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La jeunesse tunisienne traverse une période charnière. Elle évolue dans un monde saturé de crises et d’incertitudes : guerres et génocides relayés en boucle par les médias, marasme économique généralisé, rumeurs persistantes d’un conflit planétaire, déficience énergétique mondiale, mais surtout, pour eux, une plaie ouverte qui saigne chaque jour : le chômage massif. Dans ce contexte, un dilemme majeur se pose : faut-il laisser cette jeunesse s’évanouir dans les bras de marchands d’illusions – religieux ou populistes – ou bien imaginer et proposer d’autres idéaux, fondés sur une dialectique rationnelle, qui puissent l’aider à se projeter dans l’avenir ?
Zouhaïr Ben Amor *
Le récent épisode du lycée d’Hammamet, où des lycéens ont obstinément tenu à effectuer la prière collective dans l’enceinte scolaire, doit être lu comme une alerte. Plus qu’un simple incident, il signale la montée d’une tension qui, si elle n’est pas comprise et accompagnée, pourrait dégénérer en une crise générationnelle profonde.
Nous nous proposons d’analyser ce phénomène en profondeur, en le replaçant dans son contexte tunisien et mondial, et en explorant les pistes possibles pour offrir à la jeunesse des horizons d’espérance, de rationalité et d’engagement.
I. La jeunesse tunisienne dans un monde en crise
1.1. L’impact du contexte mondial
La jeunesse tunisienne est une caisse de résonance des événements planétaires. Le génocide en Palestine, les guerres en Ukraine et ailleurs, l’instabilité en Afrique, sont autant de drames qui nourrissent son imaginaire et son sentiment d’injustice. Les jeunes ne vivent plus dans un horizon limité à leur quartier ou leur ville : les réseaux sociaux leur offrent une connexion permanente à la douleur universelle.
Cette surabondance d’images et d’informations, souvent brutes et violentes, façonne une génération hypersensible aux injustices, mais aussi vulnérable aux discours radicaux qui prétendent leur donner un sens.
1.2. Le chômage, plaie ouverte
Le chômage reste le problème le plus tangible et le plus immédiat. Avec des taux dépassant 30 % chez les diplômés, beaucoup de jeunes vivent un quotidien de frustrations. Le diplôme ne garantit plus l’emploi, et l’effort scolaire n’ouvre pas les portes espérées. Dans cette situation, l’horizon se bouche, et l’imaginaire de la migration, légale ou clandestine, devient l’ultime échappatoire.
L’absence de perspectives nourrit une colère sourde, qui peut se transformer en résignation religieuse ou en radicalisation.
1.3. Le déficit d’énergie et la menace climatique
Au chômage s’ajoute une autre angoisse : celle de la crise énergétique et écologique. Coupures d’électricité, rareté de l’eau, pollution des plages et insécurité alimentaire renforcent le sentiment d’un monde qui se délite. La jeunesse vit au présent dans un environnement qu’elle perçoit comme menacé, sans confiance en la capacité des dirigeants à redresser la barre.
II. L’attrait des «marchands religieux» : une explication nécessaire
2.1. Religion et refuge psychologique
Dans des sociétés en crise, la religion joue souvent le rôle de refuge. Elle offre un cadre simple et totalisant, qui donne un sens immédiat à l’existence. Pour des jeunes désorientés, prier ensemble dans un lycée n’est pas seulement un acte de foi : c’est un geste identitaire, une affirmation d’appartenance, un exutoire collectif face à l’incertitude.
L’incident d’Hammamet illustre cette quête : les élèves ne revendiquent pas seulement le droit à la prière, ils expriment le besoin d’un repère stable dans un monde instable.
2.2. La faiblesse du discours laïque et rationnel
Face à cela, le discours rationnel et laïque peine à séduire. Trop abstrait, trop éloigné des réalités quotidiennes, il n’offre pas l’émotion immédiate que procure le religieux. Dans un pays où l’État peine à incarner la justice sociale, où l’école ne garantit plus la mobilité, et où la politique inspire méfiance, les voix rationalistes sont perçues comme froides ou impuissantes.
