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La filière tunisienne des dérivés de dattes se diversifie

11. November 2025 um 12:50

Le projet Pampat2 (Seco/Onudi) vient de diffuser une nouvelle vidéo intitulée «Les dérivés des dattes, entre héritage et innovation», disponible sur sa chaine YouTube officielle. Cette vidéo promotionnelle vise à valoriser l’offre tunisienne de dérivés de dattes, soulignant la diversité de ces produits qui vont des produits alimentaires comme la poudre, les pâtes à tartiner, le sirop et le vinaigre, jusqu’aux applications cosmétiques.

La filière tunisienne des dérivés de dattes est un secteur reconnu pour sa forte valeur ajoutée, positionnant la Tunisie comme un exportateur majeur de ce produit de plus en plus recherché sur les marchés internationaux pour ses bienfaits pour la santé. 

Soutenue par une norme technique, la poudre de dattes tunisienne, perçue comme un substitut sain au sucre, connaît un succès croissant sur les marchés étrangers, en particulier aux États-Unis, en Allemagne et en France. 

Produits à forte valeur ajoutée

La participation aux salons internationaux comme Sial, Anuga et FIE ainsi que les missions BtoB organisées en collaboration avec le Cepex non seulement en marge des salons mais également en collaboration avec les ambassades de Tunisie à l’étranger, en Norvège, en Suède et en Italie, ont permis de positionner les produits dérivés de dattes comme des produits à forte valeur ajoutée dans l’industrie agro-alimentaire grâce notamment à leurs bienfaits pour la santé.

Plusieurs expos-ventes et événements gastronomiques ont également été organisés en Tunisie pour promouvoir davantage cette gamme de produits qui ne cesse de se développer auprès du consommateur tunisien.

La filière a généré plus de 2 300 emplois, avec une proportion élevée de 80 % pour les femmes, ce qui souligne l’impact social de ce secteur.

Riche d’un savoir-faire ancestral, la Tunisie ambitionne aujourd’hui de se positionner comme le leader dans la production des produits dérivés de dattes, un produit innovant qui répond à une demande croissante des marchés internationaux.

La vidéo, d’une durée de 4 minutes 34’ permet de mettre en lumière les différentes phases de développement des produits dérivés de dattes, les multiples utilisations ainsi que leurs impacts économiques. Elle met également en avant les actions menées pour promouvoir la diversité et la qualité de la gamme. La vidéo est accessible via ce lien.

Depuis 2020, la filière reçoit l’appui du Projet d’accès aux marchés des produits agroalimentaires et de terroir (projet Pampat2), mis en œuvre par l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (Onudi) avec le financement du Secrétariat d’État à l’Économie Suisse (Seco) en étroite collaboration avec le Groupement interprofessionnel des dattes (Gidattes), la Direction générale des industries alimentaires au ministère de l’Industrie et le Centre de promotion des exportations (Cepex).

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Procès politiques et instabilité en Tunisie  

11. November 2025 um 11:57

Le nombre d’activistes politiques en grève de la faim dans les prisons tunisiennes augmente jour après jour, traduisant un désespoir face à des juges qui n’en finissent pas de juger, de condamner et d’allonger les peines infligées à des prévenus qui ont la malchance de comparaître devant eux.

Ridha Kefi

Après Jaouher Ben Mbarek, dont l’état de santé s’est gravement dégradé, selon ses avocats et sa famille, après deux semaines sans manger et sans boire, c’est Issam Chebbi, Abdelhamid Jelassi et Rached Ghannouchi qui sont entrés en grève de la faim. Tous dénoncent ce qu’ils considèrent comme des procès politiques iniques visant à les écarter de la scène politique, et accusent la justice d’être devenue un instrument aux mains du pouvoir exécutif pour faire taire toute opposition.

La possibilité que d’autres prisonniers politiques et d’opinion, parmi les dizaines incarcérés et poursuivis en justice, fait craindre une détérioration de l’atmosphère générale dans le pays, qui est déjà très tendue, même si les médias nationaux n’en rendent pas compte, se disant muselés eux aussi.

Cependant, les échos de ces grèves de la faim dans les médias et l’opinion internationaux sont dévastateurs pour l’image de la Tunisie et la réputation du régime qui y est en place.

Sonia Dahmani, photographiée de dos, aujourd’hui, au tribunal. Photo diffusée par sa soeur Ramla Dahmani Accent sur sa page Facebook.

Comparaissant aujourd’hui, mardi 11 novembre 2025, devant le tribunal, pour la énième fois et pour un énième procès, l’avocate et chroniqueuse Sonia Dahmani, condamnée à de lourdes peines pour des déclarations médiatiques, a pleuré, pour la première fois, devant ses juges, et déclaré, abattue et désespérée : «Je veux rentrer chez moi.»

C’est ce qu’a rapporté ce matin sa sœur Ramla Dahmani Accent dans un post Facebook. Difficile de rester insensible à un tel cri de désespoir d’une grande dame que les Tunisiennes et les Tunisiens ont longtemps portée (et portent encore pour beaucoup d’entre eux) dans leur cœur.

Sans nous immiscer dans le fonctionnement de la justice ni émettre un avis sur le fond des procès intentés contre des opposants, cette situation où l’actualité politique du pays se résume à une interminable chronique judiciaire ne saurait durer davantage sans nuire durablement à sa stabilité intérieure et à sa crédibilité au regard de ses partenaires.

Si la Tunisie ne parvient pas à se relancer sur le plan économique et à renouer avec la croissance, le problème réside en grande partie dans l’absence de confiance à l’intérieur, l’incertitude qui règne dans les cœurs et les esprits, et, surtout, l’image négative qu’elle projette à l’étranger, et qui n’aide pas à l’impulsion de l’investissement et à la création de richesses.

Bref, pour sortir de l’impasse où elle s’est engouffrée depuis 2011, la Tunisie a besoin d’apaisement, de dialogue et d’ouverture, surtout à l’intérieur, où règne comme une atmosphère d’incompréhensions, de malentendus et de rejets réciproques, que traduit la «guerre civile» larvée dans les réseaux sociaux, où tout le monde s’en prend à tout le monde dans une effusion de haine partagée.

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Le dinar tunisien est-il la monnaie la plus forte d’Afrique ?

11. November 2025 um 10:46

La récente déclaration de la Première ministre devant l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) selon laquelle le dinar tunisien et la monnaie la plus forte d’Afrique a donné lieu à beaucoup de controverses et a interpellé tous les Tunisiens, qu’ils soient économistes, experts ou de simples citoyens. Qu’en est-il vraiment ? Quelle est la différence entre valeur nominale et valeur réelle d’une monnaie ? Comment se déterminent les taux de change d’une monnaie ? Quelle est la marge de manœuvre réelle de la Banque centrale de Tunisie (BCT), etc. Autant de question auxquelles l’auteur, économiste universitaire et expert international, répond par une approche qui a au moins le mérite d’être didactique et pédagogique.

Sadok Zerelli *

Dans l’actualité économique actuelle, marquée par de vifs débats sur le Projet de Lois des Fiances pour l’année 2026 (PLF2026), tout observateur relève la multiplication des déclarations optimistes, voire triomphalistes, faites par plusieurs membres du gouvernement, et qui sont destinées, à mon sens, à faire avaler à l’opinion publique la pilule de l’augmentation de plusieurs taxes et la création de nouvelles, ni plus ni moins.

Cela va de la «fake news» de l’agence de presse officielle Tap qui annonce officiellement que la Tunisie a remboursé 125% de l’encours de sa dette extérieure pour l’année 2025, ce que des sources du FMI ne confirment pas, aux déclaration du gouverneur de la BCT durant les assemblées annuelles de BM et du FMI à Washington qui évoque «la résilience de l’économie tunisienne» et «la capacité de la Tunisie à maintenir une croissance durable»  (voir mon article : «Embellie de l’économie de la Tunisie : le vrai  du faux») à la déclaration récente de la cheffe du gouvernement devant L’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et le Conseil national des régions et des districts (NRD) selon laquelle «le dinar tunisien est la plus forte monnaie en Afrique par rapport au dollar américain, malgré que le pays ne bénéficie ni de ressources pétrolières, ni d’exportation à forte valeur ajoutée à l’instar de certains pays de la région

Une telle déclaration laisse sous-entendre que le pouvoir d’achat du dinar et le niveau de vie de Tunisiens sont les plus élevés d’Afrique, ce que les millions de Tunisiens qui ont des difficultés à joindre les deux bouts et dont le niveau de vie ne cesse de se détériorer d’une année à l’autre ne sont pas près de confirmer. Elle interpelle aussi les économistes et experts internationaux qui suivent de près l’évolution de la conjoncture économique en Tunisie et ailleurs.

Sans vouloir mettre en cause l’honnêteté intellectuelle de la cheffe du gouvernement, à mon avis une brave femme dont on ne peut que saluer le courage d’avoir accepté cette responsabilité dans un contexte aussi difficile et incertain que traverse le pays et qui se trouve coincée entre un super président qui lui dicte le moindre de ses faits et gestes et un gouvernement qu’il lui a imposé et qui obéit au doigt et à l’œil aux instructions venues du palais, il n’en demeure pas moins que ce genre de déclaration peut tromper l’opinion sur la santé réelle de notre économie et la stabilité de notre monnaie et constitue de mon point de vue ce que j’appelle dans plusieurs de mes articles un «mensonge scientifique», car basé sur une fausse interprétation  des chiffres, qui eux, sont bien réels (voir dans Kapitalis : «Les chiffres officiels, une forme de mensonge scientifique»).

Ainsi, dans le cas d’espèces, Mme la cheffe de gouvernement s’est basée à priori dans sa déclaration sur le classement publié par «Forbes Currency Calculator» et relayé par «Business Insider», selon lequel le dinar tunisien s’est hissé au premier rang des monnaies les plus fortes d’Afrique en septembre 2025.

Toute la question est donc de savoir comment se détermine la valeur d’une monnaie et si les taux de change officiels reflètent bien cette valeur

Pour y répondre, je vais adopter l’approche la plus didactique et pédagogique possible, afin de contribuer un tant soit peu à élever la culture économique générale du public tunisien qui, il faut bien l’admettre, en a bien besoin.

La valeur d’une monnaie

Historiquement et pendant des siècles, la valeur d’une monnaie était déterminée par la quantité d’or qu’elle permet d’acquérir et le volume de pièces de monnaie qu’un prince est autorisé à frapper dans un pays était directement lié au volume des réserves en or détenues par les autorités de ce pays

Ce système monétaire international qu’on appelle «le système d’étalon-or» s’est effondré lors du Crash de 1929 qui a abouti à de graves récessions économiques dans tous les pays industriels, accompagnées d’hyper inflation et de chômage massif, et qui est l’une des causes principales du déclanchement de la deuxième guerre mondiale en 1939

Les pays vainqueurs de celle-ci, menés par les Etats-Unis, se sont réunis en 1944 à Bretton Woods et ont mis en place un nouveau système monétaire international, appelé «système de change-or» selon lequel seul le dollar américain est défini par rapport à l’or selon une parité fixe d’une (une once d’or = 36 USD) et toutes les autres monnaies du monde sont reliés au dollar suivant un taux de change fixe, donc indirectement relié à l’or.

Ce système qui accordait aux Etats-Unis un avantage exorbitant dans le sens où ils étaient le seul pays au monde à pouvoir se procurer autant de dollars qu’ils le veulent sans avoir à exporter davantage de marchandises au reste du monde ou d’acquérir davantage d’or, s’est effondré  en 1971, lorsque Charles de Gaule a demandé la conversion en or de toutes les réserves de dollars détenues par la Banque de France, ce que le FED (Banque centrale américaine) ne pouvait pas satisfaire, ayant noyé le monde de dollars, notamment pour financer les guerres de Corée et du Vietnam. Le président américain de l’époque, Richard Nixon, n’a pas eu d’autres choix que de décréter unilatéralement la fin de la convertibilité du dollar en or.

Depuis, le monde est entré dans un système de changes flexibles où, toutes les monnaies, y compris le dollar, sont «fiduciaires» c’est-à-dire qu’elles tirent leur valeur de la confiance des opérateurs économiques dans les économies des pays qui l’ont émises. Dans ce nouveau système monétaire qui est toujours en vigueur, l’or monétaire (diffèrent de l’or commercial pour fabriquer des bijoux ou certains composants électroniques) continue à jouer un rôle mais uniquement comme valeur refuge pour certains spéculateurs et investisseurs en vue de se prémunir contre de fortes dépréciations des devises qu’ils détiennent (actuellement, l’once d’or a dépassé les 4000 USD !).  

