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Heute — 26. November 2025Haupt-Feeds

Banque mondiale : renforcer les filets sociaux peut soutenir la reprise économique de la Tunisie

26. November 2025 um 14:00

L’économie tunisienne montre des signes de reprise, soutenue par une production agricole plus robuste, un regain d’activité dans le secteur de la construction, et une amélioration du tourisme. C’est ce qu’il ressort de la dernière note économique de la Banque mondiale intitulée « Renforcer les filets de sécurité sociale pour plus d’efficacité et d’équité ».

Le PIB réel a progressé de 2,4 % au cours des neuf premiers mois de 2025. Et ce, après des années de croissance modérée et les effets persistants de la crise de COVID-19. La croissance devrait atteindre 2,6 % en 2025 et se stabiliser autour de 2,4 % en 2026-2027. C’est encore ce qu’on peut lire dans le rapport de la BM sur les filets sociaux.

Si des conditions météorologiques favorables et un regain d’activité dans les secteurs clés devraient soutenir la reprise, des contraintes structurelles— notamment des financements extérieurs limités, une croissance de la productivité atone et un niveau d’investissement insuffisant— continuent de peser sur les perspectives à moyen terme.

Poursuite de la baisse de l’inflation

S’agissant des autres indicateurs macroéconomiques, l’inflation a poursuivi sa baisse pour le septième mois consécutif. Elle atteint 4,9 % en octobre, après un pic de 10,4 % en février 2023. Cette baisse est principalement liée au recul des prix mondiaux de l’énergie et des céréales, l’inflation alimentaire s’étant repliée à 5,6 %. Le déficit du compte courant s’est accentué pour atteindre 2 % du PIB au premier semestre, sous l’effet d’une hausse des importations et d’exportations stagnantes.

Toutefois, la solidité des recettes touristiques et des transferts des Tunisiens résidents à l’étranger auront contribué à atténuer les pressions extérieures. Les investissements directs étrangers ont augmenté de 41 % au cours des sept premiers mois. Ils sont tirés par les projets dans les énergies renouvelables. Soutenant ainsi la stabilité extérieure; malgré un accès limité aux marchés internationaux.

Réduction du déficit public

Sur le plan budgétaire, le déficit public s’est réduit à 6,3 % du PIB en 2024. Tandis que la dette publique s’établit autour de 84,5 % du PIB.

Le chapitre spécial du rapport examine le système tunisien de protection sociale, en mettant l’accent sur les programmes d’assistance sociale.

L’analyse montre que le programme de transferts monétaires AMEN a joué un rôle central dans la réduction de la pauvreté et des inégalités. Sa couverture ayant triplé au cours de la dernière décennie pour atteindre environ 10 % de la population.

 

Lire aussi: 81 % Tunisiens disposent d’une couverture maladie, mais…

 

Le rapport suggère de poursuivre les efforts pour améliorer le ciblage et l’équité, tout en développant davantage les outils numériques. En outre, il souligne l’importance de renforcer l’inclusion économique et d’étendre progressivement l’assurance aux travailleurs informels, afin de tendre vers un système plus efficace et équitable.

« La Tunisie a réalisé d’importants progrès en matière de couverture en faveur des plus pauvres », souligne Alexandre Arrobbio, le représentant-résident de la Banque mondiale pour la Tunisie. « Conformément à l’accent que notre partenariat avec la Tunisie met sur le capital humain et la résilience, améliorer l’efficacité et l’équité des filets de protection sociale pourrait réduire les inégalités et stimuler l’inclusion économique des ménages vulnérables ».

Continuer de préserver la stabilité macroéconomique et de renforcer la viabilité budgétaire, tout en étendant une protection sociale bien ciblée, sera essentiel pour assurer une prospérité partagée à l’ensemble de la population tunisienne. Il est tout aussi crucial de poursuivre les initiatives visant à améliorer la performance des entreprises publiques et à améliorer la concurrence et le climat d’investissement.

Avec communiqué

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Au-delà des sommets, l’Afrique en quête d’un rôle au XXIe siècle

26. November 2025 um 08:08

Trois ans après le précédent sommet entre l’Union européenne et l’Union africaine (organisé en février 2022 à Bruxelles), les dirigeants des États membres des deux organisations régionales se sont réunis en Angola (les 24 et 25 novembre), célébrant ainsi le 25ème anniversaire de leur partenariat.

Si les Européens se trouvent plongés dans un profond questionnement existentiel au regard du nouvel ordre mondial émergeant (dans lequel leur propre sécurité n’est plus garantie), le continent africain semble encore y chercher sa place. La reconfiguration des équilibres mondiaux questionne la place de l’Afrique dans la compétition internationale. 

La superficie de l’Afrique (plus de 30 millions de km², soit plus que la taille cumulée de la Chine, des Etats-Unis, de l’Inde et d’une partie de l’Europe) et son poids démographique (près de 1,5 milliard d’habitants, soit environ 20 % de la population mondiale) contrastent avec sa faible puissance politico-diplomatique et économique. Après une longue période coloniale, les indépendances nationales n’ont pas permis de rendre véritablement audible la voix des nouveaux Etats africains.

Sur le plan géopolitique, à défaut d’intégration continentale politique et économique, il est difficile de considérer l’Afrique comme une unité ou actrice globale, un « continent-puissance », des relations internationales parlant d’une seule voix. Les 54 Etats africains sont relativement marginaux sur la scène internationale (aucun n’est membre du Conseil de sécurité de l’ONU et seule l’Afrique du Sud fait partie du G20 et des BRICS) comme dans l’économie mondiale (même si certains d’entre eux occupent une position non négligeable dans des secteurs stratégiques comme les hydrocarbures : Algérie, Libye, Nigéria, etc.).

De même, les puissances africaines sont limitées dans leur influence régionale par de profondes faiblesses intérieures, qui exposent à l’influence de puissances non africaines.

Le continent est souvent considéré comme un simple objet du jeu de puissances, qui visent le contrôle de points géostratégiques et de ressources naturelles. Une politique de puissance qui se traduit par une répartition des zones d’influence étrangères sur le continent et par la multiplication des sommets du type Chine-Afrique, Turquie-Afrique ou Afrique-France.

Cela n’exclut cependant jamais une marge d’autonomie des acteurs politiques africains et une importante variété de leurs interactions avec ces puissances.

Sur le plan géoéconomique, l’Afrique est le continent le moins développé au monde et ne représente qu’environ 3 % du PIB mondial. Avec l’échec des projets de développement post-indépendance, l’Afrique compte trente-deux des quarante-six pays les moins avancés (PMA), tels que définis par les Nations unies. Et les données du développement y sont, quels que soient les indicateurs, les plus faibles du monde. La pauvreté est d’autant plus mal acceptée par les sociétés que celles-ci sont de plus en plus inégalitaires.

Un retard de développement socio-économique accru dans les pays d’Afrique subsaharienne et dont les causes sont liées : au poids de l’héritage colonial (avec des cadres étatiques et institutionnels relativement fragiles); à des défaillances de la gouvernance publique (avec en particulier le fléau de la corruption au sein de l’appareil politique et administratif); des infrastructures insuffisantes ou défaillantes; des situations politiques instables; des foyers de tensions et de conflits (intra-étatiques ou interétatiques) persistants ou récurrents (au Sahel, en Afrique centrale, dans la Corne de l’Afrique); des ressources naturelles (à l’origine d’industries extractives) exportées sans transformation et donc avec une faible plus-value; des richesses inégalement réparties et captées par une oligarchie (sur fond de corruption endémique); une transition démographique inachevée; l’impact du réchauffement climatique (alors que le continent contribue de façon marginale aux émissions de gaz à effet de serre), etc.

Les pays africains demeurent globalement, soixante ans après les indépendances, tributaires de l’exportation de matières premières brutes et sont très vulnérables aux variations de leurs prix.

Une réalité structurelle qui n’empêche pas les Etats africains de faire montre de leur volonté d’autonomie vis-à-vis des anciennes puissances coloniales et de rompre ainsi avec l’hégémonie occidentale.

Dès lors, face aux partenariats alternatifs (sur les plans militaires et économiques) qu’offrent la Chine et la Russie (mais aussi des puissances régionales comme la Turquie, l’Inde et le Brésil), la question est de savoir si le continent sera un simple terrain des rivalités entre les puissances ou s’il va s’affirmer comme un acteur majeur du monde multipolaire.

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Forex et Tunisie : entre glissement du dollar, prudence européenne et respiration du dinar

26. November 2025 um 06:00

Les marchés des devises s’ouvrent cette semaine dans un climat marqué par la retenue. Une prudence élevée et une forte sensibilité aux signaux de politique monétaire. Le mouvement récent de la paire EUR/USD, revenue à proximité du seuil symbolique de 1,1500 après deux séances de recul, illustre un marché en transition. Lequel hésite entre la fermeté prudente de la Banque centrale européenne et la possibilité d’un assouplissement plus rapide de la Réserve fédérale américaine.

Durant les échanges asiatiques, l’EUR/USD s’est stabilisé autour de 1,1510, prolongeant une dynamique négative, mais dépourvue de panique. L’euro glisse légèrement, mais ne décroche pas : c’est la posture mesurée de la BCE qui en constitue le principal amortisseur. Les membres du Conseil des gouverneurs maintiennent un discours prudent, évoquant un statu quo prolongé des taux directeurs probablement jusqu’à fin 2026. Et ce, à mesure que l’inflation converge progressivement vers l’objectif de 2 %. Les données d’activité de novembre, en léger retrait mais conformes aux attentes, confortent cette stratégie de stabilité monétaire.

Christine Lagarde a rappelé, dans ses dernières interventions, que la BCE ne relâchera pas sa vigilance. Ainsi, toute dérive, même marginale, de l’inflation pourrait entraîner une adaptation des taux. Gabriel Makhlouf, gouverneur irlandais et membre influent du Conseil, insiste pour sa part sur la pertinence du taux actuel. Tout en écartant tout ajustement tant qu’aucune rupture macroéconomique n’apparaît. Cette stratégie permet à l’euro d’éviter un décrochage plus marqué, dans un environnement international encore incertain.

 

Gabriel Makhlouf, gouverneur irlandais et membre influent du Conseil, insiste pour sa part sur la pertinence du taux actuel. Tout en écartant tout ajustement tant qu’aucune rupture macroéconomique n’apparaît.

 

Face à cette prudence européenne, le dollar américain poursuit un mouvement opposé. Le billet vert s’affaiblit, plombé par une révision soudaine des anticipations sur la politique de la Fed. Les marchés intègrent désormais une probabilité de 69 % d’une baisse des taux dès la réunion de décembre, contre 44 % il y a seulement une semaine, selon les données du CME FedWatch. Ce retournement d’humeur traduit la montée d’un optimisme prudent quant à la capacité de la Fed à accompagner le ralentissement de l’inflation américaine. L’effet immédiat est une perte d’altitude du dollar, offrant à l’euro une fenêtre d’appréciation malgré sa phase de consolidation.

La parité EUR/USD navigue ainsi dans une zone charnière où s’articulent stratégies monétaires, signaux économiques et seuils techniques. Le niveau de 1,1500 agit comme un pivot psychologique majeur. Les investisseurs évoluent dans une période où les politiques monétaires se redéfinissent, et où chaque donnée d’inflation, chaque mot prononcé par Lagarde ou Powell, peut redessiner la courbe du Forex.

