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Les Tunisiens à l’étranger : une diaspora qui évolue et qui change

25. November 2025 um 07:00

IDH PopulationAvec près de deux millions de ressortissants à l’étranger. Les Tunisiens à l’étranger ne sont pas un bloc homogène, ils sont différents selon les appartenances socioprofessionnelles, les raisons qui les ont incités à s’installer ailleurs et les niveaux d’intégrations dans les pays d’accueil.

Ce qui les unit est un attachement commun à la Tunisie. L’OTE veut transformer cette richesse en un levier de développement et ambitionne de dépasser le simple lien affectif ou saisonnier pour bâtir une relation pérenne, utile, et respectueuse

La communauté tunisienne souvent dispersée est en constante évolution. Sa présence est concentrée en Europe, mais le nombre des Tunisiens qui choisit d’autres destinations augmente de plus en plus.   Selon les données existantes, la population sise à l’étranger s’élève vraisemblablement à environ 1,85 million de personnes. Ce chiffre ne prend en compte que les citoyens immatriculés dans les consulats, et donc ne reflète pas essentiellement l’ensemble des Tunisiens vivant à l’extérieur du pays.

La France demeure de loin la première destination de la diaspora tunisienne, concentrée à elle seule près de 54 % des ressortissants. Elle est suivie par l’Italie, qui accueille environ 270 000 Tunisiens, puis de l’Allemagne avec près de 140 000. Ces trois pays forment le socle historique de l’émigration tunisienne, initiée dès les années 1960 dans le cadre de la migration de main-d’œuvre.

« Les Tunisiens à l’étranger doivent être considérés comme une partie intégrante du développement national, même s’ils vivent hors du territoire. Leur rôle dépasse largement le cadre du lien affectif. »

Des destinations émergentes sur tous les continents

Au-delà de cette géographie traditionnelle, la présence tunisienne dans le monde s’est considérablement élargie. Des Tunisiens vivent aujourd’hui en Chine, au Japon, ou encore dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne. Une communauté significative s’est également formée au Canada, où le nombre de Tunisiens est passé de 15 000 en 2013 à plus de 45 000 aujourd’hui.

Le profil sociologique de ces communautés évolue lui aussi. Si, dans le passé, le Canada attirait surtout des étudiants et des cadres, on y trouve désormais une main-d’œuvre plus diversifiée et l’apparition de vulnérabilités sociales qui nécessitent une attention accrue.

Golfe, Amériques, Afrique : différents profils, différents pays d’accueil et de résidence

Les pays du Golfe restent également des pôles d’attraction. L’Arabie saoudite a longtemps été en tête, mais aujourd’hui, la concurrence est vive avec le Qatar et les Émirats arabes unis, qui séduisent de plus en plus de compétences tunisiennes, notamment dans les services et le BTP.

Aux États-Unis, la communauté tunisienne s’agrandit, attirée par les opportunités économiques et académiques. Et plus récemment, des Tunisiens commencent à s’implanter en Amérique latine, notamment au Mexique, en Argentine et au Brésil. Ce phénomène témoigne d’une mobilité globale et d’une capacité d’adaptation remarquable.

« Il y a eu des moments où la confiance a été ébranlée. Notre volonté est aujourd’hui claire : rétablir cette confiance et devenir un véritable relais de service et de solidarité. »

La diaspora, une composante nationale qui doit garder des liens étroits avec le pays d’origine

Cette dispersion constitue une ressource stratégique pour la Tunisie. « Les Tunisiens à l’étranger doivent être considérés comme une partie intégrante du développement national, même s’ils vivent hors du territoire », insiste Helmi Tlili, directeur général par intérim de l’Office des Tunisiens à l’étranger (OTE).

Pour cela, il plaide pour un changement de paradigme : repenser la relation avec la diaspora, multiplier les canaux de communication directs et numériques, et surtout, parler leur langue. L’objectif n’est plus seulement de leur enseigner l’arabe, mais de mieux comprendre leurs codes, leurs besoins, leurs habitudes et leurs attentes dans leur pays d’accueil. Un accompagnement à moderniser et à renforcer L’OTE s’attelle à transformer son approche.

