordanie où les réfugiés palestiniens représentent déjà 35% de la population, ne peut se permettre d’en accueillir plus. Il a également déclaré: «On ne peut pas reconstruire Gaza sans les Gazaouis. Nous sommes pour une paix durable, il faut une solution à deux Etats avec les Palestiniens qui restent chez eux».
Au lendemain de la rencontre, mercredi 12 février 2025, la porte-parole de la Maison-Blanche Karoline Leavitt a relayé lors de son point de presse que lors de son entretien avec le président Trump, le roi de Jordanie a indiqué qu’il souhaitait que les Palestiniens restent à Gaza et à œuvrer à y mettre en œuvre des projets de développement.
Après plus de quinze mois d’une agression sioniste barbare empreinte de l’intention avérée de commettre un génocide et une résistance palestinienne dont l’héroïsme sera inscrit en lettre d’or dans les livres d’histoire et enseigné dans les académies militaires, si toutefois on y enseigne encore l’honneur, un cessez-le-feu a été finalement décrété à Gaza. Mais si l’euphorie de la victoire est légitime, il ne faut cependant pas perdre de vue l’obligation d’analyser exhaustivement ce cessez-le-feu âprement négocié pour essayer de bien comprendre sa signification en rapport avec le projet sioniste au Moyen-Orient.
Prof. Mohamed-Dahmani Fathallah *
Il est évident que même si ce cessez-le-feu a été réclamé par toute la communauté internationale y compris la société civile en Israël, il ne sous-entend en rien un changement de direction du projet sioniste mondial au Moyen-Orient. Le conflit entre les Palestiniens et l’entité israélienne n’est que la tête de pont de ce projet à l’idéologie démoniaque. Il convient donc de rappeler les contextes de cette énième péripétie.
D’abord le contexte géographique qui dépasse la terre de Palestine et cible tout le Moyen-Orient, lequel couvre un territoire allant par extension de l’actuel Maroc à l’ouest jusqu’au Pakistan/Afghanistan à l’est et dont la Palestine, terre des prophètes, est l’épicentre, avec le contrôle de la ville sainte de Jérusalem/Al-Qods comme le symbole ultime de la mainmise sur ce grand territoire.
Aujourd’hui Jérusalem est la capitale (officielle mais non reconnue internationalement) de l’entité sioniste colonialiste. Alors que le contexte géographique est bien défini, même si le projet sioniste est de nature globale, le contexte historique est trompeur, puisque le sionisme a pu l’accommoder selon ses desideratas grâce à une ingénierie perfide reposant en premier lieu sur une définition farfelue du sémitisme et la légende du peuple élu.
Le statut de victime historique unique
Cette légende qui sert leurs desseins, les sionistes l’ont inculquée à travers un contrôle exclusif des médias de masse aux peuplades juives d’abord puis au reste du monde.
Le projet sioniste a aussi capitalisé sur la création du statut de victime historique unique en amplifiant les exactions dont les Juifs ont pu subir à travers l’histoire.
Enfin, et depuis la création par la force et la fourberie des Anglais et des Européens de l’entité israélienne en Palestine, les sionistes, fort de leur succès dans la manipulation de l’histoire et de leur pouvoir d’imposition au public occidental des légendes servant leur projet, ont en plus créé la légende du seul pays théocratique démocratique et de l’armée la plus éthique malgré des pratiques largement documentées contraires aux conventions internationales et surtout aux croyances judaïques originelles prônées par de grands rabbins juifs depuis des millénaires.
Les sionistes avaient compris que depuis Alexandre le Grand, le contrôle du monde passait par le contrôle du Moyen-Orient. Ils ont donc bien assimilé la nature particulière de cette région et ils ont adapté la stratégie de leur projet d’hégémonie à ce contexte géographique et ont savamment altéré le contexte historique.
En fait la situation au Moyen-Orient a toujours été complexe et ses racines profondes remontent loin dans l’histoire de l’humanité. Elle fut séquentiellement marquée par la succession et les conflits des empires antiques des Accadiens (Iraq actuel), des Achéménides (Iran actuel), de l’Egypte impériale et des Babyloniens.
