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Hassen Chalghoumi | Imposture médiatique au service de manipulations politiques

29. Juli 2025 um 08:23

Hassen Chalghoumi est un vĂ©ritable «miracle rĂ©publicain» français, qu’on croirait droit sorti des manuels scolaires coloniaux pour enseigner le français dans les Ă©coles en Afrique du Nord, la cĂ©lĂšbre sĂ©rie des «Bonjour Ali, bonjour Fatima». Un miracle caricatural, pour incarner le rĂŽle de missiĂ© Islam de France des mĂ©dias, la voix autorisĂ©e pour tout ce qui touche de prĂšs ou de loin Ă  cette religion, surtout quand il s’agit de pourfendre les manifestations de soutien aux Palestiniens.

Sadok Chikhaoui *

SurnommĂ© «l’imam des LumiĂšres», sans doute parce qu’il brille surtout par son absence de pensĂ©e, et l’exposition excessive aux sunlights, il s’exprime, s’embrouille, Ă©ructe dans un français Ă  faire pĂąlir tous les comiques, pour rassurer l’opinion et incarner l’islam inoffensif, qui est le sien, compatible avec le rĂ©cit pro-israĂ©lien dominant des mĂ©dias mainstream. Il incarne Ă  merveille l’image rĂȘvĂ©e du «bon musulman» ou plutĂŽt du «bon Arabe», dans son acception la plus coloniale : docile, obsĂ©quieux, Ăąnonnant un discours appris, incapable d’articuler une pensĂ©e thĂ©ologique ou politique un tant soit peu construite.

Son apparition sur France Culture, le 15 janvier 2021, dans une Ă©mission consacrĂ©e Ă  AverroĂšs, aux cĂŽtĂ©s du philosophe Mohamed Ali Hamadi, universitaire reconnu, fut un sommet d’absurde : Chalghoumi semblait ignorer jusqu’à l’existence d’AverroĂšs, qu’il confondait avec un autre. On aurait cru voir Cyril Hanouna disserter sur Spinoza ou un joueur de pipeau commenter un requiem de Mozart.

Une posture creuse, dictée par le besoin de plaire

Bien sĂ»r, chacun a le droit de s’exprimer, y compris sur des sujets complexes. Un joueur de pipeau peut ressentir un requiem de Mozart, un apprenti cuisinier peut trouver fade un plat de grand chef. Mais ce droit Ă  l’opinion n’exonĂšre pas d’un minimum de compĂ©tence, de sincĂ©ritĂ©, et d’effort de comprĂ©hension.

Mais le problĂšme surgit quand l’opinion n’est qu’une posture creuse, dictĂ©e par l’intĂ©rĂȘt, le besoin de plaire, ou l’instrumentalisation politique sciemment assumĂ©e. On ne reproche pas Ă  Chalghoumi d’avoir un avis, mais d’ĂȘtre sans rigueur, sans fond, sans lĂ©gitimitĂ© intellectuelle ou thĂ©ologique, imposĂ© par un coup de force des mĂ©dias politiquement orientĂ©s, comme une figure reprĂ©sentative de la communautĂ© musulmane en France.

Que l’animatrice AdĂšle Van Reeth l’ait invitĂ© dans une Ă©mission sur AverroĂšs soulĂšve une question : ignorait-elle qui est AverroĂšs, malgrĂ© son agrĂ©gation de philosophie ? Ou ignorait-elle Ă  ce point le niveau de son invitĂ© ? Dans les deux cas, c’est inquiĂ©tant pour France Culture, pour la RĂ©publique, pour la vĂ©ritĂ©.

Et pourtant, Chalghoumi est partout : cĂ©rĂ©monies officielles, dĂ©bats sur la laĂŻcitĂ©, «vivre ensemble» et autres vitrines rĂ©publicaines. AutoproclamĂ© imam de Drancy, sans formation thĂ©ologique reconnue, ni en France ni ailleurs, il s’exprime sur des textes qu’il est censĂ© incarner
 et qu’il ne connaĂźt pas.

Peu importe. Il joue Ă  merveille le rĂŽle de «musulman de service» qu’on lui a assignĂ© et qu’il assume avec zĂšle. Ce rĂŽle, il le joue bien, reconnaissons-lui ça cette compĂ©tence.

Le plus grave n’est pas qu’il ridiculise les musulmans. C’est qu’il efface toute la richesse intellectuelle et spirituelle de l’islam. Il recouvre d’un Ă©cran de fumĂ©e des dĂ©cennies de travail exigeant menĂ© par des penseurs musulmans ou non qui cherchent Ă  penser l’islam dans sa profondeur et sa complexitĂ© son historicitĂ© et son adaptation Ă  son temps.

OĂč sont les Mohammed Arkoun, Abdelwahab Meddeb, Rachid Benzine, Souleymane Bachir Diagne, Fouzia Charfi, Mohamed Bajrafil, Faouzi BĂ©doui, Reza Shah-Kazemi, Tareq Oubrou ? Invisibles. On ne leur demande pas d’ĂȘtre justes, on leur demande d’ĂȘtre utiles. Chalghoumi, lui, est utile Ă  l’ordre Ă©tabli.

Un soutien inconditionnel à Israël

Dernier Ă©pisode en date : lors d’un rĂ©cent voyage en IsraĂ«l, Chalghoumi a tentĂ© d’embrasser la main d’un ministre israĂ©lien, qui l’a aussitĂŽt retirĂ©e. Geste de soumission ou de confusion ? L’image condense tout ce que ce personnage incarne : une servilitĂ© théùtrale, embarrassante mĂȘme pour ceux qu’elle prĂ©tend flatter.

En le promouvant, ce n’est pas seulement l’islam qu’on caricature. C’est l’intelligence qu’on insulte, la RĂ©publique qu’on trahit prĂ©fĂ©rant la mĂ©diocritĂ© rassurante Ă  la pensĂ©e exigeante.

NĂ© en 1972 en Tunisie, arrivĂ© sans-papiers Ă  la fin des annĂ©es 1990, il affirme avoir Ă©tĂ© formĂ© Ă  Damas et Ă  Lahore, sans que son parcours soit vĂ©rifiable. Il s’installe Ă  Drancy, puis se rapproche de cercles politiques et communautaires. Rapidement surnommĂ© «l’imam du Crif» **, il frĂ©quente rĂ©guliĂšrement ses dĂźners, affiche un soutien inconditionnel Ă  IsraĂ«l, condamne les mobilisations propalestiniennes, devenant ainsi un invitĂ© idĂ©al pour les mĂ©dias en quĂȘte d’un islam compatible.

ProtĂ©gĂ©, mis en scĂšne, prĂ©sentĂ© comme courageux grĂące Ă  son escorte sĂ©curitaire, Chalghoumi incarne une figure construite pour marginaliser les voix critiques, Ă©teindre la diversitĂ© intellectuelle de l’islam, et Ă©touffer tout discours musulman libre et autonome.

Ce n’est pas seulement une imposture individuelle. C’est le symptĂŽme d’un systĂšme qui prĂ©fĂšre la caricature au savoir, l’allĂ©geance Ă  la pensĂ©e. Ce n’est pas un malaise religieux, c’est un projet politique, qui ne cherche pas Ă  promouvoir un islam rĂ©publicain par l’intelligence, mais Ă  neutraliser l’exigence de justice, surtout lorsqu’il rappelle que la Palestine n’est pas un dĂ©tail.

*Enseignant.

** Conseil représentatif des institutions juives de France, une sorte de lobby sioniste pro-israélien en France.

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Tunisie-Etats-Unis | L’incontournable deal, d’ici 48 heures

29. Juli 2025 um 07:23

Vous l’aurez compris, on parle ici des tarifs douaniers (et pas de Gaza), parce qu’il reste moins de 48 heures pour se bouger, et nĂ©gocier avec l’administration Trump, en ces temps difficiles, et oĂč les fonctionnaires tunisiens sont en vacances, ou en service minimum.

Moktar Lamari *

Trump a fixĂ© Ă  la Tunisie, entre autres, la date butoir la fin de ce mois de juillet, pour trouver un deal nĂ©gociĂ© Ă  l’amiable, sur le terrain des droits de douane Ă  imposer aux produits tunisiens aux États-Unis. Le 1er aoĂ»t c’est vendredi, aprĂšs c’est comme un peu trop tard.

Ne rien faire, c’est faire payer les exportateurs tunisiens 25% de taxes additionnelles, et pas 10% comme ceux du Maroc, ou 15% pour les industriels europĂ©ens installĂ©s en Tunisie.

Ne rien faire, c’est cultiver une animositĂ© inutile, contre-productive, avec son lot d’imprĂ©visibilitĂ© et incertitudes liĂ©es.

Chaque dollar compte

Le gouvernement tunisien doit tenir compte des intĂ©rĂȘts des acteurs Ă©conomiques et entreprises tunisiennes qui veulent percer et se tailler une place de choix dans le gigantesque marchĂ© amĂ©ricain. Ceux-ci ont besoin de nĂ©gociation faisant baisser ces tarifs de quelques points de pourcentages.

Un deal aussi imparfait soit-il c’est mieux que de s’exposer aux chantages imprĂ©visibles de son excellence le prĂ©sident Trump. Il lui reste trois longues annĂ©es Ă  la Maison Blanche et il est rancunier et tenace.

Le gouvernement tunisien ne doit négliger aucune entreprise dans ce bras-de-fer. Et chaque dollar compte, en valeur absolue, et en valeur marginale.

Beaucoup d’analystes tunisiens et journalistes ont prĂ©fĂ©rĂ© le silence ou le wait and see. Leur raisonnement est limitĂ©, dĂ©faitiste comme si la partie est perdue d’avance.

Le temps c’est de l’argent

En jeu, 1,2 milliard de dollars d’exportations tunisiennes aux Etats-Unis annuellement. Et la somme est en hausse rapide, pour des produits prĂ©cieux et qui font partie des spĂ©cificitĂ©s tunisiennes. C’est presque 4 milliards de dinars (3% du PIB), et c’est beaucoup. Ce n’est pas rien, si on veut simplifier.

Trump ne s’arrĂȘtera pas lĂ , et la Tunisie, l’AlgĂ©rie et la Libye sont dans sa cible. Et il l’a rĂ©itĂ©rĂ© cette semaine, rappelant l’échĂ©ance du 1 aoĂ»t, voire la carte ci-jointe.
Ne rien faire, c’est faire en sorte que les produits phare, exportĂ©s par la Tunisie, passeront forcĂ©ment par d’autres intermĂ©diaires en Italie, en Espagne, en GrĂšce ou au Maroc. Le diffĂ©rentiel d’impĂŽt, favorisera ces intermĂ©diaires et pĂ©nalisera forcĂ©ment les agriculteurs et les industriels tunisiens.

Économie d’échelle

Du point de vue de la rationalitĂ© Ă©conomique, une souris ne peut pas nĂ©gocier avec un Ă©lĂ©phant. Trop marginale pour compter, elle se fera Ă©craser, dans l’indiffĂ©rence des branle-bas de combat. 

Mais, ici on ignore le raisonnement Ă  la marge, et on fait fi de l’impact de la paille qui a brisĂ© le dos du gros dromadaire.

Les exportions tunisiennes ne font pas plus que 0,3% du total des importations amĂ©ricaines. Les exportations amĂ©ricaines en Tunisie ne font guĂšre plus (0,2%). MĂȘme pas 1%, mais c’est important dans la logique des marchĂ©s.

Comment Ă©viter le pire, alors que mĂȘme les plus puissants courbent l’échine. RĂ©alisme versus populisme des plus faibles contre les autres
 Les EuropĂ©ens ont fait profil bas et ont fait geste d’abdication en rase campagne avant-hier soir, Ă  Washington, en prĂ©sence de toutes les camĂ©ras du monde.

NĂ©gocier avec l’administration Trump, c’est forcĂ©ment bien apprĂ©cier par ce colosse en furie. Mais nĂ©gocier, c’est penser aux entreprises tunisiennes, ces producteurs et promoteurs, qui veulent conquĂ©rir les marchĂ©s de l’AmĂ©rique du Nord, sans passer par les rentiers europĂ©ens et leurs petites mains, dociles et versatiles.

Les dégùts par transitivité

Les principaux investisseurs et marchĂ©s d’exportations de la Tunisie, sont europĂ©ens : Français, Italiens, Allemands. Ces pays peuvent ne plus ĂȘtre intĂ©ressants de sous-traiter leurs productions (d’intrants et sous-produits) en Tunisie.

Ils peuvent préférer le Maroc, un pays imposé par seulement 10% de taxes additionnelles. Le Maroc renforcera davantage ses avantages comparatifs, et ses industriels et exportateurs chercheront à damer le pion, pour les écarter encore plus, à leurs compétiteurs tunisiens.

La diplomatie de la Tunisie doit innover et il reste moins de 48 heures pour dĂ©bloquer l’impasse et ouvrir des perspectives, espĂ©rant trouver un compromis avec l’administration Trump.

Le 1er août, les nouveaux compteurs de la tarification seront réinitialisés, au détriment de la Tunisie, ou plutÎt les exportateurs tunisiens. SOS danger


* Economiste.  

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Tunisie | La crise culturelle, un miroir brisé

27. Juli 2025 um 11:20

La Tunisie traverse une crise politique, sociale et Ă©conomique profonde, que nul n’ignore. Les chiffres parlent, les visages l’expriment, les rues le crient. Mais au cƓur de cette tourmente, un autre pan de notre ĂȘtre collectif s’effondre plus discrĂštement : la culture. Un effondrement plus silencieux, mais peut-ĂȘtre plus grave. Car si les crises politiques se traitent par des rĂ©formes, les fractures Ă©conomiques par des mesures de redressement, une crise culturelle, elle, altĂšre la conscience mĂȘme d’un peuple.

Ilyes Bellagha *

Dans une sociĂ©tĂ© oĂč l’architecture, la littĂ©rature, la musique et les arts Ă©taient autrefois le souffle discret d’une rĂ©sistance, la culture semble dĂ©sormais relĂ©guĂ©e Ă  l’ornement, au folklore, Ă  la distraction, au futile.

L’architecture est un prisme. Elle rĂ©vĂšle le lien d’un peuple Ă  son histoire, Ă  son imaginaire collectif, Ă  son avenir. En Tunisie, ce prisme est brisĂ©. L’espace bĂąti, naguĂšre porteur de sens, d’identitĂ© et de beautĂ©, est aujourd’hui livrĂ© Ă  l’anarchie, au cynisme spĂ©culatif, Ă  la perte de repĂšres. L’urbanisme n’est plus un projet, mais une fatalitĂ©. Le patrimoine, un fardeau. La beautĂ©, une option.

Une crise imbriquée

Comment ne pas voir dans cette dĂ©gradation de nos villes, de nos paysages et de nos gestes architecturaux, le symptĂŽme d’une crise culturelle profonde ? Car bĂątir, c’est dĂ©jĂ  penser. Et ce que nous bĂątissons aujourd’hui dit tout de notre vide intĂ©rieur.

