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Tunisie – Italie : La diplomatie du câble et de l’eau usée

01. August 2025 um 11:24

Sous couvert de coopération énergétique et agricole, la visite express de Giorgia Meloni à Tunis confirme une chose : la Tunisie est devenue un enjeu stratégique majeur pour l’Italie, au croisement de ses préoccupations migratoires, sécuritaires et économiques.

Derrière les deux projets mis en avant — ELMED, future ligne électrique sous-marine, et Tanit, programme de réutilisation des eaux usées à des fins agricolesse dessine une tentative italienne de stabilisation douce de son voisin du sud, via le levier du développement.

Une coopération technique à haute valeur politique

Sur le papier, les projets ELMED et Tanit relèvent d’une coopération classique : infrastructure énergétique, adaptation agricole, transfert de savoir-faire. Mais leur mise en avant conjointe par les deux chefs d’État — Giorgia Meloni et Kaïs Saïed — souligne un enchaînement plus stratégique : renforcer les capacités internes de la Tunisie pour endiguer l’instabilité et les départs.

  • ELMED est un projet d’interconnexion électrique sous-marine entre Kélibia (Tunisie) et Partanna (Sicile), long de 220 km, d’une capacité de 600 MW. Cofinancé à hauteur de 307 millions d’euros par l’Union européenne, il ambitionne de relier les marchés énergétiques européens et nord-africains, tout en favorisant l’intégration des énergies renouvelables tunisiennes.
  • Tanit, de son côté, vise à irriguer 11 500 hectares de terres domaniales en utilisant les eaux usées traitées de cinq stations d’épuration (El Attar, Melyan, Sfax, Enfidha, Agareb). Lancé officiellement en janvier 2025, il bénéficie d’un financement d’environ 2 millions de dinars et s’inscrit dans un objectif plus large : améliorer la résilience agricole tunisienne face à la sécheresse.

Le spectre de la migration irrégulière

En filigrane, c’est bien la question migratoire qui obsède Rome. Depuis son arrivée au pouvoir, Giorgia Meloni a fait de la réduction des flux migratoires en Méditerranée un pilier de son action extérieure. La Tunisie, à la fois pays de départ et de transit, cristallise cette inquiétude.

Le Plan Mattei — doctrine de politique africaine élaborée par l’Italie — entend conditionner l’aide au développement à la coopération migratoire. En clair : aider, mais à condition que les frontières soient tenues. La Tunisie, fragilisée économiquement, s’est vue proposer des soutiens sectoriels en échange d’un renforcement du contrôle des côtes. Le récent soutien au projet ELMED — qui n’a rien à voir avec la migration en apparence — s’inscrit aussi dans cette logique de contreparties implicites.

Un partenariat asymétrique mais indispensable

Ce renforcement de la coopération ne masque pas l’asymétrie des intérêts. Pour l’Italie, la Tunisie est un verrou. Pour la Tunisie, l’Italie est un canal d’accès — à l’Europe, aux financements, à la stabilité. Si les projets comme ELMED et Tanit dessinent une perspective de co-développement, ils n’en restent pas moins pilotés par les priorités européennes : sécuriser les approvisionnements, freiner les mobilités, exporter la transition énergétique.

La Tunisie, elle, tente de tirer parti de cet intérêt renouvelé, sans renoncer à une souveraineté politique de plus en plus affirmée. Selon la présidence tunisienne, Kaïs Saïed a notamment insisté sur la nécessité d’organiser des retours volontaires des migrants en situation irrégulière, dénonçant le poids croissant supporté par son pays et refusant que la Tunisie devienne un “couloir ou un lieu d’installation”. Il a également pointé l’inaction d’un système international “injuste”, dont les migrants — comme la Tunisie — seraient les victimes.

Une position qui réaffirme le refus de voir la coopération réduite à un simple outil de gestion migratoire, au détriment des priorités nationales tunisiennes.

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Pour ou contre une «République fédérale italo-tunisienne» ?

22. August 2025 um 11:29

Le commentaire provocateur du journaliste Zied El Heni, oscillant entre ironie et scepticisme, suscite une réflexion stimulante sur la création d’une… république fédérale entre l’Italie et la Tunisie. Cette déclaration, contenue dans un poste Facebook publié le 20 août 2025, a suscité des réactions immédiates, certains y voyant un exercice de style, d’autres une occasion de mesurer une fois de plus la profondeur des liens entre les deux rives de la Méditerranée. La Tunisie qui a échoué dans son projet d’union avec son voisin du sud, la Libye, en 1975, pourrait-elle réussir une hypothétique union avec son voisin du nord, l’Italie ? Union ou absorption… de Carthage par Rome ? Simple hypothèse de travail pour un exercice de politique fiction.

