Le grand problème en Tunisie, c’est qu’il n’existe pas de lois sur le principe de précaution dans la pratique médicale. La justice ne réprime que lorsqu’il y a mort d’homme ou dommage corporel important. Mais les collègues condamnés obtiennent généralement en justice les levées des sanctions ordinales.
Dr Mounir Hanablia *
La dernière déclaration du Conseil national de l’Ordre des médecins a suscité chez les jeunes des réactions où l’angoisse le partage à la nervosité. Selon une habitude solidement ancrée dans ce pays, une catégorie de collègues essaie de mobiliser l’ensemble de la profession, en en suscitant l’émoi, afin de défendre ses intérêts spécifiques.
Il y a quelques années on avait eu les anesthésistes réanimateurs après l’arrestation de l’un de leurs confrères, suite à une erreur médicale. Certains avaient alors exigé la dépénalisation de la pratique médicale, ce qui avait démontré d’abord leur ignorance des réalités.
Un manque à gagner
Maintenant, les agitateurs sont tous ceux qui pratiquent l’échographie dans un but lucratif, hors toute qualification à le faire, c’est-à-dire hors tout cadre légal.
Si les radiologues se sentent légitimement lésés par le manque à gagner qui en résulte, cela ne signifie nullement qu’ils sont eux-mêmes le problème. En Inde, dans un récent documentaire, on a même vu des «faiseurs d’anges» s’acheter des appareils d’échographie. C’est dire que la question mérite d’être soulevée, puisqu’elle peut avoir des conséquences criminelles.
Maintenant, est-ce que des spécialités comme la cardiologie, l’angiologie, ou la gynécologie, sont concernées? Nullement! La formation d’échographiste y fait partie du cursus des spécialités, et sa pratique ne nécessite pas de diplôme spécifique, contrairement à la France par exemple.
Un rappel de principes
Si on examine le fondement légal de cette déclaration du Conseil de l’Ordre, il ne s’agit que d’un simple rappel de principes, afin que la pratique médicale soit conforme aux règles de la déontologie.
A mon avis le grand problème en Tunisie, c’est qu’il n’existe pas de lois sur le principe de précaution dans la pratique médicale. La Justice ne réprime que lorsqu’il y a mort d’homme ou dommage corporel important. Donc il ne faut pas s’attendre à beaucoup de changements, d’autant que les collègues condamnés obtiennent généralement en Justice les levées des sanctions ordinales, une habitude héritée de l’époque où les velléités corporatistes étaient étroitement assujetties aux intérêts du pouvoir politique.
Néanmoins, l’instance ordinale est parfaitement dans son droit et son rôle pour rappeler des règles de déontologie. On attend même qu’elle aborde des problèmes plus sérieux, comme par exemple la latitude laissée aux cardiologues de pratiquer l’angioplastie coronaire dès l’acquisition de leur diplôme alors que leur formation y est nettement insuffisante et que les conséquences en sont bien plus redoutables. Ou bien encore l’invasion de la radiologie interventionnelle par les chirurgiens vasculaires.
Enfin, avant de jeter la pierre à l’ensemble d’une spécialité, il ne faut pas oublier que les installations de radiologie nécessitent un investissement considérable, et que les radiologues depuis l’apparition de l’Intelligence Artificielle, ont le sentiment d’être une profession en sursis et s’inquiètent à juste titre de l’avenir.
Alors que certains ses voisins avancent à pas sûrs vers l’avenir, la Tunisie semble résolument attachée à une vision figée de son transport aérien. Le monde se réinvente autour de nous, mais Tunisair s’arc-boute sur un modèle dépassé, sans anticipation ni ambition, ce qui lui vaut (et nous vaut) une marginalisation progressive sur les plans régional et international.
Leith Lakhoua *
Dernière illustration en date : l’annonce par Royal Air Maroc (RAM) d’un projet d’envergure pour renouveler et élargir sa flotte. La compagnie marocaine est sur le point de conclure une commande colossale de près de 14 milliards de dollars, comprenant : 24 Boeing 787 Dreamliner pour ses vols long-courrier; jusqu’à 50 Boeing 737 pour les lignes court-courriers ; et 20 Airbus A220 pour les dessertes régionales.
La RAM déploie ses ailes
Ce plan s’inscrit dans une stratégie claire et assumée du royaume chérifien : faire du Maroc un hub aérien de premier plan en Afrique de l’Ouest. Tout est pensé dans une logique de connectivité régionale, de compétitivité internationale et de rayonnement économique.
Et nous, en Tunisie ? Du côté de Tunisair, c’est le silence radio. Aucun plan connu. Aucun signal fort. Aucune stratégie publique digne de ce nom. La compagnie nationale, autrefois fleuron régional, stagne dans une léthargie inquiétante, prise en étau entre une flotte vieillissante, des problèmes structurels chroniques et un immobilisme politique confondant.
Tunisair clouée au sol
Les années passent, les gouvernements se succèdent, les promesses s’accumulent, mais rien ne change vraiment. Pire, alors que le monde se réinvente autour de nous, Tunisair semble s’arc-bouter sur un modèle dépassé, sans anticipation ni ambition.
À qui incombe cette responsabilité ?
Il serait trop facile de la faire peser uniquement sur les directions successives de Tunisair. La responsabilité est collective et politique.
Elle est celle des ministères concernés qui n’ont pas su ou voulu bâtir une vision nationale de l’aviation civile; de l’État actionnaire qui, au lieu de soutenir une réforme courageuse, a trop longtemps maintenu la compagnie sous perfusion sans réelle restructuration; des partenaires sociaux, parfois arc-boutés sur des positions rigides, qui freinent toute évolution; et, enfin, celle de l’élite politique, incapable de faire de l’aviation civile un levier stratégique pour le tourisme, le commerce et la diplomatie tunisiennes.
Le contraste avec le Maroc est cruel. Tandis que Casablanca s’équipe pour devenir une plateforme aérienne moderne et ambitieuse, Tunis semble accepter une marginalisation progressive, y compris dans son propre espace géographique.
Il est encore temps d’agir. Mais pour cela, il faut du courage politique, une vision long terme, et une volonté de rupture avec les habitudes du passé. La Tunisie a les compétences, les talents et la position géographique pour redevenir un acteur majeur du transport aérien en Méditerranée et en Afrique.
Encore faut-il s’en donner les moyens. Sinon, nous continuerons à regarder nos voisins décoller… pendant que nous restons cloués au sol.
* Consultant en organisation industrielle et logistique.
Entre attaques israéliennes et représailles iraniennes, c’est une guerre qui se déroule depuis vendredi au Moyen-Orient dont les observateurs ont du mal à apprécier l’éventuelle durée. En attendant le retour aux négociations politiques, qui ne sont pas pour le moment à l’ordre du jour, les deux parties continuent d’enregistrer des morts, des blessés et des dégâts matériels. Un climat d’instabilité et de peur règne dans toute la région, provoquant une onde de choc planétaire.(Ph. Secours israéliens déployés après une frappe iranienne).
Deux personnes ont été tuées et une vingtaine d’autres blessées dans une frappe iranienne sur Israël, a indiqué le Maguen David Adom, équivalent israélien de la Croix-Rouge, à l’aube de ce samedi 14 juin 2025. Cela porte à trois morts le bilan des tirs de représailles menés par l’Iran contre les attaques aériennes israéliennes d’une ampleur sans précédent qui ont visé plus de 200 sites militaires et nucléaires.
La télévision d’Etat iranienne a annoncé, ce matin, «une nouvelle série d’attaques dans le cadre de l’opération “Promesse honnête 3”», nom donné aux tirs de représailles aux frappes israéliennes.
Téhéran, dont la riposte a commencé vendredi soir a affirmé viser «des dizaines de cibles», «de bases et d’infrastructures militaires» en Israël.
Certains de ces missiles ont pu être interceptés, a déclaré l’armée israélienne qui avait appelé la population à se réfugier dans des abris anti-bombardements. Vendredi soir, les pompiers israéliens ont fait état de «plusieurs incidents majeurs» autour de Tel-Aviv.
Dans le même temps, de fortes explosions ont été entendues dans la nuit à Téhéran, alors que la défense antiaérienne était activée, selon l’agence officielle Irna, contre de nouvelles frappes israéliennes. Des flammes dégageant une épaisse fumée s’élevaient, samedi matin, à l’aéroport Mehrabad de Téhéran, a constaté un journaliste de l’AFP alors que les médias locaux faisaient état d’une explosion dans les environs.
La République islamique iranienne a annoncé, ce matin, avoir abattu samedi des drones israéliens qui étaient en mission de reconnaissance au-dessus du nord-ouest du pays, a rapporté un média d’État.
Les forces iraniennes «ont réussi à abattre des drones israéliens qui avaient violé l’espace aérien du pays dans la région frontalière de Salmas», a indiqué la télévision d’État iranienne, ajoutant que «les drones avaient pénétré dans l’espace aérien iranien pour des missions d’espionnage et de reconnaissance».
Les frappes israéliennes en Iran ont tué 78 personnes et en ont blessé plus de 320 autres, «une large majorité étant des civils, dont des femmes et des enfants», selon l’ambassadeur iranien à l’Onu, Amir Saeid Iravani.
En Israël, le bilan des tirs de missiles iraniens s’élève à 3 morts et une cinquantaine de blessés. Les services de secours avaient fait état, vendredi soir, de 47 blessés, puis une sexagénaire est décédée de ses blessures dans la région de Tel-Aviv, selon les médias locaux.
L’armée israélienne a annoncé avoir « démantelé » la base militaire de Tabriz, dans le nord-ouest de l’Iran.Une attaque a également visé le site d’Hamadan, situé 500 km environ plus au sud.
L’armée israélienne a aussi affirmé avoir «démantelé» une usine d’uranium à Ispahan, au centre du pays. Les dégâts sur ces installations comme sur le site de Fordo, au sud de Téhéran, sont mineurs, a, au contraire, assuré l’organisation iranienne du nucléaire.
