Gaza l Naissance et genèse d’une guerre coloniale’
Paru en mai 2025 aux éditions Actes Sud, à Marseille, ‘‘Gaza, une guerre coloniale’’ est un ouvrage collectif dirigé par Véronique Bontemps et Stéphanie Latte Abdallah, qui s’impose comme une lecture essentielle pour comprendre la longue histoire coloniale qui structure la domination israélienne sur la Palestine.
Djamal Guettala
Dès l’introduction, les autrices posent une question centrale : de quoi cette guerre est-elle le nom ? Loin de l’idée d’un conflit ponctuel ou d’une explosion de violence irrationnelle, les contributions réunies ici replacent Gaza dans un continuum historique de dépossession, de punition collective et d’enfermement, engagé depuis des décennies.
Les silences occidentaux
La guerre déclenchée après l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 est analysée non comme un événement isolé, mais comme l’expression extrême d’un système colonial prolongé, soutenu et légitimé à l’échelle internationale.
Ce livre ne se contente pas de dénoncer : il analyse en profondeur les logiques politiques, sociales, économiques et juridiques à l’œuvre. Pluridisciplinaire, il mobilise histoire, droit international, sociologie, anthropologie, et s’appuie sur des enquêtes de terrain. Il aborde aussi les effets humains, écologiques et symboliques des destructions, ainsi que les perceptions régionales et les silences occidentaux. Un chapitre important revient sur l’interdiction faite à la presse internationale d’enquêter sur place, participant à une invisibilisation calculée.


La centralité de la question coloniale
L’ouvrage entend ainsi décoloniser le regard, en refusant les récits humanitaires ou sécuritaires qui réduisent Gaza à une tragédie abstraite. Il redonne sa centralité à la question coloniale, posant des mots précis là où tant d’analyses restent dans l’euphémisme ou le flou.
La sélection du livre pour le Prix Mare Nostrum 2025 vient consacrer un travail collectif de haute tenue intellectuelle et politique. Un livre fort, exigeant, qui ne cherche pas à convaincre par l’émotion, mais par la clarté d’une pensée critique et le refus de l’amnésie.
Plus qu’une lecture, ‘‘Gaza, une guerre coloniale’’ est un outil. Un acte de transmission, à contre-courant des silences diplomatiques et des narrations hégémoniques. Il rappelle que pour comprendre Gaza, il faut écouter l’histoire – pas celle des discours d’État, mais celle des peuples enfermés, déplacés, résistants.
Stéphanie Latte Abdallah est historienne et politiste, spécialiste du Moyen-Orient et des sociétés arabes. Elle travaille au croisement de l’histoire contemporaine, de la politologie, de l’anthropologie et de la littérature.
Véronique Bontemps, docteure en anthropologie (Aix-Marseille, 2009) et chercheuse au CNRS, est spécialiste des sociétés palestiniennes contemporaines. Ses recherches portent sur les frontières, les inégalités sociales, les milieux urbains et les expériences de la maladie. Elle est membre des comités de rédaction des revues Genèses et Mondes arabes.
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