Boualem Sansal libéré | «Bonjour la France, je reviendrai, nous vaincrons»
La libération de l’écrivain Boualem Sansal, après un an de détention, met en lumière le rôle de la pression internationale dans les affaires sensibles en Algérie. Suite à une intervention présidentielle allemande, Sansal a pu quitter la prison et rencontrer l’écrivain Kamel Daoud à Berlin. Ce dernier a rapporté ses propos dans Le Point. Il s’est présenté vif, taquin et déterminé, déclarant sur le ton de la provocation : «Bonjour la France, je reviendrai, nous vaincrons». (Photo d’archives : Kamel Daoud et Boualem Sansal).
L’auteur a décrit une année difficile : privé de téléphone et de documents, il n’a reçu que les visites régulières de sa femme, Naziha. La lecture se limitait aux ouvrages religieux ou en arabe, tandis que d’autres livres circulaient via une contrebande modeste. Écrire était impossible, et il a vécu dans un quasi-isolement total.
Pourtant, Sansal a perçu un soutien international indirect, et son transfert vers un service hospitalier sous surveillance a changé sa condition. Il a également été invité à «adoucir ses positions», proposition qu’il a refusée, affirmant : «Vingt années supplémentaires en prison valent mieux que restreindre ma liberté d’expression».
Dans son entretien, Sansal a ouvert la porte au dialogue pour améliorer les relations entre l’Algérie et la France, soulignant : «La France est amie de l’Algérie, le régime en a fait un ennemi. L’Allemagne peut jouer un rôle pour renforcer les liens».
L’arrestation de Sansal, en novembre 2024, faisait suite à des propos controversés sur l’histoire de l’Ouest algérien diffusés sur une chaîne française. Condamné à cinq ans de prison et 500 000 dinars d’amende, il devient le symbole d’un jeu complexe entre liberté d’expression, politique intérieure et diplomatie étrangère.
Sa libération démontre le poids de la médiation européenne et ouvre un débat sur l’équilibre entre justice nationale et pression internationale. Pour Sansal, la liberté retrouvée n’est pas seulement un triomphe personnel, mais aussi une affirmation de la nécessité du dialogue culturel et diplomatique, dans un contexte où les tensions historiques influencent toujours la scène publique et intellectuelle.
Aujourd’hui, Boualem Sansal reprend ses activités avec courage et lucidité, prêt à poursuivre son œuvre et à participer au débat public, en Algérie et à l’international, dans un contexte où la liberté d’expression reste un terrain sensible.
Djamal Guettala
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