Puis l’histoire du Moyen-Orient fut liée de façon intriquée à l’éclosion des religions abrahamiques monothéistes que sont le judaïsme, le christianisme et l’islam. La région a été depuis le théâtre de conflits incessants. Même si ces conflits ont toujours été très marqués par l’aspect religieux et culturel, ils ont en fait été surtout influencés par des intérêts géopolitiques, des luttes pour le pouvoir et des enjeux territoriaux pour s’accaparer les richesses. Les croisades en sont la meilleure illustration. Les guerres modernes, où les Etats jouent un rôle central, obéissent toujours à ce schéma millénaire immuable.
En ce qui concerne le conflit israélo-palestinien qui représente le fond-de-commerce du projet sioniste, les Sionistes ont profité des évènements du 11 septembre 2001 pour fait évoluer ce schéma en y intégrant la notion de lutte contre le terrorisme et le principe d’autodéfense après avoir bien pris soin d’introduire une confusion ente le statut de combattant pour la liberté et celui de terroriste.
Fort de cette énième manipulation des conventions, les Sionistes ont poussé l’ignominie jusqu’à ajouter la déshumanisation au schéma des conflits armés pour faire passer auprès de l’opinion publique le génocide qu’ils ont commis à Gaza.
Les conflits entre Israël et les Palestiniens ont toujours été marqués par des cycles de violence, des négociations de paix infructueuses et des tensions politiques permanentes. Mais depuis que le mouvement Hamas a pris sur lui la lutte armée pour la libération de la Palestine et des Palestiniens du joug sioniste, le conflit s’est durci et a formé une vraie entrave au projet sioniste dans la région surtout que les Sionistes étaient en train de réussir à neutraliser les pays limitrophes par des accords de coopération floues garantissant à l’entité sioniste la reconnaissance d’un Etat souverain et d’une paix durable.
Le dernier conflit en date a cependant constitué un point de rupture avec les précédents. Ainsi, en prenant le devant, le Hamas a transformé une guérilla de résistance à un occupant barbare en une bataille pour l’indépendance qui a dévoilé au monde la vraie nature du projet sioniste dans la région. Les Sionistes ont voulu que ce dernier conflit soit à l’occasion une des étapes finales de leur projet au Moyen-Orient. Mais une première évaluation à la lumière du cessez-le-feu en cours nous fait penser que la notion de «victoire» dans ce conflit peut être interprétée de différentes manières selon le point de vue adopté.
Cependant la bonne évaluation de la victoire ou de la défaite se conçoit au-delà du cessez-le-feu par l’établissement d’un bilan des faits relatifs au projet sioniste.
Des agressions meurtrières récurrentes
Sur le plan militaire, si l’on considère la grande capacité de la machine de guerre du camp sioniste avec sa garde avancée en Israël et ses bases en Europe et aux Etats-Unis, on ne peut plus parler de guerre mais d’agressions meurtrières brutales et récurrentes.
Le génocide perpétré à Gaza s’ajoute aux millions de morts que le projet sioniste a causé rien que ces trois dernières décennies en Iraq, Syrie, Libye, et Afghanistan avec la destruction massive et systématique des infrastructures, des habitations et des ressources naturelles.
Toutefois, si on considère que le Hamas a réussi à résister militairement pendant plus d’une année à l’armada sioniste et à lui infliger des pertes significatives, on peut parler de victoire tactique. D’autant plus que la sacro-sainte sécurité d’Israël au détriment de celle des Palestiniens a été désacralisée à l’occasion et que beaucoup de colons ont été déplacés des terres qu’ils avaient spoliées.
Mieux encore, le monde a réalisé l’ampleur des crimes de l’armada militaire israélienne qui est au service d’une poignée d’exaltés dirigeant le projet sioniste mondial.
Aujourd’hui, après avoir défait le Hezbollah au Liban, Israël a consolidé sa mainmise sur le plateau du Golan. Elle occupe même un nouveau territoire en Syrie où elle a installé dans un chaos méticuleusement orchestré un régime qui lui est favorable.
Sur le plan politique, le projet sioniste prévoit de redessiner la carte géopolitique du Moyen-Orient. Et à ce jour, les Sionistes ont réussi à détruire de grands pays comme l’Iraq et la Syrie ainsi que la Libye en y introduisant sous couvert de démocratisation un chaos indescriptible. Ils ont aussi réussi à vassaliser d’autres comme les pays du Golfe, le Maroc, l’Egypte et la Jordanie. Ils n’ont pas pour autant réussi à remodeler les frontières ni à faire plier les peuples et aucune reconnaissance d’un Etat israélite sioniste n’a pu être obtenue qu’à travers des accords de paix imposés aux pays vassalisés.