Il serait naĂŻf de croire que cette crise culturelle est isolĂ©e. Elle est le fruit — mais aussi la matrice — des autres crises. Une sociĂ©tĂ© privĂ©e de rĂȘves, de rĂ©cits, de repĂšres symboliques, est une sociĂ©tĂ© vulnĂ©rable. La culture n’est pas un luxe. Elle est ce qui donne sens Ă  l’économie, dignitĂ© Ă  la politique, humanitĂ© au social.

La disparition des lieux de dĂ©bat, le rĂ©trĂ©cissement des espaces de crĂ©ation, la marginalisation des penseurs et artistes, la dĂ©sertification intellectuelle des institutions : tout cela crĂ©e un vide dans lequel prospĂšrent l’ignorance, la rĂ©signation et parfois la violence.

Des responsabilités à assumer

Il est temps que les acteurs culturels — architectes en tĂȘte — assument leur part de responsabilitĂ© dans ce naufrage. Trop souvent, nous avons fui en avant. Trop souvent, nous avons prĂ©fĂ©rĂ© le confort des colloques aux actes courageux, les discours aux engagements concrets.

Cette responsabilité est double.

La premiĂšre est directe : nombreux sont ceux qui ont acceptĂ© de servir un systĂšme qui les humilie. Ils se sont mis Ă  la table du pouvoir, mĂȘme lorsqu’on ne leur offrait que du pain noir. Ils ont renoncĂ© Ă  leur rĂŽle de conscience pour devenir des techniciens dociles, des dĂ©corateurs du dĂ©clin, des gestionnaires du renoncement.

La seconde est indirecte, mais tout aussi destructrice : elle consiste Ă  se draper dans une posture de victime permanente. À chaque nouveau bĂąton dans les roues, on lĂšve les bras au ciel, on proteste, on simule le refus, mais sans jamais aller au bout de la rupture. On joue Ă  prĂ©server sa dignité  tout en piĂ©tinant celle des citoyens. Ce théùtre de la plainte empĂȘche toute refondation.

Et entre les deux, il faut nommer ce qui Ă©touffe : la responsabilitĂ© du politique, bien sĂ»r — mais aussi l’ego ignorant des dĂ©cideurs, incapables d’envisager la culture comme un enjeu stratĂ©gique.

L’un des hĂ©ritages les plus pernicieux de Ben Ali dans le champ des arts aura Ă©tĂ© de nous laisser une Ă©lite administrative aussi inculte que le plus simple des citoyens, qui n’aurait pas compris cette phrase de Victor Hugo : «L’architecture, c’est le grand livre de l’humanitĂ©.»

Alors oui, face Ă  cela, il devient vital de rĂ©habiliter le militantisme culturel, et de l’incarner pleinement. Les architectes, en particulier, ne peuvent plus dĂ©tourner le regard pendant que leur pays est vandalisĂ© — par l’argent, par l’indiffĂ©rence, par l’ignorance.

Que faire ? Continuer Ă  expatrier nos jeunes architectes brillants pendant que l’on importe des modĂšles urbains prĂ©fabriquĂ©s, des produits chinois, un bĂ©ton sans Ăąme ? Sommes-nous devenus incapables de bĂątir nous-mĂȘmes notre propre avenir ?

Refaire société par la culture

Le chantier est immense. Mais il est vital. La Tunisie de demain ne se bĂątira pas seulement avec des plans Ă©conomiques ou des rĂ©formes institutionnelles. Elle devra retrouver ce souffle, cette dignitĂ© culturelle qui faisait d’elle, jadis, un phare. Redonner Ă  l’architecture sa poĂ©sie. À la parole sa puissance. À la mĂ©moire sa profondeur.

Et cela commence par un acte simple, mais difficile : se tenir debout. Ne plus dĂ©lĂ©guer Ă  d’autres ce que nous seuls pouvons porter.

* Architecte.

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Le smack qui met l’Egypte en Ă©moi  

26. Juli 2025 um 11:57

L’Egypte est en Ă©moi. L’artiste libanais Ragheb Alama y est dĂ©sormais interdit de se produire en concert; il a mĂȘme Ă©tĂ© convoquĂ© par le syndicat Ă©gyptien des professions musicales pour une enquĂȘte disciplinaire. La cause : le fugace baiser Ă©changĂ© avec une admiratrice montĂ©e sur scĂšne lors de son dernier gala dans ce pays qu’on avait connu moins bondieusard. VidĂ©o.

Mohamed Sadok Lejri *

Bien entendu, aprĂšs ce petit baiser, ce «simple smack» comme on disait au collĂšge, les endeuillĂ©s du slip, les aigries mal baisĂ©es et les conservateurs de tout poil sont montĂ©s au crĂ©neau pour crier au scandale et exiger des autoritĂ©s Ă©gyptiennes une sanction Ă  la mesure de la gravitĂ© du «crime» qui vient d’ĂȘtre commis.

Cela dĂ©note une chose toute simple : la crainte des conservateurs Ă©gyptiens de voir leurs compatriotes s’affranchir de la tutelle de la religion et se frayer un chemin vers une plus grande libertĂ© sexuelle.

Les conservateurs Ă©gyptiens, et arabes d’une façon gĂ©nĂ©rale, redoutent comme la peste la sĂ©cularisation de la sociĂ©tĂ© et l’émancipation des corps et des plaisirs.

En convoquant l’artiste libanais Ă  son siĂšge, en l’accablant Ă  travers un communiquĂ© qui dĂ©nonce un «comportement indĂ©cent contraire aux traditions et aux valeurs de la sociĂ©tĂ© Ă©gyptienne», en menaçant le propriĂ©taire de la salle de spectacle de sanction, le syndicat Ă©gyptien des professions musicales n’a fait que lĂ©gitimer et nourrir encore plus les diktats obscurantistes qui gangrĂšne l’Egypte depuis plusieurs dĂ©cennies.

«Ce concert est un affront clair et dĂ©libĂ©rĂ© aux coutumes et traditions locales», a dĂ©clarĂ© le prĂ©sident du syndicat en question. Cet Ă©tat d’esprit poltron est indigne d’hommes qui se prĂ©tendent artistes car ils permettent aux bigots, aux bondieusards, aux islamo-obscurantistes, aux branleurs qui diabolisent un simple baiser et la moindre allusion au sexe car inaccessible pour eux, de conserver le monopole du contrĂŽle de l’espace public au nom du respect des traditions, de l’islam, de la morale et des bonnes mƓurs.

En effet, mĂȘme les plus conservateurs savent pertinemment qu’il ne s’agit que d’un simple bĂ©cot, ils savent que ce baiser n’a rien de pornographique ou de contraire Ă  la dĂ©cence.

En rĂ©alitĂ©, ils craignent qu’un baiser donnĂ© en public reste impuni et soit la porte ouverte Ă  la libĂ©ralisation des mƓurs. C’est pourquoi ils ne comptent pas laisser passer ce baiser sous silence, aussi anodin soit-il.

Une conception totalitaire de la morale

En fait, cette confrontation dĂ©note une chose toute simple : l’affrontement de deux visions antagonistes par rapport Ă  la sexualitĂ© des Egyptiens et des Arabes. Il y a, d’abord, la crainte des conservateurs de voir leurs compatriotes s’affranchir de la tutelle de la morale religieuse et se frayer un chemin vers une plus grande libertĂ© sexuelle.

En effet, comme tous les conservateurs arabo-musulmans, les conservateurs Ă©gyptiens redoutent comme la peste la sĂ©cularisation de la sociĂ©tĂ© et l’émancipation des corps et des plaisirs. Bondieusards et conservateurs de tout poil veulent conserver le monopole du contrĂŽle de l’espace public au nom du respect de la religion, des traditions, des us et coutumes, de la morale et des bonnes mƓurs.

Pour les conservateurs, le recours Ă  l’appareil de l’Etat et Ă  toutes les machines affĂ©rentes Ă  l’appareil rĂ©pressif de l’Etat (les syndicats des artistes font de cet appareil en Egypte) pour imposer dans l’espace public, aux mĂ©dias, aux institutions artistiques et culturelles, une conception totalitaire de la morale, une conception moyenĂągeuse et inquisitoriale des traditions et des bonnes mƓurs. Et cela ne saurait faire l’objet d’une quelconque nĂ©gociation.

Dans le camp d’en face, il y a les progressistes qui sont minoritaires et qui, sur le plan des mƓurs, essayent de faire Ă©voluer les choses sans trop se mouiller. IntimidĂ©s par les arguments d’autoritĂ© des conservateurs, ils ne font qu’obĂ©ir aux diktats de ces derniers depuis des dĂ©cennies. La poltronnerie de beaucoup d’entre eux a permis aux bondieusards de conserver, durant tout ce temps, le monopole du contrĂŽle de l’espace public au nom du respect de la morale et des bonnes mƓurs.

La lùche démission des progressistes

Il faut que les progressistes comprennent que la provocation des conservateurs et le choc des consciences participent Ă  la transformation de la sociĂ©tĂ©. Mais, hĂ©las, nos progressistes, Ă  quelques exceptions prĂšs, aussi bien en Egypte que dans les autres pays dits arabo-musulmans, se sont le plus souvent montrĂ©s lĂąches et timorĂ©s devant les tollĂ©s suscitĂ©s par les affaires liĂ©es aux mƓurs.

Pour que les mƓurs Ă©voluent sous nos cieux, les progressistes doivent faire face Ă  certains tabous et arrĂȘter de noyer le poisson lorsqu’on leur intime de se prononcer sur ce genre de sujets.

En effet, la remise en cause de la doxa et d’un certain conformisme est un passage obligĂ© si l’on veut sortir du vieux dispositif qui sanctifie la morale religieuse et les bonnes mƓurs et qui, de surcroĂźt, s’appuie sur la rĂ©pression sexuelle. Seul un Ă©lectrochoc dĂ©sinhibiteur affaiblira les tabous religieux et sexuels. Non seulement il faut rĂ©sister aux assauts des conservateurs, Ă  l’intimidation sociale et aux menaces profĂ©rĂ©es par les extrĂ©mistes, mais en plus il faut revendiquer sans la moindre Ă©quivoque la libertĂ© sexuelle quand cela s’impose et le droit de se bĂ©coter lors d’un concert, au cinĂ©ma, Ă  la tĂ©lé  Bref, en public !

C’est le seul moyen d’en finir avec la rĂ©pression moralo-religieuse et les inhibitions qui lui sont liĂ©es d’une maniĂšre consubstantielle et qui sont Ă  l’origine de tant de frustrations et de nĂ©vroses en terre d’Islam


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Tunisie-Arabie Saoudite | Alliance cerveaux-capitaux pour dĂ©velopper l’IA arabe

26. Juli 2025 um 10:08

Comment le Public Investment Fund (PIF) saoudien, qui investit massivement dans l’Intelligence artificielle (IA), peut-il transformer la Tunisie en Silicon Valley du Maghreb et crĂ©er une souverainetĂ© numĂ©rique panarabe.

NaĂąmen Bouhamed *

La Tunisie forme 8 000 ingĂ©nieurs IA par an (dont 38% de femmes, record mondial), publie plus de recherches IA que tous les pays du Golfe rĂ©unis (Nature Index), et voit ses startups lever 120 millions de dollars US (M$) depuis 2020.

Pourtant, 83% de ses cerveaux fuient vers l’Europe ou l’AmĂ©rique.

Solution clĂ© : le PIF saoudien a 40 milliards de dollars pour l’IA. La Tunisie a les cerveaux. Leur mariage stratĂ©gique peut faire Ă©merger un Ă©cosystĂšme arabe disruptif.

Les atouts complĂ©mentaires (schĂ©ma proposĂ© par IA DeepSeek) :

Projets concrets pour une alliance gagnant-gagnant :

1. Fonds « Brain & Brawn Â» (1 Md$)

Objectif : fixer les talents en Tunisie via → Salaires hybrides : 70% payĂ©s par employeur local + 30% par le PIF (contre engagement 5 ans) → Ă‰quity-for-Skills : cession d’actions des startups tunisiennes au PIF en Ă©change de financement.

Impact : rĂ©duction de 60% de la fuite des cerveaux (modĂšle BCG).

2. RĂ©seau de Centres d’excellence thĂ©matiques (schĂ©ma proposĂ© par IA DeepSeek) :

3- Plateforme Halal Valley

SiĂšge : Tunis (ingĂ©nierie) + Riyad (commercialisation).

Fonctions : → Labellisation Halal Tech pour l’IA Ă©thique → Marketplace de services IA pour le monde musulman (1,8 Md de consommateurs) → AccĂ©lĂ©rateur commun startups tuniso-saoudiennes.

Simulation d’une feuille de route financiĂšre (schĂ©ma proposĂ© par IA DeepSeek) :

ModÚle économique : 15% des revenus reversés au PIF pendant 10 ans

Les Gains Géostratégiques

Pour la Tunisie â†’ Transformation de la fuite des cerveaux en exportation de services IA (objectif : 2Mds$/an) → Ancrage comme hub africain de la deep tech.

Pour l’Arabie saoudite â†’ AccĂšs Ă  des compĂ©tences premium Ă  coĂ»t compĂ©titif (Ă©conomie : 400M$/an vs recrutement occidental) → Diversification Ă©conomique hors pĂ©trole via la propriĂ©tĂ© intellectuelle tunisienne.

Pour le Monde arabe â†’ SouverainetĂ© numĂ©rique (ModĂšles LLM en arabe, normes Ă©thiques islamiques) → Émergence d’un 3e pĂŽle IA mondial (devant l’Europe, derriĂšre les Etats-Unis et la Chine).

Les piÚges à éviter

Protection des intĂ©rĂȘts tunisiens â†’ Limiter la prise de participation du PIF Ă  35% dans les startups → Garantir le transfert technologique via des comitĂ©s scientifiques mixtes

AgilitĂ© vs mĂ©gaprojets : «Pas de Neom Ă  la tunisienne : privilĂ©gier 100 pĂ©pites agiles plutĂŽt qu’un Ă©lĂ©phant blanc» (Olfa Nasraoui, experte en IA Ă©thique, Professor of Computer Science & Engineering, University of Louisville, USA).

TĂ©moignage prophĂ©tique : «Avec 1% des fonds IA du PIF, la Tunisie pourrait former 50 000 experts et gĂ©nĂ©rer 15 licornes. C’est le meilleur ROI gĂ©opolitique du siĂšcle Â» (Karim Beguir, Ceo d’InstaDeep (rachetĂ© par BioNTech pour 682M$).

Conclusion

L’alliance Tunisie-PIF n’est pas une option, mais une nĂ©cessitĂ© stratĂ©gique. La Tunisie y gagne en infrastructures et ancrage de ses talents. Le PIF y acquiert une agilitĂ© technologique et lĂ©gitimitĂ© panarabe. Et le monde arabe y construit son indĂ©pendance numĂ©rique.

Cette complĂ©mentaritĂ© cerveaux/capitaux pourrait Ă©crire l’une des plus belles rĂ©ussites technologiques du 21e siĂšcle : l’émergence d’un Silicon Valley arabe, irriguĂ© par les cerveaux tunisiens et les pĂ©trodollars saoudiens.

