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Heute — 28. März 2025Haupt-Feeds

Et si le phosphogypse devenait une richesse nationale plutôt qu’un déchet toxique ?

28. März 2025 um 07:12

PhosphateLe débat sur la valorisation du phosphogypse, matière polluante rejetée, annuellement, en mer, à hauteur de 8 millions de tonnes, par les industries chimiques de transformation du minerai de phosphate en acide phosphorique refait surface. C’est le Président de la république Kaïes Saïed qui a relancé le débat sur ce dossier en recevant la ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Energie, Fatma Thabet Chiboub.

Le Chef de l’Etat a appelé à trouver une solution définitive au problème du “phosphogypse” à Gabès, évoquant la possibilité de son exploitation, sans effets néfastes sur l’environnement. Il a rappelé, à cet égard, les études réalisées, il y a plus de dix ans, par des ingénieurs et des spécialistes à Gabès, qui ont scientifiquement démontré la viabilité et la sécurité de cette solution.

Retrait du phosphogypse de la liste des déchets dangereux

Le gouvernement a très vite réagi à l’appel du président de la république et pris des mesures adéquates, du moins de notre point de vue.

Le 5 mars 2025, un conseil ministériel restreint a décidé  de reclasser le phosphogypse. Jusque là perçu comme un déchet nocif, voire dangereux, il est désormais reconnu comme une ressource exploitable sous certaines conditions.

Le 12 mars 2025, interpellée à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP),  la ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Energie a apporté trois importantes précisions sur le dossier.

La première consiste en la confirmation par des études scientifiques de l’absence de matières radioactives dans le phosphogypse.

« Et si ce que nous rejetions hier comme un poison devenait demain une richesse pour tout un pays ? Le phosphogypse n’est plus un déchet, c’est un défi à relever. »

 

La seconde porte sur la levée d’interdiction du phophopgypse en tant que déchet dangereux. Mieux cette levée d’interdiction a été, d’après la ministre, validée par le ministère de la Santé publique, prouvant ainsi que cette substance industrielle ne représente aucun danger pour la santé.

La troisième a trait à la feuille de route arrêtée pour valoriser dorénavant le phosphogypse. Il s’agit essentiellement de charger le Groupe chimique tunisien de mener des études et des projets sur une période maximale de cinq ans, avec pour objectif de développer des solutions respectueuses de l’environnement et bénéfiques pour les différentes régions du pays.

Des chercheurs tunisiens ont travaillé sur la valorisation du phophogypse

Quant aux études scientifiques auxquelles font référence le Président de la république et la ministre de l’industrie, des mines et de l’énergie, pour justifier la nécessaire valorisation du phosphogypse, les plus pertinentes et les plus pragmatiques sont, à notre connaissance, au nombre de trois. Nous en avons parlé longuement antérieurement.

La plus intéressante, à notre avis, est celle qui a été développée par l’expert Tahar Khouaja, ancien PDG du Groupe chimique tunisien (GCT), propriétaire public des industries chimiques de transformation de phosphate à Gabès. Il propose un usage utile et renouvelable du phosphogypse, une sorte de recyclage de cette matière qui pourrait rapporter, annuellement, un milliard de dinars pour les caisses de l’Etat. Cette matière pourrait, selon lui, être réutilisée comme engrais enrichissant pour le sol.

Mieux dans ses recherches, l’expert va plus loin et estime que le phosphogypse, contrairement à ce qu’on dit, ne contiendrait pas de polluants dangereux.

« On a trop longtemps laissé le phosphogypse empoisonner nos mers. Il est temps de faire de cette cicatrice écologique une source d’espoir économique. »

 

La deuxième étude est à l’actif de la chercheuse Hayet Omri, docteure en chimie. Cette dernière est parvenue à mettre au point une technique pouvant éradiquer la pollution générée par les rejets du phosphogypse. Cette technique consiste, selon elle, en l’utilisation du phosphogypse dans le bâtiment, en le mélangeant à des résidus de plantes et de produits chimiques. Elle a déclaré avoir expérimenté cette technique avec l’assistance d’experts belges. Elle dit avoir présenté son invention au ministère tunisien de l’Environnement qui a promis d’étudier sa proposition.

Pour sa part, Mokhtar Hamdi, universitaire, chercheur et directeur général du Centre national des sciences et technologies nucléaires (CNSTN), a  fait des recherches sur l’extraction de méthane à partir du phosphogypse, le méthane étant un composant principal du gaz naturel. Il est largement utilisé comme combustible pour le chauffage de bâtiments résidentiels et commerciaux. Il entre également dans la production de gaz de synthèse, un mélange d’hydrogène et de monoxyde de carbone.

Pour un contrôle rigoureux de la radioactivité du phosphogypse

Abstraction faite de cette prise de conscience salutaire de la nécessité de valoriser le phosphogypse. L’essentiel est de faire en sorte que le recyclage de ce sous-produit soit effectué selon les normes internationales de sécurité sanitaire et de respect de l’environnement.

Est il besoin de rappeler au plan écologique, que cette matière polluante, rejetée dans la mer (golfe de Gabès et au large de Sfax), des décennies durant, à raison de plus de 8 millions de tonnes par an, a généré la désertification marine (disparition de plusieurs espèces de poisson…) et affecté énormément le golfe de Gabès, plan d’eau réputé pour être une des frayères de la mer Méditerranée et pour abriter la seule oasis maritime de Mare Nostrum.

« Derrière les chiffres effrayants de la pollution marine, se cache un potentiel inexploré. La science, soutenue par la volonté politique, peut changer le cours de notre avenir. »

 

Est-il besoin de rappeler, également, au plan sanitaire, que le phosphogypse, tout comme le minerai dont il est extrait, le phosphate, est, en théorie, légèrement radioactif. Contenant du radium qui se désintègre en formant du radon, un gaz radioactif qui pénètre facilement les poumons, et qui pour cette raison est source de cancers du poumon.

Morale de l’histoire : l’enjeu est de taille. Afin d’éviter tout dérapage, il est recommandé d’encadrer de manière rigoureuse le recyclage industriel du phosphogypse et de s’inspirer, à cette fin, des “best practices” en vigueur dans d’autres pays.

La députée Fatma Mseddi a eu beaucoup de mérite d’avoir attiré l’attention sur cet aspect lors du débat du 12 mars 2025 au parlement avec la ministre de l’industrie, des mines et de l’énergie.

Abou SARRA

EN BREF

Phosphogypse : Déchet ou richesse pour la Tunisie ?

  • 8 millions de tonnes de phosphogypse rejetées chaque année en mer à Gabès.
  • Le président Kaïs Saïed relance le débat sur sa valorisation.
  • Reclassé comme ressource non dangereuse depuis le 5 mars 2025.
  • Études scientifiques : absence de radioactivité confirmée.
  • Objectif : valorisation sur 5 ans par le Groupe chimique tunisien.
  • Propositions : engrais, matériaux de construction, production de méthane.
  • Enjeu : concilier protection environnementale et développement économique.

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Gestern — 27. März 2025Haupt-Feeds

BCT : d’une indépendance dépendante à une dépendance totale ?

27. März 2025 um 06:02

Il est quasiment clair que le changement du statut de la Banque centrale de Tunisie (BCT) est acté. Une première tentative par les députés n’a pas abouti, mais cette fois, le train est bel et bien en marche.

Le gouverneur de la BCT a été reçu par le président de la République le lendemain de la nomination d’une nouvelle cheffe du gouvernement. Deux jours après, ils se sont rencontrés autour d’une séance de travail qui a donné le feu vert pour modifier ledit statut.

 

Une démarche attendue

Est-ce que cela est surprenant ? Pas non. Il y a une logique dans la Constitution de 2022 qui fait que tout l’appareil de l’Etat doit fonctionner en harmonie et sous la même houlette. L’indépendance de la BCT, à laquelle nous allons revenir, semble être l’exception dans tout ce tableau.

En pratique, la BCT ne fonctionne pas dans un monde parallèle. Elle est la banque de l’Etat et toutes ses actions quotidiennes sont en concertation avec le ministère des Finances. Les deux œuvrent pour que l’Etat honore ses engagements internes et externes.

L’indépendance est dans le choix de la politique monétaire adéquate pour atteindre l’objectif principal de l’institution de l’Avenue Hédi Nouira, à savoir la maîtrise des prix. Son instauration est une protection contre l’ingérence des politiques dans sa décision. Vous pouvez retourner en arrière et imaginer ce que l’exécutif pourrait faire lors des élections de 2019, dans la course vers le Palais de Carthage.

