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Gestern — 11. Oktober 2025Haupt-Feeds

Croissance, inflation, investissements : les paradoxes de l’économie tunisienne

11. Oktober 2025 um 08:15

Les manchettes des journaux tunisiens sont rassurantes. On y parle de reprise de la croissance, du regain du tourisme, du recul de l’inflation et du retour des investisseurs étrangers. Mais derrière les titres optimistes, les chiffres racontent une histoire contrastée. L’économiste Hechmi Alaya invite, dans le dernier numéro d’Ecoweek (N°35-205) à « lire les journaux à l’envers » pour saisir la réalité.

Parlant de l’industrie, Alaya parle d’une « relance » qui cache l’effondrement, la presse parle d’une reprise du secteur industriel, moteur indispensable pour la croissance. Dans les chiffres : l’indice de production industrielle de l’INS est en recul. Celui de juin 2025 est au dessous du niveau de janvier, avec une moyenne semestrielle en baisse de –2,4 % sur un an.

Depuis janvier, 57 entreprises industrielles de plus de dix salariés ont fermé, dont 45 totalement exportatrices. En cinq ans, près de 700 sites industriels ont disparu.  Les données récentes indiquent qu’entre décembre 2023 et décembre 2024, l’indice est passé de 91,3 à 88 (–3,6 %). Selon Trading Economics, la production industrielle tunisienne s’est contractée de 3,1 % en décembre 2024.

Nuance positive : selon la TIA, le secteur industriel reste le premier bénéficiaire des investissements déclarés pour janvier – juin 2025, avec 37 % du total des intentions d’investissement et 39 % des emplois projetés, en hausse respective de 9,6 % et 7,5 % par rapport à 2024. Cette dynamique indique un certain regain d’initiative entrepreneuriale malgré les difficultés structurelles.

« Derrière les manchettes optimistes, les données économiques dessinent un tableau contrasté où la désindustrialisation et la dépendance alimentaire persistent. »

Investissements : discours officiel contre désertification… et lueur d’espoir

Dans la presse : la Tunisie redeviendrait attractive pour les investisseurs. Dans les chiffres: les déclarations de projets industriels à l’APII poursuivent une chute continue depuis quinze ans.

Au premier semestre 2025 : 1 443 projets ont été déclarés pour 955 millions de dinars, contre près de 2 000 projets et 1,4 milliard en 2010. Leur part dans le PIB est passée de 2,2 % à seulement 0,6 %. Les projets totalement exportateurs, un tiers en 2010, ne représentent plus que 6 %.

Selon les données récentes de la TIA : sur la même période (janvier – juin 2025), les investissements déclarés à l’échelle nationale s’élèvent à 3 299,8 millions de dinars, soit une progression de 16,9% par rapport à 2024.

Les projets créent environ 45 839 emplois (+4 %). L’essor est porté par un projet touristique majeur à Jendouba (300 millions de dinars, 600 emplois) et par des opérations de création représentant 75 % des investissements et 88 % des emplois.

Les zones de développement régional concentrent 51 % du total, et Kairouan se distingue avec un projet d’énergie renouvelable de 280 millions de dinars. Cette mise en lumière des investissements déclarés nuance le constat d’Alaya : le pays connaît un regain d’attractivité, mais la création d’emplois et la répartition sectorielle montrent encore des déséquilibres.

« Malgré les discours officiels, la part des projets industriels dans le PIB est passée de 2,2 % à 0,6 %, preuve d’une désertification industrielle durable. »

Tourisme : une embellie selon les titres publiés par les médias

Dans la presse : +9,8 % d’arrivées à fin juillet, soit 5,3 millions de non-résidents, 3,9 milliards de dinars de recettes (+8,2 %) et 12,3 millions de nuitées (+7,1 %). Plusieurs médias jugent atteignable l’objectif de 11 millions de touristes en 2025.

Dans les chiffres : les entrées de janvier à juillet représentent en moyenne 53,1 % du total annuel (2015-2024). À ce rythme, la Tunisie atteindra au mieux 10,2 millions d’entrées. 60 % des touristes viennent d’Algérie et de Libye, marchés peu générateurs de devises.

Les recettes par tête sont en recul : 860 dinars en 2025 contre 869 en 2024. Données récentes : ONU Tourisme rapporte +14 % d’arrivées en Afrique du Nord au premier semestre, mieux que la progression tunisienne (+9,8 %). Le projet touristique de Jendouba, soutenu par la TIA, illustre néanmoins un regain ponctuel d’investissement dans le secteur.

