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Ce que le corps guĂ©rit, Big Pharma ne veut pas l’entendre

11. Juli 2025 um 07:49

RĂ©gĂ©nĂ©rer. Un mot simple. Presque biologique. Mais dans le monde du pouvoir mĂ©dical, c’est un blasphĂšme. RĂ©gĂ©nĂ©rer, c’est dire : le corps peut se rĂ©parer. C’est contester le monopole de la molĂ©cule. C’est refuser l’abonnement Ă  vie Ă  une industrie de la chronicitĂ©. Et cela, ils (les boss de la Big Pharma) ne le supportent pas.

Dr Hichem Ben Azouz *

RĂ©cemment en Chine, une femme diabĂ©tique a reçu une greffe de cellules souches dĂ©rivĂ©es de son propre tissu adipeux. En 75 jours, elle n’avait plus besoin d’insuline. Trois ans plus tard, elle allait toujours bien. Pas de brevet. Pas de laboratoire amĂ©ricain. Pas de financement Gilead ou Roche. Un protocole local, une innovation contextuelle, une mĂ©decine du vivant. Et immĂ©diatement : silence. Pas d’éditoriaux enthousiastes dans The Lancet. Pas de subventions internationales pour explorer. Pas d’ONG se ruant pour implĂ©menter. Seulement un malaise. Parce que cette expĂ©rience ne rentre pas dans leur logique.

Attaque contre le cƓur du systùme

L’Afrique devrait ĂȘtre en premiĂšre ligne de ces alternatives. Nous avons les malades. Nous avons les terrains. Nous avons les raisons d’en finir avec la dĂ©pendance. Et pourtant, nous sommes absents. Ou plutĂŽt : rendus absents. Parce que soutenir la rĂ©gĂ©nĂ©ration, c’est attaquer le cƓur du systĂšme : leur modĂšle de soin, basĂ© sur la rĂ©pĂ©tition; leur modĂšle Ă©conomique, basĂ© sur la consommation; leur modĂšle politique, basĂ© sur le contrĂŽle.

RĂ©gĂ©nĂ©rer, c’est leur dire «Nous n’avons plus besoin de vous.» Mais ils veulent tuer cet avenir. Ils vont l’étouffer sous des procĂ©dures. Ils vont l’enterrer sous des «protocoles non validĂ©s». Ils vont le ridiculiser comme «science marginale». Et nous, dans nos ministĂšres, nos commissions Ă©thiques, nos comitĂ©s de pilotage, allons les aider. Nous allons refuser. Nous allons bloquer. Nous allons exiger des preuves
 jusqu’à ce que l’innovation meure.

Retour au corps qui sait

Mais ce que nous oublions, c’est que le corps se souvient. Il se souvient de la plante. Il se souvient du toucher. Il se souvient de la voix, du souffle, du rituel, du lien.

La mĂ©decine que nous avons laissĂ© mourir Ă©tait une mĂ©decine de la mĂ©moire. Et ce que propose la rĂ©gĂ©nĂ©ration, c’est cela : un retour au corps qui sait; un saut vers un soin qui libĂšre; un refus d’ĂȘtre Ă©ternellement malade pour enrichir les mĂȘmes.

Il ne s’agit pas ici de naĂŻvetĂ©. Il s’agit de souverainetĂ©. De la possibilitĂ© d’une mĂ©decine qui ne nous soumet plus. De la possibilitĂ© d’un soin qui ne prolonge pas la domination. De la possibilitĂ© d’un avenir non capturĂ© par la peur du marchĂ©.

Ils ne veulent pas que nous guĂ©rissions. À nous de vouloir plus : reconquĂ©rir la santĂ©, un dernier mot avant la rupture.

Nous avons parcouru le labyrinthe de l’aide qui Ă©touffe, des ONG qui s’imposent, de Big Pharma qui exploite, des dirigeants qui profitent, des mĂ©decins qui se taisent
 Mais il faut maintenant regarder devant.

Un acte de reconquĂȘte

Cet article n’est pas un testament de colĂšre. C’est un acte de reconquĂȘte. La santĂ© ne peut plus ĂȘtre un marchĂ©. La mĂ©decine ne peut plus ĂȘtre un outil de soumission. Le soin ne peut plus ĂȘtre distribuĂ© selon les intĂ©rĂȘts des puissants.

Il est temps de reprendre ce qui nous appartient. Pas dans l’abstraction d’un idĂ©al. Mais dans la matĂ©rialitĂ© d’un choix politique, quotidien, ancrĂ©.

A nous de reprendre la formation, la recherche, le récit, les pratiques, les programmes, les nÎtres.

Nous avons besoin d’écoles de santĂ© souveraines. Qui forment des soignants critiques, enracinĂ©s, crĂ©atifs. Nous avons besoin de recherche libre. Pas financĂ©e par ceux qui veulent des rĂ©ponses convenues. Nous avons besoin de rĂ©cits puissants. Pour dire les humiliations, les rĂ©sistances, les alternatives. Nous avons besoin de pratiques nouvelles. Qui n’imitent pas les modĂšles d’ailleurs, mais qui Ă©coutent ici.

Cela demandera du courage. Il faudra affronter les bailleurs, refuser les protocoles, inventer sans validation, parier sur le local, rĂ©sister Ă  l’appel de la carriĂšre docile. Il n’y a pas d’autre voie. Ce chapitre est une passerelle entre la dĂ©nonciation et la crĂ©ation, entre la colĂšre et la refondation, entre le constat et l’action. Le soin peut redevenir un acte de libertĂ©, Ă  condition d’oser sortir du systĂšme, penser autrement et dĂ©sobĂ©ir.

