Le salut oléicole de la Tunisie réside dans les perspectives très favorables de la consommation de l’huile d’olive qui pourrait atteindre, selon certaines évaluations du marché d’exportation, 30 milliards d’euros à l’horizon de 2030 dans une stabilisation de la conjoncture mondiale.
Salem Fourati *
Les observateurs ont été attentifs aux très nombreuses déclarations de citoyens, d’experts et de moins experts pour mettre en relief l’importance de la campagne oléicole 2024/2025 spéculant sur des chiffres toute tendance.
Les divers médias ont été au rendez vous et cela se comprend pour tous du fait de l’importance du secteur de l’huile d’olive dans l’économie nationale et particulièrement ses revenus en devises dont le pays a bien besoin.
Il s’en est suivi des déclarations de responsables relatives aux prix au niveau par le biais de communiqués officiels fixant le prix de vente pour la campagne 24/25 entre 18 et 22 dinars le litre alors que certains professionnels (Synagri) déclaraient début octobre 2024 que l’huile d’olive pourrait être commercialisée à 10 dinars.
Les informations de toute part au sujet de la campagne exceptionnelle de 340 000 tonnes d’huile d’olive, conjuguées aux autres spéculations sur les prix ont eu leur résonance dans les milieux professionnels à l’étranger qui auraient acheté à 3 euros de l’huile d’olive vierge extra tunisienne (vente en vrac, exportation en gros, usine) ce qui n’a pas servi les intérêts de la Tunisie.
Baisse des prix sur le marché mondial
En effet, sur le marché international, les transactions effectuées durant la semaine 2/8 décembre 24 laissaient apparaître des prix de vente de 4,13 euros pour la Tunisie pour l’huile d’olive vierge extra; 5,18 pour l’Espagne; 8,59 pour l’Italie.
On doit reconnaître en tout état de cause que la baisse des prix revêt un caractère mondial mais pas inférieur à 10 euros le litre à la consommation.
Il est à préciser que le prix à la production en Tunisie se situait pour l’agriculteur au début de la présente campagne pour l’huile d’olive vierge extra entre 8 à 10 dinars auquel s’ajoutaient les frais de transformation par l’oléifacteur et son bénéfice!
Ce qui devrait retenir notre démarche et l’approche de commercialisation à l’export de notre huile d’olive c’est que dans la conjoncture mondiale actuelle, les opérateurs qui accaparent le marché mondial sont l’Espagne et l’Italie et qui sont les principaux producteurs et les plus grands consommateurs et exportateurs.
Il pourrait arriver, comme c’était le cas de l’Espagne qui a vu sa production réduite substantiellement en raison de deux années de sécheresse ayant réduit d’un million de tonnes ses campagnes, alors que ce pays assurait près de 50% de la production mondiale. Enfin, pour l’Espagne, la suppression en juillet dernier de la TVA sur l’huile d’olive est significative pour la fixation des prix à la consommation.
L’Italie et l’Espagne ont instauré depuis plusieurs décennies des circuits et des réseaux de commercialisation de leur huile conditionnée à l’international ce qui a créé des réseaux et des habitudes de consommation stabilisés.
On devrait préciser que les qualités organiques de notre huile est essentielle aux mixages avec les huiles de ces deux pays ce qui donne une valorisation de la qualité au niveau du goût et de l’odeur.
Pour un meilleur ancrage dans le marché mondial
Il est vrai que notre pays a déployé des efforts appréciables au niveau du conditionnement de notre huile ce qui lui a permis de faire passer l’export de l’huile conditionnée à environ 15% des exportations totales de ce produit ce qui n’est pas négligeable s’agissant de marchés nouveaux ou plutôt de clients particuliers eu égard les bienfaits de plus en plus reconnus aux huiles biologiques et de qualité.
Quelle stratégie devrions-nous adopter pour un ancrage plus substantiel dans le marché mondial ?
1- La maîtrise des prix est essentielle pour l’avenir de l’huile d’olive tunisienne. Alors même que nos prix à la production se présentent comme inférieurs à ceux de certains pays européens ce qui résulte d’une conjoncture particulière, ils connaîtront une progression lente mais certaine au bénéfice de l’agriculteur ce qui encouragera le développement de notre oliveraie. Les prix à l’export devront se situer à un niveau légèrement inférieur à ceux européens pour éviter un dérèglement du marché qui serait préjudiciable à tous les opérateurs !
2- Cette maîtrise n’est possible chez nous qu’à la condition essentielle de la disponibilité d’une structure officielle de stabilisation du marché qui interviendra au besoin dans la collecte à un prix de référence fixé à chaque campagne des huiles qui n’ont pas trouvé preneur sur le marché et ce à condition de stockage et de ristourne éventuelle. Ladite structure devra avoir une certaine souplesse dans la gestion surtout en développant une prompte réactivité et une capacité financière de soutien à la campagne,
3- A titre palliatif et pour soutenir la stabilisation du marché, il est indiqué voire nécessaire de fixer un prix plancher à l’export par référence aux qualités d’extra vierge, vierge et lampante, ce qui permet d’éviter les transactions douteuses.
Pour un partenariat tuniso-européen plus substantiel
Alors même que l’Union européenne (UE) se présente comme notre premier importateur avec 176 051 tonnes pour la campagne 22/23 pour une valeur de 827,4 millions d’euros (selon statistiques UE) en grande partie en vrac, il apparaît indiqué d’encourager la création de partenariat tuniso-européen axé sur la commercialisation de l’huile conditionnée tout en maintenant la politique menée par le Cepex et les autres structures de promotion.
La baisse des prix dans certains pays importateurs, surtout pour la période allant d’octobre 2023 à mars 2024 au niveau international et qui s’est traduite par une réduction des échanges intracommunautaires, n’a pas empêché une augmentation des importations extracommunautaires au niveau de 36% pour la campagne 22/23.
Notre salut réside dans les perspectives très favorables de la consommation de l’huile d’olive pouvant, selon certaines évaluations du marché à l’export, le niveau de 30 milliards d’euros à l’horizon de 2030 grâce à une stabilisation de la conjoncture mondiale.
Nous devrions laisser la voix aux experts et responsables et gérer avec une certaine discrétion certains atouts qui résultent de la nature complexe du marché international.
* Ancien président du Comité de Propagande du Conseil oléicole international.
La menace du président élu américain Donald Trump d’ouvrir les portes de l’enfer au Moyen-Orient si les prisonniers israéliens détenus à Gaza ne sont pas libérés moins de deux semaines avant son investiture a stupéfié les Palestiniens et les amenés à lui répliquer: «Si nous ne sommes pas déjà en enfer alors qu’est-ce que l’enfer?», rapporte le New York Times (NYT).
Imed Bahri
Trump avait écrit un message sur les réseaux sociaux dans lequel il menaçait les responsables de la mort du détenu américano-israélien Omar Neutra -dont la famille croyait qu’il était encore en vie à Gaza- que le prix à payer sera l’enfer si les détenus israéliens encore en vie ne sont pas libérés avant son investiture le 20 de ce mois.
Il a menacé les responsables de la détention, en l’occurrence la brigade Ezzeddine Al-Qassem et les autres factions palestiniennes, en leur disant qu’ils recevraient «des coups plus sévères que quiconque n’en a reçu dans la longue et riche histoire des États-Unis d’Amérique», en leur intimant l’ordre: «Libérez les prisonniers maintenant.»
Le NYT a rappelé que près de deux millions de Palestiniens vivent à Gaza depuis plus d’un an sans abri, souffrant de graves pénuries de nourriture et de médicaments et sont sous la menace constante des frappes aériennes israéliennes.
De tout cela, M. Trump ne tient pas rigueur, ce qui l’intéresse c’est uniquement les quelques détenus israéliens encore retenus dans la bande de Gaza.
Un effroyable et interminable génocide
Quant aux Palestiniens qui subissent un effroyable et interminable génocide depuis un an et trois mois et ceux d’entre eux qui sont kidnappés et qui subissent les pires tortures dans les sinistres prisons israéliennes, il n’en a cure.
Le journal américain a cité un citoyen palestinien du nom d’Alaa Essam âgé de 33 ans de Deir Al-Balah dans le centre de Gaza qui a déclaré: «Je ne pense pas qu’il (Trump) comprenne la situation ici. C’est vraiment l’enfer.»