 

En pratique, la BCT ne fonctionne pas dans un monde parallèle. Elle est la banque de l’Etat et toutes ses actions quotidiennes sont en concertation avec le ministère des Finances. Les deux œuvrent pour que l’Etat honore ses engagements internes et externes.

 

Dans l’attente de la nouvelle version

L’indépendance est donc une garantie pour des décisions purement techniques en matière de politique monétaire. Elle n’est pas un moyen pour agir contre les actions gouvernementales.

Revenir en arrière n’est pas donc une bonne chose dans l’absolu. Le point positif cette fois est que la BCT est dans le groupe qui travaillera sur la nouvelle loi. La première tentative du mois de décembre 2024, initiée par les députés, était inacceptable. Cette fois, il y a au moins une garantie que la définition des rôles et des missions soit prise en concertation, sans qu’elle soit parachutée.

 

Il ne faut pas penser que cela rendra le Trésor capable d’éviter les sorties sur le marché local et de s’endetter auprès des banques. C’est totalement le contraire. Il dépensera plus et sera amené à cumuler une double dette. Cela ne peut pas également remplacer l’endettement extérieur, car la BCT n’imprime pas des dollars ou des euros.

 

Ce que nous ne voulons pas voir, c’est surtout une ligne de financement permanente mise à la disposition d’un gouvernement. Ce sont des solutions de facilité qui ne conduisent qu’à des dysfonctionnements majeurs au bout de quelques années. Il ne faut pas penser que cela rendra le Trésor capable d’éviter les sorties sur le marché local et de s’endetter auprès des banques. C’est totalement le contraire. Il dépensera plus et sera amené à cumuler une double dette. Cela ne peut pas également remplacer l’endettement extérieur, car la BCT n’imprime pas des dollars ou des euros.

Nous ne pouvons pas juger la démarche lancée. L’évaluation de l’impact se fera sur la version finale du projet de la loi. Elle sera, sans doute, le texte le plus important de l’année.

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Dette extérieure : La Tunisie portée par un effet Momentum selon Akram Gharbi

25. März 2025 um 08:48

Le pays est en voie de réduire ses déficits et de comprimer sa dette extérieure. En persévérant à soigner son profil de risque, la Tunisie pourra capitaliser sur son image positive et revenir, à horizon proche, sur le marché international de la dette.

Akram Gharbi, Responsable Investissement Crédit chez Crédit Mutuel Asset Management a répondu aux questions de WMC.

Akram GHARBIComment les marchés déterminent-ils le profil de risque-pays ? Prennent-ils en considération les avis des agences de notation ?

Les marchés sont indépendants et par conséquent déterminent leur propre appréciation des risques pays. Ils procèdent à leur évaluation, en toute autonomie, étant en prise directe avec la réalité du terrain. C’est sans mystère car les marchés font un tracking permanent et en temps réel de la situation financière et donc de la solvabilité des pays émetteurs. Pour leur part les agences de notation se retrouvent ‘’Behind the curve’’, comprenez qu’elles interviennent avec un certain retard.

A titre d’exemple quel a été le scénario dans le cas de la Tunisie à la suite du relèvement de sa notation souveraine ?

Rappelons que Fitch, il y a quelques mois a relevé le rating de la Tunisie de deux crans passant de CCC- à CCC. Et que, plus récemment, au cours du mois de février dernier Moody’s a rehaussé d’un cran sa notation. Je préciserais que le marché a préalablement anticipé cette amélioration du risque de la Tunisie. Et il a acté ce fait en cotant la prime de risque du pays au-dessus du grade CCC. Sachez que le marché use de discernement. A titre d’illustration, je citerai l’exemple d’un pays proche. En ce moment la prime de risque du Sénégal est à 10%, (soit 3 points au-dessus de la Tunisie) alors que ce pays est noté simple B soit deux crans au-dessus.

Que retiennent les marchés des appréciations récentes de Moody’s ?

Les appréciations des experts des marchés et des agences se rejoignent. Il y a à retenir que le pays a significativement baissé son besoin de refinancement extérieur. A fin 2023 la Tunisie était appelée à rembourser en deux ou trois séquences, une enveloppe de 2,5 milliards équivalent dollars US. Souvenez-vous qu’à ce moment le pays n’avait pas les faveurs des pronostics. Et la dette était décotée avec des CDS élevés.

«La Tunisie a réussi à rassurer les marchés financiers sans avoir recours au FMI, grâce à une gestion rigoureuse de sa dette et une stratégie réaliste : c’est cela, l’effet Momentum.»

 

Le pays aurait-il pu profiter de la circonstance et racheter sa dette à un prix inférieur à sa valeur faciale ?

C’est envisageable. Cependant les agences de notation désapprouvent. Cette pratique est répandue chez les entreprises, américaines notamment. Celles-ci mobilisent leur trésorerie pour réaliser ce deal avantageux.

Sur quels éléments alors les marchés adossaient leur scepticisme quant au bon dénouement de la dette tunisienne ?

Le contexte était quelque peu contrariant. Souvenez-vous, la crise du Covid survenait alors que le pays achevait son chantier de transition démocratique. Là-dessus la guerre en Ukraine se déclenche mettant le feu aux marchés des matières premières. Ajouter à cela toute l’agitation autour du libre change qui laisse planer un doute sur le commerce mondial. Comprenez que les marchés étaient sceptiques sur la capacité de la Tunisie à honorer ses remboursements lui prédisant un dénouement fâcheux. Envers et contre tout, le pays s’est montré résilient se tenant vent debout, à la grande satisfaction des marchés, lesquels ont fini par réagir en conséquence. Et ce, sans le concours du FMI, mais simplement en comptant sur ses seuls moyens.

Quels sont les arguments dont pourrait se prévaloir la Tunisie ?

Il y d’abord cette capacité à faire bouger les lignes. Le pays au mois de janvier 2025 à a honoré une échéance d’un milliard de dollars US, soit un montant important. Cependant il a disposé depuis d’un matelas de réserves de change lui garantissant 120 jours d’importation. Le cours du Dinar n’a pas vrillé. Certains éléments favorables ont, certes, joué. Je citerais la progression régulière des transferts de la diaspora. Outre cela et c’est au crédit du pays, les recettes du tourisme ont augmenté. Dans le même temps le pays a réduit le déficit de son solde extérieur de 8%, deux ans plus tôt et même davantage certaines années à 2 %, actuellement. Pareil le déficit budgétaire a été abaissé de 8 % en 2022 à 6 %, actuellement. Croyez bien que tous ces éléments mis cote à cote annoncent une meilleure tonicité macro-économique, rehaussant l’image du pays.

«Ce que les marchés saluent aujourd’hui, c’est la capacité de la Tunisie à honorer ses engagements, dans un contexte international incertain et sans appui extérieur : une trajectoire que peu de pays émergents peuvent revendiquer.»

 

Moody’s assortit son appréciation d’une perspective stable. Alors que vous laissez espérer une issue plus positive. Comment concilier les deux avis ?

Je relève que le pays a amorcé une dynamique de relance. Il est vrai qu’a priori le taux de croissance annoncé pour 2026 est de 1,6 %, à prix constants. Cependant la croissance potentielle du pays serait, de mon point de vue, de 5 à 6 %. Les marchés tableraient sur une relance qui serait énergique. Le réchauffement économique annoncerait de mon point de vue un rehaussement de notation à simple B, dans quelques mois. Le pays s’étant inscrit en dynamique vertueuse pourrait capitaliser sur un effet Momentum !

Même à simple B, le pays restera en grade spéculatif. Où serait l’avantage du reclassement ?

Il faut d’abord se réjouir de ce que le pays a quitté la zone de très haut risque. Le marché retiendra une opinion positive de cette ‘’remontada’’ spectaculaire déjouant toutes les prédictions contraires, alors que le pays n’a pas bénéficié des concours du FMI. Ce faisant la Tunisie a reconfiguré son profil de risque. La part de la dette extérieure de la Tunisie a baissé de 20 % à 6 % de l’encours global de la dette. Je vois que l’obligation de 700 millions de dollars à échéance du mois de septembre . Elle est regardée avec sérénité par le marché. D’ailleurs elle est raisonnablement cotée à 9,5 % soit 7 % au-dessus de l’obligation considérée comme sans risque, celle de la RFA dont le rendement est de 2,5 %.

Et au-delà il reste un encours de dette extérieure modeste. Il est libellé en yen japonais et son remboursement s’étale entre 2027 et 2030.

«En remboursant une échéance d’un milliard de dollars début 2025, la Tunisie a envoyé un message fort : elle est capable de tenir ses engagements, même dans l’adversité.»

 

Est-ce à dire que le pays pourrait retourner sur le marché international de la dette?