 

Le niveau de 1,1500 agit comme un pivot psychologique majeur. Les investisseurs évoluent dans une période où les politiques monétaires se redéfinissent, et où chaque donnée d’inflation, chaque mot prononcé par Lagarde ou Powell, peut redessiner la courbe du Forex.

 

Tunisie : un dollar en reflux, une respiration pour un dinar sous tension permanente

La dérive tendancielle du dollar n’est pas un phénomène lointain pour la Tunisie. Bien au contraire : elle produit des effets directs et immédiats sur la trajectoire du dinar, sur les équilibres macroéconomiques et sur les coûts supportés par l’État comme par les entreprises.

Une part considérable des transactions extérieures tunisiennes – hydrocarbures, matières premières industrielles, produits alimentaires stratégiques, fret international, technologies – est libellée en dollar. Lorsque le billet vert s’affaiblit, l’effet est quasi mécanique : la facture énergétique diminue, le coût des importations essentielles se contracte et la pression sur l’inflation importée s’allège. Dans une économie où plus de la moitié de l’inflation découle du renchérissement des importations, cette dépréciation du dollar constitue une véritable bouffée d’oxygène.

 

Une part considérable des transactions extérieures tunisiennes – hydrocarbures, matières premières industrielles, produits alimentaires stratégiques, fret international, technologies – est libellée en dollar. Lorsque le billet vert s’affaiblit, l’effet est quasi mécanique : la facture énergétique diminue, le coût des importations essentielles se contracte et la pression sur l’inflation importée s’allège.

 

À cela s’ajoute la dynamique de l’euro. Une légère appréciation de la monnaie européenne face au dollar se traduit par une détente du taux EUR/TND. Pour la Tunisie, reliée commercialement, touristiquement et financièrement à l’Union européenne, cette évolution est favorable : elle améliore la valeur des recettes touristiques et des transferts des Tunisiens à l’étranger, souvent libellés en euro. Elle agit également comme un stabilisateur sur les importations provenant de la zone euro, premier fournisseur du pays.

Un répit conjoncturel, mais aucun changement structurel

Pour autant, il serait illusoire d’y voir une amélioration durable de la situation du dinar. Si l’affaiblissement du dollar procure un soulagement, il ne corrige en rien les déterminants fondamentaux de la fragilité monétaire tunisienne : déficit commercial structurel; dépendance énergétique; faiblesse chronique du taux d’épargne; besoins massifs de financement extérieur; inflation persistante; et croissance insuffisante pour régénérer les réserves de change.

La Banque centrale de Tunisie (BCT), contrainte par un environnement interne dégradé, ne peut capitaliser pleinement sur la faiblesse du billet vert. Elle reste enfermée dans une stratégie de défense graduelle du dinar, sans marge de manœuvre pour assouplir la politique monétaire ou relancer le crédit. En conséquence, la détente du dollar constitue un facteur conjoncturel de stabilisation, non un levier de valorisation durable.

 

La Banque centrale de Tunisie (BCT), contrainte par un environnement interne dégradé, ne peut capitaliser pleinement sur la faiblesse du billet vert. Elle reste enfermée dans une stratégie de défense graduelle du dinar, sans marge de manœuvre pour assouplir la politique monétaire ou relancer le crédit.

 

Une fenêtre stratégique pour atténuer les vulnérabilités

L’environnement monétaire international actuel ouvre toutefois une fenêtre d’opportunité : réduire temporairement la pression sur les importations stratégiques, lisser le profil de remboursement de certaines dettes en devises et contenir la transmission inflationniste. À condition que ces marges de respiration soient exploitées pour renforcer la balance extérieure, améliorer la gestion des subventions énergétiques, relancer l’exportation et accélérer les réformes structurelles.

La Tunisie évolue dans un système où les variables externes– Fed, BCE, marchés des matières premières– influencent directement sa trajectoire macroéconomique. La dérive tendancielle du dollar en est un exemple. Reste maintenant à transformer cette respiration passagère en une dynamique plus durable. Ce qui suppose une stratégie cohérente de réformes, d’intégration commerciale et de renforcement de la productivité. 

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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Gestern — 25. November 2025Haupt-Feeds

Sondage sur les Musulmans de France : les frontières poreuses entre religiosité et radicalisme

25. November 2025 um 12:34

Un sondage réalisé par l’Ifop montre pour l’essentiel que contrairement à leurs aînés, les jeunes musulmans de France sont très nettement attirés par les formes les plus rigoristes de leur religion. Un constat vigoureusement contesté par le recteur de la grande Mosquée de Paris.

 

Faut-il prendre au sérieux les sondages en matière religieuse? Sachant que de manière générale, les croyants éprouvent une certaine pudeur à livrer à autrui ce qu’il y a de plus intime dans leur relation avec le Créateur.

Dans son ouvrage prophétique, « Le Choc des Civilisations », paru il y a presque 30 ans, Samuel Huntington évoqua une « Résurgence de l’islam » dans le monde arabo-musulman qui se propagera comme un feu de paille en Occident. Allant même jusqu’à comparer cette lame de fond à celle de la Révolution française, matrice des Lumières en Europe et au delà.

L’Histoire est-elle en train de confirmer les prédictions du penseur américain? Ce qui est certain, c’est qu’en espace de quatre décennies, l’Islam a gagné une place prépondérante au sein de la société française, devenant ainsi la deuxième religion en France derrière le catholicisme. C’est ce que révèlent les résultats de la récente enquête effectuée par l’Ifop.

L’islam, deuxième religion de France

Ainsi, entre 1985 et 2025, la proportion de musulmans au sein de la population française adulte est passée de 0,5 % à 7 %. Faisant de l’islam la deuxième religion de France après le catholicisme (43 %), mais devant le protestantisme (4 %). Cette croissance régulière s’inscrit dans un contexte plus large de recomposition du paysage religieux marqué par le recul du catholicisme et la montée des « sans religion » (37,5 %).

Force donc est de constater que les résultats de cette étude ne vont pas dans le sens des chantres du « Grand remplacement » qui assènent depuis des années l’idée erronée d’une présence massive des musulmans en France au point que les Français en viennent à croire qu’ils représentent 31 % de la population française.

Forte religiosité

L’enquête réalisée auprès de plus de 1 000 personnes de confession musulmane, révèle également que cette proportion croissante des fidèles musulmans en France va de pair avec une forte religiosité. C’est-à-dire une pratique régulière du culte par ses membres. 80 % des musulmans vivant dans l’Hexagone se déclarent religieux; contre 48 % des habitants se réclamant d’une autre religion. En sus, près des deux-tiers des fidèles à l’Islam affirment prier tous les jours; contre une moyenne de 18 % pour les adeptes des autres religions. Entre 1989 et 2025, le taux de fréquentation des mosquées a plus que doublé, passant de 16 % à 35 %.

Radicalité  croissante

Mais, là où le bât blesse, c’est que cette étude intitulée « État des lieux du rapport à l’Islam et à l’islamisme des musulmans de France : entre réislamisation et tentation islamiste », met en lumière un rigorisme croissant, notamment chez les jeunes musulmans. De même qu’elle démontre que la nouvelle génération est plus radicale que les précédentes.

Ainsi, les données révèlent une intensification des pratiques religieuses, un durcissement des positions sur les questions de mixité et une sympathie croissante pour les courants radicaux de l’islam politique. Au point que près d’un musulman sur deux (46 %) estime que la loi islamique doit être appliquée dans les pays où ils vivent, dont 15 % « intégralement quel que soit le pays dans lequel on vit » et 31 % « en partie » en l’adaptant aux règles du pays où on vit.

Pis : selon cette étude, un musulman sur trois (33 %) affiche de la sympathie pour au moins une mouvance islamiste, dont 24 % pour les Frères musulmans, 9 % pour le salafisme, 8 % pour le wahhabisme, 8 % pour le Tabligh, 6 % pour le Takfir et 3 % pour le djihadisme.

Toujours selon la même source, ce phénomène de radicalité se traduit dans la vie quotidienne des jeunes musulmans de France par une primauté des pratiques prescrites par la religion sur celles de la société. Ainsi, le jeûne quotidien pendant le mois saint du Ramadan est aujourd’hui observé par 73 % des fidèles, contre 60 % en 1989. 79 % des musulmans en France s’abstiennent de consommer de l’alcool. Ils étaient moins de 65 % en 1989.

Le voile, signe religieux ou identitaire ?

Dans ce registre, notons une plus forte radicalité chez les femmes que chez les hommes. Même si le port du voile reste une pratique à la fois minoritaire et irrégulière chez l’ensemble des musulmanes; il se banalise de plus en plus chez les jeunes. Ainsi, une musulmane sur deux âgée de 18 à 24 ans se voilent aujourd’hui. Soit trois fois plus qu’en 2003, année du grand débat sur son interdiction à l’Ecole publique.

D’autre part, 80 % des femmes portant le voile affirment se vêtir pour respecter une obligation religieuse. 38 % le font pour montrer « leur appartenance à leur religion » et un besoin de protection face aux pressions pesant sur les femmes dans l’espace public. A savoir que : 44 % disent le porter pour « ne pas attirer le regard des hommes »; 42 % pour « se sentir en sécurité »; 15 % pour « ne pas être perçue comme une femme impudique »; et 2 % « sous la pression directe de proches ».

« L’islam lu dans le noir »

Rappelons enfin que le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-eddine Hafiz, a rapidement réagi à cette étude Ifop. Dans une tribune intitulée « Quand l’islam est lu dans le noir », il admet qu’une partie des jeunes musulmans pratique « davantage qu’hier. Ils prient, ils jeûnent, ils se réclament d’un sens plus profond que le seul consumérisme. Il y a là une recherche, peut-être une inquiétude, certainement un besoin d’idéal et de repères. Mais prêter à cette quête une intention politique relève du contresens ».

Toutefois, cette autorité religieuse rappelle une précédente enquête du même institut de sondage, en septembre, qui assurait « qu’une écrasante majorité de musulmans reste attachée à la République et hostile à toute violence religieuse. Et que trois musulmans sur quatre ne mettent aucun projet politique derrière le mot « charia »» . Et de conclure non sans pertinence : « A mal poser les questions, on finit toujours par fabriquer les peurs qu’on prétend mesurer ».

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Les problèmes de dettes africaines à l’épreuve de la présidence américaine du G20

25. November 2025 um 10:41

L’Afrique du Sud a cédé la présidence du G20 aux États-Unis, mettant fin à une série de quatre grandes économies émergentes, incluant l’Indonésie, l’Inde et le Brésil, à la tête du groupe. Ces années ont vu la question de la viabilité de la dette des pays en développement devenir une priorité de plus en plus pressante.

La direction du G20 s’éloigne ainsi du Sud au moment même où les problèmes d’endettement dans les pays plus pauvres menacent de se rallumer, mettant à l’épreuve la capacité de ses ambitions en matière d’allègement de la dette à se concrétiser sous une présidence américaine.

