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Le Syrien Al-Joulani a-t-il trempé dans l’assassinat de Mohamed Brahmi ?

09. Januar 2025 um 11:03

L’actuel homme fort en Syrie, Ahmed Al-Charaa alias Abu Muhammad Al-Joulani, a-t-il trempé dans des attentats terroristes en Tunisie ? Des éléments d’information contenus dans une enquête intitulée «Assassinat de Belaid : les dessous d’un crime islamiste», publiée par Kapitalis en 2017, laissent planer des soupçons à ce sujet.

Imed Bahri

L’actuel chef de Hayat Tahrir Al-Cham, en costume cravate, qui reçoit à Damas les envoyés spéciaux des principaux dirigeants du monde, est un ancien dirigeant d’Al-Qaïda en Irak avant rompre avec Aboui Baker Al-Baghdadi et de créer Jabhat Al-Nosra en Syrie. Ces deux groupes jihadistes ont sévi pendant de longues années dans ces deux pays et ont assassiné des dizaines de milliers de personnes. Cela, on le sait, mais ce que l’on sait moins, mais que l’on devine aisément, c’est qu’Al-Joulani était, en tant que chef d’un groupe jihadiste, en contact avec des jihadistes ayant sévi dans toute la région, et notamment en Tunisie.

L’enquête réalisée par notre collègue Abdellatif Ben Salem et publiée en 2017 par Kapitalis établit en tout cas des liens entre Abu Muhammad Al-Joulani et plusieurs éléments jihadistes tunisiens, notamment Abou Baker El-Hakim et Ahmed Melki, alias Al-Somali, qui sont impliqués dans les assassinats, à Tunis, des dirigeants de gauche Chokri Belaïd, le 6 février 2013, et Mohamed Brahmi, le 25 juillet de la même année.        

«Ahmed El-Melki (1979, Mellassine), alias «Al-Somali» – propriétaire d’un magasin de revêtement pour salons à Cité El-Ghazela. est l’un des terroristes les plus emblématiques de la sphère jihadiste en Tunisie», écrit Ben Salem dans son enquête. Ce «véritable factotum du terrorisme local global (…) a connu de très près, au hasard des planques, presque tous les protagonistes de premier plan des assassinats politiques et des attentats qui ont marqué profondément l’histoire immédiate de notre pays», écrit encore Ben Salem, ajoutant qu’Al-Somali «a lui-même servi d’appât pour attirer le député de la Constituante Mohamed Brahmi dans le piège mortel».

Membre du groupe Ansar Charia, fondé et dirigé par Seifallah Ben Hassine alias Abou Iyadh, Melki voyage en Syrie, en 2013. «A Lattaquié, il fut recommandé auprès du Syrien Al-Jawlâni, émir de Jabhat Al-Nosra, qui a facilité son transit vers un camp d’entraînement militaire où il a été formé au maniement et au démontage des armes comme le fusil d’assaut Kalachnikov, la PK, le RPG et les grenades à main», écrit Ben Salem. Qui ajoute : «Après cinq mois passés en Syrie, il retourne [à Tunis] le 1er juillet 2013. Il participera à l’assassinat de Mohamed Brahmi, le 25 juillet de la même année et la suite est une cavale de refuge en refuge pour échapper à la traque des forces de sécurité jusqu’à la nuit fatidique du 4 novembre [2014] où il tomba piteusement, quand les unités antiterroristes firent irruption, accueillis par des rafales de PK, dans un garage à Borj Louzir».

Ahmed El-Melki, rappelons-le, a été condamné, le 22 février 2017, par le tribunal de première instance de Tunis, à 24 ans de prison pour appartenance à un groupe terroriste, pour «fourniture de service d’expertise à une organisation en lien avec un entreprise terroriste, fourniture d’armes et de formation militaire.» Et il fera parler de lui le 31 octobre 2023, en s’évadant de la prison civile de Mornaguia, avec quatre autres éléments terroristes : Raed Touati, Ameur Belazi, Nader Ghanmi et Alaeddine Ghazouani. Il sera arrêté le 5 novembre, à la cité Ettadhamen, après une cavale de cinq jours.   

Certes, on ne peut pas dire qu’Ahmed Al-Charaa alias Abu Muhammad Al-Joulani a trempé dans des attentats terroristes en Tunisie ou qu’il en a été l’un des commanditaires. Seule une enquête judiciaire peut confirmer ou infirmer de tels soupçons. Mais le fait que Somali était «l’hôte» du chef jihadiste syrien quelques semaines seulement avant l’assassinat de Brahmi autorise quelques soupçons. Et ces soupçons sont d’autant plus légitimes que feu Mohamed Brahmi était un nationaliste arabe notoire et, à l’époque où il a été assassiné, il ne faisait pas mystère de son ferme soutien au régime de Bachar Al-Assad et de sa forte hostilité aux groupes islamistes qui cherchaient à destituer ce dernier. D’ailleurs, il ne cessait de dénoncer publiquement les tentatives d’infiltration des groupes jihadistes et de leurs camps d’entraînement secrets en Tunisie.

Un autre élément important mérite d’être ajouté à ce dossier : les renseignements américains ont fait parvenir aux autorités sécuritaires tunisiennes une alerte relative à un projet d’assassinat de Brahmi, et ce quinze jours après le retour de Melki de Syrie et dix jours avant le meurtre du député. L’alerte n’a malheureusement pas été prise au sérieux ou a été sciemment négligée.

Trop de coïncidences à la fois, sachant que les groupes jihadistes au Moyen-Orient étaient de tout temps infiltrés par la CIA et les autres services occidentaux, qui ne s’interdisaient pas, d’ailleurs, de parfois les utiliser…

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