En bonne logique si le pays parvient à doper sa croissance et renforcer ses finances publiques, cela tonifierait son profil de risque. Cela ferait qu’à terme pas très éloigné la Tunisie, pourrait, de nouveau, émettre sur le marché international de la dette. Et il est plausible qu’elle échappe aux scénarios de l’Egypte et du Ghana qui ont dû d’abord conclure avec le FMI.

Une fois encore l’effet Momentum servirait la cause de la Tunisie.

Amel BelHadj Ali

EN BREF

Dette extérieure : L’effet Momentum

  • Profil de risque amélioré : les marchés ont anticipé le relèvement de la note souveraine.
  • « La Tunisie a défié les pronostics sans l’aide du FMI. » — Akram Gharbi
  • 1 milliard $ remboursé en janvier 2025, sans assistance extérieure.
  • Dette extérieure en baisse.
  • Réserves de change couvrant jusqu’à 120 jours d’importation.
  • Recul des déficits, hausse du tourisme et des transferts de la diaspora.

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ECLAIRAGES – Tensions de liquidité et stratégie monétaire en Tunisie : une équation délicate

25. März 2025 um 08:29

L’évolution des indicateurs monétaires et financiers en Tunisie (au 21 mars 2025) met en lumière des tensions grandissantes sur la liquidité, aussi bien au niveau du secteur public que bancaire.

Dans un contexte économique marqué par une croissance atone, une inflation persistante et une pression sur les réserves en devises, la Banque centrale de Tunisie (BCT) adopte une posture prudente, tout en naviguant entre stabilisation macroéconomique et nécessité de relancer l’investissement. Il s’agit de liquidité.

Un Trésor sous pression

La baisse du solde du compte courant du Trésor, qui recule à 296,2 millions de dinars (MDT), témoigne des tensions sur les finances publiques. Cette contraction reflète l’augmentation des décaissements, probablement en raison du règlement des salaires de la fonction publique et/ou du service de la dette.

Dans un contexte où les recettes fiscales peinent à suivre le rythme des dépenses, l’État tunisien pourrait être contraint d’intensifier ses émissions de Bons du Trésor à court terme, accroissant ainsi la pression sur les marchés financiers domestiques.

Cette situation met en exergue un défi majeur : comment concilier la nécessité de financer le déficit budgétaire sans fragiliser davantage l’équilibre financier des banques et sans alourdir la charge de la dette publique.

 

La Tunisie semble opter pour une stratégie d’allongement de la maturité de sa dette, comme en témoigne la progression des Bons du Trésor Assimilables (BTA), qui atteignent désormais 21,4 milliards de dinars. Si cette approche réduit la pression immédiate sur la trésorerie de l’État, elle ne résout pas pour autant la question de la soutenabilité de la dette à moyen terme.

Une liquidité bancaire sous tension

En parallèle, le solde du compte courant des banques affiche un recul, traduisant une demande accrue de liquidités. Ce resserrement pourrait être lié à plusieurs facteurs, notamment une hausse de la demande de crédit ou une augmentation des besoins en monnaie fiduciaire, comme en témoigne la progression des billets et monnaies en circulation, qui s’élèvent à 23,2 milliards de dinars.

Cette évolution suggère un certain essoufflement des dépôts bancaires à court terme, ce qui contraint les établissements financiers à puiser davantage dans leurs réserves pour assurer le bon fonctionnement du système.

Face à cette situation, la BCT ajuste prudemment son intervention sur le marché monétaire. L’encours global des opérations de refinancement s’établit à 12,8 milliards de dinars, en recul de 1,4 milliard par rapport à la période précédente. Si cette contraction témoigne d’un resserrement des conditions monétaires, elle s’inscrit également dans une volonté de maîtriser l’excès de liquidité afin d’atténuer les pressions inflationnistes.

Une politique monétaire sous contrainte

Le maintien du taux directeur à 8 % confirme la posture prudente de la BCT, qui privilégie la lutte contre l’inflation au détriment d’un assouplissement monétaire susceptible de dynamiser l’investissement.

Cette politique vise à stabiliser le dinar et à limiter la fuite des capitaux vers des devises plus attractives. Toutefois, elle a pour effet collatéral de renchérir le coût du crédit, ce qui freine la reprise économique et pénalise les entreprises déjà fragilisées par un environnement incertain.

Le taux du marché monétaire (TMM) évolue autour de 7,99 %, en légère hausse, ce qui reflète une certaine tension sur les taux interbancaires. Ce resserrement des conditions de financement pourrait accentuer les difficultés d’accès au crédit pour les entreprises et les ménages, limitant ainsi les perspectives de croissance.

Les moteurs extérieurs de résilience

Dans ce contexte complexe, les entrées de devises constituent un facteur clé de stabilisation.

Les recettes touristiques affichent une progression de 5,1 % sur un an, atteignant 1 071,6 millions de dinars, confirmant la reprise du secteur après plusieurs années difficiles.

De même, les revenus des Tunisiens à l’étranger augmentent de 7,3 %, représentant un apport essentiel à la balance des paiements.

Cependant, ces signaux positifs ne suffisent pas à compenser la baisse des avoirs nets en devises, qui reculent de 785,3 millions de dinars en un an pour s’établir à 22,6 milliards de dinars.

Cette érosion des réserves, désormais à 99 jours d’importation contre 106 jours précédemment, reflète une dépendance persistante aux financements extérieurs et une vulnérabilité face aux fluctuations des prix des matières premières et de l’énergie sur les marchés internationaux.

Sur le marché des changes, le dinar affiche une évolution contrastée : une légère appréciation face au dollar (+0,24 %), qui pourrait atténuer l’impact de l’inflation importée, mais une dépréciation face à l’euro (-0,15 %), renchérissant le coût des importations essentielles.

Un marché boursier en attente de catalyseurs

Dans ce climat d’incertitude, la Bourse de Tunis fait preuve d’une relative stabilité, avec un indice Tunindex qui progresse modestement à 10 884 points (+0,06 %).

 

Ce calme apparent masque néanmoins une prudence accrue des investisseurs, qui restent attentifs aux évolutions macroéconomiques et aux éventuelles décisions de politique monétaire.

Entre stabilisation et relance : quel cap pour la BCT?

L’analyse des indicateurs monétaires et financiers révèle une économie tunisienne confrontée à des arbitrages délicats. La BCT maintient une politique monétaire restrictive pour contenir l’inflation et préserver la stabilité du dinar, mais cette stratégie se heurte à la nécessité de stimuler une croissance en berne.

Dans un contexte où les marges de manœuvre budgétaires sont réduites et où la liquidité bancaire se tend progressivement, la question centrale demeure : la Tunisie peut-elle se permettre de poursuivre cette politique de rigueur monétaire sans compromettre sa dynamique économique?

Si le pays parvient à mobiliser davantage d’investissements étrangers et à renforcer ses réserves en devises, un certain assouplissement monétaire pourrait être envisagé pour soutenir l’investissement et la consommation.

À défaut, la contrainte financière risque de se durcir davantage, avec des répercussions sur l’activité économique et le marché de l’emploi.

L’équation reste donc complexe : entre nécessité de stabilisation macroéconomique et impératif de relance, la Tunisie devra trouver le juste équilibre pour préserver sa résilience et éviter un enlisement économique.

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

 

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Quand Trump puise dans les pages sombres de l’histoire américaine

24. März 2025 um 11:32

L’objectif que le président américain ne cesse de proclamer, depuis son premier mandat et jusqu’à ce jour, est de « rendre sa grandeur à l’Amérique » (Make America great again). Sa conception de la grandeur est bien particulière. Car la grandeur d’un pays, selon le bon sens commun ne se mesure pas uniquement par la puissance économique et militaire. La grandeur se mesure aussi et surtout par le respect des principes élémentaires du droit, de la morale et de l’humanisme.

De ce point de vue, et sans remonter très loin dans l’histoire, on peut affirmer sans risque d’erreur, que depuis George W. Bush jusqu’à Donald Trump, aucun président n’a œuvré pour la grandeur de son pays; ni même pris la moindre décision pour améliorer un tant soit peu sa réputation fortement endommagée aux yeux du monde.

Depuis sa prise de fonctions, Trump est en train d’œuvrer non pas à rendre sa grandeur à l’Amérique, mais à endommager encore plus son image et sa réputation dans le monde. Passons sur ses prétentions consternantes sur le Canada, le Mexique, Panama et le Groenland, et concentrons-nous sur le soutien de Trump à son ami Netanyahu, le Premier ministre génocidaire d’Israël. Un soutien qui, du fait de l’immoralité et l’irrespect des principes élémentaires du droit et de l’humanisme, détruit aux yeux de l’écrasante majorité des pays du monde le peu qui reste de la réputation en lambeaux des élites gouvernantes à Washington.

