«Pendant des années, j’ai refusé d’utiliser ce mot : ‘‘génocide’’ [en parlant du massacre des Palestiniens par l’armée israélienne, Ndlr]. Mais maintenant, je ne peux m’empêcher de l’utiliser, après ce que j’ai lu dans les journaux, après les images que j’ai vues et après avoir parlé avec des personnes présentes», a expliqué l’écrivain israélien David Grossman dans une interview accordée au journal italien La Repubblica.
«Le simple fait de prononcer ce mot, ‘‘génocide’’, en référence à Israël, au peuple juif : cela seul, le fait même qu’il soit associé à eux [les Palestiniens, Ndlr], suffirait à dire que quelque chose de très grave nous arrive. Je veux parler en tant que quelqu’un qui a tout fait pour éviter de qualifier Israël d’État génocidaire. Et maintenant, avec une immense douleur et le cœur brisé, je dois voir ce qui se passe sous mes yeux. ‘‘Génocide’’. C’est un mot qui fait boule de neige : une fois prononcé, il prend de l’ampleur, comme une avalanche. Et il apporte encore plus de destruction et de souffrance», poursuit l’auteur de romans à succès et d’essais comme ‘‘Un peuple invisible : Les Palestiniens d’Israël’’.
«Je reste désespérément fidèle à l’idée de deux États, principalement parce que je ne vois pas d’alternative», affirme l’écrivain. «Ce sera complexe, et nous et les Palestiniens devrons faire preuve de maturité politique face aux attaques qui ne manqueront pas de se produire. Mais il n’y a pas d’autre solution», ajoute-t-il.
Le président français Emmanuel Macron propose de reconnaître l’État palestinien. «Je pense que c’est une bonne idée, et je ne comprends pas l’hystérie qui l’a accueillie ici en Israël. Peut-être que traiter avec un véritable État, avec de véritables obligations, et non avec une entité ambiguë comme l’Autorité palestinienne, présentera des avantages», estime Crossman. Qui conclut : «Il faudra évidemment des conditions très précises : pas d’armes. Et la garantie d’élections transparentes, interdites à quiconque envisagerait de recourir à la violence contre Israël.»
C’est l’histoire déchirante d’Amir, un enfant palestinien de Gaza envoyé par sa famille à un centre de distribution de la très contestée Fondation humanitaire pour Gaza pour essayer de ramener de quoi manger. En dépit de son très jeune âge, de la famine qui épuise son corps, il a parcouru 12 kilomètres pieds nus sous un soleil de plomb pour être tué avec sang froid par l’armée génocidaire israélienne. Alors que tous les enfants du monde profitent des vacances d’été, s’amusent et jouent, le quotidien des enfants de Gaza, c’est la famine, l’humiliation et la mort.
Imed Bahri
Anthony Aguilar, officier à la retraite de l’armée américaine, a présenté une série de témoignages concernant les violations et les crimes de guerre commis par l’armée israélienne contre la population civile palestinienne affamée de Gaza. Le journal arabophone londonien Al Quds al-Arabi est revenu sur ce témoignage poignant.
L’ancien lieutenant-colonel des forces spéciales américaines a accusé la très opaque Fondation humanitaire pour Gaza, financée par les États-Unis, de complicité dans ces crimes, arguant que cela implique nécessairement la complicité des États-Unis.
Aguilar a démissionné de la sulfureuse fondation, qu’il avait rejointe en mai et n’y est resté qu’environ un mois, en raison des horribles crimes israéliens dont il a été témoin contre les Palestiniens affamés dans les centres de distribution d’aide à Gaza, comme il l’a révélé dans sa récente interview avec le célèbre présentateur américain Tucker Carlson. Cette interview d’une heure a été vue des millions de fois sur diverses plateformes (près de 4 millions de vues sur Twitter par exemple) en moins de 24 heures.
Des crimes financés par les contribuables américains
Carlson a réagi avec force aux révélations d’Aghalir, convenant avec lui que les actions de l’organisation financée et soutenue par les Américains en collusion avec Israël, la rendent complice de ces crimes financés par les contribuables américains.
Carlson est l’une des figures les plus marquantes du mouvement Maga (Make America Great Again) qui soutient Trump. De nombreuses voix influentes au sein de ce mouvement ont commencé à critiquer les événements à Gaza et le soutien continu des États-Unis à Israël.
Lors de l’interview, Carlson a critiqué le directeur de la Fondation d’aide humanitaire pour Gaza, le qualifiant de sioniste chrétien étant donné que c’est un Évangélique.
Une poignée de riz et de lentilles ramassées par terre
Dans son témoignage, l’ancien officier Aguilar a livré des récits à la fois horrifiants et bouleversants des actions criminelles commises par les forces d’occupation israéliennes. Il a ainsi raconté l’histoire déchirante de l’enfant Amir, pieds nus et émacié par une faim extrême. Il a marché 12 kilomètres sous un soleil de plomb, espérant obtenir un repas. Après des heures d’attente, on ne lui a donné qu’une poignée de riz et de lentilles qu’il avait ramassées par terre.
Dans son témoignage, Aguilar déclare à propos de l’enfant qui avait à peu près le même âge que son fils: «Il s’est approché de moi, m’a embrassé la main (une importante marque de respect dans la tradition arabe) et m’a dit : Merci». Quelques minutes plus tard alors qu’il partait avec le reste des civils, l’armée israélienne a tiré des gaz lacrymogènes et des balles sur la foule blessant Amir et le tuant sur le coup. L’officier américain a pris quelques photos d’Amir quelques minutes seulement avant son assassinat.
L’ancien officier avait déjà raconté cette histoire lors de plusieurs interviews dans les médias ces derniers jours après avoir rompu le silence sur les événements horribles dont il avait été témoin durant son mandat. Évidemment, il a été la cible d’une campagne de diffamation israélienne mais il a affirmé qu’il continuerait à défendre sa position.
Aguilar a appelé à la fin de la famine orchestrée par Israël à Gaza et a appelé les États-Unis à assumer leurs responsabilités et à cesser leur implication dans la guerre d’extermination israélienne à Gaza.
Dans une apparition médiatique quelques jours plus tôt sur la BBC, il a confirmé que des soldats israéliens avaient ouvert le feu sur des civils palestiniens. Il a également déclaré avoir vu l’armée israélienne tirer des obus d’artillerie depuis un char Merkava sur une foule de civils et un véhicule transportant des civils détruit en quittant la zone.
Aguilar affirme catégorique: «Franchement, je peux dire qu’ils sont coupables. Jamais de toute ma carrière je n’ai été témoin d’un recours à la force aussi brutal, aveugle et injustifié contre une population civile sans défense et affamée. J’ai été témoin, sans l’ombre d’un doute, de crimes de guerre. J’ai été témoin de crimes de guerre commis par l’armée israélienne».
Aguilar a souligné que l’utilisation d’obus d’artillerie, d’obus de mortier et l’attaque de civils avec des obus de char constituent un crime de guerre.
Il est à indiquer que pour exclure les Nations Unies et des organisations humanitaires internationales, Tel-Aviv a lancé le 27 mai un plan de distribution d’aide par l’intermédiaire de la Fondation humanitaire pour Gaza, une organisation soutenue par Israël et les États-Unis mais rejetée par l’Onu. Chaque jour lors des distributions des maigres rations alimentaires, des civils palestiniens sont tués par l’armée israélienne qui contrôle les centres de la sulfureuse Fondation.
Le génocide, soutenu par les États-Unis, a fait plus de 204 000 morts et blessés palestiniens, pour la plupart des enfants et des femmes, et plus de 9 000 disparus, sans compter les centaines de milliers de déplacés et une famine qui a coûté la vie à de nombreuses personnes.
Les Américains et les Israéliens auraient-ils accepté que leurs propres enfants soient affamés puis tués cyniquement comme Amir? Évidemment non mais ce qui est tout aussi évident c’est que les droits de l’homme avec lesquels ils nous bassinent depuis longtemps ne s’appliquent que pour l’homme blanc.
Pour l’Occident, la souffrance des Palestiniens ou des pauvres migrants africains est une chose banale qu’ils observent avec une complète indifférence comme si la norme est que ces gens souffrent.
Les Journées cinématographiques de Carthage (JCC) dans leur 36e édition, du 13 au 20 décembre 2025, rendront hommage au musicien, dramaturge, acteur et journaliste libanais Ziad Rahbani.
Le nom de Ziad Rahbani est associé aux grandes figures du nouveau cinéma arabe, que ce soit en tant qu’acteur ou compositeur, parmi lesquels : Farouk Beloufa, Randa Chahhal, Kassem Hawal et Maroun Bagdadi.
La présence de Ziad Rahbani à cette édition ne sera pas marquée par son “ Long métrage américain”, mais bien par son sens artistique unique et son intelligence musicale.
La programmation du festival inclura une sélection de films auxquels il a participé, ainsi que des activités spéciales mettant en lumière son parcours créatif.
Notons que Ziad Rahbani, fils de la diva Fairouz et du compositeur Assy Rahbani, est considéré comme l’une des figures les plus marquantes de la musique et du théâtre dans le monde arabe. Il est décédé à l’âge de 69 ans samedi 26 juillet 2025 à Beyrouth.
Le gouvernement de l’Égypte a affirmé, jeudi 31 juillet 2025, son engagement à maintenir un système de taux de change flexible, à poursuivre la mise en œuvre du programme d’offre publique du gouvernement et à mettre en œuvre les dispositions du document « Politique de propriété de l’État », qui permettra de fournir des ressources supplémentaires pour réduire la dette des agences budgétaires.
Le porte-parole du gouvernement égyptien, Mohamed El-Homossani, a déclaré qu’une réunion du Conseil de coordination des politiques budgétaires et monétaires s’est tenue jeudi 31 juillet, sous la présidence du Premier ministre, Mustafa Madbouli. Il a été souligné que le gouvernement de l’Égypte poursuivait avec succès son plan de remboursement des partenaires étrangers du secteur pétrolier, conformément au calendrier prévu.
La rencontre a également permis d’examiner les principales politiques et mesures adoptées dans le cadre du Programme national de réformes structurelles, principal outil sur lequel l’État s’appuie pour concrétiser ses objectifs économiques, a expliqué M. El-Homossani.
