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Pour les États-Unis, la gestion des affaires du monde est devenue un casse-tête!

19. September 2024 um 08:08

À l’heure où le monde est en ébullition, les relations internationales vivent un moment charnière et la première puissance mondiale une élection présidentielle cruciale, le leadership américain semble plus que jamais défié et en difficulté. Dans un monde multi-crises où les acteurs non-étatiques sont devenus de plus en plus nombreux et puissants, les guerres asymétriques (non conventionnelles) mais aussi avec des entreprises si influentes qui façonnent le monde, gérer les affaires du monde est devenu compliqué et se révèle être un vrai casse-tête pour les États-Unis. 

Imed Bahri

Dans sa tribune hebdomadaire consacrée à la politique internationale dans le New York Times, le journaliste américain Thomas Friedman aborde les dilemmes auxquels est confrontée la politique étrangère américaine et qui font que son rôle dans la gestion des affaires du monde semble plus difficile qu’il ne l’était même pendant la guerre froide. 

Friedman a décrit la gestion des dossiers de politique étrangère comme étant beaucoup plus compliquée que la plupart des Américains ne l’imaginent. Il considère que cette gestion est presque impossible à une époque qui oblige les États-Unis à gérer des superpuissances, des entreprises géantes, des individus et des réseaux superpuissants, des tempêtes violentes, des États embourbés dans l’échec et des services de renseignement de plus en plus performants. Il a souligné que tous ces éléments sont étroitement liés créant un réseau incroyablement complexe de problèmes qui doivent être résolus pour accomplir quoi que ce soit.

Une géopolitique compliquée

L’auteur a comparé la situation actuelle aux conditions qui prévalaient à l’époque de la guerre froide caractérisée par ce qu’il appelait une diplomatie audacieuse et dont le héros de l’époque était le secrétaire d’État Henry Kissinger qui n’a pas déployé de gros efforts pour formuler les accords de désengagement historiques après la guerre d’octobre 1973 entre Israël, l’Égypte et la Syrie. Kissinger traitait avec des États contrairement à l’actuel secrétaire d’État américain Anthony Blinken qui, selon Friedman, n’a pas eu de chance lorsqu’il a assumé ce poste car lui ainsi le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan et le directeur de la CIA William Burns ont entrepris des tâches difficiles et les ont bien gérées d’après lui.

L’éditorialiste de la politique étrangère du NYT a fait une autre comparaison entre le Moyen-Orient à l’époque de Kissinger et Blinken soulignant que cette région n’est plus composée d’États d’obédience nationalistes solides mais plutôt d’États en faillite, d’États fantômes avec des groupes «révolutionnaires, puissants et armés de missiles guidées». Il a expliqué qu’il entendait par là le Mouvement de la résistance islamique Hamas à Gaza, le Hezbollah au Liban, Ansar Allah alias les Houthis au Yémen et les groupes armés chiites en Irak.

Pour ce qui est de la Syrie, jadis pièce maîtresse dans le Moyen-Orient, Friedman rappelle que le gouvernement n’est responsable que de Damas tandis que le reste du pays est un mélange de zones contrôlées par la Russie, l’Iran, la Turquie, le Hezbollah, les forces américaines et des factions kurdes.

L’auteur a souligné que les États-Unis ne peuvent communiquer avec le réseau du Hamas dans la bande de Gaza que par l’intermédiaire de médiateurs qataris et égyptiens. L’une des complications auxquelles est confrontée aujourd’hui la politique étrangère américaine est que le Hamas a une aile militaire à l’intérieur de Gaza et une aile politique à l’extérieur de la bande.

À la lumière de ces complications, Friedman estime que ce qui est clair pour lui dans le nouveau monde géopolitique que devra gérer le prochain président américain, c’est qu’il a besoin de nombreux alliés ajoutant que la gestion des problèmes internationaux actuels ne se limite pas à la seule Amérique mais plutôt à l’Amérique et ses amis réunis. 

Combattre simultanément sur les trois fronts

C’est la raison pour laquelle, Friedman préfère la candidate du Parti démocrate Kamala Harris à son adversaire républicain Donald Trump pour être présidente du pays car elle a travaillé dans l’administration de l’actuel président Joe Biden dont le plus grand héritage en politique étrangère était sa capacité à construire des alliances.