Les négociations visant à mettre fin à la guerre entre Israël et le Mouvement de résistance islamique Hamas n’ont pas beaucoup progressé, laissant les civils de Gaza pris entre deux feux avec peu d’espoir pour l’avenir, rappelle le NYT.
«Nous sommes massivement tués depuis 15 mois. Nous avons subi deux hivers rigoureux sous des tentes et deux étés caniculaires qui ont pourri notre nourriture. Nous avons été exposés à la famine et des gens sont morts de faim en plus des bombardements sauvages et continus partout dans la bande de Gaza», a ajouté Essam.
La vie des Gazaouis est pire que l’enfer
Akram Al-Satri, 47 ans, traducteur indépendant de Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, s’est dit surpris que «Trump ne sache pas que Gaza est privée de toute forme de vie et qu’il pense pouvoir ajouter l’enfer à cet enfer à tout moment alors qu’Israël n’a épargné aucun effort pour transformer la vie des Gazaouis en quelque chose de pire que l’enfer.»«Nous voyons des bombes tomber sur nos têtes tous les jours, et nous vivons dans une réalité misérable qui est plus mortelle et destructrice que l’enfer lui-même», a-t-il ajouté
La plupart des Gazaouis tiennent Israël pour largement responsable des massacres et des destructions qu’ils subissent, mais le journal new-yorkais affirme que beaucoup d’entre eux tiennent également le Hamas pour partiellement responsable lui aussi de cette situation. Abdul Aziz Saeed, 33 ans, de Deir Al-Balah, a déclaré, à ce propos, que le Hamas affirme que l’une de ses priorités est de mettre fin à la guerre, mais il n’agit pas dans ce sens. Cependant, tous les observateurs qui suivent les négociations d’un cessez-le-feu savent pertinemment que c’est Netanyahu qui, à chaque fois, que les négociateurs s’approchent d’un accord, fait marche arrière. Une tactique devenue routinière chez le Premier ministre israélien pour ne pas décevoir ses alliés d’extrême-droite qui ne veulent pas entendre parler de la fin de la guerre jusqu’à là destruction totale du Hamas et la colonisation de la bande de Gaza.
Washington poursuit sa politique pro-israélienne
Trump s’est adressé aux journalistes mardi et leur a dit: «Je ne veux pas nuire aux négociations liées à l’échange de prisonniers et à l’accord sur un cessez-le-feu». Et son envoyé spécial au Moyen-Orient, Steven Witkoff, devrait se joindre aux pourparlers dans la capitale qatarie Doha à la fin cette semaine. Mais le président élu américain a été clair dans sa menace selon laquelle des conséquences désastreuses s’ensuivraient si le Hamas refusait de libérer les 100 prisonniers israéliens qu’il détenait et dont au moins un tiers sont présumés morts, rappelle le NYT. «Ce ne serait bon, franchement, pour personne. Et si l’accord n’est pas conclu avant ma prise de fonctions le 20 janvier, l’enfer se déchaînera au Moyen-Orient», a-t-il lancé.
Ces déclarations ont eu un écho dans toute la bande de Gaza mercredi et certains civils ont compris qu’elles signifiaient que les Palestiniens seraient punis et non Israël si un accord sur les détenus n’était pas trouvé d’ici l’investiture de Trump.
De nombreux habitants de Gaza rencontrés par le NYT mercredi ont exprimé leur crainte de voir Trump continuer à adopter des politiques pro-israéliennes comme il l’a fait lors de son premier mandat entre 2017 et 2021. Trump avait déplacé l’ambassade américaine en Israël de Tel Aviv à Jérusalem qu’il a reconnu capitale éternelle et indivisible d’Israël et a reconnu la souveraineté de l’Etat hébreu sur le plateau du Golan, territoire syrien occupé depuis la guerre des Six Jours en juin 1967.
Les Palestiniens et les Arabes de la région redoutent également que Trump laisse Israël rattacher la Cisjordanie, reconnaisse ce rattachement et qu’il laisse faire également l’occupation d’une partie de la bande de Gaza.
Le Maroc est désormais la première destination touristique en Afrique (17,4 millions de touristes en 2024), devançant l’Egypte (15,7 millions) et la Tunisie (10 millions), ses concurrents directs au sud de la Méditerranée.
Avec 17,4 millions de touristes à fin décembre, le Maroc a largement atteint son objectif pour 2024. Un objectif qui semblait ambitieux et qui représente une augmentation de 20% par rapport à 2023, soit près de 3 millions de touristes supplémentaires.
Ce chiffre regroupe les arrivées des étrangers qui atteignent 8,8 millions de visiteurs (+23%), et celles des Marocains résidant à l’étranger (MRE) qui représentent 8,6 millions d’arrivées (+17%).
La répartition équilibrée entre étrangers (51%) et MRE (49%) démontre l’attractivité continue de la destination pour ces deux segments.
Ces résultats, qui dépassent de 35% les données de 2019, attestent de la pertinence de la feuille de route touristique du Maroc et confirment que le pays est désormais une destination touristique incontournable, la première en Afrique, devançant l’Egypte (15,7 millions) et la Tunisie (10 millions), ses concurrents directs au sud de la Méditerranée.
Fatim-Zahra Ammor, ministre du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Economie sociale et solidaire, explique : «Cette performance exceptionnelle est le résultat des investissements ciblés de notre gouvernement dans ce secteur vital pour l’économie de notre pays, ainsi que de la mobilisation constante des professionnels du secteur, qu’ils soient publics ou privés, qui ont permis au tourisme marocain de rayonner».
La 9e édition des Journées musicales de Carthage (JMC) prévue du 18 au 24 janvier 2025 propose des artistes issus de 15 pays qui se produiront dans 7 grands spectacles d’artistes confirmés, 18 spectacles de jeunes talents et 4 spectacles de rue. Vidéo.
Le programme de cette session 2025 présidée par la chanteuse Dorsaf Hamdani, a été dévoilé, jeudi 9 janvier, au cours d’une conférence de presse organisée à la Cité de la Culture.
Après une absence d’une année, les professionnels de la musique seront de nouveau réunis dans ce rendez-vous annuel des musiques du monde.
Programme des Journées:
Samedi 18 janvier :
– Place des théâtres : Ars Nova Naploli (Italie);
– Théâtre de l’Opéra : La Jose (Espagne), spectacle d’ouverture.
Dimanche 19 janvier :
-Avenue Habib Bourguiba : Ars Nova Naploli (Italie);
-Théâtre des Régions : Mosaïc, Hamdi Jamoussi (Tunisie, Bulgarie. France, Portugal); -Théâtre des Jeunes Créateurs : Sinouj, Benjemy (Tunisie);
-Théâtre des Régions : Amane, Bab El West (Maroc, France);
– Théâtre de l’Opéra : Tarabband (Suède, Irak, Égypte).
Les spectacles dans les divers espaces désignés seront donnés selon les horaires suivants : Avenue Habib Bourguiba (14h et 15h); Théâtre des Jeunes Créateurs (17h30); Place des théâtres (18h00); Théâtre des Régions (16h, 19h et 21h, uniquement le 24 janvier); Théâtre de l’Opéra (21h).
Le Centre des musiques arabes et méditerranéennes (Cmam – Ennejma Ezzahra) accueille, du 6 au 10 janvier 2025, une délégation scientifique et technique des Archives sonores allemandes de l’Université Humboldt de Berlin, qui lui remis 445 enregistrements audio en versions numériques à la Phonothèque nationale tunisienne (PNT) gérée par ledit Centre.
Cette opération s’inscrit dans le cadre de la coopération culturelle tuniso-allemande et du projet visant à restituer les enregistrements audio réalisés avec des prisonniers de guerre à leurs communautés d’origine.
Les enregistrements en question comprennent les chants de prisonniers originaires d’Afrique du Nord (Tunisie, Algérie, Maroc) et de certains pays africains, enregistrées pendant la Première Guerre mondiale (1914-1918) à laquelle ces prisonniers avaient pris part dans les rangs des troupes françaises. Des copies numériques des documents écrits ainsi que divers documents annexes ont également été remis.