 

Plusieurs bombes à retardement

La dette des économies émergentes a atteint un niveau record, dépassant les 100 000 milliards de dollars. En Afrique, le sujet est particulièrement aigu. Le Fonds monétaire international (FMI) avertit qu’une vingtaine de pays africains sont en situation de surendettement ou présentent un risque élevé de l’être.

Le Sénégal est devenu un point de tension après que des emprunts non déclarés de milliards de dollars ont incité le FMI à geler un programme de 1,8 milliard de dollars et ont provoqué une forte dégradation de la notation souveraine.

Le Gabon a eu recours à des opérations de gestion du passif pour alléger la pression du remboursement, notamment par des échanges d’obligations régionales d’une valeur d’environ un milliard de dollars. Le Mozambique a recherché des conseillers pour une restructuration; tandis que le niveau d’endettement du Malawi approche les 90 % du PIB.

Bien que le G20 ait lancé en 2020 le “Cadre commun“, conçu pour ouvrir la voie à des réaménagements rapides de la dette pour les pays plus pauvres après la pandémie de COVID, les progrès dans la refonte de l’architecture financière internationale ont été lents.

 

Quelle attitude pour les Etats-Unis?  

Depuis son lancement, le Cadre commun a permis de traiter la dette de quatre pays : le Tchad, la Zambie, le Ghana et l’Éthiopie.

L’Afrique du Sud a tenté de relancer les efforts durant son année à la présidence du G20. Les ministres des Finances du groupe ont publié une Déclaration ministérielle distincte sur la viabilité de la dette, une première depuis la pandémie, et se sont engagés à renforcer le Cadre commun.

Le programme des États-Unis, qui dirigera le G20 jusqu’à fin 2026, inclut la résolution des défis liés à la dette, la stimulation de la croissance économique et l’expansion de la création d’emplois, ce qui offre une certaine continuité.

L’Afrique pense qu’il est nécessaire de réviser le cadre de viabilité de la dette, en particulier pour améliorer les conditions de financement des pays plus pauvres. Le G20 a montré par le passé qu’il pouvait faire la différence mais il a des limites. Est-ce que la politique de Trump permettra de faciliter de tels progrès?

L’approche actuelle de la Maison Blanche est caractérisée par un nationalisme économique et un bilatéralisme strict, s’éloignant radicalement des approches multilatérales comme celles du G20. Trump considère que le développement de l’Afrique doit passer par le commerce et les investissements privés, et non par l’aide publique. La présidence américaine marquerait un changement radical par rapport aux efforts actuels de coordination internationale.

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« Plans de paix » pour l’Ukraine et panique en Europe

24. November 2025 um 16:01

Tout semble avoir été arrangé les 24, 25 et 26 octobre entre le représentant de Vladimir Poutine, Kiril Dmitriev, et le représentant de Donald Trump, Steve Witkof, à Miami, à proximité de la résidence du président américain Mar-a-Lago.

La réunion-marathon de Miami a abouti à une « feuille de route » en 28 points ayant pour base « les principes issus du sommet d’Alaska » du mois d’août dernier entre Poutine et Trump. Les principales idées de cette feuille de route sont : « La Russie gardera les territoires qu’elle a annexés en Crimée et au Donbass. L’Ukraine bénéficiera de garanties de sécurité américaines, mais renoncera à son intention de devenir membre de l’OTAN et se contentera d’une armée de 600.000 soldats. »

La confirmation de cette feuille de route par la Maison Blanche, acceptée par Poutine comme « base pour les négociations », a eu l’effet d’un désastre pour Zelensly et les dirigeants européens qui le soutiennent, principalement à Londres, Paris, Berlin, Varsovie et Bruxelles bien sûr, siège de l’Union européenne et de l’OTAN.

Mais ce n’est pas le seul « désastre » qui a secoué Zelensky et les dirigeants européens. Presque en même temps a été rendue publique une grosse affaire de corruption portant sur le détournement de centaines de millions de dollars d’argent des contribuables américains et européens par de hauts responsables ukrainiens dans l’entourage immédiat du président ukrainien. Deux ministres ont démissionné et un ami de longue date et partenaire d’affaires de Zelensky, un certain Timur Mindich, s’est enfui avec le magot en Israël, via Varsovie…

La découverte de ce « vaste réseau criminel de détournement massif d’argent » en Ukraine ne semble pas avoir perturbé outre mesure les dirigeants européens qui continuent de porter leurs regards vers une seule direction, celle du « plan de paix américain » qui semble les avoir mis au pied du mur.

Dans une tentative désespérée de contrer l’initiative américaine, les dirigeants européens ont organisé à la hâte une réunion à Genève à laquelle était convié le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio, et qui a abouti à leur propre « plan de paix » en 24 points.

Les 24 points sont un condensé des idées que Bruxelles, Paris, Londres et Berlin ne cessent de répéter : souveraineté de l’Ukraine sur tous ses territoires; cessez-le-feu immédiat; liberté de Kiev d’adhérer ou non à l’OTAN; utilisation des avoirs russes gelés pour la reconstruction de l’Ukraine… En un mot, aucune référence aux causes réelles du conflit et aucune proposition de nature à aider à mettre fin au conflit.

Ce n’est guère étonnant, car tout le monde sait que les dirigeants européens, en dépit d’une dégradation du taux de popularité sans précédent, continuent de tout faire pour que la guerre continue. Leur maintien au pouvoir en dépend.

Voici ce qu’a dit il y a quelques jour le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius dans une interview accordée au Frankfurter Allgemeine Zeitung : « Les experts et les sources de renseignements peuvent estimer approximativement quand la Russie aura reconstitué ses forces armées au point d’être capable de lancer une attaque contre un Etat membre de l’OTAN à l’Est.

Nous avons toujours affirmé que cela pourrait se produire en 2029. Certains estiment désormais que c’est envisageable dès 2028, et des historiens militaires pensent même que nous avons déjà connu notre dernier été de paix. » !!!

La France n’est pas en reste. Il y a deux ou trois jours, le chef d’état-major des armées françaises, le général Fabien Mandon a affirmé que« la France doit être prête à accepter de perdre ses enfants sur le champ de bataille pour faire face à la Russie ».

Avant lui, des ministres et des « spécialistes militaires » ont averti que « la France risquait d’être entraînée dans une guerre contre la Russie sur le sol européen d’ici trois ou quatre ans »…

En Grande Bretagne, le très impopulaire Premier ministre Keir Starmer (11 % d’opinions favorables), n’arrive pas à maitriser ses démangeaisons d’envoyer des « troupes au sol, des navires en mer et des avions dans les airs » contre la Russie…

Le monde se laissera-t-il entrainer dans une guerre apocalyptique au seul motif de mettre la première puissance nucléaire au monde à genoux ?

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CHRONIQUE – Revue économique et financière hebdo du 21 novembre 2025 : Sans cadre macro stable, aucune reprise durable possible

24. November 2025 um 05:41

L’économie mondiale aborde la fin de l’année dans un climat mêlant incertitudes géopolitiques, ajustements monétaires et tensions persistantes sur les marchés. La combinaison d’un ralentissement de la croissance européenne, d’une résilience américaine légèrement affaiblie et de risques géopolitiques persistants au Moyen-Orient continue de peser sur les flux de capitaux et le comportement des investisseurs.

Dans ce contexte, les marchés internationaux évoluent de manière prudente, avec une volatilité accrue sur les devises et une normalisation lente mais perceptible des taux d’intérêt dans les économies avancées.

Sur le plan financier, les marchés anticipent désormais que la Réserve fédérale américaine maintiendra un biais restrictif plus longtemps; malgré un assouplissement progressif des tensions inflationnistes.

Les écarts de taux entre les États-Unis et la zone euro restent déterminants pour l’évolution de l’EUR/USD. Tandis que la réorientation du commerce mondial, la reconfiguration des chaînes d’approvisionnement et la baisse des prix de certaines matières premières influencent les flux vers les marchés émergents.

L’environnement reste donc contrasté pour les économies dépendantes des financements extérieurs comme la Tunisie, où les arbitrages des investisseurs demeurent sensibles aux risques souverains et à la dynamique du dinar.

 

En Tunisie

Dans ce contexte global cadenassé, la conjoncture tunisienne montre des signaux mixtes. La liquidité bancaire demeure sous tension, comme en témoigne la baisse du solde du compte courant du Trésor, qui recule à 1 125,5 MDT contre 1 373,5 MDT la veille. Le solde du compte courant ordinaire des banques s’améliore toutefois nettement, passant à 358,4 MDT. Ce qui traduit une respiration temporaire de la liquidité interbancaire. Les billets et monnaies en circulation continuent de progresser légèrement. Cela confirme la préférence du public pour les moyens de paiement liquides et le maintien d’une économie informelle significative.

Sur le marché monétaire, la Banque centrale poursuit une politique de stabilité, avec un taux directeur maintenu à 7,5 %. Le taux du marché monétaire s’aligne parfaitement sur ce niveau, témoignant d’un pilotage serré de la liquidité. Le volume global de refinancement recule à 10 377,4 MDT, en baisse par rapport à la veille et surtout en retrait notable par rapport à 2024. Cette évolution reflète une moindre pression instantanée sur la liquidité, mais aussi un recours accru aux opérations longues, notamment les opérations de refinancement à six mois qui atteignent un encours de 2 555 MDT, très supérieur au niveau d’il y a un an.

La dynamique des transactions interbancaires reste solide. Les opérations à vue progressent nettement et dépassent 3 256 MDT, apportant une fluidité appréciable entre les banques. Les opérations à terme se stabilisent autour de 982 MDT, confirmant la poursuite de stratégies prudentes de gestion des positions bilancielles.

La situation des Bons du Trésor continue de souligner la transformation de la structure de financement de l’État. Les Bons du Trésor assimilables atteignent désormais 29 137,6 MDT, soit plus de 10 milliards de plus qu’en 2024. Tandis que les bons à court terme sont en chute très marquée. Cette tendance confirme la stratégie du Trésor visant à allonger la maturité de la dette intérieure, tout en maîtrisant les pressions de refinancement dans un contexte où les financements extérieurs restent rares.

Sur le volet extérieur, les recettes touristiques cumulées atteignent 7 141,5 MDT, en hausse solide par rapport à 2024. Traduisant ainsi une saison encore dynamique malgré les aléas géopolitiques régionaux. Les revenus du travail progressent également, soutenus par la reprise des transferts depuis l’étranger. En parallèle, le service de la dette extérieure cumulée se replie légèrement, signe d’une répartition plus étalée des échéances sur 2025.

Les avoirs nets en devises se stabilisent autour de 24 815,4 MDT, équivalant à 106 jours d’importation. Bien qu’en léger retrait par rapport au niveau de 2024, ces réserves restent confortables et permettent d’accompagner un marché de change où le dinar enregistre des performances contrastées. Il se déprécie face au dollar mais s’apprécie légèrement face à l’euro, en phase avec les mouvements internationaux. Cette évolution confirme la sensibilité du dinar à la configuration du dollar sur les marchés mondiaux et à l’écart de croissance entre les deux zones.

L’ensemble de ces indicateurs dessine un paysage économique complexe, où la Tunisie navigue entre fragilités structurelles et améliorations ponctuelles.