Benjamin Netanyahu a déclaré qu’Israël avait mis en place contre l’Iran «une des plus grandes opérations militaires de l’histoire». L’heure est venue pour les Iraniens de se révolter contre le «régime maléfique et oppressif» qui les gouverne, a ajouté le premier ministre israélien.
Le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghtchi, a écarté, vendredi, toute retenue vis-à-vis d’Israël. De son côté, le ministre de la défense israélien a estimé que l’Iran avait franchi des «lignes rouges» en tirant des missiles sur des centres urbains israéliens.
L’organisation de l’aviation civile iranienne a annoncé que l’espace aérien du pays serait fermé jusqu’à samedi, à 14 heures (12 h 30, heure de Paris). De nombreuses compagnies, comme Air India, Emirates ou Air France avaient déjà supprimé ou dérouté des dizaines de vols, vendredi, après les frappes israéliennes sur le territoire iranien.
Le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, a appelé, vendredi soir, Iran et Israël à mettre fin à leurs attaques. «Bombardements israéliens sur des sites nucléaires iraniens. Frappes de missiles iraniens sur Tel-Aviv. Assez de l’escalade, il est temps que ça cesse. La paix et la diplomatie doivent l’emporter», a-t-il écrit sur X.
Le premier ministre britannique, Keir Starmer, et le président américain, Donald Trump, ont, eux, «convenu» de «l’importance de la diplomatie et du dialogue» dans la résolution du conflit entre Israël et l’Iran, lors d’un entretien téléphonique vendredi soir, a annoncé Downing Street.
La directrice générale de l’Office des céréales, Saloua Ben Hedid, a déclaré à l’agence TAP, que les prévisions de récolte de céréales à Siliana s’élèvent à 2,5 millions de quintaux. Cette déclaration a eu lieuà l’occasion du lancement officiel de la campagne de moisson dans une ferme de la délégation de Bourouis (gouvernorat de Siliana).
À ce jour, 283 000 quintaux ont été collectés dans la région, dont 9 % d’orge, a-t-elle précisé. Par ailleurs, 600 000 quintaux ont déjà été récoltés dans le gouvernorat de Kairouan.
Elle a ajouté que les opérations d’évacuation de la récolte se poursuivent afin de désengorger les centres de collecte, soulignant que l’Office a aménagé de nouveaux espaces pour accueillir des quantités supplémentaires d’orge.
Au niveau national, la capacité de collecte devrait atteindre 8 millions de quintaux au cours de cette saison, un chiffre record, selon la responsable.
De son côté, la cheffe du département de la production végétale au Commissariat régional au développement agricole de Siliana, Noura Zouari, a souligné que les conditions climatiques ont été favorables cette année grâce aux précipitations régulières enregistrées dans la région. Elle a rappelé que le gouvernorat de Siliana compte 28 centres de collecte, offrant une capacité de stockage d’environ 1,1 million de quintaux de céréales.
Le 13 juin 2025, le président turc Recep Tayyip Erdoğan a vivement dénoncé les frappes israéliennes contre l’Iran, qualifiant ces actions de « banditisme » et de « crimes de guerre évidents ». Il a exhorté la communauté internationale à intervenir pour stopper ce qu’il a décrit comme une agression israélienne menaçant la stabilité régionale et mondiale, rapporte Lorient Le jour..
Cette déclaration fait suite aux frappes israéliennes ayant ciblé des installations nucléaires et militaires iraniennes, à l’aube de vendredi 13 juin, mais aussi tuant plusieurs hauts responsables militaires du régime des mollahs, dont le général Hossein Salami, chef des Gardiens de la Révolution, et le général Mohammad Bagheri, chef d’état-major iranien.
Pour l’Iran, ces attaques constituent une « déclaration de guerre » et a promis une riposte « sans limites ».
Erdogan a également critiqué l’inaction de l’ONU face à ces violations du droit international, soulignant que l’organisation internationale semblait incapable de protéger ses propres forces de maintien de la paix, comme en témoigne l’attaque israélienne contre la FINUL au Liban, ajoute le média libanais.
Tesla a annoncé son installation officielle au Maroc grâce à une filiale qui, en plus de l’importation de voitures électriques, aspire à participer activement au développement des infrastructures de recharge, à la transition énergétique et à la croissance des énergies renouvelables.
L’information est désormais officielle : Tesla établit sa présence au Maroc en inaugurant son bureau à la Tour Crystal, située dans le centre de la Marina de Casablanca. Cette arrivée souligne l’intérêt prononcé du géant américain pour le marché marocain, particulièrement dans les domaines de la mobilité électrique et des énergies vertes.
Un capital de 27,5 millions de dirhams
Fondée le 27 mai 2025 sous l’autorité des entités néerlandaises, Tesla International BV et Tesla Motors Netherlands BV, la branche Tesla Morocco se distingue par un capital social de 27,5 millions de dirhams – soit environ 2,6 millions d’euros -, divisé en 275 274 actions.
Sa mission ne se limite pas à la commercialisation de voitures électriques, elle englobe aussi la création d’infrastructures de recharge, la fourniture de solutions énergétiques solaires et le stockage d’énergie.
L’implantation de Tesla au Maroc se fait dans un environnement stratégique propice. Déjà pôle automobile significatif en Afrique, le Royaume chérifien bénéficie d’une industrie dynamique portée par des acteurs majeurs tels que Renault et Stellantis.
Outre le secteur automobile, le Maroc aspire à se distinguer dans la production de batteries, en particulier grâce à l’extraction de phosphate de fer et de lithium, technologie favorisée par Tesla pour ses batteries de prochaine génération.
Un contexte stratégique propice
Ainsi, la vision du fabricant américain va bien au-delà de la simple importation de véhicules. Cela pourrait éventuellement favoriser le développement d’un écosystème industriel dédié aux véhicules électriques, en rapport avec les stratégies marocaines destinées à minimiser l’impact carbone et à consolider l’autonomie énergétique.
Il reste à déterminer si Tesla, en plus de son développement commercial, approfondira son engagement industriel au Maroc en envisageant, par exemple, l’établissement d’une usine de production sur place. Pour l’instant, cette première étape représente un progrès notable dans l’intégration du pays à la révolution mondiale de la mobilité électrique.
La municipalité de La Manouba a donné jeudi 11 juin le coup d’envoi d’un projet pilote de collecte et de valorisation des huiles alimentaires usagées, en partenariat avec l’Agence nationale de gestion des déchets (ANGED). L’initiative a été inaugurée lors d’une journée de sensibilisation organisée à l’occasion de la Journée nationale de la propreté et de l’environnement.
À cette occasion, deux conventions ont été signées : l’une entre la municipalité et l’ANGED, l’autre entre une entreprise spécialisée dans la collecte des huiles usagées et six résidences pilotes de la ville, qui participeront activement à la phase expérimentale.
Le ministre de l’Environnement, Habib Abid, présent lors du lancement, a précisé que ce projet s’inscrit dans le cadre de la stratégie nationale de transition écologique, axée sur la consommation durable, la gestion intégrée des déchets et la réduction des impacts environnementaux. Il a rappelé que la valorisation de ce type de déchets s’inscrit dans les priorités de l’État pour une économie circulaire plus efficiente.
Il a également souligné que plus de 5 000 tonnes de déchets ont été collectés à la décharge de Borj Chakir durant les deux jours de l’Aïd al-Adha, illustrant l’ampleur des enjeux liés à la gestion des déchets urbains.
De son côté, le directeur général de l’ANGED, Badreddine Lasmar, a indiqué que La Manouba devient ainsi la deuxième municipalité à intégrer cette initiative pilote, après d’autres expériences menées dans le Grand Tunis, ainsi que dans les gouvernorats de Nabeul et Bizerte. Le programme vise à collecter environ 10 000 tonnes d’huiles usagées sur la période 2025-2027.
Selon lui, la Tunisie consomme en moyenne 220 000 tonnes d’huiles alimentaires par an, dont 88 000 tonnes deviennent des déchets – plus de la moitié provenant des ménages. Il estime que la valorisation d’une tonne d’huile usagée pourrait générer un revenu d’environ 2 000 dinars, notamment à travers sa transformation en biodiesel. Actuellement, environ 40 000 tonnes sont déjà valorisées chaque année à cette fin.
Fethi Darouez, secrétaire général de la municipalité de La Manouba, a pour sa part annoncé que 500 familles locales ont déjà adhéré au projet, qui devrait s’élargir prochainement à d’autres acteurs, notamment les restaurants universitaires et les établissements de santé.
Ce projet s’inscrit dans une dynamique plus large visant à structurer des filières de valorisation de déchets à fort potentiel économique et environnemental, à l’échelle locale et nationale.
La Tunisie a accueilli, en 2024, 170 000 curistes dans ses 60 centres spécialisés en thalassothérapie, en majorité des touristes étrangers. Elle est deuxième destination mondiale pour la thalassothérapie, après la France.
Selon l’Office national du thermalisme et de l’hydrothérapie (ONTH), la France reste le principal marché émetteur, avec 40 % des arrivées en Tunisie.
Moufida Ben Nasr Ayadi, responsable de la communication de l’ONTH, a déclaré à la radio nationale que la Tunisie comptait également 63 stations thermales traditionnelles, dont les célèbres Hammam Zriba, Hamma Gabès et Korbous.
Les cures thermales aux eaux minérales chaudes ont été particulièrement populaires en 2024, avec 5 millions de visiteurs enregistrés dans tout le pays.
Par ailleurs, les sept établissements de thalassothérapie modernes ont attiré à eux seuls 70 000 clients.
Le secteur de l’hydrothérapie compte 390 centres répartis dans les principales villes et de nombreux hôtels. Ce segment a attiré environ 1,2 million de personnes en 2024.