* International business consultant. Ceo Alwen International -France (article écrit en collaboration avec DeepSeek IA).

PrĂ©cĂ©dent article de l’auteur sur le mĂȘme sujet :

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Etat de Palestine l Le saut hésitant de Macron

26. Juli 2025 um 08:38

En voulant reconnaĂźtre l’État de Palestine «sans brusquer», Macron a choisi le chemin de la lenteur excessive. Mais l’Histoire – celle que Churchill et De Gaulle avaient lue – nous rappelle que, pour franchir certains fossĂ©s, il faut un seul Ă©lan, ferme et irrĂ©versible. Tout le reste n’est que temps offert Ă  ceux qui espĂšrent que le saut n’aura jamais de rĂ©sultat.

Khémaïs Gharbi *

Winston Churchill aimait rappeler qu’«un fossĂ© se franchit mieux d’un seul saut». Ce n’était pas seulement une image de guerre, mais une leçon de stratĂ©gie : lorsqu’un pas est dĂ©cisif, mieux vaut l’accomplir d’un Ă©lan ferme que d’y revenir par hĂ©sitations successives.

Le prĂ©sident français Emmanuel Macron semble aujourd’hui payer le prix d’avoir ignorĂ© ce conseil du «vieux lion». Depuis des mois, il annonçait vouloir reconnaĂźtre l’État de Palestine – mais sans oser le faire franchement et clairement. Avant-hier, jeudi 25 juillet 2025, il a franchi une Ă©tape en annonçant officiellement cette reconnaissance dans une lettre adressĂ©e au prĂ©sident Mahmoud Abbas. Mais, en fixant la date de la proclamation solennelle Ă  septembre prochain, lors de l’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations unies, il a ouvert un nouveau cycle de palabres, de tergiversations et de rĂ©sistances.

Cette dĂ©marche, pourtant honorable dans son affirmation, risque de se transformer en un piĂšge politique. Car en multipliant les prĂ©annonces, Macron n’offre pas seulement du temps Ă  la diplomatie : il en offre surtout Ă  ses adversaires – de l’intĂ©rieur comme de l’extĂ©rieur – pour dresser de nouveaux obstacles, tisser de nouvelles pressions, nourrir de nouvelles polĂ©miques.

L’Histoire fourmille d’exemples qui rappellent que certains gestes doivent ĂȘtre accomplis avec la nettetĂ© d’un couperet. En 1967, au lendemain de la guerre des Six Jours, le gĂ©nĂ©ral de Gaulle avait choisi un mot – «agression» – et une dĂ©cision – l’embargo sur les armes Ă  destination d’IsraĂ«l – qu’il annonça d’un bloc, sans flottement. Le geste fut controversĂ©, mais sa clartĂ© fit autoritĂ©.

À l’inverse, Ă  tergiverser, on Ă©puise l’élan, on fragilise le geste, et l’on transforme ce qui aurait pu ĂȘtre un moment de clartĂ© en un long champ de tir pour les critiques.

En voulant reconnaĂźtre l’État de Palestine «sans brusquer», Macron a choisi le chemin de la lenteur excessive. Mais l’Histoire – celle que Churchill et De Gaulle avaient lue – nous rappelle que, pour franchir certains fossĂ©s, il faut un seul Ă©lan, ferme et irrĂ©versible. Tout le reste n’est que temps offert Ă  ceux qui espĂšrent que le saut n’aura jamais de rĂ©sultat. Et ils sont nombreux dans cet Occident qui se fait dĂ©sormais complice du gĂ©nocide perpĂ©trĂ© par IsraĂ«l dans les territoires palestiniens occupĂ©s.

Les 149 Etats qui ont dĂ©jĂ  reconnu l’Etat de Palestine l’ont fait ce saut, et d’un seul Ă©lan, mus par la nĂ©cessitĂ© de l’Histoire et guidĂ©s par les principes du droit et de la justice.

* Ecrivain et traducteur.

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La diplomatie tunisienne face aux mutations gĂ©ostratĂ©giques

26. Juli 2025 um 08:05

La confĂ©rence annuelle des chefs de missions diplomatiques et consulaires tunisiens Ă  l’étranger se tiendra trĂšs prochainement au siĂšge de l’AcadĂ©mie diplomatique internationale Ă  Tunis (Photo). OrganisĂ©e pour la premiĂšre fois en 1992, le but de cette confĂ©rence annuelle est de donner Ă  nos chefs de poste diplomatiques et consulaires l’occasion de se rencontrer pour Ă©changer entre eux, avec les hauts fonctionnaires du ministĂšre et avec de hauts responsables de l’Etat et des entreprises publiques concernĂ©s par les relations extĂ©rieures, quant aux moyens permettant de mettre l’appareil diplomatique au service des intĂ©rĂȘts de la Tunisie, de son dĂ©veloppement et de sa prĂ©sence internationale, compte tenu des enjeux et contraintes, dans un monde plus instable que jamais et extrĂȘmement compĂ©titif. 

Raouf Chatty *

Dans ce cadre et compte tenu de ces contraintes du temps, les intervenants Ă  la confĂ©rence gagneraient Ă  faire l’économie des gĂ©nĂ©ralitĂ©s rĂ©barbatives et des analyses fleuves de la situation politique et gĂ©ostratĂ©gique internationale. Il serait mieux indiquĂ© de focaliser leurs Ă©changes sur certains thĂšmes majeurs devant constituer le cƓur de leur travail quotidien et de leur feuille de route. 

Le premier thĂšme est celui de la diplomatie Ă©conomique et de la contribution des reprĂ©sentations diplomatiques Ă  la rĂ©alisation des objectifs du pays dans ce domaine. 

RĂ©gion par rĂ©gion, ou pays par pays, en fonction de leur poids Ă©conomique, le rapporteur dĂ©signĂ© pourrait faire le bilan des rĂ©alisations effectives ou celles en cours et l’état des difficultĂ©s objectives entravant la rĂ©alisation des objectifs assignĂ©s. 

Le deuxiĂšme thĂšme concerne la communautĂ© tunisienne Ă  l’étranger, sa composition (environ 2 millions de personnes dont un grand nombre de compĂ©tences), les obstacles auxquels elle fait face et ses aspirations. Il s’agit d’identifier des procĂ©dĂ©s innovants pour l’impliquer plus fortement dans le dĂ©veloppement du pays. 

La promotion des intĂ©rĂȘts de la nation et de sa souverainetĂ©

Le troisiĂšme axe concerne les constantes de la diplomatie tunisienne face aux enjeux politiques, sĂ©curitaires et Ă©conomiques changeants dans un monde en Ă©bullition.

Le quatriĂšme pourrait ĂȘtre consacrĂ© Ă  la rationalisation des mĂ©thodes de travail et la gestion efficiente des personnels diplomatiques et consulaires et autres reprĂ©sentants Ă  l’étranger. 

A cet Ă©gard, il est important de souligner que le PrĂ©sident de la RĂ©publique a toujours insistĂ© sur les principes qui devront guider notre diplomatie, en particulier la promotion des intĂ©rĂȘts de la nation, la dĂ©fense des causes justes, la sauvegarde de la souverainetĂ© nationale et la non-ingĂ©rence dans les affaires intĂ©rieures des États.  

Le chef de l’Etat a toujours insistĂ© sur l’urgence pour la diplomatie tunisienne de se rĂ©nover, de faire preuve d’imagination et de crĂ©ativitĂ© compte tenu des nouveaux dĂ©fis gĂ©ostratĂ©giques et des grandes mutations actuelles dans le monde, gĂ©nĂ©rĂ©es par la rĂ©volution numĂ©rique et les technologies Ă©mergentes.  

Le renseignement économique et technologique

A cet Ă©gard, les participants devraient ĂȘtre animĂ©s d’un esprit pionnier et innovant, tout en Ă©tant attachĂ©s au rĂŽle et Ă  la mission du diplomate qui ont beaucoup changĂ© aujourd’hui. 

Plus que par le passĂ©, le travail du diplomate porte sur le renseignement Ă©conomique et technologique, la coopĂ©ration scientifique, la recherche des opportunitĂ©s et la quĂȘte des marchĂ©s. Il porte aussi sur les questions sociales et culturelles et l’accompagnement des expatriĂ©s dans le pays d’accrĂ©ditation


L’opinion publique doit aussi ĂȘtre Ă©clairĂ©e sur le rĂŽle jouĂ© par notre diplomatie dans la promotion de la Tunisie et de sa prĂ©sence sur la scĂšne internationale, ainsi que sur les difficultĂ©s qu’elle rencontre dans l’accomplissement de ses missions. Ainsi, on se ferait une idĂ©e prĂ©cise de son utilitĂ© et de son apport et lui en rendrait justice.

* Ancien ambassadeur.  

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KaĂŻs SaĂŻed dans une scĂšne rare, presque historique

24. Juli 2025 um 11:28

Cela s’est passĂ© mardi 22 juillet 2025 au Palais de Carthage, en quelques minutes, mais ces minutes-lĂ , il faudra bien les inscrire quelque part. Dans un livre d’histoire, peut-ĂȘtre. Ou dans la mĂ©moire de ceux qui savent encore distinguer le courage de la complaisance.

Khémaïs Gharbi *

Le prĂ©sident tunisien, KaĂŻs SaĂŻed, recevant l’émissaire de Donald Trump pour le monde arabe Massad Boulos, n’a pas attendu les discours officiels ni les formules diplomatiques rodĂ©es. À peine l’entrevue entamĂ©e, debout face Ă  son interlocuteur, il sort une sĂ©rie de photos. Des clichĂ©s en couleur. Mais la couleur ici, c’est celle du sang, de la poussiĂšre, de la dĂ©tresse des Palestiniens.

Il ne montre pas des paysages. Il tend les images d’un peuple suppliciĂ© : des enfants affamĂ©s, une fillette rĂ©duite Ă  manger du sable, des visages creusĂ©s par la faim et la peur. Â«Je crois que ces photos, vous les connaissez bien», dit-il. Puis, commentant chaque image, il dĂ©nonce un Â«crime contre l’humanitĂ© entiĂšre», et rĂ©clame qu’on y mette fin — que Â«l’humanitĂ© tout entiĂšre se rĂ©veille».

Une gifle assénée au nom des enfants de Gaza

Face Ă  lui, l’envoyĂ© amĂ©ricain subit un rĂ©quisitoire visuel, implacable. Sans cris, sans fioritures, mais avec la force nue des images et des mots justes. Ce n’est pas un simple geste. C’est une audace rare dans le monde feutrĂ© de la diplomatie. Une gifle silencieuse, assĂ©nĂ©e au nom des enfants de Gaza.

Car il ne s’agit pas seulement de clichĂ©s. Il s’agit d’une vĂ©ritĂ© que beaucoup taisent, que d’autres enveloppent dans les euphĂ©mismes : celle d’un gĂ©nocide menĂ© en temps rĂ©el, avec le soutien sans faille du principal alliĂ© militaire et diplomatique d’IsraĂ«l — les États-Unis d’AmĂ©rique.

Cette scĂšne, inĂ©dite dans le monde arabe contemporain, rĂ©sonne comme un Ă©cho des grandes heures du courage politique. On pense Ă  la dĂ©claration de Patrice Lumumba face au roi Baudouin en 1960 : Â«Entre l’esclavage et la libertĂ©, il n’y a pas de compromis.» On entend aussi le souffle de Martin Luther King, lançant son rĂȘve Ă  la face de l’AmĂ©rique sĂ©grĂ©gationniste.

Echo des grandes heures du courage politique

Aujourd’hui, c’est un prĂ©sident arabe qui, sans armĂ©e conquĂ©rante ni appuis massifs, a dit non. Par les images. Par la dignitĂ©. Par la vĂ©ritĂ© nue.

Il a montrĂ© qu’on peut ĂȘtre grand, mĂȘme lorsqu’on est seul. Qu’on peut ĂȘtre fort, mĂȘme sans violence. Et qu’à dĂ©faut de frapper avec des armes, on peut frapper avec sa conscience — et l’exposer au regard du monde entier.

Car dans ce siĂšcle saturĂ© d’images, une seule photo peut devenir une arme. Non pas une arme de destruction, mais une arme de rĂ©vĂ©lation. Une arme qui dĂ©range. Qui accuse. Qui rĂ©veille.

Et Ă  ceux qui, dans l’ombre ou Ă  la tribune, bravent la peur, les menaces, l’isolement, pour dĂ©fendre la dignitĂ© humaine et nommer les injustices par leur nom — Ă  ceux-lĂ , va notre reconnaissance profonde.

Car ce sont eux qui, par leur courage, empĂȘchent le monde de sombrer tout Ă  fait dans la nuit.

* Ecrivain et traducteur.

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Tunisie l L’instinct de survie au-dessus de tout scrupule

24. Juli 2025 um 09:03

Dans un monde en pleine effervescence et un voisinage croulant sous de lourds nuages de colĂšre et d’instabilitĂ©, il importe Ă  la Tunisie de se ressaisir et de tout faire pour pouvoir surmonter la tornade qui se profile Ă  l’horizon.

Elyes Kasri *

L’appareil de production public et privĂ© en Tunisie souffre d’une rĂ©gression continue depuis 2011 et le marchĂ© de l’emploi, le pouvoir d’achat, les infrastructures et les services publics se dĂ©gradent de jour en jour.

Depuis ce qui a Ă©tĂ© pompeusement et fallacieusement qualifiĂ© de «rĂ©volution de la libertĂ© et de la dignité» ou pire encore de «rĂ©volution du jasmin», la seule croissance enregistrĂ©e dans notre pays a Ă©tĂ© dans les innombrables slogans de plus en plus creux et la litanie des promesses intenables et des faux espoirs avec leur lot toxique de dĂ©sillusions, de rancƓurs et de colĂšres jusqu’à prĂ©sent sous la braise au risque, que Dieu ne le veuille, que les circonstances ou des officines extĂ©rieures ne se mettent Ă  souffler dessus.

Une poussiùre d’individus

Un pays qui se dĂ©peuple (au vu du dernier recensement dĂ©mographique et de la tentation migratoire alimentĂ©e par le sentiment partagĂ© d’un ailleurs plus auspicieux) et qui croit de moins en moins Ă  la chose publique et Ă  un sort collectif et national (les derniĂšres consultations et Ă©chĂ©ances Ă©lectorales en sont un indice frappant) semble tentĂ© de retomber dans l’état de poussiĂšre d’individus mus par l’instinct de survie, souvent Ă  tout prix et au-dessus de tout scrupule.

* Ancien ambassadeur.

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Kaïs Saïed et la Palestine | Un discours de courage et de lucidité

24. Juli 2025 um 08:24

Recevant avant-hier Ă  Carthage l’envoyĂ© spĂ©cial du PrĂ©sident Trump pour le monde arabe, qui Ă©tait accompagnĂ© de l’ambassadeur amĂ©ricain en Tunisie et de trois autres responsables de son pays, le PrĂ©sident KaĂŻs SaĂŻed a Ă©tĂ©, comme Ă  son habitude, trĂšs clair sur la situation dramatique qui prĂ©vaut Ă  Gaza oĂč les autoritĂ©s israĂ©liennes continuent de braver le droit international, fortes de l’appui inconditionnel des États-Unis et des pays occidentaux.