À court terme, la combinaison d’une liquidité bancaire volatile, d’un marché monétaire sous contrôle et de réserves de change encore robustes devrait permettre de préserver la stabilité financière. Toutefois, les risques demeurent. Une remontée des tensions géopolitiques, un accès toujours limité au financement extérieur et une croissance intérieure modérée pourraient maintenir la pression sur le dinar et sur la capacité de l’État à gérer l’échéancier de sa dette.

À moyen terme, la trajectoire dépendra largement de la capacité à renforcer la crédibilité budgétaire, à améliorer l’efficacité du financement de l’économie et à consolider les moteurs externes, notamment le tourisme et les transferts des expatriés. La stabilisation du cadre macroéconomique reste incontournable pour favoriser un retour progressif de la confiance et pour relancer les investissements jugés essentiels à une croissance durable.

  

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Références :

(1) Sources principales consultées pour le contexte international : World Bank MENAAP (21 nov. 2025), données prix Brent / marché pétrolier (21 nov. 2025), minutes Fed / prises de position récentes, analyses Reuters sur la réaction des marchés aux tensions régionales. (Banque Mondiale)

(2) (*) https://www.bct.gov.tn/bct/siteprod/indicateurs.jsp

(**) https://www.ins.tn/

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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Edito: Réconciliation

23. November 2025 um 04:31

Libres, enfin libres, fût-ce au prix d’une caution bancaire au montant astronomique à donner le vertige. Abdelaziz Makhloufi et Ahmed Abdelkefi, deux icônes du monde entrepreneurial, étaient maintenus jusque-là en détention préventive, en attente de jugement. Ils ont été libérés, au grand soulagement de tous, familles, parents, amis proches ou lointains, société civile, acteurs économiques et sociaux. Ils retrouvent, le temps du dénouement judiciaire, leur liberté d’action, de mouvement et sans doute aussi leur goût d’entreprendre et leur capacité de créer de la richesse, des emplois et des revenus. Manière élégante de prouver, si besoin est, que leur ascension, leur parcours professionnel, leur réussite, leur notoriété conquise par la force des idées et des bras, ne doivent rien au hasard. Une vie d’éclaireur menée au pas de charge, et une conduite exemplaire en dépit de la complexité et de la vacuité des procédures réglementaires. C’est le lot commun des chefs d’entreprise, qui avancent à vive allure dans un désert législatif. S’ils s’étaient résignés à évoluer à la cadence de l’Administration, en permanence en retard d’une bataille économique, ils n’auraient rien entrepris de ce qui fait aujourd’hui la grandeur du pays et le respect qu’il inspire ici et ailleurs.

 

L’inculpation d’Abdelaziz Makhloufi et Ahmed Abdelkefi avait mis en émoi le pays et provoqué une onde de choc systémique, dont on n’a pas fini de mesurer les dégâts. Chacun à sa manière avait su et pu bâtir une constellation d’entreprises de haut niveau et fortement intégrées, à force de vision, d’anticipation, d’abnégation, de labeur et d’obstination. On doit au premier des avancées dans l’agrobusiness, faisant de la Tunisie un acteur majeur de la filière huile d’olive. L’ on s’est mis à parler de « l’or vert » qui n’est pas exclusivement une manne du ciel. Le second a révolutionné l’industrie financière en initiant de nouveaux mécanismes de financement qui ont libéré un immense potentiel d’investissement et fait grimper de plusieurs points la croissance potentielle.

Ultime fait de guerre économique à leur crédit, ils ont réussi à briser un tabou et envoyé un message d’une rare clarté : si d’autres l’ont fait, c’est que nous pouvons le faire. Ils se sont fait connaitre et se sont imposés dans des marchés lointains qu’on disait imprenables, infranchissables, en arborant les signaux du génie national. Avec eux, le monde est devenu notre nouvelle frontière. Pour autant, ils ne sont pas les seuls à avoir secoué, actionné et accéléré la roue de l’économie nationale, tant s’en faut.

 

On ne compte plus le nombre de nos chefs d’entreprises – grandes et petites – au patriotisme économique chevillé au corps. Qui sont pleinement engagés sur le front du redressement de l’économie, souvent sans grands appuis financiers ni soutien public. On ne peut pas passer sous silence non plus ceux de nos chefs d’entreprise, dont certains aux états de service impressionnants, qui croupissent derrière les barreaux en étant simplement mis en examen, en attendant le verdict final. On aimerait les voir, dans l’intérêt du pays, dans leur rôle, aux avant-postes de la compétition économique aux allures guerrières. La justice doit passer dans le respect de l’Etat de droit. La sanction, si elle s’impose et se justifie, doit être calibrée. Avec l’ultime souci d’aménager des voies de sortie équitable et de ne pas insulter l’avenir. La détention, à moins d’actes ou de pratiques mafieux et criminels, n’est pas ce qu’il y a de mieux pour régler des contentieux de nature économique, financière, fiscale ou de change qui ne mettent pas en péril la stabilité et la sécurité du pays. C’est peu de dire qu’il faut préserver à tout prix l’outil de production et ne rien faire qui puisse affaiblir notre capacité d’innovation et de production.

 

Soyons clairs : le mode de gouvernance de nos entreprises est si centralisé, si concentré au sommet de la hiérarchie que la moindre éclipse du top management expose l’entreprise ou le groupe à tous les dangers.

 

Moins de chefs d’entreprise en prison, c’est plus de croissance, de ressources financières pour l’Etat et l’assurance de meilleures perspectives de rentrées fiscales, sans compromettre la pérennité de l’appareil productif. Soyons clairs : le mode de gouvernance de nos entreprises est si centralisé, si concentré au sommet de la hiérarchie que la moindre éclipse du top management expose l’entreprise ou le groupe à tous les dangers. Le processus de décision ne sera plus ce qu’il devrait être, au risque d’accélérer l’effondrement de la société. Ses partenaires d’hier : banques, fournisseurs et clients deviennent plus exigeants, moins consentants et peu compréhensifs, qu’ils achèvent de précipiter la chute sinon l’arrêt de la production.

Cet univers professionnel vous déploie le parapluie par beau temps et le retire dès que le ciel s’assombrit de nuages orageux. C’est ainsi. Il y a des actes que la morale et la loi réprouvent et condamnent. La justice doit dire le droit, en évitant la double peine, qui consiste à sanctionner le « coupable » tout en portant atteinte à notre dynamique de croissance. Certaines sorties de piste par des patrons en émergence rapide, grisés par la richesse, le pouvoir et peu regardants sur la réglementation, méritent une thérapie – pas forcément douce – autre que la prison. Le pays a besoin d’une bouffée d’espoir, de réconciliation effective et d’apaisement total.

 

L’honneur de l’Etat et sa crédibilité en dépendent. Pour autant, il doit faire la part des choses en séparant le bon grain de l’ivraie. Il doit se garder de jeter le bébé avec l’eau du bain. Le temps de la justice est long, celui de l’économie est très court.

 

L ’Etat a l’obligation de moraliser la vie économique. Il est dans son rôle d’engager sur une vaste échelle une opération « mains propres » pour éradiquer corruption, violation de la loi, fraude fiscale et douanière, au besoin en exerçant une violence institutionnelle, du reste tout à fait légitime. Qui n’y souscrit? L’honneur de l’Etat et sa crédibilité en dépendent. Pour autant, il doit faire la part des choses en séparant le bon grain de l’ivraie. Il doit se garder de jeter le bébé avec l’eau du bain. Le temps de la justice est long, celui de l’économie est très court. Le train des innovations technologiques n’attend pas. Malheur aux vaincus. Besoin de compromis équitable ? Sans doute, pour éviter l’impasse.

Il faut un immense choc de confiance, de réconciliation, d’apaisement pour briser le cercle vicieux de la récession ou, au mieux, d’une croissance atone.

 

 Le pays cumule un énorme retard de croissance. Les signes de désertification industrielle et de décrochage économique se lisent dans les statistiques de nos échanges extérieurs. L’urgence est dans notre réarmement industriel, avant qu’il ne soit trop peu et trop tard. L’implication et l’engagement de tous les acteurs économiques et sociaux, y compris ceux des âmes repentantes du monde patronal, ne seraient pas de trop pour remonter la pente et amorcer le redressement de l’économie.

Il faut un immense choc de confiance, de réconciliation, d’apaisement pour briser le cercle vicieux de la récession ou, au mieux, d’une croissance atone. Et retrouver les chemins d’un développement durable et maîtrisé qui restitue au pays son rang, la place qui doit être la sienne et l’image à laquelle il aspire. On transforme l’essai d’autant plus vite quand le pays se réconcilie avec lui-même, avec ses problèmes et ses péchés. Principal cri de ralliement : la réconciliation sans faille et sans détour. Pour oser espérer que notre futur ait un avenir.

Cet édito est disponible dans le mag de l’Economiste Maghrébin n° 932 du 19 novembre au 3 décembre 2025 

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Le Japon sort l’artillerie lourde pour redynamiser son économie

22. November 2025 um 06:00

L’équipe gouvernementale japonaise a approuvé un plan de relance d’une valeur équivalente à 21 300 milliards de yens. Ce trésor de guerre servira à relancer l’économie en ralentissement et à apporter un soutien à des consommateurs irrités par l’inflation.

 

Le plan s’articule autour de trois piliers : lutter contre la hausse des prix, parvenir à une économie solide et renforcer les capacités de défense. Il s’agir plan de relance le plus important depuis la pandémie de Covid-19.

 

Le cabinet a également annoncé qu’il augmenterait les subventions aux collectivités locales et fournirait des aides pour les factures d’électricité et de gaz. Ces mesures de soutien entreront en vigueur en janvier et représenteront environ 7 000 yens pour un ménage standard sur une période de trois mois. Les taxes sur l’essence seront également supprimées.

 

Le Japon prévoit en outre de créer un fonds décennal pour améliorer ses capacités de construction navale et de prendre des mesures pour porter les dépenses de défense à 2 % de son produit intérieur brut d’ici l’exercice 2027.

 

Inquiétudes économiques

Le plan de relance du gouvernement Sanae Takaichi intervient alors que l’inflation au Japon dépasse constamment l’objectif de la Bank of Japan, les déclarations des hauts responsables sur la croissance des prix attisant de nouvelles inquiétudes.

 

Le taux d’inflation global pour octobre est passé à 3 % contre 2,9 % auparavant, restant au-dessus de l’objectif de 2 % de la Banque du Japon (BOJ) pour le 43ème mois consécutif, tandis que l’inflation sous-jacente s’est établie à 3 %.

 

Le gouverneur de la BOJ a déclaré au Parlement japonais que la Banque centrale devait être consciente qu’un yen faible pourrait affecter l’inflation sous-jacente en renchérissant les coûts d’importation et les prix en général.

 

Chiffres contrastés

Les inquiétudes inflationnistes sont aggravées par l’affaiblissement de la croissance économique du Japon, le PIB des trois mois jusqu’à septembre ayant enregistré son premier recul en six trimestres. Les données gouvernementales publiées lundi ont montré que l’économie s’était contractée de 0,4 % par rapport au trimestre précédent et de 1,8 % en base annualisée.

 

Les données commerciales d’octobre ont, toutefois, apporté un soulagement bienvenu au pays. Les exportations ont augmenté de 3,6 % en glissement annuel, dépassant les attentes, car les expéditions vers l’Asie et l’Europe ont compensé le recul des biens envoyés aux États-Unis.