Les entraves au projet sioniste global
A l’opposé, le Hamas est perçu comme ayant gagné. En effet, en plus des lourdes pertes infligées à l’armée israélienne, le Hamas a remis la cause palestinienne à l’ordre du jour alors que la communauté internationale commençait à l’oublier. Mieux encore, le bloc occidental a commencé à se fissurer politiquement après la reconnaissance depuis le dernier génocide à Gaza de l’Etat Palestinien par des pays courageux et justes comme l’Irlande, l’Espagne, la Norvège en plus du Mexique, de la Barbade, de la Jamaïque, de Trinité-et-Tobago, des Bahamas, de l’Arménie et de la Slovénie. Ceci porte le nombre de pays ayant reconnu l’Etat Palestinien à 154 sur les 193 que compte l’organisation des Nations unis.
Ailleurs dans le monde, les conflits armés fomentés par les Sionistes et leurs agents se sont multipliés. En Ukraine, la Russie s’est embourbée dans une guerre d’usure que les atlantisto-sionistes s’ingénient à prolonger pour l’affaiblir après avoir réussi à l’isoler de l’Europe qu’ils ont totalement vassalisée. La puissance militaire et la volonté politique de la Russie d’être le chef de file d’un bloc politico-économique qui rivaliserait avec le bloc occidental représentent avec le conflit en Palestine les plus grandes entraves au projet sioniste global.
En Afrique, le projet sioniste s’est révélé à travers la forte offensive diplomatique menée par Israël et qui a réussi à menacer l’unité et l’intégrité du continent. En effet en 2021, Israël s’est vu accorder le statut d’observateur au sein de l’organisation de l’Union africaine (UA) et ce grâce à une surprenante décision unilatérale du président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat. Ce dernier a fait fi des valeurs inscrites dans l’acte fondateur de l’UA qui condamnent fortement l’apartheid et le colonialisme. Cette décision a été néanmoins annulée à la suite d’une forte pression exercée par les Etats membres que sont l’Afrique du Sud, le Nigeria, l’Algérie, la Namibie, le Botswana et la Tunisie.
Cependant, cette affaire a créé une polémique au sein de l’UA qui a scindé l’organisation en deux camps. Le bilan de cette affaire est à mettre au crédit du projet des sionistes qui ont semé les germes de la désunion chez les africains.
Sur le plan humanitaire, à travers tous les pays du Moyen-Orient, exception faite des pays du Golfe, le projet sioniste a occasionné des souffrances humaines considérables aux populations particulièrement aux Palestiniens. En Palestine, les conditions de vie déjà précaires sont en effet devenues insupportables. Les pertes humaines et les infrastructures détruites donnent un goût amer à la «victoire» proclamée, car elles exacerbent la souffrance des populations civiles, qui ont culminé avec le génocide perpétré à Gaza. Un génocide que les gouvernants du monde pseudo-civilisé ont activement soutenu alors que beaucoup d’autres ont observé une indifférence choquante malgré les appels pressants et les initiatives de quelques pays et d’un bon nombre d’organisation non gouvernementale auprès de la Cour pénale internationale. Mais cette organisation a fini malgré toutes les pressions par inculper Benjamin Netanyahu, le chef file public du sionisme, et son ministre de la guerre, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité et émettre des mandats d’arrêts internationaux contre eux.
Le projet sioniste se nourrit du chaos
Paradoxalement ces accusations et ces mandats d’arrêt ont aussi été portés contre Mohamed Deif, l’un des chefs de la résistance palestinienne, même si cela n’a pas été suivi de conséquence exécutive à ce jour. Ces faits donnent à réfléchir sur la signification du droit international et surtout sur les conditions de son application. Les revers que connaît l’organisation des Nations-Unies se multiplient comme en témoignent les vetos consécutifs du bloc sioniste aux appels au cessez-le-feu. Le dernier revers en date est venu sous la forme de l’expulsion de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) de Jérusalem-Est. Cet ordre d’expulsion interdit les activités de l’UNRWA en Israël, à Jérusalem-Est, et dans tous les territoires occupés depuis 1967.