Ce que je ne veux plus cautionner

Cet article a voulu allumer le feu; il t’appartient dĂ©sormais d’y souffler. Je n’écris pas ces mots pour gagner des alliĂ©s. Je les Ă©cris parce que je n’en peux plus de me taire. Je suis mĂ©decin, africain, et je connais les couloirs glacĂ©s des hĂŽpitaux publics, les rĂ©unions pleines de PowerPoint, les missions financĂ©es, les rapports de 80 pages, les objectifs Ă  95-95-95 du VIH, les acronymes qui masquent les corps. Je connais aussi la fatigue du terrain et la honte du compromis. Et je ne veux plus cautionner, valider des programmes dont je sais qu’ils ne servent pas ceux qu’ils prĂ©tendent sauver.

Je ne veux plus distribuer des mĂ©dicaments quand je sais qu’une alternative existe ailleurs, mais qu’elle dĂ©range trop pour ĂȘtre introduite. Je ne veux plus signer des documents qui fĂ©licitent, qui maquillent, qui transforment des dĂ©sastres en succĂšs administratifs. Je ne veux plus saluer des ONG qui vivent du malheur qu’elles dĂ©noncent, faire semblant que la santĂ© est neutre, ĂȘtre le relais d’un empire, pas mĂȘme en blouse blanche. Je veux une mĂ©decine debout, qui guĂ©rit, qui Ă©coute, qui refuse, qui ose dire non aux bailleurs, qui libĂšre, et pas qui domestique.

Je n’ai pas Ă©crit cet article contre mes collĂšgues. Je l’ai Ă©crit avec eux. Pour ceux qui se taisent, qui n’en peuvent plus, qui veulent autre chose. Je l’ai Ă©crit pour les malades qui n’ont plus de mots, pour mon fils, pour les Ă©lĂšves, pour les gĂ©nĂ©rations Ă  venir. Je l’ai Ă©crit pour que le soin redevienne un lieu de vĂ©ritĂ©.

Ce que je ne veux plus cautionner, je l’écris. Et ce que j’écris, je m’engage Ă  le vivre. Il est temps de sortir de la servitude mĂ©dicale, d’ouvrir les portes, de soigner autrement.

* Médecin, chercheur et écrivain à Johannesburg, Afrique du Sud.

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Le Nobel de la paix est-il en solde pour que Trump y postule ?

09. Juli 2025 um 14:13

ScĂšne surrĂ©aliste, avant-hier soir, lundi 7 juillet 2025, Ă  la Maison Blanche. Le Premier ministre israĂ©lien Benjamin Netanyahu, poursuivi par la Cour pĂ©nale internationale pour crimes de guerre Ă  Gaza, a remis en grande pompe au prĂ©sident Donald Trump un document destinĂ© au comitĂ© Nobel d’Oslo. Il y recommande le prĂ©sident amĂ©ricain pour le prix Nobel de la paix. Une paix hypothĂ©tique, un cessez-le-feu encore non signĂ©, sur fond de guerre active, de bombardements quotidiens et de famine grandissante.

Khémaïs Gharbi *

Mais cette scĂšne n’est pas simplement grotesque — elle est rĂ©vĂ©latrice. Elle illustre une forme nouvelle de diplomatie : le troc symbolique. Trump, Ă  peine revenu sur le devant de la scĂšne, a proposĂ© il y a quelques jours aux IsraĂ©liens une idĂ©e «novatrice» : pourquoi ne pas abandonner les poursuites judiciaires contre Netanyahu devant les tribunaux israĂ©liens, oĂč il est accablĂ© par trois ou quatre procĂšs pour corruption ? En retour, voici qu’un dĂ©but de rĂ©compense arrive : une nomination surprise au prix Nobel de la paix, comme un merci d’ami Ă  ami.

En d’autres termes, pendant que des civils meurent par centaines, pendant qu’on compte plus de 150 000 morts et blessĂ©s palestiniens, pendant que les hĂŽpitaux croulent, que l’eau manque, que les enfants pleurent sous les dĂ©combres — on s’échange des faveurs et des dĂ©corations.

Emballage diplomatique pour ambition personnelle

Tout y Ă©tait : les sourires figĂ©s, le protocole rĂ©glĂ© comme du papier Ă  musique, les camĂ©ras triĂ©es sur le volet. Seule manquait la rĂ©alitĂ©. Le mot «paix», vidĂ© de tout contenu, devient ici une formule creuse, un emballage diplomatique pour ambition personnelle. Ce n’est pas une rĂ©compense pour un rĂ©sultat — c’est une stratĂ©gie de communication.

Offrir un Nobel en pleine guerre, sans traitĂ©, sans fin des combats, sans justice pour les victimes, revient Ă  remettre la coupe du monde Ă  une Ă©quipe qui n’a pas encore jouĂ© son quart de finale. Ou, plus absurde encore, Ă  offrir la mĂ©daille d’un marathon Ă  celui qui vient juste de nouer ses lacets — Ă  condition qu’il fasse une photo avec le sponsor.

En vĂ©ritĂ©, ce que l’on cherche ici, ce n’est pas la paix. C’est l’absolution. Ce n’est pas un honneur mĂ©ritĂ©, c’est un vernis — un stratagĂšme pour redorer des blasons ternis. Mais les faits sont lĂ . Et l’histoire, elle, ne se laisse pas duper.