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ECLAIRAGE –Tunisie – Dinar vs EUR/USD : un mouvement suspendu …

21. November 2025 um 12:11

L’évolution récente des marchés des changes offre un paradoxe qui n’est pas sans conséquence pour la Tunisie. Alors que les écarts de taux d’intérêt entre les États-Unis et la zone euro se resserrent nettement — ce qui aurait dû favoriser un redressement de l’euro — la paire EUR/USD demeure étonnamment stable*. Cette inertie, loin d’être anecdotique, traduit l’attentisme d’investisseurs tournés vers deux événements susceptibles de modifier la perception du risque et les anticipations de politique monétaire.

 

Depuis fin octobre, le différentiel de rendement entre les obligations américaines et allemandes à deux ans a reculé à son plus bas niveau pendant plusieurs semaines. De même, les marchés anticipent un rapprochement des trajectoires de taux terminaux de la Fed et de la BCE. Ordinairement, un tel mouvement réduit l’attrait du dollar et soutient l’euro. Mais la paire reste figée, comme si le marché n’osait pas s’engager avant d’obtenir des signaux plus déterminants.

 

Les investisseurs attendent d’abord les chiffres de l’emploi américain de septembre ainsi que les demandes hebdomadaires d’allocations chômage. Ce sont les véritables baromètres de la vigueur économique des États-Unis et de l’orientation future de la Fed. Ils scrutent également les résultats trimestriels de Nvidia**, dont le poids psychologique dépasse la seule sphère technologique. Une publication décevante pourrait dégrader l’appétit pour le risque au niveau mondial, pesant sur les marchés et influençant indirectement les attentes en matière de taux d’intérêt.

Toutefois, un scénario haussier pour l’euro reste toutefois plausible. Si les statistiques américaines révèlent un ralentissement marqué du marché du travail et si Nvidia publie des résultats en retrait, les rendements américains pourraient s’orienter à la baisse. Le dollar perdrait alors de sa force relative, permettant à l’euro de progresser en direction de 1,1730 avec un potentiel d’extension vers 1,1820*.

Pour la Tunisie, un tel mouvement offrirait un certain répit. Le renforcement de l’euro contribuerait à alléger le coût des importations européennes, atténuant les pressions inflationnistes sur les biens manufacturés, pharmaceutiques et alimentaires. Il améliorerait aussi la capacité de couverture en devises des entreprises tunisiennes, notamment celles dépendant d’intrants européens. Dans ce contexte, la Banque centrale de Tunisie (BCT) bénéficierait d’un environnement légèrement plus favorable, avec des tensions moindres sur les réserves et une moindre volatilité du dinar.

 

Le scénario inverse demeure cependant tout aussi crédible. Si le marché du travail américain surprend par sa résilience et si Nvidia confirme la solidité de la dynamique technologique, les rendements américains conserveront un niveau élevé. Le dollar resterait ainsi attractif. La Tunisie évoluerait alors dans un environnement plus contraignant, marqué par un renchérissement des matières premières libellées en dollar, une facture énergétique plus lourde, des pressions accrues sur les réserves et un resserrement implicite des conditions financières internes.

 

La Tunisie observe donc un marché des devises figé, mais prêt à se déplacer brusquement au gré des annonces américaines. L’inertie actuelle ne doit pas être interprétée comme un signe de stabilité durable. Elle traduit au contraire une phase de tension latente, dont les effets potentiels pourraient influencer les prix importés, les équilibres extérieurs et les marges de manœuvre de la politique monétaire tunisienne. Dans un environnement mondial où un rapport sur l’emploi ou les résultats d’un champion de l’intelligence artificielle peuvent reconfigurer les flux financiers, la vigilance demeure le maître mot pour l’économie tunisienne.

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Références :

(*) : selon les estimations de l’IAEF-Salle des Marchés au 20/11/2025

(**) : Nvidia est une entreprise technologique américaine spécialisée dans la conception de processeurs graphiques (GPU) et de puces électroniques. Fondée en 1993, elle est surtout connue pour ses cartes graphiques destinées au jeu vidéo, mais ses puces sont également devenues essentielles pour l’intelligence artificielle, les centres de données, les véhicules autonomes et d’autres applications de calcul intensif. 

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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La liquidité bancaire s’est bien améliorée en 2025

21. November 2025 um 06:00

Le suivi de la liquidité bancaire et du volume de refinancement est important. Il s’agit d’indicateurs clé pour la stabilité du système finance et fonctionnement de l’économie réelle. Les chiffres nous fournissent bien des enseignements.

 

Au cours du troisième trimestre de 2025, le déficit moyen de liquidité sur le marché monétaire a affiché une diminution de 12 MDT, pour s’établir à 53 MDT. Cette évolution s’est traduite par une contraction des besoins des banques en liquidité de 466 MDT, d’une part; et des interventions de la Banque centrale sur le marché monétaire de 454 MDT, d’autre part.

 

Toujours pour la même période, les besoins moyens en liquidité du système bancaire ont fléchi grâce à une baisse significative du solde des facteurs autonomes de liquidité de 483 MDT. A ce niveau, les billets et monnaies en circulation (BMC) et les avoirs nets en devises.

Près de 1 826 MDT du cash ont été versés aux comptes courants bancaires contribuant ainsi à améliorer les conditions de liquidité. Cette évolution s’est concentrée à hauteur de 71 % durant le mois de septembre, en lien avec le reflux saisonnier des BMC à la suite de la période estivale.

 

Les opérations de ventes nettes de devises contre dinars effectuées entre les banques et la Banque centrale ont généré un apport additionnel en liquidité d’environ 1 803 MDT au secteur bancaire.

 

Contrairement à cet effet expansif, le Compte courant du trésor a continué d’exercer un effet restrictif sur la liquidité bancaire au cours du troisième trimestre de 2025. Et ce, principalement à travers le recours accru à l’endettement intérieur. Les souscriptions des banques aux émissions de Bons du Trésor ont atteint une valeur nette de 3 060 MDT au troisième trimestre.

 

Moindre intervention de la Banque centrale

Compte tenu de l’atténuation des tensions sur la liquidité bancaire au cours du troisième trimestre de 2025, les interventions de la BCT sur le marché monétaire ont enregistré un repli, s’établissant à 13 021 MDT contre 13 475 MDT au trimestre précédent.

 

Cette évolution résulte principalement d’une contraction significative des opérations fermes, dont l’enveloppe moyenne a diminué de 1 504 MDT pour s’établir à 3 449 MDT. Par ailleurs, une baisse supplémentaire de 221 MDT est imputable à la cessation des opérations de refinancement à un mois, décidée en juin 2025.

 

En revanche, les opérations principales de refinancement et les opérations de refinancement à six mois ont affiché des hausses respectives de 704 MDT et 567 MDT, pour atteindre des niveaux moyens de 6 564 MDT et 3 008 MDT.

 

Quant aux facilités permanentes, qui sont des instruments utilisés à l’initiative des banques pour gérer leur liquidité à 24 heures, leur valeur nette a connu une diminution de 20 MDT en glissement séquentiel, revenant à 88 MDT fin septembre 2025.

 

Ainsi, le volume global moyen de refinancement s’est contracté de 474 MDT pendant le troisième quart de l’exercice, pour ressortir à 13 109 MDT contre 13 583 MDT le trimestre précédent.

 

Nous pensons que cette amélioration va se poursuivre durant les mois à venir, surtout que la demande de crédits demeure modeste. C’est un autre argument pour une révision, même de petite ampleur, du taux directeur à la baisse.

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Visite de MBS à Washington : le deal du siècle !

20. November 2025 um 11:14

Le prince Mohammed Ben Salmane (MBS) achevait hier mercredi deux jours de visite à Washington où il affichait avec Donald Trump une connivence rare. Au menu de cette visite, des investissements saoudiens colossaux aux Etats-Unis en contre partie d’un accord de sécurité mutuelle.

Garde d’honneur montée sur des chevaux arborant les drapeaux américain et saoudien, coups de canon, survol d’avions de combat F-15 et F-35, réception officielle au porche sud de la Maison Blanche où des chasseurs américains ont effectué un spectacle aérien, le prince héritier Mohamed Ben Salman (MBS) fût traité avec des égards exceptionnels lors de sa visite de travail, mardi 18 novembre, à Washington.

L’on est loin du temps où, sous l’ère de Joe Biden, le dirigeant de facto du royaume Wahhabite était une sorte de paria, une persona non grata. Et ce, pour avoir commandité, selon un rapport de la CIA en 2018, l’assassinat du journaliste saoudien Jamal KhashoggiJamal Khashoggi. Celui-ci avait été séquestré, assassiné, puis découpé à la scie dans le consulat saoudien à Istanbul. Autre temps, autres priorités.

MBS innocenté

D’ailleurs, le président américain Donald Trump a volé au secours de MBS quand une journaliste de la chaîne ABC a posé une question au sujet de Jamal Khashoggi, l’ancien collaborateur saoudien du Washington Post : « Vous mentionnez une personne qui fut extrêmement controversée. Beaucoup de gens n’aimaient pas ce monsieur dont vous parlez. Qu’on l’aime ou pas, des choses arrivent ». Puis, désignant le prince héritier : « Mais il ne savait rien de tout cela. Et on peut en rester là. Vous n’êtes pas obligée d’embarrasser notre invité ».

« Nous avons aujourd’hui dans le Bureau ovale un homme extrêmement respecté, un ami de longue date, un très bon ami. Je suis très fier du travail qu’il a accompli », a déclaré le président américain avant de saluer, sans rire , les « accomplissements incroyables en matière de droits de l’homme » de son invité.

« C’est douloureux et c’est une énorme erreur et nous faisons tout notre possible pour que cela ne se reproduise plus », a déclaré pour sa part Mohammed Ben Salmane.

Des investissements colossaux

Pourquoi tant d’égards pour le prince héritier saoudien ? C’est que l’homme fort du royaume n’est pas venu les mains vides à Washington. Il a promis au locataire de la Maison Blanche d’investir la somme astronomique de 1 000 milliards de dollars dans l’économie américaine contre 600 auparavant.

« Nous croyons en l’avenir de l’Amérique. Je crois, monsieur le président, qu’aujourd’hui et demain, nous pouvons annoncer que nous allons augmenter ces 600 milliards à près de 1 000 milliards de dollars pour l’investissement », a-t-il promis. A la grande satisfaction du président américain, qui, manifestement, ne s’attendait pas à tant de largesse.

Le danger vient de Tel-Aviv

En contre partie, Donald Trump a donné son feu vert à un accord de vente d’armement majeur, qui inclut de futures livraisons de 28 F-35, des avions de combat furtifs. Sachant que jusqu’à présent, Israël est le seul pays du Proche-Orient à posséder des avions de chasse américains F-35.

C’est qu’aujourd’hui, la domination militaire écrasante d’Israël est considérée par Ryad comme l’élément le plus déstabilisant dans la région. Les ambitions expansionnistes d’Israël au Liban et en Syrie, les nombreuses violations du cessez-le-feu à Gaza depuis l’adoption du plan Trump, la recrudescence des violentes attaques commises par les colons contre les Palestiniens de Cisjordanie avec la complicité de l’armée israélienne, sont perçues comme une volonté délibérée d’étendre la « pax hébraïca » à l’ensemble du Moyen-Orient.