Toujours est-il que selon le système monétaire actuel, la valeur d’une monnaie se définit comme étant «la quantité de biens et services qu’une unité monétaire permet d’acquérir», ce que les économistes appellent «le pouvoir transactionnel» d’une monnaie. Celle-ci dépend en premier lieu du niveau général des prix et de la confiance des agents économiques intérieurs et extérieurs dans les capacités de croissance et de création de richesses de l’économie de ce pays, ainsi que de la capacité des autorités monétaires à maîtriser l’inflation et défendre le pouvoir d’achat et la parité de leur monnaie.

Le taux de change est-il un bon indicateur de la valeur d’une monnaie ?

Le taux de change est le prix à payer en une certaine monnaie pour acquérir une unité d’une autre monnaie. Tout comme pour le prix d’un baril de pétrole ou d’un kilogramme de tomates ou de tout autre produit, il est déterminé par la confrontation de l’offre et de la demande de cette monnaie sur le marché des changes.

Si la demande de monnaie nationale s’accroît, par exemple pour convertir des devises reçues suite à un accroissement des exportations de biens ou de services ou d’un nouvel emprunt ou don extérieurs, toutes choses égales par ailleurs, son cours s’apprécie ou augmente. Inversement, si c’est la demande de devises qui s’accroit, par exemple pour faire face à des importations supplémentaires ou rembourser un emprunt extérieur, toutes choses égales par ailleurs, le cours de la monnaie nationale se déprécie ou baisse.

Globalement, il apparaît que la variable déterminante en matière de taux de change est le solde de la balance des paiements (égal au solde la balance commerciale + les recettes touristiques + les virements reçus des nationaux expatriés + les nouveaux emprunts extérieurs ou dons contractés- les encours en principal et intérêts des emprunts extérieurs remboursés).

Dans certains pays à devises fortes et convertibles, il arrive que les banques centrales interviennent sur les marchés de change pour soutenir leurs monnaies en offrant d’acheter ou de vendre leurs propres monnaies si elles jugent que les taux de change fixés par le marché sont défavorables à leur économie.  

Malheureusement, le dinar tunisien n’étant pas convertible, notre BCT ne peut pas recourir à de telles pratiques : elle ne peut pas acheter des devises en payant par des dinars qu’aucun opérateur extérieur n’accepterait et les maigres réserves de devises qu’elle détient sont destinées à faire face au paiement de nos importations et au remboursement des échéances des crédits extérieurs, avec un solde de sécurité d’à peine trois mois d’importation (105 jours actuellement).

A la lumière de ces explications, il apparaît clairement que s’attribuer les mérites d’une stabilisation relative du dinar par rapport aux principales devises, comme le font souvent les responsables de la BCT, et l’imputer même à «l’efficacité de sa politique monétaire», comme l’a déclaré son gouverneur à Washington, relève tout simplement d’une manipulation de l’opinion publique, qui ne maîtrise pas ces questions techniques.

Les déterminants taux de change

Ils sont au nombre de trois :

  1. Le solde de la balance des paiements : le déficit de notre compte courant est réel et structurel : la Tunisie importe plus de biens et services (et rembourse les échéances de la dette extérieure) qu’elle ne reçoit. Ainsi, durant les neuf premiers mois de 2025, le déficit commercial a atteint –16 728 millions de dinars, contre -13 497 millions de dinars sur la même période en 2024, soit une augmentation de +23,9%. Le taux de couverture (exportations / importations) décline également, baissant à 73,5 % à fin septembre 2025 contre 77,5 % un an auparavant (voir mon article : «Embellie de l’économie de la Tunisie : le vrai  du faux»).
  2. Le différentiel de taux d’inflation : en matière d’inflation, ce qui compte le plus ce n’est pas tellement la valeur absolue de l’inflation enregistrée dans un pays, mais le différentiel d’inflation par rapport aux pays partenaires de son commerce extérieur. Par exemple, enregistrer un taux d’inflation de 4,9%, comme cela fût le cas en Tunisie au mois d’octobre 2025, ne serait pas si grave si les pays européens avec qui nous réalisons près de 70% de notre commerce extérieur enregistrent un taux d’inflation de même ordre ou supérieur. Le problème est que le taux d’inflation moyen observé actuellement dans les pays européens s’élève à 2,1%, ce qui impliquera, toutes choses égales par ailleurs, une perte de compétitivité de nos produits et une dépréciation de notre monnaie de la différence, soit 2,8%.
  3. Le déficit budgétaire : Le PLF2026 prévoit un déficit budgétaire de 11,015 milliards DT, soit 4,9% du PIB, un taux largement supérieur à la norme internationale en matière de bonne gestion des finances publiques, qui s’élève selon l’UE, à 3% du PIB (critère de Maastricht). Plus grave encore, en vertu de l’article 12 de cette LPF2026, la totalité de ce déficit budgétaire sera financé par la BCT sous forme de facilités de trésorerie à accorder sans intérêt au Trésor, remboursables sur 15 ans, dont 3 ans de grâce. C’est ce qu’on appelle le mécanisme de la planche à billet qui est un processus hautement inflationniste puisqu’il consiste à créer, par un simple un jeu d’écriture comptable sur le compte du Trésor détenu à la BCT, une nouvelle quantité de monnaie sans aucune contrepartie réelle (accroissement de la production ou des exportations ou des flux invisibles). Un tel déficit budgétaire et surtout un tel mécanisme de son financement créeront sans aucun doute une pression inflationniste qui tirera la valeur du dinar vers le bas.

Par rapport à ces trois variables macroéconomiques explicatives du taux de change du dinar, tous les clignotants sont au rouge et la BCT, dont le rôle se réduit à tenir les comptes de la balance des paiements et à enregistrer les entrées et sorties de devises, n’y pourra rien, à moins de réformes structurelles de note économie.

Valeur nominale versus valeur réelle du dinar

C’est la question de fond que soulève la déclaration de la cheffe du gouvernement devant l’ARP et qui est de nature à induire en erreur l’opinion publique.

La valeur nominale est le taux de change officiel exprimé en équivalent dinars pour un USD. Actuellement, il est de l’ordre de 3 TND (plus exactement 2,9189 TND au 30 octobre 2025, source BCT). Il dépend de de la divisibilité de l’unité monétaire adoptée par chaque pays. Par exemple un dollar US vaut environ 130 dinars algériens, 10 dirhams marocains, 5 dinars libyens, 60 naitras nigériennes, etc. Dans ce sens, Mme la cheffe du gouvernement n’a pas menti en disant que la valeur nominale du dinar est supérieure à celle de toutes les autres monnaies en Afrique.

Là, elle se trompe (involontairement, n’étant pas une économiste ?) et risque d’entraîner toute l’opinion publique avec elle, c’est lorsqu’elle en déduit que le dinar est la monnaie la plus forte d’Afrique.

En effet, il y a une différence de taille entre la valeur nominale et la valeur réelle d’une monnaie. Pour s’en rendre compte, il suffit d’exprimer le taux de change non pas en dinars, mais en millimes qui est la véritable unité de compte monétaire en Tunisie : exprimé ainsi, un USD vaut 3000 millimes, ce qui ramènerait la Tunisie en bas du classement africain par valeur nominale.

En fait, et comme expliqué plus haut, la valeur réelle d’une monnaie se mesure par son pouvoir d’achat qui dépend du niveau général des prix. Si une bouteille de Coca-Cola coûte 3 dinars en Tunisie (soit environ un dollar) et que la même bouteille coûte 5 dirhams marocains (soit environ un demi dollar), alors le dirham marocain a une valeur réelle plus forte même si la valeur nominale du dinar est plus élevée. Ce sont des évidences qui n’échappent pas à l’opinion publique qui n’est pas dupe. De sorte que, les déclarations de la cheffe du gouvernement ne trompent personne et ne font que nuire davantage à la crédibilité des discours officiels.

Le dinar tunisien face au dollar américain

Ce qu’il faut retenir, et que Mme la cheffe du gouvernement s’est bien gardée de mentionner, est que le dinar tunisien a perdu 50% de sa valeur en 10 ans, soit depuis 2015 (1USD=1,95 TND, contre 2,918 actuellement).

Ceci étant, il est vrai que l’année 2025 a enregistré une stabilité, toute relative d’ailleurs, du dinar face au dollar : le taux de change a oscillé en 2025 de 2,856 TND, son niveau le plus bas à 3,037 TND, son niveau le plus élevé, contre 2,918 actuellement.

Tout en se félicitant de cette stabilité relative, comme tous les Tunisiens, il est de mon devoir d’économiste de faire remarquer qu’une telle stabilité relative du dinar n’est pas due à de meilleurs performances de l’économie tunisienne (davantage d’exportations, baisse du déficit commercial, baisse du déficit budgétaire, etc., ce que les chiffres ne confirment pas) comme le laisse entendre la déclaration de notre cheffe de gouvernement devant l’ARP, ou à l’efficacité de la politique monétaire, comme l’a proclamé le gouverneur de la BCT dans son discours à Washington, mais à une conjoncture internationale particulièrement favorable qui s’est traduite par une baisse du dollar simultanément à une baisse du cours international du pétrole (autour de 60 USD). De sorte que s’il faut remercie quelqu’un pour le bon comportement du dinar face au dollar en 2025, 2025, ce n’est pas la cheffe du gouvernement pour le succès de la mise en œuvre la stratégie du «compter sur soi» du président Kais Saïd, ni le gouverneur de notre
BCT pour l’efficacité de sa politique monétaire, mais bien Trump qui applique une politique délibérée de baisse du dollar pour réduire le déficit du commerce extérieur des Etats-Unis et de baisse du prix du pétrole pour réduire la capacité de la Russie à financer la guerre d’Ukraine.

La meilleure conclusion à cet article est peut-être de rappeler que l’illustre homme politique et président de la République Française, Jacques Chirac, a eu l’honnêteté intellectuelle de déclarer publiquement «qu’en politique, la parole n’engage que ceux qui y croient»). Certes, on ne demande pas autant à nos hommes politiques, mais de grâce, ne prenez pas les Tunisiens, en particulier les économistes d’entre eux, pour ce qu’ils ne sont pas.

Sans un minimum de courage politique et de franchise pour dire la vérité aux Tunisiens, le discours politique n’est plus crédible et l’opinion publique n’a plus confiance dans ses gouvernants. C’est la survie du régime politique de Kais Saïd qui est en jeu.

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Militantisme sur les réseaux sociaux | Overdose et immaturité

11. November 2025 um 10:07

Avec les guerres au Moyen-Orient, l’assassinat de Charlie Kirk, ou les timides petits postes et «stories» que je vois en ce moment sur le Soudan (toutes ces causes méritent l’attention et tout drame mérite compassion, sans échelle de valeur), les réseaux sociaux, Instagram en tête, sont devenus la caisse de résonnance des pensées les plus pauvres. Le théâtre d’un bavardage passionné s’éparpillant dans tous les sens, et qui ne sert à rien.

Youssef Bouanani *

Depuis la signature du cessez-le feu à Gaza, le 10 octobre 2025, j’ai constaté un «retour à la normale» des militants 2.0 sur internet. Déjà que durant l’été, les posts et «stories» sur la plage et en train de faire la fête ont pris une part importante dans le flux journalier des photos et vidéos atroces de personnes tuées, éventrées ou décapitées, depuis la mi-octobre, je ne vois plus l’effervescence des derniers mois de la part des nouveaux militants du 21e siècle. Attention, je ne cherche pas à verser dans un «takfirisme» moral qui consisterait à nier la sincérité de leur position; je m’interroge plutôt sur la profondeur et la constance de leur ferveur, une fois la tendance, ce «trend» éphémère et bruyant nourri de visibilité instantanée, consommé.

Je n’ai jamais été un militant et je ne compte pas le devenir, mais dans mes lectures d’adolescent passionné de politique, j’ai appris le modèle militant avec des personnages comme Robespierre, Proudhon, Charles Mauras, Lénine, De Gaulle, Che Guevara, Castro, Bourguiba, Nasser, et tant d’autres. Des hommes animés par une foi inébralable dans leur cause, jamais à court de mots, de slogans ou d’actions pour faire avancer leurs idées. Un panache hors du commun qui donnait naissance à des révolutions. Un style particulier faisant qu’ils étaient suivis par des masses entières et arrivaient à faire ce que tant d’autres avant eux pensaient impossible d’accomplir. Malheureusement, l’injustice et les malheurs dans le monde deumeurent, mais je crains bien que des caractères comme ces gens-là n’existent plus.

Je vais m’abstenir de faire du «Gen z bashing» ou de simplement dire que c’était mieux avant. Avant quoi ? Avant internet, avant que la télé ne devienne en couleurs, avant mai 68, avant l’invention du «chocolat Dubaï»..? Trop facile les discours de comptoir qui jettent le tort sur tout et n’importe quoi. Je pense plutôt que c’est un mal d’antan, le mal du vide; amplifié par l’époque et les réseaux sociaux, et qui touche ma génération plus que les autres. Ceci a pour résultat de transformer le militantisme d’un don de soi à la cause, à un don de la cause pour soi. Je m’explique.

