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L’historien Rashid Khalidi dénonce la dérive vichyste de l’Université de Columbia

27. März 2025 um 07:03

L’historien américano-palestinien Rashid Khalidi, titulaire de la chaire Edward Saïd d’études arabes modernes à l’Université de Columbia et longtemps chef de son département Moyen-Orient, s’est demandé si le terme université sied encore à Columbia et a dénoncé une dérive vichyste.

Imed Bahri

Ces critiques sont intervenues après que la célèbre université de l’Ivy League ait accepté la mise sous la tutelle fédérale de son département Moyen-Orient ce qui fait qu’elle a perdu de facto son indépendance et que le lobby sioniste a fini par mettre sa main dessus.

L’administration Trump avait menacé Columbia de lui retirer les 400 millions de dollars que lui alloue chaque année l’État fédéral si elle refusait la tutelle sur le département Moyen-Orient.

Dans une tribune publiée dans les colonnes du quotidien britannique The Guardian, Khalidi a souligné que la célèbre université new-yorkaise a toujours été gérée comme un empire financier et non comme une institution éducative et qu’aujourd’hui elle agit comme «Vichy sur l’Hudson» en référence au gouvernement pronazi de Vichy en France pendant la Seconde Guerre mondiale. 

Khalidi a écrit au début de son article: «Il n’a jamais été question d’éradiquer l’antisémitisme. Il a toujours été question de réduire la Palestine au silence. C’est ce à quoi aboutirait la réduction au silence des manifestants étudiants et maintenant celle des professeurs.» Il a ajouté que de beaucoup des étudiants lourdement sanctionnés pour avoir soutenu Gaza et que nombreux membres du corps enseignant qui perdront leur liberté académique et leur droit de diriger l’université et qui risquent d’être expulsés sont eux-mêmes juifs et même pour certains d’entre eux étant Israéliens. Il a également pointé du doigt la partialité des dirigeants de l’université: «S’il s’agissait réellement de discrimination, l’université aurait pris des mesures contre le harcèlement continu des étudiants et des professeurs palestiniens, arabes et musulmans ainsi que de leurs alliés et sympathisants plutôt que de soutenir leur harcèlement et de le permettre».

Justifier les massacres des Palestiniens

Le cœur du problème n’est pas la discrimination mais plutôt la protection des mensonges évidents selon lesquels la guerre israélo-américaine en cours depuis 17 mois et le génocide contre l’ensemble du peuple palestinien n’étaient rien de plus qu’une guerre contre le Hamas ou que tout ce qui s’est passé le 7 octobre 2023 peut justifier les massacres en cours d’au moins 50 000 personnes à Gaza principalement des femmes, des enfants et des personnes âgées ainsi que le nettoyage ethnique dont sont victimes les Palestiniens dans leur patrie.

Ces mensonges, fabriqués par Israël et imprégnés par le système politique et les élites riches ont été répétés sans relâche sous les administrations Biden et Trump et dans des médias comme le New York Times et Fox News et bénéficient désormais de l’approbation officielle d’une université autrefois grande.

Khalidi ajoute que ces mensonges sont enracinés dans un racisme flagrant. Frantz Fanon écrivait que le dualisme du colonisateur atteint parfois «sa conclusion logique, dépouillant l’indigène de son humanité ou le transformant simplement en animal».

En effet, l’ancien ministre israélien de la Défense Yoav Galant a déclaré en octobre 2023 que les Palestiniens étaient des «animaux humains». Benjamin Netanyahu a déclaré à leur sujet: «Je ne les décrirais pas comme des animaux humains car ce serait une insulte aux animaux».

Khalidi soutient que dans le cadre de cette guerre coloniale et à travers ces prismes, la vie des Palestiniens –ainsi que celle des personnes de couleur et des Noirs– devient une masse sans valeur, sans identité, dépouillée d’humanité tandis que la vie des autres se voit conférer sainteté et pathétique.

Un monde cauchemardesque

L’historien souligne la nécessité de s’accrocher à ces faits le plus longtemps possible car dans ce monde cauchemardesque dans lequel nous sommes entrés même faire référence à la race et au racisme est, ou deviendra bientôt, une violation de la lecture déformée actuelle de la loi fédérale américaine.