Partenariat stratégique

A part la vente d’avions américains de technologie avancée, les deux pays s’étaient entendus sur un partenariat de défense. L’Arabie saoudite- dont l’objectif est de se prémunir contre de nouvelles attaques visant des sites stratégiques vitaux, comme celles revendiquées par les Houthis contre les installations pétrolières saoudiennes de Khuraïs et d’Abqaiq, le 14 septembre 2019- veut des garanties américaines renforcées afin d’éviter que ne se reproduise le scénario traumatique des frappes israéliennes contre le Qatar du 9 septembre 2025. Or, les deux fois, l’administration Trump s’est abstenue de venir à la rescousse de ses partenaires du Golfe.

Cette instabilité régionale persistante explique que la priorité absolue pour MBS consiste à d’obtenir de Washington la signature d’un accord de sécurité mutuelle. Lequel stipule que toute attaque contre son pays serait considérée comme « une menace pour la paix et la sécurité des États-Unis ». Celui-ci prendrait d’abord la forme d’un Ordre exécutif, qui ne nécessite pas l’aval du Congrès, pour se formaliser ensuite en un accord de sécurité engageant et pérenne.

En attendant la signature officielle de cet accord stratégique, Donald Trump a par ailleurs annoncé lors du dîner de gala en l’honneur de son invité de marque, que l’Arabie saoudite devenait un « allié majeur non-membre de l’Otan ». Sachant que seuls 19 pays bénéficient actuellement de ce statut privilégié qui prévoit une étroite coopération militaire avec les États-Unis.

Or, l’Arabie saoudite ne peut se contenter de gestes symboliques. Riyad et Islamabad ont déjà signé un accord de défense mutuelle le 17 septembre 2025, une semaine après les bombardements israéliens sur Doha. Une manière de rappeler à leur grand allié américain que le royaume dispose de plusieurs cordes à son arc pour instaurer un rééquilibrage stratégique des rapports de force dans la région du Moyen-Orient.

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Le Maire de New-York, Zohran Mamdani, et la figure du musulman d’Occident

19. November 2025 um 17:36

L’élection de Zohran Mamdani à la tête de New-York a eu une onde de choc mondiale qui continue de produire ses effets. Face aux profonds clivages qui traversent une société américaine éclatée, son discours a su conjuguer et incarner multiculturalisme et progrès social. Son dynamisme a eu raison, le temps d’une élection, d’une oligarchie financière, médiatique et politique qui a fait bloc face à sa candidature. Un front animé par une islamophobie occidentale ciblant la figure d’un ennemi de l’intérieur et de l’extérieur.

 

Musulman et occidental

 

En Occident, la problématique de l’immigration et la montée d’un néonationalisme visent en particulier les nationaux de culture ou de confession musulmane, dont l’identité complexe contribue à un sentiment d’insécurité identitaire.

 

Pourtant, contrairement aux thèses culturalistes encore en vogue, il y a nulle incompatibilité entre le fait d’être musulman et l’adhésion au « modèle républicain » à la française ou à l’American way life ; des concepts structurels mais non figés.

 

Comme en Europe, l’islam est en effet devenu aux États-Unis une question de politique intérieure. La présence arabe et plus largement musulmane est perçue comme une menace sécuritaire et identitaire. Dans ce contexte, les citoyens « Arabes d’Occident » ou « Araboccidentaux » se trouvent piégés dans une sorte de chaîne de de soupçons : Arabes/musulmans, musulmans/islamistes, islamistes/terroristes. D’où vient une telle construction ?

 

La construction d’une représentation

 

Si la Bible mentionne l’existence des Arabes, qu’elle identifie comme les descendants d’Ismaël (premier fils du prophète Abraham), leur représentation se forge à partir de l’expansion de l’Empire islamique (jusque dans le sud de l’Europe), à travers les récits des conquêtes islamiques et des reconquêtes européennes (espagnole et française).

 

Renforcée par les chroniques des Croisades, la figure de l’Arabo-musulman domine au-delà des origines ethniques, entre Sarrasins et Maures par exemple ; dépeint sous les traits de l’ennemi envahisseur et de l’infidèle violent, il est néanmoins doté d’un esprit noble et animé par des valeurs chevaleresques qui faisaient encore défaut aux guerriers Francs.

 

Mieux, la figure du « transmetteur » s’impose dans l’Europe du Moyen-âge et de la Renaissance, lorsque celle-ci redécouvre la pensée grecque grâce aux traductions de l’arabe vers le latin des œuvres d’Aristote.

 

Les Arabes sont progressivement éclipsés par les Ottomans, dont la domination a signifié le monopole dans la représentation du monde musulman par les Européens (Ali Kazancigil). Le développement des relations diplomatiques entre le royaume de François Ier et la Sublime Porte de Suleyman Le Magnifique, au début du XVIe siècle, annonce l’ère de l’orientalisme scientifique et artistique.

 

Les Vénitiens forgent le concept de « despotisme oriental », despotisme absolu qui fait office de repoussoir pour les philosophes des Lumières (pour Montesquieu notamment).

 

Malgré sa richesse et son apport (y compris à la culture arabe), l’orientalisme esthétique est aussi à l’origine de la diffusion de stéréotypes sur un Orient fantasmé et décadent.

 

Le monde arabe moderne est encore prisonnier de ces images et archétypes construits au début du XIXe siècle, où l’Autre est relégué dans un exotisme anhistorique résumé à cette image : en son palais exotique orné d’or, le despote oriental est flanqué de son harem, de ses esclaves et de ses cavaliers enturbannés. Les Arabes n’apparaissant que « sous l’angle du voyage pittoresque ou d’un vague mysticisme teinté d’initiatique » (Jacques Berque).

 

La figure d’un ennemi

 

Des Croisades à la (dé)colonisation, la figure de la menace musulmane s’est cristallisée dans la représentation occidentale. Depuis la fin de la guerre froide, la montée de l’intégrisme islamique a coïncidé avec la recherche d’un nouvel ennemi stratégique et symbolique en Occident.

 

Partant, la critique de l’islam (isme) a pris la place du communisme.Une lecture culturaliste et essentialiste vient figer la représentation des musulmans dans l’image d’une masse archaïque, rétive à la modernité, à la fois soumise et incontrôlable (si ce n’est par la force). Cette perception a justifié le soutien des régimes occidentaux à des régimes arabes autoritaires, qui avaient le mérite de maintenir l’ordre et la stabilité…

 

Après les attentats du 11 septembre 2001 à New York, la figure de l’Arabo-musulman incarne définitivement cet ennemi symbolique de l’Occident. Cette perception est étayée par la thèse du « choc des civilisations », développée par le politologue américain Samuel Huntington, selon laquelle l’ordre du monde tient à un conflit de systèmes de valeurs dans lequel la civilisation islamique menace l’Occident.

 

Enfin, les soulèvements de peuples arabes en 2011 ont fait resurgir l’obsession islamiste. Preuve de la persistance des vieux réflexes, des notions superficielles ou fantasmagoriques ont (re)surgi pour mieux réduire les Arabes à un bloc monolithique écrasé par le poids de la religion musulmane.

 

L’élection du nouveau Maire de New-York, Zohran Mamdani, vient rappeler que l’identité musulmane n’est pas incompatible avec la réussite d’un parcours personnel dans une société occidentale. La question est de savoir si au-delà des destins individuels, il est encore possible de reconstruire la représentation collective des musulmans en Occident près des décennies, voire des siècles de discours avilissant et dénigrants.

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38,1 milliards de tonnes de CO₂ seraient émises en 2025

19. November 2025 um 12:15

Les émissions mondiales de dioxyde de carbone provenant de l’utilisation des combustibles fossiles atteindront un niveau record en 2025. Et ce, en dépit des engagements des pays à commencer à réduire leur pollution climatique.

 

Les émissions seraient de 38,1 milliards de tonnes. Soit une hausse de 1,1 % par rapport à 2024, selon le 20ème rapport annuel du Global Carbon Budget. Cette augmentation du CO₂ atmosphérique intervient alors que la quantité absorbée par les océans et les terres diminue. Ce qui ajoute de l’urgence aux négociations climatiques de la COP30 qui se tiennent au Brésil.

 

La Chine, les Etats-Unis et l’Inde, principaux pollueurs

Le chiffre annuel principal du Global Carbon Budget est un baromètre rapide du manque de progrès du monde dans la réduction des émissions. Mais les détails par pays montrent des différences clés. Les États-Unis sont historiquement responsables de plus de CO₂ que tout autre pays et se classent au deuxième rang annuel. Leurs émissions de combustibles fossiles devraient augmenter de 1,9 % en 2025; contre une moyenne décennale de baisses annuelles de 1,2 %.

 

La Chine est le plus grand pollueur annuel au monde, mais les émissions du pays sont stables ou en baisse depuis 18 mois.

 

L’Inde, le troisième plus grand émetteur annuel, verra sa production de CO₂ augmenter de 1,4 %, un taux de croissance inférieur à celui des dernières années.

 

Les puits de carbone s’épuisent

 

Le rapport estime maintenant qu’au cours de la dernière décennie, les océans ont absorbé 29 % des émissions de CO₂ générées par l’humanité et les terres en ont capturé 21 %.

 

Encore plus inquiétant, les océans et les terres absorbent de moins en moins de la pollution carbonée. Sur les terres, la déforestation continue de ravager les forêts. Tandis que la hausse des températures intensifie l’assèchement et la sécheresse. Dans l’océan, les eaux plus chaudes stockent moins de carbone. Alors que les changements dans les régimes de vents entraînent un mélange réduit entre l’air et la mer. Ce qui diminue l’absorption de carbone.

 

L’indispensable protection des forêts

 

Le monde s’est déjà réchauffé de près de 1,4 °C, selon le rapport, et le fait qu’une quantité croissante de CO₂ réchauffant la planète reste dans l’atmosphère pourrait accélérer le changement climatique.

 

Lors des négociations de la COP30 en Amazonie, les forêts ont été un sujet de préoccupation particulier. Le Brésil a poussé à la création d’un fonds de 125 milliards de dollars pour protéger les forêts tropicales, bien qu’il n’ait collecté que 5,5 milliards de dollars jusqu’à présent. Les risques auxquels sont confrontés les puits de carbone terrestres et océaniques augmentent; alors que leur conservation est si importante face à l’augmentation des émissions.

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ECLAIRAGE – Les positions se radicalisent…

19. November 2025 um 06:00

Les opinions divergent en Tunisie autour de la crise économique mondiale, avec d’un côté ceux qui estiment que la situation en Europe se stabilise; et de l’autre, les analystes qui redoutent un retour à la récession. Ces derniers, préoccupés par la stagnation des marchés de l’emploi et de l’immobilier, notamment aux États-Unis et en Espagne, craignent que les problèmes européens continuent d’affecter les économies, y compris celle de notre pays.

Certains se réjouissent de l’aide financière européenne de 750 milliards d’euros, qui a permis des émissions obligataires relativement réussies en Espagne et en Italie. Tandis que d’autres soutiennent que ces mesures ne sont qu’un pansement sur une plaie béante, retardant une crise inévitable.