Maintenir des alliances, selon lui, n’est jamais une affaire facile surtout à une époque où les États-Unis semblent militairement mal préparés à affronter la Russie, l’Iran et la Chine qui s’emploient depuis des années à renforcer leurs capacités militaires tandis que Washington manque littéralement d’armes. Il est nécessaire de combattre simultanément sur les trois fronts selon Friedman.

L’auteur s’est dit convaincu que la vice-présidente Harris serait effectivement qualifiée pour le poste de commandant en chef des forces armées si elle remportait la présidence contrairement à Trump qui a tort sur deux questions: la construction des alliances et la lutte contre l’immigration. Il estime que le choix de Donald Trump basé sur le principe de «l’Amérique seule» est la recette pour une Amérique faible, isolée, fragile et en déclin. Et son leadership sera malmené. 

En définitive, Thomas Friedman estime que le leadership américain ne peut être préservé et que les États-Unis ne peuvent aborder les enjeux du monde actuel qu’en agissant avec ses alliés et ses partenaires.

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Josep Borrel met le pied dans le plat : «Israël a financé le Hamas»

09. September 2024 um 12:29

«Le Hamas a été financé par le gouvernement israélien pour tenter d’affaiblir l’Autorité palestinienne du Fatah», a déclaré Josep Borrel, vendredi 6 septembre 2024, lors d’une conférence dans une université espagnole.

Le chef de la diplomatie européenne a ajouté : «Si nous n’intervenons pas fermement, la spirale de la haine et de la violence se poursuivra de génération en génération, de funérailles en funérailles».

Ces propos n’ont pas manqué de susciter des réactions outrées dans les cercles sionistes européens. 

En fait, Borrel n’a fait que rappeler une vérité historique attestée par beaucoup d’historiens, y compris israéliens.

«Oui, Israël a soutenu les Frères Musulmans à la base mais le Hamas n’en est qu’une émanation spécifique», a cru pouvoir nuancer Michel Liégeois, professeur de Relations internationales à l’UCLouvain, cité par RTBF.

L’expert apporte des données intéressantes à ce sujet qui méritent d’être mieux connus : «Historiquement, Israël met pour la première fois les pieds à Gaza en 1967, à l’issue de la guerre des Six Jours. Puisqu’avant cela, le territoire gazaoui qui est aujourd’hui la bande de Gaza, ne faisait pas partie de l’Etat d’Israël dans le cadre du plan de partage. C’est, à l’époque, un territoire palestinien», explique Michel Liégeois. «Pour des raisons de sécurité, Israël maintient sa présence et occupe Gaza. Elle y trouve à ce moment-là une seule organisation un peu structurée : l’organisation des Frères musulmans. Ensemble, ils trouvent un modus operandi. Les Frères Musulmans vont aider Israël à administrer la bande de Gaza. Cela permet à Israël de ne pas devoir y perdre trop d’énergie et d’argent», ajoute-t-il.

Au fil des ans, la coopération entre les deux parties va s’approfondir, le but d’Israël étant de ne pas avoir affaire à l’OLP. En échange d’une reconnaissance de fait, Israël allait devoir payer une contrepartie : «Israël va, en échange, financer un certain nombre de projets, notamment la construction de mosquées», explique Michel Liégeois.

Cette «entente» contre-nature, sachant les positions extrémistes des Frères musulmans, dure 20 ans, jusque dans les années 80 : «En 1987, le Hamas est créé. Le Hamas est bien l’émanation politico-militaire, plus radicale, de la mouvance des Frères musulmans. Donc oui, Israël a soutenu les Frères Musulmans à la base mais le Hamas n’est qu’une émanation spécifique, politique, de cette organisation. Il est important de le préciser», souligne l’expert.

En aidant les ennemis de ses ennemis, c’est-à-dire en jouant la carte des islamistes contre celle des laïques, selon une tactique vieille comme le monde, Israël cherchait à déstabiliser le Fatah,

Peut-on affirmer donc qu’Israël a aidé le Hamas à gagner du terrain contre le Fatah ? Réponse de l’expert qui a dû prendre mille pincettes et couper le cheveu en quatre pour répondre par l’affirmative: «À certains moments, de façon ponctuelle, dans le cadre d’opérations menée par les services secrets israéliens, il n’est pas exclu qu’ils n’aient pas jugé utile d’affaiblir un peu le Fatah, de lui rendre la vie un peu plus difficile. Donc on ne peut pas totalement exclure cette possibilité.»