Une fois que les traîtres qui dirigent l’Université Columbia auront exécuté les ordres de leurs maîtres à Washington et de «son Conseil des régents» et que ces actions se seront propagées à d’autres universités menacées, enseigner ou même simplement citer un texte juridique deviendra risqué tout comme mentionner la race et le racisme sans parler d’autres questions comme le genre et le handicap.

Khalidi estime que les universités américaines se rapprochent d’une situation similaire à celle des universités chiliennes à l’époque de Pinochet où les idées et les livres étaient interdits, les étudiants expulsés et arrêtés, les départements universitaires saisis par les autorités et les professeurs et le personnel licenciés tout cela à la demande d’un gouvernement autoritaire.

Khalidi commente: «Nous ne devrions pas être tristes de ce qu’est devenue l’Université Columbia. Aussi formidable qu’elle ait été, ce qui se passe aujourd’hui n’est pas nouveau».

Avant la vague actuelle d’expulsions et de suspensions, Columbia n’avait expulsé qu’une seule fois un étudiant pour avoir manifesté pacifiquement dans son histoire. C’était en 1936, lorsqu’un étudiant avait été expulsé pour avoir protesté contre le fait de donner une tribune aux Nazis. En 1953, le président de l’université a signé une lettre déclarant que les communistes n’étaient pas qualifiés pour enseigner. Les administrateurs de l’Université de Columbia ont également renvoyé deux membres du corps enseignant pour s’être opposés à la Première Guerre mondiale pour des raisons pacifistes tandis que les étudiants qui refusaient de participer à la guerre pour des raisons de conscience ont été arrêtés et même emprisonnés.

Une longue tradition de répression

L’Université Columbia a longtemps été gérée davantage comme un vaste et riche empire commercial et immobilier que comme un établissement d’enseignement. C’est un endroit où les politiques sont imposées par les administrateurs, les donateurs et les instituts professionnels influents et non par le corps universitaire.

Au printemps 2024, les deux tiers des professeurs du Collège des arts et des sciences ont voté pour destituer la présidente de l’université qui avait cédé à la pression extérieure, abdiqué ses responsabilités et même appelé le département de police de New York sur le campus pour la première fois depuis 1968. Cependant, celle qui lui a succédée l’a dépassée, renforçant la longue tradition de répression de l’université et sa soumission humiliante aux diktats du gouvernement, promue et soutenue avec enthousiasme par des collaborateurs au comportement honteux au sein de l’institution.

Pour Rashid Khalidi, après sa reddition vendredi dernier, Columbia ne mérite guère d’être appelée une université. Son enseignement et ses recherches sur le Moyen-Orient –et bientôt sur d’autres domaines– seront étroitement surveillés par un «vice-président principal pour l’éducation inclusive», qui est en fait un vice-président principal pour la propagande israélienne.

Les partisans d’Israël, irrités par la présence de recherches sur la Palestine à l’Université de Columbia, ont surnommé cette initiative «Birzeit sur l’Hudson» par référence à l’université palestinienne de Birzeit en Cisjordanie. Mais si elle mérite encore d’être appelée une université, elle devrait plutôt s’appeler «Vichy sur l’Hudson» et non «Birzeit sur l’Hudson».

Articles de Rashid Khalidi dans Kapitalis:

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Gaza | Israël reprend son génocide, les États-Unis laissent faire

22. März 2025 um 08:42

Si Trump est sérieux dans sa promesse de campagne d’apporter la paix au Moyen-Orient, il doit commencer par utiliser son influence considérable sur le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour mettre fin au carnage à Gaza mais il semble indifférent et laisse faire la machine de guerre israélienne. 

Imed Bahri

Chassez le naturel, il revient au galop. À peine deux mois après le très précaire cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, l’État hébreu s’est dérobé de ses engagements dans les négociations et a repris son génocide avec sa soif de sang habituelle faisant des centaines de morts à Gaza chaque jour depuis mardi.