Le ministère égyptien des Affaires étrangères a souligné l’obligation d’obtenir une autorisation préalable pour se rendre sur son territoire, notamment dans la région frontalière adjacente à Gaza (la ville d’Al-Arish et le point de passage de Rafah).
Cette décision fait suite aux récentes demandes et interrogations concernant les délégations étrangères souhaitant accéder à la zone.
Dans un communiqué publié mercredi soir, 11 juin 2025, le ministère a souligné l’importance du respect des lois et réglementations d’entrée en Égypte, notamment l’obtention préalable de visas ou des autorisations nécessaires.
Le ministère a indiqué que la seule façon pour les autorités égyptiennes d’examiner ces demandes est de suivre les procédures réglementaires établies, en vigueur depuis le début de la guerre à Gaza.
Il s’agit notamment de soumettre des demandes officielles au ministère des Affaires étrangères par l’intermédiaire des ambassades égyptiennes à l’étranger, des ambassades étrangères au Caire ou des représentants d’organisations.
Le communiqué a souligné que de nombreuses visites de délégations étrangères, gouvernementales et non gouvernementales de défense des droits humains, ont déjà été facilitées grâce à ces procédures.
Le ministère a souligné que le respect de ces règles est crucial pour garantir la sécurité des délégations en visite, compte tenu de la situation sécuritaire délicate dans la zone frontalière depuis le début de la crise de Gaza.
Il a également affirmé que toute demande ou tout appel sortant du cadre officiel ne sera pas pris en compte.
Par ailleurs, le convoi «Soumoud pour briser le siège de Gaza et mettre fin au génocide», parti de Tunisie le 9 juin, a atteint la ville libyenne de Zliten. Selon le militant Jawhar Chenna, le convoi vise à créer un «pont humain» pour soutenir les Palestiniens, en coordination avec les défenseurs de la cause palestinienne et les bénévoles.
Dans un communiqué publié mercredi, le comité d’organisation du convoi a confirmé avoir contacté l’ambassadeur d’Égypte à Tunis avant son départ, l’assurant lors d’une réunion officielle que, s’il était autorisé à atteindre le point de passage de Rafah, il respecterait pleinement la souveraineté et les lois égyptiennes, son message étant adressé uniquement contre «l’ennemi sioniste».
Le comité a précisé que son engagement avec les autorités égyptiennes se limite strictement à la coordination juridique, administrative et sécuritaire concernant le passage du convoi.
Réviser plusieurs lois relatives à la fiscalité pour garantir davantage de justice sociale, et rouvrir les vannes des recrutements dans le secteur public pour lutter contre le chômage : telles sont les principales orientations de la loi de finances et du budget de l’État pour 2026. La crainte est que, pour financer les dépenses qui seront programmées, on recourra aux mêmes leviers utilisés jusque-là, à savoir la hausse d’impôt et l’endettement extérieur.
Le président Kaïs Saïed l’a déjà annoncé dans de nombreuses déclarations, et c’est au tour de la Première ministre Sarra Zaafrani Zenzeri de le rappeler au cours d’un conseil des ministres qu’elle a présidé mercredi 11 juin 2025 au Palais du gouvernement à la Kasbah.
La Première ministre a souligné que la loi de finances 2026 doit incarner une vision stratégique et servir d’outil de mise en œuvre des politiques publiques dans le cadre du programme économique et social de l’État. Ce programme vise à concilier croissance économique et justice sociale, conformément au Plan de développement 2026-2030, qui reflétera la volonté populaire, a-t-elle déclaré, en soulignant que les choix nationaux sont les seuls à même de répondre aux attentes de la population.
Etat social et hausse d’impôt
La Première ministre a insisté sur la nécessité d’une nouvelle approche pour l’élaboration de la loi de finances 2026, qui aille au-delà des solutions temporaires et des demi-mesures. Elle doit plutôt refléter la vision de l’État consistant à renforcer les fondements de l’État social, tout en garantissant la justice fiscale et l’équité sociale, en augmentant le pouvoir d’achat, en équilibrant la croissance économique avec la justice sociale et en augmentant le taux de croissance économique en stimulant l’investissement et en établissant un cadre social et économique approprié pour la phase de construction et de construction.
Mme Zaafrani Zenzeri a également souligné que toutes les politiques économiques de l’État doivent respecter des principes fondamentaux, notamment la préservation de la souveraineté nationale et l’indépendance décisionnelle.
Parallèlement, l’État doit rester ouvert à l’environnement régional et international de la Tunisie afin de soutenir et de consolider les décisions nationales concernant le rôle social de l’État et la promotion du développement local, régional et territorial, a-t-elle déclaré dans le même communiqué.
Le Conseil des ministres a défini les priorités suivantes pour le budget 2026 :
– renforcer l’État social en élargissant le soutien aux groupes vulnérables et à faibles revenus, tout en promouvant les mécanismes d’autonomisation économique qui bénéficient particulièrement à ces groupes, afin d’améliorer les conditions de vie;
– développer les ressources propres de l’État en poursuivant une politique d’autonomie, en réduisant l’évasion fiscale, en intégrant l’économie informelle et en diversifiant les sources de financement du budget de l’État, conformément à une nouvelle vision;
– promouvoir l’emploi, améliorer le niveau de vie et renforcer le système de protection sociale, tout en valorisant le capital humain, ce qui peut être réalisé en promouvant la justice sociale, en maintenant le pouvoir d’achat des groupes vulnérables et à revenu moyen et en fournissant un plus grand soutien social aux groupes vulnérables, ainsi qu’un accompagnement et un soutien aux créations d’entreprises;
– mettre en œuvre des mesures visant à améliorer les revenus, renforcer les mécanismes d’intégration économique et sociale, créer des emplois, offrir des conditions de travail décentes, éliminer l’emploi précaire, faciliter l’accès au logement, renforcer la cohésion sociale, améliorer tous les services publics et développer le système de sécurité et de couverture sociale;
– promouvoir l’investissement dans le cadre d’une approche globale fondée sur la libéralisation de l’entrepreneuriat et l’amélioration du climat des affaires, afin que l’investissement public stimule l’investissement privé et accélère la croissance économique;
– accélérer l’interconnectivité et faire de la transformation numérique de l’administration un outil de modernisation, de transparence, de facilitation des transactions et d’ouverture de perspectives pour soutenir l’économie numérique;
– investir dans des programmes de développement régional fondés sur des principes constitutionnels stimulera le développement des régions.
Cette approche contribuera à la formulation des priorités régionales, en commençant par les propositions de programmes et de projets au niveau des conseils locaux, puis en passant par les conseils régionaux et de district, jusqu’au niveau national. Le plan de développement pour la période 2026-2030 sera élaboré sur cette base éminemment sociale. Les dépenses liées au développement constituent un levier essentiel pour stimuler la croissance économique et attirer les investissements privés, notamment aux niveaux régional et de district.
Et la relance économique ?
Lors du Conseil des ministres, il a été souligné que ce projet repose sur un ensemble de principes visant à renforcer les piliers de l’État social, à maintenir l’équilibre financier et à améliorer l’efficacité de la performance publique dans divers secteurs.
Les principes de base les plus importants incluent la simplification des procédures pour les Tunisiens à l’étranger, le soutien au financement des start-ups et des entreprises communautaires et le financement des entreprises actives dans les secteurs de l’économie verte, bleue et circulaire.
Voilà donc pour les orientations, généreuses s’il en est, et qui sont inspirées par une volonté de réduire le gap entre les différentes couches sociales. Reste qu’on peut toujours donner davantage à ceux qui en ont le plus besoin, encore faut-il avoir un bon matelas financier, donc des recettes, fiscales et autres, et ne pas recourir seulement aux deux principaux leviers utilisés jusque-là, la hausse d’impôt et l’endettement extérieur, dont les effets sont souvent négatifs, et aggravent la récession économique dont souffre le pays depuis 2011.
On aurait souhaité voir l’Etat opter pour une loi de finances et un budget de l’Etat plutôt tournés vers la relance économique, la maîtrise des dépenses publiques et l’impulsion de l’investissement, de manière à créer une richesse susceptible d’être partagée. Etant entendu que le partage de la pauvreté n’a jamais été une bonne politique.
Le gouvernement avait déclaré avoir une stratégie visant à développer plusieurs zones du pays selon le modèle de « Ras Al-Hikma ». En vertu d’un décret présidentiel paru dans la Gazette Officielle le mardi 11 juin, l’Égypte a confié un terrain de 174 millions de mètres carrés au ministère des Finances.
Cette attribution vise clairement à « diminuer la dette publique de l’État et à simplifier l’émission de soukouks souverains », qui sont des outils financiers que l’Etat émet afin de se financer. C’est ce qu’écrit ahram.info. Mais l’usage précis de ces terrains n’a pas été spécifié. D’après les chiffres de la Banque centrale d’Égypte, fin septembre 2024, la dette extérieure de l’Égypte s’élevait à 155,2 milliards de dollars.
A rappeler qu’au début de 2024, l’Égypte avait conclu un contrat de 35 milliards de dollars avec les Emirats arabes unis pour le développement de Ras Al-Hikma, une région s’étendant sur 170 km² sur la côte méditerranéenne, rappelle la même source. Cet accord a représenté le plus important investissement direct dans l’histoire du pays et a aidé à atténuer la crise financière et la rareté des devises étrangères qui a culminé en 2022.
L’administration indique avoir un projet visant à exploiter diverses régions selon ce modèle. Selon les propos du Premier ministre, Mostafa Madbouly, l’Égypte disposerait d’une stratégie visant à contenir le seuil maximal de la dette extérieure. L’émission d’obligations a pour objectif principal de prolonger la durée de la dette nationale, assure-t-il.
Ces initiatives ont permis de réduire le rapport de la dette extérieure au PIB à des niveaux considérés comme sécurisés. L’intention actuelle est de « réduire chaque année la dette extérieure globale de 1,5 à 2 milliards de dollars ».