Tous ces bilans sont à l’évidence temporaires tant la situation engendrée par le projet sioniste est aussi troublante que complexe. Cette complexité est devenue d’autant plus grande après l’élection de Donald Trump à la tête de l’exécutif américain. Bien que ce personnage ait déjà occupé ce poste auparavant, ces nouvelles décisions et déclarations irresponsables sont en train créer un chaos global et sans précèdent dans les dynamiques et les équilibres des pouvoirs, des religions et des cultures. Ceci ressemble beaucoup à la marque de fabrique du projet sioniste qui se nourrit essentiellement de chaos pour exister et qui a choisi Donald Trump pour ses dons innés de perturbateur et l’a mis totalement à son service.
La recherche d’une solution globale juste, pacifique et durable, qui demeure essentielle pour éviter davantage de souffrances et de pertes humaines, ne semble plus à l’ordre du jour. L’avenir du monde, qui était déjà un sujet complexe, est en train de devenir plus incertain que jamais. Dans cet indescriptible chaos, les facteurs politiques, sociaux et économiques sont de plus en plus imprédictibles. Les perspectives varient considérablement et plusieurs scénarios peuvent être envisagés selon les bilans du projet sioniste.
Alors qu’Israël et son cher ami Donald Trump veulent contraindre les Gazaouis au déplacement forcé pour mettre la main sur leur terre, que l’armée israélienne et les colons déchaînés s’adonnent à tous les crimes en Cisjordanie pour rendre la vie impossible aux Palestiniens dans l’espoir de les voir partir et de s’approprier également ce territoire, une guerre démographique a eu lieu à Jérusalem/Al-Qods. Cet enjeu est d’une telle importance que des experts s’y sont penchés et gare aux préjugés et aux conclusions hâtives et superficielles!
Imed Bahri
Le journal israélien Israel Hayom a mené une enquête sur ce sujet très important que l’auteur Lidor Sultan a commencée par des interrogations: «À quoi ressemblera Jérusalem dans cinq ans? Y aura-t-il plus de Juifs orthodoxes? Combien d’Arabes y vivront? La migration négative va-t-elle se poursuivre (solde migratoire négatif, Ndlr)? Des interrogations évidemment curieuses. Toutefois si nous voulons comprendre les tendances démographiques vers lesquelles se dirige la capitale d’Israël dans l’avenir, nous devons d’abord nous tourner vers les données actuelles: selon les chiffres de 2024, plus d’un million de personnes vivent à Jérusalem dont 60% sont des Juifs, 39% des Arabes et le reste étant des minorités en nombre marginal. Par conséquent, cette situation crée trois groupes centraux dans la ville.»
«Nous parlons d’une combinaison très unique en Israël», explique Yair Assaf-Shapira, chercheur senior et chef de l’équipe d’information et de données à l’Institut de recherche politique de Jérusalem/Al-Qods. Il poursuit son explication: «À ce jour, il n’existe pas de majorité claire pour un groupe de population particulier à Jérusalem. Ni les Juifs orthodoxes, ni les Arabes, ni les Juifs non orthodoxes ne constituent une nette majorité ce qui n’est le cas d’aucune autre grande ville du pays. À Haïfa et à Tel-Aviv, par exemple, la majorité est constituée de Juifs non orthodoxes. À Jérusalem, on a assisté à une situation de trois groupes fondamentaux d’égale importance avec d’innombrables autres courants».
Un clivage central entre Juifs et Arabes
Le professeur Sergio Della Pergola, démographe à l’Université hébraïque de Jérusalem, explique: «C’est une ville qui présente une rare mosaïque de différents groupes de population vivant ensemble dans une relative harmonie, chaque groupe de population étant concentré dans son propre quartier. Les différences entre les quartiers créent des tensions et constituent une part importante du clivage central entre Juifs et Arabes dans la ville notamment en ce qui concerne le nombre.»