En vertu d’un mémorandum d’entente signé hier, jeudi 9 janvier, entre la directrice générale du Cmam et la directrice du Centre Hermann von Helmholtz pour les techniques culturelles (HZK), de l’Université Humboldt, chargé notamment des archives sonores (Lautarchiv), les enregistrements audio, les documents écrits et les documents annexes remis à la PNT ne sont soumis à aucune restriction de droits d’auteur, accordant au Cmam des droits exclusifs pour utiliser ces données à des fins de recherche, d’enseignement et dans le domaine culturel.
Le transfert de ces enregistrements audio en Tunisie est le fruit d’une longue collaboration entre le Cmam et plusieurs institutions allemandes qui conservent des archives importantes liées au patrimoine musical et culturel tunisien.
Le texte de l’accord met également l’accent sur l’utilisation de ces archives dans le cadre de projets à venir, notamment l’organisation d’expositions, la publication d’ouvrages et le lancement d’initiatives de recherche.
La collection remise à la Cmam se compose de deux fonds d’archives sonores principaux : le premier, réalisé entre 1915 et 1918 dans le camp de prisonniers musulmans de Zossen-Wünsdorf (connu sous le nom de «Camp du Croissant»), et le second, enregistré au cours des années 1920 et au début des années 1930.
Dans ce même contexte, une rencontre scientifique intitulée «Des archives sonores allemandes à Ennejma Ezzahra : pour une reconnaissance historique des prisonniers nord-africains de la Première Guerre mondiale», a été organisée à la médina de Tunis dans le cadre des activités du séminaire «Tunisie, Méditerranée et au-delà», visant à renforcer l’échange d’idées entre chercheurs de divers horizons géographiques et disciplinaires. La rencontre a permis aux représentants tunisiens et allemands impliqués dans le projet d’échanger et de partager leurs réflexions sur ce projet.
Le Département des Antiquités de Libye a annoncé, le 1er décembre dernier, son intention de retirer de leurs piédestaux et de procéder à des travaux de conservation et de restauration de deux monuments représentant un chevalier et un navire, tous deux situés sur de hautes colonnes sur la place des Martyrs au centre de Tripoli. C’est ce que rapporte le site Internet Libya Herald, faisant état d’inquiétudes sur le sort du «Cavalier de bronze» et du «Navire phénicien» que les Libyens appellent «Masalat» dans le sens d’obélisques.
Le Département des Antiquités a précisé que la décision a été prise conformément à des recommandations techniques qui ont confirmé l’existence de fissures dans les socles sur lesquels reposent les statues, donc pour des raisons de sécurité. Les statues seront remises à leur place «immédiatement» après l’achèvement des travaux de restauration, a rapporté le site vendredi 3 janvier, citant l’institution en question, mais sans fournir de dates.
Des inquiétudes ont circulé sur les réseaux sociaux selon lesquelles les deux statues pourraient disparaître à jamais, rapporte le Libya Herald, rappelant le précédent de la «Fontaine de la Gazelle»: la statue en bronze représentant une femme nue avec un quadrupède, datant de l’époque coloniale italienne et située à une centaine de mètres des deux statues en bronze qui seront restaurées. Cette statue a disparu depuis 2014. «Il est largement admis que la statue de la Gazelle a été enlevée par des islamistes», rapporte le site, rappelant que «l’islam interdit l’iconolâtrie ou l’idolâtrie et interdit également l’exposition de femmes nues.»«Les théoriciens du complot sur les réseaux sociaux craignent que les deux statues de bronze ne subissent le même sort», rapporte le Libya Herald.
Création d’une «police morale»
Par ailleurs, on sait que l’islam continue de jouer un rôle important dans les politiques et les décisions du gouvernement de la capitale libyenne : en novembre dernier, le gouvernement de Tripoli a annoncé la création d’une «police morale» pour renforcer la sécurité et assurer le respect de la religion islamique et des valeurs de la société libyenne. Cette initiative comprend des mesures telles que la surveillance des médias sociaux, la réglementation de la tenue vestimentaire publique et la séparation des hommes et des femmes dans les lieux publics.
L’endroit où se trouvent les deux statues était appelé Place Verte sous le régime de Mouammar Kadhafi. Après la chute du raïs, le nom a été changé en Place des Martyrs pour commémorer ceux qui ont perdu la vie lors de la révolution de 2011. La place est cependant un lieu symbolique d’une grande importance historique et sociale pour le peuple libyen.
Il apparaît de plus en plus clairement que les sanctions imposées par l’Occident à la Russie sont contournables via le commerce avec des pays tiers, non sanctionnés par l’Occident, mais qui continuent de leur côté à échanger avec la Russie. C’est plutôt l’Europe qui subit de plein fouet les effets négatifs de ces sanctions.
Habib Glenza
Depuis l’annexion de la Crimée en 2014, et surtout après l’invasion de l’Ukraine en 2022, les États-Unis et l’Europe ont imposé plus de 16 000 sanctions à la Russie, de quoi mettre à plat plus d’une économie dans le monde.
En effet, presque tous les secteurs sont ciblés : embargo sur le pétrole et le gaz, gel des avoirs russes à l’étranger (300 milliards de dollars), restrictions financières, interdiction de l’exportation de certains biens vers la Russie, fermeture des routes aériennes et maritimes… bref tous les secteurs économiques ont été dans le viseur des pays occidentaux. Le manque à gagner pour l’État russe serait équivalent à 400 milliards d’euros, selon des sources américaines
Ces sanctions sont-elles efficaces ? La réponse est oui, selon la représentation de la France auprès de l’Union européenne (UE) : la Russie investit désormais très peu dans l’innovation et les sanctions sur des produits comme les avions ou les semi-conducteurs ont un impact direct sur l’économie du pays.
Néanmoins, il apparaît de plus en plus clairement que les sanctions sont contournables via le commerce avec des pays tiers, non sanctionnés par l’Occident, mais qui continuent de leur côté à échanger avec la Russie.
Plusieurs médias européens confirment que les exportations de l’UE et des États-Unis vers le Kirghizistan ont été multipliées respectivement par 10 et par 4 entre 2021 et 2023. Des chiffres similaires pour l’Arménie.
Ce boom des exportations est d’autant plus suspect qu’il concerne des secteurs précis tels que les importations d’automobiles qui ont augmenté de 1 428% en 2022 et celles de machines électriques de plus de 1 000%. Au Kazakhstan, par exemple, les importations de smartphones et d’ordinateurs en provenance de l’Union européenne ont explosé au cours de l’année 2022. Le Kirghizistan s’est mis à importer des composants aéronautiques depuis les États-Unis.
Des moyens de contournement
Parallèlement, on assiste à une explosion des exportations de ces mêmes pays vers la Russie, ce qui montre que certains États de l’espace post-soviétique servent de plateformes de réexportation: des entreprises locales achètent des technologies occidentales pour les réexpédier chez leur grand voisin. Ces flux commerciaux sont problématiques, car certains des produits concernés sont classés par l’UE comme des «biens à double usage» ou des «technologies avancées cruciales» qui peuvent être détournés à des fins militaires.
Des médias occidentaux ont aussi révélé l’existence d’un milliard de dollars de «produits fantômes», en principe exportés depuis l’Europe vers ces pays tiers, mais qui n’arrivent jamais à destination et sont, selon toute vraisemblance, acheminés vers la Russie. D’autres pays que les anciennes républiques soviétiques servent de zones de transit pour le contournement des sanctions, comme la Turquie (par ailleurs membre de l’Otan), les pays du Golfe et l’Inde.
Depuis le début de la guerre, Moscou a recours à de nombreuses autres stratégies pour contourner les sanctions, notamment en opérant des transactions par l’intermédiaire de banques de pays du Golfe. Un autre moyen technique est déployé par la Russie, selon le Financial Times : la constitution d’une flotte fantôme de méthaniers pour pouvoir acheminer les hydrocarbures. Ces bateaux vieillissants seraient plus vulnérables aux accidents et aux marées noires. «Le plan, révélé dans des lettres adressées à un organisme de promotion commerciale étroitement lié aux services de sécurité russes, visait à utiliser les importantes réserves de roupies amassées par les banques russes grâce à l’essor des ventes de pétrole à l’Inde», écrit le journal britannique.
Cependant, les sanctions continuent de se durcir, touchant également des opérateurs européens. La Banque centrale européenne (BCE) a exigé des banques du continent toujours actives en Russie qu’elles interrompent leurs paiements internationaux, à l’instar de la banque autrichienne Raiffeisen, très active en Russie, qui a annoncé à ses clients, des sociétés européennes présentes sur place, qu’elle interrompt les opérations de paiements à l’international émises depuis ce pays à partir de septembre 2024. La BCE a aussi exigé de cette banque qu’elle réduise de 65% ses prêts à des clients russes d’ici à 2026.