Les dernières statistiques palestiniennes parlent de plus de 51 000 morts et plus de 114 000 blessés à Gaza depuis le début de la campagne génocidaire israélienne. Rares sont les bâtisses qui tiennent encore debout dans l’enclave palestinienne. Et, en plein mois de Ramadan, Israël bloque l’entrée de toute aide humanitaire, privant les survivants du génocide de nourriture, d’eau et d’électricité!

Ces données terrifiantes n’ont pas empêché Donald Trump de donner le feu vert au gouvernement israélien de reprendre le bombardement des ruines de Gaza et de poursuivre sa campagne génocidaire contre le peuple palestinien.

La haine insensée que témoigne le président américain envers les Palestiniens est incompréhensible. Il ne se contente pas de poursuivre, dans les traces de son prédécesseur, l’implication de son pays dans l’entreprise génocidaire du gouvernement israélien; mais il ordonne, en violation de la Constitution américaine et du droit international, l’arrestation de quiconque manifeste son soutien à la cause palestinienne.

Le cas de l’étudiant syrien Mahmoud Khalil, diplômé de l’université new yorkaise de Columbia est révélateur à cet égard. Khalil est résident permanent, titulaire de la « Green Card » et marié à une Américaine de naissance. Il a été arrêté il y a quelques jours à la résidence universitaire où il habite et transféré immédiatement dans une prison pour immigrants dans l’Etat de Louisiane.

Il n’est accusé ni de crime, ni de mauvaise conduite, et encore moins de violation d’aucune loi américaine. Il est arrêté sur la base de cette étrange déclaration du Secrétaire d’Etat Marco Rubio : « Le soutien de Mahmoud Khalil à un Etat palestinien est un obstacle à la mise en œuvre de la politique étrangère américaine » !!!

Epoustouflant. Parce que Mahmoud Khalil a dénoncé dans un rassemblement universitaire le génocide qui se déroule à Gaza et à Jénine, le Secrétaire d’Etat Rubio va trouver des difficultés à effectuer son travail…

Mais l’affaire de Khalil Mahmoud ne s’arrête pas là. La subvention de 400 millions de dollars dont bénéficie l’université de Columbia a été suspendue. La raison? Les responsables de cette institution « n’ont pas fait le nécessaire pour s’opposer à l’antisémitisme à l’université. »

Sous l’administration de Joseph Biden et sous l’administration actuelle, la définition de l’antisémitisme ne concerne plus seulement la défense des droits des Palestiniens; mais aussi la dénonciation du génocide et de l’entreprise d’annihilation de tout un peuple.

Peu de temps après l’arrestation de Mahmoud Khalil, ce fut le tour d’une professeure de médecine libanaise à l’université Brown. Résidente permanente aux Etats-Unis, elle est arrêtée à son retour du Liban à l’aéroport Logan de Boston. La raison? La police, qui s’est permis de consulter son téléphone portable, a découvert une vidéo qui montre la présence de la professeure aux funérailles du chef de Hezbollah, Hassan Nasrallah. C’était suffisant pour qu’elle soit expulsée vers le Liban, en dépit de l’ordonnance d’un juge fédéral interdisant l’expulsion.

Quelle grandeur Trump prétend-il rétablir quand le dévoiement de la plus grande puissance du monde atteint des proportions si absurdes? En fait, le président américain est en train de puiser dans les pages les plus sombres de l’histoire américaine. Sa politique rappelle celle des « Raids de Palmer » des années 1919-1920, du nom du procureur général Mitchell Palmer qui entreprit d’arrêter et d’expulser quiconque soupçonné de communisme et d’anarchisme. Une page noire de la politique américaine du début du XXe siècle qui s’est terminée par l’exécution sur la chaise électrique de Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti, accusés d’anarchisme, dont l’histoire est relatée dans le célèbre film de Giuliano Montaldi qui porte leur nom.

Trump puise aussi dans l’histoire tragique du Maccarthysme des années 1950, du nom du sénateur Joseph McCarthy, qui déclencha ce que les historiens qualifient de « chasse aux sorcières » et de « Peur rouge » qui saisit alors les Etats-Unis.

Plutôt que d’œuvrer à la grandeur de l’Amérique comme il le prétend, Trump est en train de puiser dans les pages sombres de son histoire. Avec en prime la continuation de la politique entamée par son prédécesseur : la participation par l’argent, les armes et le soutien politique au génocide du peuple palestinien.

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ECLAIRAGES –USA – Maghreb – Incertitudes économiques …2/2

24. März 2025 um 07:48

Le ralentissement économique américain et ses répercussions sur les pays du Maghreb : une réflexion rationnelle.

 

Dans un monde interconnecté, où les destins économiques des nations se croisent et s’entrelacent, le poids des grandes puissances, en particulier celui des États-Unis, se fait sentir avec une intensité palpable.

Aujourd’hui, alors que l’Amérique traverse une période de ralentissement économique, une ombre inquiétante plane non seulement sur ses propres rivages, mais également sur les terres vibrantes du Maghreb. Le Maroc, l’Algérie et la Tunisie se voient confrontés à un tournant qui pourrait redéfinir leur avenir économique et social.

 

L’écho des exportations et des investissements 

Les économies maghrébines, liées par un fil invisible aux États-Unis, ressentent déjà les tremblements de ce ralentissement. Le Maroc, par exemple, envoie une multitude de ses produits, des textiles élégants aux fruits gorgés de soleil, vers les marchés américains.

Une baisse de la demande américaine n’est pas qu’une question de chiffres : c’est une menace qui pèse sur les familles, des artisans aux agriculteurs, dont la subsistance dépend des échanges commerciaux. Lorsque les exportations diminuent, c’est comme si une part de l’espoir s’évanouissait, laissant place à l’anxiété et à l’incertitude.

Les entreprises locales, souvent déjà frêles, se voient contraintes de réduire leurs effectifs, et avec elles les rêves d’une vie meilleure s’effacent lentement.

De plus, la perspective d’une diminution des investissements directs étrangers (IDE) américains ne fait qu’aggraver ce sentiment d’inquiétude. Les projets d’infrastructure, qui pourraient transformer des régions entières, sont désormais menacés par la prudence des investisseurs, craintifs face à un horizon économique incertain. Les promesses de progrès s’effritent, et avec elles les aspirations d’un futur radieux pour des millions de citoyens.

Un secteur touristique en danger 

Le tourisme, fleuron des économies maghrébines, se retrouve au cœur de cette tempête. Des destinations comme le Maroc et la Tunisie, qui ont longtemps séduit les voyageurs américains par leurs paysages enchanteurs et leur riche patrimoine culturel, pourraient voir leurs rives désertées.

La peur d’un avenir incertain pourrait pousser les visiteurs à restreindre leurs envies d’évasion, réduisant ainsi les flux touristiques qui nourrissent non seulement les entreprises, mais aussi l’âme de ces nations.

Les conséquences d’une telle diminution vont bien au-delà des simples statistiques : elles touchent des cœurs, des familles, et des communautés entières qui, dans leur quotidien, dépendent de l’afflux des touristes.

La diaspora maghrébine, vibrant lien entre ces pays et les États-Unis, joue également un rôle crucial. Les transferts d’argent, qui permettent à des milliers de familles de vivre dignement, pourraient s’assécher face à un ralentissement économique.

La douleur de l’incertitude se propage, affectant non seulement le bien-être immédiat de ces familles, mais aussi la vitalité de petites entreprises et d’initiatives locales qui comptent sur ces fonds pour fleurir et grandir.

 Une volatilité éprouvante sur les marchés financiers 

La volatilité des marchés financiers, exacerbée par le ralentissement américain, amplifie encore davantage le sentiment d’angoisse. Les capitaux, hésitants, s’éclipsent des marchés émergents, tels ceux du Maghreb, laissant derrière eux des promesses non tenues et un accès plus difficile au financement. Les gouvernements et les entreprises, déjà fragilisés, se retrouvent confrontés à une insurmontable montagne de défis pour réaliser leurs projets de développement.

Avec un dollar américain qui se déprécie, les coûts d’importation explosent, entraînant une inflation qui étrangle littéralement le pouvoir d’achat des consommateurs locaux. Les familles, déjà en difficulté, voient leurs ressources s’amenuiser, plongeant encore plus profondément dans un cycle de précarité qui semble inéluctable. 