I. B.

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Gaza: Que révèlent les documents du Hamas sur la stratégie de bataille dans les tunnels?

07. September 2024 um 10:13

Les dirigeants du Hamas ont passé des années à élaborer un plan de guerre souterraine. Les documents retrouvés sur le champ de bataille montrent d’une manière précise les préparatifs du groupe palestinien y compris les portes anti-souffles pour se protéger des bombes et des soldats israéliens. Le fait que l’armée israélienne galère toujours face à aux Brigades Ezzeddine Al-Qassam, branche armée du Hamas, et soit dans l’incapacité d’atteindre ses objectifs montre avec quelle méthode et quelle stratégie le mouvement palestinien s’est préparé à cette guerre souterraine et en a fait une priorité depuis des années. 

Imed Bahri

Le New York Times affirme avoir examiné des documents du Mouvement de la résistance islamique qui ont été saisis par l’armée israélienne lors de la guerre dans la bande de Gaza. Ces documents montrent la stratégie du Hamas consistant à combattre dans les tunnels. 

Le journal américain a indiqué que parmi ces documents figurait «Le manuel 2019 du Hamas sur le combat souterrain» qui décrit de manière méticuleuse comment naviguer dans l’obscurité, se déplacer furtivement sous Gaza et tirer avec des armes automatiques dans des espaces réduits pour atteindre une létalité maximale à tel point que les commandants du champ de bataille ont reçu à la seconde près «combien de temps faut-il à leurs combattants pour se déplacer entre différents points souterrains?» 

Les techniques du combat souterrain

Ledit manuel est le résultat d’un effort de plusieurs années du Hamas, bien avant l’opération Déluge d’Al-Aqsa et la guerre actuelle avec Israël devenue une opération militaire souterraine pouvant durer longtemps.

Le journal rapporte qu’un an seulement avant d’attaquer Israël, Yahya Sinwar, chef du mouvement Hamas dans la bande de Gaza, avait accepté de dépenser 225 000 dollars pour installer des portes antidéflagrantes afin de protéger le réseau de tunnels de son mouvement des frappes aériennes et terrestres.

Le document d’approbation indique que les chefs de brigades du Hamas avaient examiné les tunnels sous Gaza et identifié les endroits vitaux sous terre et en surface qui devaient être fortifiés.

Les documents, ainsi que les entretiens avec des experts et des dirigeants israéliens aident à expliquer pourquoi près d’un an après le début de la guerre, Israël a du mal à atteindre son objectif de démanteler le Hamas.

Les responsables israéliens ont passé des années à rechercher et à démanteler les tunnels que le Hamas pouvait utiliser pour infiltrer Israël et lancer une attaque mais un haut responsable israélien a déclaré: «L’évaluation des tunnels de Gaza n’est pas une priorité car une guerre totale y semble improbable».

Dans le même temps, les responsables réalisent désormais que le Hamas se préparait longuement à l’avance à une telle confrontation et les experts affirment que sans les tunnels, le Hamas n’aurait pas eu beaucoup de chance contre l’armée israélienne.

Le manuel de combat souterrain contient des instructions sur la façon de camoufler les entrées des tunnels, de les localiser avec une boussole ou un GPS, d’entrer rapidement et de se déplacer efficacement.

Le document, rédigé en arabe, précise: «Lorsqu’il se déplace dans l’obscurité à l’intérieur du tunnel, le combattant a besoin de lunettes de vision nocturne équipées de rayons infrarouges et les armes doivent être réglées en mode automatique et le tir à l’épaule». Ce genre de tir est efficace car le tunnel est étroit donc les tirs ciblent les zones meurtrières dans le haut du corps humain.

Un réseau de tunnels plus étendu que prévu

Les responsables israéliens savaient avant la guerre que le Hamas disposait d’un vaste réseau de tunnels mais celui-ci s’est avéré plus sophistiqué et plus étendu qu’ils ne le pensaient. Au début de la guerre, ils estimaient qu’il s’étendait sur environ 250 milles et maintenant ils pensent qu’il est deux fois plus long.