Les pensées les plus pauvres

Avec les guerres au Moyen-Orient, l’assassinat de Charlie Kirk, ou les timides petits postes et «stories» que je vois en ce moment sur le Soudan (toutes ces causes méritent l’attention et tout drame mérite compassion, sans échelle de valeur), les réseaux sociaux, Instagram en tête, sont devenus la caisse de résonnance des pensées les plus pauvres. Le théâtre d’un bavardage passionné s’éparpillant dans tous les sens, et qui ne sert à rien. Il n’y a rien de plus nuisible à une cause que l’écart entre le discours et le geste.

Particulièrement depuis octobre 2023, pour beaucoup de jeunes sur les réseaux, militer est un plaisir. Le plaisir de se sentir appartenir à un groupe, d’avoir l’impression de défendre une cause qui semble juste, souvent sans comprendre ses fondements, ou bien même si elle est fondée.

Dans ce militantisme jeune, et par défintion immature, on milite doucement dans la pratique, fort sur les réseaux. On milite entre deux soirées de fêtes, deux séances de shoping, deux passages chez l’esthéticienne et parfois même entre deux consultations chez le psychologue. Bien loin ce militantisme des épopées des biographies de personnages historiques cités plus haut. Je ne dis pas que ces personnages historiques ne faisaient que le maquis, Castro était amateur de bonne chair, de belles femmes et des fameux cigares. Mais le sérieux de leur verbe et surtout de leurs actions a fait en sorte qu’ils aient obtenu davantage de résultats concrets que ceux qui militent aujourd’hui.

Alors, pourquoi le militant d’aujourd’hui semble-t-il s’être laissé glisser dans cette mollesse tranquille et bien beige à côté de la ferveur de leurs aînés ?

Aujourd’hui, plus qu’hier, s’opposer et partager les mêmes publications sur les réseaux est une façon de se sentir vivant. Au fond, l’activiste digital n’a pas vraiment espoir de voir un changement dans le monde, mais le fait d’avoir quelque chose à combattre participe à son équilibre; c’est la raison pour laquelle c’est même important que le malheur qu’il combat demeure le plus longtemps possible, ou qu’il le remplace très vite.

Les passions sur les réseaux concernant le conflit au Moyen-Orient se sont calmées, alors même qu’objectivement, rien n’a changé. Le conflit est sur pause, les scandales demeurent et pourtant plus rien sur mon «feed insta». C’est en tout cas évident qu’il y a toujours une forme de jubilation d’un côté comme de l’autre du champ politique quand un événement a lieu, qui confirme un discours et qui en fragilise un autre. Il suffit de voir la vitesse à laquelle tous se ruent sur le moindre fait, pour comprendre que les enjeux profonds que l’événement pourrait dévoiler comptent peu par rapport à son potentiel de victoire symbolique. On fait mine de s’affliger, mais on se réjouit des drames qui nous font bien voir par le groupe. Dans ce contexte, la dynamique des réseaux sociaux peut difficilement aboutir à autre chose que de la mauvaise foi.

Dans ce contexte, l’événement n’a de valeur que par le fruit qu’on peut en tirer. Il ne suscite pas une réflexion, mais un réflexe. Est-ce que ce qui se passe fait mes affaires et donc mérite que je milite pour (autrement dit que je clique pour le partager dans ma story) ? Ou ça ne fait pas mes affaires et donc je continue à scroller ? C’est ici l’horizon indépassable de l’analyse politique des individus sur les réseaux.

Information et indifférence

Au-delà de cette bêtise issue d’un mal-être que j’explique plus tard, est-ce que des facteurs extérieurs participent à cette perte d’essence dans le militantisme jeune ? Oui. Dans un modèle où les médias doivent parler de tout et n’importe quoi pour ratisser le plus large possible afin de survivre économiquement, l’événement vaut peu par lui-même, car noyé dans l’équivalence générale. J’exclus certains médias, mais ouvrez la première page d’un grand journal généraliste et vous verrez qu’on passe de la guerre à un récap du match de football, du sort d’un peuple entier aux derniers scandales amoureux d’une célébrité, sans la moindre distinction. Il n’y a aucune cohérence et donc aucune valeur véhiculée dans le récit de l’actualité, et c’est pour ça que le monde de l’information est par nature relativiste et qui nous conditionne à traiter l’information avec une forme d’indifférence. Staline disait «la mort d’un homme et une tragédie, la mort de millions d’hommes n’est qu’une statistique».

Précurseur, le petit père des peuples. On nous parle de 70 000 morts quelque part, de 500 000 là bas, presque autant pas loin… Apathie générale, là où si on réalisait ce que donnait réellement 500 000 morts devant nos yeux, on ne dormirait plus la nuit!  

Gilles Lipvestsky, dans son essai “L’ère du vide”, paru il y a 42 ans, en parle avec ces mots «La politique est entrée dans l’ère du spectaculaire. Liquidons la conscience rigoriste et idéologique au profit d’une curiosité dispersée, captée par tout et rien. (…) Notre société ne connaît pas de préséance, de codification définitive, de centre, rien que des stimulations et des options équivalentes en chaîne. (…) De là résulte l’indifférence postmoderne, indifférence par excès, non par défaut. L’apathie répond à la pléthore d’informations, à leur vitesse de rotation. Sitot enregistré, l’événement est oublié, chassé par d’autres encore plus spectaculaires».

En avril 2025, quand il y a eu l’histoire du mur qui s’est effondré sur des adolescents à Sidi-Bouzid, ou depuis quelques années avec les vagues d’arrestations de personnes «plus ou moins» critiques de Kais Saied, plus récemment quand il y a eu l’affaire de la pollution à Gabès (comme ci ce n’était pas le cas depuis 40 ans avec des crimes contre l’envrionnement et les habitants de la région et que personne n’a réellement engagé d’actions et demandé des comptes), j’ai naïvement pensé que ça allait avoir un impact durable et que la vague d’indignation sur les réseaux sociaux allait produire quelque chose d’inédit, équivalant à l’effervescence générale qu’on pouvait voir à ce moment-là sur Internet. Que nenni ! Quelques jours plus tard, on parlait et on partageait avec la même passion d’autres choses plus banales. Les manifestations n’ont duré que quelques jours, la poussière a été mise sous le tapis, et le pouvoir a continué avec son fameux «Circulez, il n’y a rien à voir!».

Attention, si les autorités de mon cher pays tombent sur cet article, je tiens à préciser que je n’appelle aucunement à un soulevenement populaire ou à un trouble à l’ordre public, uniquement à ce que les malheurs d’un peuple qui souffre s’arrêtent.

Il y a aucune décence et aucune cohérence dans la gestion des paroles et des émotions sur Internet et c’est pour ça que je pense que la réaction se résume à l’expressivité.

En d’autres termes, pour ma génération, le contenu expressif, c’est le seul vrai contenu. Ce qui explique pourquoi malgré les aberrations qui occurent en Tunisie chaque semaine, les autorités ne semblent pas vraiment s’inquiéter d’un soulèvement populaire, tant et aussi longtemps que les indignations digitales se relaient indifféremment au gré des circonstances, c’est-à-dire qu’elles remplissent une fonction cathartique.

Ce qui est important, c’est de pouvoir extérioriser et projeter un conflit intérieur, dans les limites de son confort et sans pour autant aller jusqu’au bout et mettre ses idées en actions ordonnées qui demandent un changement. Pour résumer, plus le jeune crie sa colère de manière symbolique et affiche sa révolte, entre deux posts qui n’ont rien à voir, plus on peut partir du principe qu’il n’en a rien à cirer.

Ces grands personnages historiques militants cités plus haut, avaient principalement un point en commun : au moment où ils ont senti que leur destin et celui de leur groupe (nation) étaient trop régis par des facteurs extérieurs, ils sont passés à l’action. Pourquoi, à mon avis, alors que ma génération n’a quasiment plus les moyens de contrôler son destin, elle ne prend pas action ?

Il se peut que je me trompe, mais je pense que la génération la plus individualisée et hédoniste jamais observée est incapable d’imaginer les moyens de mettre en place le changement, s’il ne vient pas d’en haut, d’une autoritié.

Autrement dit, le jeune individualisé et n’appartenant au groupe que par le titre et rien par la pratique, est incapable d’imaginer pour le collectif une porte de sortie et une série d’action pour l’emprunter. Il faut qu’elle lui soit servie sur un plateau d’argent.

Revenons à notre sujet principal. Les idées politiques elles-mêmes deviennent des cloisons. Le jeune est politiquement immature par défaut, et ce n’est pas de sa faute. Sans éducation politique sérieuse, il adopte une pensée en vase clos. Autrement dit, il devient encore plus bête ! J’en veux pour preuve mon observation de quelque chose de l’ordre du jeu vidéo dans la manière dont les jeunes deviennent politisés. On s’interesse à la politique parce que tout le monde le fait (la trend, le mal de cette génération), puis, sans beaucoup lire et sans trop se renseigner, on adopte une position politique en excluant tout le reste du spectre. Ensuite, on joue le script correspondant à l’avatar qu’on s’est choisi et plus on crie haut et fort nos idées en marginalisant celles de l’autre, plus socialement on paraît intelligent, malin et on gagne des points de valeurs symboliques.

On croit tout savoir du conflit palestinien, de l’implication des émiratis au Soudan, de la tactique militaire des Russes en Ukraine, des élections municipales à New-York et du bien-fondé ou pas de la politique (parfois schizophrénique) de Trump. Le pire ce n’est pas d’être sûr de ses idées, c’est la méchaneté avec laquelle on rejette celles des autres et la bêtise avec laquelle on arbore un patchwork d’idées préfabriquées, apprises sur le tas avec à coup de vidéos de 45 secondes, modèle «fast-food», tout cela dans le but de revomir cet amas difforme d’informations dans la nouvelle agora de notre époque (Internet) et bien se faire voir. Ceci n’est que le symptôme du «moi» de l’individu d’aujourd’hui.

Le jeune est en crise existentielle et identitaire, à cause d’une multitude de raisons, parfois individuelles, mais surtout résultat de l’identité moderne qui a tendance à être fluctuante et instable. Face à ce mal structurel, pourquoi le jeune semble alors sans défense ? Ça prendrait un livre entier à essayer de l’expliquer, mais dans un contexte de libération et d’initiative individuelle, il est de plus en plus difficle de trouver les ressources qui permettent de stabiliser sa vie intérieure par soi-même. Le jeune est jeté dans le bain de la vie tout seul, dans un contexte d’éclatement de la famille, de crise de l’éducation et de la hiéarchie (le meurtre du père œdipien, encouragé par le postmodernisme finit bien souvent mal), d’érosion des régimes symboliques qu’ils soient religieux ou séculier, et d’essor des dispositifs qui favorisent la comparaison, notamment les réseaux sociaux qui mettent en scène des jeunes de son âge plus beaux, plus riches, plus célèbres, mais bien souvent moins équilibrés. L’influenceur vedette n’existe que parce qu’il y a des influençables bêtes, ne l’oubliez pas.

Finie l’époque de la verticalité, qui amenait une cohésion de la pensée et une stabilité de l’être qui sait d’où il vient et là où il va. Place aujourd’hui à la fragilité intime, angoisse chronique qui rend l’individu particulièrement vulnérable à tout ce qui peut lui donner l’illusion d’une certitude et qui le pousse bien souvent à aduler de faux dieux.

Ce jeune, va donc chercher à l’extérieur des objets propres à forger son identité et cette tentation de réagir en permanence sur les réseaux, naît dans une promesse de détente narcissique. Demandez à un jeune s’il se sent utile ? Beaucoup parlent de dépression, ça en devient même un thème de rigolade entre nous. Le vide pour seul certitude et la nature ayant horreur du vide, le jeune finit trop souvent par le remplir avec…n’importe quoi.

En effet, l’individu qui se sent stérile et qui a l’impression d’être un épiphénomène, son rare moment de gratification dans une journée normale, c’est la dopamine secrtée par son cerveau lorsqu’il se sent habité par une cause lorsqu’il est sur Internet. Ajoutez à cela que son post inutile, sera peut-être même rétribué par un minable «cœur» ou «like» qui ne veut rien dire sur une publication vue et revue 100 fois. Une overdose. Encore une preuve de ce manque de sérieux ? Bien souvent ce partage ne s’accompagne même pas d’un commentaire personnel construit et intelligent. On repartage bêtement, sans vérifier, sans s’intéresser outre-mesure, sans y ajouter autre chose que parfois un emoji triste, ou une indignation stéréotypée.