Alors que police de l’immigration américaine fait des arrestations massives dans plusieurs secteurs de Los Angeles où se trouvent une grande population de migrants provenant de l’Amérique latine, de très grandes manifestations ont lieu pour s’y opposer. Donald Trump a décidé de mobiliser la Garde nationale et les Marines pour faire face à ces manifestations qui se tiennent dans une ville et un État profondément démocrate en l’occurrence la Californie. Pire, le président américain appelle à l’arrestation du gouverneur Gavin Newsom qui est en train de devenir la figure de proue de l’opposition à son pouvoir.
Imed Bahri
Dans une analyse publiée dans le New York Times, l’éditorialiste Michelle Goldberg décrit avec acuité ce qu’elle perçoit comme les signes d’un autoritarisme sous la présidence de Trump. Elle exprime sa vive inquiétude depuis la réélection de de dernier et surtout aujourd’hui alors qu’il fait appel à l’armée pour faire face aux manifestations qui se tiennent à Los Angeles contre les expulsions massives des migrants ce qui pourrait conduire les États-Unis à l’application de la loi martiale.
Goldberg souligne que, même dans les scénarios les plus pessimistes, elle n’a jamais imaginé que Trump déploierait des forces militaires dans les rues d’une ville américaine contre la volonté des autorités locales, simplement pour répondre à des manifestations relativement modestes comme ce fut le cas la semaine dernière à Los Angeles. Il est devenu clair que Trump n’a pas besoin d’une véritable crise pour lancer une répression autoritaire, il peut tout simplement la créer.
Goldberg reconnaît que certains manifestants ont agi violemment, ce qui, selon elle, est contraire à l’éthique et contre-productif et in fine profite au pouvoir. Toute attaque contre des biens publics comme l’incendie de stations de taxis ou le vandalisme de vitrines fait le jeu de l’administration et lui fournit un prétexte à utiliser pour tenter de justifier ses méthodes musclées.
L’éditorialiste estime cependant que l’affirmation selon laquelle la ville traversait un dangereux état de chaos justifiant une intervention militaire est une pure fiction. Samedi soir, la police de Los Angeles a publié un communiqué déclarant: «Aujourd’hui, les manifestations dans la ville étaient pacifiques et nous félicitons tous ceux qui ont exercé leurs droits constitutionnels de manière responsable».
En dépit de cette affirmation, Trump a outrepassé l’autorité du gouverneur de Californie Gavin Newsom et a fédéralisé la Garde nationale de l’État invoquant une loi rare qui n’est activée qu’en cas d’insurrection ou de menace d’insurrection contre l’autorité du gouvernement des États-Unis.
Trump ne s’était pas arrêté là. Il avait décidé d’envoyer 700 Marines aux côtés des milliers de soldats de la Garde nationale déjà déployés. Malgré ce renforcement militaire, la LAPD (police de Los Angeles) a exprimé son opposition à cette présence, le chef de la police Jim McDonnell a déclaré: «L’arrivée des forces fédérales à Los Angeles sans coordination claire représente un défi logistique et opérationnel important».
Cependant, la protection de la ville n’a jamais été le véritable objectif de Trump. Les manifestations n’ont plus besoin d’être violentes pour être qualifiées de «soulèvement illégal». L’appel à la Garde nationale intervient normalement pour faire face aux actes de violence et aux manifestations qui entravent le maintien de l’ordre mais dans ce cas, la définition de menace s’est élargie aux manifestations même pacifiques.
Goldberg cite un exemple datant du mois de mai quand des agents fédéraux armés ont pris d’assaut deux restaurants italiens populaires de San Diego maîtrisant les employés et arrêtant quatre personnes. Une foule en colère s’est rassemblée devant les restaurants scandant «Honte» et a empêché les clients de partir pendant un certain temps. Dans la logique actuelle de Trump, ces manifestants pourraient être considérés comme insurrectionnelles et passibles d’une action militaire.
L’éditorialiste insiste sur le fait que la violence sert le discours du pouvoir tandis que la manifestation pacifique est la véritable menace qu’il cherche à réprimer. Elle cite l’appel lancé lundi par Trump à l’arrestation du gouverneur Newsom. Et souligne que tout observateur extérieur aurait conclu à l’instauration de l’autoritarisme s’il avait été témoin de scènes comme l’envoi de troupes pour réprimer la dissidence intérieure, l’arrestation de dirigeants syndicaux et les menaces contre des opposants politiques.
Goldberg pose une question cruciale : Comment peut-on encore convaincre les Américains opposés à l’autoritarisme de se mobiliser?, notant que beaucoup s’attendent à ce que l’affrontement de Los Angeles renforce la popularité de Trump en le présentant comme un défenseur de la loi et de l’ordre surtout qu’il a le don de créer des scènes conflictuelles qui attisent les émotions de ses partisans.
Une opinion instable
Cependant, l’opinion publique américaine reste instable et il est donc essentiel que tous ceux qui ont une tribune -politiciens, anciens combattants, responsables culturels et religieux- saisissent l’occasion pour condamner les excès de l’administration et se mobilisent.
Goldberg note que des responsables comme le chef adjoint de cabinet de la Maison-Blanche Stephen Miller promeuvent l’idée que Los Angeles est «un territoire occupé» invoquant le fait que certains manifestants agitent des drapeaux étrangers. Les Américains qui croient en la démocratie doivent dénoncer ce récit et lui crier au visage: «C’est un mensonge stupide et insultant destiné à justifier une prise de pouvoir dictatoriale».
L’éditorialiste se souvient de ce qui s’est passé en 2020 lorsque Trump a pris une photo devant l’église Saint-Jean après que la police a utilisé des gaz lacrymogènes contre des manifestants. L’incident a suscité une indignation générale parmi les chefs religieux et les militaires à la retraite et la Maison-Blanche a été contrainte de reculer. Un sondage réalisé à l’époque montrait que deux tiers des Américains tenaient Trump pour responsable de l’exacerbation des tensions.
Dérive vers la dictature
Goldberg prévient que la situation a changé. De nombreux démocrates hésitent à s’engager dans une nouvelle bataille après les pertes politiques subies suite aux réactions négatives contre le mouvement Black Lives Matter et l’immigration clandestine. Cependant qu’un président qui déploie l’armée dans les rues d’une ville américaine sur la base de mensonges invoquant une invasion étrangère imaginaire ne peut être ignoré. Cet événement est l’un des signes les plus évidents de la dérive du pays vers la dictature.
La journaliste indique également que Trump prévoit pour son prochain anniversaire un défilé militaire massif à Washington sous prétexte de célébrer le 250e anniversaire de la fondation de l’armée américaine. Des chars ont été filmés en train de pénétrer dans la ville dans une scène digne d’un cauchemar cinématographique, avec le Lincoln Memorial en toile de fond tragique.
Tout en espérant que la tentative de Trump de réprimer les manifestations déclenchera des contre-manifestations dans tout le pays sous le slogan «Pas de roi», Goldberg estime que le désir de liberté peut être empreint de peur mais ne tolère pas la lâcheté.
«L’humanité commence dans l’homme par le désintéressement», écrivait Amiel. Il n’est de plus grande noblesse que de voir un être humain se lever pour en secourir un autre. Plonger dans les flots pour sauver un naufragé, courir dans une maison en flammes pour en extraire un enfant ou une personne âgée — ces gestes, par leur simplicité héroïque, nous rappellent ce qu’il y a de plus grand en nous. Car sauver l’autre, c’est au fond sauver soi-même. C’est préserver en nous la part humaine, celle que l’égoïsme et l’indifférence s’emploient chaque jour à ronger.
Khémaïs Gharbi *
Ce sursaut d’humanité, nous le voyons aujourd’hui prendre forme dans une initiative concrète, modeste peut-être en apparence, mais immense par la portée symbolique qu’elle recèle : une caravane de solidarité est partie de Tunis, avec à son bord des citoyens tunisiens, algériens, marocains, mauritaniens — et bientôt des Libyens — unis par la seule force de leur conscience et de leur cœur. Leur destination : le poste-frontière de Rafah, entre l’Égypte et Gaza.
Ils ne transportent pas des armes, ni des discours creux. Ils portent avec eux ce que les peuples opprimés attendent le plus du reste du monde : une preuve que leur souffrance n’est pas invisible. Une main tendue. Un regard fraternel. Un cri qui rompt le silence.
Les peuples se lèvent
Depuis plus d’un an, Gaza endure l’insoutenable : famine organisée, blocus total de nourriture, de médicaments, de soins, de logement… et des bombardements quotidiens qui ont déjà fait plus de 160 000 morts et blessés.
Face à ce martyre, les grandes puissances — celles qui ont les moyens d’agir — restent paralysées par des calculs géopolitiques ou des intérêts sordidement matériels. Mais les peuples, eux, ne se taisent pas. Ils se lèvent. Comme toujours dans l’Histoire, ce sont les anonymes, les sans-grades, les consciences éveillées, qui répondent présents.
Partout en Europe et au-delà, des manifestations massives ont dénoncé le blocus de Gaza, l’occupation israélienne, le génocide en cours, et le silence complice des institutions internationales. À peine le bateau Maddalena avait-il été intercepté par l’armée israélienne qu’une nouvelle initiative s’est mise en route, cette fois par voie terrestre.
À Tunis, des femmes et des hommes se sont rassemblés, ont formé une caravane, et pris la direction de la Libye avec un seul but : rejoindre Rafah, non pour «briser» le blocus — ils n’en ont pas les moyens — mais pour dire que Gaza n’est pas seule. Pour rappeler que la solidarité est un devoir moral avant d’être un acte politique. Pour raviver cette flamme humaine qui refuse de s’éteindre, même sous les gravats.
Ce geste est beau. Il est simple. Et il est profondément politique, au sens le plus noble du mot. Il est l’écho d’une tradition ancienne, où l’on allait, sans calcul, secourir ou réconforter l’autre parce qu’il est notre semblable.