Helmi Tlili reconnaît aussi les failles du passé : « Il y a eu des moments où la confiance entre la communauté tunisienne et certaines institutions, dont l’OTE, a été ébranlée. Aujourd’hui, notre volonté est claire : rétablir cette confiance, et devenir un véritable relais de service et de solidarité ».

« La diaspora demeure une ressource stratégique pour la Tunisie, capable de contribuer au développement et au rayonnement international du pays. »

Des priorités : claires protection, proximité et participation

L’une des priorités est la protection des droits sociaux et économiques des Tunisiens dans leur pays de résidence. “Nous observons certaines vulnérabilités sociales de Tunisiens installés au Canada et au Qatar”.

Cela passe par un travail diplomatique, social et juridique constant. Mais aussi par des dispositifs d’urgence, de médiation et d’intégration, notamment dans les pays où des situations de précarité ou de discrimination ont été relevées.

L’autre axe majeur, c’est la participation des Tunisiens de l’étranger au développement du pays. Cela suppose une reconnaissance pleine de leur rôle, de leur expertise, de leurs apports financiers (transferts, investissements, envois de fonds), mais aussi de leur capacité à faire rayonner la Tunisie à l’international.

A.B.A

EN BREF

  • La diaspora tunisienne compte environ 1,85 million de personnes, majoritairement en Europe.
  • De nouvelles destinations émergent : Canada, Golfe, États-Unis, Asie et Amérique latine.
  • L’OTE veut refonder la relation avec les expatriés et moderniser ses outils.
  • Priorités : protection sociale, proximité institutionnelle et participation au développement national.
  • Des vulnérabilités apparaissent, notamment au Canada et au Qatar, nécessitant un accompagnement renforcé.

L’article Les Tunisiens à l’étranger : une diaspora qui évolue et qui change est apparu en premier sur WMC.

Quand un marathon fait germer une forêt : la compensation carbone expliquée

Von: hechmi
24. November 2025 um 08:52

COMAR MARATHONDepuis 2021, le Marathon COMAR s’est engagé dans une stratégie ambitieuse : devenir l’un des premiers événements sportifs tunisiens totalement neutres en carbone. Pour y parvenir, l’organisation mise sur un programme de reboisement de grande ampleur, conçu pour absorber progressivement les émissions émises par l’événement.

En quatre ans, ce sont déjà plus de 154 000 arbres qui ont été plantés sur différents sites du pays. L’effort s’est fortement accéléré en 2024, avec plus de 61 000 arbres mis en terre rien que cette année-là. Cette montée en puissance n’est pas anodine : la capacité de séquestration du CO₂ augmente avec l’âge des arbres.

Les premiers effets sont modestes — 8 tonnes de CO₂ absorbées en 2022, 33 tonnes en 2023 — mais la courbe s’infléchit très vite. En 2025, les arbres plantés devraient déjà capter 162 tonnes, puis 384 tonnes en 2026 et 590 tonnes en 2027.

Lire aussi : Marathon COMAR 2025 : du bitume aux forêts, la stratégie verte gagnante

Face à cela, l’empreinte carbone du marathon reste relativement stable : environ 281 tonnes de CO₂ équivalent par édition. En prenant comme référence l’année 2024 et en supposant des émissions équivalentes jusqu’en 2027, le total à fournir s’élève à 1 124 tonnes.

C’est précisément ce volume que les plantations sont censées absorber à partir de 2027. En clair, le Marathon COMAR ne réduit pas drastiquement ses émissions, mais il développe suffisamment de « puits de carbone » pour compléter intégralement l’impact de ses quatre neuf éditions. Un pari sur le long terme, qui illustre une approche de plus en plus répandue dans les grands événements sportifs.

Une stratégie repose sur deux conditions : que les émissions restent effectivement stables, et surtout que les arbres plantés survivent et atteignent leur maturité. Autrement dit, la neutralité carbone annoncée dépendra autant de la rigueur du suivi environnemental que de l’effort de plantation. (Voir tableau)

A.B.A

CHIFFRES CLÉS

  • 154 000 — Arbres plantés depuis 2021.
  • 61 000 — Arbres mis en terre en 2024.
  • 281 tonnes — Émissions annuelles du marathon.
  • 1 124 tonnes — Volume total à compenser d’ici 2027.
  • 590 tonnes — Séquestration attendue en 2027.