Lorsqu’Israël a minimisé l’importance des tunnels, le Hamas s’est préparé à des combats souterrains tendant principalement des embuscades aux soldats israéliens près des entrées des tunnels tout en évitant les affrontements directs. Cette stratégie a permis au Hamas de lancer des attaques éclair au sol, de se cacher des forces israéliennes et de faire exploser des explosifs à l’aide de télécommandes et de caméras cachées. Elle a aussi ralenti les manœuvres de Tsahal, selon des responsables militaires israéliens et l’examen de photos et de vidéos de l’armée israélienne sur le champ de bataille.

Selon des sources officielles, des membres de l’armée israélienne ont découvert un document de guerre dans les tunnels dans le quartier de Zaytoun, dans la ville de Gaza, en novembre, qu’une lettre de Sinwar adressée à un commandant militaire avait été trouvée le même mois au sud de la ville et que les documents ont été fournis au NYT par des responsables militaires israéliens.

Les marquages ​​sur les documents sont cohérents avec d’autres documents du Hamas publiés ou examinés par le NYT et les soldats israéliens ont décrit des détails tels que des entrées de tunnel camouflées et des portes anti-explosion récemment installées qui sont cohérents avec les documents du Hamas. Ces documents décrivent également l’utilisation de détecteurs de gaz et de lunettes de vision nocturne, équipements trouvés par les forces israéliennes à l’intérieur des tunnels.

Tamir Hayman, ancien chef des renseignements militaires israéliens, a déclaré que la stratégie de combat du Hamas repose sur des tactiques secrètes et que c’est l’une des principales raisons pour lesquelles ils ont été capables de résister à l’armée israélienne jusqu’à présent.

Le Hamas possède d’autres tunnels qui sont des centres de commandement et de contrôle avancés ou des artères qui relient les usines d’armes souterraines aux installations de stockage et certains tunnels servent également de centres de communication.

Deux guerres: une en surface et une sous terre

Le journal américain a rapporté que l’hiver dernier, les forces israéliennes ont découvert un système de communication souterrain Nokia. Ces systèmes fournissent des tonalités vocales et des données et pourraient servir de switchboard (interface de supervision qui permet de visualiser, gérer, transférer et mettre en attente les appels entrants depuis son PC) pour un réseau de communication souterrain mais les fonctionnalités nécessitent du matériel supplémentaire et on ne sait pas clairement quelles sont les capacités que possède le Hamas.

Les responsables israéliens affirment que le mouvement palestinien détient des prisonniers israéliens sous terre et que chaque tunnel doit donc faire l’objet d’une enquête et être dégagé, disent-ils.

Daphne Richmond Barak, experte en guerre des tunnels à l’Université Reichman en Israël, a déclaré que les tunnels affectent le rythme des opérations: «Vous ne pouvez pas avancer et vous ne pouvez pas sécuriser le terrain. Vous avez affaire à deux guerres: une en surface et une sous terre.»

Un officier des opérations spéciales israéliennes a déclaré que lorsque les soldats s’approchaient des tunnels, le Hamas faisait parfois sauter les plafonds provoquant des effondrements qui bloquaient l’accès à l’intérieur des tunnels. Cela pourrait prendre environ 10 heures à des dizaines de soldats pour détruire une partie des tunnels, affirme un officier supérieur israélien et expert en guerre des tunnels.

L’année dernière, l’armée israélienne a découvert un tunnel de 250 pieds de profondeur soit la hauteur d’un immeuble de 25 étages et l’armée a déclaré qu’il avait fallu des mois pour le détruire. C’est pourquoi, la destruction de l’ensemble du réseau de tunnels du Hamas pourrait prendre des années a admis un responsable militaire israélien.

L’armée israélienne estime que la construction d’un tunnel rudimentaire d’environ 800 mètres de long coûterait au Hamas environ 300 000 dollars et Richmond Barak a déclaré que la lettre de Sinwar mettait en évidence le coût et la complexité de cet effort.

«Les brigades recevront des fonds en fonction de leur importance et de leurs besoins», écrit Sinwar dans la lettre consultée par le NYT et cette lettre pourrait indiquer où le groupe compte se battre le plus durement. Sinwar a autorisé la plus grande somme d’argent pour des portes de tunnel antidéflagrantes dans le nord de Gaza et à Khan Yunis. En fait, certaines des batailles les plus violentes de la guerre ont eu lieu dans ces régions.

Les portes anti-explosion ferment les sections du tunnel les unes aux autres, tout en le protégeant contre les explosions et les brèches. Elles entravent également l’utilisation de drones par l’armée israélienne pour inspecter et cartographier les tunnels. Celle-ci s’est d’ailleurs heurtée à plusieurs reprises à des portes antidéflagrantes lors de fouilles dans les tunnels.