Raouf Chatty *

Le bilan des bombardements israĂ©liens, depuis le dĂ©clenchement des hostilitĂ©s le 7 octobre 2023, est particuliĂšrement lourd : des dizaines de milliers de mort et des centaines de milliers blessĂ©s, sans compter les Ă©normes dĂ©gĂąts matĂ©riels et les impacts durables de cette guerre sur les Palestiniens en gĂ©nĂ©ral et les habitants de Gaza en particulier. 

Sur ce point, la position du PrĂ©sident SaĂŻed est largement en avance sur celles de la quasi-totalitĂ© des dirigeants arabes, ceux qui sont directement impliquĂ©s dans le conflit et ceux qui en sont indirectement touchĂ©s. PiĂ©gĂ©s dans une position trĂšs inconfortable, ces derniers continuent de souffler le chaud et le froid, selon le contexte gĂ©nĂ©ral dans la rĂ©gion et en fonction des intĂ©rĂȘts stratĂ©giques de leurs pays, ne craignant pas d’exposer ainsi leur impuissance au monde entier.

Les États-Unis face Ă  leurs responsabilitĂ©s

Montrant Ă  l’envoyĂ© spĂ©cial du PrĂ©sident amĂ©ricain des photos d’enfants gazaouis crevant de faim, KaĂŻs SaĂŻed a visiblement cherchĂ© Ă  choquer son hĂŽte et Ă  mettre les États-Unis face Ă  leurs responsabilitĂ©s de superpuissance prĂŽnant les droits humains et Ă  la contradiction de leurs politiques des deux poids deux mesures.

Le PrĂ©sident a Ă©galement mis l’accent lors de cette rencontre sur la question de la souverainetĂ© des États, soulignant Ă  son interlocuteur que le rejet des ingĂ©rences extĂ©rieures et le respect de la volontĂ© des peuples sont des fondements des relations internationales. 

Si de tels propos, transmis par les mĂ©dias, avec la voix du PrĂ©sident, confortent la position d’un large public tunisien rĂ©voltĂ© par les souffrances sans fin infligĂ©es au peuple palestinien, pour d’autres, ces propos ont une portĂ©e purement symbolique et ne feront que remuer le couteau dans la plaie. Ils n’aideront pas, en tout cas, Ă  allĂ©ger ces souffrances. Les masses populaires y verront un acte de courage et de bravoure Ă  mettre Ă  l’actif du PrĂ©sident tunisien, au moment oĂč plusieurs chefs d’Etat arabe n’osent mĂȘme pas placer un mot devant le PrĂ©sident amĂ©ricain. Ne l’a-t-on pas vu, rĂ©cemment, regarder de haut des prĂ©sidents africains en visite officielle Ă  son invitation Ă  la Maison blanche ?

Qu’attendent exactement les AmĂ©ricains de SaĂŻed ?  

AprĂšs son entretien avec le PrĂ©sident de la RĂ©publique, l’envoyĂ© spĂ©cial du prĂ©sident amĂ©ricain s’est contentĂ© d’une dĂ©claration laconique et Ă  portĂ©e gĂ©nĂ©rale sur son blog, sans Ă©voquer les sujets rĂ©ellement discutĂ©s au Palais de Carthage : Palestine, Gaza, droit humanitaire international, droit des peuples Ă  l’autodĂ©termination et, probablement aussi, la situation en Libye et son impact sur la rĂ©gion.

Dans ce cadre, plusieurs questions se posent
 

1- Les États-Unis connaissant trĂšs bien les positions du PrĂ©sident SaĂŻed sur la question palestinienne, Gaza et sur bien d’autres sujets, comme la nouvelle politique Ă©trangĂšre de la Tunisie, revue et corrigĂ©e par l’actuel locataire du Palais de Carthage, quel Ă©tait le but rĂ©el de cette visite, la premiĂšre dans notre pays d’un haut responsable amĂ©ricain depuis le retour du PrĂ©sident Trump au pouvoir, Ă  un moment oĂč la Tunisie continue de se dĂ©battre dans des difficultĂ©s politiques, Ă©conomiques  et sociales majeures, aggravĂ©es par la situation trĂšs instable dans toute la rĂ©gion Mena? En d’autres termes, qu’attendent exactement les AmĂ©ricains de SaĂŻed ? Qu’il normalise les relations de la Tunisie avec IsraĂ«l et rejoigne ainsi la caravane arabe des Accords d’Abraham ? Ou qu’il accepte d’accueillir en Tunisie les Palestiniens de Gaza, comme l’avait fait Habib Bourguiba de ces mĂȘmes Palestiniens lorsqu’ils ont Ă©tĂ© chassĂ©s du Liban, en 1982 ?

Une position pour le principe et pour l’Histoire

2- Le PrĂ©sident SaĂŻed, connaissant le rĂŽle capital des États-Unis dans le monde, et pas seulement dans la rĂ©gion du Moyen-Orient, ainsi que les positions tranchĂ©es du PrĂ©sident Trump sur de nombreuses questions et notamment son soutien total et inconditionnel Ă  IsraĂ«l, pourquoi a-t-il choisi d’ĂȘtre aussi direct et tranchant avec le responsable amĂ©ricain alors que pratiquement tous les dirigeants arabes que ce dernier s’apprĂȘte Ă  rencontrer chercheront par tous les moyens sinon Ă  l’amadouer du moins Ă  ne pas lui dĂ©plaire?

En tout Ă©tat de cause, et quelle aient pu ĂȘtre les motivations du PrĂ©sident SaĂŻed et l’impact espĂ©rĂ© de ses propos sur la suite des Ă©vĂ©nements Ă  Gaza et dans la rĂ©gion Mena, l’histoire retiendra sa position responsable et courageuse, qui tranche clairement avec celle de la plupart des autres dirigeants arabes, qui sont dĂ©cevantes, opportunistes et largement en deçà des attentes de leurs peuples. 

Cette position est venue conforter les voix libres dans le monde, mĂȘme parmi les plus inconditionnels d’IsraĂ«l, qui se lĂšvent pour rĂ©clamer avec force la fin de la guerre et la reconnaissance du droit inaliĂ©nable des Palestiniens Ă  un État indĂ©pendant et souverain sur la base des rĂ©solutions des Nations Unies. 

Ce processus est historique et irrĂ©versible. Sans sa mise en Ɠuvre volontaire et lucide, les Palestiniens, les IsraĂ©liens et tous les peuples de la rĂ©gion seront condamnĂ©s Ă  davantage d’instabilitĂ©, de guerres, de souffrances et de dĂ©solation. 

* Ancien ambassadeur. 

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L’Arabie saoudite et la construction de l’Opep arabe de l’IA

23. Juli 2025 um 12:55

A la suite de la visite d’Elon Musk Ă  Riyadh, l’Arabie Saoudite, via le Public Investment Fund (Pif), mĂšne une stratĂ©gie d’investissement dans l’intelligence artificielle (IA) ambitieuse et multidimensionnelle, visant Ă  passer d’une Ă©conomie pĂ©troliĂšre Ă  un leadership technologique d’ici 2030. Pour piloter cette stratĂ©gie, le Pif, qui investit massivement dans l’IA, a lancĂ© Humain, une filiale spĂ©cialisĂ©e dans ce secteur de pointe.

NaĂąmen Bouhamed *

Humain prĂ©voit de lancer un fonds de capital-risque de 10 milliards de dollars pour soutenir la croissance technologique mondiale dans le domaine de l’IA et le Pif Ɠuvre Ă  faire de l’Arabie saoudite un pĂŽle mondial de l’IA, en stimulant l’innovation et en attirant les meilleurs talents dans ce secteur. 
Investir des milliards de dollars dans l’infrastructure IA sans dĂ©velopper de talents humains revient Ă  construire un porte-avions
 sans pilotes ni ingĂ©nieurs. Les donnĂ©es (McKinsey) montrent que les projets IA Ă©chouent dans 70% des cas par manque de compĂ©tences et non par manque de calcul. Cela veut dire que la bataille du siĂšcle sera remportĂ©e par l’intelligence collective donc par l’homme et non par la puissance brute des machines.
La crĂ©ation d’un «Opep de l’IA arabe» pourrait ĂȘtre l’une des solutions pour faire de l’Arabie Saoudite le 3e pĂŽle mondial de l’IA derniĂšre les Etats-Unis et la Chine.
La crĂ©ation d’un rĂ©seau de partenariat dans les universitĂ©s arabes dĂ©jĂ  en pointe que sont dĂ©jĂ  celles de la Tunisie et de l’Égypte, crĂ©era un vĂ©ritable Ă©cosystĂšme vertueux, ouvert Ă  tous et donnant accĂšs aux investissements du Pif Ă  tout l’écosystĂšme des startups innovantes de la rĂ©gion.

Alors que les États ou les blocs Ă©conomiques et industriels leaders mondiaux, Etats-Unis, Chine, Europe, Russie et l’Inde, tout comme l’Arabie Saoudite, rivalisent pour investir des milliards de dollars dans des supercalculateurs et des data centers, un angle mort stratĂ©gique menace la course de l’Arabie Saoudite Ă  la suprĂ©matie technologique : l’oubli des cerveaux qui donneront vie aux machines.

Sans investissement massif dans la formation des ingĂ©nieurs, mathĂ©maticiens et chercheurs, les infrastructures ne seront que des coquilles vides – et la bataille gĂ©o-Ă©conomique du siĂšcle pourrait ĂȘtre perdue d’avance.

Pourtant, comme le souligne le Dr. Pr. Yann LeCun, directeur scientifique IA chez Meta : «Un GPU coĂ»te 10 000 dollars. Un cerveau capable de l’exploiter : 10 millions de dollars sur une carriĂšre.»

L’Arabie Saoudite a investi plus de 500 millions de dollars dans un supercalculateur (Shaheen III). ProblĂšme : seulement 2% des chercheurs saoudiens sont qualifiĂ©s en IA. RĂ©sultat : dĂ©pendance des experts Ă©trangers et retards chroniques.

La pénurie stratégique qui change la donne géopolitique

La Chine  forme 1,2 million d’ingĂ©nieurs IA/an via ses «UniversitĂ©s IA» (dont 35 dĂ©diĂ©es).

Les États-Unis attirent 60% des talents mondiaux, avec un salaire annuel moyen de 450 000 dollars chez OpenAI. Meta vient d’offrir entre 30 Ă  100 million de dollars de salaire sur 3 ans aux meilleurs ingĂ©nieurs et chercheurs IA!

L’Europe compte 70 000 postes non pourvus en IA en 2025 (Ă©tude McKinsey) malgrĂ© ses importantes  infrastructures. ConsĂ©quence : un data center europĂ©en est 40% moins productif qu’un Ă©quivalent amĂ©ricain par manque d’experts (rapport EU Tech).

La limite des infrastructures sans expertise humaine

Des «cathĂ©drales vides» : des supercalculateurs ou data centers ultrapuissants restent inutiles sans 1- des cerveaux capables de concevoir des algorithmes innovants ; 2- des chercheurs pour repousser les limites thĂ©oriques ; 3- des ingĂ©nieurs pour optimiser l’exploitation ; 4- des dĂ©veloppeurs pour crĂ©er des applications pertinentes

Exemple concret : un centre de calcul dĂ©diĂ© au LLM (comme ceux d’OpenAI) consomme des mĂ©gawatts
 mais sa valeur provient Ă  90% des chercheurs qui ont entraĂźnĂ© les modĂšles et rĂ©solu des problĂšmes complexes comme l’alignement ou l’infĂ©rence efficace.

Comment bĂątir l’écosystĂšme humain ?

Il s’agit, concrĂštement, de lancer «Beit Al-Hikma» du 21e siĂšcle (Ă  l’instar de celle de Bagdad au 12e siĂšcle) Ă  Riyadh en ce 21e siĂšcle.

1- Une révolution éducative : intégrer les mathématiques du Deep Learning dÚs le lycée et tripler les masters spécialisés (exemple : programme «AI for Humanity»).

2- Des partenariats industrie-universités sur le modÚle allemand : Fraunhofer Society (R&D appliquée).

3- Une attractivitĂ© d’urgence en dĂ©livrant des visas IA accĂ©lĂ©rĂ©s (comme le French Tech Visa) et en crĂ©ant des centres de recherche trans-disciplinaires (IA + santĂ©/Ă©cologie/agriculture/ industries/Ă©ducation
).

Le grand enseignement

«Construire des data centers sans former de talents, c’est comme offrir un violon Stradivarius Ă  un enfant sans professeur de musique : l’instrument restera muet», a dĂ©clarĂ© le professeur Fei-Fei Li de l’UniversitĂ© de Stanford. Car la vraie bataille ne se gagne pas avec des puces, mais avec des cerveaux. Les pays qui l’auront compris feront de leur jeunesse le premier budget de souverainetĂ© du siĂšcle.

Un pays qui investit dans des GPU sans former de spĂ©cialistes va devoir 1- importer des compĂ©tences Ă  prix d’or ; 2- sous-utiliser ses infrastructures ; et 3- dĂ©pendre technologiquement de l’étranger.

Les chiffres clés et les engagements financiers

Fonds publics : → 40 milliards de dollars allouĂ©s Ă  l’IA via le fonds souverain Pif en 2024. → 1,2 milliard de dollars pour l’initiative «Saudi Data and AI Authority» (SDAIA).

Projets structurants : → Neom: 500 millions de dollars pour laCognitive City alimentĂ©e par IA. → Kaust(UniversitĂ© des Sciences) : 200 millions de dollars/an pour la recherche en IA.

Les axes stratégiques majeurs

a) Infrastructures physiques :

  • supercalculateurs : → Shaheen III (7e mondial en puissance) dĂ©diĂ© Ă  la R&D IA. → Cloud souverain : partenariat avec Alibaba Cloud (Dammam Data Hub);
  • centres d’excellence : → National Center for AI (Riyad) : 10 000 GPU NVIDIA. → AI Garage Ă  Kaust: incubation de 120 startups.

b) Formation & attraction de talents

  • Saudi AI Scholarships : → Bourses pour 5 000 Ă©tudiants dans des universitĂ©s Ivy League. Mais l’Arabie Saoudite devrait investir dans les universitĂ©s arabes en prioritĂ©
  • Ville «Éducation» Ă  Qiddiya : → Campus dĂ©diĂ© Ă  l’IA en partenariat avec l’UniversitĂ© de Stanford et le Massachusetts Institute of Technology (MIT).

La Tunisie et l’Egypte peuvent ĂȘtre aussi des partenaires de haute expertise de formation.