En effet, il est illusoire de penser que l’Europe, et par extension, des pays comme la Tunisie, soient sortis d’affaire. Les défis structurels persistent, et tant que chaque nation maintiendra des politiques budgétaires indépendantes, la stabilité restera précaire. L’exposition des banques européennes aux pays du PIIGS, ainsi que les inquiétudes croissantes concernant des pays comme la Grande-Bretagne et la Hongrie, augmentent le risque d’une contraction économique globale. Des économistes comme Paul Krugman estiment même que la probabilité d’un nouveau déclin économique pourrait atteindre 40 %.

Dans ce contexte, les positions se radicalisent entre les banquiers centraux, qui prônent l’austérité, et les responsables politiques, qui tentent de justifier leurs choix par des théories économiques souvent mal comprises. Nos responsables, manquant d’originalité, s’appuient sur des discours traditionnels pour éviter de prendre des risques Ce qui pourrait compromettre leur carrière. À titre d’exemple, à l’approche d’un sommet international, les divergences entre leaders mondiaux sur les stratégies économiques se font sentir. Reflétant des attentes similaires en Tunisie quant à la gestion de la dette et des dépenses publiques.

Comment sortir de ce débat stérile qui oppose les tenants de l’austérité aux partisans de la dépense ? Pourquoi nos politiques semblent-elles enfermées dans un cycle où les décisions économiques sont dictées par les marchés financiers, au détriment de l’intérêt national ? Nos gouvernants ont tendance à faire l’éloge des « stimuli » et à vilipender les déficits, devenant ainsi des instruments des marchés obligataires. Ne serait-il pas plus bénéfique pour notre pays qu’ils s’engagent dans une réflexion profonde et courageuse sur notre système économique, en plaçant l’équilibre social au cœur des priorités, afin de restaurer la confiance des citoyens ? 

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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Le déficit de la balance courante à 1,9 % du PIB fin septembre 2025

18. November 2025 um 12:42

Au cours des neuf premiers mois de 2025, le déficit de la balance courante s’est nettement creusé pour atteindre 3 393 MDT, représentant 1,9 % du PIB. Ce niveau, comparé à la même période de 2024, illustre un élargissement du trou budgétaire. Lequel s’établissait alors à -1 557 MDT, soit 0,9 % du PIB.

 

Cette évolution du solde courant est largement imputable à la forte aggravation du déficit commercial, qui s’est élargi de 23,9 % pour atteindre -16 728 MDT. Plus spécifiquement, le déficit de la balance des biens s’est détérioré, passant de -22 035 MDT à -25 929 MDT.

 

Heureusement, cette pression se compense partiellement par une amélioration de l’excédent de la balance des services (+17 615 MDT contre +16 838 MDT) et par une hausse des recettes touristiques et des revenus du travail, qui progressent respectivement de +8,2 % à 6 264 MDT et +15,4 % à 8 360 MDT.

 

Par ailleurs, le compte de capital dégage un excédent de 302 MDT à l’issue des neuf premiers mois de l’année 2025. Soit en nette contraction par rapport à son niveau enregistré une année auparavant (+923 MDT). En outre, en 2024, la Tunisie bénéficiait d’un don accordé par la Commission de l’Union européenne (150 M€) pour appui budgétaire. Ce qui n’est pas le cas cette année.

 

Du côté du compte financier, le besoin de financement a considérablement augmenté pour s’élever à 3 091 MDT; contre seulement 634 MDT un an plus tôt. Cette évolution est une conséquence directe de la baisse significative des avoirs de réserve. En effet, ces derniers enregistrent une diminution de 2 711 MDT; contre -605 MDT à la même période en 2024. Cette tendance a été légèrement atténuée par une amélioration du solde créditeur des investissements de portefeuille et des autres investissements.

 

A cet égard, notons que les flux reçus sous forme d’investissements directs étrangers (IDE) ont enregistré une hausse (+27,7 %), au cours des neuf premiers mois de 2025. Et ce, pour se situer désormais à 2 536 MDT. Evolution concernant, en particulier, les flux d’IDE bénéficiant au secteur des industries manufacturières (+24,6 %) et celui de l’énergie (+35 %).

 

Globalement, le pays est à des niveaux soutenables, surtout si nous tenons compte des lourds paiements de dettes étrangères en 2024-2025. Il faut maintenant travailler sur le flux des IDE, car il est le seul moyen qui pourra faire la différence et équilibrer les comptes.

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Pékin et Tokyo s’écharpent sur l’île de Taïwan sur fond d’un passé douloureux

18. November 2025 um 12:33

Les récents propos de la nouvelle Première ministre japonaise concernant la position de son pays sur la question du statut de Taïwan ont créé un climat de tensions entre Pékin et Tokyo. Eclairage.

A-t-elle tourné sept fois sa langue dans sa bouche avant de répondre à des questions d’un élu d’opposition lors de sa première intervention à l’enceinte du Parlement ? C’est la question que se pose tout le monde au pays du Soleil-Levant après avoir entendu la nouvelle Première ministre Sanae Takaichi, partisane d’une ligne de fermeté vis-à-vis de la Chine, évoquer la semaine dernière le sujet très sensible d’une hypothétique invasion de Taïwan par la Chine et l’intervention militaire du Japon pour défendre l’île dont Pékin revendique la souveraineté et qui n’est qu’à 100 km de l’île japonaise la plus proche.

Si « une situation d’urgence » à Taïwan impliquait « le déploiement de navires de guerre et le recours à la force, cela pourrait constituer une menace pour la survie du Japon », a-t-elle déclaré; sans avoir consulté des notes préparées par des hauts fonctionnaires de son département. Des propos interprétés comme l’indication qu’une attaque contre Taïwan pourrait justifier un soutien militaire de Tokyo à Taipei.

Une déclaration stupéfiante qui s’est propagée comme une onde de choc dans la région de l’Asie de l’Est et même au-delà.

Regain de tensions

Signe de tensions entre les deux géants asiatiques après les déclarations de la cheffe du gouvernement nippon, la Chine a recommandé à ses ressortissants « d’éviter de se rendre au Japon dans un avenir proche », en raison de « risques importants » pour leur sécurité. Sachant que les touristes chinois représentent un quart des visiteurs étrangers au Japon qui accueille par ailleurs plus de 100 000 étudiants chinois. Ainsi, sur les neuf premiers mois de 2025, l’archipel a accueilli 7,5 millions de visiteurs chinois, selon des chiffres officiels nippons, soit une envolée de 42 % sur un an. Attirés par un yen faible, ils ont dépensé l’équivalent de 3,28 milliards d’euros au troisième trimestre.

Pour sa part, Tokyo a annoncé lundi 17 novembre avoir mobilisé son aviation. Et ce, après avoir détecté un drone suspecté d’être chinois près de son île la plus proche de Taïwan.

« Le samedi 15 novembre, il a été confirmé qu’un aéronef sans pilote, supposé d’origine chinoise, a survolé la zone entre l’île de Yonaguni et Taïwan. En réponse, l’aviation de chasse de la Force aérienne d’autodéfense japonaise a été mobilisée », a indiqué le ministère de la Défense sur X.

Que dit la Constitution nippone ?

Reste la question qui se pose avec insistance : le Japon peut-il entrer en conflit avec la Chine pour défendre Taïwan au nom « de la survie du Japon », selon les termes de Mme Takaichi ?

Selon la Constitution japonaise adoptée en 1947 sous diktat américain, le célèbre article 9 établit un principe clair : le Japon « renonce à jamais à la guerre » et à l’usage de la force pour régler les différends internationaux. Le texte va plus loin en interdisant au pays de maintenir des forces armées traditionnelles, une clause unique parmi les grandes puissances.

Pourtant, le Japon dispose aujourd’hui des Forces d’Auto-Défense (JSDF), créées dans les années 1950. Officiellement, il ne s’agit pas d’une armée offensive, mais d’un dispositif strictement dédié à la protection du territoire. Cette interprétation, acceptée au fil du temps, a permis au pays de se doter d’un outil militaire moderne; tout en respectant l’esprit pacifiste de la Constitution.

Or, dans certains cas extrêmes, le gouvernement japonais est autorisé à utiliser la force lorsque l’agression d’un pays tiers est considérée comme un péril direct contre le Japon et sa population. Un scénario qui, pourrait se justifier en cas de conflit autour de Taïwan, qui est situé à moins de 120 kilomètres de certaines îles japonaises.

« Une déclaration de guerre »

Mais la Chine conteste cette lecture : pour Pékin, Taïwan n’est pas un pays tiers, mais une province faisant partie du territoire chinois. Même si dans les faits, cette île de 23 millions d’habitants est autonome politiquement.

Ainsi, Pékin a profité de la sortie de la cheffe du gouvernement nippon pour s’attaquer directement à sa personne : le consul général de Chine à Osaka, Xue Jian, a ainsi menacé sur la plateforme X de « couper cette sale tête sans la moindre hésitation », visant implicitement le Premier ministre japonais. Les médias d’Etat sont aussi montés au créneau pour défendre la position chinoise : la réunification entre Taïwan et la Chine est inéluctable et aucune puissance ne peut se mêler de ce sujet interne à la Chine.

« Le sujet de Taïwan touche au cœur des intérêts de la Chine. Quiconque ose franchir cette ligne rouge affrontera l’opposition déterminée de plus de 1,4 milliard de Chinois et de l’entière nation chinoise ! » Ainsi a averti le Quotidien du peuple, le journal officiel du Parti communiste chinois.

« Fondamentalement, c’est une déclaration de guerre contre la Chine », a renchéri le professeur Xiang Haoyu, du think tank officiel, sur Weibo, le Twitter chinois. « Le Japon est un pays moderne et très développé mais son irrationalité collective n’est pas différente de celle qui prévalait il y a cent ans ». Une allusion au massacre de Nankin en décembre 1937 durant lequel des centaines de milliers de civils et de soldats chinois désarmés furent froidement assassinés et entre 20 000 et 80 000 femmes et enfants violés par les soldats de l’Armée impériale japonaise. Les démons du passé sont de retour.

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Israël, cet « albatros au cou de l’Amérique »

17. November 2025 um 12:23

Vers la fin de son second mandat dans les années 1990, Bill Clinton changea le rythme d’aide livrée à Israël qui était annuel en accord décennal. C’est-à-dire que l’administration américaine s’engage non plus pour l’année à venir, mais pour la décennie à venir d’un certain montant d’aide militaire et financière à l’Etat sioniste.

Le premier accord décennal était signé par Clinton, le second par Bush fils et le troisième, qui vient à échéance en 2028, par Obama. Israël vient d’annoncer la semaine dernière son désir que le quatrième accord que Trump signerait en 2028, ne serait plus d’une durée de 10 ans mais de 20 ans. Une échéance qu’Israël voudrait faire coïncider avec « les festivités du centenaire » de sa création…

Non seulement cela, mais Israël demande aussi une révision en hausse du montant actuel de l’aide annuelle estimée à 3,8 milliards de dollars. Ce montant est purement théorique. Car, à chaque guerre que mène Israël, à chaque intervention militaire américaine au Moyen-Orient pour le compte d’Israël (Irak, Syrie, Libye, Iran, Yémen etc.), ce montant croît de manière exponentielle.