Le comitĂ© Nobel apprĂ©ciera. Quant aux peuples, eux, retiendront peut-ĂȘtre cette image : celle de deux hommes s’auto-congratulant pendant que les dĂ©combres fument encore. Ce n’est pas de la paix qu’ils cĂ©lĂšbrent. C’est le triomphe du simulacre.

* Ecrivain et traducteur.

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L’Etat tunisien ne peut plus continuer à soutenir financiùrement Tunisair

09. Juli 2025 um 09:59

Depuis l’ùre de Ben Ali, les programmes de sauvetage de Tunisair se suivent et finissent tous par se rĂ©vĂ©ler Ă©phĂ©mĂšres et sans effet durable. La crise que traverse le pays fait que l’Etat tunisien n’a pas plus la capacitĂ© de gouvernance ni les moyens de possĂ©der ni de moderniser une compagnie aĂ©rienne.

Elyes Kasri *

Les dĂ©faillances de plus en plus visibles et insupportables de la compagnie Tunisair font invoquer par les mĂȘmes cercles corporatistes, rentiers ou nostalgiques des slogans classiques pour cacher l’évidence de l’anachronisme de cette entreprise qui fut il y a longtemps un motif de fiertĂ© nationale mais qui est devenue un fardeau insupportable et une image dĂ©gradante de la Tunisie Ă  l’étranger.

DĂšs qu’en temps de crise une entreprise publique, dĂ©ficitaire chronique et incapable de se redresser, commence Ă  invoquer la souverainetĂ© nationale et Ă  se cacher derriĂšre des lignes rouges, il faut se rendre Ă  l’évidence qu’il y a en matiĂšre de vision et de gouvernance un mĂ©lange toxique et fatal.

Des défaillances chroniques

Tunisair a Ă©tĂ© une bonne compagnie mais n’a visiblement pas su vieillir et s’adapter Ă  la nouvelle conjoncture internationale pour des considĂ©rations endogĂšnes et exogĂšnes. Et elle dĂ©montre une nouvelle fois ses dĂ©faillances au dĂ©marrage de la saison des vacances pour les tunisiens rĂ©sidents Ă  l’étranger et une saison touristique que l’on espĂšre porteuse d’espoirs pour renflouer les rĂ©serves en devises Ă©trangĂšres.  

Depuis l’ùre de Ben Ali, les programmes de sauvetage se suivent et finissent tous par se rĂ©vĂ©ler Ă©phĂ©mĂšres et sans effet durable.

La crise que traverse le pays fait que l’Etat tunisien n’a pas plus la capacitĂ© de gouvernance ni les moyens de possĂ©der ni de moderniser une compagnie aĂ©rienne.

C’est le constat qu’il faut savoir accepter pour pouvoir envisager une sortie de crise qui puisse servir les intĂ©rĂȘts supĂ©rieurs de l’économie nationale et l’image du pays Ă  l’étranger, loin de tout corporatisme ou nostalgie que le pays en difficultĂ© ne peut tolĂ©rer ni se permettre.

* Ancien ambassadeur.

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Tunisie | L’inflation de mĂ©decins n’est pas une solution

09. Juli 2025 um 07:39

La dĂ©claration rĂ©cemment faite avant-hier, lundi 7 juillet 2025, par le ministre de l’Enseignement supĂ©rieur et de la Recherche scientifique, Mondher BelaĂŻd, concernant la dĂ©cision des autoritĂ©s compĂ©tentes d’augmenter de 30%, Ă  partir de la rentrĂ©e universitaire 2025/2026, le nombre de places ouvertes aux bacheliers qui souhaitent faire des Ă©tudes de mĂ©decine en Tunisie mĂ©rite une sĂ©rieuse attention. (Ph. HĂŽpital de MĂ©denine).

Raouf Chatty *

Cette dĂ©cision serait judicieuse et pertinente si notre pays manquait de mĂ©decins et si notre Ă©conomie nationale Ă©tait capable de rĂ©pondre dignement aux attentes lĂ©gitimes des centaines de mĂ©decins qui sont mis chaque annĂ©e sur le marchĂ© du travail. Or la rĂ©ponse est tout simplement non. Le pays risque mĂȘme de connaĂźtre une inflation de mĂ©decins
 au chĂŽmage. Personne, bien entendu, ne dĂ©sire que ce triste sort soit rĂ©servĂ© aux mĂ©decins ni aux diplĂŽmĂ©s des autres secteurs. 

La situation actuelle est d’autant plus pĂ©nible que les jeunes mĂ©decins qui protestent aujourd’hui pour exiger l’amĂ©lioration de leurs conditions de travail et de rĂ©munĂ©ration comptent parmi les Ă©lĂšves qui ont brillamment rĂ©ussi au baccalaurĂ©at, qui ont longuement et durement investi dans leurs Ă©tudes et qui ont consacrĂ©, chacun, une douzaine d’annĂ©es de leur jeunesse (soit de 20 Ă  32 ans) aux Ă©tudes et au travail dans les hĂŽpitaux publics dans des conditions extrĂȘmement pĂ©nibles. 

Le pays ne manque pas de médecins

La Tunisie ne manque pas aujourd’hui de mĂ©decins. Elle n’en manquera pas dans l’avenir. Les quatre facultĂ©s de mĂ©decine du pays forment, depuis cinq dĂ©cennies, des centaines de mĂ©decins chaque annĂ©e. Nous n’avons pas besoin non plus d’en construire d’autres. 