Israel Hayom explique qu’en pratique, depuis la guerre des Six Jours en 1967, la question se pose de l’avenir démographique de la ville et de ce qui peut être fait pour augmenter le nombre de Juifs et établir le statut de la capitale unifiée en tant que ville juive. Dès lors, de nombreuses personnes se sont penchées sur cette question qui a pris une importance particulière à la fin des années 1990 pendant le mandat de maire d’Ehud Olmert. À l’époque, Olmert avait réuni les meilleurs experts pour un projet ambitieux visant à comprendre les transformations que Jérusalem/Al-Qods devrait subir d’ici 2020 y compris les transformations démographiques dans une tentative de changer la réalité par rapport aux tendances naturelles que les experts prévoient pour la ville.
«J’ai été invité à être le chef de l’équipe démographique du projet», se souvient le professeur Della Pergola. «Olmert, en tant que maire, a demandé comment garantir qu’il y ait une majorité juive de 75% en 2020 à Jérusalem. Il a pris grand soin de nos recherches entrant dans les détails de chaque tableau et de chaque ligne. Dès lors, j’ai compris que les tendances dans la ville vont en réalité dans d’autres directions. J’ai expliqué que le taux juif en particulier diminuerait tandis que le taux arabe augmenterait plus rapidement. J’ai expliqué qu’atteindre l’objectif est une chose, et atteindre ce qui est attendu sur la base de la recherche en est une autre», explique-t-il.
Selon les données du Centre de recherche et d’information de la Knesset, la part des Juifs à Jérusalem/Al-Qods à la fin des années 1990 était d’environ 69,5%. Ces données, comme la méthode de mesure actuelle incluent également d’autres groupes minoritaires. La municipalité de Jérusalem/Al-Qods s’est saisie de cette question.
Le professeur Della Pergola ajoute: «En supposant que nous ne modifions pas les frontières de Jérusalem comme l’a demandé Olmert, nous avons conclu à l’époque que le taux de Juifs n’augmentera pas mais baissera en 2020 à 60-65%. Environ 20 ans plus tard, j’ai été surpris de constater que notre prédiction n’était erronée que de 0,6% et que le taux de Juifs dans la ville était d’environ 61,5%».
Les Juifs augmentent beaucoup moins vite que les Arabes
Les résultats statistiques publiés en 2020 ont montré que la population juive a augmenté de 40% tandis que la population arabe a augmenté de 110% soit plus du double. Les experts ont dégagé des tendances intéressantes et qui peuvent paraître contradictoires notamment dans le domaine de la reproduction naturelle. Assaf-Shapira explique: «Ces dernières années, nous constatons que la population arabe de Jérusalem fait moins d’enfants que par le passé. Il est vrai que le taux de croissance de la communauté arabe de la ville est plus élevé que celui de la population juive comme les experts l’avaient prédit auparavant mais il s’avère que les taux de natalité sont bien inférieurs aux taux de la population juive de la ville dans son ensemble».
Les données du Bureau central des statistiques au début de 2024 renforcent ce diagnostic: le taux de fécondité parmi les femmes juives et non juives de la capitale était de 4,3%, tandis que parmi les femmes arabes, il était de 2,81%.
Assaf-Shapira déclare: «Pour diverses raisons, le taux de fécondité général dans la société arabe, en particulier dans le nord du pays, dans le centre et à Jérusalem, a diminué ces dernières années. En revanche, le taux de fécondité dans la communauté juive orthodoxe de Jérusalem est resté élevé».
Alors, comment se fait-il alors que le taux de croissance de la communauté arabe de la ville reste supérieur à celui de la population juive? Il y a quelque chose qui affecte bien plus que le taux de fécondité, c’est l’immigration. Considérez la ville comme un vaisseau plus petit que ce qu’il peut contenir de sorte que les excédents débordent sous forme de migration négative. C’est une marche qui caractérise toutes les grandes villes même Tel-Aviv.
Provio Della Pergola: «Traditionnellement, Jérusalem est perdante dans la balance de l’immigration, le nombre de personnes qui la quittent chaque année est de plusieurs milliers supérieur au nombre de ceux qui s’y installent et c’est un fait qui nous accompagnera dans un avenir proche. La migration interne négative caractérise le secteur juif et non le secteur arabe où cette perte est presque inexistante. En conséquence, le secteur arabe est en croissance continue même si sa reproduction naturelle reste relativement lente par rapport à la communauté juive.»