Les sanctions n’ont pas apporté les résultats escomptés
Le Trésor américain a lancé une nouvelle vague de sanctions, prévoyant notamment de très lourdes amendes (et des peines de prison) pour les banques des pays d’Europe et du Golfe qui contournent les mesures adoptées contre la Russie. «Aujourd’hui, les efforts de Washington pour combler ces failles semblent porter leurs fruits. La principale banque publique de Dubaï a fermé certains comptes détenus par des oligarques russes et des négociants en pétrole russe», indique le Wall Street Journal. «Les États-Unis ont également mis en demeure les banques de Vienne, un autre pôle financier important», ajoute le même média.
Toutefois, la question de l’efficacité des sanctions occidentales continue de faire débat. Deux ans et demi après le début de la guerre, l’étau économique semble inefficace. Car, en dépit des sanctions imposées, notamment par les Etats Unis et l’UE, l’économie russe a bouclé l’année 2023 avec une croissance de 3%, un record qui a déjoué tous les pronostics. Le FMI a prévu une croissance de 2,6% pour la Russie en 2024, une performance qui surpasse largement les prévisions pour la zone euro qui devait réaliser un taux faible passant de 0,5% en 2023 – dû certainement à l’aide militaire et financière massive à l’Ukraine – à 0,9% en 2024.
L’économie allemande victime du conflit russo-ukrainien
Pour sa part, l’économie allemande sombre, en raison de la crise énergétique. Bien avant 2022, le gaz russe bon marché coulait à flots par le gazoduc North Stream I. Après le sabotage de ce gazoduc, les Allemands ont commencé à importer du gaz de schiste des Etats-Unis, qui coûte quatre à cinq fois plus cher, en plus il est extrêmement polluant. Sachant que l’énergie représente plus de 30% du coût de production, certains producteurs allemands ont fermé leurs portes, d’autres ont réduit leurs activités comme Volkswagen, Basf ou se sont carrément installés aux Etats-Unis où l’énergie coûte moins cher.
De quoi permettre à Poutine de jubiler en déclarant : «Celui qui sème le vent, récolte la tempête».
Au-delà des slogans ressassés de temps à autre avec de moins en moins de conviction, il serait utile de préciser la vision de la Tunisie des défis présents et de l’avenir du continent africain et surtout des deux sous-régions sahélienne et occidentale avec laquelle la lie une longue histoire commune. (Carte : Worldatlas.com).
Elyes Kasri *
S’il est incontestable que le sort de la Tunisie est intimement lié à son continent africain et alors que de nombreux pays africains du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest sont engagés dans une nouvelle phase d’émancipation du joug néocolonial pour assurer une maîtrise de leur destin et une jouissance pleine de leurs richesses naturelles, il est légitime de s’interroger sur la vision, le rôle et la contribution de la Tunisie pour renforcer les chances de matérialisation et de succès de cette nouvelle guerre d’indépendance.
Alors qu’elle était considérée comme un modèle et un allié sincère et désintéressé dans la première phase des indépendances africaines dans les années 60 du siècle dernier, il serait utile de s’interroger sur l’image et la perception de la Tunisie dans ces deux sous-régions du continent africain.
Au-delà des slogans ressassés de temps à autre avec de moins en moins de conviction, il serait utile de préciser la vision de la Tunisie des défis présents et de l’avenir du continent africain et surtout des deux sous régions sahélienne et occidentale, abstraction faite de la sous-région maghrébine qui sombre tragiquement de jour en jour dans le chaos de la mauvaise gestion, de l’instabilité et des conflits insensés.
La Tunisie se doit de démontrer dans une vision diplomatique et de coopération sud-sud interafricaine sa solidarité effective et tangible avec nos frères africains en quête de souveraineté et d’émancipation du joug néocolonial.
Malheureusement, il semble difficile de contrer l’argument selon lequel notre pays tourne le dos à son continent et fait preuve d’une indifférence regrettable aux aspirations des peuples africains voisins qui ont pu compter la Tunisie il y a un demi-siècle parmi leurs modèles et partenaires.
Le 6 février 2025, les éditions Robert Laffont publieront ‘‘Le Président toxique : Enquête sur le véritable Emmanuel Macron’’, un ouvrage signé par le journaliste Étienne Campion.
Journaliste au service ‘Idées’ de Marianne et ancien collaborateur du Figaro, Campion s’est appuyé sur des témoignages de ministres, conseillers, amis et autres proches du président français pour dresser un portrait inédit du chef de l’État.
L’ouvrage de 464 pages promet de retracer l’histoire secrète du macronisme, offrant une perspective nouvelle sur la personnalité et les méthodes de gouvernance de Macron.
Les lecteurs peuvent dès à présent précommander le livre auprès de diverses librairies en ligne, notamment la Fnac et Decitre.
Cette publication s’inscrit dans un contexte politique tendu, où les débats sur la concentration du pouvoir exécutif et la transparence de la vie publique sont plus que jamais d’actualité.
Pour plus d’informations, vous pouvez consulter le compte X (anciennement Twitter) de l’auteur, Étienne Campion.
Le tennisman tunisien Aziz Dougaz (27 ans) a remporté les trois tours de qualification et accédé au tableau principal de l’Open d’Australie. C’est sa première qualification pour le tour final d’un tournoi de Grand Chelem.
Dougaz a battu ce jeudi 9 janvier 2025 le Croate Borna Gojo (29 ans), par le score de 2 sets à 1 (6-4, 3-6, 6-1). Professionnel depuis 2016, le meilleur classement de Gojo, 394e mondial, a été réalisé le 17 octobre 2022.
Dougaz, de son côté, est professionnel depuis 2020. Son meilleur classement 192e, a été obtenu le 21 octobre 2024. Depuis le 6 janvier 2025, il est classé a été 230e.
Le 3e Libya Energy and Economic Summit se tiendra à Tripoli les 18 et 19 janvier 2024, en présence des dirigeants du secteur pour identifier de nouvelles opportunités et façonner le paysage énergétique du pays, rapportent le site web et la page Facebook de cette conférence.
Outre les «chefs d’entreprises», le site Internet dudit sommet annonce également la présence de «ministres (…), de décideurs politiques, de fournisseurs de services et de technologies, ainsi que d’entreprises du secteur de l’énergie et des énergies renouvelables».
Parmi les intervenants, il y aura aussi Osama El Durrat, le nouveau consul général de Libye à Milan. Entré en fonction le mois dernier en occupant un poste vacant depuis huit ans, le diplomate participe en sa qualité de conseiller du chef du gouvernement libyen, Abdulhamid Dbeibah, pour les questions d’électricité et d’énergies renouvelables.
L’événement se présente comme «le seul grand sommet énergétique organisé dans le pays» et vise à valoriser «le secteur énergétique libyen et ses entreprises, en explorant de nouvelles opportunités commerciales et en ouvrant de nouvelles voies vers la prospérité».
«En tant que plus grand producteur de pétrole d’Afrique et acteur majeur au niveau mondial, la Libye est prête à connaître une croissance significative, avec des projets ambitieux visant à augmenter sa production à plus de 2 millions de barils par jour au cours des deux à trois prochaines années», explique-t-on. «Avec des réserves prouvées de pétrole estimées à 48 milliards de barils, le pays ouvre de nouvelles opportunités d’investissement, d’innovation et de développement économique», ajoute-t-on.
Ce sommet se penchera, également, sur les stratégies, les technologies et les partenariats qui conduisent la transformation énergétique de la Libye et son impact sur l’économie régionale et mondiale.
Le lancement du projet Tanit («TANdem italo-tunisien») pour améliorer la sécurité alimentaire en Tunisie, une des initiatives pilotes du Plan Mattei pour l’Afrique, a été au centre d’une séance de travail entre le ministre de l’Economie et du Plan, Samir Abdelhafidh, et une délégation officielle italienne.
C’est ce qu’a annoncé le ministère de l’Économie et du Plan sur Facebook, précisant que ce projet vise à faire face aux répercussions du changement climatique et à garantir la sécurité alimentaire, en s’appuyant sur trois volets relatifs au traitement des eaux usées, à l’amélioration des rendements agricoles et au renforcement de la formation, de la recherche et de l’innovation dans ce secteur.