Le fait que des Ă©tablissements hospitaliers, Ă  Tunis et dans des villes et villages de l’intĂ©rieur, manquent de personnel mĂ©dical doit ĂȘtre imputĂ© aux stratĂ©gies suivies dans l’affectation et la rĂ©partition de nos jeunes mĂ©decins et aux raisons qui les incitent Ă  fuir nos hĂŽpitaux voire mĂȘme pour beaucoup, le pays lui-mĂȘme. 

Nous savons que des centaines de mĂ©decins attendent aujourd’hui impatiemment d’ĂȘtre recrutĂ©s et ne demandent qu’à travailler dans des conditions dignes avec des salaires gratifiants. Malheureusement, la situation Ă©conomique et financiĂšre du pays ne le permet pas. Le ministre de la SantĂ© se dĂ©bat trĂšs sĂ©rieusement pour amĂ©liorer la situation. Depuis son arrivĂ©e Ă  la tĂȘte du DĂ©partement, les choses commencent Ă  bouger. Fort de sa longue expĂ©rience de professeur de mĂ©decine et de celles de ses collaborateurs, Mustapha Ferjani est prĂ©sent sur tous les terrains. Cela est Ă  mettre Ă  son actif.

Toutefois, l’examen de la question de l’augmentation des capacitĂ©s d’accueil des facultĂ©s de mĂ©decine reste Ă©pineuse et nĂ©cessite un dĂ©bat national digne de ce nom dans le cadre d’une vision globale de l’avenir de la santĂ© en Tunisie 

Nombreux parmi les jeunes mĂ©decins choisissent de quitter le pays Ă  la recherche de perspectives meilleures, en particulier en France et en Allemagne. Beaucoup le font dans la prĂ©cipitation. Nombreux ne savent pas qu’il s’agit souvent d’une dĂ©cision lourde et grave qui va engager leur avenir. Souvent, il s’agit d’un ticket aller sans retour. Ils ne savent pas non plus qu’ils doivent batailler dur pour s’imposer compte tenu de l’environnement nouveau oĂč ils vont travailler et vivre
 Ils seront gĂ©nĂ©ralement exploitĂ©s et beaucoup rĂ©munĂ©rĂ©s que leurs confrĂšres originaires de ces pays.  

La tentation de l’expatriation

Parmi les raisons qui incitent les mĂ©decins, jeunes et moins jeunes, Ă  s’expatrier figurent les modestes salaires servis en Tunisie, les misĂ©rables conditions de travail dans lesquelles ils exercent leur mĂ©tier, la dĂ©gradation  de leur statut social, l’insĂ©curitĂ©, les risques auxquels ils s’exposent dans les hĂŽpitaux  en relation avec un environnement peu propice Ă  l’exercice de la mĂ©decine, la faiblesse de l’encadrement, la  modicitĂ© des moyens mis Ă  disposition, la vĂ©tustĂ© du matĂ©riel, les relations difficiles avec des patients souvent issus de classes dĂ©favorisĂ©es qui dĂ©versent toutes leurs frustrations sur les jeunes mĂ©decins, et, last but not least, l’environnement souvent tendu dans lequel ils exercent. 

N’oublions jamais que les mĂ©decins pratiquent une profession trĂšs honorable oĂč ils font face Ă  la prĂ©caritĂ© humaine ce qui a un fort impact sur leur psychisme 

En somme, les jeunes mĂ©decins travaillent souvent dans des conditions indignes de jeunes personnes qui ont consacrĂ© une dizaine d’annĂ©es de leur vie Ă  des Ă©tudes souvent difficiles et exigeantes et au travail dans des hĂŽpitaux publics manquant de tout et oĂč ils se sont dĂ©pensĂ©s sans compter. Il est crucial de les Ă©couter


Augmenter de 30% le nombre des bacheliers autorisĂ©s Ă  faire des Ă©tudes de mĂ©decine c’est tout simplement se risquer de charger dĂ©mesurĂ©ment nos facultĂ©s de mĂ©decine, d’affaiblir les capacitĂ©s d’encadrement des apprentis mĂ©decins souvent laissĂ©s Ă  eux-mĂȘmes, de porter un coup dur Ă  la qualitĂ© de la formation mĂ©dicale, de dĂ©valoriser la rĂ©putation de nos mĂ©decins en Tunisie et Ă  l’étranger. Bref, c’est courir le risque de former des mĂ©decins au rabais
 et de les voir gonfler les rangs des diplĂŽmĂ©s chĂŽmeurs. À moins qu’on ait d’ores et dĂ©jĂ  prĂ©vu des solutions pratiques et fiables pour dĂ©samorcer ces bombes Ă  retardement. 

On n’aimerait pas voir des centaines de jeunes mĂ©decins, au terme de douze ans d’études et de rĂ©sidanat dans les hĂŽpitaux, attendre des annĂ©es pour trouver du travail dans le secteur public ou pour pouvoir s’installer dans le privĂ©, entreprise qui nĂ©cessite des fonds consĂ©quents et dont la rĂ©ussite n’est souvent pas assurĂ©e compte tenu de la concurrence effrĂ©nĂ©e dans le domaine.