Malgré tout cela, la population de Jérusalem/Al-Qods continue de croître. Della Pergola indique qu’en théorie, la migration négative est censée réduire la population de la ville. Dans la pratique, Jérusalem/Al-Qods a un taux de natalité très élevé et un taux de mortalité faible en raison du jeune âge de la population la ville continue donc de croître. Cette tendance se poursuivra également dans les années à venir.
Un autre fait intéressant révélé par les données publiées en 2020 concerne la répartition des résidents quittant la ville.
«Dans les migrations interurbaines, les secteurs juifs de Jérusalem semblent être plus concernés que la communauté arabe de la capitale», souligne Della Pergola et poursuit: «En termes de catégories, les données montrent que les laïcs quittent davantage le territoire vers le centre tandis que les Juifs orthodoxes se déplacent principalement vers Beitar Illit, Beit Shemesh et Modiin Illit et la plupart des religieux nationalistes partent pour la Cisjordanie à Ma’ale Adumim et dans les zones de colonies de peuplement autour de Jérusalem. L’opinion publique croit que tous les laïcs quittent la ville et que Jérusalem devient une ville des Juifs orthodoxes mais ce n’est pas tout à fait exact. Cette tendance urbaine existe mais elle est lente car le taux de départ des Juifs orthodoxes de Jérusalem est très élevé».
Pour sa part, Yair Assaf-Shapira ne semble pas dubitatif dans ce qu’il voit comme avenir démographique de la ville: «Il faut se méfier de la prophétie d’une Jérusalem ville des Juifs orthodoxes. À Jérusalem, il y a toutes les couleurs et différents groupes de population en grand nombre. Tel ou tel groupe de population ne disparaîtra ni demain ni dans une décennie.»
Rabat rüstet seine Streitkräfte FAR mit dem israelischen System Atmos 2000 aus. Rabat – Marokko habe entschieden, seine königlichen Streitkräfte (FAR) mit 36 selbstangetriebenen Artilleriegeschützen des Typs Atmos 2000 auszustatten. Das israelische System, das auf einem tschechischen Tatra-Lkw montiert sei, soll die marokkanische Artillerie modernisieren. Wie die französische Tageszeitung „La Tribune“ berichtet, fiel die Wahl […]
Donald Trump a remporté Dearborn, dans le Michigan, un fief arabo-américain traditionnellement démocrate grâce au mécontentement envers Kamala Harris et la position de Joe Biden sur la guerre de Gaza, entièrement alignée sur les intérêts d’Israël et totalement indifférente à l’égard des souffrances des Palestiniens, victimes d’une vaste opération de nettoyage ethnique, mais l’heure est déjà à l’amertume et au regret. C’est ce qu’affirme Liz Crampton dans une enquête publiée par le magazine Politico, dont nous reproduisons ci-dessous les principales conclusions. (Ph. Donald Trump lors d’un meeting électoral avec des dirigeants d’origines arabe et/ou musulmane, le samedi 26 octobre 2024, à Novi, Michigan. Regardez sa grimace : il y était à contre cœur pour ramasser des voix.)
Imed Bahri
Après que Donald Trump a dévoilé un plan visant à prendre le contrôle de la bande de Gaza et à transférer près de deux millions de Palestiniens vers les pays voisins, deux maires du Michigan qui soutenaient activement Trump se sont murés dans le silence. Certains habitants de Dearborn ont été horrifiés par la position du président envers les Palestiniens.
«Les habitants de la ville se sont sentis très en colère et déçus par le président qui a menti à leur communauté pour voler une partie de leurs votes», a déclaré Osama Siblani, rédacteur en chef du Dearborn Arab American News.
Siblani, qui avait, pour sa part, refusé de soutenir Trump dans la course à la présidence, estime que la proposition de Trump échouera, car ce dernier se comporte comme un chef de gang et non comme le président du pays le plus puissant du monde. Et c’est une honte, dit-il.
Un dirigeant de Dearborn, qui a demandé de garder l’anonymat pour parler en toute franchise, a décrit un sentiment de remord chez certains membres de la communauté arabo-américaine qui ont voté pour Trump ou qui se sont abstenus de voter lors de l’élection : ils pensent maintenant avoir fait une erreur.