COMAR MARATHON

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Marathon COMAR 2025 : du bitume aux forêts, la stratégie verte gagnante

Von: hechmi
24. November 2025 um 07:52

COMAR MARATHONLe 30 novembre prochain, Tunis et Carthage s’apprêtent à vibrer au rythme des foulées. Près de 10 000 participants sont attendus pour cette 38ᵉ édition du Marathon COMAR, qui portera haut son slogan : « Courons pour une Tunisie verte ».

Derrière les chiffres impressionnants et l’ambiance festive, une réalité mérite d’être soulignée : ce marathon sera organisé de bout en bout par les propres troupes de COMAR et de Hayet, mobilisées avec passion et détermination.

Record de participation

Au 20 novembre, 6 072 coureurs étaient déjà inscrits, dont 1 301 étrangers représentant 50 nationalités. Le jour de la manifestation, les organisateurs s’attendent à près de 10 000 participants, confirmant l’ampleur internationale et populaire de l’événement.

Les chiffres annoncés par les organisateurs sont plus qu’éloquents :

  • 847 marathoniens sur les 42,195 km mythiques
  • 3 107 semi-marathoniens
  • 1 880 coureurs populaires sur la course pour tous
  • 238 enfants au Kids Marathon

Ces chiffres traduisent une dynamique sociale et culturelle unique : des athlètes venus d’Italie, de Chine, des États-Unis, du Cameroun ou encore du Japon partageront la même ligne de départ que des amateurs tunisiens, unis par la passion de la course.

Les équipes COMAR et Hayet au cœur de l’organisation

Ce qui rend cette édition exceptionnelle, c’est la mobilisation interne. L’organisation repose avant tout sur les moyens propres de COMAR et Hayet. Les collaborateurs ne se sont pas contenté d’être des spectateurs ou des soutiens logistiques : ils sont les véritables artisans de l’événement.

Ils ont assuré de bout en bout depuis la planification et la logistique jusqu’à l’accueil et la communication passant par la sécurité et l’animation. Leur implication est la plus grande preuve que l’entreprise ne délègue pas son identité : elle la vit et la porte à travers ses employés. Cette autonomie sera un gage de sincérité : le marathon ne sera pas une vitrine artificielle, mais une œuvre collective portée par des femmes et des hommes convaincus de son importance.

Les partenaires institutionnels – fédérations sportives, municipalités, ministères n’ont pas été du reste. Ils ont apporté leur appui et leur assistance et en prime les ministères de l’Intérieur et du Tourisme

Une course éco responsable

Sous le slogan « Courons pour une Tunisie verte », l’édition 2025 s’inscrit dans une démarche durable :

  • Nettoyage du parcours pour préserver l’environnement.
  • T shirts écoresponsables et emballages recyclables pour réduire l’empreinte écologique.
  • Accessoires durables pensés pour la longévité.
  • Nearshoring et recours aux fournisseurs locaux pour soutenir l’économie tunisienne.
  • L’initiative « Tounes Clean » se poursuit avec la plantation de 154 652 arbres, inscrivant l’événement dans une dynamique citoyenne et responsable.

Lire aussi : Quand un marathon fait germer une forêt : la compensation carbone expliquée

Une fête populaire et inclusive

Le Marathon COMAR est ouvert à tous, sans distinction de genre, d’âge ou de niveau. Il impliquera les grandes fédérations tunisiennes : Athlétisme, Sport pour Handicapés, Sport Scolaire et Universitaire, Sport Pour Tous. Les avenues de Tunis se transformeront, dimanche 30 novembre, en un immense terrain de fête, où musique, animations et encouragements des spectateurs accompagneront les coureurs.

Le sport, une école de société

Au-delà de la performance, le Marathon COMAR rappelle que le sport est une école de vie et de citoyenneté :

  • il enseigne la discipline, l’effort et le respect des règles ;
  • il montre que la compétition peut être synonyme de solidarité et d’inclusion ;
  • il valorise l’engagement écologique comme une responsabilité collective ;
  • il offre aux enfants et aux jeunes une expérience éducative grandeur nature, où l’on apprend que l’effort partagé construit des valeurs communes ;

Dans une société en quête de repères, le sport deviendra un vecteur d’éducation, de cohésion et de transmission. Chaque faute sera une leçon : celle de la persévérance, de l’égalité et de l’espérance.