Ceux qui croient que les jeunes futurs mĂ©decins pourront toujours trouver des postes dans les dĂ©serts mĂ©dicaux Ă  l’étranger ont une vision courte des choses. La France a dĂ©jĂ  commencĂ© Ă  mettre la barre trĂšs haut pour l’accĂšs de mĂ©decins Ă©trangers Ă  ses Ă©tablissements hospitaliers. Les restrictions Ă  l’entrĂ©e iront crescendo dans les prochaines annĂ©es. Le marchĂ© allemand ne tardera pas Ă  rĂ©agir de la mĂȘme façon dans les prochaines annĂ©es. Celui du Golfe Ă©galement. Il viendra un jour oĂč ces pays fermeront leurs portes aux mĂ©decins Ă©trangers ou mettront des conditions draconiennes pour les prendre dans leurs hĂŽpitaux. Il faut donc ĂȘtre attentif Ă  l’évolution de la situation.

 L’urgence d’un dĂ©bat national

J’ose espĂ©rer que toutes les parties concernĂ©es par une dĂ©cision aussi importante et aux consĂ©quences prĂ©visibles aient Ă©tĂ© consultĂ©s Ă  l’avance et leurs points de vue entendues. Je pense en particulier Ă  l’Institut tunisien des Ă©tudes stratĂ©giques (Ites), aux professionnels de l’enseignement mĂ©dical, aux doyens des facultĂ©s de mĂ©decine, au Conseil national de l’ordre des mĂ©decins, aux syndicats de mĂ©decins, Ă  l’Organisation tunisienne des jeunes mĂ©decins (OTJM), aux ministĂšres des Finances, des Affaires sociales, des Affaires Ă©trangĂšres


Il faut prendre le temps nĂ©cessaire pour rĂ©flĂ©chir Ă  la question dans toutes ses dimensions et dĂ©cider ensuite des mesures Ă  prendre. Le credo doit ĂȘtre l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral et, bien entendu aussi, celui lĂ©gitime des mĂ©decins car personne ne souhaite que la profession mĂ©dicale en Tunisie soit dĂ©valorisĂ©e et que la santĂ© des citoyens soit mise Ă  rude Ă©preuve
 Nos mĂ©decins et notre mĂ©decine, qui a toujours privilĂ©giĂ© le mĂ©rite personnel et l’efficacitĂ© professionnelle, ne mĂ©ritent pas d’ĂȘtre galvaudĂ©s !

* Ancien ambassadeur.

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Sauvons Tunisair tant qu’il est encore temps !

07. Juli 2025 um 13:28

Il ne m’est pas facile d’écrire ces mots, mais c’est nĂ©cessaire. Et urgent. Quand on a aimĂ© une compagnie, qu’on lui a donnĂ© du temps, de l’énergie, parfois mĂȘme des sacrifices personnels
 voir ce qu’elle devient aujourd’hui, c’est douloureux. Tunisair n’a jamais Ă©tĂ© parfaite. Mais elle n’était jamais descendue aussi bas.

Rihab Said Guissouma *

On a connu les retards, les galÚres, les pannes. Mais malgré tout, il y avait une ùme. Des équipes soudées, du respect pour les passagers, une fierté de servir notre drapeau dans les airs.

Aujourd’hui, ce que je vois me brise le cƓur : des vols annulĂ©s sans explication; des passagers laissĂ©s seuls, sans informations ni soutien; des Ă©quipes au sol trĂšs qualifiĂ©es, mais qui manquent cruellement de moyens pour faire leur travail correctement. Tout va mal

On ne peut plus se taire. Il faut parler. Il faut agir. Et surtout, il faut respecter. Respecter les voyageurs qui paient pour un service digne. Respecter les employĂ©s qui donnent tout avec peu de moyens. Respecter le nom de Tunisair, parce qu’il reprĂ©sente plus qu’une entreprise. C’est un symbole national. Ce n’est pas trop tard. Il faut remettre les avions en Ă©tat. Il faut reconstruire la confiance avec des gestes simples : informer, accompagner, s’excuser quand il le faut. Il faut des responsables prĂ©sents, visibles, engagĂ©s. Et surtout, il faut arrĂȘter de faire semblant que tout va bien. Parce que non, tout ne va pas bien. Et il n’y a rien de honteux Ă  l’admettre.

Une seconde chance

À ceux qui portent encore l’uniforme : respect et courage. Je sais ce que vous vivez. Je sais que vous tenez la baraque comme vous pouvez. Vous mĂ©ritez mieux. Vous mĂ©ritez qu’on vous Ă©coute. Qu’on vous soutienne. Qu’on vous rende les moyens de faire votre travail avec fiertĂ©. Et c’est justement pour cela que je m’adresse aujourd’hui au ministre du Transport : Tunisair ne peut plus ĂȘtre traitĂ©e comme un simple dossier administratif. Elle doit devenir une affaire d’État. Je demande la crĂ©ation d’une cellule de crise nationale, avec de vrais experts; un budget annuel structurĂ© et suivi, dĂ©diĂ© Ă  la relance du transport aĂ©rien; une rĂ©vision complĂšte des responsabilitĂ©s, avec obligation de rĂ©sultats; et surtout, une vision Ă  long terme, claire, ambitieuse, transparente.

Je ne me fais pas d’illusions. Mais je refuse de rester silencieuse face Ă  l’effondrement d’une compagnie que des gĂ©nĂ©rations ont servie avec loyautĂ© et honneur.

Tunisair mérite une seconde chance. Elle mérite mieux que des réponses automatiques. Elle mérite une vraie décision politique. Avec respect, mais sans silence.

* Ancienne employée de Tunisair.