À cette caravane, nous disons merci. Merci de nous rappeler que l’honneur n’est pas mort. Merci de réaffirmer, dans un monde de plus en plus indifférent, que l’humanité est encore capable d’élans désintéressés. Puissent vos pas faire vibrer les consciences. Et si vous n’êtes pas autorisés à entrer à Gaza, sachez que vous êtes déjà entrés dans le cœur de ceux qui gardent foi en la justice et en la dignité humaine.
Abdelwahab Meddeb n’est plus, mais il écrit encore. Dix ans après sa disparition, ses carnets refont surface et composent un livre bouleversant de beauté et d’érudition : ‘‘Vers l’Orient. Carnets de voyage de Tanger à Kyoto’’, publié aux éditions Stock. Plus de cinq cents pages de manuscrits, de dessins, de méditations poétiques, de pensées sur l’histoire, les civilisations, les villes et les âmes.
Djamal Guettala
Il y a des auteurs qui écrivent pour publier. Meddeb écrivait pour marcher, pour respirer, pour exister. Dans ses carnets retrouvés par son épouse Amina et sa fille Hind, il y a le monde. Pas le monde qu’on traverse en touriste, mais celui que l’on arpente en lecteur, en mystique laïc, en poète en quête de correspondances.
De Tanger à Kyoto, en passant par Fès, Tolède, Kairouan, Alexandrie, Sarajevo ou Jérusalem, l’auteur trace une carte intérieure où les civilisations dialoguent en silence.
Érudition en mouvement
Chaque étape du voyage est une méditation. Chaque ville, un palimpseste. Meddeb lisait les pierres comme d’autres lisent les livres. Il consigne, en français comme en arabe, dans une graphie soignée, ses impressions, ses émerveillements, ses colères aussi. Les pages sont ornées de croquis, de plans d’architecture, de fleurs séchées ramassées au bord d’un chemin. L’objet-livre est un trésor en soi, magnifiquement préfacé par Arthur H.
Ce ‘‘Vers l’Orient’’ n’est pas une fuite mais un retour. Un retour aux sources, à l’origine du souffle poétique, aux croisements oubliés où l’Islam et l’Europe, l’Afrique et l’Asie se sont fécondés mutuellement.
Meddeb rappelle, sans jamais le dire frontalement, que l’Orient n’est pas l’Autre, mais une part de nous-mêmes. Que la culture musulmane n’est pas un bloc figé mais une vibration, une traversée, une lumière qui voyage.
Le legs d’un passeur
Abdelwahab Meddeb fut poète, romancier (‘‘Talismano’’, ‘‘Phantasia’’), essayiste (‘‘La Maladie de l’islam’’), critique d’art, historien, traducteur, animateur de l’émission ‘‘Cultures d’islam’’ sur France Culture. Il a aussi contribué à la redécouverte de la littérature arabe classique, à la traduction des grands textes soufis, et à l’exploration des liens entre peinture, mystique et modernité.
Ses carnets, patiemment assemblés par son épouse et sa fille, ne forment pas un journal intime mais une géographie mentale. Un texte-monde. Un anti-GPS poétique. On y entre comme on entre dans une bibliothèque ancienne ou une médina endormie. On en ressort avec la sensation d’avoir appris à regarder autrement.
Un livre d’avenir
Ce livre arrive à point nommé. À l’heure où les crispations identitaires et les replis dogmatiques réduisent la pensée à des slogans, ‘‘Vers l’Orient’’ ouvre des fenêtres. Il rappelle que le voyage est un acte de culture, que l’islam n’est pas un mur mais un pont, que la beauté sauve parfois ce que la politique détruit.
Pour tous ceux qui aiment la langue, la lenteur, la marche, la poésie et la civilisation, ce livre est un événement. Meddeb, l’écrivain-marcheur, l’amoureux des livres et des lieux, n’est pas mort. Il nous parle encore. À nous de tendre l’oreille.
‘‘Vers l’Orient. Carnets de voyage de Tanger à Kyoto’’, de Abdelwahab Meddeb, préface Arthur H, éditions Stock, collection «La Bleue», Paris le 21/05/2025, 512 pages.
Et si la guerre n’était plus seulement l’échec de la diplomatie, mais aussi la réussite silencieuse des marchés financiers ? Dans un monde où les conflits ne sont plus des accidents, mais des variables intégrées aux modèles financiers, il devient urgent de comprendre comment la logique spéculative façonne les dynamiques de sécurité globale. Ce n’est pas une dénonciation, mais une mise en lumière : celle d’un capitalisme contemporain où la paix semble coûter plus cher que la guerre, où les armes ne sont plus seulement des instruments de dissuasion mais des actifs financiers à part entière, et où la géopolitique dialogue en permanence avec les stratégies d’investissement.
Ould Amar Yahya *
Dans un monde façonné par les flux de capitaux, les arbitrages budgétaires et les réseaux d’influence, une question s’impose : jusqu’où la finance internationale contribue-t-elle à entretenir la logique des guerres sans fin?
Défendre sans agresser : les dilemmes stratégiques
Certes, dans un monde où la souveraineté des nations peut être menacée par des agressions extérieures, développer une capacité autonome de production d’armements revêt une importance stratégique majeure. Ce n’est pas une fuite en avant militariste, mais un impératif moral, politique et économique : assurer la sécurité de ses citoyens, défendre les principes de liberté, protéger l’intégrité territoriale, dissuader toute velléité d’invasion et favoriser le développement économique. Lorsqu’une guerre est imposée, la capacité à se défendre avec efficacité devient une condition de survie nationale, mais aussi un acte de responsabilité à l’égard de l’ordre international. Dans ce contexte, produire des armes, c’est refuser la dépendance et affirmer que la paix, parfois, se construit aussi par la force de la dissuasion.
Le capitalisme de guerre : une mécanique bien huilée
Mais cette logique défensive ne saurait en aucun cas justifier que l’on déclenche ou prolonge des guerres à des fins lucratives. Faire de la guerre un simple vecteur de profit, une variable d’ajustement pour les dividendes, une mesure de relance pour l’économie, relève d’un cynisme insoutenable. Aucune courbe boursière, aucun rendement financier ne saurait compenser le chaos, les destructions massives, les vies humaines perdues ou les traumatismes durables que laisse derrière elle toute guerre inutile. Entre défense légitime et commerce de la mort, la frontière est fine, mais essentielle. Il est du devoir des États, des entreprises et des investisseurs de ne jamais la franchir.
Et pourtant, cette frontière est aujourd’hui largement brouillée. Depuis 2001, quand les bombes explosent, certaines courbes boursières montent. Dans le silence feutré des salles de marché, la guerre est perçue comme une opportunité. Car derrière les discours sur la paix et la diplomatie, un capitalisme de la guerre s’organise, porté par les plus puissants fonds d’investissement du monde. Une collusion d’intérêts se dessine : celle entre les stratégies d’allocation des grands fonds, la rémunération des dividendes et la perpétuation des conflits.
Trump face au complexe militaro-industriel
En septembre 2024, lors d’un rassemblement dans le Wisconsin, le candidat à la présidentielle Trump a vivement dénoncé cette collusion : «Je vais expulser les va-t-en-guerre. Nous avons des gens qui veulent faire la guerre tout le temps. Vous savez pourquoi ? Les missiles coûtent 2 millions de dollars pièce. Voilà pourquoi. Ils adorent larguer des missiles partout. Moi, je n’ai lancé aucune guerre… Je vais expulser les va-t-en-guerre de notre appareil sécuritaire national et mener un grand nettoyage du complexe militaro-industriel pour mettre fin au profit de guerre et toujours faire passer l’Amérique d’abord. Nous mettons l’Amérique d’abord. Nous allons mettre un terme à ces guerres sans fin. Des guerres sans fin, ça ne s’arrête jamais».
Si la campagne affichait une volonté de rupture, les décisions budgétaires prises une fois au pouvoir ont témoigné d’une continuité stratégique inattendue.
Trump devenu président a annoncé en mai 2025 un budget de la défense flirtant avec le seuil symbolique des 1 000 milliards de dollars (!), ce qui a suscité une avalanche de réactions et de critiques au sein de son propre camp au Congrès, au sein des milieux stratégiques et de la presse spécialisée.
Malgré ce budget faramineux, Roger Wicker, président républicain de la commission des forces armées du Sénat, a dénoncé une proposition qui risque, selon lui, «d’anéantir les capacités militaires américaines et le soutien à nos troupes». Mike Rogers, son homologue à la Chambre, a fustigé une «trajectoire budgétaire irréaliste». Susan Collins et Mitch McConnell, figures modérées et influentes, ont exprimé leurs réserves quant à l’usage d’«artifices comptables» pour faire illusion, prévenant que le Congrès ne saurait être «dupé par une ingénierie financière aussi instable».
Les consultants en défense mènent depuis un mois une campagne auprès des élus, expliquant que «la crédibilité de la puissance américaine est à ce prix».
Dans les médias et les publications proches du lobby militaire, les tribunes se multiplient pour alerter sur le «décrochage capacitaire» des États-Unis face à la Chine, à la Russie ou même à l’Iran. La Foundation for Defense of Democracies, fortement financée par l’industrie de l’armement, s’indigne : «On ne peut pas faire la paix par la force avec un modeste budget de paix». Ce refrain trouve un écho jusque dans les réseaux sociaux, où certains influents vétérans n’hésitent pas à qualifier ce budget de «trahison envers nos troupes».
Enfin, la réaction la plus révélatrice est le «silence» des marchés financiers. À l’annonce du budget, les titres de la défense ont peu réagi, signe que les investisseurs savent déjà que, quel que soit le chiffre affiché, les arbitrages réels se jouent ailleurs. Dans les commissions. Dans les comités restreints. Et dans ce triangle d’influence où la guerre est moins une nécessité qu’un modèle économique.
La guerre, ultime valeur refuge des fonds d’investissement ?