  • Salaire Premium : → +70% par rapport au marchĂ© pour les experts IA (ex : 450 000 dollars/an). Des visas ouvert Saudi-Tunisia ou Saudi-Egypt pourront offrir des milliers de talents aux 3 pays et valoriser la chaine des valeurs 100% arabe et multilingue.

c) Investissements internationaux

  • Partenariats clĂ©s : → 1 milliard de dollars dans SenseTime (Chine) pour l’IA visuelle. → 2 milliards de dollars dans le fonds Prosperity7 (VC de Aramco).
  • Acquisitions : → rachat de la sociĂ©tĂ© de robotique UISEE (Chine) en 2023.
  • DĂ©pendance aux expatriĂ©s : + 85% (OCDE 2024).
  • PĂ©nurie locale : seulement 2 500 ingĂ©nieurs IA saoudiens formĂ©s/an.
  • Contraintes culturelles : limites sur l’utilisation des donnĂ©es personnelles.
  • Concurrence rĂ©gionale : les Émirats arabes unis (G42, Falcon AI) sont plus avancĂ©s en Ă©cosystĂšme d’infrastructure.

Les perspectives critiques

«L’Arabie Saoudite achĂšte des cartes IA, mais peut-elle en Ă©crire le code ?» lit-on dans la MIT Technology Review, 2025.

  • SuccĂšs si : → Transition rĂ©ussie des «pĂ©trodollars vers les data dollars». → Ancrage rĂ©gional des talents (objectif : 40% de Saoudiens dans les projets IA d’ici 2030).
  • Risques majeurs : → «Effet mirage» : infrastructures sous-utilisĂ©es sans expertise locale. → Sanctions technologiques (tensions USA-Chine sur les puces).

Conclusion :

L’Arabie saoudite mise sur une stratĂ©gie financiĂšre agressive pour compenser son retard initial. Son atout clĂ© reste sa capacitĂ© d’investissement massif en infrastructure, mais sa pĂ©rennitĂ© dĂ©pendra de sa capacitĂ© Ă  : 1- sĂ©dentariser les talents internationaux; 2- accĂ©lĂ©rer la formation locale ou en partenariat avec les pays arabes (Tunisie, Egypte
) ; 3- diversifier les applications au-delĂ  du pĂ©trole (santĂ©, logistique, agritech, Ă©ducation, tourisme
).

La rĂ©ussite transformerait le royaume d’Arabie en puissance IA incontournable entre l’Asie et l’Occident. L’échec crĂ©erait un «musĂ©e technologique» Ă  grande Ă©chelle.

Avec quel pays arabes et musulmans l’Arabie Saoudite pourrait-elle construire des partenariats de formation en IA et construire un Ă©cosystĂšme Ă  haute valeur ajoutĂ©? IA Arabe : Tunisie, Maroc, Egypte, Jordanie ou encore AlgĂ©rie! Sinon IA «halal» : Malaisie, IndonĂ©sie


1. Tunisie : 1er réservoir de talents en Afrique

  • Pourquoi ? → Meilleur ratio qualitĂ©/coĂ»t des ingĂ©nieurs IA arabes → Expertise en R&D.
  • InstaDeep (part of BioNTech): Tunis-born AI firm solving industrial challenges (e.g., logistics, biotech).
  • DeepArt: AI-powered creative tools.
  • Tilli: Child-focused AI educational platforms.
  • Datavora (Tunis/Paris) AI-powered e-commerce intelligence (pricing, competitor tracking.
  • Welov :AI video analytics for retail (customer behavior tracking).
  • DeepArt (now part of Eyesee): Visual AI for art generation & brand marketing.

Key Research Institutions in Tunisia :

  • CES Lab (University of Sfax): Specializes in AI, NLP, and computer vision.
  • Riadi Lab (Ensi, Manouba) focuses on machine learning and big data.
  • Soie Research Group (ISG Tunis): works on AI-driven decision systems.

2. Égypte : le marchĂ© et la main-d’Ɠuvre

  • Pourquoi ? → Plus grand bassin de diplĂŽmĂ©s Stem du monde arabe (150 000/an) → MarchĂ© domestique de 110 millions de consommateurs.

Quelques leaders :

  1. Rology :AI-powered teleradiology platform connecting hospitals with global radiologists.
  2. DXwand : Arabic-language AI chatbots and voice assistants for enterprises.
  3. Synapse Analytics :end-to-end AI solutions for finance, retail, and healthcare.
  4. DeepVision AI : computer vision for retail security, shelf analytics, and industrial automation

Rising innovators & startups :

  1. Shaghalni (AgriTech) : AI for farm management (satellite imaging + IoT sensors for crop/pest monitoring).
  2. Kencorp AI : HR tech using AI for recruitment, employee sentiment analysis, and retention.
  3. Valify Solutions :AI-driven document processing (contracts, invoices, IDs) with Arabic/English OCR.
  4. DilenyTech (HealthTech) : AI platform for mental health screening (voice/text emotion analysis).

Modùle gagnant : l’Opep arabe de l’IA

«Comme le pétrole dans les années 1960, les données arabes sont une ressource stratégique. Leur valorisation nécessite une alliance des cerveaux et des capitaux», lit-on dans le rapport PwC Middle East 2025.

Impact Attendu : 1- rĂ©duction de la fuite des cerveaux de 40% dans les pays partenaires et positionnement du monde arabe comme 3e pĂŽle IA (derriĂšre les Etats-Unis et la Chine et devant l’Europe) ; et 3- crĂ©ation de 500 000 emplois de haute technologie d’ici 2035.

Cette coalition transformerait la dépendance actuelle en souveraineté numérique collective.

* Consultant International France-Middle East, auteur de l’ouvrage RĂ©ussir l’export en Arabie saoudite.

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Le divorce Nord-Sud | La fracture du siĂšcle ?

23. Juli 2025 um 07:47

Quelque chose d’essentiel est en train de se briser dans le silence des sommets internationaux. Ce n’est pas seulement une crise de confiance. C’est peut-ĂȘtre la fin d’un pacte, vieux de trois quarts de siĂšcle, entre les deux mondes. Le Nord et le Sud. L’ordre et la marge. L’universel proclamĂ© et l’univers ignorĂ©.

Yahya Ould Amar *

Les pays du Nord, avec leurs sanctions, tarifs douaniers, taxes carbone et normes strictes, cherchent-ils Ă  s’isoler du Sud global ? Cette dynamique, qui s’intensifie Ă  l’approche de 2030 (objectifs de l’Accord de Paris), soulĂšve des enjeux dĂ©cisifs pour l’économie mondiale, le commerce et la coopĂ©ration internationale.

La question est de savoir si un divorce est déjà en cours, entre ceux qui croient incarner les rÚgles
 et ceux qui en subissent les conséquences.

Quelles sont les motivations des pays du Nord, les consĂ©quences pour le Sud global et quelles sont les pistes pour un avenir Ă©quilibrĂ© ?

Une mondialisation Ă  sens unique

La mondialisation s’est bĂątie sur une promesse : l’ouverture des marchĂ©s, le progrĂšs partagĂ©, le dĂ©veloppement par la coopĂ©ration. Cette promesse, renouvelĂ©e Ă  Bandung en 1955 puis recyclĂ©e Ă  chaque sommet du G7 ou de l’Onu, portait en elle un espoir : celui d’un monde qui, malgrĂ© les asymĂ©tries, finirait par se stabiliser dans la rĂ©ciprocitĂ©.

Or, ce monde vacille. Les faits sont là : explosion des sanctions économiques unilatérales, extraterritorialité du droit américain, retrait des aides publiques au développement, fermeture implicite des marchés par le biais de normes environnementales, sociales, numériques.

À cela s’ajoute le retour d’un protectionnisme vert dĂ©guisĂ©, oĂč la taxe carbone devient barriĂšre douaniĂšre, oĂč la norme ESG (Environnemental Social et Gouvernance) devient instrument de tri gĂ©opolitique, oĂč les chaĂźnes de valeur sont reconfigurĂ©es non pour l’efficacité  mais pour la sĂ©curitĂ©.

Les valeurs universelles Ă  l’épreuve des conflits

Le Nord, longtemps chantre de l’universalisme moral, s’est lui-mĂȘme piĂ©gĂ© dans les contradictions de ses positions. En Ukraine, il invoque avec justesse le droit international, la souverainetĂ© des États et la protection des civils. Mais ces principes deviennent soudain mallĂ©ables, silencieux lorsqu’il s’agit de Gaza, du YĂ©men, de l’Iran, du Sahel ou d’autres théùtres oubliĂ©s. Le deux poids, deux mesures est devenu une constante : on arme certains au nom de la lĂ©gitime dĂ©fense, on condamne d’autres au nom de la paix. On cĂ©lĂšbre la rĂ©sistance ici, on la criminalise lĂ . Cette dissonance creuse un fossĂ© : celui d’un monde qui entend encore le discours du Nord, mais n’y croit plus. Car ce qui est en jeu, ce n’est pas seulement la politique, c’est la crĂ©dibilitĂ© morale de tout un rĂ©cit civilisationnel.

Démocratie : principe proclamé, réalité relativisée

RĂ©guliĂšrement Ă©rigĂ©e en condition de partenariat, la dĂ©mocratie est, pour les pays du Nord, un idĂ©al sacralisé  mais souvent relativisĂ© lorsqu’elle entre en conflit avec les intĂ©rĂȘts gĂ©ostratĂ©giques. Ainsi, l’Occident continue de s’allier, d’armer, de financer ou de protĂ©ger des rĂ©gimes autoritaires dĂšs lors qu’ils garantissent la stabilitĂ©, l’accĂšs Ă  des ressources ou la limitation de l’influence d’un rival. On tolĂšre l’oppression au nom de la «stabilitĂ© rĂ©gionale», on ferme les yeux sur la rĂ©pression pour prĂ©server un accord militaire ou Ă©nergĂ©tique.

Ce double discours ne fait que renforcer l’idĂ©e, dans les opinions du Sud, que la dĂ©mocratie n’est pas une valeur universelle dĂ©fendue par principe, mais un instrument de tri utilisĂ© selon les convenances du moment. Un monde qui prĂȘche la dĂ©mocratie mais soutient l’autoritarisme mine, Ă  terme, sa propre lĂ©gitimitĂ©.

L’extrĂȘme droite au Nord : un miroir que le Sud observe

Pendant que le Nord exige du Sud qu’il rĂ©forme ses institutions et respecte les droits de l’homme et ses minoritĂ©s, l’extrĂȘme droite progresse spectaculairement dans les urnes occidentales. En Europe comme en AmĂ©rique du Nord, les discours de repli, de xĂ©nophobie, d’ethno-nationalisme ou de rejet de l’immigration s’installent au cƓur des dĂ©mocraties libĂ©rales. Les partis prĂŽnant la fermeture des frontiĂšres, la prĂ©fĂ©rence identitaire ou la rupture avec les engagements internationaux gouvernent dĂ©jĂ , ou s’en approchent dangereusement.

Ce glissement n’échappe pas aux peuples du Sud : comment prendre au sĂ©rieux les injonctions dĂ©mocratiques venues de nations qui peinent Ă  protĂ©ger elles-mĂȘmes l’universalitĂ© des droits ? La montĂ©e des extrĂȘmes n’est pas qu’un phĂ©nomĂšne local : elle entame le socle commun des valeurs partagĂ©es, et nourrit l’idĂ©e que l’ordre libĂ©ral occidental n’est peut-ĂȘtre plus qu’un vernis fragile sur une rĂ©alitĂ© profondĂ©ment fracturĂ©e.

Une muraille économique : sanctions, tarifs, taxe carbone et normes strictes

Les pays du Nord ont multipliĂ© les outils Ă©conomiques pour encadrer leurs relations avec le reste du monde. A titre d’exemple, depuis 2018, les sanctions Ă©conomiques ont explosĂ©, touchant des pays comme la Russie, la Chine, l’Iran
 Mais pas IsraĂ«l, accusĂ© de gĂ©nocide par la Cour pĂ©nale internationale (CPI).

Selon le Global Sanctions Database, plus de 12 000 sanctions étaient actives en 2024, un record historique, visant à limiter les échanges commerciaux avec des nations jugées en décalage avec les priorités stratégiques du Nord.

À cela s’ajoutent les tarifs douaniers, souvent utilisĂ©s comme vecteurs de supĂ©rioritĂ©. Par exemple ceux imposĂ©s en 2025 par l’Administration Trump. En 2023, l’Union europĂ©enne a imposĂ© des droits de douane de 25 % sur certaines importations chinoises, notamment dans le secteur des vĂ©hicules Ă©lectriques.

Ces mesures, combinĂ©es Ă  des taxes environnementales comme la taxe carbone europĂ©enne (Carbon Border Adjustment Mechanism – CBAM ou MĂ©canisme d’ajustement carbone aux frontiĂšres), qui entrera pleinement en vigueur au premier janvier 2026, visent Ă  protĂ©ger les industries locales et Ă  promouvoir des standards environnementaux Ă©levĂ©s. Le CBAM taxera fortement les importations de produits Ă  forte empreinte carbone notamment celles provenant du Sud global dans les secteurs de l’acier (Maghreb, Afrique australe, Inde), du ciment (Afrique de l’Ouest, Asie du Sud), de l’engrais (Afrique du Nord, Russie, Golfe), de l’aluminium (GuinĂ©e, Mozambique) et de l’électricitĂ© et hydrogĂšne (Moyen-Orient, Afrique du Nord).

Mais ces politiques ne sont pas sans coĂ»t. Selon une Ă©tude de l’OCDE, le CBAM pourrait augmenter les coĂ»ts d’exportation pour les pays Ă©mergents de 1,5 Ă  2 % de leur PIB d’ici 2030, affectant particuliĂšrement les Ă©conomies dĂ©pendantes des matiĂšres premiĂšres. Les normes techniques et sanitaires, de plus en plus rigoureuses, compliquent Ă©galement l’accĂšs des produits du Sud aux marchĂ©s du Nord. Ainsi, les exportateurs agricoles doivent se conformer Ă  des normes europĂ©ennes sur les pesticides, souvent inaccessibles faute de moyens technologiques ou financiers.

La peur stratégique du Nord : perdre la maßtrise du récit

Le Nord se referme essentiellement par peur. Peur de la dĂ©mographie du Sud, environ 2,5 milliards de jeunes de moins de 25 ans. Peur du poids croissant de l’Inde, de la Chine, du BrĂ©sil. Peur de l’effondrement de la hiĂ©rarchie construite depuis ces deux derniers siĂšcles (rĂ©volution industrielle). Peur de perdre le contrĂŽle de l’Onu et des diffĂ©rentes institutions internationales, conçues autrefois comme des instruments au service de la domination. Peur, enfin, que les valeurs qu’il dit incarner — droits de l’homme, dĂ©mocratie, État de droit — soient utilisĂ©es contre lui, Ă  l’aune de ses propres contradictions.

Cette peur engendre un rĂ©flexe dĂ©fensif : remplacer l’universel par l’identitaire, l’interdĂ©pendance par la mĂ©fiance, et l’aide par le tri. On sĂ©lectionne les partenaires. On sanctionne les dĂ©sobĂ©issants. On normativise les flux commerciaux. Le Sud global n’est plus vu comme un acteur, mais comme un problĂšme Ă  gĂ©rer, une instabilitĂ© Ă  contenir, une Ă©nergie Ă  canaliser.

Une stratĂ©gie de repli ou une quĂȘte d’hĂ©gĂ©monie ?

Pourquoi les pays du Nord adoptent-ils des mesures de repli ?