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Carthage, la «Tunisienne» | Nos ancĂȘtres les Massyles (2-2)

06. Juli 2025 um 10:00

Souvent, les historiens de l’antiquitĂ©, aussi bien latins que grecs, ne faisaient allusion aux royaumes limitrophes Ă  la grande citĂ© qu’incidemment, lorsqu’ils Ă©taient associĂ©s pour soutenir Carthage dans ses conflits contre Rome. Le meilleur exemple est celui du royaume Massyle qui bordait le territoire de Carthage et entretenait des relations Ă©troites Ă  tous les niveaux. (Ph. Dougga, au nord-ouest de l’actuelle Tunisie fut le chef-lieu de la grande circonscription punique de la Tusca, qui englobait une cinquantaine de citĂ©s).

Ridha Ben Slama *

Ce royaume est mentionnĂ© par HĂ©sianax, dĂšs l’époque de la premiĂšre guerre punique(1). Son existence aurait dĂ©butĂ© avec Zelalsen puisqu’à la fin du IIe siĂšcle Av. J.-C., son roi, Gaia, fils de Zelalsen et pĂšre de Massinissa, est dĂ©jĂ  l’hĂ©ritier d’une dynastie, sinon son descendant direct(2). L’apparition du royaume au IVe siĂšcle av. J.-C. comme une entitĂ© stable et Ă©tablie, avec l’émergence d’une dynastie rĂ©gnant sur des territoires qui s’étendent de Thugga (Dougga) Ă  l’Ampsaga (Oued Rhumel) est confirmĂ©e. Cependant, il va dĂ©croitre progressivement durant le rĂšgne de GaĂŻa.

En effet, Ă  partir de 240 av. J.-C., Carthage procĂšde Ă  une occupation progressive de la sphĂšre Massyle.

Cependant, on est bien obligĂ© de constater une connaissance encore rudimentaire et insuffisante de la gĂ©ographie historique des confins de Carthage, traduite d’ailleurs par l’absence, jusqu’ici, d’un vĂ©ritable travail monographique et dĂ©taillĂ© sur le sujet.

Le rĂŽle de Dougga dans l’antiquitĂ© carthaginoise ?

Ce qui est par contre prouvĂ©, c’est que «Thugga Ă©tait dĂ©jĂ , Ă  la fin du IVe siĂšcle avant J.-C., au dire de Diodore de Sicile, “d’une belle grandeur”». CitĂ© importante, ce qui a amenĂ© certains historiens Ă  l’identifier comme la premiĂšre capitale du royaume Massyle et le foyer originel de la dynastie. Selon d’autres, elle serait mĂȘme le chef-lieu de la grande circonscription punique de la Tusca, qui englobait une cinquantaine de citĂ©s comme l’affirme Appien. Ce rĂŽle de premier plan, qu’elle semble avoir jouĂ© dans l’histoire de la rĂ©gion, a livrĂ© les plus anciennes inscriptions libyques datĂ©es : «C’est le seul site oĂč se trouve attestĂ©e l’utilisation de l’épigraphie libyque pour des inscriptions publiques. Le plus connu de ses vestiges est le cĂ©lĂšbre mausolĂ©e dit d’Atban, monument, datable de la 2e moitiĂ© du IIe siĂšcle avant J.-C. Promue au rang de rĂ©sidence royale sous Massinissa et ses successeurs, elle devint l’une des villes principales du royaume numide »(3). Le cĂ©lĂšbre mausolĂ©e dit d’Atban situĂ© Ă  la lisiĂšre sud du site Ă©tait vraisemblablement un cĂ©notaphe dĂ©diĂ© au roi Massinissa(4).

La chronologie du royaume Massyle et de sa dynastie commencerait donc avec Zelalsen, le pĂšre de GaĂŻa. Cependant, les donnĂ©es archĂ©ologiques pourraient faire remonter l’hypothĂšse de l’émergence du royaume des Massyles au IVe siĂšcle av. J.-C. Le roi Aylimas est mentionnĂ© comme rĂ©gnant en 310 av. J.-C. sur le territoire directement voisin de Carthage dans le rĂ©cit de Diodore. Par ailleurs, un site officiel prĂ©cise que Massinissa (203-148 av. J.-C.)(5) Ă©tait nĂ© Ă  Thugga (Dougga) «au nord de l’actuelle Tunisie», ce qui tĂ©moigne encore de la justesse de la localisation du foyer principal de la dynastie Ă  Thugga.

Entre 212 et 206 av. J.-C. le roi des Massyles, Gaia, envoya son fils Massinissa Ă  la tĂȘte d’un contingent de troupes, en Espagne aux cĂŽtĂ©s des Carthaginois. Le dĂ©cĂšs de Gaia nĂ©cessita le retour prĂ©cipitĂ© de Massinissa, pour dĂ©fendre ses droits Ă  la succession, menacĂ©s tant par des prĂ©tendants que par le royaume voisin des Masayesyles. Mais s’il obtint gain de cause en Ă©cartant ses rivaux, il fut dĂ©possĂ©dĂ© de son trĂŽne par Syphax le roi des Masaesyles. Massinissa fut contraint Ă  l’exil avant de reprendre ses possessions et de rĂ©gner pendant 54 ans jusqu’à sa mort en 148 av. J.-C.