Le silence des marchés face à la montée en puissance des dépenses militaires révèle moins une indifférence qu’un ajustement structurel : celui d’un capitalisme qui intègre la guerre comme levier stable, mais économiquement questionnable. L’industrie de la défense, hautement concentrée et protégée par des contrats publics, opère en marge des logiques de marché, échappant à la concurrence et à l’allocation efficiente des ressources. Sa production, orientée vers la dissuasion, ne contribue que marginalement à l’innovation ou à la croissance civile.
Ce déséquilibre s’accompagne d’un arbitrage budgétaire risqué : en canalisant des ressources considérables vers des secteurs à faible rendement sociétal, il fragilise à terme l’investissement dans les infrastructures fondamentales de l’économie réelle. Cette logique, désormais renforcée par les flux de capitaux institutionnels orientés vers un secteur jugé résilient, accentue la tension entre impératif stratégique immédiat et soutenabilité économique de long terme.
Financiarisation stratégique du complexe militaro-industriel
Les fonds d’investissement sont les plus importants actionnaires de toutes les grandes entreprises de défense : Lockheed Martin, Raytheon, General Dynamics… Leur poids est tel qu’ils votent les orientations stratégiques, influencent les politiques ESG (Environnementales, Sociales et de Gouvernance), et orientent les flux de capitaux vers les secteurs jugés «résilients».
Ces fonds n’investissent pas par idéologie, mais par logique : la guerre, c’est du rendement prévisible. Les contrats publics sont massifs, récurrents, indexés sur l’inflation. Les marges sont solides. Et les besoins, depuis 2001, sont devenus structurels. Difficile de trouver un secteur plus protégé du cycle économique.
Dividendes record, morts invisibles
En 2023, Lockheed Martin a distribué environ 9,1 milliards de dollars en dividendes et rachats d’actions, Raytheon Technologies environ 3,24 milliards de dollars exclusivement en dividendes, et General Dynamics environ 1,35 milliard de dollars ; en 2024, les montants versés s’élèvent à environ 3,13 milliards de dollars pour Raytheon et 1,43 milliard de dollars pour General Dynamics, tandis que Lockheed Martin n’a pas encore publié de total annuel consolidé.
Mais au-delà des chiffres et des bilans financiers, un autre bilan s’impose : celui du coût réel des guerres.
Depuis 2001, les guerres en Afghanistan, en Irak, en Syrie, au Yémen, au Pakistan, en Ukraine et au-delà ont engendré un coût global estimé à plus de 9 000 milliards de dollars. Ce fardeau colossal, majoritairement financé par la dette publique, représente non seulement une charge budgétaire intergénérationnelle, mais alimente aussi les dividendes d’un complexe militaro-industriel devenu structurellement dépendant de la guerre.
Mais le coût humain est encore plus vertigineux. Selon le Watson Institute, ces conflits ont causé entre 4,5 et 4,7 millions de morts, dont près d’un million directement sur les champs de bataille, et plus de 3,6 millions de morts indirectes liées aux déplacements forcés, aux famines, aux effondrements sanitaires. Ces chiffres dévoilent un paradoxe glaçant : alors que la guerre est devenue un levier budgétaire et un actif spéculatif pour les marchés, elle demeure un gouffre humanitaire aux conséquences irréparables.
Ce paradoxe est d’autant plus alarmant qu’il ne relève pas du hasard : il est entretenu, nourri et diffusé par un écosystème d’influence où les intérêts économiques dictent les récits stratégiques.
Think tanks et narratifs : une guerre des idées financée
Une analyse approfondie du Quincy Institute met en lumière une mécanique troublante au cœur du débat stratégique américain : la majorité des think tanks qui commentent les guerres sont financés par des fabricants d’armes ou leurs sous-traitants. Sur 27 institutions analysées, 21 reçoivent des fonds du complexe militaro-industriel, et 100 % des dix plus citées dans les médias entretiennent des liens financiers directs avec des acteurs de l’armement. Ce biais se traduit dans l’espace médiatique par une surreprésentation systématique : 85 % des citations d’experts dans la presse proviennent de ces think tanks, dont les analyses s’alignent majoritairement sur les intérêts économiques de l’industrie de la défense. Dans ce système, le financement privé façonne discrètement le discours public, tandis que près d’un tiers de ces institutions refusent même de divulguer leurs bailleurs de fonds.
Ce réseau d’influence tisse une alliance implicite entre les fonds d’investissement, les entreprises d’armement, les producteurs d’idées et les politiques. Il crée une symbiose singulière où la guerre devient une variable de croissance, et la paix, un risque pour les dividendes. Les experts relayés ne sont pas neutres : ils sont souvent liés aux intérêts financiers qui bénéficient du prolongement des conflits.
Trois géants détenus majoritairement par les fonds d’investissement
A titre d’exemple et pour ne citer que celles-ci, les trois grandes entreprises américaines d’armement Lockheed Martin, Raytheon Technologies et General Dynamics sont cotées à Wall Street, sur le New York Stock Exchange (NYSE)-la bourse de New York, l’une des plus grandes bourses au monde. Elles font toutes partie de l’indice S&P 500 (les 500 plus grandes capitalisations boursières), ce qui signifie qu’elles sont largement présentes dans les portefeuilles institutionnels et fonds indiciels – Exchange Traded Fund (ETF) qui répliquent la performance de cet indice boursier.
Lockheed Martin, symbole de la puissance militaro-industrielle américaine, est un géant incontournable dans le domaine de l’armement avancé et des technologies de défense. Son cœur d’activité gravite autour de l’aéronautique militaire avec des fleurons comme le chasseur furtif F-35 Lightning II, le F-22 Raptor ou encore les célèbres F-16 Fighting Falcon et le transport militaire C-130 Hercules. Mais Lockheed ne s’arrête pas là : il conçoit également des missiles de haute précision et à longue portée, à l’image du Trident II D5 (missile balistique intercontinental lancé par sous-marin), de l’AGM-158 JASSM (missile de croisière furtif) ou du PAC-3 MSE, intercepteur emblématique intégré au système Patriot. L’entreprise excelle aussi dans les systèmes de défense antimissile, les satellites militaires et les dispositifs de guerre électronique.
Au capital de Lockheed Martin, on retrouve une constellation des plus grandes institutions financières mondiales. State Street Corporation figure en première ligne, suivi de près par The Vanguard Group et BlackRock. D’autres acteurs majeurs comme Charles Schwab Investment Management, Geode Capital, Morgan Stanley et Capital World Investors composent également l’architecture actionnariale, illustrant le poids massif de la finance passive et de la gestion institutionnelle dans l’industrie de guerre.
Raytheon se positionne comme un maître d’œuvre global dans les systèmes d’armement de précision, avec une expertise reconnue dans les missiles, les radars, la défense aérienne, les capteurs avancés et la guerre électronique. Parmi ses créations les plus redoutées figurent les systèmes de missiles sol-air, les radars phasés, les solutions de contre-mesures électroniques embarquées, ainsi que des plateformes de détection sophistiquées utilisées dans les théâtres d’opérations les plus complexes. Raytheon est souvent au cœur de l’architecture de défense aérienne intégrée de nombreux pays de l’Otan et alliés des États-Unis.
Son actionnariat repose sur les piliers institutionnels de la finance mondiale. Vanguard et State Street, véritables mastodontes de la gestion passive, détiennent une part substantielle de l’entreprise, suivis par BlackRock, Capital Research, Dodge & Cox, ainsi que Merrill Lynch International. Cette présence dense des grands gestionnaires dans le capital de Raytheon témoigne de la rentabilité structurelle de la guerre dans les portefeuilles long terme.
General Dynamics se distingue par une capacité rare à couvrir l’ensemble du spectre de la guerre conventionnelle. Ses spécialités vont des systèmes terrestres — notamment les chars Abrams, les blindés Stryker et d’autres véhicules de combat — à la construction navale avec des sous-marins nucléaires et des destroyers pour la marine américaine. L’entreprise est également active dans la fourniture de munitions, de pièces d’artillerie et de systèmes d’information et de cybersécurité destinés à l’armée et aux agences de renseignement.
Le capital de General Dynamics est dominé par Longview Asset Management, suivi de près par The Vanguard Group et BlackRock. Newport Trust Company et State Street Corporation complètent ce noyau actionnarial. Cette composition reflète, là encore, une alliance solide entre le capital institutionnel et l’économie de défense, où la rentabilité s’appuie sur des contrats publics de longue durée, une demande stable, et une position stratégique dans l’appareil militaire américain.
Quand l’instabilité devient une stratégie d’investissement
Derrière les équilibres actionnariaux, c’est une architecture financière sophistiquée qui se déploie, où l’instabilité géopolitique cesse d’être une menace pour devenir une source anticipée de rendement. Dans ce paradigme inversé, la guerre n’est plus un choc mais un scénario intégré, valorisé pour sa prévisibilité budgétaire, ses marges garanties et sa capacité à structurer durablement les flux de capitaux.
La paix, quant à elle, devient un actif incertain, moins lisible pour les algorithmes de gestion. Désormais, les tensions mondiales alimentent les matrices d’allocation, transformant la guerre en variable stratégique — non pas subie, mais modélisée, arbitrée, et parfois implicitement souhaitée. Ce déplacement moral du capital appelle une reconfiguration urgente des critères d’investissement et des finalités géoéconomiques.
Ainsi se dessine, au croisement de la géopolitique et de la finance, une mécanique redoutablement rationnelle où la guerre, jadis tragédie, devient opportunité ; où la paix, hier horizon de progrès, se voit reléguée au rang d’anomalie risquée. Loin d’un simple dysfonctionnement moral, c’est l’architecture même du capitalisme contemporain qui est interpellée, dans sa capacité à distinguer création de valeur et destruction de sens. Face à la financiarisation croissante des guerres, il devient urgent de repenser les grilles d’évaluation, redéfinir les finalités de l’investissement, et restaurer l’exigence d’un rendement aligné non sur l’effondrement des nations, mais sur leur stabilité, leur dignité et leur avenir. Car si les marchés peuvent tout anticiper — y compris la guerre — il appartient aux sociétés humaines de choisir, lucidement, ce qu’elles veulent valoriser.
