Au moment où l’extrême droite élève la voix partout en Europe en banalisant les discours de haine et de rejet de l’autre, nous devons faire attention, car les ratonnades sont comme des boomerangs, elles reviennent à toujours à leurs expéditeurs.
Khémaïs Gharbi *
En ces temps de tensions croissantes et d’incertitudes sur tous les continents, il est impératif de se rappeler qu’importer les conflits en Europe avec leur charge de haine et de vengeance n’apportera jamais de solutions. Cela ne fera que nourrir des cycles infernaux de souffrance.
Les événements tragiques qui se déroulent actuellement, qu’il s’agisse des souffrances des populations de Gaza ou des violences à Amsterdam ** perpétrées avant-hier entre différentes communautés, rappellent douloureusement que l’intolérance et les attaques ciblées sont des vestiges d’un passé que nous devons rejeter avec la dernière énergie.
Qui sera la prochaine victime?
Il est capital de dénoncer toute forme de violence et de discrimination, sans exception. Justifier des actes de brutalité et des expéditions punitives à l’encontre d’un groupe en raison des actions d’individus ou de gouvernements efface les nuances et la complexité de la réalité humaine. Chaque être humain pacifique a droit à la protection, et il est de notre devoir collectif de préserver la dignité de tous.
Nous devons également nous rappeler que l’indifférence face à la haine peut ouvrir la porte à des dangers encore plus grands. Si nous ne prenons pas position contre les discours de haine et les actes de violence, peu importe la communauté ciblée, nous risquons de voir ces tendances se normaliser et revenir comme un boomerang. Demain, qui en sera la cible? Qui sera la prochaine victime?
Pour nous, immigrés de la première génération, nous avons vécu les ratonnades pendant la guerre d’Algérie et les corps flottants sur la Seine ou dans le Rhône. Et la communauté juive, quant à elle, a aussi subi son lot de rejet dramatique quelques décennies auparavant.
Eteindre les incendies dès leur début
Ensemble, nous pouvons et devons «éteindre les incendies dès leur début» plutôt que de les attiser. Cela commence par le refus d’importer des conflits extérieurs en Europe. Chacun a le droit de défendre pacifiquement son opinion, comme bon lui semble. S’unir contre l’intolérance, célébrer la diversité et construire des ponts entre nos communautés sont des actions essentielles pour contrer la montée de la haine.
Nous avons tous un rôle à jouer. Rejetons les discours qui sèment la discorde, élevons nos voix pour la paix et la compréhension mutuelle, et travaillons ensemble à construire un avenir où chacun, indépendamment de son origine ou de sa croyance, pourra vivre en sécurité et avec dignité.
* Ecrivain et traducteur.
** Jeudi 7 novembre 2024, une centaine de supporters israéliens se sont rassemblés sur la place du Dam, dans la capitale néerlandaise, entourés d’un important dispositif policier, avant de regagner le stade Johan Cruyff. Dans un communiqué, la Fédération palestinienne de football a dénoncé le «racisme anti-palestinien et l’islamophobie manifestés par les supporters du Maccabi Tel-Aviv, qui ont également attaqué les maisons et les magazines arborant le drapeau palestinien en solidarité avec les victimes du génocide en cours».
Les médias néerlandais et européens ne se sont pas attardés sur cet épisode, passé presque sous silence. En revanche, ils se ont longuement parlé de ce qu’ils ont qualifié de «violences contre des supporters israéliens à Amsterdam» et d’«explosion d’antisémitisme».
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