Agriculture : une récolte record, mais une dépendance intacte

Dans la presse : une récolte céréalière de 11,8 millions de quintaux, la meilleure des quinze dernières années (hors 2019).

Les chiffres : la consommation nationale exige l’importation d’au moins 26 millions de quintaux cette année, soit plus du double de la production. L’autosuffisance reste hors de portée, et la facture dépend toujours des cours mondiaux, notamment du blé russe. Les données récentes du ministère de l’Agriculture confirment le recours massif aux importations malgré la récolte en hausse par rapport à 2024.

«Les données de la TIA montrent un regain d’investissement national, encore insuffisant pour inverser les déséquilibres structurels.»

Croissance, inflation et salaires : un cocktail instable estime Alaya

Dans la presse, l’inflation en recul et croissance en reprise.

Les chiffres : la croissance du deuxième trimestre est gonflée par un bond exceptionnel de la production minière (+39,5 %). L’inflation des prix de gros s’établit à +4,1 % au premier semestre (contre 3 % en 2024). Le SMIG a augmenté de +12,5 %, mais la productivité n’a progressé que de +2,3 %. Données récentes : la Banque centrale confirme des tensions inflationnistes persistantes, notamment sur l’alimentaire et l’énergie.

Pour conclure, il faut reconnaitre qu’entre optimisme médiatique et réalités chiffrées Les manchettes continuent d’entretenir un récit optimiste, très souvent déconnecté des fondamentaux. Les données de l’INS, de l’APII et des organismes internationaux confirment la désindustrialisation et la dépendance alimentaire persistante.

Mais les statistiques de la TIA apportent un éclairage positif : l’investissement national progresse, le secteur industriel attire à nouveau des capitaux, et des projets régionaux structurants apparaissent.

L’économie tunisienne reste fragile, toutefois, quelques signaux montrent que l’élan entrepreneurial peut servir de levier si la politique publique l’accompagne efficacement.

A.B.A

CHIFFRES CLÉS

  • –2,4 % de production industrielle : L’indice de l’INS montre une contraction continue, confirmant l’essoufflement du tissu manufacturier.
  • 57 entreprises fermées : 45 d’entre elles étaient totalement exportatrices, révélant la vulnérabilité du secteur face à la concurrence régionale.
  • 3 299,8 millions de dinars d’investissements : Les données TIA confirment une hausse notable grâce à des projets structurants dans le tourisme et l’énergie.
  • 11,8 millions de quintaux de céréales : Une récolte record, mais encore loin des besoins estimés à 26 millions.
  • 860 dinars de recettes touristiques par tête : Un recul qui interroge sur la valeur ajoutée réelle du tourisme de proximité.

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Concurrence inégale : PME et sociétés communautaires, un duel économique injuste ?

09. Oktober 2025 um 07:14

Sociétés communautairesLe décret-loi n° 2025-3 du 2 octobre 2025, amendant le décret-loi n° 2022-15 du 20 mars 2022 relatif aux sociétés communautaires (JORT n° 121), confirme la volonté de l’État de soutenir les dynamiques locales et corriger certaines failles du texte initial, en prime en matière d’exonération fiscale pour les associés des sociétés communautaires. Désormais, les revenus issus de l’entreprise communautaire bénéficient d’un traitement fiscal favorable, là où le texte précédent introduisait une inégalité entre les associés selon la nature de leurs revenus. Cette rectification était nécessaire.

Mais en parallèle, ce même décret consolide un ensemble d’avantages déjà considérables accordés aux sociétés communautaires : exonérations fiscales étendues, accès au foncier public en gré à gré, suspension de TVA à l’achat comme à la vente, crédits à taux préférentiels garantis par l’État, et même un registre national dédié. Ces mesures, bien qu’animées par une volonté de soutien territorial, créent un déséquilibre structurel préoccupant.

Pendant que les sociétés communautaires bénéficient de ce régime d’exception, les PME tunisiennes — qui représentent la majorité du tissu économique national — continuent d’opérer dans un cadre contraignant : fiscalité pleine, TVA sur tous les achats et ventes, loyers commerciaux sans exonération, crédits bancaires à taux élevés, et accès limité aux marchés publics.

Les PME tunisiennes ne revendiquent pas d’avantages particuliers : elles exigent simplement d’être traitées à égalité, dans l’esprit de justice économique.

 

Comment garantir une concurrence loyale dans ces conditions ?

Comment justifier que deux entreprises, créées par des citoyens du même pays, soient soumises à des régimes aussi divergents ?