La dépréciation du dollar pourrait être globalement bénéfique pour la Tunisie en réduisant la facture des importations. Mais cet effet dépendra de l’évolution d’autres devises et des prix internationaux des matières premières. Une appréciation de l’euro ou des hausses de prix sur les marchés mondiaux pourraient limiter les avantages pour l’économie tunisienne.

Vers un avenir incertain mais résilient?

Les défis posés par le ralentissement économique aux États-Unis ne sont pas que des chiffres sur un tableau statistique. Ils incarnent des luttes, des espoirs et des rêves d’une génération au-delà des graphiques abstraits.

Les pays du Maghreb, bien que confrontés à des obstacles, doivent puiser dans leur résilience et leur ingéniosité pour naviguer à travers une conjoncture éclectique.

La route est semée d’embûches, mais c’est souvent dans les moments les plus sombres que la lumière de la solidarité et de la créativité humaine brille le plus intensément.

En ces temps incertains, le Maghreb doit se dresser avec courage, se réinventer et tracer un chemin vers un avenir meilleur.

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Article en relation :

ECLAIRAGES – USA : incertitudes économiques …

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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ECLAIRAGES – USA : incertitudes économiques …

22. März 2025 um 06:10

Le maintien des taux d’intérêt par la Réserve fédérale (Fed) américaine, annoncé mercredi 19 mars, témoigne d’une situation d’incertitude sans précédent dans la première économie mondiale. Deux mois après le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, les responsables de la Fed signalent une dégradation de leurs prévisions économiques, reflétant une méfiance croissante face aux décisions politiques récentes et à la dynamique économique.

incertitudes économiques
Incertitudes économiques américaines

Le contexte …

La Fed, institution incontournable pour la régulation monétaire aux États-Unis, a une mission essentielle : maintenir la stabilité des prix et maximiser l’emploi. Sa récente décision de maintenir les taux d’intérêt dans une fourchette de 4,25 % à 4,50 % — des niveaux conservés depuis décembre — reflète une prudence face à un environnement économique tumultueux. Ce statu quo était largement anticipé par les marchés, qui s’attendaient à ce que la Fed prenne le temps de digérer les implications des nouvelles politiques économiques de l’administration Trump.

Jerome Powell, le président de la Fed, a affirmé que l’incertitude est « inhabituellement élevée». Cette déclaration souligne non seulement les inquiétudes concernant la trajectoire économique à court terme, mais aussi l’impact potentiellement profond des décisions politiques sur l’économie américaine. En effet, les nouvelles mesures tarifaires et les réformes proposées par Trump pourraient entraîner de réelles perturbations dans les chaînes d’approvisionnement et la consommation.

 

Jerome Powell, le président de la Fed, a affirmé que l’incertitude est « inhabituellement élevée ». Cette déclaration souligne non seulement les inquiétudes concernant la trajectoire économique à court terme, mais aussi l’impact potentiellement profond des décisions politiques sur l’économie américaine.

 

Des bouleversements aux révisions des prévisions …

Les révisions effectuées par la Fed dans ses prévisions économiques sont révélatrices des défis à venir. La croissance du produit intérieur brut (PIB) est désormais anticipée à +1,7 % pour fin 2025. Soit un abaissement significatif par rapport à l’estimation précédente de 2,1 %. Un tel ralentissement soulève des questions sur la capacité des États-Unis à maintenir un rythme économique soutenu face aux bouleversements récents.

Parallèlement, l’inflation est projetée à 2,7 %. Ce qui vient contrarier les efforts de la Fed de maintenir les prix sous contrôle, la cible étant de 2 %. Une telle hausse pourrait résulter des nouvelles taxes sur les importations, qui, selon Powell, commencent à alimenter une pression inflationniste dans l’économie. De plus, le taux de chômage a été légèrement rehaussé à 4,4 %, ajoutant une autre couche de complexité à la situation. Cette augmentation, bien que modeste, est un indicateur préoccupant d’un possible affaiblissement du marché du travail.

Lire aussi : ECLAIRAGES – La « Trump-economics » à l’épreuve des marchés

Du politique à l’économique, impacts …

L’impact des politiques économiques de Donald Trump est déjà perceptible. L’imposition de nouvelles taxes sur les importations a créé une pression supplémentaire sur les entreprises américaines, qui doivent maintenant naviguer dans un environnement de coûts accrus. Cela a conduit les consommateurs à devenir plus vigilants dans leurs dépenses. Ce qui pourrait potentiellement ralentir la croissance économique. Les entreprises, de leur côté, commencent à questionner leur stratégie d’investissement dans un climat d’incertitude.

Les mesures controversées prises par Trump, en particulier celles concernant les droits de douane et la réduction des dépenses publiques, suscitent des critiques, y compris de la part d’économistes habituellement en faveur de ses réformes. Cette situation a engendré un climat de scepticisme parmi les investisseurs, qui commencent à douter de la capacité des États-Unis à surmonter cette « essoreuse » économique, dans une conjoncture éclectique.

 

Cette situation a engendré un climat de scepticisme parmi les investisseurs, qui commencent à douter de la capacité des États-Unis à surmonter cette « essoreuse » économique, dans une conjoncture éclectique.

 

Les attentes du marché

Dans ce contexte incertain, les anticipations entourant les mouvements futurs de la Fed deviennent concluantes. Les marchés cherchent des indices quant à une éventuelle baisse des taux d’intérêt, qui pourrait survenir dans la seconde moitié de l’année. Toutefois, cela doit être mis en balance avec les pressions inflationnistes croissantes. Lesquelles pourraient inciter la Fed à relever ses taux pour éviter un emballement des prix.

Les économistes ont des points de vue divergents sur la direction que pourrait prendre l’économie américaine. Certains craignent qu’une hausse de l’inflation, associée à un ralentissement de la croissance, puisse précipiter une récession. D’autres, cependant, estiment qu’il est encore possible pour Trump de regagner la confiance des investisseurs et des consommateurs, à condition que ses politiques soient ajustées pour répondre aux besoins économiques actuels.

Des embûches …

La décision de la Fed de maintenir les taux d’intérêt face à une incertitude économique croissante témoigne d’une volonté de prudence dans un environnement en mutation rapide. Les conséquences des politiques de Trump, marquées par des interventions abruptes et des changements dans la réglementation, créent un climat d’appréhension tant pour les investisseurs que pour les consommateurs. Ce climat d’incertitude amène la Fed à jongler avec des signaux contradictoires, dans un contexte où l’inflation et la croissance économique évoluent dans des directions opposées.

 Suivra – « Impacts sur la Tunisie »

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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La TSB a consommé tous ses fonds propres, en attendant la recapitalisation

21. März 2025 um 12:03

L’Assemblée générale ordinaire de la Tunisian Saudi Bank (TSB), statuant sur les résultats de l’exercice 2023, s’est tenue comme prévu. L’affectation des résultats a fait passer les résultats reportés à -228,695 MTND et les capitaux propres à -45,414 MTND.

Cette situation est inquiétante pour un établissement de crédits tel que la TSB. Et l’augmentation de capital de 100 millions de dinars (MTND) votée par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) urge.

Une recapitalisation qui attend

Cette opération sera supportée à hauteur de 50 MTND par l’actionnaire saoudien et le reste par les parties tunisiennes. L’Etat va souscrire à la place de l’Office national du tourisme tunisien (ONTT), l’ETAP et Tunisair. En tout, il mettra 49,625 MTND. Seule la CNSS va suivre l’opération et ne sera pas diluée.

Lors des discussions au niveau de la Commission des finances et du budget, certains chiffres ont été présentés. Ainsi, la banque affiche un ratio Tier I de 0,96 % fin 2022. Le taux des créances classées s’est établi à 46 %.

Nous ignorons les raisons pour lesquelles la recapitalisation n’a pas encore eu lieu. En même temps, elle pourrait être réalisée après la publication des états financiers et du rapport des commissaires aux comptes.

A notre sens, la vraie question qui se pose concerne l’impact réel de cette injection de fonds. Techniquement, cela donnera une durée de vie supplémentaire à la banque. Et ce, en lui permettant d’enregistrer des pertes; mais sans tomber dans des fonds propres négatifs.

Combien cela va-t-il durer? Sans une reprise d’activité, le besoin d’augmenter le capital risque d’être renouvelé d’ici 2026.

Le problème est structurel. Car c’est une banque universelle, mais sans une empreinte géographique capable de drainer un flux de dépôts récurrents et des dossiers de crédits rentables avec les entreprises.

Un business model à réviser?

La TSB a été créée pour soutenir les grands projets de développement et non pour concurrencer les autres établissements sur un segment retail déjà pris. La décision à prendre concerne le business model que la banque doit poursuivre.