La réunion, à laquelle ont pris part, côté italien, des représentants de l’Agence italienne de coopération au développement (Aics), de la Cassa Depositi e Prestiti et du Centre international de hautes études agronomiques méditerranéennes (Ciheam) de Bari, a également permis d’évoquer le programme de soutien financier italien à la Tunisie pour la période 2025-2027.
Selon la note du ministère, Abdelhafidh a affirmé la solidité des relations de coopération et de partenariat entre la Tunisie et l’Italie, soulignant l’engagement de les renforcer davantage dans divers domaines dans l’intérêt commun des deux pays, tandis que les représentants de la partie italienne, dont l’ambassadeur d’Italie en Tunisie, Alessandro Prunas, a estimé que le projet Tanit démontre le «ferme engagement» du gouvernement italien à soutenir la Tunisie dans son processus de développement, la volonté de renforcer le programme de coopération pour la période 2025-2027 et de poursuivre la coordination pour assurer l’efficacité de ses différentes composantes.
Le Plan Mattei pour l’Afrique, annoncé en 2022 par le gouvernement italien, vise à renforcer les relations entre l’Italie et certains pays africains grâce à des investissements dans des secteurs stratégiques tels que l’énergie, l’agriculture et le développement durable.
Le doyen des juges d’instruction auprès du Tribunal de première instance de Tunis, a ordonné la clôture de l’enquête sur la mort de l’ex-député Jilani Daboussi et le renvoi de tous les accusés devant la Chambre d’accusation de la Cour d’appel de Tunis.
Dr Jilani Daboussi, ancien maire de Tabarka, qui était poursuivi dans des affaires de corruption, est décédé en 2014, quelques heures après sa sortie de prison au terme de 3 ans d’incarcération. Les circonstances de son décès n’étaient pas au-dessus de tout soupçon. Car il souffrait de nombreuses maladies, notamment une insuffisance rénale chronique qui lui imposait des séances régulières de dialyse, dans les pénibles conditions d’incarcération. Son fils Sami Daboussi a parlé de «liquidation politique» et accusé des personnalités politiques alors au pouvoir d’être derrière la mort de son père. Rappelons que le doyen des juges d’instruction a émis, dans cette affaire, des mandats de dépôt à l’encontre des deux dirigeants d’Ennahdha Noureddine Bhiri (ancien ministre de la Justice) et Mondher Lounissi (ex-conseiller auprès du ministère de la Santé), d’un ex-cadre judiciaire et d’une ancienne médecin de la prison de Mornaguia, Dr Nadia Hellal.
Quant à l’ex-ministre de la Santé Abdellatif Mekki, il a été maintenu en liberté mais il a été interdit de voyage et d’intervention dans les médias.
L’actuel homme fort en Syrie, Ahmed Al-Charaa alias Abu Muhammad Al-Joulani, a-t-il trempé dans des attentats terroristes en Tunisie ? Des éléments d’information contenus dans une enquête intitulée «Assassinat de Belaid : les dessous d’un crime islamiste», publiée par Kapitalis en 2017, laissent planer des soupçons à ce sujet.
Imed Bahri
L’actuel chef de Hayat Tahrir Al-Cham, en costume cravate, qui reçoit à Damas les envoyés spéciaux des principaux dirigeants du monde, est un ancien dirigeant d’Al-Qaïda en Irak avant rompre avec Aboui Baker Al-Baghdadi et de créer Jabhat Al-Nosra en Syrie. Ces deux groupes jihadistes ont sévi pendant de longues années dans ces deux pays et ont assassiné des dizaines de milliers de personnes. Cela, on le sait, mais ce que l’on sait moins, mais que l’on devine aisément, c’est qu’Al-Joulani était, en tant que chef d’un groupe jihadiste, en contact avec des jihadistes ayant sévi dans toute la région, et notamment en Tunisie.
L’enquête réalisée par notre collègue Abdellatif Ben Salem et publiée en 2017 par Kapitalis établit en tout cas des liens entre Abu Muhammad Al-Joulani et plusieurs éléments jihadistes tunisiens, notamment Abou Baker El-Hakim et Ahmed Melki, alias Al-Somali, qui sont impliqués dans les assassinats, à Tunis, des dirigeants de gauche Chokri Belaïd, le 6 février 2013, et Mohamed Brahmi, le 25 juillet de la même année.
«Ahmed El-Melki (1979, Mellassine), alias «Al-Somali» – propriétaire d’un magasin de revêtement pour salons à Cité El-Ghazela. est l’un des terroristes les plus emblématiques de la sphère jihadiste en Tunisie», écrit Ben Salem dans son enquête. Ce «véritable factotum du terrorisme local global (…) a connu de très près, au hasard des planques, presque tous les protagonistes de premier plan des assassinats politiques et des attentats qui ont marqué profondément l’histoire immédiate de notre pays», écrit encore Ben Salem, ajoutant qu’Al-Somali «a lui-même servi d’appât pour attirer le député de la Constituante Mohamed Brahmi dans le piège mortel».
Membre du groupe Ansar Charia, fondé et dirigé par Seifallah Ben Hassine alias Abou Iyadh, Melki voyage en Syrie, en 2013. «A Lattaquié, il fut recommandé auprès du Syrien Al-Jawlâni, émir de Jabhat Al-Nosra, qui a facilité son transit vers un camp d’entraînement militaire où il a été formé au maniement et au démontage des armes comme le fusil d’assaut Kalachnikov, la PK, le RPG et les grenades à main», écrit Ben Salem. Qui ajoute : «Après cinq mois passés en Syrie, il retourne [à Tunis] le 1er juillet 2013. Il participera à l’assassinat de Mohamed Brahmi, le 25 juillet de la même année et la suite est une cavale de refuge en refuge pour échapper à la traque des forces de sécurité jusqu’à la nuit fatidique du 4 novembre [2014] où il tomba piteusement, quand les unités antiterroristes firent irruption, accueillis par des rafales de PK, dans un garage à Borj Louzir».
Ahmed El-Melki, rappelons-le, a été condamné, le 22 février 2017, par le tribunal de première instance de Tunis, à 24 ans de prison pour appartenance à un groupe terroriste, pour «fourniture de service d’expertise à une organisation en lien avec un entreprise terroriste, fourniture d’armes et de formation militaire.» Etil fera parler de lui le 31 octobre 2023, en s’évadant de la prison civile de Mornaguia, avec quatre autres éléments terroristes : Raed Touati, Ameur Belazi, Nader Ghanmi et Alaeddine Ghazouani. Il sera arrêté le 5 novembre, à la cité Ettadhamen, après une cavale de cinq jours.
Certes, on ne peut pas dire qu’Ahmed Al-Charaa alias Abu Muhammad Al-Joulani a trempé dans des attentats terroristes en Tunisie ou qu’il en a été l’un des commanditaires. Seule une enquête judiciaire peut confirmer ou infirmer de tels soupçons. Mais le fait que Somali était «l’hôte» du chef jihadiste syrien quelques semaines seulement avant l’assassinat de Brahmi autorise quelques soupçons. Et ces soupçons sont d’autant plus légitimes que feu Mohamed Brahmi était un nationaliste arabe notoire et, à l’époque où il a été assassiné, il ne faisait pas mystère de son ferme soutien au régime de Bachar Al-Assad et de sa forte hostilité aux groupes islamistes qui cherchaient à destituer ce dernier. D’ailleurs, il ne cessait de dénoncer publiquement les tentatives d’infiltration des groupes jihadistes et de leurs camps d’entraînement secrets en Tunisie.
Un autre élément important mérite d’être ajouté à ce dossier : les renseignements américains ont fait parvenir aux autorités sécuritaires tunisiennes une alerte relative à un projet d’assassinat de Brahmi, et ce quinze jours après le retour de Melki de Syrie et dix jours avant le meurtre du député. L’alerte n’a malheureusement pas été prise au sérieux ou a été sciemment négligée.
Trop de coïncidences à la fois, sachant que les groupes jihadistes au Moyen-Orient étaient de tout temps infiltrés par la CIA et les autres services occidentaux, qui ne s’interdisaient pas, d’ailleurs, de parfois les utiliser…
Kaïs Saïed a annoncé la clôture définitive du dossier des enseignants suppléants par la publication d’un décret prévoyant l’intégration de ces derniers dans les écoles primaires, les collèges et les lycées relevant du ministère de l’Éducation.
