Une semaine explosive : Trump, tarifs et tempête boursière
En moins de deux semaines, Donald Trump a déclenché une tempête économique mondiale. Entre annonces de surtaxes douanières tous azimuts, volte-face spectaculaire et escalade ciblée contre la Chine, le président américain a plongé les marchés dans une volatilité extrême. Or à son plus haut, dollar en chute libre, soupçons de délit d’initié : retour sur une séquence explosive où la politique commerciale de la Maison-Blanche a tenu la planète en haleine.
Offensive tarifaire tous azimuts
Début avril 2025, Donald Trump déclenche une nouvelle guerre commerciale mondiale. En quelques jours, il impose des droits de douane de 10 % sur tous les pays (sauf la Chine), les remplace brièvement par des tarifs “réciproques” pays par pays, avant de revenir aux 10 %, tout en y ajoutant 25 % sur l’acier, l’aluminium et l’automobile. Le président justifie ces mesures comme un levier pour rapatrier la production industrielle aux États-Unis : « Si vous voulez un taux de 0 %, fabriquez en Amérique ! »
Mais cette stratégie heurte les réalités économiques : les chaînes d’approvisionnement mondiales sont profondément imbriquées. Produire un iPhone 100 % américain coûterait 3.500 dollars. De plus, Trump pousse la Réserve fédérale à baisser ses taux d’intérêt, afin de compenser l’impact inflationniste de ses propres décisions. La Fed, prudente, résiste, soulignant le risque de stagflation (inflation + ralentissement).
Choc boursier mondial
Les marchés réagissent brutalement. Le CAC 40 chute de 12 % en trois séances, le 7 avril, signant sa pire séance depuis trois ans. Les valeurs exportatrices (Airbus, Safran) et pétrolières (Shell) sont les plus touchées. Wall Street s’effondre également, avec un indice VIX au-dessus de 35, signe de panique.
Les investisseurs se ruent sur les valeurs refuges : l’or atteint un record historique de 3.233 dollars l’once, le franc suisse se renforce face au dollar, et les obligations américaines voient leurs taux grimper, signe de défiance. Le dollar chute, tombant à 1,14 $/€ – son plus bas depuis 2022.
Volte-face et trêve tarifaire de 90 jours
Le 9 avril, face au chaos financier et aux pressions internationales, Trump opère un revirement spectaculaire : il suspend ses surtaxes pendant 90 jours, sauf pour la Chine, désormais frappée par des droits allant jusqu’à 125 %. Il annonce la trêve en fanfare sur Truth Social, appelant même les investisseurs à acheter.
Cette pause rassure les marchés : le Nasdaq bondit de 10 % en séance, le Dow Jones clôture la semaine sur une hausse de +7 %. Les GAFA retrouvent des milliards en capitalisation. Trump, lui, revendique une stratégie maîtrisée et délibérée visant à isoler Pékin.
Riposte de la Chine et inquiétude des alliés
Pékin ne tarde pas à réagir. Le 11 avril, la Chine annonce 125 % de droits de douane sur quasiment toutes les importations américaines, tout en saisissant l’OMC. Elle appelle l’Union européenne à une alliance stratégique pour faire front contre Washington.
L’Union européenne, de son côté, exprime sa prudence. Bruxelles accueille la trêve avec soulagement, mais reste ferme : « Nous devons défendre notre économie », avertit Valdis Dombrovskis. Une mission de négociation partira à Washington dans les jours suivants. En France, François Bayrou parle d’un « tremblement de terre » économique, soulignant que les tarifs américains restent trois fois plus élevés qu’avant.
Le Canada, très exposé via ses exportations d’acier et d’automobiles, entre aussi en négociation. Taïwan, initialement frappé par 32 % de surtaxes, cherche un statut dérogatoire. Les pays africains, eux, redoutent une onde de choc mondiale : baisse des exportations, pression sur les devises, envolée de l’inflation.
Soupçons de manipulation et d’initiés
La rapidité du retournement tarifaire suscite la suspicion. Six sénateurs démocrates saisissent la SEC (gendarme boursier américain) pour demander une enquête : des proches de Trump ont-ils spéculé sur la remontée des marchés ? En particulier, le tweet du président appelant à acheter des actions juste avant l’annonce du 9 avril alimente les soupçons.
La Maison Blanche nie tout délit, affirmant que Trump voulait simplement rassurer. Mais ces accusations ajoutent une couche de polémique à une gestion déjà jugée erratique de la politique commerciale.
Tensions économiques mondiales et perspectives
En dix jours, l’économie mondiale a frôlé la crise. Aux États-Unis, la confiance des ménages s’effondre : l’indice University of Michigan chute à 50,8, son plus bas niveau depuis plus de deux ans. Les entreprises, face à l’instabilité réglementaire, gèlent certains investissements. Les analystes anticipent un ralentissement marqué du PIB américain sous les 1% cette année, avec un taux de chômage attendu à 4,5 % d’ici fin 2025.
La Réserve fédérale se dit prête à intervenir, mais sous conditions. Même prudence du côté de la BCE, qui redoute un ralentissement brutal du commerce mondial.
Le FMI et l’OCDE prévoient une révision à la baisse des prévisions mondiales si la trêve ne débouche pas sur un accord durable. L’Allemagne, la Corée du Sud et le Japon sont parmi les plus exposés. En France, le tourisme américain recule déjà en avril (–3 % dans les congrès professionnels), signe que les effets se diffusent au-delà des seules industries exportatrices.
Conclusion
Le début avril 2025 restera comme un moment de bascule : en l’espace de quelques jours, Donald Trump a provoqué un séisme économique et boursier mondial, alternant escalade commerciale, volte-face stratégique et communication explosive. Si la trêve de 90 jours a calmé les marchés, le bras de fer avec la Chine s’intensifie. Et la question reste entière : jusqu’où ira Trump dans sa guerre commerciale — et le monde pourra-t-il en supporter les secousses à répétition ?
(source : Médias)
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