Le 30 novembre, Tunis ne se contentera pas de courir. Elle montrera que l’on peut organiser un événement d’envergure internationale par ses propres moyens, en mobilisant ses employés et en s’appuyant sur une conviction partagée. Le Marathon COMAR 2025 est une course pour la planète, pour l’inclusion et pour l’avenir, une démonstration que chaque foulée pourra contribuer à bâtir une Tunisie plus verte, plus solidaire et plus forte.

Pierre de Coubertin disait : « Le sport va chercher la peur pour la dominer, la fatigue pour en triompher, la difficulté pour la vaincre »

Rien à ajouter

A.B.A

EN BREF

  • Le Marathon COMAR 2025 accueillera près de 10 000 coureurs à Tunis et Carthage.
  • L’organisation est entièrement assurée par les équipes de COMAR et Hayet.
  • L’édition adopte une approche durable : nettoyage, t-shirts écoresponsables, recyclage, fournisseurs locaux.
  • Les fédérations tunisiennes seront mobilisées pour un événement accessible à tous.
  • Le marathon réaffirme le rôle du sport comme outil de cohésion et d’éducation.

 

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Tunisie : une “démocratie” sous perfusion économique ?

23. November 2025 um 07:13

Parmi les rares pays à avoir maintenu un cap démocratique après les soulèvements arabes de 2011, la Tunisie avait incarné une promesse fragile.

Liberté d’expression, élections pluralistes, société civile active… autant de conquêtes saluées par les chancelleries occidentales.

Une ère qui précède l’entrée en vigueur de l’article 54, dont l’adoption a marqué un tournant dans le cadre juridique encadrant la liberté d’expression. Depuis, les acteurs médiatiques et les internautes évoluent dans un climat de vigilance croissant, redoutant que certains de leurs propos soient considérés comme diffamatoires ou susceptibles de porter atteinte à l’image du pays.

Et derrière la vitrine politique, une réalité économique s’effondre. Chômage endémique, dette publique galopante, disparités régionales criantes : la transition tunisienne est en panne. Le soutien international, censé accompagner une transition politique et économique qui a trop duré semble à la fois timide, désordonné et parfois contre-productif.

 Une voix éclairante : Sabina Henneberg

Sabina Henneberg, chercheuse principale au Washington Institute for Near East Policy, spécialiste de l’Afrique du Nord vient de publier au “Journal of International Affairs” de Columbia University, un long article récapitulatif des 10 années post 14 janvier 2011 (2011-2021) *. Son regard croisé sur les enjeux politiques et économiques tunisiens éclaire les limites du soutien international et les défis d’une transition durable.

(La traduction ci-dessous de son article ne prétend pas à l’exhaustivité, mais vise à restituer les principaux éléments de son proposé).

Les réformes imposées par les bailleurs internationaux manquent de légitimité locale. Faute d’ancrage national, elles n’ont pas réussi à améliorer la situation économique.

Une décennie de réformes… pour quels résultats ?

Depuis 2011, les gouvernements tunisiens se succèdent, porteurs de promesses de redressement. Mais les réformes structurelles, souvent dictées par les bailleurs internationaux, peinent à produire des effets tangibles, estime Sabina.

Le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale, l’Union européenne et d’autres partenaires ont proposé des plans d’aide, conditionnés à des ajustements budgétaires stricts : réduction des subventions, gel des salaires publics, privatisations…

Résultat : une population désabusée, une classe moyenne fragilisée, et une jeunesse qui regarde vers l’exil. Les réformes, perçues comme imposées de l’extérieur, manquent de légitimité sociale. Elles ne s’inscrivent pas dans une vision nationale partagée, mais dans une logique technocratique souvent déconnectée des réalités locales.

 Un soutien international aux effets ambigus

Sabina Henneberg rappelle que peu d’études ont analysé le rôle de la communauté internationale dans cette transition économique insoutenable. Riccardo Fabiani (2018) a souligné que les bailleurs internationaux, séduits par les avancées démocratiques apparentes de la Tunisie, ont continué à fournir une « aide financière abondante et bon marché », malgré l’incapacité du pays à mettre en œuvre les réformes économiques requises.