La dernière étape vers une « trêve » commerciale entre les États-Unis et la Chine a alimenté les attentes d’un accord final susceptible de régler les différends entre les deux premières puissances économiques mondiales. Tandis que les marchés craignent une nouvelle flambée des droits de douane. Le « cadre » convenu entre les responsables américains et chinois attend l’accord des présidents des deux pays, Donald Trump et Xi Jinping.
Les discussions sino-américaines de deux jours à Londres, les 9 et 10 juin, se sont conclues par des engagements visant à relancer l’accord conclu le mois dernier à Genève; mais aussi à lever les restrictions sur les exportations chinoises de terres rares – un sujet « épineux ». L’accueil mitigé réservé à cette évolution par les marchés des changes et des actions indique notamment que les investisseurs espéraient des progrès plus importants. Tandis que le manque de détails sur l’accord entre les USA et la Chine entretient l’incertitude.
Comme l’ont indiqué des analystes à Reuters, l’un des points positifs est que les deux parties ont fait preuve de pragmatisme. « C’est une bonne nouvelle pour les marchés. Au moins, il y a une limite qu’aucune des deux parties n’est prête à franchir », a déclaré Mark Dong, cofondateur de Minority Asset Management à Hong Kong.
Les actions chinoises ont atteint un sommet proche de trois semaines. Alors que les contrats à terme de Wall Street ont légèrement baissé, le dollar et le yuan restant stables.
« Jusqu’à présent, tant que les gros titres concernant les négociations entre les deux parties restent constructifs, les actifs risqués devraient conserver leur soutien », a souligné Chris Weston, directeur de la recherche chez Pepperstone. « Le diable est dans les détails, mais l’absence de réaction suggère que ce résultat était tout à fait prévisible », a-t-il ajouté.
Concernant les annonces des responsables américains et chinois, les deux parties se sont mises d’accord sur un « cadre » pour promouvoir le commerce après deux jours de discussions à Londres, dans l’ombre des différends sur les tarifs douaniers.
Le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, s’est dit optimiste quant au fait que les inquiétudes concernant les minéraux critiques et les aimants « seront résolues ».
Les États-Unis et la Chine ont conclu un accord commercial. C’est ce qu’ont affirmé des représentants des deux parties après une deuxième journée de négociations de haut niveau à Londres. L’accord attendant désormais l’approbation des dirigeants des deux pays.
A rappeler que Donald Trump et Xi Jinping se sont entretenus par téléphone en fin de semaine dernière. Et ce, après que les deux pays se sont mutuellement accusés de violation de l’accord commercial de Genève.
Le 6 juin 2925, les commissions des affaires étrangères des parlements d’Estonie, de Lituanie et de Lettonie, réunis en Lituanie, ont publié une déclaration commune appelant à un soutien continu à la victoire de l’Ukraine et à son adhésion à l’Union européenne (UE) et à l’Otan. Une pierre dans le jardin de la Russie.
Habib Glenza, à Lodz, Pologne.
Ces trois baltes ont souligné que la victoire de l’Ukraine contre la Russie renforcerait une paix juste et durable, non seulement en Ukraine mais dans toute l’Europe, et contribuerait à préserver l’ordre international fondé sur les règles internationales. Ils ont ajouté que l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan constituerait aussi une base plus efficace et plus solide pour la sécurité euro-atlantique.
Dans leur déclaration commune, les pays baltes s’engagent à soutenir l’Ukraine jusqu’à la victoire complète, y compris la libération de tous les territoires temporairement occupés par la Russie, la traduction en justice des dirigeants russes pour crimes de guerre et la pleine mise en œuvre de la justice internationale.
Isoler la Russie
Les commissions des affaires étrangères promettent aussi de poursuivre les efforts diplomatiques et politiques visant à isoler la Russie et ses alliés militaires, d’étendre et de renforcer les sanctions et de veiller à ce que les crimes commis contre l’Ukraine fassent l’objet d’une pleine responsabilité juridique et politique.
Ils réaffirment aussi leur soutien à l’adhésion de l’Ukraine à l’UE et appellent à la conclusion des négociations sur l’adhésion de l’Ukraine en tant que membre à part entière d’ici le 1er janvier 2030.
«Nous appelons les participants au prochain sommet de l’Otan, qui se tiendra à La Haye en 2025, à prendre des mesures politiques concrètes qui ouvriraient la voie à l’adhésion de l’Ukraine à l’Alliance», indique la déclaration.
Pour rappel, les États baltes ne reconnaîtront jamais l’annexion «criminelle» de la Crimée par la Russie, même si les Américains le leur demandent, et continueront à soutenir l’Ukraine dans sa lutte, dont dépend leur propre sécurité.
Cette position, qui s’apparente à une provocation, est lourde de conséquences car elle pourrait conduire à l’embrasement de toute la région de la mer Baltique voire à une troisième guerre mondiale.
Il y a quelques semaines le chef du service de renseignement extérieur russe, Sergei Naryshkin, a menacé la Pologne et les trois États baltes de ripostes militaires si la guerre en Ukraine échappe à tout contrôle. «Ils devraient comprendre, mais ils ne comprennent pas encore, qu’en cas d’agression de l’Alliance de l’Atlantique Nord contre la Russie et la Biélorussie, c’est bien sûr l’ensemble du bloc de l’Otan qui en pâtira. Mais les premiers à en souffrir seront, dans une large mesure, les porteurs d’idées telles que celles que l’on trouve dans les cercles politiques en Pologne et dans les pays baltes», a déclaré le responsable russe.
Dans une interview accordée à l’agence de presse publique russe Tass, ce dernier a déclaré que la Russie et la Biélorussie sont prêtes à répondre à une éventuelle «escalade européenne» résultant de la guerre en Ukraine.
Selon Naryshkin, les États baltes et la Pologne ont fait preuve de ce qu’il appelle une «grande agressivité» à l’égard de la Russie, accusant les quatre pays de «faire constamment agiter leurs armes».
Vers une expansion territoriale russe
La Russie se prépare à s’emparer de la moitié du territoire ukrainien d’ici la fin de l’année prochaine, selon un plan récemment dévoilé par des responsables ukrainiens, détaillant une potentielle expansion territoriale russe.
Le colonel Pavlo Palisa, chef adjoint du bureau présidentiel ukrainien, a fait ces déclarations lors d’un point presse, immédiatement suivi d’un avertissement de Washington : il ne faut pas franchir la ligne rouge dans le cadre d’un éventuel accord de paix.
Selon Palisa, la Russie cherche à prendre le contrôle total des régions de Lougansk et Donetsk d’ici le 1er septembre 2025, avant d’établir une zone tampon le long de la frontière entre l’Ukraine et la Russie.
«Le plan de la Russie pour l’année prochaine est d’occuper toute la partie de l’Ukraine située sur la rive gauche du Dniepr. Ils prévoient également de s’emparer des régions d’Odessa et de Mykolaiv afin de couper l’accès de l’Ukraine à la mer Noire», a-t-il déclaré.
Alors que le vent tourne au Moyen-Orient pour l’Axe de la Résistance, l’Irak reste la dernière chasse gardée de la République islamique d’Iran. Aujourd’hui, à l’approche des élections législatives de cette année, il y a une démobilisation de l’électorat chiite dans le centre et le sud et au sein même de certaines formations politiques affidées à Téhéran, certains hommes politiques souhaitent une émancipation de la tutelle iranienne et appellent à ne pas aller à contre-courant de la tendance régionale à l’heure où l’Axe de la Résistance accumule les revers. L’emprise de la République islamique sur l’Irak n’est plus désormais totalement acquise comme ce fut le cas depuis 2003.(Ph. Quel avenir pour les milices chiites irakiennes?)
Imed Bahri
Le quotidien londonien arabophone Al Quds al-Arabi, qui s’est livré à une anatomie de la scène politique irakienne, indique que les politiciens chiites de la coalition du Cadre de coordination ont commencé à envisager sérieusement de nouveaux plans pour conserver leur position au sein du gouvernement irakien.
Ces plans incluent l’intégration des factions armées dans la vie politique, l’incitation de leurs partisans à renouveler leurs cartes électorales et à participer le plus largement possible aux élections prévues le 11 novembre. L’objectif est de contrer un mouvement sunnite cherchant à obtenir une majorité politique qui lui permettrait de s’emparer du pouvoir et de renverser un équilibre politique convenu depuis 2003.
Il semble que l’affaiblissement de l’influence iranienne en Irak depuis le renversement du régime de Bachar Al-Assad en Syrie, il y a six mois, l’affaiblissement du pouvoir du Hezbollah au Liban et le rôle décroissant de l’Axe de la Résistance soient autant de raisons qui ont incité les factions à envisager de s’engager en politique.
Atheel Al-Nujaïfi, homme politique sunnite irakien et ancien gouverneur de Ninive, estime que le nouveau parlement sera encore plus à l’abri de l’influence iranienne, le front soutenant cette influence ayant perdu une grande partie de ses partisans.
Selon Al-Nujaïfi, le bloc pro-iranien lors de la prochaine législature ne dépassera pas au mieux 30% des sièges du Parlement. Il fonde cet argument sur quatre facteurs, à savoir qu’une grande partie des suffrages exprimés dans le centre et le sud de l’Irak s’étaient déjà opposés à l’influence iranienne lors des dernières élections et ont choisi le mouvement sadriste* et les religieux chiites non alignés sur la République islamique comme le Cadre de coordination.
Cependant le retrait du mouvement sadriste a fait émerger la configuration actuelle du Parlement. Par conséquent, nombre de ces voix d’opposition à l’influence iranienne chercheront une opposition alternative parmi les candidats.