Selon le projet « Coûts de la guerre » de l’Université Brown, cité par le site Axios, « au cours des deux années suivant l’attaque du 7 octobre, le gouvernement américain a dépensé au moins 21,7 milliards de dollars en aide militaire à Israël et entre 9,65 et 12,07 milliards de dollars supplémentaires pour les guerres au Yémen, en Iran et d’autres opérations militaires dans la région en soutien à Israël. »

Toujours selon Axios, les négociations concernant la nouvelle durée et le nouveau montant de l’aide ont commencé déjà entre responsables américains et israéliens. Elles se déroulent dans une atmosphère de grand embarras pour l’administration Trump et de forte inquiétude pour les génocidaires de Tel-Aviv.

En effet, Trump et ses collaborateurs sont dans l’embarras face à la montée des critiques de la jeunesse américaine, y compris au sein de la base électorale républicaine, de la politique excessivement pro-israélienne de Washington. Les réseaux sociaux d’est en ouest et du nord au sud du vaste territoire américain pointent des doigts accusateurs vers l’Establishment washingtonien qui « continue de placer les intérêts d’Israël avant ceux de l’Amérique. »

De multiples sondages montrent que 75 % des Américains de moins de 35 ans soutiennent les droits des Palestiniens contre l’occupation et la guerre génocidaire d’Israël. Même au Congrès qui, en plein génocide, se permettait 58 standing ovations au criminel de guerre Netanyahu, les choses sont en train de changer. Le vendredi 14 novembre, 21 représentants démocrates ont déposé un projet de résolution accusant Israël de commettre un génocide à Gaza. Elle sera sans doute rejetée, mais cela représente une tendance inquiétante pour le Lobby à Washington et pour Israël : pour la première fois 21 représentants se déclarent ouvertement contre la politique israélienne.

Mais l’inquiétude d’Israël provient surtout du changement qui semble irréversible dans l’opinion publique américaine qui prend de plus en plus conscience que les administrations américaines successives, y compris et surtout celle qui s’est fait élire sous le slogan « l’Amérique d’abord », ont en fait toujours suivi la même politique consistant à prendre en compte les intérêts d’Israël avant « les besoins pressants » du peuple américain.

A cela s’ajoutent les critiques acerbes proférés quotidiennement dans les podcasts par d’éminents intellectuels, académiciens et chercheurs américains qui, à l’instar du Professeur John Mearsheimer, considèrent Israël comme « un albatros au cou de l’Amérique » dont il faut se débarrasser au plus vite.

C’est dans cette atmosphère alarmante, angoissante même pour Israël, que les génocidaires de Tel-Aviv tentent désespérément de prolonger la durée et d’augmenter le montant de l’aide imposée au contribuable américain contre sa volonté.

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Mustapha Mezghani : « L’État se désengage, le secteur privé doit prendre le relais grâce à une exonération fiscale »

17. November 2025 um 06:04

Dans une interview exclusive accordée à L’Économiste Maghrébin, Mustapha Mezghani, directeur général de la Société de gestion de la technopole de Sfax et vice-président de l’Association tunisienne des technopoles, plaide pour une exonération fiscale en faveur des investisseurs privés dans le capital des technopoles tunisiennes.

Mustapha Mezghani a accordé cette interview après avoir participé avec les membres de l’Association des technopoles de Tunisie, jeudi 13 novembre 2025, devant la commission des finances, à une proposition d’article de loi visant à exonérer fiscalement la participation du secteur privé dans le capital des technopoles.

Cette initiative a pour objectif principal d’encourager le secteur privé à investir dans le capital des structures des sociétés de gestion des technopoles.

Cet encouragement est justifié, explique M. Mezghani, par deux raisons fondamentales. La première est dictée par le désengagement progressif de l’État de l’investissement dans les technopoles depuis 2011, son rôle ayant été repris par la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC). Cependant, la CDC est soumise à des plafonds de risque qui limitent sa participation au capital des entreprises à un taux ne dépassant pas 20 %, en général, ou 40 % dans des cas spécifiques.

 

« La seconde raison est liée à la nature de la rentabilité des technopoles. Leur rentabilité est principalement socioéconomique. La rentabilité financière est sur le long terme, de 20 à 25 ans, tandis que la rentabilité financière des projets conventionnels est d’environ 3-5 ans ».

 

La seconde raison est liée à la nature de la rentabilité des technopoles. Leur rentabilité est principalement socioéconomique. La rentabilité financière est sur le long terme, de 20 à 25 ans, tandis que la rentabilité financière des projets conventionnels est d’environ 3-5 ans.

Face à ce choix, l’investisseur privé se tourne naturellement vers les opportunités à rentabilité rapide, d’où la difficulté à les attirer, et, par conséquent, la nécessité de la mesure fiscale proposée par les technopoles pour améliorer la rentabilité d’un tel investissement. Cependant, cette exonération fiscale a une rentabilité certaine pour l’Etat grâce aux emplois créés et aux impôts et taxes générés. Elle se fera sur 3 à 5 ans avec des revenus qui se poursuivront dans le temps.

Un rôle de service public ancré dans la loi

Le cadre légal des technopoles, défini par la loi n°50 de 2001, stipule qu’elles sont des espaces intégrant trois composantes : la formation et l’enseignement, la recherche scientifique et technologique, et l’industrie – ce dernier terme étant entendu au sens large pour inclure les activités de service comme le développement logiciel ou autres activités industrielles.

L’objectif premier de ces pôles technologiques est de promouvoir la capacité concurrentielle de l’économie tunisienne et de développer ses composantes technologiques. Cet objectif est atteint en encourageant l’innovation technologique et en soutenant la complémentarité et l’intégration entre l’enseignement, la formation, la recherche et l’industrie, dans le cadre des priorités nationales.

De ce fait, les technopoles, qu’elles soient publiques ou privées, ont un rôle de service public, qui est de contribuer au renforcement de la part des services à haute valeur ajoutée dans le PIB à travers l’innovation technologique. C’est pour lui permettre de remplir cette mission que l’Association des technopoles demande cet encouragement fiscal au secteur privé.

 

L’objectif premier de ces pôles technologiques est de promouvoir la capacité concurrentielle de l’économie tunisienne et de développer ses composantes technologiques. Cet objectif est atteint en encourageant l’innovation technologique et en soutenant la complémentarité et l’intégration entre l’enseignement, la formation, la recherche et l’industrie, dans le cadre des priorités nationales.

 

Un bilan économique probant qui justifie le soutien

Un bilan réalisé en 2021 à la demande du ministère de l’Industrie et portant sur les dix premières années d’activité de neuf parcs technologiques, incluant leur phase de démarrage, a mis en valeur l’efficacité du système. Ce bilan démontre un impact important avec la création d’environ 46 000 emplois, dont 9 800 pour les diplômés du supérieur, ce qui représente un taux d’encadrement de 38 %, souligne M. Mezghani.

L’indicateur le plus marquant est l’effet de levier sur l’investissement privé. En effet, pour chaque dinar public investi, 23 dinars ont été investis par le secteur privé. Ce ratio de 1 à 23 représente un investissement global du secteur privé d’environ 3 milliards de dinars, soit environ 1 milliard de dinars d’investissement privé pour 130 millions de dinars investis par l’État, ajoute le DG de la de la Technopole de Sfax.

Durant cette période, 14 clusters et réseaux ont été créés, et près de 900 hectares ont été aménagés entre zones industrielles et technologiques.

 

L’indicateur le plus marquant est l’effet de levier sur l’investissement privé. En effet, pour chaque dinar public investi, 23 dinars ont été investis par le secteur privé. Ce ratio de 1 à 23 représente un investissement global du secteur privé d’environ 3 milliards de dinars, soit environ 1 milliard de dinars d’investissement privé pour 130 millions de dinars investis par l’État, ajoute le DG de la de la Technopole de Sfax.

 

Mais ce n’est pas tout, précise M. Mezghani, puisque les technopoles ont également construit 220 000 m² de bâtiments industriels et professionnels, ayant facilité l’attrait d’investissements directs étrangers et le démarrage rapide d’activités grâce à la mise à disposition de bâtiments prêts à l’emploi (plug & play) qui répondent aux besoins des investisseurs.

En termes de dynamique entrepreneuriale, 666 entreprises se sont installées dans les technopoles, dont 82 entreprises étrangères, représentant 12 % du total.

Le réseau a aussi encadré 580 start-up, dont 95 ont été labellisées, et a permis la levée de fonds de 14 millions de dinars à travers 686 programmes d’encadrement.

Par ailleurs, 81 brevets ont été créés à travers les technopoles. Et pour soutenir cette dynamique, l’Association tunisienne des technopoles a mis en place un programme visant à former une génération de compétences des technopoles pour accompagner les entreprises dans tout le processus inhérent au dépôt de brevets.

La présentation de ce bilan et celle de la proposition législative ont donc été très bien reçues par les députés de la Commission des finances, affirme Mustapha Mezghani. Ces derniers ont apprécié le bilan, ont été agréablement surpris et ont partagé les préoccupations concernant la difficulté à attirer le secteur privé. Ils ont exprimé leur volonté d’appuyer la proposition dans le bon sens.

 

Il faut également noter que 81 brevets ont été créés à travers les technopoles tunisiennes. Et pour soutenir cette dynamique, l’Association tunisienne des technopoles a mis en place un programme visant à former une génération de compétences des technopoles pour accompagner les entreprises dans tout le processus inhérent au dépôt de brevets.

 

Quid de la Technopole de Sfax ?

Mustapha Mezghani a précisé que Technopole de Sfax – qu’il dirige depuis peu – est spécialisée dans les technologies de l’information, la communication et le multimédia.

Créée officiellement en 2008, elle a démarré ses activités effectives vers 2011. S’étendant sur 60 hectares, elle dispose de 20 hectares dédiés au ministère de l’Enseignement supérieur pour la formation et la recherche, le reste étant destiné à l’industrie.

Actuellement, un espace limité de 3 700 m² héberge six entreprises, avec une spécialisation marquée dans le numérique pour l’automobile et l’intelligence artificielle.

A cet égard, M. Mezghani relève qu’à l’horizon 2030, 50 % du coût d’une voiture sera lié au numérique, une tendance qui ouvre des perspectives importantes pour ce secteur. En termes d’emploi, la technopole compte actuellement entre 300 et 350 emplois, un chiffre limité par la surface disponible, ce qui a contraint plusieurs entreprises et multinationales à quitter le site après y avoir été incubées et/ou après être entrées à Sfax via la technopole.

 

M. Mezghani est convaincu qu’à l’horizon 2030, 50 % du coût d’une voiture sera lié au numérique, une tendance qui ouvre des perspectives importantes pour ce secteur. En termes d’emploi, la technopole compte actuellement entre 300 et 350 emplois, un chiffre limité par la surface disponible, ce qui a contraint plusieurs entreprises et multinationales à quitter le site après y avoir été incubées et/ou après être entrées à Sfax via la technopole.

 

Pour y remédier, un projet de développement de 15 000 m² est planifié, avec un démarrage prévu en 2026 pour une mise en service en 2028, afin d’augmenter significativement la capacité d’accueil et la création d’emplois.

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