Ce programme s’articule autour de trois axes : le renforcement de la stabilité macroéconomique, l’accroissement de la compétitivité économique et l’amélioration de l’environnement des affaires, ainsi que le soutien à la transition écologique.
Il a précisé que cela s’inscrit dans le cadre de l’orientation stratégique de l’État visant à accélérer le rythme des réformes structurelles.
Pour la première fois, le ministère de la Planification a établi un calendrier précis pour toutes les politiques et mesures incluses dans le Programme national de développement économique connu sou le nom de « Vision 2030« , dont la mise en œuvre sera suivie et les progrès évalués trimestriellement.
En outre, M. El-Homossani a indiqué que la structure globale des investissements pour l’exercice 2025-2026 a été examinée. Tout en affirmant la poursuite des efforts pour atteindre les objectifs de gouvernance des investissements publics au cours de cette année, parallèlement à l’expansion de l’activité du secteur privé.
Dette extérieure de l’Égypte
Il a ajouté que la réunion a passé en revue la situation de la dette extérieure au cours de la période allant de mars 2024 à mars 2025, soulignant la structure de la dette extérieure au cours de cette période, l’évolution de la dette extérieure en pourcentage du PIB et confirmant que le ratio de la dette extérieure reste à des niveaux sûrs.
Et de préciser qu’au cours de la réunion, il a été noté que les obligations égyptiennes se comportent bien sur les marchés internationaux, leurs rendements étant en baisse et les taux d’assurance contre les risques en baisse en raison de la stabilité de l’économie égyptienne et de la demande des investisseurs et des institutions pour les obligations égyptiennes.
Le président américain Donald Trump a annoncé jeudi 31 juillet 2025 de nouveaux droits de douane pouvant atteindre 40% (Laos et Myanmar) sur les marchandises importées de dizaines de pays, invoquant une fois de plus les pouvoirs d’urgence qu’il affirme utiliser pour réduire le déficit commercial du pays avec nombre de ses partenaires commerciaux.
Pour la Tunisie le taux désormais appliqué est de 25% et on ne sait pas si des négociations ont eu lieu entretemps entre les responsables des deux pays.
Ce sont les exportateurs d’huile d’olive, de dattes et de produits artisanaux vers le marché américain qui vont être les plus affectés par ce nouveau taux, lequel va réduire énormément leur compétitivité par rapport à leurs concurrents.
Pour ce qui est de l’Afrique du Nord, l’Algérie et la Libye se sont vues infliger des taux élevés de 30%. Le taux est de 10% pour le Maroc et l’Egypte, pays ayant établi des relations diplomatiques avec Israël. Ceci explique-t-il cela ? En partie…
Nous publions ci-dessous le résumé d’un rapport scientifique intitulé «Stratégies de dépistage de l’ADN du VPH et de vaccination en Tunisie» réalisé par un groupe de scientifiques tunisiens et publié le 31 juillet 2025 par la prestigieuse revue Nature. Et quioffre des orientations précieuses aux décideurs pour l’élaboration de futures stratégies de prévention du cancer du col de l’utérus en Tunisie.
En Tunisie, le cancer du col de l’utérus se classe au 14e rang des cancers les plus fréquents, en grande partie dû au risque élevé de types de virus du papillome humain (VPH), notamment les VPH 16 et 18.
Les efforts de dépistage actuels sont limités, avec seulement 17% de toutes les femmes âgées de 35 à 60 ans subissant un test Pap. L’introduction du vaccin contre le VPH en 2025 dans le cadre du programme national de vaccination scolaire, ciblant les filles de 11 à 12 ans, devrait réduire le fardeau du cancer du col de l’utérus.
Cependant, parallèlement à la vaccination, des stratégies de dépistage améliorées sont essentielles pour la détection précoce et la prévention des cancers liés au VPH.
Cette étude vise à évaluer le rapport coût-efficacité de différentes stratégies de dépistage du VPH en Tunisie, en examinant spécifiquement la combinaison de différentes fréquences de dépistage du VPH et d’un programme de vaccination ciblant les filles de 11 à 12 ans.
L’objectif est de déterminer la stratégie de dépistage la plus rentable pour compléter les efforts de vaccination afin de réduire l’incidence du cancer du col de l’utérus.
Une analyse coût-efficacité a été menée du point de vue du système de santé tunisien en utilisant le modèle HPVsim, un outil de simulation multi-agents qui capture la dynamique de transmission du VPH et la progression du cancer du col de l’utérus.
Quatre approches ont été comparées : (1) le maintien de la stratégie actuelle de dépistage par frottis cervical combiné à la vaccination; (2) l’introduction du test ADN du VPH une fois entre 35 et 40 ans; (3) l’introduction du test ADN du VPH deux fois entre 35 et 45 ans, avec un intervalle de 5 ans; et (4) l’introduction du test ADN du VPH tous les 5 ans pour les femmes âgées de 35 à 60 ans.
Toutes les approches ont été combinées au programme de vaccination. Des taux de couverture du dépistage de 15%, 25%, 33%, 50% et 70% ont été testés pour chaque approche. Les principaux critères de jugement comprenaient le nombre de cas de cancer évités, le coût total de l’intervention et l’augmentation des coûts par cas de cancer évité. La littérature académique et les données existantes ont été incluses sur les variables démographiques, l’incidence et la mortalité du cancer du col de l’utérus, les coûts de traitement, les coûts d’administration du vaccin et d’autres paramètres du modèle.
Toutes les interventions ont entraîné une réduction substantielle des cas de cancer du col de l’utérus, avec des diminutions allant de 41% à 59% des cas cumulés entre 2025 et 2090.
L’approche la plus intensive, impliquant un test ADN HPV tous les 5 ans pour les femmes âgées de 35 à 60 ans, a permis la plus forte réduction, avec une diminution de 59% du nombre cumulé de cas de cancer du col de l’utérus d’ici 2090, bien qu’elle ait également entraîné les coûts les plus élevés. L’option la moins coûteuse, qui a conservé le test Pap actuel parallèlement à la vaccination, a réduit les cas de cancer du col de l’utérus de 41%.
Bien que l’introduction du test ADN HPV augmente considérablement les coûts, une fréquence élevée de dépistage permet des bénéfices de santé publique plus rapides.
Le scénario combinant vaccination et maintien des pratiques de dépistage actuelles s’avère le plus rentable dans le contexte tunisien.
Si le prix du test ADN HPV est réduit à 9 US$, la stratégie de dépistage la plus fréquente deviendrait l’option la plus rentable, offrant à la fois une efficacité élevée et une viabilité financière. La réduction du coût du test ADN HPV pourrait rendre un dépistage plus fréquent financièrement viable, offrant ainsi de meilleurs bénéfices de santé publique.
Ces résultats offrent des orientations précieuses aux décideurs pour l’élaboration de futures stratégies de prévention du cancer du col de l’utérus en Tunisie.
Ont contribué à l’étude Anas Lahdhiri, Beya Benzina, Emna Ennaifer, Haifa Tounsi, Ahlem Gzara, Soumaya Rammeh-Rommani, Oumaima Laraj, Heger Arfaoui, Robyn Stuart, Amira Kebir et Slimane Ben Miled.
«L’initiative urgente à prendre est la reconnaissance nationale immédiate de l’État de Palestine» est l’intitulé de de l’appel lancé par 35 anciens ambassadeurs italiens dans une lettre ouverte adressée à la Première ministre Giorgia Meloni, publiée dimanche 27 juillet 2025. (Ph. Meloni n’est pas seulement insensible aux souffrances des Palestiniens – son fond raciste y est pour beaucoup -. Elle est aussi une pro-israélienne notoire).
Latif Belhedi
Les signataires, – dont Pasquale Ferrara, Pasquale Quito Terracciano, Ferdinando Nelli Feroci, Stefano Stefanini, Rocco Cangelosi et Vincenzo De Luca – demandent de «suspendre toute relation et coopération» avec Israël dans les secteurs militaire et de la défense; de «soutenir au sein de l’Union européenne (UE) toute initiative impliquant des sanctions individuelles» ; et de «se joindre au consensus européen» pour la suspension temporaire de l’accord Israël-UE.
«L’horreur perpétrée dans la bande de Gaza par Israël contre la grande majorité des civils sans défense» pousse les ambassadeurs à abandonner le langage prudent de la diplomatie, le langage secret réservé aux initiés. Et à prendre une initiative aussi inhabituelle que pertinente par son contenu et son timing.
L’ambiguïté n’est plus possible
Cette voix s’élève haut et fort dans le débat politique divisé depuis des jours – majorité d’un côté, aux côtés de la Première ministre Giorgia Meloni dont la position sur cette question est presque calquée sur celle du président américain Donald Trump, opposition de l’autre – sur la reconnaissance ou non, au moins, de l’État de Palestine.
L’appel compte d’ailleurs parmi ses signataires des personnalités qui ont occupé pendant des années des postes institutionnels de premier plan : au sein de l’UE, au Palazzo Chigi, présidence du Conseil des ministres, à l’Otan et au Quirinal, la présidence de la république, ainsi que, bien sûr, dans les plus hautes fonctions diplomatiques. «Il y a des moments dans l’histoire où l’ambiguïté ou le juste milieu ne sont plus possibles», avertissent-ils. Et d’ajouter : «Et ce moment est venu pour Gaza».
Les anciens ambassadeurs ont dénoncé «les violations flagrantes des droits de l’homme et de la dignité humaine» et «les crimes contre l’humanité, les crimes de guerre et le mépris constant du droit international et du droit humanitaire, dont le gouvernement israélien, comme tous les gouvernements, doit répondre.» Face à tout cela, «les déclarations, aussi nécessaires soient-elles, ne sont plus utiles», mais «des gestes politiques et diplomatiques concrets et efficaces».
Silence radio de Giorgia Meloni
Cet appel a été accueilli par un silence généralisé de la majorité, tandis que les partisans de Meloni ont souligné que la Première ministre avait «toujours» soutenu la solution «deux peuples, deux États», mais que reconnaître la Palestine aujourd’hui, comme elle l’a elle-même déclaré, ne constituerait pas une décision décisive. L’opposition, cependant, applaudit et retrouve une nouvelle énergie : «Nos diplomates sont un beau témoignage de dignité et de véritable patriotisme», déclare Giuseppe Conte, tandis que ses chefs de groupe aux commissions des affaires étrangères de la Chambre des députés et du Sénat, Francesco Silvestri et Bruno Marton, soulignent comment «ces ambassadeurs enseignent à Meloni ce que signifie représenter l’État avec honneur et dignité».