D’un cĂŽtĂ©, ces mesures reflĂštent une volontĂ© de protĂ©ger leurs Ă©conomies face Ă  la montĂ©e en puissance du Sud global, notamment la Chine et l’Inde, qui reprĂ©sentent respectivement 18 % et 7 % du PIB mondial en 2024 (selon le FMI). Pour le Nord, l’ascension Ă©conomique et politique du Sud – illustrĂ©e par la montĂ©e du PIB combinĂ© des Brics (36 % du PIB mondial en 2024, contre 31 % pour le G7) – reprĂ©sente une menace existentielle Ă  sa domination historique. Les industries du Nord, confrontĂ©es Ă  une concurrence accrue, cherchent Ă  prĂ©server leurs parts de marchĂ©. Par exemple, l’industrie solaire europĂ©enne, qui ne reprĂ©sente plus que 3 % de la production mondiale face Ă  la domination chinoise (80 %), bĂ©nĂ©ficie de subventions massives et de barriĂšres douaniĂšres.

D’un autre cĂŽtĂ©, ces mesures traduisent une ambition stratĂ©gique plus large : imposer un modĂšle Ă©conomique et environnemental global. En imposant des normes strictes, le Nord cherche Ă  forcer le Sud Ă  adopter ses standards, sous peine d’exclusion Ă©conomique. Cette approche, bien que justifiĂ©e par des impĂ©ratifs climatiques, crĂ©e un dĂ©sĂ©quilibre. Les pays du Sud, souvent en phase d’industrialisation, n’ont ni les ressources ni les infrastructures pour se conformer rapidement.

Enfin de telles mesures risqueraient d’asphyxier Ă©conomiquement les pays du Sud en affaiblissant la compĂ©titivitĂ© de leurs produits.

Un Sud plus lucide, mais pas moins coopératif

Le Sud, pourtant, ne rĂ©clame ni charitĂ© ni rupture. Il demande une parole respectĂ©e, une place Ă©quitable, une dignitĂ© retrouvĂ©e. Il ne rejette pas la mondialisation, mais souhaite en réécrire les termes. Il ne rĂ©cuse pas les valeurs dĂ©mocratiques, mais refuse qu’elles soient imposĂ©es Ă  gĂ©omĂ©trie variable. Il ne cherche pas Ă  humilier le Nord, mais Ă  ne plus s’humilier lui-mĂȘme en acceptant des partenariats fondĂ©s sur le soupçon.

De Johannesburg Ă  Djakarta, de Brasilia Ă  Tunis, un mot revient : co-souverainetĂ©. Pas pour se replier. Mais pour bĂątir des Ă©changes qui ne soient plus des rapports de force. Le Sud veut une Onu rĂ©formĂ©e, un Bretton Woods repensĂ©, plus reprĂ©sentatif qui tienne compte des rĂ©alitĂ©s du XXIe siĂšcle. Il veut que la coopĂ©ration cesse d’ĂȘtre conditionnelle et devienne contractuelle. Que l’aide cesse d’ĂȘtre outil d’influence et redevienne levier de justice.

Le coût du divorce Nord-Sud

Le coĂ»t du divorce Nord-Sud ne se mesure pas seulement en milliards de dollars de commerce perdu. Il se chiffre aussi en instabilitĂ© gĂ©opolitique, en rancƓurs durables et en opportunitĂ©s gĂąchĂ©es pour l’ensemble de l’humanitĂ©. Un monde oĂč le Sud se referme par dĂ©fiance et le Nord par crainte est un monde qui se prive de la moitiĂ© de ses talents, de ses ressources, de son dynamisme dĂ©mographique. Selon la Banque mondiale, plus de 60 % de la croissance mondiale d’ici 2050 viendra du Sud global. Rompre les ponts, c’est refuser d’investir dans cette croissance, de participer Ă  son encadrement, d’en tirer les fruits. C’est aussi risquer l’émergence de systĂšmes concurrents de normes, de monnaies, de rĂ©cits, qui tourneraient le dos Ă  la coopĂ©ration multilatĂ©rale. Ce coĂ»t stratĂ©gique serait bien plus Ă©levĂ© que tous les bĂ©nĂ©fices supposĂ©s du repli.

Pour le Sud, le coĂ»t est tout aussi redoutable : exclusion des chaĂźnes de valeur, renchĂ©rissement des exportations, dĂ©sindustrialisation prĂ©maturĂ©e. L’Afrique pourrait perdre jusqu’à 16 milliards de dollars par an d’accĂšs prĂ©fĂ©rentiel aux marchĂ©s occidentaux si les barriĂšres environnementales ne sont pas rééquilibrĂ©es. À cela s’ajoute une perte d’espoir. Car un monde oĂč les rĂšgles du jeu sont Ă©crites sans ceux qui les vivent est un monde oĂč la radicalisation, l’exode des talents, ou les conflits trouvent un terreau fertile. L’illusion d’un dĂ©couplage serein est donc une chimĂšre. Le divorce Nord-Sud serait un appauvrissement mutuel, un gaspillage tragique d’intelligence collective, un Ă©chec de civilisation. À l’heure oĂč les dĂ©fis sont mondiaux, la sĂ©paration est non seulement coĂ»teuse — elle est absurde.

Le divorce Nord-Sud aurait un coĂ»t gĂ©opolitique incalculable : celui de la paix mondiale. Car l’exclusion nourrit la frustration, et la frustration engendre l’instabilitĂ©. En marginalisant le Sud, le Nord affaiblit les Ă©quilibres dĂ©jĂ  prĂ©caires d’un monde traversĂ© par les tensions identitaires, les fractures Ă©conomiques et les chocs climatiques. Sans perspective d’équitĂ©, des pans entiers de la jeunesse du Sud — plus de deux milliards et demi de jeunes de moins de 25 ans — risquent de sombrer dans les bras de l’extrĂ©misme, de l’exode ou de l’hostilitĂ© stratĂ©gique. En s’éloignant des mĂ©canismes de dialogue et d’intĂ©gration, le systĂšme international s’expose Ă  une multiplication de foyers de conflit — ouverts, hybrides ou silencieux — des Balkans Ă  la bande sahĂ©lienne, du Pacifique Ă  la mer Rouge.

La paix, dans un monde interdĂ©pendant, n’est jamais durable si elle est asymĂ©trique. Rompre avec le Sud, c’est miner les fondations de la sĂ©curitĂ© collective. C’est transformer la carte du monde en un archipel de mĂ©fiances. Et c’est surtout hypothĂ©quer l’avenir d’un ordre mondial coopĂ©ratif, fondĂ© sur la reconnaissance mutuelle plutĂŽt que sur la confrontation permanente.

Des solutions pour un avenir commun

Le divorce n’est pas inĂ©luctable. Mais la thĂ©rapie de couple devra ĂȘtre honnĂȘte. Le Nord doit comprendre que la reconnaissance de la pluralitĂ© n’est pas un renoncement. Qu’un monde multipolaire n’est pas un monde anarchique. Qu’ouvrir la gouvernance des institutions internationales, ce n’est pas s’effacer, mais s’assurer de durer.

Quant au Sud, il devra prouver qu’il ne remplace pas un paternalisme par une victimisation. Qu’il construise, propose, rĂ©forme. Qu’il est capable d’unir ses voix non pas contre l’Occident, mais pour un monde mieux Ă©quilibrĂ©. Il devra enfin convaincre que la coopĂ©ration reste un choix stratĂ©gique, non un rĂ©flexe du passĂ©.

L’urgence aujourd’hui est d’éviter une fracture systĂ©mique entre le Nord et le Sud. Pour cela, des mesures concrĂštes et Ă©quilibrĂ©es doivent ĂȘtre mises en Ɠuvre afin de transformer la relation historique de dĂ©pendance en un partenariat de codĂ©veloppement.

PremiĂšre urgence : rĂ©duire les barriĂšres non tarifaires qui Ă©tranglent les PME du Sud, en particulier dans les secteurs agricoles et manufacturiers. L’assouplissement ciblĂ© des normes techniques, couplĂ© Ă  des dispositifs de certification financĂ©s par les pays du Nord, permettrait d’ouvrir l’accĂšs aux marchĂ©s tout en Ă©levant les standards locaux.

En parallĂšle, le dĂ©veloppement des infrastructures vertes dans le Sud constitue un impĂ©ratif Ă  la fois climatique et Ă©conomique. Mobiliser au moins 100 milliards de dollars par an — via des fonds multilatĂ©raux pilotĂ©s par la Banque mondiale — permettrait d’accĂ©lĂ©rer la mise en Ɠuvre de projets d’énergie renouvelable en Afrique, en Asie du Sud-Est et en AmĂ©rique latine. Ce rééquilibrage gĂ©o-Ă©nergĂ©tique renforcerait l’autonomie du Sud, crĂ©erait des millions d’emplois et rĂ©duirait significativement les Ă©missions globales. ParallĂšlement, il conviendrait de rĂ©former le MĂ©canisme d’ajustement carbone aux frontiĂšres (CBAM) pour qu’il ne pĂ©nalise pas les Ă©conomies vulnĂ©rables. L’introduction d’exemptions transitoires (2026–2030), accompagnĂ©es d’un appui technique Ă  la transition bas-carbone, permettrait d’éviter que cet outil environnemental ne devienne un levier de dĂ©sindustrialisation forcĂ©e.

En somme, repenser la coopĂ©ration passe par la consolidation des marchĂ©s rĂ©gionaux du Sud et la mise en place d’un dialogue multilatĂ©ral structurant. En soutenant des initiatives comme la Zlecaf ou l’Asean par des transferts technologiques, le Nord contribuerait Ă  la rĂ©silience du commerce mondial tout en limitant les effets de dĂ©pendance asymĂ©trique. Mais au-delĂ  de l’économique, un dialogue politique permanent sous l’égide de l’Onu, intĂ©grant gouvernance, fiscalitĂ© Ă©quitable, normes et transition Ă©cologique, est nĂ©cessaire pour rĂ©tablir la confiance. Dans un monde incertain, c’est par le dialogue, la justice Ă©conomique et la codĂ©cision que l’on Ă©vitera la fragmentation, en construisant non un monde cloisonnĂ©, mais un avenir rĂ©ellement commun.

Enfin, malgrĂ© les dissonances, les fractures et les ressentiments accumulĂ©s, l’Histoire n’est pas Ă©crite au passĂ©. Le divorce Nord-Sud, s’il menace, n’est pas une fatalitĂ©. Il est une alerte. Un moment charniĂšre oĂč les nations doivent choisir entre la crispation ou la co-construction, entre l’égoĂŻsme stratĂ©gique et l’intelligence partagĂ©e. Ce qui se joue aujourd’hui dĂ©passe les Ă©quilibres commerciaux ou les querelles normatives : il s’agit de redĂ©finir, ensemble, les fondations morales, politiques et Ă©conomiques d’un monde habitable pour tous.

Car il n’y aura pas de prospĂ©ritĂ© durable dans un monde Ă  deux vitesses. Pas de stabilitĂ© si l’on continue Ă  nier l’égalitĂ© des dignitĂ©s. Pas de transition Ă©cologique rĂ©ussie si elle s’accompagne d’une exclusion systĂ©mique. L’humanitĂ© est face Ă  un mur, mais elle en dĂ©tient les briques. À condition de reconstruire non pas un nouveau rideau de fer, mais une architecture de confiance. De parler enfin d’égal Ă  Ă©gal. D’échanger savoirs, capitaux, innovations et modĂšles, dans le respect des histoires, des cultures et des aspirations.

Le XXIe siĂšcle peut encore ĂȘtre celui d’un sursaut collectif. Si le Nord accepte de ne plus imposer, et si le Sud choisit de ne plus subir. Si les deux s’engagent Ă  bĂątir un monde multipolaire non pas comme champ de rivalitĂ©s, mais comme creuset de solidaritĂ©s. C’est Ă  cette condition que l’humanitĂ© pourra relever ses dĂ©fis communs : climat, santĂ©, paix, technologies. Et faire Ă©merger non pas deux mondes qui s’ignorent, mais un destin partagĂ©, fondĂ© non sur la domination
 mais sur la reconnaissance. L’avenir reste une promesse, Ă  condition d’oser le rĂȘver ensemble.

* Economiste, banquier et financier.

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AprĂšs 660 jours de massacres, la France demande que la presse puisse aller Ă  Gaza!

22. Juli 2025 um 13:21

Waou! Merci la France ! Ce jour, mardi 22 juillet 2025, par la voix autorisĂ©e de son ministre des Affaires Ă©trangĂšres, la France prend son courage Ă  deux mains et demande «que la presse libre et indĂ©pendante soit autorisĂ©e Ă  se rendre Ă  Gaza pour voir ce qui s’y passe». Le comble de l’hypocrisie !

Abdelaziz Dahmani *

Oui, merci, la France, pour ce courage, cette audace de vouloir rompre le silence sordide, en une pĂ©riode de l’Histoire oĂč l’on veut non seulement occuper un territoire, mais dĂ©truire tout un peuple parmi les plus vaillants, ayant vĂ©cu, des siĂšcles durant, sur une terre bĂ©nie par les Dieux !

Cela fait plus de 664 jours de massacres, dont on peut dĂ©duire une ou deux douzaines de trĂȘve, des centaines de jours de tueries, d’assassinats, de destructions, d’abominations. Tout y est passĂ© : femmes, enfants, bĂ©bĂ©s. Par tous les moyens, cyniquement, froidement.

VolontĂ© des Netanyahu & Co de tout raser, tout Ă©liminer. Jamais, nulle part, les horreurs n’ont atteint de telles monstruositĂ©s. Des centaines de 7-Octobre, pour en justifier un ! Jamais les destructions ne furent aussi massives, mĂȘme durant la 2e guerre mondiale, au-delĂ  de ce qui s’est passĂ© Ă  Dresden ou Ă  Stalingrad


VoilĂ  qu’aprĂšs cette mĂ©ga-tragĂ©die, sans tĂ©moins, la France parle enfin et demande que les journalistes puissent aller voir ce qui se passe!