En effet, soit elle préserve sa nature universelle. Et dans ce cas, il faut que les actionnaires mettent à sa disposition tous les moyens financiers, humains et matériels nécessaires pour concurrencer sérieusement les autres établissements.

Soit elle retrouve son statut initial de banque d’affaires. Ce retard enregistré dans la recapitalisation aura donc un impact sur la qualité des prévisions du plan de redressement présenté aux autorités et sur la base duquel la décision de participer à l’opération a été prise.

Sans oublier à cet égard que cela pourrait affecter l’image de la Tunisie en tant que partenaire et pays ouvert à l’investissement aux yeux des Saoudiens. Nous sommes en train de parler de la première puissance économique de la région MENA. Il y a tout intérêt à ce que l’opération réussisse et que la banque exploite son potentiel au profit de l’économie tunisienne.

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Réforme de la formation des Ingénieurs : vision stratégique ou Illusion Politique ?

21. März 2025 um 07:34

IngénieursLe ministère de l’Enseignement supérieur vient de publier un livre blanc présentant une stratégie nationale pour la réforme des cursus de l’ingénierie dans notre pays.

L’Orientation Stratégique 3 (OS3) du Système de Formation d’Ingénieurs (SFI) vise à adapter les formations aux besoins de la société tout en intégrant les concepts de durabilité et d’innovation.

Dans la préface de l’ouvrage, on en parle comme étant “le fruit d’une réflexion approfondie, menée avec la participation de divers acteurs du secteur éducatif, industriel et gouvernemental. Il se veut une feuille de route pour l’avenir, offrant des recommandations, des orientations stratégiques et des perspectives pour moderniser et renforcer la formation d’ingénieurs dans notre pays”.

Le Livre Blanc n’a pas eu l’unanimité des observateurs de la scène de l’ingénierie et ce qu’il s’agisse d’ingénieurs ou d’experts résidant sur le sol national ou des élites tunisiennes sises à l’étranger. Entre autres reproches aux concepteurs, le fait d’écarter de la réflexion approfondie -à l’exception de l’Atuge (Association tunisienne des grandes Écoles) -des élites tunisiennes établies dans les quatre coins du monde et au fait de toutes les innovations et découvertes advenues dans les pays les plus avancés sur le plan technologique.

L’association franco-Tunisienne Reconnectt a organisé, à l’occasion, un webinaire intitulé “Innover au national, concurrencer à l’international, comment doit être la prochaine génération des ingénieurs tunisiens” qui fera l’objet d’un papier.

Mais d’abord voyons les grandes lignes du livre blanc qui propose une évaluation détaillée de l’état actuel de la formation d’ingénieurs en Tunisie tout en identifiant les défis et les opportunités d’amélioration.

50 ans, rien que ça, c’est l’âge du système de formation tunisien aux disciplines de l’ingénierie. Un système qui a connu une diversification importante et qui fait face à des enjeux tels que l’amélioration de la qualité des formations, l’intégration des nouvelles technologies, et la nécessité d’ancrer davantage la formation dans les réalités industrielles et économiques.

“Former des ingénieurs sans une vision stratégique claire, c’est comme construire un édifice sans plan : on risque de s’effondrer face aux défis du futur.”

 

Le Livre Blanc appelle à une réforme stratégique pour moderniser les programmes, renforcer les infrastructures et améliorer la gouvernance au sein des établissements de formation.

L’ouvrage souligne l’importance d’une collaboration étroite entre les institutions académiques, le secteur industriel et les acteurs gouvernementaux pour mieux répondre aux besoins du marché.

Pour cela, il propose d’intégrer des compétences transversales et de renforcer l’apprentissage pratique, tout en engageant les étudiants dans leur parcours académique.

Le Livre Blanc plaide également pour une réflexion éthique et durable, invitant les futurs ingénieurs à prendre en compte les enjeux environnementaux et sociétaux dans leur pratique professionnelle. Il appelle aussi à l’action tous les acteurs concernés afin de créer un système inclusif et innovant qui non seulement respecte les standards internationaux mais anticipe également les défis futurs.

En encourageant l’apprentissage tout au long de la vie et en favorisant l’innovation, le rapport vise à préparer les ingénieurs tunisiens à être des acteurs compétitifs sur la scène mondiale, contribuant ainsi au développement économique du pays.

“Un système éducatif qui ne s’adapte pas aux révolutions technologiques condamne ses diplômés à devenir des spectateurs plutôt que des acteurs du progrès.”

 

Pour y parvenir, plusieurs actions stratégiques sont mises en place, comme l’engagement des entreprises dans la conception des programmes et l’amélioration de la pertinence des offres de formation.

L’objectif est de renforcer le lien entre le monde académique et l’industrie afin de favoriser l’employabilité des diplômés et de contribuer au développement économique et social. L’OS3 a pour but de garantir que les ingénieurs formés possèdent les compétences nécessaires en adéquation avec les besoins du marché. Des collaborations étroites entre les établissements de formation et les entreprises sont essentielles pour adapter l’offre pédagogique.

L’intégration de concepts tels que le développement durable et la transformation numérique dans les programmes de formation est primordiale. Des modules sur les compétences transversales, incluant l’éthique et la responsabilité sociétale, devraient être intégrés dans les curriculums. On y parle également de la création d’événements et de forums favorisant les échanges entre académiques et industriels, soit une condition importante pour recueillir des retours d’expérience.

L’apprentissage tout au long de la vie est encouragé pour que les ingénieurs s’adaptent aux évolutions technologiques. Le SFI mettra en place une structure de veille socio-économique afin de suivre les besoins du marché et d’ajuster les formations en conséquence.

Une stratégie par rapport à quoi et basée sur quoi ?

L’Orientation Stratégique 3 proposée dans le livre blanc est adossée à 3 grands axes :

  • Adapter les formations aux besoins sociaux et économiques : garantir que les programmes d’ingénierie répondent aux exigences actuelles et futures du marché de l’emploi et de la société, en intégrant les préoccupations de durabilité et d’innovation.
  • Renforcer les liaisons académiques et industrielles : accroître la collaboration entre les établissements d’enseignement supérieur et les entreprises pour concevoir des programmes qui préparent efficacement les étudiants aux réalités du monde professionnel.
  • Promouvoir l’apprentissage permanent : encourager les diplômés à continuer à se former tout au long de leur carrière pour s’adapter aux transformations technologiques et aux évolutions du marché.

Ces objectifs s’inscrivent dans un cadre plus large visant à améliorer la qualité et la pertinence de la formation d’ingénieurs, en tenant compte des retours d’expérience et des évolutions sociétales.

“L’ingénierie est au cœur des grandes mutations économiques et industrielles. Si nous ne dotons pas nos ingénieurs des outils du XXIe siècle, nous nous enfermons dans une logique de retard perpétuel.”

 

Tout cela est bien beau, toutefois, quelques questions se posent :

  • les cursus de l’ingénierie ne doivent-il pas obéir à une vision de l’État loin de toute gesticulation économique et carence stratégique ?
  • le livre blanc sur lequel ont planché comme précisé par le ministère des experts, des enseignants, des “Atugéens” et des industriels est-il l’expression de la volonté de l’État de mettre la Tunisie sur l’orbite des avancées technologiques extraordinaires de par le monde, ou tout juste un ouvrage publié pour honorer un engagement financier et pour dire que malgré tout, nous pensons l’avenir du pays ?
  • Hakim Bellagha, ingénieur évoluant dans le secteur énergétique parle d’inachevé- article à publier- et d’archaïsme administratif. D’où une autre grande question, la réflexion menée dans le cadre du livre blanc répond-elle aux choix stratégiques de l’État en matière de développement technologique et d’innovation ?
  • la formation des ingénieurs se conjugue-t-elle avec les objectifs stratégiques de l’État, visant à doter les diplômés des compétences nécessaires pour soutenir des secteurs clés de l’économie et favoriser la croissance et la compétitivité nationale parce qu’in fine nous ne pouvons pas continuer à n’être que des fabricants de matière grise au service des autres États ?
  • loin des discours théoriques, l’État tunisien se donne-t-il les moyens d’investir dans les technologies les plus avancées ?
  • les laboratoires de recherches dans les institutions universitaires sont-elles équipées comme il se doit pour former les étudiants aux technologies les plus pointues existant aujourd’hui sur la scène mondiale ? Nous pouvons citer l’intelligence artificielle, la technologie blockchain, La 5G qui facilite le développement de l’Internet des Objets (IoT) et des applications de réalité augmentée et virtuelle mais laquelle lancée récemment dans notre pays, ne semble pas capable de remplir ce rôle pour nombre de raisons, la biotechnologie et génomique, les robots autonomes et drones, les technologies quantiques ou encore les énergies renouvelables et le stockage d’énergie où nos performances à ce jour restent assez approximatives ?