«Si Meloni ne nous écoute pas, qu’au moins il les écoute», a exhorté le secrétaire de +Europa, Riccardo Magi, soulignant que «reconnaître l’État de Palestine ne légitimerait pas le Hamas». Nicola Fratoianni, chef du parti Si, a qualifié cette décision de «leçon de dignité» pour le gouvernement, donnée par «une figure emblématique de notre histoire diplomatique».
Quand est-ce le bon moment ?
Lorsque le Premier ministre a déclaré que l’État palestinien n’était «pas le bon moment», il a répondu : «Quand est-ce le bon moment pour le reconnaître ? Quand il n’y aura plus de Palestiniens vivants ?» Ce sont des concepts qu’Elly Schlein elle-même met en avant depuis longtemps : «Il n’est pas trop tôt, comme le dit Meloni ; après cela, il sera trop tard, et il risque de ne plus rien rester à reconnaître.» De plus, le secrétaire du Parti démocrate estime que «cet acte constituerait une contribution concrète au processus de paix au Moyen-Orient». «Il y a des moments dans l’histoire où l’ambiguïté se mue en complicité. Et à Gaza, ce moment est arrivé», ajoute Angelo Bonelli, député AVS et co-porte-parole d’Europa Verde. Et si le gouvernement «continue de refuser de reconnaître l’État de Palestine», il fait «un choix de lâcheté politique et de subordination morale».
L’entretien, jeudi 31 août 2025, entre le président de la République, Kaïs Saied, et la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, en visite de travail en Tunisie a porté, selon Tunis, sur l’engagement commun à intensifier la coopération bilatérale dans plusieurs domaines, notamment les transports, la santé, l’agriculture et l’énergie, mais aussi sur la situation en Palestine. Selon Rome, l’entretien a surtout porté sur la coopération bilatérale autour du Plan Mattei et de la question migratoire, principale préoccupation de la partie Italienne, qui est restée silencieuse sur la Palestine.Vidéo.
Imed Bahri
Les principaux points abordés ont porté sur la coopération au développement (étayée par la déclaration conjointe signée en janvier), le lien entre eau et agriculture (notamment le projet Tanit), le futur centre régional de formation agricole et la gestion des migrations.
L’énergie a également été au cœur des discussions : l’interconnexion Elmed a été présentée comme un projet d’infrastructure stratégique, aux côtés de la Terna Innovation Zone, une nouvelle plateforme de formation et d’innovation dans le secteur de l’énergie.
Vers une «coalition méditerranéenne»
Selon les médias italiens, Meloni, qui s’est rendue ensuite à Ankara, œuvre à la construction d’une «coalition méditerranéenne» avec des partenaires comme la Turquie, qui a étendu ces dernières années son influence déjà considérable en Libye, conservant un bastion à Tripoli et Misrata, tout en dialoguant directement avec le leader oriental Khalifa Haftar en Cyrénaïque.
Selon une exclusivité d’Agenzia Nova, le chef du gouvernement d’union nationale libyen, Abdelhamid Dabaiba, devrait également être à Istanbul aujourd’hui.
La question des voies de migration légales a également été soulevée dans le cadre du Processus de Rome, un élément moteur de la diplomatie régionale italienne.
Selon le communiqué de la présidence de la république tunisienne, la nécessité d’une coordination des efforts de toutes les parties prenantes pour organiser des ponts aériens afin de permettre le retour volontaire des migrants irréguliers actuellement en Tunisie figure parmi les principaux sujets abordés.
L’importance du démantèlement des réseaux criminels de traite des êtres humains a également été soulignée, ajoute le communiqué en précisant que le président Saïed a souligné que la Tunisie a supporté un lourd fardeau et que cette situation ne peut perdurer, réaffirmant la position ferme et inébranlable de la Tunisie, qui refuse de devenir un point de transit ou un lieu d’installation permanent pour les migrants irréguliers.
La Tunisie a traité les migrants avec humanité lors du démantèlement de plusieurs camps. Cependant, aucun État ne peut accepter des individus se trouvant sur son territoire en violation de ses lois, d’autant plus que ces migrants irréguliers sont victimes d’un système international injuste, dont la Tunisie elle-même est également victime, a déclaré Saïed, en réponse au organisations nationales et internationales qui dénoncent les abus dont sont victimes les migrants subsahariens dans notre pays de la part des autorités sécuritaires lors de ces opérations de démantèlement de camps.
Saïed : «Le peuple palestinien meurt de faim et de soif»
Les deux dirigeants ont également abordé plusieurs questions régionales, notamment la situation en Palestine occupée et les crimes génocidaires perpétrés par les forces d’occupation sionistes, souligne le communiqué de la présidence tunisienne. Qui ajoute : «Outre les dizaines de milliers de martyrs et de blessés, les forces d’occupation s’attaquent délibérément aux fondements de la vie, notamment par la famine et la privation, même d’une goutte d’eau. Le peuple palestinien meurt de faim et de soif sous les yeux du monde entier.»
Le président Saied a réitéré, à cette occasion, la position inébranlable de la Tunisie : le peuple palestinien a le droit légitime d’établir un État indépendant et pleinement souverain sur l’ensemble du territoire palestinien, avec Al-Qods Al-Charif pour capitale, un droit qui ne s’éteindra pas avec le temps.
Il a également déclaré que la légalité internationale s’érode face à une nouvelle légitimité humanitaire qui émerge, comme en témoignent les vastes manifestations à travers le monde dénonçant ces crimes.
Meloni insensible aux souffrances des Palestiniens
Sur cette question palestinienne, où l’Italie semble calquer sa position sur celle des Etats-Unis, la Première ministre Giorgia Meloni, dont c’est la cinquième visite à Tunis en deux ans, a été totalement silencieuse. Selon le communiqué officiel italien, l’entretien Meloni-Saïed a porté sur «l’engagement commun à lutter contre les réseaux criminels de traite des êtres humains et, parallèlement, à promouvoir les voies de migration légale, notamment dans le cadre du processus de Rome».
Rappelons, à ce propos, que 35 anciens ambassadeurs italiens ont adressé, dimanche, une lettre à Mme Meloni lui demandant de «suspendre toute relation et coopération» avec Israël dans les secteurs militaire et de la défense; de «soutenir au sein de l’Union européenne toute initiative impliquant des sanctions individuelles»; et de «se joindre au consensus européen» pour la suspension temporaire de l’accord Israël-UE.
Pour le moment, Mme Meloni et son gouvernement d’extrême droite restent complètement sourdes et aveugles face aux souffrances du peuple palestinien et aux crimes de guerre perpétrés par Israël à Gaza et en Cisjordanie.
«La Tunisie regorge de ressources et de richesses, et elle ne sera pas une proie facile pour les lobbies et leurs agents, à tous les niveaux» a déclaré Kaïs Saied, lors de sa rencontre, mercredi 30 juillet 2025, au palais de Carthage, avec le Premier ministre Sarra Zaâfrani Zenzeri, le ministre des Finances, Michket Slama Khaldi, et le ministre de l’Économie et de la Planification, Samir Abdelhafidh.
Imed Bahri
Ce n’est pas la première fois que le président de la République évoque la richesse de la Tunisie et dénonce les lobbies d’intérêt qui, selon lui, cherchent à les accaparer avec l’aide de certains agents de l’Etat. Et nous sommes douze millions de Tunisiennes et de Tunisiens qui voudrions le prendre au mot notre président: «Oui, nous sommes riches, mais on nous vole !» Sauf que sous voudrions voir cette prophétie se réaliser, d’abord en voyant ces supposées richesses se traduire par une relative prospérité économique, laquelle est devenue un rêve irréalisable pour beaucoup d’entre nous. Ensuite, ces groupes d’intérêt et les agents de l’Etat qui sont à leur service, quand va-t-on enfin les mettre hors d’état de nuire, étant supposé que ce sont eux qui accaparent nos richesses et nous les volent ?
Il y a comme un sentiment de frustration qu’exprime le chef de l’Etat et qui est partagé par une majorité de Tunisiens et qui se traduit par cette simple question : si les richesses d’un pays sont faites pour être équitablement partagées entre les citoyens, qu’est-ce qui empêche le pouvoir exécutif de garantir ce partage équitable ?
Le président voudrait, et il l’a répété hier, que «les efforts de l’Etat se poursuivent sans relâche afin que personne ne reste démuni ou privé», et personne n’oserait s’opposer à une si noble intention, sauf qu’entre les intentions du chef de l’exécutif et la réalité que les Tunisiens constatent autour d’eux, entre la parole et l’action, le diagnostic du mal et le remède préconisé pour le guérir, il y a comme un fossé qu’il va falloir combler un jour.
«Un responsable qui n’est pas un modèle d’intégrité et d’austérité, qui ne ressent pas constamment la souffrance des citoyens et qui ne s’efforce pas de lever tous les obstacles, mais les multiplie délibérément dans de nombreux cas, n’est pas digne de ses responsabilités», a déclaré Saïed, selon un communiqué de la présidence. Et d’ajouter que ce responsable qui n’a pas le sens de la responsabilité ou qui est au service de groupes d’intérêt «sera remplacé par des jeunes convaincus de contribuer à la lutte de libération nationale, avec l’esprit de combattant pour la dignité de leur pays et le droit de leur peuple à une vie décente.»
Là aussi, si les «coupables» sont désignés, bien qu’assez vaguement, on ne sait pas ce qui empêche de leur demander des comptes et, le cas échéant, de les mettre hors d’état de nuire ?
Là, également, il y a un hiatus incompréhensible entre la volonté du chef de l’Etat et sa traduction dans la réalité par les autres membres de l’exécutif. Ira-t-on jusqu’à penser que les membres du gouvernement ne contrôlent pas suffisamment l’administration publique dont ils ont la charge ou qu’étant eux-mêmes, dans leur majorité, issus de cette machine bureaucratique, ils rechignent à sévir contre certains de leurs anciens collègues convaincus de laisser-aller, de sabotage ou de corruption active ?