Ce n’est pas la légitimité des sociétés communautaires qui est en cause, mais bien l’absence d’équité dans le traitement des autres formes entrepreneuriales. À force de privilégier un modèle au détriment des autres, on risque de fragiliser l’écosystème économique dans son ensemble.

Les entreprises communautaires bénéficient aujourd’hui d’un arsenal d’incitations :

  • exonération de l’impôt sur les sociétés ;
  • exonération de la TFP ;
  • un régime suspensif de TVA à l’achat et à la vente ;
  • un accès au crédit à taux préférentiel, garanti par la SOTUGAR ;
  • un accès prioritaire aux terrains et immeubles publics, en gré à gré, pour des durées allant au-delà des 25 ans, avec exonération de loyer pendant 5 ans ;
  • création d’un registre national spécifique, distinct du registre des entreprises classiques. Ces mesures puissantes traduisent une volonté politique forte mais posent une question de fond : comment une PME classique pourrait survivre face à un acteur bénéficiant d’un traitement aussi préférentiel ?
« Ce n’est pas la légitimité des sociétés communautaires qui est en cause, mais l’absence d’équité dans le traitement des autres formes entrepreneuriales. »

 

Un déséquilibre flagrant !

Prenons l’exemple d’une PME de transport : elle achète ses véhicules avec TVA, loue ses locaux avec TVA, paie ses impôts, et contracte un crédit bancaire à taux élevé. Face à elle, une entreprise communautaire bénéficie d’exonérations, de suspension de TVA, de loyers différés et d’un accès facilité au foncier public.

Comment parler de concurrence loyale dans ces conditions ?

Comment justifier que des entreprises créées par des citoyens du même pays soient traitées de manière aussi inégalitaire ?

 PME et sociétés communautaires : deux visages d’un même tissu économique

Les PME tunisiennes ne sont pas des entités abstraites. Elles sont locales, enracinées, créatrices d’emplois, souvent familiales. Elles ne demandent pas de privilèges, mais un traitement équitable. Si l’objectif est de créer 10.000 emplois via les entreprises communautaires, ne risquons-nous pas d’en détruire 50.000 en fragilisant les PME existantes ?

« Loin d’opposer les modèles, harmoniser les avantages entre sociétés communautaires et PME, c’est reconnaître leur contribution commune au développement du pays. »

 

Appel à la Présidence : pour une justice économique inclusive

Le Président de la République a fait de l’équité territoriale et sociale un pilier de sa vision. Il paraît évident dans cette optique d’élargir cette équité au tissu entrepreneurial dans son ensemble. Les PME tunisiennes méritent les mêmes facilités que les sociétés communautaires : accès au foncier, exonérations et crédits préférentiels.

Et si les PME s’engageaient aussi pour leur territoire ?

Parmi les arguments avancés pour justifier les avantages accordés aux sociétés communautaires figure leur obligation de consacrer une part de leurs bénéfices au développement local. C’est une belle intention. Mais cette exigence, loin d’être exclusive, pourrait tout à fait être adoptée par les PME — à condition qu’elles bénéficient, elles aussi, des mêmes facilités.

Pourquoi ne pas imaginer un modèle où les PME, si elles sont exonérées d’impôt sur cinq ou dix ans, s’engagent à reverser un tiers de leurs bénéfices à des projets d’intérêt collectif ?

« Face à des exonérations fiscales, à un accès facilité au foncier et à des crédits garantis par l’État, les PME tunisiennes se retrouvent dans une position intenable. »

 

Pourquoi ne pas élargir cette logique vertueuse à l’ensemble du tissu entrepreneurial tunisien ?

Ce n’est donc pas un argument recevable pour exclure les PME des dispositifs d’appui.
Ce qui est possible pour une entreprise communautaire peut l’être pour une PME, dès lors que les obligations et les avantages sont équilibrés. L’équité ne consiste pas à réserver les privilèges à une forme juridique, mais à encourager toutes les entreprises à contribuer au bien commun, selon leurs moyens.

Pourquoi ne pas harmoniser les régimes ?

Pourquoi ne pas permettre aux PME de bénéficier, elles aussi, d’un traitement juste ?
pour une réforme qui rassemble. Loin d’opposer les modèles, il s’agit ici d’appeler à une cohérence. Les entreprises communautaires sont une belle idée. Mais elles ne doivent pas devenir un instrument de déséquilibre.

Harmoniser les avantages, ouvrir les dispositifs aux PME, c’est reconnaître que toutes les entreprises tunisiennes, qu’elles soient communautaires ou classiques, participent à la même ambition nationale.