Cette décision a été prise en attendant une réforme globale du système éducatif, qui sera entreprise après la mise en place du Conseil supérieur de l’éducation et de l’enseignement, a expliqué le président de la République en recevant le chef du Gouvernement, Kamel Maddouri, mercredi 8 janvier 2025, au Palais de Carthage.
Le décret en question (n° 21, daté du 8 janvier 2025) a été publié après un mouvement des enseignants et des professeurs suppléants qui avaient décidé de boycotter la reprise des cours en raison de l’absence d’arrêtés relatifs à leur intégration.
Le coordinateur national des enseignants suppléants, Malek Ayari, a qualifié la publication du décret n° 21 de 2025 d’«historique», car ce dossier est resté en suspens pendant 17 ans.
Lors de sa réunion avec Maddouri, Saïed a appelé les responsables à s’engager fermement à satisfaire les revendications légitimes du peuple tunisien, indique un communiqué du Palais de Carthage.
«Tout déplacement dans une région de la République doit s’accompagner de solutions immédiates, en attendant la reconstruction des infrastructures publiques essentielles, telles que la santé, les transports et l’éducation, qui constituent des droits humains fondamentaux», a déclaré le président, faisant ainsi siennes, à demi-mot, les critiques souvent adressées au gouvernement par les citoyens qui s’impatientent de voir leurs conditions de vie s’améliorer.
Le chef de l’État a également insisté sur la nécessité d’adopter une approche globale pour traiter certains dossiers, une approche qui tourne définitivement la page du passé et jette les bases d’un avenir solide et durable.
En recevant la ministre de la Justice, Leïla Jaffel, mercredi 8 janvier 2025, au Palais de Carthage, Kaïs Saïed a une nouvelle fois insisté sur la nécessité de réduire le délai de traitement des affaires par les tribunaux. Si le président de la République lui-même n’est pas satisfait de la marche de la justice, que dire alors des justiciables ?
Cité dans un communiqué, Saïed a souligné que les procédures ne sont pas une fin en soi, mais des moyens pour que chacun puisse obtenir ses droits, conformément à la loi qui place tous les justiciables sur un pied d’égalité.
Le chef de l’Etat a également affirmé que le peuple tunisien aspire à la justice, souhaite connaître la vérité dans son intégralité, et exige une reddition de comptes pour tous les abus commis.
Les reports successifs de certaines affaires en instance depuis plus d’une décennie deviennent une forme de déni de justice, a averti Saïed, dans ce qui ressemble à une critique directe du système judiciaire, trop procédurier, trop lent et dont peu de citoyens se disent satisfaits.
Reste que cette critique ne date pas d’hier; elle a souvent été exprimée par le président de la république depuis qu’il a accédé à la magistrature suprême, fin 2019, et on ne peut pas dire que les choses ont évolué, depuis, dans le bon sens.
Où se situe le hiatus? Mme Jaffel, magistrate de son état, en poste depuis octobre 2021, s’est rarement exprimée sur ce sujet. Elle a sans doute une idée sur les causes de la lenteur du système judiciaire et, surtout, sur les moyens d’en simplifier les procédures et d’en raccourcir les délais. Et on serait bien curieux de l’entendre.
En cette année du soixante dixième anniversaire de la Conférence de Bandung qui a marqué la naissance du mouvement des non-alignés qui cherchait à promouvoir la coopération Sud-Sud, l’indépendance face aux blocs Est-Ouest et des relations internationales plus justes, les pays du Sud global se trouvent face à un avenir incertain. Le moment d’espoir incarné par Bandung continue de résonner comme un appel à l’action.
YahyaOuld Amar
Jamais les défis n’ont été si grands, mais jamais non plus les opportunités n’ont semblé aussi tangibles. Dans un monde où les interdépendances économiques et écologiques redessinent les frontières de la souveraineté, ces pays, souvent perçus comme spectateurs du destin mondial, s’imposent désormais comme des acteurs centraux de la transformation globale. Leurs choix dans les années à venir pourraient bien définir les contours d’un nouvel ordre international, plus juste et plus durable.
La montée en puissance des enjeux climatiques, géopolitiques, financiers, technologiques, sanitaires, migratoires, alimentaires ou liés à l’avènement de l’Intelligence artificielle (IA) focalise sur une problématique déterminante : celle entre les exigences d’un développement accéléré et les contraintes imposées par un système financier international largement inadapté aux énormes besoins actuels des pays du Sud Global. Alors que la planète ploie sous le poids des inégalités croissantes, le Sud global est à la fois une victime et un potentiel sauveur.
Tous ces thèmes représentent des batailles stratégiques décisives où les pays du Sud joueront un rôle clé.
Mais pour y parvenir, ils devront exploiter leurs meilleurs atouts tout en se dotant des outils nécessaires pour transformer les défis ci-dessus en tremplins vers une véritable renaissance économique et sociopolitique.
Transition énergétique et financement climatique
La transition énergétique n’est plus un luxe écologique réservé aux nations les plus prospères ; elle est désormais une condition de survie pour les économies du Sud global. Ces pays, à la fois premiers touchés et derniers responsables des désastres climatiques, voient dans chaque sécheresse, chaque inondation, la fragilité de leur modèle de développement, encore trop dépendant des énergies fossiles importées.
Face aux défis imposés par la transition énergétique et ses coûts colossaux, les pays du sud disposent d’atouts stratégiques uniques : un ensoleillement inégalé, des ressources naturelles et une jeunesse démographique prête à innover. Mais pour faire de ces défis une opportunité, ils doivent s’affranchir des dépendances, en affirmant leur souveraineté énergétique et en réinventant les règles du jeu financier international.
Le premier outil de cette transformation réside dans la maîtrise technologique : en investissant dans la production locale de technologies vertes, ces nations peuvent réduire leur dépendance aux importations et devenir des pôles d’excellence dans le domaine des énergies renouvelables.
Le financement est la pierre angulaire de cette révolution. Les pays du Sud global doivent se mobiliser pour imposer une réforme ambitieuse des institutions financières internationales, exigeant des mécanismes de financement adaptés à leurs réalités.
Les financements climatiques émanent habituellement de sources publiques internationales et nationales, de banques multilatérales et régionales, du secteur privé, de mécanismes hybrides public-privé, d’instruments innovants tels que les échanges dette-climat, de microfinancements communautaires, de contributions philanthropiques, formant ainsi un écosystème complexe mais prometteur pour bâtir un avenir durable.
En unissant leurs forces, les nations du Sud global peuvent construire des alliances stratégiques pour mutualiser les coûts, partager les technologies et développer des chaînes de valeur régionales. Des initiatives telles que des consortiums solaires transfrontaliers ou des banques régionales dédiées aux projets climatiques permettraient de contourner les asymétries du système économique mondial.
Cette transition ne sera durable que si elle s’accompagne d’une transformation sociopolitique. Les pays du Sud global doivent intégrer les populations locales au cœur des décisions énergétiques, en misant sur des modèles de gouvernance participative et inclusive.
Souveraineté alimentaire et résilience face aux crises
La souveraineté alimentaire est désormais une question vitale pour les économies du Sud global, non seulement pour nourrir des populations en croissance rapide, mais aussi pour préserver leur indépendance politique et leur dignité collective.
Confrontés à une dépendance chronique aux importations et à l’instabilité des marchés mondiaux, les pays du Sud ont l’opportunité de repenser leur modèle agricole, non pas comme une contrainte, mais comme un levier de puissance. Le premier outil de cette transformation repose sur la réhabilitation des systèmes agricoles locaux. En investissant dans des pratiques agroécologiques adaptées aux écosystèmes locaux, ils accroissent leur résilience face aux chocs climatiques tout en préservant la biodiversité et en réduisant leur dépendance aux intrants importés.
Le financement est également central pour garantir cette souveraineté. Les pays du Sud global doivent mobiliser des ressources nationales et internationales pour soutenir les petits exploitants, souvent marginalisés par les grandes politiques agricoles. Des mécanismes tels que les banques agricoles, les fonds souverains alimentaires ou les partenariats public-privé fourniraient les capitaux nécessaires à la modernisation des infrastructures, de l’irrigation à la chaîne logistique.