Les programmes de formation des ingénieurs doivent être alignés sur des orientations stratégiques qui favorisent la recherche et l’innovation et définissent un positionnement futur du pays qui détermine les choix des cursus ou continuer dans la lancée de formations académiques solides qui permettent la maitrise des fondamentaux mais sans disciplines facilitant une intégration plus aisée de nos ingénieurs dans la dynamique technologique mondiale.

“Une réforme qui ne s’appuie pas sur la collaboration entre les universités, les entreprises et l’État reste une déclaration d’intention. La compétitivité se construit avec des actions concrètes et un engagement durable.”

 

Plus que de la théorie et de la littérature, nous ne pouvons pas réussir les filières de l’ingénierie en l’absence d’une orientation stratégique de l’État et pas sur 5 ans, mais sur au moins une dizaine d’années, l’ingénierie est au cœur des grandes révolutions contemporaines et il n’est pas sûr qu’un livre blanc pourrait changer les donnes si derrière ses grandes idées ou propositions, tout l’appareil de l’État ne se met pas en marche.

L’Institut tunisien des Études stratégique regorge d’études les unes plus pertinentes que les autres, les actions, les mesures ont-elles suivi ?

Friedrich Engels disait “Une once d’action vaut une bonne théorie”. Sans actions de l’État, sans vision et sans portée pratique et réaliste, devrions-nous être condamnés à théoriser sans réaliser ?

Amel Belhadj Ali

EN BREF

Réforme de la Formation des Ingénieurs en Tunisie

🔹 Un Livre Blanc publié par le ministère de l’Enseignement supérieur propose une réforme des cursus d’ingénierie.

Objectifs clés :
✔ Adapter la formation aux besoins du marché
✔ Renforcer les liens universités-industries
✔ Intégrer l’innovation et le développement durable

🔹 Un débat ouvert : Certains experts critiquent l’absence de concertation avec les élites tunisiennes à l’étranger.

🔹 Chiffre clé : 50 ans d’existence du système actuel, nécessitant une modernisation.

“Former sans stratégie, c’est théoriser sans réaliser.”

Enjeux : Une mise en œuvre efficace et un véritable engagement de l’État.

 

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Indice démocratique 2024 : La Tunisie un pays hybride

19. März 2025 um 09:20

DrapeauEn cette période de bouleversements géopolitiques inquiétants en ce sens où elles viennent consacrer à la faveur du «trumpisme» la loi du plus fort, peut-on parler encore de coexistence pacifique entre les peuples ou encore de démocratie comme modèle idéal de gouvernance. Ce même modèle qui peinait déjà avant les récents changements à se faire accepter par tous les pays du monde.

A preuve, selon l’indice démocratique global 2024 publié, le 27 février 2025, par The Economist Intelligence Unit (EIU), «6,6 % seulement de la population mondiale vit aujourd’hui dans un régime considéré démocratique ». Plus grave, cette maigre proportion ne cesse de diminuer au fil des années. D’après le même indice « la démocratie a encore reculé dans le monde l’an dernier : 71 pays sont considérés comme des démocraties, soit 6 de moins qu’il y a une décennie, moitié moins qu’en 2014 (12,5 %)».

Pis encore, la démocratie a été instrumentalisée et travestie par le trumpisme pour accéder au pouvoir à des fins non pas de l’extension de la démocratie mais pour préserver l’ordre ultralibéral léonin. Ses porte-parole font flèche de tous bois pour le faire passer comme une entreprise d’extension de “la démocratie”, dans son acception occidentale (processus électoral purement politique avec statu quo socio-économique).

Conséquence : la démocratie en tant que modèle de gouvernement le plus indiqué pour les peuples n’est plus une référence même pour les anciennes démocraties les plus solides. A ce propos, l’EIU prévient que de nombreux pays démocratiques connaissent des difficultés non négligeables malgré leur indice relativement élevé (cas des pays de l’Union européenne).

« La démocratie n’est pas dans les institutions, mais dans les hommes. » – Georges Burdeau

 

Plusieurs sondages montrent, d’après cet indice, que de plus en plus de citoyens de ces pays ne font pas confiance à leur gouvernement, une situation mise en lumière par la mauvaise performance de plusieurs partis au pouvoir lors des élections tenues en 2024.

L’inflation post-pandémique et les inégalités économiques alimentent l’insatisfaction populaire et jouent un rôle « très important » dans la montée de partis populistes.

La Tunisie classée 93ème sur 167 pays listés

La question qui s’impose dès lors est la suivante :  qu’en est- il de la démocratie en Tunisie. L’indice démocratique global 2024, qui «mesure» l’état de la démocratie en fonction de cinq critères :

  • degré de libertés civiles,
  • processus électoraux,
  • fonctionnement du gouvernement,
  • culture politique et
  • participation politique,

L’indice a classée la Tunisie à la 93ème place sur un total de 167 pays listés. La Tunisie a vu ainsi son indice reculer de 0,88 point, « témoignant, d’après les auteurs de l’EIU, de la dérive autoritaire du président Kaïes Saïed».

Avec un score de 4,71 points la Tunisie figure parmi ce que l’indice appelle les pays à «Régime hybride», c’est- à-dire des régimes politiques qui combinent démocratie électorale et tendance autoritaire. Plus simplement encore, de tels régimes ne présentent qu’un nombre restreint de caractéristiques propres aux démocraties.

« La démocratie ne se décrète pas, elle se construit par l’éducation et la culture politique. »

 

Au niveau local, les analystes appellent ce régime, une « démocrature »,  un régime politique qui, par son système d’élection et la relative liberté d’expression qu’il tolère, est démocratique, mais où la réalité de l’exercice du pouvoir penche vers la dictature et la suppression de l’État de droit. L’opposition tunisienne à ce régime l’appelle «un simulacre de démocratie».

La véritable démocratie est celle des individus démocrates

Il faut reconnaître qu’après le chaos et le désordre qui ont prévalu, lors de la soi-disant transition démocratique, depuis 2011 et jusqu’à ce jour, il est très, très, très difficile de parler de besoin de démocratie en Tunise, et ce,  pour une simple raison : les tunisiens n’ont jamais été préparés à l’exercice de la démocratie.

L’expérience de cette malheureuse transition avec la partitocratie qu’elle a favorisée a montré qu’il n’existe, désormais, en Tunisie aucune institution politique, sociale ou économique qui peut prétendre qu’elle est démocratique. Mieux, il n’existe pas en Tunisie, aucun responsable politique, syndical ou économique qui peut oser dire qu’il est démocrate.

« Quand le pouvoir s’impose au détriment du peuple, la démocratie devient un mirage. »

 

Et pour cause. Depuis l’accès du pays à l’indépendance en 1956, les dirigeants qui se sont relayés à sa tête n’ont jamais voulu de la démocratie et n’ont jamais aidé les tunisiens ni à s’en convaincre, ni à l’exercer. Car en matière de démocratie, l’essentiel réside dans son inculcation aux individus.

A ce sujet, l’universitaire et essayiste français Georges Burdeau disait à la fin de son ouvrage sur « la démocratie » : « finalement, la démocratie n’est pas dans les institutions, mais dans les hommes, il n’y pas de démocratie, mais seulement des démocrates». A bon entendeur.

Abou SARRA

EN BREF

Indice démocratique 2024 : où en est la Tunisie ?

Un recul démocratique mondial
🔹 6,6 % de la population mondiale vit sous un régime pleinement démocratique.
🔹 La démocratie recule : 71 pays classés démocratiques, contre 12,5 % en 2014.

La Tunisie en perte de vitesse
📌 93e sur 167 pays selon l’indice démocratique 2024.
📉 Score : 4,71/10 → Classification : régime hybride.
⚠ Dérive autoritaire pointée par The Economist Intelligence Unit.

💬 “Il n’y a pas de démocratie, mais seulement des démocrates.” – Georges Burdeau

👉 Entre démocratie électorale et autoritarisme, quel avenir pour la Tunisie ?.

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Tunisie: Inflation à 5,7%, un signe de bonne santé économique ou le contraire ?

18. März 2025 um 16:48

inflation

Un taux d’inflation se replie à 5,7% au mois de février contre 6% en janvier 2025. Une manne pour tous les Tunisiens qui appellent à réajuster le TMM maintenant que l’inflation est maîtrisée. Mais…

Nous aurions crié victoire si la baisse de l’inflation reflétait une prospérité économique et n’était pas le symptôme de la faiblesse de notre économie.