Vendredi 21 mars 2025, le ministre israélien de la Défense Israël Katz a déclaré: «J’ai donné l’ordre à Tsahal de prendre davantage de territoire à Gaza. Plus le Hamas continuera à refuser de libérer les otages, plus il perdra de territoire qui sera annexé à Israël». Il a également agité la menace de l’occupation permanente. Beaucoup en appellent à l’administration Trump, tel le comité éditorial du Financial Times (FT), qui a appelé à la restauration du cessez-le-feu à Gaza, soulignant que le président américain Donald Trump est le seul dirigeant à avoir un pouvoir de pression sur le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et l’appelant à agir dans ce sens. 

Le journal a rappelé tout d’abord que les Gazaouis avaient bénéficié de deux mois de répit après les frappes aériennes et les bombardements israéliens qui avaient transformé la bande de Gaza en un champ de ruines et avaient commencé à recoller les morceaux de leur vie brisée. De leur part, les familles des Israéliens encore détenus par le Hamas dans la bande de Gaza s’accrochaient à l’espoir de les revoir et de les libérer.

Israël cherche à modifier les termes de l’accord

Cependant, Netanyahu a dissipé toute illusion que la paix serait enfin rétablie après 17 mois de conflit brutal. Mardi, l’armée a ordonné la reprise de ses bombardements sur Gaza où ses raids ont tué plus de 500 personnes pour cette seule journée, selon le ministère de la Santé de Gaza, ce qui en fait l’une des journées les plus sanglantes de la guerre d’Israël à Gaza avec un bilan total approchant les 50 000 morts.

Netanyahu a accusé le Hamas d’avoir repris les combats en refusant de libérer les détenus sauf que c’est Israël qui a cherché à modifier les termes de l’accord. Le FT estime, pour sa part, que rien ne justifiait la décision de Netanyahu de reprendre la guerre et de mettre en danger la vie des détenus restants et appelle à un cessez-le-feu immédiat forçant les parties belligérantes à faire des concessions qui mettraient fin aux massacres et garantiraient la libération des 59 détenus avant qu’il ne soit trop tard pour ceux qui restent en vie.

Le FT affirme que Trump est le seul dirigeant ayant une influence sur Netanyahu et qui peut faire pression sur le Premier ministre israélien. L’équipe Trump a contribué à négocier l’accord de cessez-le-feu conclu en janvier et en a revendiqué la paternité sauf que depuis, le président américain a dévoilé un plan dangereux visant à vider Gaza des Palestiniens et a proféré des menaces agressives contre le Hamas, reprises par Netanyahu.

Lorsque Israël a interrompu toutes les livraisons d’aide à Gaza et coupé les dernières lignes électriques ce mois-ci pour faire pression sur le Hamas afin qu’il accepte un accord de cessez-le-feu révisé, l’administration Trump est restée silencieuse. Lorsque Israël a repris son attaque contre Gaza, la Maison-Blanche et Trump lui-même ont soutenu l’attaque et se sont joints à Israël pour accuser le Hamas.

Le Mouvement de résistance islamique, qui a tiré des roquettes sur Israël pour la première fois depuis plusieurs mois, s’était engagé à respecter les termes de l’accord de cessez-le-feu. Dans la première phase, 38 détenus ont été libérés en échange de la libération par Israël de plus de 1 500 prisonniers palestiniens. La deuxième phase prévue pour débuter début janvier a constitué l’épreuve la plus difficile. Les deux parties étaient censées accepter un cessez-le-feu permanent et un retrait total des forces israéliennes de la bande de Gaza en échange de la libération des détenus restants. Cependant, Netanyahu a refusé à plusieurs reprises de mettre définitivement fin à la guerre ou de retirer ses troupes. Il n’a jamais engagé de discussions sérieuses sur une deuxième phase.

Netanyahu rattrapé par ses scandales

Au lieu de cela, avec le soutien des États-Unis, Israël a exigé que le Hamas libère la moitié des détenus restants en une seule fois plutôt que de les libérer comme convenu en échange d’une prolongation de la trêve. Comme prévu, le Hamas a rejeté la proposition.

Au lieu de coopérer avec les médiateurs, Netanyahu, sous la pression des partenaires de sa coalition et plus que jamais rattrapé par ses scandales, s’accroche au pouvoir et pour y parvenir a de nouveau déclenché la guerre. Ses détracteurs l’accusent de faire passer ses intérêts avant ceux des Israéliens. Les bombardements et les nouvelles effusions de sang ne feront en effet que mettre en danger la vie des détenus et n’accéléreront pas leur libération. C’est ce que l’accord de cessez-le-feu aurait pu accomplir.