Par ailleurs, l’introduction de marchés à terme régionaux pour les produits agricoles permettrait de stabiliser les prix, réduisant ainsi la vulnérabilité des producteurs locaux face aux fluctuations des cours internationaux.
Un autre outil déterminant, l’utilisation des drones pour la cartographie des sols, des plateformes numériques pour connecter producteurs et consommateurs, ou encore des semences climato-résilientes développées localement sont autant d’exemples pouvant transformer les défis en avantages compétitifs. En intégrant ces technologies tout en garantissant leur accessibilité aux petites exploitations, les pays du Sud construiraient un modèle agricole inclusif et durable.
En faisant de la souveraineté alimentaire un projet politique global, ces pays peuvent non seulement nourrir leur population, mais également bâtir des sociétés plus justes, unies autour de leur capacité à maîtriser leur destin.
Endettement et réformes financières internationales
L’endettement massif des économies du Sud global n’est pas seulement une entrave passagère à leur développement, il est devenu le symptôme d’un déséquilibre structurel dans l’architecture même des échanges financiers mondiaux.
Aujourd’hui, les pays du Sud se trouvent dans une position paradoxale : victimes d’un système financier mondial qui les asphyxie par des taux d’intérêt élevés et d’un accès aux crédits conditionné par des standards occidentaux de rating de grandes Agences de Notation, ils disposent néanmoins d’un potentiel colossal pour bouleverser ces règles inéquitables. Il s’agit, entre autres, de renégocier les «dettes honteuses», celles qui ont été contractées par des dictateurs pour des achats d’armes et à des fins de détournements de fonds publics, les «dettes illégales» qui ont été contractées sans respect des lois et enfin les « dettes illégitime » ne finançant pas de projets d’intérêt général.
En réévaluant ces dettes, en exigeant la renégociation des échéances et des mécanismes de restructuration équitables, comme des échanges dette-climat (réduction, compensation des dettes avec les créanciers pollueurs ou financement contre protection de l’environnement) ou dette-développement, ils peuvent non seulement alléger leur fardeau, mais aussi canaliser des ressources vers des projets structurants qui répondront aux besoins sociaux et environnementaux, posant ainsi les bases d’une nouvelle architecture financière plus juste et plus efficace.
Le premier outil de cette transformation réside dans la création de mécanismes de financement innovants. Les droits de tirage spéciaux (DTS) doivent être repensés pour intégrer de nouvelles priorités, notamment le financement d’infrastructures vertes, l’éducation ou la santé. Des institutions de développement régionales, plus proches des réalités locales, peuvent apporter des fonds à taux préférentiels, tout en tenant compte des spécificités culturelles et économiques des pays bénéficiaires. C’est en sortant du carcan des institutions financières internationales traditionnelles que le Sud global peut enfin s’approprier son destin.
Les banques centrales des pays du Sud pourraient, par exemple, créer un fonds commun de réserves de change ou établir des swaps monétaires régionaux, afin de réduire leur dépendance vis-à-vis des devises dominantes. En formant ainsi un bloc solidaire, ces nations se donneraient la force de bousculer une gouvernance financière mondiale trop souvent calibrée sur les intérêts des plus puissants.
La dette n’est pas seulement un enjeu macroéconomique : elle conditionne la capacité de chaque État à investir dans la santé, l’éducation ou la transition écologique, et donc à rendre ses citoyens acteurs d’un nouveau contrat social. En liant l’allègement ou la restructuration de la dette à des programmes de développement inclusifs, les pays du Sud global peuvent transformer leur vulnérabilité financière en un atout politique et moral.
Transformation numérique
Dans un monde où le temps s’accélère et les distances s’effacent, le numérique offre aux pays émergents une chance inédite de court-circuiter les étapes traditionnelles du développement. Il se positionne comme un vecteur de justice économique, intégrant les populations en marge au sein des flux globaux de richesse et d’innovation. Par son pouvoir d’inclusion financière, il sort des centaines de millions de personnes de l’invisibilité monétaire ; par l’accès universel au savoir, il brise les carcans séculaires de l’ignorance; par son potentiel à fluidifier les échanges, il refonde les circuits commerciaux et revitalise des économies étouffées par l’informalité. Mais surtout, il donne aux jeunes générations, qui constituent la majorité démographique de ces pays, les outils pour imaginer un futur, non comme une répétition du passé, mais comme une invention collective et audacieuse. Ne pas embrasser cette révolution, c’est condamner ces pays à l’isolement, à l’immobilisme, au déclin et à une dépendance accrue à l’égard des puissances déjà numériques.
En s’émancipant des infrastructures technologiques obsolètes et en investissant dans des solutions adaptées aux réalités locales, les pays du Sud créeraient de nouveaux espaces de croissance et de progrès.
Le financement de cette mutation ne saurait se limiter à de simples appels à l’investissement étranger. Les pays du Sud global doivent mobiliser leurs propres leviers, qu’il s’agisse de fonds souverains, de partenariats public-privé ou encore de la participation active des diasporas. Le développement de plateformes de financement participatif, dédiées à l’innovation technologique, offrirait également de nouvelles perspectives aux jeunes entrepreneurs. Grâce à ces outils, les projets à fort impact social, comme la télé-éducation ou la télémédecine, trouveraient le soutien nécessaire pour rayonner dans les territoires les plus reculés.
En unissant leurs forces, les nations émergentes peuvent mutualiser les coûts de recherche et de développement, créer des centres technologiques de pointe et bâtir des écosystèmes d’innovation où circulent librement savoir-faire, capital humain et data. À l’image de grandes alliances régionales, ces pôles technologiques partagés permettraient d’ancrer la transformation numérique dans une vision collective, dépassant les frontières nationales et favorisant une véritable intégration régionale.
Les pays du Sud global doivent s’assurer que l’inclusion numérique profite à tous, et non à une élite déjà privilégiée. La formation des jeunes, la promotion de l’entrepreneuriat féminin, la régulation des plateformes en ligne ou encore la mise en place de services administratifs dématérialisés accessibles à tous sont autant d’initiatives capables d’ancrer durablement la transformation numérique dans la vie quotidienne.
Gestion des migrations
Les migrations, souvent motivées par les conflits, les catastrophes climatiques ou les opportunités économiques, sont aujourd’hui un sujet brûlant pour tous les pays du monde. Cependant, il faut garder à l’esprit que «l’homme» n’est pas une charge pour la société, c’est un facteur de production. En économie, la fonction de production dépend, entre autres variables, du travail.
Il est essentiel de mettre en place des politiques d’accueil et d’intégration capables de valoriser la diversité culturelle, de faciliter l’entrepreneuriat des migrants et de renforcer la cohésion entre régions d’origine et régions d’accueil.
La gestion des migrations gagnerait à être pensée dans une perspective régionale, voire transcontinentale. Pour cela, il est indispensable de nouer des alliances stratégiques, permettant la libre circulation des personnes au sein de blocs de développement commun, tout en garantissant un partage équitable des responsabilités. De nouveaux instruments financiers, tels que des fonds dédiés à l’intégration, avec la participation financière d’institutions internationales ou pays d’immigration, pourraient soutenir cet élan.
Fragmentation géopolitique
Chaque crise, chaque conflit, chaque blocage dans les instances multilatérales agit comme une onde de choc qui déstabilise les pays du Sud, déjà vulnérables. Les chaines d’approvisionnement s’altèrent, les investissements s’évaporent, les sanctions et embargos imposés par les puissants redessinent des frontières invisibles mais infranchissables.
Aujourd’hui l’ordre mondial vacille entre des blocs concurrents. Au lieu de subir les rivalités des grandes puissances, les pays du Sud peuvent, par une diplomatie audacieuse, bâtir des coalitions ancrées dans des intérêts partagés. Il ne s’agit pas seulement de rechercher des alliances défensives, mais de forger des mécanismes de coopération inédits, capables de conjuguer résilience régionale et influence globale. En misant sur le dialogue régional, l’harmonisation réglementaire et la mutualisation des infrastructures, ils peuvent tisser un réseau de solidarités aptes à amortir les turbulences imposées par la compétition mondiale.
