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Face à la famine qui tue à Gaza, une diplomatie lâche et ronronnante

29. Juni 2025 um 10:38

Face à la dégradation dramatique de la situation à Gaza – sur le plan humanitaire, sanitaire, sécuritaire et moral – certains pays européens, dont la France, ainsi que le secrétaire général des Nations unies, semblent s’être réfugiés dans le confort grammatical du futur simple. (Ph. A Gaza, les affamés se font tirer dessus par l’armée israélienne).

Khemais Gharbi *

Le présent de l’indicatif, pourtant temps de l’action concrète et urgente, a disparu de leur vocabulaire. Il a été remplacé par des promesses lointaines : «Nous allons reconnaître l’État de Palestine»; «Nous allons organiser une conférence»; «Nous allons œuvrer pour un cessez-le-feu»; «Nous allons améliorer l’acheminement de l’aide humanitaire.»

Cette conjugaison de l’attente est accompagnée d’un appauvrissement sémantique. Les mots qui condamnent ont été gommés. On ne «dénonce» plus. On ne «condamne» plus. On «déplore», on «regrette», on «s’inquiète», on «exprime une émotion».

Le futur simple contre la faim immédiate

Ainsi, face à une famine organisée, à des civils affamés abattus en file indienne, le langage diplomatique préfère l’élégance molle des euphémismes à la clarté courageuse des accusations.

Le ministre français Jean-Noël Barrot a déclaré récemment que la France, tout comme l’Europe, était «prête à contribuer à garantir une distribution sécurisée de la nourriture à Gaza», sans en préciser ni les modalités ni le calendrier. Il reconnaît néanmoins la gravité de la situation : des centaines de Palestiniens sont tombés, fauchés par les balles de l’armée israélienne alors qu’ils tentaient de récupérer un sac de farine. Il parle d’un «scandale» et d’une «atteinte à la dignité humaine»… sans oser nommer l’Etat génocidaire auteur de ces crimes contre l’humanité. Et là encore, aucune annonce d’action immédiate. Le mot «colère» est lâché, mais ne se transforme ni en sanction, ni en pression réelle.

Selon le ministère de la Santé de Gaza, environ 550 personnes ont été tuées et plus de 4 000 blessées lors de rassemblements autour des centres de distribution de vivres, depuis le début des opérations de la très controversée Fondation humanitaire de Gaza, un machin créé par Israël et les Etats-Unis pour servir les desseins sordides de l’armée israélienne.

De son côté, António Guterres, le secrétaire général de l’Onu, a affirmé que «chercher de la nourriture ne devrait pas équivaloir à une condamnation à mort», dénonçant – enfin – un système de distribution qui tue. Mais là encore, les Nations unies sont tenues à l’écart.

Mourir de faim ou mourir sous les balles

Depuis le 27 mai, les États-Unis et Israël ont instauré un nouveau mode de distribution de l’aide humanitaire, hors du contrôle des agences internationales. L’armée israélienne y supervise directement la foule, et tire à balles réelles sur ceux qui osent approcher.

Les Palestiniens sont ainsi acculés à un choix inhumain : mourir de faim ou mourir sous les balles.

Et pendant ce temps, l’Occident conjugue au futur. Il va faire quelque chose. Il prépare une réponse. Il s’engagera un jour. Mais Gaza, elle, saigne au présent.

* Ecrivain et traducteur.

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