Une jeune fille est morte d’une appendicite (Alya Bhiri, 21 ans, le dimanche 20 juillet à l’hôpital de Gafsa, Ndlr) ça arrive encore en 2025. Mourir d’une appendicite en 2025 est excessivement rare fort heureusement, mais pas exclu. Sauf qu’entre populisme, efficience et rationalisme, il va falloir choisir, sinon il va falloir ne pas s’étonner et s’indigner quand des innocents vont mourir à cause du manque de moyens dans les hôpitaux publics.
Dr Monem El Achkham *
Quand la mort survient dans un milieu hospitalier et dans le cadre d’une prise en charge adéquate, c’est toujours regrettable, mais ça fait partie des quelques rares appendicites meurtrières répertoriées partout dans le monde et que la médecine actuelle admet difficilement que ça ne puisse être évitable.
En revanche, quand ça survient parce qu’on a refusé des soins à une jeune fille de 18 ans, ou à n’importe quel âge d’ailleurs, dans un hôpital public ou même dans une clinique privée, ça ne peut que nous fondre profondément le cœur et cette énormité ne peut être qualifiée que des plus odieux et des plus abjectes des crimes, auquel un établissement de santé puisse s’adonner.
Devant un pareil drame et parce que je sais qu’il y en a d’autres qui ont souffert le même dessein et qui ont préféré pudiquement le silence, je me sens épouvantablement coupable et je vous expliquerai le bien-fondé de ma culpabilité.
Je ne m’attarderai bien entendu pas sur les ineptes écumeurs qui, sciemment et sans aucune décence en profitent pour régler leurs comptes, l’un avec un directeur régional de la santé publique, l’autre avec un directeur d’hôpital, de brillants anciens agents des bureaux des entrées qui accablent leurs collègues et qui s’attribuent le mérite de la protection de la veuve et de l’orphelin à leurs époques, sans oublier ceux qui ont choisi comme souffre-douleurs, ce criminel de médecin qui n’est là que grâce à l’argent de leurs impôts et qui s’est égaré du noble objectif de sa mission sous le poids des privilèges.
La recherche de boucs émissaires
Cette histoire d’argent des impôts, je conçois que ce soit un manque de pertinence manifeste de l’aborder dans ces quelques paragraphes, mais j’ai envie de dire à ce génie qui a inventé cette formule que l’accès aux études médicales ne se passe pas comme si tout le monde pouvait y prétendre et que le seul mérite aura été d’avoir été tiré au sort en fonction de la quantité d’argent des impôts alloués aux études médicales. Et je finirai par m’enquérir à son sujet de la tragique entrave qui l’a empêché d’en profiter le cas échéant.
Quant à ces méprisables pseudos intellectuels qui n’hésitent pas à désigner des coupables, de jeter l’anathème sans scrupule sur d’honnêtes personnes, en fonction d’infâmes affinités, d’ignobles connivences, sans aucune connaissance ni expertise et en ne souciant nullement du mal qu’ils sont susceptibles d’occasionner injustement, je leur dis que dans ce drame, je suis l’un des principaux coupables et je vais vous le prouver, mais vous l’êtes probablement autant que moi, même si vous pensez que votre hargne et votre aigreur enrobées de vertus vous disculpe.
Dans nos hôpitaux et pour les avoir fréquentés un moment dans ma vie, il est complètement naïf et niais de penser qu’un patient puisse être pris en charge correctement et traité humainement. Des urgences submergées de patients demandeurs de soins, c’est tout à fait normal, qu’un médecin soit obligé de voir 10 patients par heure, soit un patient toutes les six minutes si ce n’est plus, je vous promets que ne serait-ce que trier les vraies urgences devient tout bêtement illusoire.
Alors que dire si de plus est, on exige de l’agent du guichet qui n’est généralement qu’un agent administratif, de ne pas refuser les vraies urgences ?
Il est vrai que la loi tunisienne poursuit pénalement toute non-assistance à une personne en péril, mais est-ce que l’exécutif tunisien se donne vraiment les moyens de ses ambitions ? Il est clair que non et j’en prends pour exemple le cas de notre collègue pharmacien qui paye pour la défaillance du système de santé, et ce n’est pas faute de l’avoir signalé (Personnel soignant en Tunisie : Un métier dangereux…).
Je ne sais pas si vous le savez mais refuser un patient qui ne dispose pas de carnet de soins ou de laisser-passer, ce n’est pas une initiative ou une invention de l’agent, c’est le ministère de la Santé qui l’exige ! Et comment voulez-vous que l’agent en question distingue la vraie urgence de la simple consultation ? Dans ces cas-là, puisqu’il y va de l’intégrité physique du citoyen, qu’il est impératif de s’en acquitter sans faille, chaque agent doit avoir signé une décharge attestant avoir reçu et pris connaissance d’une procédure d’accueil, identifiant l’ensemble des directives et l’engage à les appliquer. Si l’administration ne dispose pas d’une telle décharge et que le ministère ne dispose pas du modèle électronique ou en papier de ladite procédure, c’est le système qui est défaillant et non pas l’agent.
Et qu’est-ce qu’on reproche au médecin qui a examiné la défunte et qui a demandé des examens, que malheureusement le pauvre père ne peut pas se payer ? Et d’abord pourquoi est-ce qu’il est obligé de se les faire faire dans le privé l’infortuné père ?
En outre, dans les conditions d’affluences et de délabrement des urgences en Tunisie, vous pensez vraiment qu’il est impossible de passer à côté de vraies urgences ?
Maintenant si réellement on est très à cheval sur l’approche sociale et les besoins élémentaires du citoyen, pourquoi en priver les plus démunis en leurs interdisant l’accès aux soins s’ils ne disposent pas de couverture sociale ? L’accès à la santé n’est-il pas un droit constitutionnel opposable à l’Etat tunisien et indépendamment du statut social ?
Des patients qui meurent dans les salles d’attente
J’ai exercé étant jeune dans les hôpitaux de la capitale et je m’en veux encore d’avoir vu mourir des patients dans les salles d’attente parce qu’ils attendaient leur tour, que j’avais cent vingt patients à examiner et sans avoir eu le temps réel ne serait-ce que pour constater leur présence.
J’ai récemment été amené à aider à l’hôpital et J’ai dû aller chercher des fils de suture et des sondes qui ne coûtaient rien du tout, pour pouvoir opérer un patient. Le manque du matériel de base, parfois même quand les équipements lourds sont disponibles sans être fonctionnels, dénote une méconnaissance totale des priorités en matière de santé, à moins que ce ne soit délibérément intentionnel !
Mais ce que je ne me suis jamais expliqué, c’est qu’en 2001 après avoir passé mes examens de spécialité et après avoir fini mes stages à l’étranger, j’avais postulé contre l’avis de mon patron feu Pr Abdeljelil Zaouche, à qui je dois tout ce que je suis, pour un poste à l’hôpital de Gafsa, alors qu’il n’y avait à l’époque aucun chirurgien et que les patients mouraient de l’appendicite, j’ai essuyé un refus après un an et sept mois d’attente, pour un problème de B2 en rapport avec une enquête de sécurité me classant politiquement douteux. Ce qu’il fallait en déduire raisonnablement, c’est que si on a le moindre doute sur votre allégeance au pouvoir, on préférerait laisser des citoyens mourir plutôt que de prendre le moindre risque de vous mettre dans le circuit. Cette parenthèse est bien évidemment destinée à ceux qui persistent à croire que c’était mieux avant.
En ce qui concerne notre actuel système de santé, l’intention est certainement meilleure, mais les conditions sont au mieux les mêmes et au pire, elles se sont dégradées en raison du coup de plus en plus exorbitant des soins avec un système dans l’impossibilité de suivre.
Il est bien évidemment plus simple et je dirais même plus rassurant de désigner un bouc émissaire en la personne du directeur régional, du directeur de l’hôpital, du médecin aux urgences ou du personnel de l’accueil, mais je vous promets que le problème est complètement ailleurs.
Notre système est à bout de souffle. Nos hôpitaux surexploitent le personnel médical et paramédical, les centres hospitalo-universitaires fonctionnent d’une façon absolument perverse, les chefs des services et les aînés ont plus de facilités à asservir les jeunes médecins déjà submergés, que de faire faire leurs travails à des paramédicaux syndiqués. Les paramédicaux syndicalistes jouissent d’un pouvoir et d’une influence démesurée, ils en abusent et s’enorgueillissent, pour eux certes c’est une gloire, pour le pays la faillite d’un système. La centrale syndicale n’ignore pas qu’une catégorie du personnel est à l’origine de graves dépassements et que non seulement elle n’apporte pas sa part à l’édifice, mais en plus elle bride et freine tout effort de changement et de réforme, mais que voulez-vous c’est légitime de penser aux prochaines élections.
L’hôtellerie et les sanitaires dans la majorité des hôpitaux de Tunisie sont une véritable ignominie, une humiliation et un déshonneur pour nous tous.
Quand vous avez eu la malchance de voir la salle de déchoquage, les conditions dans lesquelles les patients sont accueillis, traités et examinés à l’hôpital de Gafsa, vous ne manquerez pas de vous rendre compte que c’est absolument une atteinte à la dignité humaine.
J’ai récemment eu l’occasion d’intervenir deux ou trois fois là-bas et j’ai été sidéré, horrifié et profondément consterné par la hauteur du désastre. J’avais décidé d’alerter et puis sous prétexte que l’effet escompté d’une telle alerte ne vaudrait peut-être pas la tumulte et le tapage que ça engendrerait, mon égoïsme a pris le dessus et j’ai préféré honteusement faire comme si de rien n’était et ne serait-ce que pour ça je me sens affreusement coupable de ce qui est arrivé à la pauvre jeune fille morte dans d’atroces souffrance, de la faute d’un système conçu avec un écart abyssal entre la théorie, les moyens, la méthode, la pratique et ne pouvant donc raisonnablement pas éviter ce genre de drame.