C’est dans cette brèche que s’engouffrent les marchands religieux, proposant des certitudes là où la République hésite.
2.3. Le risque d’une crise générationnelle
Si cette tendance s’amplifie, la société tunisienne pourrait basculer vers une fracture durable : une génération convaincue que la religion doit occuper l’espace public, et une autre – plus âgée, héritière du modernisme bourguibien – attachée à la séparation entre le religieux et l’institutionnel. Ce clivage pourrait cristalliser un conflit culturel et politique explosif.
III. Imaginer de nouveaux idéaux pour la jeunesse
3.1. La quête d’un projet collectif
Ce dont la jeunesse a besoin, ce n’est pas seulement d’emplois, mais aussi d’un récit collectif qui donne sens à son existence. Dans les années 1960 et 1970, l’idéologie du développement national, l’ascenseur scolaire et l’État-nation fournissaient un horizon. Aujourd’hui, cet horizon s’est effondré.
Recréer un projet collectif – écologique, technologique, culturel – devient vital pour empêcher que la jeunesse ne se réfugie uniquement dans le religieux.
3.2. La science et la rationalité comme nouvelles croyances
Il ne s’agit pas d’opposer frontalement la religion à la science, mais d’offrir aux jeunes une dialectique rationnelle capable de répondre à leurs angoisses. Par exemple, les idéaux liés à la transition écologique, aux nouvelles technologies, à l’intelligence artificielle, ou encore à la justice sociale, peuvent fournir des horizons d’engagement.
La jeunesse tunisienne pourrait trouver dans la recherche scientifique, l’innovation entrepreneuriale ou la protection de l’environnement des idéaux aussi puissants que les discours religieux, à condition que ces projets soient portés avec conviction et soutenus par l’État.
3.3. La culture comme arme contre le désespoir
La culture, l’art, le sport peuvent également jouer un rôle essentiel. Chaque fois qu’un jeune peint, écrit, compose ou joue au basket, il crée du sens, il affirme son existence. Mais ces espaces sont encore trop marginalisés dans les politiques publiques. Investir massivement dans les maisons de jeunes, les bibliothèques, les clubs culturels, c’est donner à la jeunesse un autre lieu d’appartenance que la mosquée ou la rue.
IV. L’école au cœur de la bataille
4.1. L’école comme miroir de la société
Ce qui s’est passé au lycée d’Hammamet n’est pas un simple accident. L’école est le lieu où se concentrent toutes les tensions sociales : chômage des diplômés, perte de confiance dans le système, crise de l’autorité, montée des identités religieuses.
Si l’école cède, c’est toute la République qui cède.
4.2. Réhabiliter l’autorité pédagogique
L’école doit réaffirmer son rôle : transmettre un savoir critique, former des citoyens, ouvrir à l’universel. Cela ne signifie pas nier la dimension spirituelle des jeunes, mais refuser que l’espace scolaire devienne un lieu de pratiques religieuses collectives. La laïcité doit y être ferme mais juste : laisser chacun libre de croire, mais protéger l’école comme espace commun.
4.3. Repenser les contenus et les méthodes
Il est urgent de repenser les contenus pédagogiques pour les rendre plus connectés aux préoccupations actuelles : écologie, citoyenneté numérique, philosophie de la science. Les jeunes ne doivent pas se contenter de réciter des leçons : ils doivent apprendre à questionner, à débattre, à douter. C’est ainsi qu’ils construiront une dialectique rationnelle solide.
V. De la crise au projet : quelles pistes pour l’avenir ?
5.1. Politiques publiques et gouvernance
Les décideurs doivent comprendre que la jeunesse ne peut être abandonnée à elle-même. Le chômage, l’exclusion et la marginalisation sociale créent un vide que les idéologies extrémistes remplissent immédiatement. Des politiques actives d’emploi, de formation et de soutien à l’innovation sont nécessaires.