Amel Belhadj Ali

EN BREF

  • Le décret-loi n°2025-3 accorde de nouveaux avantages fiscaux et fonciers aux sociétés communautaires.
  • Les PME tunisiennes dénoncent une concurrence déloyale et un déséquilibre économique croissant.
  • L’auteure plaide pour une harmonisation des régimes et une justice économique inclusive.
  • Objectif : élargir les dispositifs d’appui aux PME et promouvoir un modèle équitable.
  • L’enjeu : préserver l’unité du tissu entrepreneurial tunisien.

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DOSSIER | Emploi, IA et rigidités : Maher Ben Salem (Keejob) dénonce une loi qui freine l’innovation

Von: walid
07. Oktober 2025 um 07:44

Maher Ben SalemDepuis 16 ans, Keejob accompagne l’évolution du marché de l’emploi en Tunisie. À la fois plateforme de diffusion d’annonces, partenaire aux services de recrutement, chasseur de têtes, organisateur de salons professionnels et formateur en employabilité, l’entreprise s’est adaptée aux bouleversements technologiques et aux besoins changeants des entreprises.

Maher Ben Salem, CEO de Keejob plaide pour une meilleure régulation du marché du travail, critique certaines rigidités du nouveau code du travail, et estime indispensable d’investir dans les compétences pour affronter l’ère de l’intelligence artificielle.

Entretien

Pourquoi avoir choisi les thèmes du nouveau code du travail et nouveaux métiers pour cette 5ème édition des rendez-vous de l’Emploi Keejob ?

Parce que le contexte actuel s’y prête. Si rigidités actuelles du code du travail freinent déjà l’accès à l’emploi, une autre réalité s’impose :

La transformation rapide des métiers sous l’effet de l’intelligence artificielle et des nouvelles technologies. Les jeunes Tunisiens doivent ainsi faire face à un double défi : dépasser les blocages structurels et s’adapter à un marché en mutation permanente.

Comment décririez-vous l’évolution de votre activité ?

Depuis notre création, nous avons fait évoluer notre modèle autour de quatre piliers. Le premier est historique : la diffusion d’annonces d’emploi sur notre plateforme, qui reste un service central. Le deuxième est le recrutement direct : nous travaillons comme partenaires avec certains recruteurs dans leur démarches de sourcing de talents, notamment dans les métiers techniques et de management. Le troisième pilier est l’événementiel, avec l’organisation de salons et forums à la demande des entreprises. Enfin, le quatrième pilier est celui de l’employabilité.

nous proposons des programmes de formation pour aider les jeunes diplômés ou les actifs en reconversion à mieux répondre aux attentes du marché.

« L’intention de départ était bonne, mais la réponse législative est trop rigide et déconnectée du terrain. Au lieu de réguler, on a préféré interdire, ce qui fragilise l’emploi. »

L’employabilité est devenue un enjeu majeur en Tunisie. Comment, en tant qu’acteur privé, agissez-vous concrètement pour la développer ?

Trop souvent, les jeunes sortent de l’université avec un bagage académique solide mais sans expérience pratique. Nous essayons de combler ce fossé. Lors de nos salons, par exemple, nous offrons gratuitement aux candidats des évaluations complètes : tests techniques, psychométriques, linguistiques. Cela leur permet de mieux connaître leurs points forts, leurs lacunes, et de savoir sur quelles compétences ils doivent travailler.

Par ailleurs, nous lançons une plateforme « job étudiant » en partenariat avec les universités pour faciliter la transition entre études et emploi. Nous voulons que les étudiants puissent obtenir une première expérience professionnelle avant même d’obtenir leur diplôme.

Le marché tunisien reste très centralisé. Comment y répondez-vous ?

En effet, près de 70 % des annonces concernent encore le Grand Tunis. Mais nous voulons accompagner la décentralisation. Des bassins économiques comme le Sahel, avec l’industrie textile et automobile, offrent de réelles opportunités. Notre objectif est d’y être plus présents, en organisant des salons régionaux et en travaillant avec les entreprises locales. C’est aussi une manière de réduire les déséquilibres régionaux qui alimentent le chômage et les frustrations.

Le nouveau code du travail a été présenté comme une avancée sociale mais selon une grande partie des opérateurs économiques et en prime grands groupes, banques et multinationales estimez vous sa rigidité nocive pour l’emploi ?

L’intention de départ était bonne : protéger les travailleurs contre certains abus, comme les CDD renouvelés indéfiniment. Mais la réponse législative est trop rigide et ne correspond pas à la réalité du terrain. Plutôt que d’encadrer des pratiques existantes comme l’intérim – qui est reconnue et régulée dans la plupart des pays – on a préféré interdire purement et simplement. Résultat : les jeunes perdent une voie d’accès au marché du travail, et les entreprises perdent en flexibilité.