Comme l’ont dit les familles des détenus, Netanyahu aurait dû se battre dans la salle de négociation, et non pousser Israël vers une guerre sans fin. Le FT insiste sur le fait que si Trump est sérieux dans sa promesse de campagne d’apporter la paix au Moyen-Orient, il doit commencer par utiliser son influence considérable pour mettre fin au carnage à Gaza mais il semble indifférent et laisse faire la machine de guerre israélienne. 

Quant au Hamas, il a dénoncé vendredi le soutien américain aux nouveaux bombardements israéliens sur Gaza accusant Washington d’être un partenaire dans cette agression. Le conseiller à la sécurité nationale américain Michael Waltz a déclaré hier que «le Hamas avait choisi la guerre plutôt que de libérer les otages et qu’Israël avait parfaitement le droit de défendre son peuple contre ce qu’il a appelé les terroristes du Hamas.»

En réponse à ces déclarations qualifiées de biaisées, le Hamas a déclaré dans un communiqué que «parler du droit d’Israël à se défendre est une déformation de la réalité. L’occupant n’a pas le droit de défendre son occupation car il est l’agresseur».

Le Hamas considère que les déclarations de Washington révèlent une fois de plus sa complicité dans l’agression contre le peuple palestinien et dans les crimes perpétrés par Israël. 

Le mouvement palestinien a poursuivi en affirmant qu’il est fallacieux de prétendre qu’il avait préféré la guerre à la libération des détenus. Il estime que ceci constitue une déformation des faits et que toute tentative de déformation des faits ne parviendrait pas à exonérer l’armée d’occupation de ses crimes ni à fournir aux États-Unis une couverture morale pour son soutien à Israël.

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L’Occident s’acharne sur les Palestiniens, par Israël interposé

19. März 2025 um 08:17

Nous avons de plus en plus l’impression que les gouvernements occidentaux s’acharnent sur les Palestiniens, par Israël interposé, pour rappeler aux peuples du Sud global la puissance de feu de leurs armes. Le conflit meurtrier entre Israéliens et Palestiniens est aussi un conflit symbolique entre l’Occident et Sud global.

Lahouari Addi *

Comment définir Benjamin Netanyahu? C’est la ruse au service de la cruauté et de la méchanceté. Il signe des accords tout en sachant qu’il les rompra à tout moment. Cet homme a été au-delà du machiavélisme à qui il a donné la plus inhumaine et la plus barbare des significations.

Le Premier ministre israélien piétine le droit international avec arrogance et prétend combattre le Mal alors qu’il est le Mal incarné. Il est insensible à la douleur de mères dont les enfants sont tués par les bombes des avions bourrés de technologie. Il dira: mais les Palestiniens aussi tuent des Israéliens. Mais dès lors que les Palestiniens reconnaissent l’existence d’Israël, y compris le Hamas qui a changé sa charte à cet effet en 2017, pourquoi alors cette guerre?

Terroriser les Palestiniens

L’homme n’est pas un ange, qu’il soit Israélien ou Palestinien, et il y a toujours eu et il y aura toujours des guerres. Mais les guerres prennent fin quand les protagonistes se reconnaissent. Dans ce cas, les Palestiniens reconnaissent Israël installé sur une grande partie de leur terre, mais Israël ne reconnait pas aux Palestiniens le droit d’avoir un Etat sur une petite partie de leur territoire historique.

Par ailleurs, après les horreurs de la Seconde Guerre Mondiale, le droit a essayé de «civiliser» la guerre, de la maintenir dans les limites de «œil pour œil, dent pour dent». Mais avec Netanyahu, la guerre n’a pas de limites. Elle ne vise pas que les combattants, elle tue aussi femmes, enfants, vieillards sans distinction et en masse.

Netanyahu affirme qu’il fait la guerre au Hamas et non aux Palestiniens, bien que les faits contredisent son discours puisque les bébés et les enfants sont aussi victimes par milliers de ses agressions. Mais comme tout leader colonial, il nie le sentiment nationaliste du colonisé palestinien qui se reconnaît dans le Hamas.