Jugurtha, le petit-fils de Massinissa, est «revendiquĂ© par la Tunisie», lĂ©gitimement parmi les personnalitĂ©s marquantes. La Table de Jugurtha est un site historique Ă  KalĂąat-Es-Senan dans la rĂ©gion du Kef en Tunisie. D’autres illustres figures le sont comme Saint-Augustin (354-430), Saint-Cyprien (200-258), Tertullien (150-230), ApulĂ©e (125-170), reprĂ©sentent ce grand hĂ©ritage intellectuel dans lequel les Tunisiens se reconnaissent.

Les marqueurs indĂ©lĂ©biles de l’histoire tunisienne

Tous ces marqueurs de l’histoire tunisienne et leurs relations avec un territoire Ă  un moment donnĂ©, sont des indices sur la formation et les transformations des frontiĂšres. L’archĂ©ologie en tant que segmentation de l’espace, montre une frontiĂšre perçue – et vĂ©cue – tout au long de l’histoire.

La configuration territoriale du royaume massyle se situe «entre la riviĂšre Ampsaga et les territoires de Carthage»(6). Sous l’empereur Constantin (306-337), toute la partie orientale fut gouvernĂ©e de fait par un lĂ©gat reprĂ©sentant le proconsul de Carthage. Cette rĂ©gion Ă©tait riche en terroirs et en villes : notamment Madaure, Thagaste, mais aussi Calama, Thibilis, ThĂ©veste


Outre cet Ă©lĂ©ment gĂ©ographique, il y a le rayonnement culturel linguistique. Cette influence a Ă©tĂ© profonde et le punique faisait aussi partie, on l’a dĂ©montrĂ©, de la filiation linguistique. Saint- Augustin tĂ©moigne : «Demandez Ă  nos paysans qui ils sont : ils rĂ©pondent en punique qu’ils sont des Chenani (CananĂ©ens)». Il mentionnait aussi que dans les environs d’Hippone (Fussalla), les habitants parlaient un patois punique. Dans une lettre au Pape Celestin en 422, il recommandait un Ă©vĂȘque (punica lingua esset instructus ) pour une localitĂ© proche. Dans d’autres Ă©crits il laissait comprendre que les habitants de Calama (Guelma) utilisaient le punique et que lui-mĂȘme avait besoin d’un punicum interpreteus pour s’entretenir avec les donatistes.

AprĂšs 146 av. J.-C., Rome dĂ©coupa les territoires carthaginois en quatre provinces : la Proconsulaire (dĂ©signation comme le grenier Ă  blĂ© de Rome et qui couvrait les espaces s’étendant autour de Tunis et incluant Annaba). La Numidie au centre et au sud jusqu’aux confins sahariens. La MaurĂ©tanie cĂ©sarienne, La MaurĂ©tanie tingitane(7). Carthage connait une nouvelle pĂ©riode de prospĂ©ritĂ© mĂȘme sous l’occupation romaine, jusqu’à la chute de l’empire romain, au 5e siĂšcle. La domination romaine fut remplacĂ©e, briĂšvement, par celle des Vandales, qui font de Carthage la capitale de leur royaume. Carthage est ensuite conquise, temporairement, par l’Empire byzantin, jusqu’à l’avĂšnement de la religion musulmane, au 7e siĂšcle.

La rĂ©silience de l’État tunisien Ă  travers les siĂšcles

La longue pĂ©riode de transition de l’AntiquitĂ© Ă  l’époque mĂ©diĂ©vale tĂ©moigne de la rĂ©silience de l’État tunisien sous plusieurs dynasties. Un Ă©clairage rapide atteste de la permanence d’un État dont les frontiĂšres dĂ©passent de loin celle que le colonialisme français fixera.

La dynastie aghlabide, entre 800 et 909, gouverne depuis Kairouan, comprenant la Tunisie, le Constantinois et la Tripolitaine, une période riche donnant une réelle autonomie à la Tunisie.

Le troisiĂšme temps concerne la pĂ©riode fatimide (909-973)avec comme capitale Mahdia, englobant la Tunisie, s’étendant de l’est de l’ancien Constantinois Ă  la Tripolitaine. Puis les zirides, un Émirat vassal de l’Empire fatimide (972-1048), puis Émirat indĂ©pendant (1048-1148), avec pour capitale Kairouan (984-1057) Mahdia (1057-1148). Les Hafsides (1228-1574) s’émancipent Ă  la faveur de la chute de l’Empire almohade et en deviennent indĂ©pendants en 1236 avec pour capitale Tunis.

AprĂšs la disparition des califats arabes, les pachas de l’Empire ottoman organisaient Ifrikya en trois provinces : Alger en 1518, Tunis et Tripoli 1574. En 1613,Mourad Corso fonde la premiĂšre dynastie des beys de Tunis qui jouit d’une certaine autonomie par rapport au sultan ottoman. Le territoire est gĂ©rĂ© dans le cadre de l’empire ottoman, successivement par deux dynasties : les Mouradites (1612-1705) : et les Husseinites (1705-1957) avec Hussein Ben Ali en tant que bey de Tunis. Il instaure une monarchie placĂ©e sous la souverainetĂ© des Ottomans


Stopper le pillage de notre patrimoine

L’évolution des frontiĂšres tunisiennes a Ă©tĂ© un processus complexe, marquĂ© par des pĂ©riodes de conflits, de nĂ©gociations et de consolidations territoriales. Finalement, c’est l’administration coloniale française qui les a tracĂ©s au cordeau, en tant qu’entreprise de domination fondĂ©e sur la prise de possession d’un espace par une puissance Ă©trangĂšre dans le but d’y imposer sa souverainetĂ© et de l’exploiter dans son intĂ©rĂȘt.