Il a également noté dans un article que les changements régionaux ont renforcé la conviction que l’influence iranienne a considérablement diminué dans la région et que ceux qui seront affidés à cette influence seront confrontés à des crises et des problèmes et ne récolteront ni influence ni gains comme il y a quatre ans.
Il estime également que les performances des blocs vainqueurs n’ont pas été suffisamment satisfaisantes pour que leurs électeurs s’y accrochent, c’est plutôt l’inverse qui s’est produit.
Volonté de soutenir le changement
Al-Nujaïfi a également mis en exergue la division du groupe parlementaire qui soutenait l’influence iranienne et la tentative d’une partie de ce groupe de flirter avec les changements qui s’opèrent dans la région et d’éviter de heurter la volonté internationale de soutenir le changement. Il exprime sa conviction que le changement en Irak sera progressif et se fera par le biais d’élections, l’influence d’un parti diminuant tandis qu’un autre se renforçant à ses dépens. Cela ne signifie pas la disparition d’un parti mais simplement que l’influence de l’autre camp s’accentuera.
Les hommes politiques chiites sont au pouvoir en Irak depuis 2003 sans amélioration tangible des services publics qui est pourtant une revendication majeure de la population. Cette situation est aggravée par une corruption généralisée et la mainmise des puissants partis sur les ressources du pays.
Selon la Commission électorale, environ 29 millions d’Irakiens sont en droit de voter le jour du scrutin. Cependant, le nombre de personnes ayant mis à jour leur carte électorale dépasse à peine 21 millions, ce qui signifie qu’environ 8 millions d’Irakiens ne souhaitent pas mettre à jour leurs données.
La perte de ces voix, notamment dans les provinces du centre et du sud, serait importante pour les forces politiques chiites, qui ont donc exhorté leurs partisans à actualiser leur inscription auprès de la commission et à participer aux élections. Ils ont peur de perdre leur siège au gouvernement.
Sadr Al-Din Al-Qabanji, dignitaire religieux chiite et imam de la prière du vendredi à Najaf, a déclaré que la participation électorale dans les provinces de l’ouest à majorité sunnite était plus élevée que dans les régions du centre et du sud considérant cela comme une tentative de «prise de pouvoir» des mains des chiites en Irak.
Fin mai dernier, Al-Qabanji a exhorté chacun à actualiser sa carte électorale, déclarant: «Les statistiques montrent désormais que ceux qui ont opté pour la modernisation dans les provinces de l’ouest sont plus nombreux que dans les provinces du centre et du sud. Il s’agit d’un complot prémédité. Ils ont également déclaré vouloir prendre le pouvoir aux chiites». Il a ajouté : «Notre position est celle de la Constitution: la majorité politique est celle qui gouvernera indépendamment des discours confessionnels. La Constitution irakienne stipule que la majorité politique a le droit de gouverner».
Al-Qabbanji s’est adressé aux chiites en ces termes: «Que chacun renouvelle sa carte électorale et participe activement aux élections afin que nous puissions former la majorité politique. Nous devons nous efforcer de corriger les erreurs électorales passées». Il a considéré que «les partisans du parti Baas et les ennemis d’Ahl Al-Bayt ** n’accèderont pas au pouvoir tant que nous, les partisans d’Ahl Al-Bayt, serons présents».
Les craintes chiites de perdre le pouvoir en Irak coïncident avec ce qu’a laissé entendre le député Raad Al-Dahlaki, chef de l’Alliance sunnite Azm dans la province de Diyala. Il a déclaré que les sunnites pourraient accéder au poste de Premier ministre si leurs électeurs participaient à l’actualisation des données électorales soulignant que l’occasion est venue. Dans une déclaration à une station de radio locale, Al-Dahlaki s’est adressé à la population sunnite en ces termes: «Participez aux élections et vous prendrez le poste de Premier ministre». Il a ajouté: «C’est mon droit lorsque je remporte le plus grand nombre de sièges, que mes régions sont sûres et stables, sans armes, et que je donne à mon peuple la force dont il a besoin. Je garantis aux sunnites que l’occasion est venue. Participez à l’actualisation des données et vous aurez le poste de Premier ministre».
Cependant, le député Habib Al-Hilawi, chef du bloc parlementaire Al-Sadiqoun, a affirmé que les tentatives visant à promouvoir l’idée de démettre la principale composante chiite du poste de Premier ministre ne passeront pas, soulignant que cet acquis est intangible.
Al-Halawi a déclaré dans un communiqué au ton très confessionnel relayé par les médias de son bloc: «Ceux qui prônent l’idée d’éjecter la principale composante chiite du poste de Premier ministre ne sont pas seulement de simples rêveurs ou des personnes qui délirent. Nous leur disons clairement : ce sont les gens aux fronts bruns qui dirigent l’Irak, non seulement parce qu’ils constituent la majorité mais aussi parce que ce sont eux qui ont versé leur sang précieux à Mossoul, à Anbar et dans d’autres régions du pays pour préserver l’unité et la souveraineté de l’Irak». Et Al-Halawi d’ajouter: «Ce sont les enfants de cette composante qui protègent les intérêts de toutes les composantes et non ceux qui ont fui à l’étranger et renoncé à leur patrie en temps de crise».
Malgré ces affirmations de l’homme politique chiite, des dirigeants de forces politiques tels que Hadi Al-Amiri, chef de l’Organisation Badr, Nouri Al-Maliki, chef de la Coalition pour l’État de droit, Qais Al-Khazali, secrétaire général de l’Asab Ahl Al-Haq et d’autres ont publié des communiqués de presse et des discours télévisés exhortant leurs partisans à participer aux prochaines élections de novembre.
L’affaire ne s’est pas arrêtée là. Le Kataëb Hezbollah (le Hezbollah irakien), dont les membres et les sympathisants sont également membres du mouvement, a également exprimé son soutien au bloc parlementaire Houqouq et à son chef le député Hussein Mounes.
Dans un communiqué publié par le responsable de la sécurité des Kataëb Abou Ali Al-Askari, ce dernier a déclaré: «Les prochaines élections législatives revêtent une importance capitale compte tenu des transformations régionales et internationales qui caractérisent cette période critique. Tout en soulignant la nécessité d’accélérer la mise à jour des cartes d’électeurs et de préparer pleinement les prochaines élections afin de garantir les droits des citoyens et d’assurer leur représentation dans cette compétition effrénée, nous affirmons que les Kataëb Hezbollah soutiendront la liste du Mouvement Houqouq dirigée par notre cher frère Husseïn Mounes compte tenu du dévouement du mouvement à défendre les causes de la nation et les droits de notre cher peuple».
Notes:
* Mouvement national irakien islamique dirigé par Moqtada Al-Sadr. Il reçoit un large soutien de la part de la société irakienne, en particulier de la population chiite et des pauvres.
** Terme désignant les descendants du prophète dans doctrine chiite.
Lors de sa rencontre, lundi 9 juin 2025, au Palais de Carthage, avec la ministre des Finances, Mechket Slama Khaldi, Kaïs Saïed a réitéré ce qu’il considère comme des priorités nationales dans le cadre du rôle social de l’Etat qu’il n’a de cesse de défendre à chacune de ses réunions avec les membres du gouvernement.
Ces «priorités nationales» devraient être au centre du projet de loi de finances pour le prochain exercice, lequel «doit être élaboré dans le cadre du plan national de développement et refléter la volonté réelle du peuple», selon les termes du communiqué officiel de la présidence.
«Les priorités nationales constituent la seule véritable base pour répondre aux attentes des citoyens tunisiens, notamment par la révision des différentes législations fiscales et la création d’emplois pour ceux qui ont longtemps souffert du chômage», a déclaré le président. Il indique ainsi les deux lignes directrices dudit projet : créer davantage d’emplois, notamment dans les services publics, pour les chômeurs de longue durée, et pour financer l’effort financier que les recrutements programmés exigeront de la part de l’Etat, le président montre la voie qu’il préconise, soit, «la révision des différentes législations fiscales», soit donc davantage d’impôts, ce qui, on l’imagine, ne va pas aider à relancer la machine économique, grippée depuis 2011.
En ordonnant, par ailleurs, de préparer minutieusement le retour des Tunisiens à l’étranger en leur fournissant des services de qualité, en simplifiant les procédures administratives et en garantissant leur transparence totale, le chef de l’Etat semble accorder beaucoup d’importance aux entrées de devises que cette population – représentant plus de 10% de la population nationale – ne manquera d’effectuer. Des recettes dont, soit dit en passant, dépend de plus en plus les équilibres financiers du pays. Et qui lui permettent d’honorer tous ses engagements financiers internationaux, a rappelé Saïed, par allusion aux dettes que la Tunisie continue de contracter pour financer ses dépenses publiques. Ces prêts qui, selon l’aveu même du président de la république, «n’ont pas bénéficié au peuple tunisien comme prévu – fait reconnu par de nombreuses organisations internationales – et sur lesquels la Tunisie continue de payer des intérêts sans en tirer de réel bénéfice», a-t-il déploré, estimant, au passage, que ces dettes «auraient dû être annulées» par les bailleurs de fonds.
Saïed exprime ainsi, sans trop y insister, une vieille revendication populaire qui attribue le gâchis de l’endettement public non pas à l’Etat qui dépense sans compter mais aux bailleurs de fonds qui ne sont pas assez regardants sur le sort de l’argent qu’ils prêtent.
Comme les membres du gouvernement s’expriment rarement sur les politiques qu’ils mènent, il y a peu de chance que Mme Slama Khaldi, magistrate de son état et peu versée dans les questions financières, nous dise comment elle compte faire pour trouver les financements nécessaires aux politiques ultras sociales du président de la république. Les experts, quant à eux, ne voient que deux moyens : plus d’impôt et plus d’endettement, l’économie étant en panne avec une croissance atone de moins 2% par an.