Une image fragmentée du réel

Les réseaux inhibent la faculté de comprendre un sujet, c’est-à-dire prendre tous les éléments qui le composent en admettant toute l’étendue de leur complexité et en prenant le temps de bien comprendre l’information. Dans les faits, c’est tout le contraire. Non seulement on ne prend rien ensemble parce que les réseaux renvoient toujours une image fragmentée du réel, mais en plus on a tout le loisir de ne prendre que ce qui nous arrange. Et par ailleurs, le mode de communication propre au réseau nous invite implicitement à être laconiques et malhonnêtes, ce qui ne favorise pas tout à fait l’esprit de dialogue. L’ennui avec la compréhension, c’est que c’est un effort, une démarche qui amenuise, dans le phénomène considéré, son pouvoir de satisfaction immédiate. Parce que les choses sont rarement aussi simples qu’elles devraient l’être pour correspondre aux lectures binaires qui soulagent la frustration.

Dans une époque où l’on ne cultive plus un potager en attendant patiemment ses fruits, où l’on n‘attend plus le passage de notre chanson préférée à la radio, mais où on peut la streamer quand ça nous chante, et où l’attente devient une peine atroce, la gratification instantnée est loi. Les idées politiques et le militantisme n’échappent pas à cela. On veut vite s’approprier un sujet, vite le partager et vite recevoir la gratification de savoir qu’on fait partie du lot et qu’on est dans le camp des bons. C’est pour ça qu’à mon sens, il s’agit moins d’un engagement sincère que de la confirmation de sa propre existence par la mise en scène de «soi» et par la tenue d’un discours qui est le plus souvent destiné à ceux qui n’ont pas besoin de l’entendre.

Entre exil et tourmentes, Lénine a passé 40 ans à militer. Bourguiba en a sacrifié autant avant de voir la Tunisie indépendante. Robespierre en a perdu la tête, littéralement. Une cause demande du sérieux, de l’action et surtout la temporalité longue. Combien de nos jeunes peuvent consacrer autant de temps dans l’action de leur cause ? Il faudrait déjà qu’ils lisent et se renseignent plus, et puis qu’ils passent à l’action au lieu de partager une story entre deux scrolls abrutissants.

En outre, il faut prendre la mesure de la violence invisible qui résulte de cette conjoncture morale du jeune. On a tendance à s’accommoder de ce qui ne tourne pas rond, tant qu’on n’en paie pas les frais, mais à terme ça ne profite à personne et on aurait tort de ne pas s’inquiéter du genre d’homme que le monde postmoderne est en train de créer.

* Étudiant en sciences politiques et affaires publiques et internationales. 

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Ukraine | La Russie tisse sa toile autour de Pokrovsk

11. November 2025 um 09:02

La chute de Pokrovsk marquera la fin d’une phase importante de la bataille du Donbass, ouverte avec la chute d’Avdiivka. Elle ouvrirait surtout une nouvelle séquence de la guerre russo-ukrainienne, qui pourrait voir les Russes avancer vers l’ouest, dans une zone moins urbanisée et donc, moins facilement défendable, même si les Ukrainiens y ont érigé de nouvelles lignes de défense. De quoi ralentir des Russes dont la progression, si elle est réelle, reste toujours de l’ordre de la poussée, et non de la percée.

Habib Glenza

Engagée depuis l’automne 2024, au fil des assauts, très nombreux dans le secteur, les troupes russes engagées autour de la ville ont progressé de manière significative, fut-ce au prix de pertes importantes. Abandonnés à leur sort par leurs chefs militaires, les 10.000 soldats ukrainiens encerclés doivent se rendre aux soldats russes ou combattre jusqu’à la mort 

Durant l’été 2025, la ville de Pokrovsk s’est vue donc placée dans une situation qui, à terme, pourrait provoquer sa chute, les pinces russes ayant jusqu’à présent toujours abouti à la chute des localités ciblées. Mais, quand elle surviendra, la chute de Pokrovsk marquera la fin d’une phase importante de la bataille du Donbass, ouverte avec la chute d’Avdiivka. Elle ouvrirait surtout une nouvelle séquence, qui pourrait voir les Russes avancer vers l’ouest, dans une zone moins urbanisée et donc, moins facilement défendable, même si les Ukrainiens y ont érigé de nouvelles lignes de défense. 

Zelensky et ses généraux cachent la vérité  

De l’autre côté du front, Volodymyr Zelensky reconnaît que la situation à Pokrovsk est difficile, il affirme devant la presse que «170 000 soldats russes assiègent Pokrovsk. C’est beaucoup. Vraiment beaucoup», dans ce qui ressemble à un aveu d’échec.

D’un autre côté, les généraux ukrainiens affirment que leurs troupes se battent à 1 contre 8, ce qui veut dire qu’il y aurait 25 000 soldats ukrainiens dans la poche encerclée. «Les faire sortir rapidement, ça ne va pas être facile», déclare l’un de ces généraux, ce qui veut dire qu’à Kiev, on prépare l’opinion à accepter la chute de Petrovsk, parce que l’armée russe, qui encercle la ville, est trop puissante. «Y a-t-il une possibilité de reprendre la ville demain ou après, je n’en sais rien», ajoute la même source, désabusée.   

Zaporijia en passe d’être encerclée par les Russes

La ville de Zaporijia se prépare à un scénario cauchemar. 130 000 soldats russes se massent aux frontières, prêts à lancer une offensive qui pourrait sonner le glas des défenses ukrainiennes.

Les lignes de front s’effondrent, rapporte The Economist. La 65e brigade de l’armée de terre ukrainienne constate une multiplication des tentatives de percée russes. Le dispositif défensif, malgré des fortifications en béton et des champs de mine, semble de plus en plus fragile. La stratégie russe a changé : plus question d’affrontements frontaux, place à l’encerclement. Drones, guerre électronique et capacités balistiques permettent de couper méthodiquement les lignes d’approvisionnement ukrainiennes. Cela semble donner ses fruits.   

Du côté ukrainien, la situation est critique. Les recrues, souvent âgées et mal formées, ne peuvent rivaliser avec des troupes russes aguerries, par conséquent le moral des troupes ukrainiennes chute dramatiquement. Plus personne ne croit pouvoir barrer la route à une offensive russe, les nouveaux mobilisés n’étant pas entraînés, et n’ont espoir de sortir de ce bourbier que par une amnistie ou une blessure. 

L’armée ne pratiquant plus de rotations et ne disposant plus d’armes qui tardent à venir du côté européen. Elle doit soit se rendre soit continuer à combattre jusqu’au dernier soldat, au risque de voir beaucoup de sang couler.

Ukrainiens et ses soutiens occidentaux va-t-en-guerre doivent comprendre que la continuation du conflit russo-ukrainien n’a plus de sens. Pour préserver la vie de millions de personnes, il faut se mettre autour de la table des négociations, comme le suggère du reste en soufflant le chaud et le froid le président américain Donald Trump, dont le tropisme russe n’est plus à prouver.  

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Berlin demande à Alger la grâce de l’écrivain Boualem Sansal

11. November 2025 um 08:34

Le président fédéral d’Allemagne, Frank-Walter Steinmeier, a officiellement sollicité son homologue algérien, Abdelmadjid Tebboune, pour qu’il accorde une grâce présidentielle à l’écrivain Boualem Sansal, détenu depuis un an en Algérie. La nouvelle a été rendue publique lundi 10 novembre 2025 dans un communiqué de la présidence de la république algérienne, confirmant la réception de la demande allemande.

Dans sa lettre, le président Steinmeier appelle à un «geste humanitaire» envers l’auteur de ‘‘Village de l’Allemand’’ et de ‘‘2084. La fin du monde’’, invoquant son âge avancé et la dégradation de son état de santé. Il propose que Sansal puisse se rendre en Allemagne afin d’y recevoir les soins médicaux nécessaires.

«J’ai demandé à mon homologue algérien la grâce de Boualem Sansal. Un tel geste serait l’expression d’un esprit humanitaire et d’une grande clairvoyance politique. Il refléterait les relations personnelles de longue date que j’entretiens avec le Président Abdelmadjid Tebboune, ainsi que les excellents rapports entre nos deux pays», a déclaré le président allemand.

Lauréat du Prix de la paix des libraires allemands, Boualem Sansal est une figure littéraire reconnue en Europe. Né en 1949 à Theniet El Had, il s’est imposé comme une voix critique du pouvoir et des dérives religieuses dans le monde arabe. Son œuvre, traduite en plusieurs langues, mêle mémoire, fiction et réflexion politique.

Le 1er juillet 2025, la Cour d’appel d’Alger l’a condamné à une peine de prison et à une amende pour des déclarations considérées comme «portant atteinte à l’unité nationale et aux institutions de l’État». Son incarcération à la prison d’El Harrach a provoqué une vague d’indignation dans les milieux littéraires et intellectuels internationaux.

Depuis plusieurs mois, des organisations de défense des droits humains et des écrivains européens réclament sa libération, arguant du respect de la liberté d’expression et de la nécessité de soins médicaux urgents.

En Allemagne, des collectifs d’intellectuels, des libraires et des éditeurs ont multiplié les appels en faveur de Sansal, soulignant la portée symbolique de son œuvre pour le dialogue entre les cultures.

Cette intervention du président Steinmeier, rare dans une affaire judiciaire algérienne, confère à ce dossier une dimension diplomatique inédite. Elle pourrait, selon certains analystes, contribuer à renforcer le dialogue politique et culturel entre Alger et Berlin, dans un contexte régional sensible.

La présidence algérienne n’a pas encore réagi à cette demande. Toutefois, la mention d’«excellents rapports» entre les deux pays laisse entrevoir une approche diplomatique mesurée, susceptible d’ouvrir la voie à une issue humanitaire.

Le sort de Boualem Sansal, écrivain à la fois admiré et controversé dans son pays natal, est désormais suspendu à une décision présidentielle qui pourrait marquer un tournant symbolique dans les relations entre l’Algérie et l’Allemagne, mais aussi dans la manière dont le pouvoir algérien envisage la liberté d’expression.

Djamal Guettala (avec APS) 

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Gestern — 10. November 2025Haupt-Feeds

Tunisie | Les députés sont censurés (Yassine Mami)

10. November 2025 um 14:02

Les membre de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) accomplissent la mission qui leur est confiée, mais ils subissent souvent la censure», a déclaré le député Yassine Mami dans l’émission ‘‘Houna Tounes’’ sur Diwan FM, ce lundi 10 novembre 2025.

«Personne n’a le droit de dicter sa volonté aux représentants du peuple», a ajouté le député, sans désigner clairement la ou les parties qui censurent les députés et cherchent à leur dicteur leur volonté.

Les députés ont présenté 122 initiatives législatives dans différents secteurs qui auraient pu changer la vie des Tunisiens, a encore indiqué Yassine Mami, ajoutant que seules deux d’entre elles ont été examinées et adoptées, laissant entendre que toutes les autres sont passées à la trappe. De qui ?

Selon Yassine Mami, le bureau de l’assemblée, instrument de ladite censure, n’a pas examiné de nombreux projets de lois et ne les a pas transmis aux commissions, alors que celles-ci ont achevé les auditions relatives à certains projets de lois sans que des séances plénières n’aient été fixées pour les discuter et les adopter.

«Les députés ne sont pas satisfaits de la cadence de l’examen des projets de lois en séances plénières», a-t-il conclu, renvoyant ainsi, à demi-mot, la responsabilité de l’échec de la «révolution législative» promise par le président Kaïs Saïed à la présidence du parlement.

I. B.

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La Tunisie lance le projet de reboisement « La Ceinture Verte »

10. November 2025 um 13:21

De Gabès à Gafsa, en passant par Sfax, Kairouan et Sidi Bouzid, la Tunisie lancera en 2026 son plus grand projet de reboisement, baptisé «The Green Belt» («La Ceinture Verte»).

Le ministre de l’Environnement, Habib Abid, a annoncé ce projet lors d’un événement organisé par la Banque nationale de gènes (BNG) à l’occasion de la Journée nationale de l’arbre, le 9 novembre 2025. Ce projet vise à protéger le pays de la désertification et de l’ensablement, tout en valorisant le patrimoine environnemental tunisien, a-t-il déclaré.

«Ce projet s’inscrit dans le cadre du Plan de développement 2026-2030, qui vise à promouvoir le secteur de l’environnement et à mettre en place les stratégies nécessaires pour relever les défis climatiques en Tunisie», a précisé le ministre, dans une déclaration à l’agence de presse Tao.

L’événement a également été l’occasion de déguster une sélection de plats mettant en valeur les saveurs naturelles du patrimoine génétique tunisien.

La Ceinture Verte s’étendra du gouvernorat de Gabès à celui de Gafsa, en passant par Sfax, Kairouan et Sidi Bouzid. «Ce projet contribuera à promouvoir les produits locaux et à étendre les espaces verts grâce au reboisement», a ajouté M. Abid, en précisant que les deux tiers de la superficie totale de la Tunisie sont couverts de végétation : un tiers de forêts et de pâturages, un tiers de terres agricoles et le dernier tiers de désert.