Oui, l’IsraĂ«l des racistes, des fascistes, qui cherche Ă  Ă©tendre ses frontiĂšres chez ses voisins, avec la bĂ©nĂ©diction amĂ©ricaine et europĂ©enne, a compris, dĂšs les premiers jours, qu’il doit massivement assassiner sans tĂ©moins. Et mĂȘme la presse des pays amis fut interdite. MĂȘme la presse amĂ©ricaine, en mauvais souvenirs des tĂ©moignages des anciennes guerres du Vietnam, de l’Irak ou de l’Afghanistan, entre autres


Chair Ă  canons arabes

Il est restĂ© aux journalistes locaux, les Palestiniens en l’occurrence, de tĂ©moigner, et IsraĂ«l en a tuĂ©s plus de 210, d’une façon ciblĂ©e. Un record du monde absolu ! Timides protestations, cette masse de journalistes tuĂ©s ne sont que chaire Ă  canons arabes. Bof ! Allez, juste une petite «news» dans la rubrique «Chiens Ă©crasĂ©s». Et pas des chiens des beaux quartiers de Paris ou de New York qui, eux, sont bien protĂ©gĂ©s


MĂȘme les amis sincĂšres d’IsraĂ«l, y compris de son cĂŽtĂ© abject, commencent Ă  avoir mauvaise conscience. Trop, c’est trop
 Alors, timidement, ils Ă©mettent des avis diffĂ©rents, comme pour tenter de faire oublier leur complicitĂ© active avec le gĂ©nocide par le soutien direct et l’envoi «discret» d’armes et de munitions Ă  IsraĂ«l


Osons une toute petite question : IsraĂ«l, engluĂ© dans tant de crimes, qualifiĂ©s de gĂ©nocide et de crimes contre l’humanitĂ©, laissera-t-il la presse «libre et indĂ©pendante» entrer Ă  Gaza ? Laissera-t-il mĂȘme les aides alimentaires entrer dans Gaza pour attĂ©nuer une famine qui, Ă  moyen terme, ajoutera aux 70 000 ou 80 000 morts dĂ©jĂ  enregistrĂ©s, aux 200 000 blessĂ©s, aux 300 000 mentalement traumatisĂ©s, dont des dizaines de milliers d’enfants ?

Israël méprise la France, et elle le mérite bien !

Non, IsraĂ«l traitera cette demande de la France par le mĂ©pris, comme il l’a fait de toutes ses prĂ©cĂ©dentes demandes, emballĂ©es dans des propos hypocritement amicaux Ă  la gloire d’un «IsraĂ«l Ă  la tĂȘte d’un combat de civilisation de l’Occident judĂ©o-chrĂ©tien contre la barbarie et le terrorisme islamo-gauchiste».

Qui pourrait rĂ©sister Ă  un tel argument, fabriquĂ© dans la tĂȘte d’un assassin pourri, raciste, engluĂ© dans de nombreuses sales affaires judiciaires, personnelles et d’État ?  

Cause palestinienne perdue? SĂ»rement non. Ce peuple reste dans la misĂšre la plus horrible, le dĂ©nuement le plus total, les souffrances les plus abjectes
 MalgrĂ© toutes les horreurs qu’il subit, ce peuple restera parmi les plus libres du monde. Par sa rĂ©sistance, sa dignitĂ© et son honneur. Il s’accrochera Ă  sa terre et ne l’abandonnera jamais !  

Dernier «exploit» israĂ©lien en date : 93 Palestiniens tuĂ©s, hier, tombĂ©s dans un traquenard en allant chercher de l’aide alimentaire pour eux, leurs familles et leurs enfants


Les droits exclusifs de l’homme
 occidental

Demain, si une page sera tournĂ©e, ce ne sera pas celle des Palestiniens ou de la Palestine, mais celle des actuels maĂźtres du monde
 Un Trump «Ubu empereur», soumis aux volontĂ©s d’un Netanyahu, «Ubu roi d’IsraĂ«l», lui-mĂȘme prostrĂ© aux pieds d’un maĂźtre-chanteur appelĂ© Ben Gvir, le vrai chef actuel d’IsraĂ«l


La presse, «libre et indĂ©pendante», n’a pas besoin d’aller Ă  Gaza pour savoir que le mal se trouve aujourd’hui dans les belles capitales occidentales ci-devant attachĂ©es aux droits exclusifs de l’homme
 occidental.

* Journaliste.

 

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TikTok, bĂȘte noire d’IsraĂ«l et de ses alliĂ©s occidentaux

22. Juli 2025 um 11:25

Des responsables sionistes amĂ©ricains et europĂ©ens craignent l’émergence d’une gĂ©nĂ©ration TikTok **, le cĂ©lĂšbre rĂ©seau social chinois, qui sera moins rĂ©ceptive Ă  la propagande sioniste et moins mallĂ©able Ă  toute manƓuvre de lĂ©gitimation des crimes et exactions israĂ©liens contre les Palestiniens et Ă  la propagande occidentale en gĂ©nĂ©ral. (Ph. TikTok diffuse les vidĂ©os et les images de Gaza qui sont censurĂ©es par les rĂ©seaux sociaux amĂ©ricains comme Facebook et X).

Elyes Kasri *

Les Ă©vĂ©nements de Gaza depuis le fatidique 7 octobre 2023 ont Ă©branlĂ© la mainmise d’IsraĂ«l et des milieux sionistes internationaux sur le narratif et le contrĂŽle de l’information notamment grĂące Ă  la plateforme TikTok qui a rĂ©sistĂ© aux assauts des pouvoirs politiques et financiers prosionistes pour prĂ©senter une vue alternative et plus Ă©quilibrĂ©e des Ă©vĂ©nements Ă  Gaza et en l’occurrence ce que la Cour Internationale de Justice a qualifiĂ© de gĂ©nocide et la Cour PĂ©nale Internationale de crimes de guerre et contre l’humanitĂ© Ă  l’encontre des Palestiniens de Gaza.

Les voix propalestiniennes contournent la censure

Les assauts contre TikTok sous de nombreux prĂ©textes fallacieux de propagande chinoise et de prĂ©servation de la moralitĂ© de la jeunesse se poursuivent aux Etats Unis d’AmĂ©rique et en Europe sous l’incitation insidieuse et acharnĂ©e des organisations juives et sionistes pour bannir la plateforme TikTok ou la faire acheter par des institutions financiĂšres prosionistes et neutraliser ainsi les voix indĂ©pendantes propalestiniennes.

ConsidĂ©rĂ©e comme la plus grande menace Ă  la mainmise sioniste sur l’information et l’opinion publique mondiale, TikTok a fait que d’importants responsables sionistes amĂ©ricains et europĂ©ens ont dĂ©clarĂ© craindre l’émergence d’une gĂ©nĂ©ration TikTok qui sera moins rĂ©ceptive Ă  la propagande sioniste et moins mallĂ©able Ă  toute manƓuvre de lĂ©gitimation des crimes et exactions israĂ©liens contre les Palestiniens et autres peuples arabes de la rĂ©gion qui subissent la folie guerriĂšre et gĂ©nocidaire de l’entitĂ© sioniste et de ses alliĂ©s occidentaux ainsi que ses comparses arabes du Golfe et d’ailleurs.

Les lobbies sionistes sur le pied de guerre

Les motifs hypocrites invoquĂ©s par les membres du congrĂšs amĂ©ricain financĂ©s par la pieuvre sioniste notamment l’Aipac et l’assaut continu du Crif français et autres organisations sionistes europĂ©ennes sous prĂ©texte de prĂ©servation de la moralitĂ© et de protection de la jeunesse ne sont en fait que des tentatives cyniques de faire disparaitre une plateforme qui a Ă©chappĂ© Ă  la censure et au contrĂŽle sionistes sur l’opinion publique mondiale avec pour objectif de maintenir la dĂ©sinformation qui dĂ©guise l’entitĂ© sioniste en agneau au milieu d’une meute de loups arabes et palestiniens sauvages et sanguinaires, assoiffĂ©s de sang juif.

*Ancien ambassadeur.

**TikTok est une application mobile de partage de courtes vidĂ©os crĂ©atives (verticales et de quelques secondes Ă  quelques minutes) et d’images, ainsi qu’un rĂ©seau social basĂ© sur un algorithme de recommandation favorisant la viralitĂ©. DĂ©veloppĂ©e par l’entreprise chinoise ByteDance  et lancĂ©e en 2016 pour le marchĂ© non chinois, elle est devenue en peu de temps un redoutable concurrents pour les rĂ©seaux sociaux amĂ©ricains Facebook et X. 

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Gaza | Génocide en direct et impunité garantie

22. Juli 2025 um 07:19

Alors que le siĂšge de Gaza s’apprĂȘte Ă  franchir le seuil terrifiant d’une deuxiĂšme annĂ©e, la guerre d’anĂ©antissement menĂ©e contre sa population prend un visage encore plus monstrueux : celui de la faim. Une faim mĂ©thodiquement organisĂ©e, utilisĂ©e comme arme silencieuse mais implacable, qui ne fait aucune distinction entre un nourrisson et un vieillard.

Khémaïs Gharbi

Ces derniers jours, la famine a franchi un point de non-retour. Des enfants meurent, non seulement de malnutrition, mais aussi sous les balles tirĂ©es dĂ©libĂ©rĂ©ment lors de la distribution de l’aide, devenue piĂšge mortel. Et pendant ce temps, le monde regarde.

Francesca Albanese, rapporteure spĂ©ciale des Nations Unies pour la Palestine, a osĂ© dire tout haut ce que l’histoire retiendra : que le fait d’affamer des millions de civils, de tirer sur des enfants par pur sadisme, sous la protection Ă  peine voilĂ©e de puissances dites dĂ©mocratiques, relĂšve d’une barbarie inĂ©dite, que mĂȘme l’horreur nazie semblait avoir scellĂ©e Ă  jamais.

«Comment survivrons-nous Ă  cette nouvelle chute dans l’abĂźme ?» interroge-t-elle. La question nous est posĂ©e Ă  tous — mais c’est le silence des grandes puissances qui y rĂ©pond aujourd’hui, glaçant.

Il y a, derriĂšre ce carnage, une logique froide, une ivresse de domination qui ne se cache mĂȘme plus. Elle se drape dans des discours sĂ©curitaires, se pare de mots vides comme «lĂ©gitime dĂ©fense» ou «riposte», alors qu’elle massacre un peuple piĂ©gĂ©, affamĂ©, acculĂ© Ă  la poussiĂšre. C’est une guerre sans honneur, menĂ©e avec la rage de ceux qui confondent puissance et droit, technologie et morale.

Mais ce qui sidĂšre davantage encore, c’est l’apathie presque complice de ceux qui se prĂ©tendent civilisĂ©s. De ceux qui, installĂ©s confortablement dans leurs chancelleries, prĂ©fĂšrent dĂ©tourner les yeux ou rĂ©citer des communiquĂ©s creux, incapables de nommer l’horreur pour ne pas froisser des intĂ©rĂȘts stratĂ©giques. Cette lĂąchetĂ© des États dits modernes est peut-ĂȘtre l’autre nom du scandale. Car il n’est pas de crimes impunis plus durables que ceux qu’on ne veut mĂȘme pas regarder.

* Ecrivain, traducteur.

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DrĂŽle de retour Ă  Djerba | OĂč sont passĂ©s les douaniers et les banques ?

17. Juli 2025 um 13:07

L’auteure de ce post Facebook publiĂ© le 16 juillet 2025 est une Tunisienne qui dĂ©barque Ă  Djerba «la douce» pour des vacances. A l’aĂ©roport international de Djerba-Zarzis, le premier contact avec l’«ßle de rĂȘve» n’a certes pas virĂ© au cauchemar, mais les choses ne se sont pas passĂ©es sans anicroches, ce qui a de quoi susciter des interrogations. Est-ce vraiment ainsi que l’on va rĂ©ussir une saison touristique dont attend monts et merveilles ? (Ph. AĂ©roport de Djerba-Zarzis, photo d’archives) .

Raja Snoussi *

DĂ©barquer Ă  Djerba, en principe, c’est super ! C’est sans compter avec les dĂ©sagrĂ©ments rencontrĂ©s lors de l’arrivĂ©e. Deux points m’ont interpellĂ©e. Je vais essayer d’en parler en gardant mon sang-froid.

AprÚs un vol nickel, via Nouvelair : ponctualité, accueil agréable, etc., les voyageurs applaudissent. Traduisez : on est arrivés sains et saufs sur le sol tunisien, El-hamdoulillah!

A nous Djerba ! L’üle des rĂȘves, ses plages de sable fin, sa brise lĂ©gĂšre, sa douceur, son cachet si particulier, sa quiĂ©tude


Nous voici donc dans le fameux hall pour passer la douane. Un monde fou ! Des familles avec enfants, des personnes ùgées, des touristes pour qui chaque minute compte


Au niveau du poste de contrÎle, sur douze guichets, quatre seulement sont opérationnels !

Une attente interminable. Des gosses qui se roulent par terre, leurs parents excĂ©dĂ©s ! Des vacanciers, blonds aux yeux bleus, qui regardent leurs montres, visiblement trĂšs Ă©nervĂ©s. Des personnes ĂągĂ©es au bord de la syncope ! Et bien sĂ»r, personne n’ose parler ou rĂ©clamer


Les regards échangés en disent long sur cet accueil révoltant. Surtout en pleine haute saison touristique !

Une dame, derriĂšre moi avait trois jeunes ados, eh bien, elle les a «dispatchĂ©s» sur les trois files, dans l’espoir de passer plus rapidement. Un quart d’heure
 une demie heure
 plus d’une heure Ă  attendre, bĂȘtement. Le pire, c’est que lorsqu’on regarde les murs, on constate la mĂȘme pub pour le Sommet de la Francophonie de 2022 ! Diable ! N’a-t-on plus d’artistes et de crĂ©ateurs pour dĂ©corer notre aĂ©roport ?

Bon, une fois «l’épreuve de feu» passĂ©e, nous voilĂ  dans le hall de la sortie
 Allons charger notre GSM et faire le change. Tiens, oĂč sont donc passĂ©es les banques ? FermĂ©es ! Closed ! Cerrado ! Msakrin !

Que s’est-il passĂ© ? La guerre ou un krach boursier ?

MĂȘme pas. Tout simplement, le loyer de ces banques a Ă©tĂ© augmentĂ©, alors elles ont mis la clĂ© sous le paillasson ! Du coup, il faut aller Ă  la Poste pour faire le change.

ExcĂ©dĂ©e par l’attente, je ne voulais pas me taper une autre attente interminable devant le guichet de la Poste. J’ai dĂ» racler le fond de mon porte-monnaie tunisien oĂč il y avait quelques dinars, juste de quoi payer la recharge et le taxi.

Ouf ! Enfin ! Me voici chez moi. Demain sera un autre jour pour aller dans une banque à Midoun


Je me suis juste demandée comment notre tourisme pouvait avancer avec de telles béquilles.

Pour me consoler, je me suis dit que si je continue Ă  venir Ă  Djerba, Ă  la valoriser, malgrĂ© certains inconvĂ©nients, c’est parce je l’aime beaucoup et mĂȘme passionnĂ©ment


* Citoyenne.

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Pour une refondation de l’Ordre des architectes tunisiens

17. Juli 2025 um 11:31

L’état actuel de l’Ordre des architectes tunisiens (OAT) est abominable. Il n’y a pas d’autre mot. Ce qui devait ĂȘtre une instance de rĂ©gulation, de dĂ©fense et de projection de notre profession est devenu un marĂ©cage d’atermoiements, de conflits d’intĂ©rĂȘts et d’opacitĂ©. La parole est confisquĂ©e, les prioritĂ©s sont inversĂ©es, et la dignitĂ© mĂȘme du mĂ©tier est bradĂ©e Ă  coups de petites stratĂ©gies et de grandes compromissions. (Ph. SiĂšge de l’OAT, Ă  Tunis).