A un moment, j’ai été convié en ma qualité de représentant du conseil de l’ordre du sud-ouest à un conseil régional du gouvernorat de Gafsa pour une collecte de don pour Gaza. Dans la salle il y avait tous les directeurs régionaux, les avocats, l’UGTT et plein d’autres honorables représentants de la société civile. Il est vrai qu’avant même l’initiative du gouverneur pour cette action, nous médecins de la région, avions déjà initié une action dans ce sens et encourageons tout ce qui puisse renforcer de telles actions. Quand j’ai été invité à prendre la parole et après les hypocrites éloges de rigueur pour la vénérable assistance, j’ai posé une question : pouvez-vous me dire messieurs dames les conseillers, comment vous pouvez-vous donnez le droit dans ce conseil de discuter de tout ce qui concerne la région, entre autres les problèmes de santé, entre vous, en toute suffisance et fatuité, sans éprouver le besoin ne serait-ce que pour un avis éclairé et technique, d’inviter la représentation des médecins ? Plaît-il ? Je crois savoir et sans prendre de grands risques d’erreur que c’est en plus le cas partout en Tunisie, car c’est le règlement.
J’aurais aimé pouvoir officiellement siéger dans ce conseil afin de dénoncer, proposer et m’opposer. Là aussi j’ai lâchement fait le choix de me satisfaire de l’acquiescement protocolaire de ces férus de petits fours sans relancer l’affaire, par paresse et en me disant qu’on ne s’improvise pas militant audible.
Le prétexte est mince me diriez-vous, je vous le concède et j’avoue me sentir terriblement coupable. La vérité, il y a aussi cette ambiance de populisme rampant qui fait que le militantisme, les dénonciations, les revendications et les propositions de réforme ont peu de crédit devant l’accusation facile, l’insulte, le complotisme, la haine et que je ne pouvais en aucun cas cautionner ce qui me semble être la plus grave des dérives.
Cette ambiance destructrice et toxique, qui joue sur les peurs et la suspicion, ne fait que dégrader les volontés et la morale, et nous sommes tous responsables de l’avoir au mieux toléré et au pire entretenu.
Nous sommes tous coupables de privilégier la vengeance et les représailles à l’avis éclairé et à l’anticipation.
Nous sommes tous coupables de laisser ces pantins agitateurs et écervelés dominer la seine.
Le décès tragique de cette innocente jeune fille, le deuil de la famille et l’accablement du père étaient-ils évitables ? Certainement que oui. Est-ce la faute d’un responsable, d’un médecin ou d’un agent défaillant dans un système bien huilé et qui a fait ses preuves ? Rien n’est moins sûr, ce système a prévu de n’accepter que les patients ayants des papiers valides ou qu’il s’acquitte des frais d’enregistrement, sauf pour les urgences. Mais est-ce que le ministère de la Santé dispose de décharge signée par les agents d’accueil attestant qu’ils ont pris connaissance d’une procédure détaillée qui définit les inscriptions aux urgences ?
Et puis pour être conséquent, n’importe quelle petite douleur, aussi banale soit elle, peut cacher une urgence. Il revient donc au médecin de faire la part des choses en examinant tout patient avant qu’il ne soit inscrit. Mais le médecin, ce n’est pas un extra-lucide, pour diagnostiquer les vraies urgences, il a besoin de radios et d’analyses ! Il a donc besoin d’examiner comme il se doit le patient.
La solution la plus logique serait donc de ne refuser personne indépendamment de sa situation administrative. Et ne pensez surtout pas qu’avec ça on s’approche du risque zéro, loin de là.
Quand on demande des examens, qu’ils ne soient pas disponibles à l’hôpital et que le pauvre papa ne peut pas se les offrir dans le privé, qu’est-ce que les responsables et les agents sont censés faire ? Et ce sont eux qu’on désigne comme coupables ? C’est eux qu’on lynche sur la place publique ? Ils étaient peut-être censés payer à tous les consultants leurs examens dans le privé ?
Non, non et non c’est la faute de ce système défaillant, dépassé et qui est complètement en rade. Ayons donc la décence de reconnaître nos défaillances, évitons les formules faciles, la paraphrase, les insultes et le lynchage.
Notre système de santé est complètement bancal, il faut commencer par l’admettre et planifier la restructuration, les solutions les plus courageuses ne sont bien évidemment pas les plus populaires. Le partenariat public privé est une nécessité élémentaire et je ne m’étalerai pas là-dessus.
Quand on a une IRM et une salle de cathétérisme dans une petite ville, qu’elles fonctionnent très en-dessous de leurs capacités, pourquoi ne pas en faciliter l’accès à tous les patients plutôt que de vouloir absolument en installer d’autres dans le public ? Pourquoi ne pas utiliser le budget alloué pour combler d’autres besoin ? Mais je ne crois pas que ce soit dans l’ordre du jour, car bien que plausible et pertinent il n’en reste pas moins, impopulaire. Alors entre populisme, efficience et rationalisme, il va falloir choisir, sinon il va falloir ne pas s’étonner et s’indigner quand d’autres innocents vont mourir.
Publié en mars 2025, ‘‘Pour Boualem Sansal’’ (David Reinharc Éditions, mars 2025, 336 pages), réunit soixante textes d’intellectuels, écrivains, artistes et figures publiques qui prennent position en faveur de l’auteur algérien incarcéré. Cet ouvrage collectif est un manifeste en faveur de la liberté de conscience, de la parole critique et de la dignité humaine, à un moment où Boualem Sansal subit l’une des formes les plus dures de répression politique.
Romancier majeur, connu pour ‘‘Le Village de l’Allemand’’, ‘‘2084’’ ou ‘‘Le Serment des barbares’’, Sansal n’a cessé de dénoncer les dérives autoritaires, le poids de l’idéologie et les compromissions du pouvoir. Son engagement, sans concessions, lui a valu une exclusion progressive du paysage institutionnel algérien, jusqu’à son emprisonnement en 2025, dénoncé comme arbitraire par nombre d’observateurs et de défenseurs des droits humains.
Sous la direction de Pascal Bruckner et Michel Gad Wolkowicz, ce recueil ne se limite pas à des hommages littéraires. Il rassemble des textes forts, critiques, mobilisateurs. Les signataires y évoquent l’œuvre, mais aussi l’homme, son courage, sa lucidité, sa solitude. On y lit une inquiétude profonde : laisser Sansal seul face à ses persécuteurs, ce serait céder sur les principes mêmes qui fondent l’espace intellectuel francophone – la liberté de penser, le droit à la dissidence, la force de l’esprit critique.
L’essai s’inscrit dans un mouvement international de solidarité. Des figures comme Orhan Pamuk, David Grossman ou Margaret Atwood ont exprimé publiquement leur soutien. Emmanuel Macron a évoqué son cas en conférence de presse. Des tribunes paraissent dans Le Monde, Courrier international, L’Orient-Le Jour. Une voix monte : ne pas laisser l’oubli s’installer.
Au-delà du sort d’un écrivain, ‘‘Pour Boualem Sansal’’ engage une réflexion sur notre capacité collective à défendre la pensée libre quand elle dérange. Une alerte, et un acte de résistance.
Arrêté avec d’autres militants de différentes nationalités par l’armée d’occupation israélienne à bord du navire humanitaire Handala, le militant tunisien Hatem Laouini devra être libéré ce jeudi.
Le syndicaliste et militant tunisien avait refusé, après son arrestation, de signer le document d’expulsion exigé par les autorités d’occupation en entamant une grève de la faim, rapelle l’avocate Najet Hadriche dans un post publié sur sa page Facebook ce mercredi 30 juillet 2025.
La même source a rappelé qu’à ce jours les militants du Handala avaient été expulsés, à l’exception d’un militant américain et de Hatem Laouini, dont la libération est annoncée après cinq jours de détention dans la prison israélienne de Ramleh.
Me Hadriche a par ailleurs adressé un message à l’ambassade de Tunisie en Jordanie, en appelant les représentants diplomatiques tunisiens à accueillir Hatem Laouini dès son arrivée au poste-frontière, veillent à sa sécurité, et s’assurent qu’il bénéficie d’un examen médical immédiat.
Son accompagnement jusqu’à l’aéroport et la garantie de son arrivée en toute sécurité sur le sol tunisien sont également des priorités absolues, ajoute encore l’avocate.
Rappelons que le Handala est arrivé en Israël dimanche après avoir été intercepté par l’armée israélienne alors qu’il se dirigeait vers Gaza avec de l’aide humanitaire.
A Singapour, le nageur tunisien Ahmed Jaouadi a remporté ce mercredi 30 juillet 2025 la médaille d’or à l’épreuve du 800 nage libre aux Championnats du monde de natation.
Ahmed Jaouadi (20 ans) qui s’est offert son premier sacre mondial en grand bassin, a réalisé un temps de 7:36.88, devançant les deux allemands Sven Schwarz (7:39.96) et Lukas Märtens (7:40.19).
Il a par ailleurs signé le troisième meilleur temps dans l’histoire des 800 nage libre, sachant qu’il est également attendu 1500 mètres nage libre.
Le jeune nageur, qui a fait parler sa puissance, sa vitesse et son endurance et sa course a été qualifiée de spectaculaire, a par ailleurs dédié sa victoire du jour à Ahmed Hafnaoui champion olympique 2021 du 400m nage libre, suspendu vingt-et-un mois par l’Unité d’intégrité des sports aquatiques en avril dernier pour avoir commis trois manquements aux obligations de localisation.
« Reconnaissance, Solidarité, Humilité… Ahmed Jaouadi n’ est pas qu’ un athlète performant; il incarne les valeurs fondamentales du sport et de l’ olympisme. Cette pensée envers Hafnaoui est de toute noblesse. Chapeau bas champion.», a commenté pour sa part le Comité national olympique tunisien (Cnot).
Arrivé en Écosse vendredi 25 juillet 2025, le président américain Donald Trump lâche: «L’immigration est en train de tuer l’Europe. Vous feriez mieux de vous ressaisir sinon l’Europe n’existera plus. Vous devez mettre fin à cette horrible invasion.» Cette tentative de créer une polémique est la énième tentative de diversion de Trump pour faire oublier l’affaire Epstein mais en vain. Sa stratégie de la diversion fait pschitt à chaque fois.
Imed Bahri
David Smith est revenu en détail sur la stratégie de diversion dans une analyse publiée dans le Guardian où il passe au peigne fin la méthode Trump qui pour le moment échoue complètement. L’attention de l’opinion publique demeure braquée sur l’affaire Epstein.
Il est très rare que le président Donald Trump montre le moindre signe de fébrilité. Assis dans le Bureau ovale, un journaliste l’a interrogé sur l’affaire du délinquant sexuel Jeffrey Epstein. «Je ne suis pas très bien, C’est une sorte de chasse aux sorcières», répond le président américain.