I. B.

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Issam Chebbi | «Nous ne devons pas accepter l’injustice»

10. November 2025 um 12:48

Faiza Rahem a publié dans un bref post Facebook, ce lundi 10 novembre 2025, un message de son époux, Issam Chebbi, secrétaire général du Parti républicain (Al-Joumhouri), incarcéré depuis près de 3 ans et poursuivi avec d’autres opposants dans l’affaire dite de complot contre l’Etat.

Issam Chebbi, qui observe une grève de la faim à la prison de Borj Erroumi (Bizerte) depuis le 7 novembre, en solidarité avec un autre opposant, lui aussi en grève de la faim, depuis le 29 octobre, le professeur de droit public spécialiste de droit constitutionnel, Jawher Ben Mbarek, poursuivi dans la même affaire et incarcéré à la prison de Belli (Nabeul), a demandé à son épouse de diffuser le message suivant, inspiré d’une phrase du célèbre historien Ibn Khaldoun : «La justice est la base de la civilisation, l’injustice conduit à la ruine. Nous ne devons pas l’accepter.»

Il laisse ainsi entendre que lui et ses coaccusés dans le même procès sont victimes d’une injustice.

Rappelons que Issam Chebbi a été condamné, le 18 avril dernier, en première instance, ainsi que son frère Ahmed Nejib Chebbi, président du Front de salut national (FSN), à 18 ans de prison.

I. B.

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Kaïs Saïed | «La Tunisie sera prospère dans ses moindres recoins»

10. November 2025 um 12:04

«La Tunisie sera verdoyante et prospère, du nord au sud, jusque dans ses moindres recoins», a déclaré Kaïs Saïed dans une vidéo publiée sur la page Facebook de la présidence de la République. Les promesses sont toujours bonnes à entendre, mais elles seraient encore meilleures le jour, très lointain, où elles se réaliseraient, si elle se réalisaient un jour.  Vidéo.

Le président de la République a fait cette déclaration, hier, dimanche 9 novembre 2025, à l’occasion de la célébration de la fête de l’arbre, en plantant un olivier dans les jardins des nouveaux locaux du Conseil supérieur de l’éducation et de l’enseignement, qu’il considère comme une grande réalisation de ses deux mandats.

L’ambition est un excellent moteur pour la réussite, encore faut-il s’en donner les moyens, surtout financiers, et c’est ce qui manque le plus aujourd’hui à la Tunisie. C’est peut-être par là qu’il va falloir commencer : relancer l’investissement, la production, l’exportation et la croissance pour se doter des moyens de son ambition.

Le choix de planter un arbre dans les jardins du Conseil supérieur de l’éducation et de l’enseignement n’est pas fortuit, a-t-il d’ailleurs affirmé, dans la même vidéo. Ce conseil servira de cadre à une réforme globale du système éducatif, fondée sur les principes d’égalité, de démocratie et d’inclusion, et qui vise à éradiquer durablement l’analphabétisme sous toutes ses formes, a-t-il encore promis, en comparant le système éducatif à «un arbre qui, profondément enraciné, résiste aux tempêtes les plus violentes», lui qui a tendance à confondre les mots et les choses et à abuser des métaphores.

I. B.

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Tunisie | Le tissu associatif à l’épreuve du bâillon

10. November 2025 um 10:55

En octobre 2025, les autorités tunisiennes ont ordonné la suspension d’activités de plusieurs organisations de la société civile – Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) et Mnemty, dont la présidente Saâdia Ben Mosbah est incarcérée depuis le 6 mai 2024 – en invoquant des audits financiers liés à des financements étrangers. Ce revirement secoue le tissu associatif du pays, dévoilant la tension entre le désir d’autonomie citoyenne et la volonté de contrôle étatique. 

Manel Albouchi *

Depuis la révolution, la Tunisie a vu naître plus de vingt-cinq mille associations : autant de petites constellations dans la nuit du politique, autant de tentatives de se dire autrement. Là où l’État se retire ou se fait discret, la société cherche à se relier.

Chaque association est un mot nouveau dans la langue encore hésitante du peuple. Ce foisonnement n’est pas un désordre, mais un mouvement vital : celui d’un Moi collectif en construction. 

Comme l’enfant qui, selon Winnicott, découvre son existence à travers l’aire transitionnelle, la Tunisie expérimente l’espace du jeu social : entre dépendance à l’État et autonomie civique, entre illusion et réalité. Les associations sont ces espaces potentiels où le peuple apprend à se penser, à éprouver sa propre capacité d’agir. 

L’association : miroir et guérison 

Le tissu associatif tunisien est le miroir du psychisme national. D’un côté, l’inflation des structures traduit un désir d’existence, une pulsion créatrice comparable à celle que Freud appelait «travail de civilisation» : une transformation des pulsions en œuvre collective. De l’autre, la désorganisation et la dépendance financière révèlent les zones d’ombre d’un Moi social encore fragile, en quête d’un Autre qui le reconnaisse. 

Mais chaque initiative associative agit comme un travail de symbolisation. À travers la culture, la santé, l’éducation ou la solidarité, le peuple tunisien transforme le cri en langage, la blessure en projet.

C’est, au sens jungien, un processus d’individuation collective : le passage du multiple au sens, de la dispersion à la conscience. Là où Jung voyait l’individuation comme «le devenir de ce que nous sommes en puissance», la Tunisie cherche à devenir ce qu’elle pressent déjà : un sujet collectif capable de créer son propre mythe. 

Le mouvement associatif relève aussi du développement décrit par Piaget : comme l’enfant qui construit le réel en interaction avec le monde, le peuple apprend à se structurer par l’action. Chaque association devient une expérience cognitive, un essai du réel, où l’apprentissage démocratique passe par le tâtonnement, la coopération et parfois l’échec. 

Surmoi étatique et peur du chaos 

Le renforcement du contrôle administratif, la suspicion autour des financements étrangers ou les suspensions d’associations traduisent la peur d’un trop-plein de vie. C’est la réaction du Surmoi freudien, inquiet de l’élan pulsionnel qu’il ne parvient plus à contenir. Le Père symbolique, «l’État», tente de restaurer la Loi, mais confond parfois ordre et enfermement. Pourtant, ce conflit est nécessaire. 

Dans toute psychogenèse, comme dans toute société, le développement passe par l’épreuve de la limite. Le Moi collectif doit affronter l’autorité pour se différencier. Cette tension, douloureuse mais structurante, appartient au processus d’autonomisation : elle signe la naissance d’un sujet social responsable. 

Anthropologie du lien 

L’association porte dans son étymologie le geste du lien : ad-sociare = se joindre à. Elle est l’antidote du cynisme et de la solitude civique. S’associer, c’est plus qu’agir : c’est se relier.  

Dans son approche de la complexité, Edgar Morin nous rappelle que le vivant ne se comprend que par ses interactions : le lien précède la structure, la relation fonde l’identité. 

Le monde associatif tunisien est cette trame vivante où la société tisse son propre tissu de sens, malgré le chaos apparent. Chaque groupe, chaque collectif, chaque initiative locale est une micro-écologie du sens, fragile mais créatif, où la coopération compense la précarité. 

C’est là que s’expérimente la «pensée du Nous», celle qui relie sans uniformiser, qui organise sans figer. 

De la chute à la communion 

La Tunisie traverse encore ses contradictions : trop de lois, trop peu de confiance ; trop d’énergie, pas assez de structure. Mais dans cette tension, quelque chose se transforme. Chaque association, chaque groupe de parole, chaque projet partagé prépare la métamorphose du cri en langage, du chaos en lien. 

Freud parle d’élaboration secondaire ; Jung, d’alchimie du Soi ; Piaget, de construction du réel ; Morin, de complexification du vivant. Tous disent la même chose autrement : qu’un peuple se soigne en apprenant à se relier, qu’il s’élève en apprenant à penser ensemble. 

Je l’appelle devenir psychique d’une nation. C’est ce moment où la société, comme l’enfant, cesse de confondre liberté et toute-puissance, où elle apprend que l’autonomie naît du lien et non de la rupture. C’est le passage de l’instinct à la conscience, du cri à la parole, du groupe à la communauté de sens. C’est ce lent processus par lequel un peuple, à travers ses crises, apprend à se penser, à se contenir, à se créer. 

Ainsi, la phénoménologie d’un peuple en devenir n’est pas seulement politique : elle est psychique et surtout profondément humaine. C’est la lente émergence d’un Nous conscient, un peuple qui cesse de crier pour apprendre à se répondre, et qui découvre, dans le tissu social, la chair vivante de sa propre âme. 

* Psychologue consultante en développement. 

Biographie :

Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux – Communiqués 2025. 

Donald W. Winnicott – Jeu et Réalité (Folio essais). 

Sigmund Freud – Malaise dans la civilisation (Petite Bibliothèque Payot). 

Sigmund Freud – Psychologie des foules et analyse du moi (Petite Bibliothèque Payot).

Carl Gustav Jung – Les Racines de la conscience (le livre de poche).

Jean Piaget – la psychologie de l’intelligence (Armand Colin).

Edgar Morin – La Méthode 6 : Éthique (Points).    

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Le PBYG serait une solution tunisienne de sécurisation des affaires

10. November 2025 um 08:21

Alors que le monde du paiement numérique évolue à grande vitesse, une nouvelle approche attire l’attention : le modèle PBYG (Pay Before You Get), littéralement «Payer avant d’obtenir». En apparence classique, ce concept revisite en profondeur la logique de consommation et de financement. Il ne s’oppose pas au célèbre modèle BNPL (Buy Now, Pay Later) popularisé par des géants comme PayPal, Klarna ou Afterpay, mais s’inscrit plutôt dans une logique complémentaire, plus inclusive et adaptée aux réalités locales.

Houssem Djelassi *

Dans le contexte tunisien, où l’accès au BNPL demeure encore étroitement lié aux institutions bancaires et dépend du scoring, des antécédents et de la décision finale de la banque, le PBYG offre une alternative pragmatique, simple et ouverte à un plus large public, y compris aux indépendants et aux petites entreprises souvent exclues du circuit de crédit classique.

La Tunisie vit actuellement une transformation majeure de son paysage financier. Avec l’entrée en vigueur de la nouvelle loi n°41-2024, qui interdit formellement l’utilisation des chèques antidatés, le réflexe historique de paiement échelonné est remis en question. Cette réforme, bien que nécessaire pour assainir le système et combattre la fraude, laisse un vide immense, créant un besoin urgent d’alternatives fiables pour les entreprises, les freelances et les auto-entrepreneurs tunisiens.

Dans ce contexte de mutation, le modèle ‘Pay Before You Get’ (PBYG), ou «Paiement avant réception», émerge comme une stratégie non seulement viable, mais essentielle pour garantir la sécurité et la croissance des affaires.

Chèque antidaté : pratique courante aux risques élevés

Pendant des décennies, le chèque antidaté a été le moyen de paiement par excellence pour des milliers de Tunisiens et de PME, permettant des achats ou des services échelonnés. C’était une solution de fortune pour pallier le manque de financement ou de flexibilité bancaire. Cependant, cette pratique comportait des risques considérables. L’émission de chèques sans provision a atteint des chiffres alarmants : plus de 36 000 affaires de crimes liés aux chèques sans provision ont été recensées en 2022/2023, avec 367 500 chèques rejetés au cours de la seule année 2024. Ces chiffres témoignent de la fragilité du système et de la nécessité d’une réforme. La nouvelle loi renforce d’ailleurs les sanctions, avec des peines de prison et des amendes importantes pour les contrevenants.

Le PBYG : un rempart contre l’incertitude

Face à ce bouleversement législatif, les acteurs économiques doivent repenser leurs moyens de paiement. Le modèle PBYG offre une réponse directe aux défis posés par la fin du chèque antidaté.

Sécurité financière absolue : le PBYG garantit que le prestataire de services ou le vendeur est payé avant de livrer, éliminant de facto le risque d’impayés, principale faiblesse du système précédent.

Trésorerie saine et prédictible : contrairement à l’attente incertaine de l’encaissement d’un chèque postdaté, le PBYG assure un flux de trésorerie immédiat et prévisible. Cette stabilité permet une meilleure planification financière et réduit le besoin de recourir à des financements coûteux.

Professionnalisme et confiance : en adoptant un modèle transparent et sécurisé, les entreprises tunisiennes renforcent leur crédibilité, signalant leur sérieux et leur engagement à opérer dans un cadre légal clair.

Une opportunité pour l’innovation financière

La transition forcée vers d’autres moyens de paiement (traites, virements instantanés, solutions fintech) représente une opportunité pour la Tunisie de moderniser son écosystème financier. Le PBYG s’inscrit parfaitement dans cette dynamique. De nouvelles solutions technologiques s’appuient sur cette philosophie, proposeront des outils digitaux et innovants pour rendre le processus simple, rapide et infalsifiable. L’objectif n’est pas uniquement de se conformer à la loi, mais d’utiliser la technologie pour renforcer la transparence et l’efficacité économique.