Latif Belhedi (avec Ansa)

Interrogé par l’agence italienne Ansa, El-Heni, qui se dit engagé dans son projet, a commenté son message par la phrase suivante : «Une parenthèse se ferme et une autre s’ouvre pour une nouvelle ère. Nous travaillons à la rendre différente et meilleure, dans une perspective innovante.»

Sur les plateformes tunisiennes et parmi les commentateurs méditerranéens, les réactions se sont polarisées en trois camps principaux. Un camp a interprété cette proposition comme un acte délibérément provocateur, destiné à souligner l’interdépendance économique et énergétique entre l’Italie et la Tunisie et à susciter le débat public à un moment politique perçu comme «la fin d’un cycle, le début d’un autre», pour reprendre l’expression du journaliste.

Dans cet esprit, l’appel à une «perspective innovante» a été interprété comme une métaphore du processus d’intégration économique déjà en cours, plutôt que comme une proposition institutionnelle viable.

À l’appui de cette interprétation, les observateurs notent que Rome et Tunis ont intensifié, ces dernières années, les visites et la gestion des dossiers communs, notamment sur les migrations et le développement, avec des missions officielles et des initiatives du gouvernement italien dans le cadre du Plan Mattei.

Deux systèmes juridiques différends

Un deuxième argument a soulevé des objections strictement juridiques : la Constitution tunisienne de 2022 définit la Tunisie comme un «État unitaire» et interdit «toute législation susceptible de compromettre son unité», tandis que la Constitution italienne, dans son article 5, stipule que «la République, une et indivisible, reconnaît et promeut les autonomies locales». Dans ce cadre, une structure fédérale binationale serait incompatible avec les principes fondamentaux des deux systèmes juridiques et nécessiterait de profondes révisions constitutionnelles dans les deux pays.

Un troisième argument a ramené le débat sur le terrain de la coopération concrète, évoquant les dossiers qui signalent déjà une intégration «de facto» : de l’interconnexion électrique Elmed, soutenue par la Banque mondiale et des partenaires européens, aux chapitres sur la sécurité et la défense, en passant par les programmes conjoints de recherche et d’innovation lancés en 2025. Ces questions, soulignent les commentateurs, dessinent une voie réaliste d’intégration progressive, respectueuse de la souveraineté nationale.

Le profil de l’auteur de la proposition a contribué à alimenter le débat : Zied El Heni est une figure médiatique bien connue en Tunisie, souvent au cœur de débats publics et de procédures judiciaires liées à la liberté d’expression. Ces dernières années, il a été à plusieurs reprises convoqué par les juges ou poursuivi en justice, des événements documentés par les médias locaux et les organisations de défense de la liberté de la presse.

Ce contexte conduit également beaucoup à interpréter sa prise de position comme une opération intellectuelle et politique, visant à évaluer les sensibilités et les lignes de fracture dans le climat actuel.

Le sens «pragmatique» d’une provocation

Dans le même temps, les relations italo-tunisiennes restent intenses sur les plans politique et économique : des visites officielles et du dialogue sur les filières migratoires et d’emploi légal à la coopération au développement promue par l’Agence italienne de coopération au développement (AICS), en passant par le renforcement des relations commerciales et les initiatives conjointes pour les startups et les chaînes d’approvisionnement stratégiques. C’est au sein de ce réseau de projets et de partenariats que de nombreux observateurs situent le sens «pragmatique» de la provocation : non pas un plan fédéral immédiatement réalisable, mais plutôt un appel à l’intégration sectorielle.

La proposition d’une république fédérale entre l’Italie et la Tunisie a agi comme un détonateur symbolique, catalysant des réactions allant de l’ironie au programme.

Les contraintes constitutionnelles en Tunisie et en Italie indiquent qu’une telle structure politique est actuellement impensable. La voie la plus probable reste celle d’une intégration par projets, déjà manifeste dans les domaines de l’énergie, de la sécurité, de la coopération et de la recherche, avec des bénéfices sociaux et économiques potentiels.

La «parenthèse finale» évoquée par El Heni, pour beaucoup, ne conduit pas à des changements institutionnels, mais plutôt à une consolidation des instruments bilatéraux qui, sans porter atteinte à la souveraineté, peuvent rendre les relations entre les deux rives de la Méditerranée plus étroites et plus prévisibles.

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