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Palestine : le cas Marwan Barghouti

03. September 2024 um 10:44

Le ‘‘Sunday Times’’, version du week-end du journal britannique ‘‘The Times’’, a publié une enquête préparée par Christina Lamb dans laquelle elle affirme que le sort du dirigeant palestinien détenu dans les geôles israéliennes depuis 22 ans Marwan Barghouti pourrait arrêter la guerre à Gaza. C’est l’un des rares dirigeants du Fatah qui demeure populaire et constitue une figure d’unité ce qui est encore plus rare en Palestine. 

Imed Bahri

Lamb a déclaré que le fils du prisonnier politique le plus célèbre d’Israël que ses partisans appellent le Nelson Mandela palestinien a exprimé les craintes de sa famille quant à la possibilité de tuer le leader du Fatah en représailles à l’opération Déluge d’Al-Aqsa même si le Fatah est un adversaire du Hamas.

Barghouti, 65 ans, est considéré comme l’un des hommes politiques palestiniens les plus célèbres et figure en tête de liste des prisonniers qui pourraient être libérés en échange de la libération de 108 détenus israéliens détenus par le Hamas à Gaza. Lamb dit que Barghouti, qui a été emprisonné il y a vingt ans et condamné à la réclusion à perpétuité après la deuxième Intifada en 2000, a encouragé les puissances occidentales, qui voient en lui le leader palestinien capable d’unir les factions palestiniennes rivales et de résoudre les crises qui engloutissent la Cisjordanie et Gaza aujourd’hui. Un diplomate occidental a commenté : «Il est aujourd’hui le prisonnier politique le plus célèbre au monde» tandis que Julie Norman, professeur de politique internationale et nationale palestinienne à l’University College de Londres (UCL) et auteur d’un livre sur les prisonniers palestiniens a déclaré: «Sa libération va changer les règles du jeu dans la politique palestinienne et le nationalisme palestinien». Cependant, le monde n’a pas vu Barghouti depuis des années. Comme Mandela, il est emprisonné depuis plus de 20 ans.

L’homme qui donne de l’espoir, et pas seulement aux Palestiniens

Arab Barghouti, 33 ans, a déclaré: «Il est toujours l’homme qui donne de l’espoir et  je pense que la plus grande force de mon père est sa capacité à unir les Palestiniens. Il est un symbole d’unité et nous avons soif d’unité, les divisions nous ont fait beaucoup de mal.» Faisant référence à la comparaison entre son père et Mandela, il a ajouté: «L’Occident veut faire de Mandela un homme pacifique dont le but est la paix mais il était prêt à se lancer dans la lutte armée pour obtenir les droits du peuple sud-africain et mon père n’est pas différent de lui.» 

Lamb a rencontré Arab Barghouti dans la ville de Ramallah, considérée comme la capitale de l’Autorité nationale, où l’atmosphère comme partout en Cisjordanie est devenue plus tendue qu’elle ne l’était lorsque son père a été arrêté en 2002. Non seulement les colons ont accru leur violence contre les Palestiniens en Cisjordanie mais les forces israéliennes ont lancé leur plus grande opération militaire depuis 20 ans et des centaines de soldats y ont participé utilisant des chars, des bulldozers, des frappes aériennes, des drones et attaquant des villes et des camps de réfugiés.

Arab a déclaré: «C’est la pire situation que j’ai jamais connue de ma vie et ils veulent réduire [notre présence] et nous enfermer dans des ghettos pour que nous nous sentions sans patrie et pour nous intimider. Le gouvernement israélien profite de la focalisation sur le génocide à Gaza pour faire ce qu’il veut en Cisjordanie.»

Les personnes détenues comme Marwan Barghouti ont été soumises à des mauvais traitements dans la tristement célèbre prison de Megiddo. Arab estime que ce qui arrive aux détenus passe inaperçu et déclare: «Je n’ai jamais vu les autorités pénitentiaires israéliennes aussi folles ou agir de manière aussi inhumaine. De nombreux détenus sortent de prison et on a du mal à les reconnaître. Il y a eu entre 55 et 60 cas documentés de décès de prisonniers depuis le 7 octobre, et nous craignons qu’ils ne tuent mon père. Le chef de la prison est venu après le 7 octobre et lui a demandé de mettre ses mains derrière le dos et de se présenter devant les prisonniers pour qu’il l’humilie en public. Mon père a refusé mais ils l’ont forcé et l’ont blessé à l’épaule.»