Pour l’Institut national des Statistiques, le fléchissement observé au niveau du rythme annuel d’augmentation des prix du groupe « produits alimentaires » est reflété par une baisse de 0,1%.

L’inflation passant de 7,1% en janvier 2025 à 7% au mois de février. Une hausse due principalement à l’augmentation des prix de la viande d’agneau de 21,4%, des légumes frais de 18,7%, des fruits secs de 14,2%, du poisson frais de 13,4% et des volailles de 10,5%, seuls les prix des huiles alimentaires ont diminué de 16,2%. Un peu plus bas dans le communiqué de l’INS, il est indiqué que les prix des produits alimentaires ont augmenté de 0,5 %, baisse de 0,1% ou hausse de 0,5% : Cela mérite éclairage…

“Les chiffres ne mentent pas, mais leur interprétation peut induire en erreur.”

 

Aussi, avec des taux d’augmentation par rubrique à deux chiffres (de 10,5% à 21,4%), nous ne comprenons pas comment le taux moyen de l’augmentation est de 7,1%, quelles que soient les pondérations retenues.

Les prix de l’habillement et chaussures ont augmenté de juste 8,6% en février contre 9,7% en janvier 2025, les services de santé de 4% seulement en février 2025 contre 9,1% en janvier 2025, et le « logement, eau, gaz, électricité et autres combustibles » de 3,8% en février 2025 contre 4,1% en janvier 2025.

Les prix des produits manufacturés et les services ont pour leur part augmenté de 5,2% sur un an en raison de la hausse des prix des produits de l’habillement et chaussures de 9,7% et des produits d’entretien courant du foyer de 4,8%.

L’INS étant tenue aux chiffres et expliquant tout phénomène socioéconomique par les chiffres, ne s’étale pas sur les raisons de la baisse de l’inflation ce qui peut donner lieu à de mauvaises interprétations s’agissant de la santé économique de la Tunisie. Car nous ne pouvons parler du recul de l’inflation sans aborder l’impact de la loi sur les chèques sur les consommateurs en Tunisie et ce principalement dans la partie habillement et santé où la baisse a été plus que significative passant comme signifié plus haut de 9,1% à 4%. Et parlant de santé, n’omettons surtout pas tous ceux, et ils se comptent par dizaines de milliers, qui achètent les médicaments fréquemment avec des chèques antidatés.

“Derrière chaque baisse de prix, il y a une réalité économique à comprendre.”

 

Cela dit, le recul de l’inflation dans le cas tunisien, n’est pas lié à l’augmentation de l’offre et à la croissance économique mais plutôt à une contraction de la demande due à la diminution du pouvoir d’achat des consommateurs. Un exemple édifiant que celui de la saison des soldes dont le démarrage a été avancé mais qui n’a pas été une réussite selon nombre de commerces.

La situation économique du pays ne doit pas nous rassurer mais nous inciter à trouver des pistes de sorties pour une véritable relance économique loin des demi-mesures. Un recul vertueux de l’inflation signifie une hausse de la productivité, plus d’investissements et plus de concurrence accrue pour une offre plus abondante sur le marché pas une contraction de la demande.

Dans le cas tunisien, les chiffres doivent être analysés avec beaucoup de vigilance et prudence parce que nous ne pouvons pas nous autoriser de faux espoirs sur une situation économique qui n’est pas des plus brillantes. Notre lecture des chiffres ne doit pas être biaisée par un optimisme béat. Derrière les chiffres, nous devons avoir une idée sur le pourquoi et envisager des solutions par le comment.

Amel Belhadj Ali

Inflation en Tunisie : Une baisse trompeuse ?

  • Taux d’inflation : 5,7 % en février 2025 (contre 6 % en janvier).
  • Augmentation des prix alimentaires : Viande d’agneau (+21,4 %), légumes frais (+18,7 %), fruits secs (+14,2 %), poisson frais (+13,4 %), volailles (+10,5 %).
  • Baisse du pouvoir d’achat : La contraction de la demande plutôt qu’une reprise économique.
  • Facteur clé : Impact des restrictions sur les chèques, notamment sur l’habillement et la santé.
  • Interprétation prudente : Derrière les chiffres, une situation économique fragile qui appelle à des solutions durables.

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RSE en Tunisie : Les entreprises sont-elles vraiment responsables ?

18. März 2025 um 09:00

Au temps du Bourguibisme, le combattant suprême (Bourguiba) qualifiait les entrepreneurs privés tunisiens de l’époque  d'”affairistes”, c’est-à-dire de personnes préoccupées par le profit et enclins à faire des affaires sans scrupule. Le Président Ben Ali, son successeur n’a pas ménagé à son tour cette catégorie d’acteurs sociaux. Il les qualifiait de “chasseurs de primes et de subventions”.

Malheureusement, ces étiquettes perdurent encore jusqu’à nos jours comme en témoignent les résultats de certaines enquêtes.

A l’origine de ce discours réducteur entretenu à l’endroit des entrepreneurs, l’absence d’une culture entrepreneuriale. Celle là même qui favorise la concrétisation d’un ensemble de valeurs concrètes, notamment l’innovation, l’engagement, la créativité, la responsabilité sociétale et autres. L’ultime finalité étant  de consacrer dans la société la légitimité sociale du métier d’entrepreneur ainsi qu’à donner à ce dernier une image plus crédible.

Nous sommes amenés à remettre à l’esprit ces qualitatifs d’antan au regard des résultats  d’un récent baromètre sur la maturité de la durabilité au sein des entreprises exportatrices, et ce, à l’occasion d’un séminaire organisé, au mois de février 2025,  par la Chambre de commerce et d’industrie de Tunis (CCIT), en partenariat avec le programme suisse de promotion de l’importation (SIPPO), sur le thème : « Mesurer pour agir, agir pour durer».

Objectif recherché des organisateurs : mesurer le degré d’intégration des pratiques durables au sein des entreprises exportatrices. Parmi ces pratiques figure en bonne place la Responsabilité sociale de l’entreprise (RSE), une pratique pourtant en vigueur, depuis les années 50 et même bien avant.

La RSE date depuis les années 50 et même bien avant

Au temps de la colonisation française en Tunisie, la pratique était exercée. Les firmes privées  chargées de la construction de grands ouvrages, barrages et autres,  édifiaient parallèlement et en accompagnement de ces ouvrages,  des villages ex nihilo, des écoles, des établissements sanitaires et d’autres équipements collectifs (cas des barrages de Beni M’tir et de Mellègue au nord ouest de Tunisie).

En théorie le concept de RSE désigne la responsabilité d’une entreprise économique à l’égard de la société. C’est une notion mise en avant par des organisations de consommateurs, des partisans du développement durable et de l’intégration de l’éthique morale dans l’économie.

Les révélations du baromètre

Pour revenir aux résultats du baromètre précité et à propos justement de RSE,  ces derniers nous apprennent que sur 62 entreprises sondées, “seules 18 % des entreprises du secteur agroalimentaire tunisien ont mis en place une démarche structurée de responsabilité sociétale des entreprises (RSE), tandis que 80 % ignorent encore l’existence de la loi RSE adoptée en 2018”.

Plus inquiétant encore, les résultats du baromètre nous informent également d’un manque criant d’engagement structuré en matière de RSE. “38 % des entreprises sondées n’ont aucune connaissance du concept, tandis que 56 % n’en perçoivent pas encore l’importance”.

Plus inquiétant encore, aucune entreprise du panel ne détient un label certifiant ses engagements en matière de RSE.

Interpellées lors de l’exécution de ce baromètre, sur les raisons qui les ont empêchées d’adopter cette pratique durable, les entreprises interrogées évoquent : le manque d’information, l’absence d’un cadre légal clair, le déficit d’appui public et des moyens financiers insuffisants.

Avec ces révélations arrachées -bien arrachées- à la faveur d’un financement suisse, les responsabilités sont, désormais, délimitées. Les régimes clientélistes ne se sont jamais préoccupés de la durabilité des entreprises et de leur rayonnement sur leur environnement. Ils assument aujourd’hui la responsabilité des dégâts.

Abou SARRA

EN BREF

Baromètre sur la RSE (2025, CCIT & SIPPO)

18 % des entreprises agroalimentaires ont une démarche RSE
80 % ignorent la loi RSE de 2018
38 % ne connaissent pas le concept
56 % n’en perçoivent pas l’importance
0 % de labels certifiants

Freins identifiés

  • Manque d’information
  • Absence de cadre légal clair
  • Déficit d’appui public et financier

Conclusion : La culture entrepreneuriale et la responsabilité sociétale doivent être renforcées pour assurer la durabilité des entreprises.

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