En conclusion, la fin du chèque antidaté marque un tournant décisif. Le modèle ‘Pay Before You Get’, loin d’être une contrainte, incarne une évolution nécessaire et avantageuse pour les entreprises tunisiennes.

C’est une stratégie gagnante qui sécurise les revenus, stabilise la trésorerie et ouvre la voie à une croissance durable dans un environnement économique assaini.

* Founder, CEO at Planif Pay (by Amana Finnovation).

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Gaica 2025 à Sousse | Pour une IA africaine souveraine  

10. November 2025 um 07:57

Global AI Congress Africa (Gaica), qui se tiendra du 17 au 19 novembre 2025 à Sousse, Tunisie, les leaders africains et internationaux de l’intelligence artificielle (IA) se réuniront pour imaginer une IA inclusive, ambitieuse et tournée vers le monde.

Lors du Gaica 2025, le technopole Novation City se transformera en un hub panafricain d’innovations, d’expérimentations et de partenariats stratégiques. Chercheurs, entrepreneurs et décideurs se rassembleront pour bâtir une IA africaine souveraine et ouverte, capable de répondre aux priorités du continent tout en dialoguant avec le monde.

On attend 6000 participants, 200 startups, 130 experts internationaux et 134 intervenants, pour un événement qui s’impose déjà comme le plus grand rendez-vous africain dédié à l’IA : de la recherche à l’investissement, du code à l’impact.

Organisé par Novation City, en partenariat avec TPM Events, et avec le soutien de la Caisse des Dépôts et Consignations de Tunisie et de la GIZ, Gaica 2025 incarne une conviction forte : l’Afrique ne subit plus la révolution technologique, elle la conduit également.

Au cœur des grands défis technologiques

Le Gaica 2025 proposera une immersion complète dans l’IA appliquée aux enjeux du continent : santé, agriculture, finance, industrie, gouvernance et éducation.

Plus de 130 experts internationaux animeront keynotes, panels et masterclasses, pour relier la recherche, l’entreprise et la politique publique. Les échanges se déploieront dans trois halls thématiques complémentaires :

  Technology Hall, vitrine des géants de la tech et des innovations mondiales ;

  Startup Hall, espace dédié aux jeunes pousses africaines les plus prometteuses ;

 Business Hall, lieu de réseautage, de partenariats et de connexions investisseurs– entrepreneurs.

Un dispositif de «matchmaking B2B» reliera directement startups africaines et investisseurs mondiaux, créant des opportunités concrètes de financement et de collaboration.

En parallèle, ateliers, hackathons et formations contribueront à former la prochaine génération d’ingénieurs, d’innovateurs et de «data scientists» africains : les bâtisseurs du futur écosystème IA du continent.

Moteurs du changement, les startups africaines seront au cœur de la vision du Gaica. De la santé numérique à l’agriculture intelligente, en passant par la finance, la logistique ou les villes durables, elles symbolisent une Afrique qui conçoit ses propres solutions et s’impose comme un acteur technologique global. Elles viendront rencontrer investisseurs, chercheurs et décideurs publics pour tisser des alliances durables et accélérer leur passage à l’échelle.

Parce que l’IA reste avant tout une aventure humaine, Gaica 2025 donnera la parole à des figures africaines et internationales qui façonnent aujourd’hui la révolution technologique. Parmi elles Dr Islem Rekik (Tunisie / Royaume-Uni); Amnah Ajmal (Émirats arabes unis) ; Sam Khalil (Suisse) ; Dr Arsen Abdulali (Cameroun / Royaume-Uni) ; Samia Chelbi (Tunisie) ; Dr Chaima Ghribi Mechteri (Tunisie / France) et Dr Obadare Peter Adewale (Nigéria).

Ces voix, venues d’Afrique et d’ailleurs, incarnent une même ambition : faire de l’IA un levier de transformation, d’équité et de rayonnement pour le continent.

Le hackathon AI Camera Challenge

Parce qu’au Gaica, l’innovation se vit autant qu’elle se pense, les festivités débuteront dès les 15 et 16 novembre avec le Hackathon AI Camera Challenge 2025, organisé par Anavid et Novation City.

Pendant 24 heures, 100 étudiants en IA, data science et ingénierie relèveront des défis inspirés du réel (banque, services, tourisme) avec à la clé 10 000 dinars tunisiens de prix.

Les projets gagnants seront dévoilés lors de la cérémonie de clôture, symbolisant le passage de la formation à l’innovation concrète.

C’est ainsi que Gaica 2025 espère devenir un tremplin pour une Afrique qui crée, innove et s’affirme. Le continent dispose aujourd’hui de la maturité, des talents et de la vision nécessaires pour concevoir ses propres technologies et influencer les grandes orientations mondiales de l’IA.

D’après communiqué.

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Tunisie | Qui est l’illustre M. Ben Hammoud ?

09. November 2025 um 12:18

L’ingénieur pétrochimiste Ali Ben Hammoud, que le président Kaïs Saïed a rencontré, samedi 8 novembre 2025, au palais de Carthage, et qu’il a chargé de «constituer une équipe de travail afin de mettre en œuvre rapidement des solutions immédiates, en attendant des solutions stratégiques à long terme», au problème de la pollution industrielle à Gabès et dans tout le pays, fait jaser dans les réseaux sociaux. Et pour cause…

Latif Belhedi

Présenté comme diplômé en industrie chimique de l’Université de Shanghai, en République populaire de Chine, beaucoup de ses pairs disent qu’ils ne le connaissent pas, qu’il est totalement inconnu au bataillon et qu’ils n’ont pas retrouvé, sur les sites spécialisés, la trace de la moindre recherche en chimie industrielle dont il serait l’auteur.

Totalement inconnu au bataillon

En tout cas, dans les moteurs de recherche sur Internet, son nom est quasiment absent. Peut-être le retrouve-t-on sur les sites en langue chinoise. Mais quoi qu’il en soit, les autorités qui vont le charger de chapeauter une équipe d’experts pointus, seraient bien inspirés de dissiper ces doutes en rendant publiques, avec des preuves indiscutables, une biographie ou un simple CV de celui dont le président de la république «a salué le dévouement sans faille et le sens aigu des responsabilités nationales», selon le communiqué de la présidence de la république.

Le communiqué précise, par ailleurs, que M. Ben Hammoud, «sollicité par l’appel du devoir pour remédier à la situation environnementale à Gabès», a «répondu présent sans hésiter». C’est dire l’importance du monsieur ! Et on peut donc imaginer que ceux qui ont sollicité ses services lui connaissent des travaux importants en matière d’assainissement environnementale ou de modernisation d’usines chimiques pour réduire leurs rejets toxiques. Parce que c’est ce qu’on attend de lui, et pas des dissertations sur le sujet.

A la recherche de l’oiseau rare

Sur un autre plan, on comprend que Kaïs Saïed, qui est engagé, avec «l’ensemble du peuple tunisien dans la lutte de libération nationale sur tous les fronts, face aux différents réseaux de corruption et à ceux qui, se faisant passer pour des réformateurs, [et qui] contribuent en réalité à la destruction et au gaspillage des fonds publics. Leurs objectifs, désormais avoués, sont de s’accaparer les richesses, les institutions et les infrastructures publiques du pays», selon le texte du communiqué du Palais de Carthage…

On comprend donc que M. Saïed soit tenté de chercher les «oiseaux rares» dont il a besoin pour les grandes missions publiques en dehors de l’establishment qu’il chapeaute pourtant et dont il est, théoriquement du moins, le premier responsable.

On n’ose cependant pas imaginer qu’il ait fait appel, pour une mission aussi cruciale, à un illustre inconnu dont beaucoup doutent de la compétence et de l’expérience et qui risque de ne pas être à la hauteur de la tâche. Des clarifications, donc, s’imposent…

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Le dinar tunisien n’est pas la monnaie la plus forte d’Afrique en 2025

09. November 2025 um 11:31

«L’affirmation selon laquelle le dinar serait la monnaie la plus forte d’Afrique en 2025 est trompeuse. Il s’agit d’une fausse information. Comment est-ce possible ?», affirme l’auteur dans ce post publié sur sa page Facebook et que nous reproduisons ci-dessous.

Larbi Benbouhali * 

Je sais que la Première ministre, Sarra Zaâfrani Zenzeri, qui a fait cette affirmation, la semaine écoulée, devant l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) **, est ingénieure et ne maîtrise pas les sciences monétaires, mais la personne qui a rédigé son discours lui a fourni de fausses informations.

1. C’est le rand sud-africain (ZAR) qui est la monnaie la plus forte d’Afrique cette année, et non le dinar tunisien (TND). Tous les indicateurs montrent que l’Afrique du Sud affiche un excédent commercial de USD$ 1,2 milliard de dollars américains en septembre 2025 et que ses exportations ont bondi de + 9,4 %. Cet excédent commercial s’élevait à USD$ 7 milliards de dollars américains en 2024. La Banque centrale sud-africaine dispose de 125 tonnes de réserves d’or et l’inflation en Afrique du Sud est de 3,4 % en septembre 2025.

2. La notation de crédit de l’Afrique du Sud est Ba2, soit quatre niveaux au-dessus de celle de la Tunisie (le revenu par habitant sud-africain en 2025, à USD$ 5 700, est nettement supérieur au PIB par habitant tunisien USD$ 3,800).

3. La Tunisie souffre d’un déficit chronique de sa balance commerciale et d’un déficit de sa balance commerciale énergétique depuis de nombreuses années. Ses exportations ont stagné, au deuxième trimestre de cette année.

4. Le taux d’inflation en Tunisie, à 4,9 %, est bien supérieur à celui de nos partenaires commerciaux, ce qui signifie que le dinar s’est déprécié par rapport aux devises de ces derniers.

L’inflation en Europe est de 2,1 %, celle de la Chine de -0,3 % (notre plus important déficit commercial se situe avec la Chine), celle de la Libye de 1,8 %, celle de l’Algérie de 3,7 % (90 % du gaz naturel provient d’Algérie) et celle du Maroc de 2,2 %.

5. Les termes de l’échange de l’Afrique du Sud avec le reste du monde sont bien meilleurs que ceux de la Tunisie. L’Afrique du Sud a perçu davantage de revenus pour ses ressources naturelles (or, charbon, platine), tandis que la Tunisie a perçu moins de revenus pour son huile d’olive, ses phosphates et ses produits manufacturés exportés vers l’Europe.

6. Le dinar tunisien a perdu 45 % de sa valeur par rapport à l’or. La Tunisie ne dispose que de 6 tonnes de réserves d’or monétaire, contre 125 tonnes pour l’Afrique du Sud, 173 tonnes pour l’Algérie et 146 tonnes pour la Libye. (Source : Conseil mondial de l’or, Banque des règlements internationaux – BRI, Basle et FMI).

7. Tous les économistes du monde savent que la Banque centrale de Tunisie a accordé au gouvernement 14 000 million de dinars pour le paiement des salaires et des subventions en 2024 et 2025, et 11 000 millions de dinars supplémentaires en 2025, ce qui affaiblira le dinar tunisien par rapport aux autres devises.

Par ailleurs, la masse monétaire tunisienne (M2/M3), qui s’établissait à 10,7 % en septembre, est nettement supérieure à celle de nos partenaires commerciaux. De plus, les 26 000 millions de dinars en circulation dans l’économie informelle dépassent les 106 jours de réserves de change de la Banque centrale de Tunisie (BCT), ce qui risque d’alimenter l’inflation des prix alimentaires.

8. L’agence de notation Fitch Ratings tire la sonnette d’alarme pour la Tunisie quant aux contraintes qui pèsent sur le système bancaire tunisien, conséquence de la politique économique de Kaïs Saïed. Cette politique repose sur le principe de «autosuffisance» et sur le recours à la stratégie de création monétaire de la Banque centrale de Tunisie pour octroyer des prêts sans intérêt à l’État.

9. L’inflation en Tunisie atteint 4,9 %. Ce taux est beaucoup trop élevé par rapport à nos partenaires commerciaux, notamment l’UE, notre principal partenaire commercial. Le dinar tunisien s’est déprécié de 3,5 % cette année par rapport à l’euro. Cela signifie que la Tunisie a versé 1 820 millions de dinars supplémentaires à ses créanciers de l’UE pour compenser les pertes liées aux fluctuations des taux de change. Cela implique un recours accru à l’emprunt pour le budget 2026 et un déficit budgétaire plus important pour 2026 et 2027.

En termes nominaux, le PIB est en croissance, mais en termes réels, il stagne. Le PIB tunisien en 2025 est identique à celui de 2019 et la dette augmente chaque année depuis cinq ans, les nouveaux emprunts servant à rembourser les anciens. (source : ministère des Finances).