De son côté, Robert Kubinec (2016) a mis en garde contre les risques liés à l’ignorance du népotisme et de l’inefficacité, qui pourraient compromettre les acquis plus larges de la Tunisie. À ce jour, aucune recherche n’a examiné de manière systématique les raisons pour lesquelles le soutien déclaré de la communauté internationale au processus de réforme économique tunisien a échoué aussi profondément d’ici 2021.

Le soutien international, malgré son importance, reste marqué par l’hésitation et l’incohérence. Cette dynamique a parfois amplifié les fragilités économiques.

Une décennie d’assistance… sans transformation

À la suite de la révolution tunisienne de 2011, le pays a reçu diverses formes d’assistance de la part de ses partenaires internationaux. Les premiers bailleurs à intervenir furent la Banque mondiale, qui a rapidement débloqué un prêt d’appui aux politiques de développement de 500 millions de dollars, ainsi que l’Union européenne, l’Agence française de développement (AFD) et la Banque africaine de développement (BAD).

En juin 2013, le Fonds monétaire international (FMI) a signé un accord de confirmation de 24 mois d’un montant de 1,74 milliard de dollars avec la Tunisie, suivi en 2016 d’un accord élargi de 36 mois pour un montant de 2,83 milliards de dollars.

Ces programmes visaient à stabiliser la situation macroéconomique du pays et à offrir un « espace de respiration » pour permettre la mise en œuvre de réformes de gouvernance et économiques à plus long terme.

Mais ce souffle espéré n’a jamais vraiment pris. Les aides, souvent conditionnées à des mesures d’austérité, ont creusé le fossé entre les institutions et les citoyens. Le soutien devient alors un facteur d’instabilité, au lieu d’être un levier de transformation.

Les conditionnalités imposées au nom de la stabilité budgétaire ont accentué la rupture entre les citoyens et leurs institutions, au lieu de favoriser la confiance.

Repenser l’aide : vers un pacte de confiance

Face à ce constat, plusieurs voix s’élèvent pour appeler à un changement de paradigme. Il ne s’agit pas de renoncer aux réformes, mais de les inscrire dans une démarche inclusive, adaptée aux spécificités tunisiennes. Cela implique :

  • une écoute réelle des acteurs locaux : syndicats, PME, associations, collectivités… Ce sont eux qui portent l’économie réelle ;
  • un soutien aux initiatives communautaires : agriculture durable, économie sociale, innovation locale ;
  • une valorisation du rôle des jeunes et des femmes : non comme bénéficiaires passifs, mais comme moteurs du changement.
  • une relecture des conditionnalités : pour éviter qu’elles ne deviennent des instruments de pression, au détriment de la souveraineté nationale ;

La Tunisie ne demande pas la charité. Elle appelle à un partenariat lucide, respectueux, fondé sur la co-construction. Un pacte de confiance, et non une tutelle déguisée.

La Tunisie dispose d’une jeunesse inventive et d’une société civile active. Ce qui lui fait défaut aujourd’hui, c’est un soutien international cohérent, stable et durable.

Qu’en est-il aujourd’hui ?

Le moment est critique. La Tunisie vacille, mais elle n’a pas renoncé. Sa jeunesse est inventive, sa société civile est vivante, ses régions regorgent d’initiatives. Ce qu’il lui manque, ce n’est pas la volonté, mais un cadre de soutien cohérent, patient, et respectueux relève Sabina Henneberg.

À l’heure où les crises se multiplient, où les démocraties sont mises à mal, soutenir la Tunisie n’est pas un geste diplomatique. C’est un acte politique. Un choix de civilisation.
Et si, pour une fois, l’aide internationale osait la confiance ?

La Tunisie ne demande pas qu’on parle en son nom. Elle demande qu’on l’écoute, qu’on la soutienne, et qu’on la respecte.

  • Sabina Henneberg est l’autrice de Managing Transition : the First Post-Uprising Phase in Tunisia and Libya (Cambridge University Press, 2020), une analyse approfondie des dynamiques post-révolutionnaires dans les deux pays.