C’est un fait attesté par les observateurs sur le terrain que le Hamas est populaire à Gaza et en Cisjordanie. Toute la stratégie de l’armée israélienne à Gaza a été de terroriser les Gazaouis afin de les pousser à se détacher du Hamas et à dénoncer ses militants qui vivent parmi eux. Mais peine perdue. Cette stratégie a échoué lors de la guerre d’Algérie et aussi la guerre du Vietnam.

Un ancien chef d’état-major israélien a dit publiquement que le Hamas n’est pas un mouvement terroriste ; c’est un mouvement idéologique qui utilise la violence qui, par définition, est terroriste.

Colonisé contre colonisateur

Le rapport entre le colonisé et le colonisateur est marqué par la haine qui mène à des évènements tragiques s’inscrivant dans un enchaînement de causes. C’est pourquoi, aussi dramatiques que soient les attaques du 7 octobre 2023, elles ne sont pas la cause du conflit comme le dit la propagande israélienne relayée par les médias de droite occidentaux. Expliquer l’attaque du 7 octobre, c’est la situer dans son contexte historique afin de donner des chances à la paix.

Il appartient aux Israéliens de changer de politique vis-à-vis des Palestiniens qu’ils oppriment s’ils ne veulent pas que d’autres attaques similaires à celle du 7 octobre ne se reproduisent. Et c’est pourquoi, face à l’inhumanité de Netanyahu, seul un embargo total d’Israël mettra fin à cette guerre centenaire.

Ce qui manque cruellement aux Israéliens, c’est un leader qui leur dise que la puissance américaine à la faveur de laquelle ils tuent par milliers les Palestiniens n’est pas éternelle.

Car, en effet, Netanyahu n’est rien sans l’appui que lui accordent les gouvernements occidentaux. Nous avons l’impression que les gouvernements occidentaux s’acharnent sur les Palestiniens, par Israël interposé, pour rappeler aux peuples du Sud global la puissance de feu de leurs armes. Le conflit meurtrier entre Israéliens et Palestiniens est aussi un conflit symbolique entre l’Occident et Sud global.

* Professeur à l’Institut des études politiques de l’Université de Lyon.

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L’affaire du Palestinien Mahmoud Khalil secoue les États-Unis

14. März 2025 um 07:57

La décision d’expulser le citoyen palestinien Mahmoud Khalil des États-Unis par l’administration Trump soulève un énorme tollé car à travers l’arbitraire auquel est confronté le jeune homme, c’est la liberté d’expression garantie par le Premier amendement de la Constitution américaine qui est menacé. Il est illégal d’expulser une personne en situation régulière, détentrice de la fameuse green card (carte verte), qui plus est, sans avoir commis aucun crime. L’administration Trump accuse le Palestinien de faire l’apologie du Hamas mais n’a fourni jusque-là aucune preuve. 

Imed Bahri

Le Washington Post a consacré son éditorial au cas du Palestinien Mahmoud Khalil qui constitue un précédent grave menaçant le Premier amendement de la Constitution américaine qui garantit la liberté d’expression. Puisque Trump veut expulser le jeune homme résidant légalement aux États-Unis en raison de ses positions. 

Mahmoud Khalil, titulaire d’une green card et étudiant soutenant la cause palestinienne a été arrêté samedi par les services de l’immigration et des douanes pour des déclarations qu’il a faites et non pour quelque acte criminel. «Si Donald Trump parvient à l’expulser, comme il le souhaite, le risque est que les résidents légaux et peut-être les citoyens américains soient punis pour avoir exercé leurs libertés garanties par le Premier amendement», écrit le comité éditorial du WP

Khalil, un Palestinien de 30 ans qui a grandi en Syrie, est arrivé aux États-Unis avec un visa étudiant en 2022 pour poursuivre un master en administration publique à l’Université de Columbia à New York. Il est devenu un leader important du mouvement pro-palestinien et anti-guerre sur le campus provoquant la colère des militants pro-israéliens dont certains ont appelé à son expulsion la semaine dernière.

Première d’une longue série d’arrestations à venir

Lundi, Trump, qui a fait campagne contre les manifestations universitaires comme celles qui ont secoué l’Université de Columbia au printemps dernier, s’est vanté de l’arrestation de Khalil avertissant sur Truth Social que c’est la première d’une longue série d’arrestations à venir.