10. L’agence de notation Fitch Ratings alerte le gouvernement tunisien sur les tensions qui pèsent sur le système bancaire en raison de la hausse des créances douteuses augmentées à 15% (source : BCT) et de la multiplication des faillites des petites entreprises. La dette publique devrait atteindre 147 000 millions de dinars cette année.

Que peuvent faire la BCT et le gouvernement tunisien pour maîtriser l’inflation et renforcer le dinar ?

1. Si la BCT souhaite maintenir un taux d’intérêt élevé (7,5 %), elle peut utiliser un autre instrument de politique monétaire pour maîtriser l’inflation : elle peut racheter la dette de la Banque nationale agricole (BNA) auprès de l’Office de Céréales (ODC) et octroyer des prêts à taux réduits aux agriculteurs afin d’accroître leur production alimentaire et ainsi freiner l’inflation des prix des denrées alimentaires.

2. La BCT et le ministère des Finances peuvent accorder des prêts à taux réduits à la Steg, l’Etap, Tunisair et la Stir pour les aider à réduire leur endettement et à faire baisser le coût de l’énergie et l’inflation pour leurs consommateurs.

3. Le ministère des Finances doit réduire l’impôt sur les sociétés et aider toutes les entreprises cotées à la Bourse de Tunis (BVMT) à développer leurs activités sur les marchés libyen et algérien afin de réaliser des économies d’échelle, de réduire leurs coûts de production, d’accroître les rentrées de devises étrangères à la BCT, d’apprécier le dinar et de ramener l’inflation à 2 %.

* Australian Company director – ACH group.

** En fait, Mme Zenzeri a repris sans vérification une information de presse erronée dans cet article paru dans Kapitalis.

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Le swahili, langue africaine de l’avenir | Ouverture prometteuse pour l’économie tunisienne

09. November 2025 um 09:39

Dans l’économie mondialisée d’aujourd’hui, la maîtrise des langues n’est plus un simple atout culturel : c’est un levier de puissance économique. Les grandes puissances l’ont compris depuis longtemps : la Chine a diffusé le mandarin à travers ses Instituts Confucius, les États-Unis ont imposé l’anglais comme lingua franca du commerce, et la France s’appuie sur la Francophonie pour défendre ses marchés. La Tunisie, quant à elle, se trouve à un tournant stratégique : entre son ancrage méditerranéen et son appartenance au continent africain, elle dispose d’un double horizon. Mais pour conquérir réellement le marché africain, il ne suffit pas d’avoir des produits compétitifs : il faut aussi parler la langue de ses futurs partenaires. Et en Afrique, le Swahili s’impose comme la langue de l’avenir.

Zouhaïr Ben Amor *

Le swahili (ou kiswahili) n’est pas seulement un moyen de communication ; c’est un passeport culturel qui ouvre les portes d’un immense marché couvrant l’Afrique de l’Est et une partie de l’Afrique centrale. Si la Tunisie veut diversifier ses échanges, réduire sa dépendance à l’Europe et s’ancrer durablement dans le continent qui est le sien, former des étudiants tunisiens au swahili et créer des filières commerciales swahili-Tunisie serait une orientation visionnaire.
Parler la langue de ses clients n’est pas une option : c’est la condition d’un partenariat fondé sur la confiance.

I. Le swahili, la langue qui relie l’Afrique

1. Une langue aux racines anciennes et aux ailes modernes : Le swahili, langue bantoue née sur les côtes de l’océan Indien (Zanzibar, Mombasa, Kilwa), est l’un des plus fascinants produits du métissage culturel africain. Son nom vient de l’arabe sawāḥil, qui signifie « côtes », rappelant son origine maritime et commerçante.
Dès le Moyen Âge, les échanges entre navigateurs arabes, marchands persans et populations locales ont donné naissance à une langue fluide, souple, riche en emprunts, parfaitement adaptée aux transactions. C’est ainsi qu’elle s’est imposée comme langue véhiculaire dans toute la région des Grands Lacs, de la Tanzanie à la République Démocratique du Congo, en passant par le Kenya et l’Ouganda.

Aujourd’hui, le swahili est parlé par plus de 200 millions de personnes. C’est la langue nationale de la Tanzanie et du Kenya, langue officielle de l’Union africaine et l’une des rares langues africaines enseignées dans des universités à travers le monde, de Harvard à Tokyo. L’Unesco l’a déclarée «langue mondiale» en 2022, reconnaissant son rôle de lien interafricain.

2. Une langue de commerce et de diplomatie : L’Afrique de l’Est est l’un des pôles économiques les plus dynamiques du continent. Le Kenya, l’Ouganda, la Tanzanie et le Rwanda forment un marché commun (East African Community) de près de 300 millions d’habitants. Dans cette région, le Swahili est la langue de la rue, du marché, des médias, de l’administration et des affaires. Un entrepreneur parlant Swahili peut communiquer sans interprète de Mombasa à Goma. C’est un atout considérable dans un continent où la diversité linguistique freine souvent les échanges.

3. Une langue de culture et d’identité africaine : Au-delà du commerce, le swahili est aussi une langue d’identité : elle véhicule la littérature, la musique, la poésie et les valeurs africaines. Des écrivains comme Shaaban Robert ou Euphrase Kezilahabi l’ont hissée au rang de langue littéraire moderne. Les chansons de Miriam Makeba et de Sauti Sol l’ont popularisée. Ainsi, le swahili n’est pas une langue régionale, mais une langue de fierté africaine, un outil d’unité dans la diversité.

II. La Tunisie et l’Afrique : une proximité à concrétiser

1. Une position stratégique sous-exploitée : Située à la croisée de l’Europe, du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne, la Tunisie est un pont naturel entre trois espaces économiques. Son réseau de ports (Radès, Sfax, Zarzis) et son système bancaire développé peuvent servir de base à des échanges Sud-Sud.
Pourtant, les relations commerciales de la Tunisie avec le reste du continent restent faibles : moins de 10 % des exportations tunisiennes sont destinées à l’Afrique subsaharienne. Ce déséquilibre s’explique par une tradition économique tournée vers l’Europe et par la méconnaissance linguistique et culturelle du reste du continent.

2. Des signes encourageants : Depuis quelques années, plusieurs initiatives témoignent d’une volonté nouvelle :

– Le Centre de promotion des exportations (Cepex) a ouvert des bureaux de représentation au Cameroun, en Côte d’Ivoire et au Kenya.

– Le Conseil d’affaires Tunisie-Afrique (TABC) multiplie les forums économiques pour connecter les entreprises tunisiennes et africaines.

– L’adhésion de la Tunisie à la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) en 2020 ouvre de nouvelles perspectives : accès à un marché de 1,3 milliard de consommateurs.

    Mais pour réussir dans l’Afrique de l’Est, il faut une compétence linguistique et culturelle que la Tunisie n’a pas encore développée : le swahili.

    3. Un potentiel étudiant et entrepreneurial : La Tunisie dispose d’un capital humain jeune, formé, polyglotte. Elle pourrait orienter une partie de cette jeunesse vers des carrières africaines : interprétariat, commerce, coopération, services.
    Des filières universitaires “Swahili et affaires africaines” pourraient être créées, en partenariat avec les universités de Nairobi, de Dar es-Salaam ou de Kigali. Ces étudiants deviendraient les ponts humains entre la Tunisie et les marchés d’Afrique de l’Est.

    III. Le swahili comme levier d’une stratégie commerciale tunisienne

    1. Diversifier les marchés pour réduire la dépendance européenne : La Tunisie exporte majoritairement vers l’Union européenne (près de 70 % des exportations). Cette dépendance rend l’économie vulnérable aux fluctuations européennes. Or, les pays d’Afrique de l’Est affichent des taux de croissance de 5 à 7 % par an. Leur demande en biens de consommation, produits pharmaceutiques, matériaux de construction ou services numériques est en pleine expansion. En investissant dans la région swahiliphone, la Tunisie pourrait ouvrir un second souffle économique à ses entreprises exportatrices.

    2. Parler pour convaincre ou la valeur de la langue : Dans le commerce africain, la confiance précède la transaction. Parler la langue locale, même imparfaitement, change le rapport : on devient un ami, pas un étranger. Une entreprise tunisienne dont les commerciaux maîtrisent le swahili pourrait négocier sans intermédiaire, comprendre les nuances culturelles, anticiper les besoins. Le swahili ne serait pas seulement un outil de traduction ; il serait un instrument d’influence et d’adaptation.

    3. Des secteurs stratégiques : 1- Agro-alimentaire : la Tunisie peut exporter ses produits transformés (huile d’olive, pâtes, conserves, dattes) dans des pays où la classe moyenne croît rapidement; 2- Santé et éducation : les compétences tunisiennes en médecine et formation peuvent séduire les pays d’Afrique de l’Est, à condition de parler leur langue; 3- Technologies et services : la Tunisie, grâce à ses start-ups, pourrait fournir du support client ou de la maintenance technique en Swahili; 4- Tourisme et culture : en promouvant des circuits Tunisie-Afrique de l’Est, on peut stimuler un tourisme africain encore inexploité.

      IV. Une stratégie linguistique à bâtir

      1. La formation universitaire et professionnelle : Il s’agirait de créer au sein des universités tunisiennes (Manouba, Carthage, Sfax…) des modules “Langue et affaires swahilies”. Les étudiants y apprendraient non seulement la langue mais aussi l’histoire, la géopolitique et les coutumes économiques de la région.
      Des stages en Tanzanie ou au Kenya permettraient d’appliquer cette formation.
      Le modèle pourrait s’inspirer de l’Institut Confucius (pour le mandarin) ou de l’Institut Cervantes (pour l’espagnol). Un Institut du swahili et du commerce africain serait un projet ambitieux mais structurant.

      2. L’accompagnement des entreprises tunisiennes : Le Cepex et les chambres de commerce pourraient proposer des ateliers “Swahili pour les affaires”, traduisant documents commerciaux et supports marketing. Des interprètes tunisiens formés en Swahili pourraient accompagner les délégations tunisiennes lors des foires africaines (Nairobi International Trade Fair, Dar es Salaam Expo).La langue deviendrait un outil de prospection autant qu’un symbole d’ouverture.

      3. Coopération académique et culturelle : La Tunisie pourrait établir des accords de coopération avec des universités africaines : échange d’étudiants, programmes conjoints, bourses. Des festivals culturels “Tunisie-Afrique de l’Est”, intégrant musique et cinéma swahili, renforceraient la visibilité de la Tunisie dans ces pays. La culture serait l’avant-poste du commerce.

      V. Les bénéfices attendus

      1. Pour les étudiants tunisiens : Apprendre le swahili, c’est accéder à un marché de 300 millions de personnes. C’est aussi se préparer à des carrières nouvelles : 1- interprétariat, traduction, diplomatie économique ; 2- commerce international ; 3- représentation d’entreprises tunisiennes dans l’Est africain ; 4- coopération culturelle et humanitaire.

      Les étudiants arabophones et francophones tunisiens disposent déjà d’une ouverture linguistique naturelle. En y ajoutant le swahili, ils deviendraient des médiateurs africains recherchés.

      2. Pour les entreprises tunisiennes : La maîtrise du swahili offrirait un accès direct à des marchés souvent négligés. Cela permettrait aussi de réduire les coûts d’intermédiation, d’éviter les malentendus contractuels et de construire des relations plus durables. Une entreprise tunisienne qui se présente en swahili gagne immédiatement en crédibilité ; elle montre qu’elle ne vient pas vendre, mais collaborer.

      3. Pour l’économie nationale : En diversifiant ses débouchés, la Tunisie renforcerait sa résilience économique. La coopération Sud-Sud, encouragée par l’Union africaine, trouverait ici un terrain concret : une Tunisie qui parle swahili serait un acteur africain à part entière. Cette orientation pourrait aussi inspirer d’autres pays du Maghreb à investir dans la dimension linguistique de leurs relations africaines.

      VI. Défis et conditions de réussite

      1. Le réalisme économique : Certes, apprendre le swahili ne suffira pas à ouvrir les marchés. Il faudra accompagner cette ouverture linguistique d’une stratégie logistique et financière : liaisons aériennes, accords douaniers, facilités bancaires. Mais la langue est la première pierre, celle qui fonde la confiance.

      2. La volonté politique : Les autorités tunisiennes devraient intégrer la dimension linguistique à la diplomatie économique.
      Créer un programme national de coopération linguistique africaine, financé par les ministères de l’Enseignement supérieur et du Commerce, serait un signal fort. L’Afrique ne doit plus être un “marché alternatif” mais un partenaire prioritaire.

      3. L’investissement dans le temps : Apprendre une langue et bâtir une culture d’affaires nécessitent des années. Les résultats ne seront pas immédiats, mais ils seront durables. Comme l’a montré l’exemple de la Turquie avec ses instituts Yunus Emre en Afrique, la diplomatie linguistique finit toujours par rapporter, économiquement et symboliquement.