Barghouti a été trimballé entre quatre ou cinq prisons où les gardiens de prison l’ont torturé, lui ont infligé la vue des lumières vives et mis un haut-parleur diffusant l’hymne national israélien pendant plusieurs heures de sorte à l’empêcher de dormir. Début mars, les gardes l’ont agressé et frappé au visage et à l’épaule.

Arab estime que l’intervention occidentale est ce qui a sauvé la vie de son père et qu’il était reconnaissant pour l’intervention de nombreux gouvernements occidentaux qui ont fait pression sur les Israéliens en particulier les Américains et les Français qui comprennent son importance en Cisjordanie et qui croient que mon père représente la solution.

Le dirigeant palestinien le plus populaire parmi les siens

Barghouti est en première position dans les sondages d’opinion: «Ce n’est un secret pour personne qu’il est le dirigeant palestinien le plus célèbre et cela a une raison. C’est un homme politique ouvert, qui n’est pas corrompu, qui veut la paix et la prospérité mais pas aux dépens du peuple palestinien», a souligné Arab, en exprimant sa crainte quant à l’état de santé de son père: «Ces jours-ci, il n’est pas en bonne santé, il a perdu du poids à cause du manque de nourriture et il n’a pas reçu de soins pour ses blessures.»

Barghouti a d’abord soutenu les accords d’Oslo en 1993 mais il s’est senti frustré par le manque de progrès, c’est pourquoi il est devenu plus ferme dans ses positions. Les tribunaux israéliens l’ont reconnu coupable de plusieurs chefs d’accusation notamment celui d’avoir envoyé des hommes armés pour tuer des Israéliens et il a été condamné à cinq peines d’emprisonnement à perpétuité. «Ma mère disait que cela prendrait plusieurs années et nous ne nous attendions pas à ce que cela s’étende sur des décennies», dit le jeune homme en colère. Il ajoute: «Quand j’étais jeune, j’ai souffert de ce problème. Pour moi, mon père m’a été retiré à cause du peuple palestinien. Ce n’est que plus tard lorsque j’ai grandi et réalisé à quel point la cause pour laquelle il se sacrifiait était noble, que j’ai ressenti la responsabilité de parler de la campagne lancée par ma mère.»

Arab travaille pour une société informatique qui gère une académie de formation en programmation pour les Palestiniens. Il déclare: «J’ai réalisé que nous devions reformuler l’image de la Palestine et affronter les Israéliens dans le domaine des données. Mon père disait que la résistance ne se limite pas à prendre les armes et à parcourir le pays pour se battre, c’est une question d’éducation.»

Un jour, il verra ses six petits-enfants qu’il ne connaît pas

Le jeune homme a vu son père il y a deux ans. Il raconte: «Ils nous permettaient à peine de le voir, en moyenne une fois tous les deux ans. Ma mère le voyait une fois par an mais elle a été punie en lui interdisant de lui rendre visite pendant quatre ans parce qu’il avait conduit une grève de la faim en 2017 avec 1500 prisonniers. Même lorsqu’ils étaient autorisés à lui rendre visite, la visite ne durait que quelques minutes et ils écoutaient tout.»

Bien qu’Arab n’ait jamais été arrêté, il craint désormais de l’être à tout moment. «Depuis le 7 octobre, beaucoup de mes cousins ​​de notre village de Kobar ont été arrêtés donc cette menace est toujours dans mon esprit», explique-t-il.

Interrogé sur la possibilité d’une troisième Intifada comme certains s’y attendent, il a déclaré: «Je me souviens toujours des paroles de mon père au tribunal: ‘‘Je suis un homme pacifique mais les Israéliens doivent comprendre qu’il n’y aura ni paix ni sécurité pour le peuple israélien tant qu’il y aura une occupation illégale de notre terre’’»

Si Barghouti est libéré, il se présentera pour remplacer le président octogénaire Mahmoud Abbas. Malgré l’arrêt des négociations à Gaza, Arab insiste: «Nous sommes confiants pour sa libération, le moment est venu et nous attendons le jour où il verra ses six petits-enfants qu’il ne connaît pas».

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