Trump continue en invoquant un complot de Barack Obama visant à truquer l’élection de 2016, accusant son prédécesseur de trahison. Et il estime que les journalistes devraient plutôt se pencher sur cette affaire.
Pourquoi l’affaire Epstein lui colle à la peau? Ce n’est pas un mystère. Trump, qui avait autrefois affirmé qu’il pouvait tirer sur quelqu’un sur la Cinquième Avenue à New York sans perdre d’électeurs, s’est tiré une balle dans le pied. Ses partisans sont en révolte ouverte contre son refus de publier les dossiers relatifs au délinquant sexuel Jeffrey Epstein et surtout la liste présumée de ses clients privilégiés.
La machine à distraction
La solution du président consiste à recourir à une stratégie bien connue: distraire, distraire et distraire.
Cette stratégie lui a été utile lors de sa plus grande crise, lors de la campagne électorale de 2016. Le jour même de la diffusion d’un enregistrement d’Access Hollywood montrant Trump tenir des propos obscènes sur les femmes, son équipe de campagne s’est emparée de la publication par WikiLeaks de milliers d’e-mails piratés sur le compte du directeur de campagne d’Hillary Clinton, John Podesta. Trump a survécu et a remporté l’élection.
Depuis, chaque fois qu’il se retrouve en difficulté, ses fans sont impatients de l’aider à tourner la page. Mais l’affaire Epstein entache l’identité politique profonde de Trump, le pourfendeur de l’État profond. Il lance à nouveau de nombreux objets brillants mais ils perdent rapidement leur éclat.
Gwenda Blair, biographe de Trump, observe: «C’est la machine à distraction qui a fonctionné par le passé qui tombe en panne. On essaie les vieilles méthodes sans succès! Ce qui se produit, c’est comme un coup de fouet massif, comme lorsqu’on est dans un véhicule en mouvement, qui avance, souvent à une vitesse assez élevée, et qu’on percute soudainement quelque chose et que notre cou se contracte brusquement avec des conséquences souvent très graves».
La machine à diversion a fonctionné à plein régime. Le 12 juillet, Trump a déclaré qu’il envisageait de révoquer la citoyenneté de l’actrice new-yorkaise Rosie O’Donnell, écrivant sur sa plateforme Truth Social: «Elle est une menace pour l’humanité et devrait rester dans ce merveilleux pays qu’est l’Irlande. QUE DIEU BÉNISSE L’AMÉRIQUE!».
Le 16 juillet, Trump a publié un article annonçant que Coca-Cola avait accepté d’utiliser du vrai sucre de canne dans son produit phare aux États-Unis, édulcoré au sirop de maïs à haute teneur en fructose depuis les années 1980. Le fabricant de boissons gazeuses a ensuite confirmé ce nouveau produit lors de l’annonce de ses résultats financiers du deuxième trimestre.
Le 17 juillet, la Maison-Blanche a offert un aperçu rare de l’état de santé du président de 79 ans. L’attachée de presse, Karoline Leavitt, a déclaré aux journalistes que sa main meurtrie était due à des «serrages de main fréquents» et que ses jambes gonflées étaient dues à une insuffisance veineuse chronique, sans que cela soit inquiétant.
S’en est suivi un week-end mouvementé sur les réseaux sociaux. Trump a publié des vidéos étranges montrant une femme attrapant un serpent dans l’herbe, une voiture glissant sous un camion roulant à toute vitesse sur une autoroute et des personnes effectuant des figures à moto et en jet-ski.
Plus sombre encore, il a affirmé, sans fondement, que des responsables de l’administration Obama avaient fabriqué des rapports de renseignement pour affirmer que la Russie s’était ingérée dans l’élection de 2016.
Il a ensuite publié une fausse vidéo générée par intelligence artificielle montrant Obama contraint à s’agenouiller par des agents du FBI qui le menottent aux pieds d’un Trump radieux dans le Bureau ovale, puis vêtu d’une combinaison orange arpentant une cellule de prison au son de la musique du YMCA du Village People.
Trump a également publié une photo présentant de fausses photos d’identité judiciaire d’anciens responsables dont James Comey, l’ancien directeur du FBI, et Samantha Power, l’ex-directrice de l’USAID. «Comment Samantha Power a-t-elle gagné tout cet argent?», a-t-il écrit.
Et en ce qui concerne le sport, Trump a menacé de bloquer un accord pour le nouveau stade des Washington Commanders si l’équipe de football américain ne revenait pas à son nom d’origine, les Washington Redskins, un nom raciste.
Lundi, nouveau rebondissement. L’administration Trump a publié plus de 6 000 documents relatifs à l’assassinat de Martin Luther King Jr. en 1968, totalisant près d’un quart de million de pages.
Cette décision a cependant semblé se retourner contre lui, ne faisant que rappeler la capacité de Trump à divulguer tous les dossiers qu’il souhaite. Bernice King, la fille du défenseur des droits civiques, a répliqué sur X: «Maintenant, parlons des dossiers Epstein». Et Josh Johnson, animateur de l’émission The Daily Show sur Comedy Central, a réagi goguenard: «Trump est au pied du mur. Il va si mal qu’il publie toujours plus d’histoire sur les Noirs».
Mais Trump semble avoir choisi Obama et le Russiagate comme principal bouclier déflecteur. Ce geste s’attaque aux fondements de Maga, combinant une réaction raciste contre Obama et des théories du complot sur l’État profond. Il peine cependant à le faire passer. Lors de son échange mardi dans le Bureau ovale, il a affirmé qu’il existait des preuves irréfutables qu’Obama était «sédacieux», un mot qui n’existe pas.
Mercredi, Tulsi Gabbard, directrice du renseignement national, a fait une apparition surprise dans la salle de presse de la Maison-Blanche pour proférer des affirmations infondées selon lesquelles Obama et ses «conseillers traîtres» avaient fomenté un véritable coup d’État. Mais une fois de plus, cette tentative de diversion de la Maison-Blanche a été éclipsée par un article de presse selon lequel Trump aurait été informé en mai que son nom figurait dans les dossiers Epstein.
Pour une fois, la tactique du «rien à voir ici, mais regardez là-bas!» de Trump ne fonctionne pas. Reed Galen, président de The Union, une coalition pro-démocratie, déclare: «Il se trouve que la situation est différente car elle est profondément ancrée dans les croyances du mouvement. L’objectif était de renverser l’État profond. Cela montre qu’il ne le fera pas ou n’en a jamais eu l’intention et c’est très perturbant pour eux.»
Pendant ce temps, Trump a tenté de minimiser le scandale en le qualifiant de «truc ennuyeux» et en utilisant l’un de ses mots préférés: «canular». Plus révélateur encore, il a tenté de faire passer Epstein pour une vieille histoire, en se plaignant: «Vous parlez encore de Jeffrey Epstein? On parle de lui depuis des années».
Pourtant, il est toujours pris en échec et mat. Le président, dont tout le jeu repose sur la nostalgie (Alcatraz, le charbon, les pailles en plastique, les Redskins), n’a jamais hésité à revenir sur d’anciens griefs concernant les élections de 2016 et 2020 lorsque cela lui semblait opportun. Ce n’est que maintenant qu’il découvre que les théories du complot se développent et se métastasent mais qu’elles ne meurent jamais.
Donald Trump n’a jamais tenu en grande estime l’Union européenne (UE) et a toujours voulu prendre le dessus dans sa relation avec elle. L’accord acté entre les États-Unis et l’UE le week-end dernier en Écosse symbolise la capitulation des 27 face à l’Oncle Sam cependant les signes de faiblesse sont là depuis des mois. Certains États ont souhaité une attitude plus ferme et plus virile vis-à-vis de l’administration américaine mais d’autres qui privilégient la servilité à l’égard Washington ont poussé vers la capitulation. C’est plutôt la désunion européenne ! À chaque fois que les Européens avancent en rang dispersé, ils perdent la partie.
Imed Bahri
Le Financial Times qui a consacré une enquête au sujet estime que l’UE a entamé son chemin vers la capitulation le 10 avril 2025 en réagissant mollement à la guerre commerciale «vicieuse» que lui a lancée par le président américain.
Les droits de douane massifs imposés par Trump à la plupart des pays du monde au début du mois d’avril, à l’occasion de ce qu’il avait baptisé «Jour de la Liberté», ont semé la pagaille sur les marchés financiers et les investisseurs ont fui les actifs américains par crainte d’une récession. Face à l’intensification des ventes de ces actifs, Trump a fait marche arrière et, le 9 avril, a réduit les droits de douane à 10%, les qualifiant de mesure temporaire.
Cependant, Bruxelles a également reculé. Le 10 avril, elle a suspendu ses droits de douane de rétorsion et accepté l’offre américaine de négociations avec un droit de douane de 10% sur la plupart de ses échanges ainsi que des droits de douane plus élevés sur l’acier, l’aluminium et les véhicules alors considérés comme une menace.
Divergences entre les États membres
Plutôt que de se joindre au Canada et à la Chine pour prendre des mesures de rétorsion immédiates, l’UE, entravée par les divergences entre ses États membres, a choisi de rechercher un compromis dans l’espoir d’obtenir un meilleur accord.
En vertu de l’accord-cadre conclu dimanche par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et Trump au complexe de golf de Turnberry, l’UE a été contrainte d’accepter un tarif de base américain de 15% qui couvre principalement les voitures mais pas l’acier qui serait soumis à des quotas.
Toutefois, selon le journal britannique, le soulagement des décideurs politiques d’avoir évité une guerre commerciale transatlantique immédiate a été tempéré par quelques regrets. L’UE, premier bloc commercial mondial et prétendument une puissance économique majeure, aurait-elle pu obtenir de meilleures conditions si elle n’avait pas initialement modéré ses actions?
Le FT cite un diplomate: «C’est la brute de la cour d’école (Trump, Ndlr). Nous n’avons pas uni nos forces contre lui. Ceux qui ne coopèrent pas sont pendus seuls».
George Yerkelis, ancien fonctionnaire de la Commission ayant participé aux négociations du Brexit, a déclaré que la dernière menace de l’UE d’imposer des droits de douane en représailles sur 93 milliards d’euros (108,33 milliards de dollars) de marchandises américaines est arrivée trop tard.