      VII. Vers une Tunisie trilingue du futur : Arabe, Français, Swahili : Le multilinguisme tunisien est déjà une richesse : l’arabe structure la pensée, le français ouvre sur l’Europe, l’anglais sur la technologie. Mais le swahili ouvrirait une troisième fenêtre, celle de l’Afrique. Il compléterait l’identité méditerranéenne de la Tunisie par une identité africaine assumée. Une Tunisie capable de communiquer en arabe, français et swahili deviendrait une plateforme linguistique unique entre le Nord et le Sud du continent.

      VIII. Une auberge de langues pour un continent d’avenirs : Le commerce n’est pas qu’une question de chiffres ; c’est une affaire d’humanité. Parler la langue de l’autre, c’est lui tendre la main avant même de signer un contrat.
      Le swahili, langue d’échange et d’unité, offre à la Tunisie une chance historique : celle de redevenir ce qu’elle a toujours été, un carrefour de civilisations et de marchés.

      Si demain, dans un bureau de Nairobi ou sur un quai de Mombasa, un jeune Tunisien s’adresse à son interlocuteur en swahili pour lui proposer un partenariat, ce ne sera pas seulement une transaction commerciale : ce sera la preuve que la Tunisie a compris le message du siècle — l’économie de demain sera culturelle, ou ne sera pas.

      Parler la langue de ses futurs clients, c’est investir dans la compréhension ; et comprendre, c’est déjà commercer.

      * Universitaire.

      Bibliographie

      Union Africaine, Agenda 2063 : The Africa We Want, Addis-Abeba, 2015.

      Zlecaf, Rapport annuel sur l’intégration africaine, 2023.

      Cepex, Stratégie Tunisie–Afrique 2022–2025, Tunis, 2022.

      GIZ Tunisie, Promoting Export Activities to Sub-Saharan Markets, Tunis, 2023.

      BAD, Perspectives économiques régionales – Afrique de l’Est 2024, Abidjan, 2024.

      TDB, East Africa Growth Outlook, Nairobi, 2024.

      INS Tunisie, Commerce extérieur de la Tunisie – Rapport 2023, Tunis, 2024.

      Unesco, Swahili: A World Language of the Future, Paris, 2022.

      World Economic Forum, Swahili: The Language Linking Africa, Genève, 2023.

      Mazrui, A. & Mazrui, A., The Power of Babel: Language and Governance in the African Experience, University of Chicago Press, 1998.

      Nurse, D. & Hinnebusch, T., Swahili and Sabaki: A Linguistic History, University of California Press, 1993.

      Mulokozi, M. M., The Development of Swahili as a National and International Language, University of Dar es Salaam Press, 2002.

      Ngũgĩ wa Thiong’o, Decolonising the Mind: The Politics of Language in African Literature, Heinemann, Nairobi, 1986.

      Shaaban Robert, Kusadikika: A Philosophical Novel in Swahili, Nairobi, 1951.

      Kezilahabi, E., Rosa Mistika, Dar es Salaam University Press, 1971.

      Observatoire Tunisien de l’Économie, Tunisie et Afrique subsaharienne: potentiels et obstacles à l’intégration commerciale, 2022.

      Ministère du Commerce et du Développement des Exportations (Tunisie), Plan Afrique 2025: diversification et partenariats stratégiques, Tunis, 2024.

      TABC, Actes du Forum Tunisie–Afrique de l’Est 2023, Tunis, 2023.

      Ould-Mohamedou, M., La Tunisie dans le concert africain: entre héritage méditerranéen et avenir subsaharien, Revue des Mondes Africains, 2021.

      Banque Mondiale, Unlocking North Africa’s Potential Through Sub-Saharan Integration, Washington D.C., 2022.

      OCDE, Perspectives économiques de l’Afrique: Transformation structurelle et industrialisation inclusive, Paris, 2023.

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      “Why businesses should learn Swahili”, The Africa Report, 2023.

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      En Tunisie, près de 5 000 bâtiments menacés d’effondrement

      09. November 2025 um 09:21

      Selon Moncef Soudani, directeur de l’amélioration de l’habitat au ministère de l’Environnement et de l’Aménagement du territoire, la Tunisie compte actuellement près de 5 000 bâtiments classés comme «menacés d’effondrement» sur l’ensemble du territoire, dont plus de 1 100 dans le gouvernorat de Tunis.

      Dans une déclaration à la radio Express FM, M. Soudani a indiqué que parmi les zones les plus exposées figurent Mahdia (environ 550 bâtiments), Bizerte et Nabeul (environ 300 chacune) et Jendouba (175).

      Dans la capitale, la situation est suivie de plus près. Une réunion de travail au gouvernorat de Tunis a examiné la mise en œuvre des décisions d’évacuation concernant 248 bâtiments classés comme à risque. L’objectif est d’accélérer la mise en œuvre et de prioriser les évacuations en fonction du niveau de danger, a déclaré M. Soudani.

      La situation évolue depuis plusieurs mois. Au printemps, la municipalité de Tunis a signalé 1 100 bâtiments à risque, dont environ la moitié dans la médina et le quartier de Bab Bhar, 513 étant considérés comme présentant un «danger certain» et nécessitant une intervention urgente.

      Plus récemment, la Direction des bâtiments municipaux a fait état de près de 1 800 bâtiments pour lesquels des rapports d’inspection ont été établis, dans l’attente des textes d’application complets de la législation.

      Le cadre juridique est la loi n° 33 du 28 juin 2024, publiée au Journal officiel (Jort), qui définit les critères et les procédures relatifs aux constats et expertises techniques, les responsabilités des propriétaires, les pouvoirs de substitution des municipalités en matière d’évacuations et de travaux urgents, ainsi que les options pour la rénovation majeure, la démolition ou la reconstruction. Le ministère a annoncé ces dernières semaines la publication imminente des textes d’application.

      Au-delà de l’aspect technico-administratif, la question opérationnelle et sociale demeure : selon les analyses du secteur, la mise en œuvre nécessite des ressources dédiées pour les municipalités et un soutien aux occupants, avec d’éventuelles indemnisations et des solutions de logement temporaire pour faciliter les évacuations et préserver le patrimoine historique.

      En bref, l’évaluation actualisée confirme un risque généralisé qui requiert des interventions progressives et continues. Les priorités, au vu des données publiées, sont le renforcement du cadre juridique, l’application des décisions d’évacuation et le financement des mesures de sécurité, avec une attention particulière portée aux quartiers historiques de la capitale.

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      Tunisie | Gros plan sur la centrale solaire de Sbikha

      09. November 2025 um 09:04

      La centrale solaire photovoltaïque de Sbikha (Kairouan), la plus grande de Tunisie, dont les travaux de réalisation ont été officiellement lancés le 8 mai 2024, doit entrer en service avant la fin de ce mois. Elle produira 230 GWh par an, soit 1,3 % de la consommation d’électricité nationale.

      Ce projet a été mis en œuvre par Kairouan Solar Plant, une société de projet enregistrée en Tunisie et détenue à 100 % par Amea Power. Il est réalisé selon un modèle de type BOO (Construction-Exploitation-Propriété). D’un montant de 86 millions de dollars américains, il est financé par la Société financière internationale (IFC), membre du Groupe Banque mondiale, et la Banque africaine de développement (BAD). Le projet a initialement été attribué à Amea Power à l’issue d’un appel d’offres international.

      D’après Sahbi Amara, PDG d’Amea Power, la centrale injectera son électricité dans le réseau de la Société tunisienne de l’électricité et du gaz (Steg), unique acheteur de l’énergie produite.

      La centrale, qui couvre environ 200 hectares et dont la construction a débuté à l’automne 2024, est aujourd’hui achevée à 95 %.

      Ce projet, dont le coût total est estimé à 260 millions de dinars, représente une étape importante dans la transition énergétique de notre pays qui importe encore près des deux tiers de ses besoins énergétiques.

      Selon l’agence de presse Tap, cette production permettrait à la Tunisie de réduire ses importations de gaz naturel de près de 25 millions de dollars par an, tout en diminuant son déficit commercial énergétique.

      La centrale électrique de Sbikha contribuera à réduire les coupures de courant lors des pics de consommation estivaux, tout en diminuant les émissions de dioxyde de carbone d’environ 120 000 tonnes par an. Mais l’impact du projet dépasse le seul aspect énergétique. D’un point de vue environnemental, la centrale représente un modèle de réaménagement durable. Deux cents hectares de terres marginales et salines ont été transformés en espaces productifs grâce à l’installation de 210 000 panneaux photovoltaïques, et 10 000 autres sont prévus.

      Le site ne génère ni bruit ni émissions polluantes, et les panneaux seront entièrement recyclés à la fin de leur durée de vie estimée à 20 ans. De plus, des réflecteurs, également appelés pare-oiseaux, ont été ajoutés à la ligne de transport à haute tension afin de protéger les oiseaux et de préserver la biodiversité locale.

      Sur le plan social, le projet employait environ 900 personnes en septembre 2025, dont 26 femmes, dont plus de la moitié étaient originaires du gouvernorat de Kairouan.

      Selon Donia Mejri, responsable des affaires environnementales et sociales chez Amea Power, l’entreprise se prépare à la finalisation de la phase de construction et propose des formations certifiées sur les systèmes solaires à certains utilisateurs répondant aux critères du ministère de la Formation professionnelle et de l’Emploi. Elle a également apporté son soutien à plusieurs écoles et dispensaires de la région par des dons de matériel.

      Ce projet, d’une capacité installée de 120 MWc, équivalente à 100 MWc, illustre le potentiel important de la Tunisie en matière d’énergie solaire.

      Forte de son expérience à Kairouan, l’entreprise souhaite renforcer son partenariat public-privé et étendre ses activités à d’autres régions du pays. Cette expansion est d’autant plus nécessaire que le gouvernement tunisien ambitionne de porter la part des énergies renouvelables à 35 % d’ici 2030. Les experts estiment que la réalisation de cette ambition dépendra de la mise en œuvre de garanties publiques afin d’attirer davantage d’investisseurs locaux et étrangers.

      I. B.

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      Archéologie | Découverte d’un masque phénicien à Carthage

      09. November 2025 um 08:41

      Découverte archéologique importante dans le sanctuaire de Baal Hammon et Tanit à Carthage : un rare masque phénicien datant de la fin du IVe siècle av. J.-C.

      Des archéologues, fouillant l’espace sacré du Tophet, ont mis au jour un rare masque en marbre représentant un visage féminin coiffé à la phénicienne. Il est daté par les spécialistes de la fin du IVe siècle av. J.-C.

      Le ministère de la Culture, qui a annoncé la découverte, précise qu’il s’agit probablement d’une offrande votive dédiée aux divinités Baal Hammon et Tanit.

      La découverte a été faite dans l’enceinte du Tophet, un sanctuaire punique renommé de Carthage, dans le cadre d’un projet de fouilles et de mise en valeur mené conjointement par l’Institut national du patrimoine (INP) et l’Agence pour la promotion du patrimoine et la promotion culturelle. Le masque, taillé dans une pierre précieuse, enrichit le corpus d’objets de culte du site et, du point de vue de la chronologie et de l’iconographie, s’inscrit dans les pratiques religieuses puniques documentées dans la zone sacrée.

      Les chercheurs pensent que des objets de ce type étaient déposés en guise d’offrandes, accompagnant les rituels célébrés dans l’espace votif.

      Le Tophet de Carthage, également connu sous le nom de Sanctuaire de Salammbô, est l’un des complexes puniques les plus étudiés de la Méditerranée. Dédié à Tanit et Baal Hammon, il abrite des stèles, des urnes et des dépôts votifs illustrant la religion et la société carthaginoises. Le site fait partie du vaste ensemble archéologique de Carthage, inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco.

      Les travaux en cours au Tophet s’inscrivent dans un programme pluriannuel de fouilles, de réorganisation et de mise en valeur du site, visant à améliorer l’accès du public et à protéger le patrimoine. Un nettoyage, une consolidation et une étude plus approfondis du masque sont prévus avant que cette pièce récemment découverte puisse être exposée dans un musée.

      D’après les archéologues, la datation proposée, fin du IVe siècle avant J.-C., situerait l’artefact dans une phase tardive de la Carthage punique, lorsque cette cité nord-africaine consolidait ses réseaux commerciaux et culturels en Méditerranée centrale. Son attribution et sa fonction votive seront précisées par des analyses en laboratoire et par comparaison avec des artefacts similaires.

      Cette découverte s’inscrit dans une campagne de fouilles actives menée sur plusieurs sites tunisiens, avec des mises au jour ces derniers mois concernant également des complexes urbains et des systèmes hydrauliques de l’époque romaine. Le cas du Tophet confirme l’apport spécifique de l’élément punique à l’histoire de Carthage et la valeur identitaire de ce patrimoine pour la Tunisie contemporaine.

      I. B.

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