Mais au-delà de l’économie, c’est un nouveau pacte social qu’il faut inventer.
5.2. Vers un idéal écologique et social
La lutte contre le changement climatique, la valorisation des énergies renouvelables, la protection du littoral et de l’eau peuvent constituer des idéaux mobilisateurs. De même, un engagement pour plus de justice sociale, de solidarité avec les plus fragiles, peut donner à la jeunesse tunisienne un rôle historique.
5.3. Construire un récit national renouvelé
La Tunisie a besoin de renouer avec un récit mobilisateur. Ce récit doit s’appuyer sur l’héritage bourguibien, mais l’actualiser aux enjeux d’aujourd’hui. La jeunesse a besoin de croire que son pays peut redevenir un laboratoire démocratique, culturel et social pour tout le monde arabe.
Pour conclure
La jeunesse tunisienne est à la croisée des chemins. Confrontée à un monde en crise et à un pays qui peine à lui offrir des perspectives, elle oscille entre le refuge religieux et la recherche d’idéaux rationnels. L’incident du lycée d’Hammamet doit être lu comme un signal d’alarme : si rien n’est fait, la fracture risque de s’approfondir jusqu’à devenir une crise générationnelle.
Mais l’histoire reste ouverte. À condition de repenser l’école, de soutenir la culture, de créer des emplois et surtout de proposer un récit collectif mobilisateur, la Tunisie peut transformer cette angoisse en force. La jeunesse n’attend pas des sermons ni des interdits : elle attend un projet. C’est là le défi majeur de notre époque.
Il pensait que sa notoriété médiatique suffirait. Suivi par des milliers de Tunisiens pour ses bulletins météorologiques précis et ses interventions pédagogiques, Mehrez Ghannouchi, plus connu sous le surnom de « Monsieur Météo », a tenté de transformer son aura numérique en succès politique.
Candidat aux élections législatives partielles dans la circonscription de Bizerte-Nord, il n’a pourtant pas réussi à convaincre les électeurs. Son échec rappelle une vérité politique implacable : la popularité virtuelle ne garantit pas les voix dans les urnes.
Ingénieur à l’Institut national de la météorologie (INM) et ancien visage familier des bulletins météo à la télévision, Mehrez Ghannouchi jouit d’une image publique positive. Sur Facebook ses vidéos explicatives sur les vagues de chaleur ou les phénomènes climatiques extrêmes sont largement partagées. En avril dernier, il surprend en annonçant sa candidature pour succéder au député décédé Sami Essaïed à Bizerte-Nord, espérant porter un « souffle nouveau » à la vie politique locale.
Une campagne trop connectée, pas assez enracinée
Durant la campagne électorale, Mehrez Ghannouchi mise largement sur les réseaux sociaux pour faire passer son message. Lives sur Facebook, vidéos bien produites, publications interactives : sa stratégie est moderne, mais elle peine à s’ancrer dans les réalités locales. À Bizerte, les attentes sont concrètes : emploi, environnement, services publics, mobilité. Face à des candidats mieux implantés sur le terrain, avec des réseaux associatifs ou militants solides, la communication numérique ne suffit pas.
Les résultats tombent : Ghannouchi ne franchit pas le seuil nécessaire pour remporter les élections. Il est devancé par des profils moins connus au niveau national, mais bien plus enracinés localement. Une claque électorale, mais aussi une leçon. La visibilité ne remplace ni le contact direct avec les électeurs, ni l’élaboration d’un programme clair et adapté aux spécificités du territoire.
Ce revers illustre un décalage de plus en plus visible entre influence numérique et influence électorale. À l’heure où de nombreux candidats misent sur leur image en ligne, l’échec de « Monsieur Météo » montre que les électeurs cherchent encore autre chose : de la proximité, de l’écoute et des solutions concrètes.