Yerkelis, qui travaille aujourd’hui au Centre de politique européenne, a ajouté: «Avec le recul, l’UE aurait mieux fait de réagir avec force face aux États-Unis en avril, en ripostant aux hausses de droits de douane chinoises qui ont laissé les marchés et Trump sous le choc».
Selon le journal, Trump considère l’UE comme un parasite, se nourrissant du lucratif marché américain tout en bloquant le sien par des réglementations et des normes. Le président américain a déclaré que l’UE avait été «créée pour affaiblir les États-Unis» et était «plus grossière que la Chine».
Une réponse tardive et hésitante
La réponse de l’UE au retour au pouvoir de Trump en janvier a été hésitante, gaspillant des mois de planification par une équipe dédiée de hauts responsables du commerce, dirigée par Sabine Weyand, experte du Brexit, et Thomas Burt, conseiller commercial de von der Leyen.
Cette équipe a élaboré un plan en trois points.
Le premier : une offre visant à réduire le déficit commercial de près de 200 milliards d’euros (233 milliards de dollars) en achetant davantage de gaz naturel liquéfié, d’armes et de produits agricoles.
Le second: une offre de réductions tarifaires mutuelles sur les marchandises de chaque partie.
Le troisième: si les deux parties échouent, elles prépareront des mesures de rétorsion et compteront sur la réaction du marché à une éventuelle guerre commerciale ou à une hausse de l’inflation aux États-Unis pour forcer Trump à reculer.
Trump a agi plus vite que prévu et, en mars, il avait imposé des droits de douane de 25% sur l’acier, l’aluminium et les voitures.
Lors d’une réunion à Luxembourg ce mois-là, plusieurs ministres du Commerce étaient au bord de la guerre commerciale contre les États-Unis. L’Allemagne, la France et quelques autres pays ont poussé la Commission à la consultation sur l’utilisation du nouveau «bazooka commercial», un outil anti-coercition conçu après le premier mandat de Trump pour contrer l’utilisation de la politique commerciale pour faire pression sur les gouvernements sur d’autres sujets. Cet outil permettrait à Bruxelles d’exclure les entreprises américaines des appels d’offres publics, de supprimer les protections de propriété intellectuelle et de restreindre les importations et les exportations.
Des diplomates ont déclaré, avant le dernier accord, qu’il était difficile de savoir si une majorité des États membres accepterait la menace d’utiliser cet outil anti-coercition.
Sabine Weyand a appelé les ambassadeurs de l’UE, qui se réunissaient au moins une fois par semaine pour discuter de la question, à faire preuve de patience stratégique.
Lorsque la Grande-Bretagne a conclu un accord commercial avec Washington en mai, acceptant le tarif douanier de base de 10% de Trump, ces pays ont encouragé les États membres de l’UE en quête de compromis, notamment l’Allemagne, à accepter une condition similaire.
Trump ne veut pas un accord gagnant-gagnant
Pendant des mois, la Première ministre italienne Giorgia Meloni et le chancelier allemand Friedrich Merz ont maintenu fermement l’offre initiale de l’UE d’éliminer tous les droits de douane industriels si les États-Unis faisaient de même, même si Washington a depuis longtemps exprimé clairement sa volonté de concessions unilatérales.
L’UE a envoyé son commissaire au commerce et à la sécurité économique, Maroš Šefkovich, à Washington à sept reprises pour proposer des pistes d’accord, souligner l’importance des relations transatlantiques et promouvoir le programme allemand d’indemnisation des accidents automobiles. Au total, Šefkovich a eu plus de 100 heures de discussions frustrantes avec ses homologues américains, selon le FT.
Trump a catégoriquement rejeté un accord réciproque permanent de 10% sur les droits de douane auquel sont parvenus plus tôt ce mois-ci les Européens et le représentant américain au Commerce Jamieson Greer ainsi que le secrétaire au Commerce Howard Lutnick et il a menacé au contraire de relever les droits de douane sur l’UE de 20% à 30% à compter d’août. Trump ne veut pas un accord gagnant-gagnant pour les deux parties mais seulement pour son pays.
Pendant des mois de négociations, Sefcovic a exhorté les ministres européens à la prudence. Le ministre irlandais du Commerce, Simon Harris, a été un interlocuteur fréquent, souhaitant préserver les industries pharmaceutique et bovine de son pays d’une éventuelle contre-attaque américaine, sensibilisant le monde entier, et notamment les Américains, à cette préoccupation par de fréquentes publications sur les réseaux sociaux.
Les chefs d’entreprise ont vivement appelé à la retenue, préférant accepter des marges bénéficiaires réduites plutôt que de risquer des droits de douane punitifs qui auraient un impact négatif sur leurs ventes.
L’UE a réduit une deuxième série de droits de douane imposés en représailles aux États-Unis à 72 milliards d’euros (83,86 milliards de dollars) avant d’accepter finalement, le 24 juillet, de les utiliser en cas d’échec des négociations, portant le total à 93 milliards d’euros (108,33 milliards de dollars).
Des mois d’incertitude quant à l’orientation des négociations ont révélé des divisions au sein même de la Commission. Malgré les tentatives du gouvernement français de protéger les entreprises françaises contre les représailles, celui-ci a appelé à plusieurs reprises la Commission à une approche plus ferme face aux droits de douane imposés par Trump. Finalement, l’UE a capitulé et les États-Unis ont remporté la partie.
Dans le cadre de leur engagement en faveur du développement social à El Faouar (gouvernorat de Kébili), où elles exercent leurs activités en Tunisie, la société pétrolière Mazarine Energy et son partenaire, l’Entreprise tunisienne d’activités pétrolières (ETAP), ont récemment organisé une série d’actions solidaires visant à améliorer les conditions de vie dans la région.
La première action a récompensé la réussite et l’excellence scolaires. Elle a bénéficié à 81 élèves du lycée d’El Faouar (un record) ayant réussi leur baccalauréat en 2025.
La deuxième initiative, lancée au cours du mois de juillet par Mazarine Energy et l’ETAP, a été organisée en collaboration avec l’Organisation nationale de l’enfance tunisienne (ONET). Elle a permis de financer des colonies de vacances pour 50 enfants orphelins ou issus de familles démunies de la région d’El Faouar, âgés de 8 à 14 ans. Ces enfants ont ainsi pu profiter d’un excellent séjour à Hammamet, d’une durée d’environ dix jours.
A rappeler que cette initiative avait été lancée en 2023, avec l’organisation d’un premier séjour à Zarzis pour 40 enfants. En 2024, le nombre de bénéficiaires est passé à 50 enfants pour des colonies organisées dans le gouvernorat de Monastir.
Ces actions variées s’inscrivent dans le cadre d’une stratégie sociale de long terme menée par Mazarine Energy et l’ETAP à El Faouar. Elles font partie d’un vaste programme de Responsabilité sociétale des entreprises (RSE), visant à améliorer durablement les conditions de vie dans la région.
Il y aurait dans le Grand Tunis (Ariana, Manouba, Ben Arous et Tunis ville) quelque 1500 bâtiments menaçant ruine dont 500 risquant de s’écrouler sur la tête de leurs habitants.
Ce chiffre a été avancé par la directrice de l’aménagement du territoire, de la construction et de la rénovation à la municipalité de Tunis, Narjes Riahi, qui intervenait ce mardi 29 juillet 2025 dans l’émission ‘‘Ness Eddiwan’’ sur Diwan FM, en précisant que la municipalité intervient après que des experts aient effectué les constats nécessaires sur l’état de ces bâtiments.
La loi permet à la municipalité d’intervenir sans attendre l’avis d’un expert à chaque fois qu’un danger est clairement constaté. Les services concernés se chargent alors de détruire la partie du bâtiment qui menace de tomber, et ce après l’évacuation de ses habitants.
L’écrivain algérien Rachid Boudjedra a raté une occasion de se taire, lui qui n’écrit presque plus (son dernier roman, ‘‘La dépossession’’ est paru en 2017) et qui est presque tombé dans l’oubli. Les mauvaises langues disent qu’il est jaloux du succès de Boualem Sansal et Kamel Daoud qu’il a cru devoir charger pour plaire au régime en place à Alger.
Latif Belhedi
Dans un entretien accordé à la télévision publique algérienne, l’écrivain et ancien maquisard a vivement dénoncé l’attitude de certains auteurs algériens francophones qu’il accuse de «réhabiliter le colonialisme sous couvert de littérature». Une attaque frontale qui vise explicitement Boualem Sansal et Kamel Daoud, qualifiés d’«idéologues opportunistes» atteints, selon lui, du «syndrome du colonisé».
À l’origine de cette sortie médiatique, la réédition de son ouvrage ‘‘Les contrebandiers de l’histoire’’, publié il y a sept ans et désormais disponible dans une version enrichie chez Dar El Hikma. Boudjedra y poursuit son combat contre ce qu’il considère comme une tentative de falsification de l’histoire nationale, menée par une frange d’intellectuels qui, à ses yeux, ont tourné le dos à l’Algérie postcoloniale. «Ils ont saccagé notre mémoire au nom du prestige, de l’argent et de la reconnaissance occidentale», affirme-t-il, tout en évoquant l’influence persistante de «certains lobbys nostalgiques de la colonisation».
Un «écrivainordinaire» et un «marginal psychologiquement instable»
L’auteur du ‘‘Démantèlement’’ ne mâche pas ses mots : Kamel Daoud est présenté comme un «écrivainordinaire», dont les chroniques «insultaient les Algériens tout en encensant le colonisateur et en dénigrant la guerre de libération».
Boualem Sansal est décrit comme un «marginal psychologiquement instable», accusé de relayer des thèses jugées «dangereuses», et entretenant «des liens avec l’extrême droite française».
Boudjedra estime que cette tendance littéraire n’est qu’une mode passagère, vouée à s’effacer : «Dans quelques années, ils tomberont dans l’oubli. Même la société française finira par les rejeter.»
L’écrivain appelle les intellectuels algériens à opposer une «guerre des plumes» à ces narrations qu’il juge toxiques. Il plaide pour un «assaut culturel» en réponse à cette relecture de l’histoire algérienne, et insiste sur la nécessité d’une réforme profonde de l’enseignement de la mémoire nationale, à l’école comme à l’université.