EN BREF

  • La Tunisie fait face à une crise économique persistante malgré une décennie d’aide internationale.
  • Les réformes imposées par les bailleurs souffrent d’un manque de légitimité et produisent peu d’effets tangibles.
  • Les mesures d’austérité ont fragilisé la classe moyenne et accentué la défiance citoyenne.
  • Un changement de méthode est demandé : inclusion des acteurs locaux, soutien aux initiatives communautaires et révision des conditionnalités.
  • La Tunisie appelle à un partenariat fondé sur la confiance plutôt qu’une tutelle.

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Inflation en Tunisie : des chiffres rassurent…d’autres inquiètent

22. November 2025 um 07:34

inflationAlors que l’inflation officielle semble sous contrôle, les données monétaires racontent une autre histoire. Hechmi Alaya décrypte un paradoxe tunisien : une masse monétaire en forte expansion, sans flambée apparente des prix.

Inflation : un reflux trompeur

  • 4,9 % : taux d’inflation officiel en octobre 2025 (contre 6,7 % un an plus tôt).
  • 5,3 % : inflation moyenne attendue pour l’année 2025.
  • 0,1 % : hausse mensuelle des prix de l’alimentation en octobre.
  • 1,1 % : inflation sur les produits à prix administrés — son plus bas niveau depuis 2018.

« L’inflation n’est pas ce qu’indique l’indice officiel des prix. » — Hechmi Alaya

Alaya pointe les limites méthodologiques de l’IPCF : sélection des produits, prix administrés, moyennes arithmétiques qui lissent les hausses réelles. Il évoque une « inflation cachée » qui pèse sur les ménages sans apparaître dans les chiffres.

Mais on peut faire dire aux chiffres ce que nous voulons que les gens croient n’est ce pas ?

Masse monétaire : une croissance à deux chiffres

  • +11,0 % : croissance moyenne de la masse monétaire (M3) depuis janvier 2025.
  • +15,5 % : hausse de la masse de cash (billets et pièces) à fin septembre.
  • +11,1 % : progression des dépôts à vue sur un an.

« La quantité de monnaie augmente beaucoup plus vite que les richesses réellement créées. » — Hechmi Alaya

Cette expansion monétaire, selon lui, est « une fuite en avant budgétaire » : elle alimente l’État, pas l’économie réelle.

 Crédit : l’État capte la liquidité

  • 95,7 % : part de la création monétaire provenant des crédits (moyenne sur 5 ans).
  • 31,5 % : part des crédits captée par l’État en 2025 (contre 2,5 % dans les années 2000).
  • 63,7 % : part des crédits allouée à l’économie réelle — un plus bas historique.

« La politique monétaire est désormais asservie à la politique budgétaire. » — Hechmi Alaya

Les banques, contraintes par l’État et une faible demande privée, privilégient les créances publiques. Résultat : raréfaction de la monnaie privée et stagnation des investissements productifs.

Demande en berne, pouvoir d’achat érodé

  • 1,2 fois : vitesse moyenne de circulation de la monnaie en 2025 (contre 2 fois dans les années 2000).
  • 8 170 dinars : revenu par habitant en 2025, équivalent à celui de 2017.
  • 12850 dinars : revenu par habitant en parité de pouvoir d’achat, au niveau de 2014.

« Les Tunisiens n’ont pas retrouvé leur niveau de vie d’il y a huit ans. » — Hechmi Alaya

La faiblesse de la demande intérieure freine la transmission inflationniste de la masse monétaire. Mais elle traduit surtout un appauvrissement généralisé.

Une stabilité apparente, déséquilibres profonds

Hechmi Alaya alerte : « Ce n’est pas l’inflation qui est maîtrisée, c’est la demande qui est étouffée. » La Tunisie vit une illusion de stabilité, masquant une fragilité monétaire et sociale. Sans réforme du Policy-mix, le risque d’un retour brutal de l’inflation reste entier.

(Source : Ecoweek numéro 41 du 9 novembre 2025)

EN BREF

  • L’inflation officielle recule, mais les indicateurs masquent une hausse réelle des coûts supportés par les ménages.
  • La masse monétaire progresse à deux chiffres, portée par le financement de l’État plutôt que par l’économie productive.
  • Le crédit se concentre sur les besoins publics, marginalisant les entreprises et les investissements.
  • La demande intérieure reste faible, freinant la transmission des hausses monétaires.
  • Cette stabilité apparente cache des déséquilibres profonds et un risque de retour inflationniste.

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