Les Arabo-américains se sentent floués
Les commentaires de Trump mardi, qui ont choqué le monde entier et ont été rapidement repris par ses collaborateurs, ont provoqué une onde de choc à Dearborn révélant de profondes divisions politiques dans une communauté déchirée suite à la guerre de Gaza qui a causé la mort de plus de 50 000 Palestiniens et dévasté ce territoire palestiniens.
Il n’y a pas longtemps, les Américains d’origine arabe célébraient un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas que certains attribuaient à Trump puis sont venus ses propos de cette semaine et le malaise suscité par son désir de transformer Gaza en une Riviera du Moyen-Orient.
Arab Americans for Trump, le groupe qui s’est activement investi pour la campagne présidentielle, s’est rebaptisé Arab Americans for Peace dans les heures qui ont suivi l’annonce par Trump que les États-Unis prendraient possession de Gaza.
«Gaza fera toujours partie d’un futur État palestinien, pas d’un complexe de casino», a déclaré pour sa part Sam Baydoun, commissaire démocrate du comté de Wayne à Dearborn.
Dans la ville de Baydoun, les déclarations de Trump et son alliance avec Israël ont relancé un débat qui faisait rage à l’approche des élections de novembre. De nombreux Américains d’origine arabe vivant dans ce pays, qui ont historiquement voté en bloc pour les démocrates, se sont abstenus, ont voté pour la candidate indépendante Jill Stein ou pour Trump par ressentiment et colère à cause du soutien de l’administration Biden à Israël et critiquant Harris pour son refus d’appeler à un embargo sur les armes.
Deux maires de la région, celui de Dearborn Heights, Bill Bazzi, et celui de Hamtramck, Amer Ghaleb, ont fait campagne pour Trump affirmant qu’il tiendrait sa promesse d’apporter la paix au Moyen-Orient. Pendant ce temps, le maire de Dearborn, Abdullah Hamoud, est devenu le leader du mouvement non-conformiste qui a suscité des manifestations contre la guerre sur les campus universitaires à travers le pays et a refusé de soutenir Harris.
Cette semaine, Bazzi et Ghaleb n’ont pas répondu aux multiples demandes de commentaires. Sur la plateforme X, Hamoud a quant à lui déclaré que la proposition de Trump «représente un autre chapitre du génocide en cours» et que «le déploiement des forces américaines et l’utilisation de l’argent des contribuables pour envahir Gaza sont moralement indéfendables».
Lorsque Trump, qui discutait de cette idée en privé depuis des mois, a révélé ses intentions sur Gaza lors d’une conférence de presse aux côtés du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, certains collaborateurs de la Maison Blanche y ont vu une stratégie de négociation pour donner à Israël plus de poids sur le Hamas tout en travaillant à consolider un cessez-le-feu.
Dès lors, certains collaborateurs ont cherché à calmer une partie de la colère suscitée par cette proposition y compris celle de certains républicains au Capitole en reformulant les propos de Trump comme un moyen de parvenir à une paix durable.
Trump sur son bulldozer
Toutefois Trump a réitéré ses propos jeudi, sapant les efforts des responsables qui cherchaient à les «clarifier». Trump a publié sur Truth Social: «Israël remettra Gaza aux États-Unis. Les États-Unis, en collaboration avec d’excellentes équipes de développement du monde entier, commenceront lentement et soigneusement à construire ce qui deviendra l’un des projets de développement les plus grands et les plus étonnants de son genre sur Terre.»
Certains Américains d’origine arabe qui considèrent la volonté de Trump d’expulser les habitants de Gaza comme une approbation du nettoyage ethnique ont déclaré que l’idée était si bizarre qu’elle ne se concrétiserait jamais. La conquête d’un tel territoire représenterait l’intervention américaine la plus importante au Moyen-Orient depuis la guerre en Irak.
Bien que Trump soit critiqué, il n’y a pas de sentiment général à Dearborn que Harris aurait été meilleure.
Amer Zahr, militant progressiste de Dearborn, a déclaré: «Pour ceux d’entre nous qui ont voté contre le Parti démocrate, nous avons compris que nous allions avoir ce type et nous avons compris que nous allions devoir faire face à ce genre de choses, mais en fin de compte, nous ne pensons pas être responsables de cela. Les démocrates auraient pu résoudre ce problème l’été dernier. Le prix de notre soutien à Harris était vraiment bas.»