Pour ce faire, les pays du Sud global disposent de leviers stratégiques prometteurs. La création de banques de développement régionales et de fonds souverains collectifs permettrait de financer des projets structurants, tout en favorisant l’émergence de champions industriels et technologiques locaux. De même, le développement de zones de libre-échange et d’infrastructures transfrontalières renforcerait l’intégration économique, tandis que les monnaies numériques et les coopérations monétaires Sud-Sud contribueraient à réduire la dépendance aux devises dominantes. Ces initiatives visent à renforcer une autonomie stratégique qui dépasse les logiques traditionnelles de domination.
Santé publique et autonomisation des systèmes de soins
Les récents bouleversements sanitaires ont révélé les limites de la coopération internationale et l’urgence de renforcer les systèmes de soins, non seulement pour faire face aux épidémies présentes et futures, mais aussi pour libérer tout le potentiel économique et humain des pays du Sud. L’autonomisation des structures de santé représente une opportunité historique : celle de placer l’humain au cœur du développement et de redéfinir le contrat social autour d’un bien commun intangible, la santé.
Pour concrétiser cette transformation, plusieurs outils méritent d’être déployés de façon ambitieuse. D’abord, l’investissement massif dans la formation des professionnels de santé, au travers d’instituts et d’universités spécialisés, permettra de consolider les compétences locales et d’éviter l’exode des talents. Ensuite, la création de pôles de recherche et d’innovation pharmaceutique, soutenus par des financements publics et privés, offrirait aux pays du Sud global la capacité de produire vaccins et médicaments à coût maîtrisé, tout en stimulant la croissance de secteurs à haute valeur ajoutée. Enfin, la généralisation d’outils numériques—téléconsultations, suivi à distance des patients, plateformes d’information—devrait démocratiser l’accès aux soins et désengorger les infrastructures hospitalières, rapprochant ainsi médecins, patients et décideurs dans un élan collectif de progrès.
L’intelligence artificielle
L’intelligence artificielle (IA), promesse vertigineuse de transformation, se révèle une opportunité et un danger pour les pays du Sud global. À l’heure où les algorithmes redessinent les équilibres économiques et géopolitiques, ces nations, souvent marginalisées, risquent de voir leur dépendance s’aggraver. La captation des données, nouveau carburant de l’économie numérique, se fait principalement au profit des grandes puissances technologiques, reléguant les pays du Sud au rôle de simples fournisseurs de matière première numérique. Cette asymétrie renforce une nouvelle forme de domination, où ceux qui maîtrisent l’IA contrôlent non seulement les flux économiques, mais aussi les imaginaires et les décisions des sociétés connectées. Le défi est d’autant plus important que l’absence d’infrastructures adéquates, de compétences locales et de cadres réglementaires risque d’enfermer ces nations dans une dépendance structurelle.
Pourtant, l’IA offre également une chance inédite d’accélérer leur développement, si elle est saisie avec audace et lucidité. En investissant dans l’éducation numérique, en formant des talents locaux et en développant des écosystèmes technologiques adaptés à leurs spécificités, les pays du Sud peuvent transformer cette révolution en levier d’émancipation. Des applications en agriculture intelligente, en télémédecine ou en gestion des crises climatiques montrent déjà comment l’IA peut répondre à leurs défis les plus pressants. L’intelligence artificielle incarne une véritable bataille pour le pouvoir, la justice et la résilience, et les pays du Sud global doivent s’en saisir pleinement pour s’affirmer comme des acteurs incontournables de l’avenir.
Enfin, loin de se laisser submerger par les incertitudes mondiales, les nations du Sud global peuvent émerger comme les architectes d’un nouvel ordre international, où justice, durabilité et prospérité partagée deviennent les piliers d’un monde harmonieux et équilibré.
«La Russie opère un fragile changement stratégique de la Syrie vers la Libye», un changement qui soulève trois questions clés : le rôle historique de Moscou en Méditerranée, l’importance de Khalifa Haftar comme outil d’influence et les implications pour l’Occident, en particulier sur les erreurs stratégiques déjà commises dans le pays.
C’est l’évaluation d’Emadeddin Badi, analyste libyen de l’Atlantic Council, dans un récent article publié sur le site de ce groupe de réflexion américain sur la politique étrangère.
L’exemple du soutien au général Haftar, chef de l’Armée nationale libyenne qui contrôle l’est de la Libye, montre comment Moscou utilise des figures autoritaires pour déstabiliser les intérêts occidentaux et consolider sa présence.
Chercheur principal non-résident de l’Atlantic Council, Badi souligne que l’approche russe en Libye est cohérente avec sa propre stratégie historique, remontant au XVIIIe siècle, lorsque Moscou a défié l’Empire ottoman.
«La Libye n’est pas une solution de repli pour la Russie, mais un élément d’une stratégie à long terme», indique Badi. Cela inclut la gestion de bases militaires et le recours à des groupes comme l’ex-Wagner pour maintenir le contrôle de Haftar, dont la fragilité politique ressemble à celle d’Al-Assad.
Selon Badi, les liens entre Haftar et Moscou se sont intensifiés depuis la défaite de Tripoli en 2020, avec une dépendance croissante à l’égard des capacités militaires russes. Cette dépendance, explique-t-il, «révèle la précarité du pouvoir de Haftar, masquée par une force apparente». En outre, la famille Haftar a exploité son contrôle sur la National Oil Corporation (NOC) pour faciliter des activités alignées sur les intérêts du Kremlin, aggravant ainsi la corruption et la fragilité institutionnelle libyenne.
L’expert libyen de l’Atlantic Council souligne que l’Occident a commis de graves erreurs stratégiques en Libye.
L’abandon du pays lors de la transition post-Kadhafi a permis à la Russie et à la Turquie de s’imposer comme des acteurs dominants. «Washington, en tentant de soustraire Haftar à l’influence russe, ignore sa dépendance totale à l’égard de Moscou», affirme Badi. Cette approche réactive échoue et risque de perpétuer l’instabilité.
Pour contrer l’influence russe, l’Occident doit abandonner l’idée de «casser des morceaux» de l’influence de Moscou. Il est plutôt nécessaire de renforcer les institutions libyennes, de promouvoir la transparence économique et de soutenir des solutions politiques inclusives.
Selon Badi, il est prioritaire pour les États-Unis et leurs partenaires internationaux d’intervenir «de manière décisive pour prévenir de nouvelles crises». Les leçons de la Syrie et de la Libye sont claires : l’inertie et l’absence de stratégies cohérentes ont alimenté le succès de Moscou.
Pour la première fois, une institution algérienne a répondu officiellement aux déclarations du président français Emmanuel Macron, qui avait sévèrement critiqué avant-hier à l’Elysée l’Algérie pour le cas de l’écrivain Boualem Sansal, détenu depuis la mi-novembre.
Un communiqué publié dans la soirée du 6 janvier, à l’issue d’une réunion du bureau de l’Assemblée populaire nationale (APN), première chambre du Parlement algérien présidée par Ibrahim Bougalli, exprime la position du pays.
«Le Bureau de l’Assemblée populaire nationale condamne fermement les déclarations irresponsables du président français, qui constituent une ingérence flagrante dans les affaires intérieures de l’Algérie et une atteinte à sa souveraineté et à sa dignité dans une affaire examinée conformément au droit algérien», lit-on dans le communiqué.
Macron, lors de la traditionnelle rencontre avec les ambassadeurs de France, a critiqué l’arrestation de l’écrivain franco-algérien Sansal, survenue en novembre dernier à l’aéroport de la capitale algérienne. Selon des médias français comme, Macron a déclaré : «L’Algérie, que nous aimons beaucoup et avec laquelle nous partageons de nombreux enfants et beaucoup d’histoire, a été impliquée dans une affaire qui la déshonore, en empêchant un homme gravement malade de recevoir traitement». «Nous qui aimons le peuple algérien et son histoire demandons à son gouvernement de libérer Boualem Sansal», a déclaré le chef de l’Elysée.
Sansal est détenu pour des accusations au titre de l’article 87a, pour, notamment, menace à la souveraineté nationale et à l’intégrité territoriale.
L’APN a qualifié les déclarations de Macron de «tentative flagrante de ternir l’image de l’Algérie et de ses institutions souveraines». Elle a ajouté : «L’Algérie, qui a subi des violations pendant la période coloniale française, rejette toute ingérence étrangère dans les droits de l’homme et les libertés.» Le communiqué conclut en invitant la France à respecter les règles des relations internationales, fondées sur le respect mutuel.