« En bloquant certaines formes d’emploi, la réforme prive les jeunes d’accès au travail et réduit la flexibilité nécessaire aux entreprises. »

Quelle alternative auriez-vous souhaitée ?

Il fallait réguler au lieu d’interdire. Par exemple, exiger des sociétés d’intérim des cautions bancaires pour garantir le paiement des salaires et la couverture sociale. Cela aurait sécurisé le système tout en permettant aux jeunes de travailler et d’acquérir de l’expérience.

Malheureusement, la décision politique a été de bloquer, et cela fragilise à la fois les candidats et les employeurs.

Cette rigidité freine-t-elle l’adaptation des entreprises aux nouveaux besoins ?

Absolument. Le marché du travail est en pleine mutation. Les entreprises ont besoin de flexibilité pour s’adapter à l’évolution des métiers et des compétences. Or au lieu de leur donner des outils, on ajoute des contraintes.

Cela ralentit l’ajustement nécessaire, au moment même où la technologie bouleverse tous les secteurs. Nous sommes dans une situation paradoxale où les lois censées faciliter l’adaptation aux changements rapides, sont remplacés par des contraintes qui la freinent, notamment à l’heure où la technologie bouleverse le monde.

Elles deviennent un frein à l’innovation et à la productivité, car l’ajout de règles et de limitations au lieu de fournir des aides concrètes empêche les individus et les entreprises de s’ajuster efficacement à l’évolution technologique.

« L’intelligence artificielle transforme les métiers, mais elle ouvre aussi de nouvelles perspectives. C’est une opportunité pour créer et non pour craindre. »

Parlons de ces mutations, l’intelligence artificielle redessine le marché de l’emploi : quels métiers sont les plus touchés aujourd’hui ?

Les métiers du contenu, du droit ou du marketing sont directement impactés par l’automatisation et l’intelligence artificielle. Par exemple, des tâches qui nécessitaient plusieurs heures de travail peuvent désormais être accomplies en quelques minutes. Mais d’autres secteurs se renforcent.

Les métiers de la maintenance industrielle, de la qualité, ou encore l’analyse de données connaissent une forte demande. L’analyse de données, en particulier, est devenue incontournable pour toutes les entreprises. Malheureusement, la Tunisie accuse encore du retard dans la formation et la disponibilité de ces profils.

« La technologie bouleverse tous les secteurs. Au lieu d’adapter nos lois à ces mutations, nous multiplions les contraintes. »

Comment Keejob accompagne-t-elle cette transition ?

Nous adaptons nos services aux nouveaux besoins. Nos tests et formations incluent désormais des modules liés aux compétences numériques et à l’utilisation de l’IA. Nous encourageons aussi les jeunes à se former de manière continue, à ne jamais considérer leur diplôme comme un acquis suffisant. Les métiers évoluent tellement vite qu’il faut une capacité d’adaptation permanente.

Êtes-vous optimiste quant à l’avenir du marché de l’emploi en Tunisie ?

Oui, malgré les difficultés. La Tunisie reste riche en ressources humaines de qualité. Nos ingénieurs, nos techniciens, nos cadres sont appréciés à l’international. Ce potentiel doit être mieux valorisé au niveau local. Si nous parvenons à améliorer l’employabilité, à rapprocher les universités et les entreprises, et à réguler intelligemment le marché du travail, nous pourrons transformer les menaces en opportunités.

L’IA ne doit pas être perçue comme un danger, mais comme un levier pour réinventer nos pratiques et créer de nouveaux métiers.

Entretien conduit par Amel Belhadj Ali

EN BREF

  • Keejob, acteur majeur du recrutement en Tunisie depuis 16 ans, observe une profonde mutation du marché de l’emploi.
  • Son CEO, Maher Ben Salem, estime que le nouveau Code du travail fragilise l’écosystème au lieu de le dynamiser.
  • Les jeunes diplômés peinent à accéder au premier emploi, tandis que les entreprises perdent en flexibilité.
  • Il plaide pour une régulation intelligente, fondée sur la responsabilisation plutôt que sur l’interdiction.
  • À l’ère de l’intelligence artificielle, il appelle à repenser le lien entre justice sociale, innovation et employabilité.

L’article DOSSIER | Emploi, IA et rigidités : Maher Ben Salem (Keejob) dénonce une loi qui freine l’innovation est apparu en premier sur WMC.

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