Ilyes Bellagha *

Ce que nous vivons est le fait d’une minoritĂ© accaparatrice. C’est lĂ  que se rĂ©vĂšlent les limites de l’exercice dĂ©mocratique, quand l’indiffĂ©rence du plus grand nombre permet Ă  une poignĂ©e d’imposer sa mĂ©diocritĂ©. La majoritĂ© silencieuse, fatiguĂ©e, rĂ©signĂ©e ou dĂ©sabusĂ©e, laisse faire. Mais nous ne pouvons plus nous permettre ce luxe.

Il est temps, et mĂȘme plus que temps, de chercher une sortie. Et cette sortie ne pourra ĂȘtre que fondatrice. Il ne s’agit pas simplement de rĂ©former l’existant, de rafistoler un Ă©difice vermoulu, mais bien de construire une nouvelle instance, solide, crĂ©dible, orientĂ©e vers l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral.

Une refondation qui exige des sacrifices

Il est possible — et peut-ĂȘtre inĂ©vitable — que cette refondation exige des sacrifices. Certains confrĂšres devront ĂȘtre Ă©cartĂ©s, non par vengeance ni esprit de clan, mais parce que la solidaritĂ© corporatiste Ă  tout prix n’a plus sa place dans un monde qui s’effondre quand les structures ne rĂ©pondent plus Ă  leur mission.

Cette responsabilitĂ©, lourde et exigeante, ne peut incomber qu’à des militants assidus, engagĂ©s non par ambition personnelle mais par nĂ©cessitĂ© historique.

Le redressement ne viendra pas de l’intĂ©rieur du systĂšme actuel; il viendra d’un sursaut, d’un engagement profond et radical de celles et ceux qui refusent la compromission.

Ce que nous dĂ©fendons ici, c’est avant tout l’honneur d’une profession, celle de bĂątisseurs, de penseurs d’espaces, d’acteurs du territoire. Mais au-delĂ , c’est l’intĂ©rĂȘt mĂȘme de l’État, du moins de ce qu’il devrait ĂȘtre : garant d’un avenir commun, non d’une gestion de la rĂ©signation.

Une gestion calibrée sur un faux confort matériel

Nos gouvernants sont largement en-deçà de ce que toute sociĂ©tĂ© vivante est en droit d’attendre. Le pays ne peut pas se contenter d’une gestion minimale, calibrĂ©e sur un pseudo-confort matĂ©riel. Ce peuple n’a pas seulement besoin d’ĂȘtre nourri pour ĂȘtre tenu tranquille. Il a besoin de sens, d’élan, de justice, de beautĂ© aussi. Et c’est lĂ , prĂ©cisĂ©ment, que notre rĂŽle redevient central.

Il faut redonner Ă  notre profession son souffle, sa raison d’ĂȘtre, son courage. Et cela passe par la rĂ©invention d’un ordre digne de ce nom, capable de parler haut, de parler clair, et surtout d’agir.

* Architecte.

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La responsabilitĂ© de l’architecte face au paysage urbain dĂ©gradĂ© en Tunisie

15. Juli 2025 um 08:06

Alors que nos villes se diluent dans une monotonie inquiĂ©tante, que nos quartiers s’étalent sans Ăąme, et que l’espace public se meurt sous les coups conjuguĂ©s de la spĂ©culation et de la mĂ©diocritĂ©, une question s’impose : qui porte la responsabilitĂ© de ce paysage urbain laid et en dĂ©shĂ©rence ? (Ph. Avenue Hedi Nouira Ă  Ennasr, Ariana).

Ilyes Bellagha *

Depuis trop longtemps, une rĂ©ponse paresseuse s’imposait dans les cercles professionnels et ui renvoyait la responsabilitĂ© de ce gĂąchis Ă  l’administration publique. L’urbanisme serait entravĂ© par des rĂšglements obsolĂštes, une bureaucratie aveugle et une corruption rampante. À cela s’ajoute un autre coupable commode : le citoyen, prĂ©sentĂ© comme ignorant, peu sensible Ă  l’architecture, indiffĂ©rent Ă  la qualitĂ© du cadre de vie.

Mais cette dĂ©fausse systĂ©matique masque une autre vĂ©ritĂ©, plus inconfortable, plus intime : la dĂ©mission silencieuse d’une partie du corps des architectes.

C’est dans ce contexte que nous lançons une campagne mĂ©diatique nationale, destinĂ©e Ă  rĂ©veiller les consciences, Ă  exposer les non-dits, et Ă  inviter l’ensemble des acteurs Ă  un sursaut. Il ne s’agit pas de dĂ©noncer pour dĂ©noncer, mais d’appeler Ă  une prise de position lucide, responsable et courageuse.

Une profession en retrait face Ă  ses obligations

L’architecte est censĂ© ĂȘtre le garant de la qualitĂ© de l’environnement bĂąti. Pourtant, dans la pratique, trop nombreux sont ceux qui se contentent d’exĂ©cuter, de valider, de s’adapter, parfois mĂȘme de se compromettre. Le paysage urbain actuel — fait de volumes incohĂ©rents, de matĂ©riaux bas de gamme, d’espaces publics dĂ©laissĂ©s — ne peut pas ĂȘtre uniquement le fruit de dĂ©cisions administratives ou de choix imposĂ©s. Il est aussi le produit d’une chaĂźne de renoncements professionnels.

L’architecture, par sa nature, n’est jamais neutre. Elle façonne la sociĂ©tĂ© autant qu’elle en Ă©mane. Lorsqu’elle devient purement dĂ©corative ou rĂ©duite Ă  un acte commercial, elle cesse d’ĂȘtre un outil de transformation sociale. Cette dĂ©rive n’est pas une fatalitĂ© : c’est une posture.

Une culture du bĂąti Ă  reconstruire collectivement

Il est trop facile de dire que «le citoyen ne comprend pas». La rĂ©alitĂ©, c’est qu’on ne lui parle plus. L’architecture est absente des dĂ©bats publics, exclue des Ă©coles, ignorĂ©e par les mĂ©dias gĂ©nĂ©ralistes. Qui porte cette responsabilitĂ© sinon nous-mĂȘmes, architectes ? Si notre langage s’est refermĂ© sur lui-mĂȘme, si nos gestes se sont vidĂ©s de sens, alors la distance avec le public n’est pas une fatalitĂ©, mais le rĂ©sultat de notre silence.

C’est pourquoi cette campagne s’adresse Ă©galement aux citoyens, aux journalistes, aux enseignants, aux urbanistes, aux Ă©lus. Nous voulons reconstruire un dialogue, recrĂ©er un imaginaire collectif autour de la ville, rĂ©affirmer que l’architecture est une affaire publique, pas une simple affaire d’experts.

Un rempart contre la spéculation fonciÚre

Dans un contexte oĂč le sol devient une marchandise, oĂč chaque mĂštre carrĂ© est exploitĂ© sans vision, l’architecture reste l’un des rares contre-pouvoirs possibles. L’architecte, lorsqu’il assume son rĂŽle, peut ralentir, repenser, proposer d’autres usages, dĂ©fendre la beautĂ© et la justice spatiale.

Mais cela suppose un engagement, une Ă©thique, un courage. Il ne s’agit pas d’idĂ©alisme, mais de luciditĂ©. Notre mĂ©tier est politique au sens noble : il engage la citĂ©, il engage notre temps. Le rĂ©duire Ă  un service technique, c’est trahir son essence.

Un appel à la responsabilité partagée

Nous, architectes citoyens, lançons donc un appel public : aux architectes d’abord, pour qu’ils reprennent la parole, qu’ils assument leurs Ă©checs mais aussi leur potentiel ; Ă  l’administration, pour qu’elle cesse de considĂ©rer le projet architectural comme une variable d’ajustement ; aux citoyens, pour qu’ils exigent de meilleurs cadres de vie ; aux mĂ©dias, pour qu’ils relaient ces enjeux.

Il n’y aura pas de ville durable sans architecture responsable.

Il n’y aura pas de sociĂ©tĂ© harmonieuse sans un urbanisme porteur de sens.

Il n’y aura pas de futur commun si nous laissons nos paysages à l’abandon.

* Architecte.

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Justice économique: le vrai chantier national

14. Juli 2025 um 13:00
Justice économique: le vrai chantier national | Univers News

Par Mohamed OUERTATANI

TUNIS-UNIVERSNEWS- (TRIBUNE) – La Tunisie est Ă  la croisĂ©e des chemins. AprĂšs une dĂ©cennie de stagnation et de frustrations accumulĂ©es, une conviction s’impose : il n’y aura pas de vĂ©ritable redressement sans rupture nette avec l’économie de rente. DerriĂšre les lenteurs de la croissance, la montĂ©e du chĂŽmage, la dĂ©fiance gĂ©nĂ©ralisĂ©e et la fuite des cerveaux, se cache une structure Ă©conomique profondĂ©ment inĂ©galitaire, verrouillĂ©e par des privilĂšges historiques et une logique de prĂ©dation silencieuse.

Aujourd’hui, une nouvelle voie s’ouvre. Celle d’un ordre Ă©conomique et social fondĂ© sur la justice, l’équitĂ© et le mĂ©rite. Une voie qui exige un engagement ferme, mais aussi une implication courageuse et responsable de toutes les forces vives de la nation : entrepreneurs, jeunes diplĂŽmĂ©s, travailleurs, collectivitĂ©s locales, sociĂ©tĂ© civile, mĂ©dias et institutions.

Face Ă  cela, une rĂ©ponse d’ampleur s’impose : refonder l’économie sur la justice, l’équitĂ© et le mĂ©rite.

La rente : verrou invisible du sous-développement tunisien

Depuis trop longtemps, la Tunisie fonctionne Ă  l’économie de rente. Celle qui donne accĂšs Ă  la richesse par la proximitĂ© du pouvoir et non par la production ; celle qui rĂ©compense l’anciennetĂ© dans le systĂšme plutĂŽt que la crĂ©ativitĂ© ; celle qui favorise les cartels, les monopoles de fait, les rĂ©gulations sur mesure, les niches fiscales indĂ©fendables. RĂ©sultat : une Ă©conomie sclĂ©rosĂ©e, Ă  faible intensitĂ© d’innovation, qui exclut les jeunes, Ă©touffe l’investissement productif et concentre les opportunitĂ©s dans les mains de quelques-uns.

Rompre avec ce modĂšle, c’est rendre Ă  l’économie sa fonction premiĂšre : servir le bien commun.

Une politique publique fondatrice d’un nouvel horizon collectif

La volontĂ© de l’État tunisien de s’attaquer Ă  la rente n’est pas une simple rĂ©forme technocratique. C’est une dĂ©marche politique, structurante, qui annonce une refondation du pacte social. Car on ne peut parler d’État social sans justice fiscale. On ne peut rĂȘver d’égalitĂ© des chances sans ouverture rĂ©elle des marchĂ©s. On ne peut espĂ©rer une croissance partagĂ©e sans libĂ©rer les Ă©nergies bloquĂ©es par le clientĂ©lisme.

  • Premier axe : dĂ©manteler les structures de rente pour libĂ©rer les Ă©nergies productives

La rente, en Tunisie, n’est pas une abstraction. Elle prend la forme de niches fiscales injustifiĂ©es, de monopoles de fait, de barriĂšres administratives informelles, de rĂ©gulations sur mesure ou de favoritismes Ă  l’accĂšs aux marchĂ©s publics. Ces mĂ©canismes bloquent l’accĂšs Ă  l’initiative pour des milliers de jeunes, de femmes, de porteurs de projets issus des rĂ©gions dĂ©favorisĂ©es.

Rompre avec cette logique, c’est rendre Ă  l’économie sa vocation premiĂšre : rĂ©compenser le travail, valoriser l’effort, encourager l’innovation. Cela passe par une refonte fiscale qui rĂ©tablit la progressivitĂ© de l’impĂŽt, Ă©largit l’assiette, supprime les dĂ©rogations inefficaces. C’est aussi renforcer l’indĂ©pendance du Conseil de la concurrence, numĂ©riser l’attribution des marchĂ©s publics, mettre fin Ă  l’opacitĂ© dans l’allocation des ressources. Ce sont lĂ  les premiers leviers d’une Ă©conomie ouverte, transparente et inclusive.

  • DeuxiĂšme axe : faire du mĂ©rite et de la compĂ©tence les moteurs de l’ascension sociale

Dans une sociĂ©tĂ© minĂ©e par les frustrations et les inĂ©galitĂ©s d’accĂšs, il est urgent de reconstruire la promesse d’égalitĂ© des chances. L’emploi, l’investissement, la formation, ne doivent plus ĂȘtre conditionnĂ©s par le rĂ©seau ou l’origine sociale. Cela implique de rĂ©former les mĂ©canismes de recrutement, de garantir l’ouverture des concours, de promouvoir la transparence dans les nominations et les aides. Il faut Ă©galement refonder la politique de formation professionnelle pour qu’elle soit au service des secteurs porteurs, en lien avec les besoins rĂ©els de l’économie.

En remettant le mĂ©rite au cƓur du systĂšme, la Tunisie crĂ©e les conditions d’une vraie mobilitĂ© sociale et redonne confiance Ă  sa jeunesse. Ce n’est pas un luxe, mais une nĂ©cessitĂ© pour Ă©viter le dĂ©crochage collectif et l’exode massif des compĂ©tences.

  • TroisiĂšme axe : mobiliser les forces vives pour bĂątir un nouvel ordre Ă©conomique et social

Le combat contre la rente n’est pas seulement une affaire d’experts ou de techniciens Il suppose un engagement collectif, un sursaut partagĂ©. L’État doit en ĂȘtre le garant, mais la rĂ©ussite passe par l’implication active des acteurs Ă©conomiques, des collectivitĂ©s locales, de la sociĂ©tĂ© civile, des jeunes, des femmes, des syndicats, des mĂ©dias. Chacun a un rĂŽle Ă  jouer pour faire Ă©merger un nouveau modĂšle fondĂ© sur la responsabilitĂ©, la transparence et la redevabilitĂ©.

Ce nouvel ordre économique et social ne se décrÚte pas. Il se construit au quotidien, dans les choix politiques, dans les pratiques institutionnelles, dans les comportements citoyens. Il appelle une vision de long terme, mais aussi des actions immédiates et concrÚtes. Il exige du courage face aux résistances, mais surtout une foi renouvelée dans la capacité du pays à se transformer.

Une Tunisie du mérite, de la justice et de la dignité est possible

Mettre fin Ă  l’économie de rente, ce n’est pas punir, c’est libĂ©rer. C’est faire le choix d’une Ă©conomie qui crĂ©e de la valeur et non de la rente. C’est rendre possible l’investissement productif, l’emploi dĂ©cent, l’innovation sociale et entrepreneuriale. Une Ă©conomie oĂč chaque citoyen, d’oĂč qu’il vienne, peut espĂ©rer rĂ©ussir par l’effort, non par l’exception.

La Tunisie dispose des compétences, des ressources et des aspirations pour réussir ce tournant

Dans un contexte mondial instable, elle a fait le choix de la souveraineté économique, de la justice redistributive, et de la dignité partagée.

Ce chemin est exigeant, mais il est le seul capable de faire émerger une Tunisie meilleure, fidÚle à sa jeunesse, à son histoire, et à ses espoirs.

M.O.

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