Bien qu’outrancières, les critiques qu’adresse Boudjerda à ses deux collègues ne sont pas totalement injustifiées, l’alignement systématique de ces derniers sur les préjugés des anciens colons à propos des Musulmans, des Arabes et des Palestiniens, entre autres sujets, est pour le moins problématique, mais c’est le timing de ces critiques et le fait qu’elles lui valent l’adoubement officiel du pouvoir en place à Alger qui poseraient problème. Un écrivain sérieux est censé éviter l’instrumentation de ses écrits et de ses positions par le pouvoir, quel qu’il soit.
À noter que le président Abdelmadjid Tebboune a reçu officiellement Rachid Boudjedra ce lundi au Palais présidentiel, marquant ainsi une reconnaissance institutionnelle pour cet écrivain engagé, souvent polémique, mais résolument fidèle à une certaine idée de l’Algérie.
L’interminable guerre génocidaire menée par Benjamin Netanyahu à Gaza dure depuis bientôt deux ans et elle est exécutée par l’armée israélienne cependant au sein de celle-ci les critiques fusent sur les véritables intentions du Premier ministre israélien, les réservistes sont de plus en plus nombreux à déserter et le risque de mutinerie est devenu sérieux.
Imed Bahri
Le Daily Telegraph a publié une enquête de Henry Bodkin et Adrian Blomfield, affirmant que les soldats et généraux israéliens prennent leurs distances avec Netanyahu à cause de la guerre de Gaza.
Selon le Telegraph, cette guerre interminable pourrait entraîner une mutinerie au sein des rangs supérieurs de l’armée israélienne. Les deux auteurs ont cité un incident survenu au sud du Liban où six soldats ont été tués lors d’un affrontement avec des combattants du Hezbollah. Ron Weiner, qui faisait partie du groupe, a survécu. Weiner, 26 ans, a qualifié l’incident d’horrible. Capitaine de l’unité Nahal, il a pu extraire l’un de ses camarades blessés alors que les combats autour d’une maison ont duré cinq heures.
25 jours de prison pour refus de servir
Après cet incident, Weiner a refusé de réintégrer l’armée comme réserviste, probablement pour être déployé à Gaza, en signe de protestation contre la guerre qui a tué plus de 59 000 Palestiniens depuis octobre 2023. Il a déclaré: «Lorsque les bombardements sur Gaza ont repris, il est devenu évident pour moi que notre gouvernement souhaitait prolonger cette guerre aussi longtemps que possible, et non y mettre fin. J’ai alors compris que je ne pouvais pas reprendre du service dans cette guerre».
Wiener a été condamné à 25 jours de prison pour refus de servir. Il ferait partie d’une vague croissante de jeunes réservistes qui estiment ne pas pouvoir participer à la guerre à Gaza. La plupart d’entre eux ne se présentent pas au service soit parce qu’ils «oublient» de lire leur courrier électronique (les convocations sont envoyées par mail) soit parce qu’ils invoquent des urgences médicales ou familiales. Wiener estime que les images d’enfants affamés à Gaza entraîneront une diminution du nombre de soldats qui s’engagent.
Cette vague survient à un moment où la pression sur Israël s’intensifie face aux conditions humanitaires désastreuses à Gaza, les agences humanitaires mettant en garde contre une malnutrition massive et une famine généralisée.
La France a annoncé jeudi son intention de reconnaître la Palestine comme État. Le point de vue de Wiener sur la futilité du conflit semble être partagé par un nombre croissant d’officiers supérieurs, en service ou à la retraite, qui se sont retournés contre la guerre de Netanyahu. Le journal cite le général Assaf Orion, ancien chef de la planification stratégique de l’armée israélienne, qui a déclaré que, si les campagnes israéliennes contre l’Iran et le Hezbollah au Liban avaient des objectifs stratégiques clairs, la poursuite des opérations militaires à Gaza n’est plus une nécessité militaire évidente. Il a déclaré au Telegraph: «À Gaza, je crois que des arrière-pensées ont obscurci l’orientation stratégique des fins et des moyens. Je crois que la principale raison d’une longue guerre à Gaza est l’opportunisme politique».
Netanyahu craint l’effondrement de son gouvernement
Eran Etzion, ancien chef adjoint du Conseil de sécurité nationale israélien, a été plus direct: «Il est clair pour la plupart des Israéliens depuis un certain temps que la principale raison de la poursuite de la campagne de Gaza réside dans les intérêts politiques personnels et juridiques de Netanyahu. Il a besoin de la guerre pour maintenir son pouvoir, voire le consolider».
Nombreux sont ceux qui pensent que Netanyahu craint l’effondrement de son gouvernement si la guerre prend fin car les partis ultranationalistes de sa coalition l’abandonneront. Etzion affirme: «C’est la raison principale. Cela n’a rien à voir avec le Hamas, c’est entièrement Netanyahu».
Si l’on en croit certaines fuites provenant du cabinet de sécurité israélien, le scepticisme ne se limite pas aux généraux à la retraite. Le chef d’état-major interarmées, le général Eyal Zamir, aurait affirmé qu’il y avait peu à gagner à poursuivre l’opération militaire sans risquer la vie de 20 détenus israéliens présumés vivants dans la bande de Gaza.
Un Hamas bien qu’affaibli continue de combattre depuis les ruines de Gaza renvoyant des soldats israéliens de sacs mortuaires en Israël. Netanyahu insiste sur le fait que le mouvement palestinien doit être écrasé et non brisé, en tant que force militaire et gouvernementale et que le meilleur moyen de récupérer les détenus est de poursuivre les combats.
Les négociations de Doha ont échoué et la délégation israélienne est revenue pessimiste quant à la possibilité d’un accord. La réputation internationale de l’État hébreu est en crise, ses alliés traditionnels comme la Grande-Bretagne, la France, le Canada et l’Australie se bousculant pour condamner les rapports de plus en plus nombreux faisant état de famine.
Les dirigeants militaires, dont Zamir, se trouvent face à un dilemme en raison des positions des élus. Sa position s’est clairement manifestée ce mois-ci par son opposition au projet du ministre de la Défense Yisrael Katz de transférer toute la population civile de Gaza vers une prétendue «ville humanitaire» construite sur les ruines de Rafah dans le sud de la bande de Gaza.
Le commandant de l’armée aurait souhaité protéger ses officiers d’une éventuelle complicité de crime de guerre dans un contexte de colère face à la possibilité que cette zone, qualifiée de camp de concentration par l’ancien Premier ministre Ehud Olmert, soit le prélude au déplacement forcé de la population. Cela placerait également ses forces, qui seraient chargées à terme de surveiller le périmètre de la zone et de faciliter l’entrée de l’aide, sous une pression opérationnelle importante.
L’armée craint que le Hamas n’interprète la création d’une cité humanitaire comme un signe de l’intention d’Israël de reprendre les combats après avoir accepté une trêve de 60 jours menaçant ainsi un éventuel accord.
Netanyahu s’est indigné des déclarations des dirigeants militaires israéliens selon lesquelles le projet de cité humanitaire prendrait un an et coûterait 4 milliards de dollars. Le Premier ministre israélien a appelé à un plan «plus court, moins coûteux et plus pratique» et il est difficile de savoir si cette initiative sera un jour mise en œuvre.
Ce plan pourrait dépasser les capacités des généraux de haut rang, déjà profondément insatisfaits de la situation dans laquelle se trouvent leurs forces sous le nouveau régime d’aide soutenu par les États-Unis. Les Nations Unies accusent l’armée d’avoir tué plus de 1000 civils palestiniens par balle à proximité des sites de distribution d’aide. Selon de nombreuses vidéos et témoignages, le contrôle des foules à l’intérieur et autour de ces sites est extrêmement faible et les soldats israéliens qui assurent la sécurité des entrepreneurs américains ouvrent le feu si les Palestiniens s’approchent trop près.
Lors d’une discussion animée au sein du cabinet de sécurité, le général Zamir aurait contraint un ministre d’extrême droite à visionner une vidéo d’un incident montrant la proximité des travailleurs humanitaires avec ses soldats. L’armée israélienne s’est accaparé 75% de la bande de Gaza, objectif qu’elle visait lors du lancement de l’opération Gideon en mai.
La semaine dernière, l’armée a avancé dans la ville de Deir al-Balah. C’est la première fois que ses forces semblent avoir délibérément cherché à s’emparer d’une zone où, selon les renseignements, des détenus israéliens étaient très probablement retenus.
Les coûts pour Israël augmentent et les bénéfices diminuent
Netanyahu et ses alliés affirment que le maintien des derniers éléments du Hamas dans la bande de Gaza mènera à terme à une nouvelle offensive du type du 7 octobre. Ils ont jusqu’à présent rejeté les propositions arabes visant à établir un gouvernement intérimaire pour gouverner la bande en cas de cessez-le-feu permanent.
Le général Orion déclare: «La guerre de Gaza a atteint son paroxysme. Toute opération militaire, comme toute aventure humanitaire, a un point final où les bénéfices diminuent. À un certain point, les grandes réussites rencontrent des résistances et perdent de leur efficacité. Les coûts augmentent et les bénéfices diminuent. À Gaza, nous avons dépassé ce stade».
Bien que les chiffres sur l’ampleur du refus des réservistes de reprendre le service restent flous, les associations et les responsables politiques estiment que pas plus de 60% de ceux qui sont sollicités répondent à l’appel.
La grande majorité de ceux qui ne se présentent pas sont des personnes qui invoquent des problèmes médicaux ou familiaux ou voyagent simplement à l’étranger pendant la période d’appel. Les refus pour des raisons explicitement politiques sont rares mais ils sont en augmentation comme en témoignent le nombre croissant de lettres publiques signées par des réservistes condamnant la conduite de Netanyahu pendant la guerre ainsi que les réprimandes et les licenciements qui ont suivi.
Des anecdotes ont fait état d’officiers contactant frénétiquement les réservistes via les réseaux sociaux, les suppliant de se présenter, leurs rangs étant en baisse.
Parallèlement, la question de la conscription obligatoire pour les juifs ultra-orthodoxes reste d’actualité, Netanyahu s’attendant à revenir sur sa promesse d’obliger les jeunes hommes ultra-orthodoxes à faire leur service militaire.