Le journal américain a ajouté que Khalil n’a été accusé d’aucun crime et qu’il n’existe aucune preuve suggérant qu’il soit lié au terrorisme cependant il se trouve dans une cellule de prison parce que le secrétaire d’État Marco Rubio, selon les documents judiciaires, a estimé que «la présence de Khalil sur le sol américain aurait de graves répercussions sur la politique étrangère des États-Unis». Rubio n’a pas révélé comment il avait pris cette décision ni précisé la nature de la menace que Khalil représentait s’il restait aux États-Unis. 

Interrogé mercredi, Rubio n’a accusé Khalil d’aucun crime précis mais a éludé la question du Premier Amendement en déclarant: «Cela n’a rien à voir avec la liberté d’expression». Il a ensuite décrit la nature des manifestations organisées par Khalil que le tribunal a pourtant considérées comme des formes d’expression protégées: «Vous payez tout cet argent pour des frais de scolarité universitaires pour des études qui sont censées être prestigieuses mais vous ne pouvez pas aller en cours et vous avez peur d’y aller parce que ces fous se promènent avec le visage couvert et crient des choses horribles. Si vous nous aviez dit que vous aviez l’intention de faire cela à votre arrivée en Amérique, nous vous aurions arrêté et si vous aviez fait cela en entrant, nous vous aurions expulsé».

La veille, la porte-parole de la Maison Blanche, Caroline Levitt avait déclaré que Khalil avait relayé de la «propagande pro-Hamas» lors de rassemblements et distribué des «tracts portant le logo du Hamas» bien qu’elle n’ait fourni aucun document pour étayer ces dires.

Avant d’achever ses études en décembre, l’Université de Columbia a sanctionné Khalil pour sa potentielle participation à un «rassemblement non autorisé» célébrant l’opération Déluge d’Al-Aqsa du 7 octobre 2023 menée par le Hamas. Ses détracteurs affirment que ses publications sur les réseaux sociaux concernant le sionisme sont antisémites. Cependant, ses soutiens rejettent cette accusation affirmant qu’il défend les droits humains des Palestiniens.

À l’intérieur du trou noir

L’éditorial du WP  note: «Quelle que soit la description de ce qu’il a dit, cela reste un discours mais rien dans ce cas ne semble normal. Khalil a été emmené dans un centre d’immigration du New Jersey puis rapidement transporté à 1 300 miles jusqu’au centre de détention de LaSalle près de Jena en Louisiane, un établissement qui a une très mauvaise réputation répertorié par l’American Civil Liberties Union dans une enquête de 2024 sur le système de détention des immigrants intitulée Inside the Black Hole (À l’intérieur du trou noir, Ndlr)». 

Les autorités de l’immigration peuvent y transférer des détenus mais elles n’ont pas expliqué la décision de l’éloigner de sa famille et de son avocat. Lors d’une audience de procédure à New York mercredi, un juge a décidé que les autorités pouvaient le garder en Louisiane. L’un des avocats de Khalil a déclaré qu’ils n’avaient pas pu joindre leur client depuis son arrestation.

Le journal américain note que si le gouvernement poursuit la procédure judiciaire et que l’équipe juridique dépose un appel, l’affaire sera portée devant la Cour d’appel des États-Unis pour la cinquième circonscription située dans la Nouvelle-Orléans, une cour pro-Trump que les défenseurs de l’immigration ont surnommée le «pipeline anti-immigration». Si c’était à New York, l’appel aurait lieu devant la Cour d’appel pour la deuxième circonscription réputée plus libérale.

Malgré le tollé médiatique entourant l’affaire, le gouvernement est resté vague sur ses détails. Bien que les procédures d’immigration ne soient pas publiques comme les affaires civiles ou pénales, l’administration Trump prévoit d’utiliser Khalil comme modèle pour les futures expulsions.

Le comité éditorial du WP estime que public a le droit de savoir ce que prévoit l’administration et si le secrétaire d’État peut expulser un résident légal simplement parce qu’il n’apprécie pas son opinion sur un sujet déterminé? Et qui sera le prochain à perdre ses droits qui sont normalement garantis par le Premier amendement?

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