Cette modeste contribution ne prĂ©tend pas «refaire» l’Histoire mais aspire participer Ă  rĂ©tablir quelques aspects constitutifs de notre conscience nationale que certains tentent d’usurper, car il est grand temps de se dĂ©barrasser des rognures de l’époque coloniale. Beaucoup de faits ont Ă©tĂ© dĂ©construits parce qu’ils ne favorisent pas un nouveau projet suprĂ©matiste en reptation, dont j’ai constatĂ© les Ă©bauches au cours de mes lectures et de mes navigations sur le net, -et je ne dois pas ĂȘtre le seul Ă  le percevoir- en Ă©tant stupĂ©fiĂ© par des gratte-papiers aux ordres, qui revendiquent ni plus ni moins des monuments de la conscience nationale tunisienne : Jugurtha et Massinissa, Saint-Augustin, etc


Ces omissions ne se font-elles pas Ă  l’ombre d’un patronage idĂ©ologique, dont l’objectif principal Ă©tait d’ancrer l’idĂ©e que nos figures emblĂ©matiques ne font pas partie de l’histoire et du patrimoine tunisiens ?

Je lance un appel Ă  nos historiens, archĂ©ologues et chercheurs pour dĂ©ployer un effort salutaire afin de stopper le pillage de notre patrimoine qui prend plusieurs formes. La plus manifeste est l’adoption par des supplĂ©tifs des thĂšses du colonialisme avec tout ce qui lui est sous-jacent, qui consiste Ă  dĂ©pouiller un pays, par le mensonge et la nĂ©gation de la vĂ©ritĂ©, de sa mĂ©moire, de sa culture et des composants fondamentaux de sa conscience nationale.

* Écrivain.

Notes :

1-  Fragmenta Historicorum Graecorum, III, p. 10, n° 11.

2- Camps G., Origines du royaume massyle, 1967, p. 29-38.

3- Ali Dabbaghi dans Sites et Monuments L’Institut National du Patrimoine – Tunisie.

4- Khanoussi Mustapha. L’évolution urbaine de Thugga (Dougga) en Afrique proconsulaire : de l’agglomĂ©ration numide Ă  la ville africo-romaine. In: Comptes rendus des sĂ©ances de l’AcadĂ©mie des Inscriptions et Belles-Lettres, 147ᔉ annĂ©e, N. 1, 2003. pp. 131-155.

5- https://www.poste.dz â€ș philately.

6- Lugan, Bernard, Histoire des Algéries, Edition Ellipses, pages 6 et 7, janvier 2025.

7- Epistola. CCIX. 2 & 3. 75.

8- Euromed-IHEDN Conférence du 16 novembre 2021 Cycle 2021-2022 par M. Sadok Boubaker.

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Carthage, la «Tunisienne» ! (1-2)

05. Juli 2025 um 12:55

Un Ă©norme manque d’intĂ©rĂȘt pour l’histoire de notre pays, de la part d’une grande frange de nos concitoyens, est constatĂ© par de nombreux observateurs. Une «distraction» qui serait due peut-ĂȘtre aux difficultĂ©s immenses que les Tunisiens endurent pendant des annĂ©es. Cette apathie teintĂ©e de lassitude incite des parties Ă©trangĂšres Ă  se permettre de retoucher des faits historiques et de s’arroger des figures emblĂ©matiques de notre patrimoine, dans l’indiffĂ©rence gĂ©nĂ©rale. Ce sujet peut paraitre assez anodin Ă  la base, mais il joue un rĂŽle crucial dans la formation et la cohĂ©sion de la conscience nationale tunisienne, qui n’est certes pas figĂ©e, elle est Ă  la fois ancrĂ©e Ă  un hĂ©ritage et reprĂ©sente un processus dynamique en constante Ă©volution.

Ridha Ben Slama *

Chaque nation se dĂ©finit tant par ses caractĂ©ristiques identitaires que par les territoires qui sont les siens. Il arrive que la toponymie doublĂ©e ou redondante, qui est un phĂ©nomĂšne ordinaire liĂ© Ă  l’Histoire, survient et bouleverse la pertinence de ces dĂ©terminants. On pourrait Ă©voquer Ă  ce titre la problĂ©matique concernant l’emplacement de Cirta, pour le situer Ă  l’actuelle El Kef ou bien Ă  Constantine. Plusieurs chercheurs soutiennent que les descriptions de Cirta dans les textes anciens correspondent incontestablement Ă  la topographie du Kef, au nord-ouest de la Tunisie actuelle. D’autres, guidĂ©s par une approche plutĂŽt «sĂ©lective», considĂšrent que Cirta Ă©tait situĂ©e sur l’emplacement de l’actuelle ville de Constantine, au nord-est de l’AlgĂ©rie actuelle. D’autres encore pensent que le site de Sicca, nom antique du Kef, pourrait ĂȘtre le mĂȘme que celui de Cirta


Fausses controverses toponymiques et géographiques

Somme toute, la plupart des historiens situent Cirta sur le site de l’actuelle ville du Kef, qui s’appellera d’ailleurs plus tard Sicca Veneria et Colonia Iulia Veneria Cirta Nova.

Ce dĂ©bat autour de la localisation gĂ©ographique de Sica (Sicca Veneria) et Cirta persiste encore. En d’autres termes, la controverse perdure pour prĂ©ciser si elles sont deux villes distinctes ou si elles dĂ©signent la mĂȘme citĂ© Ă  diffĂ©rentes Ă©poques ou sous diffĂ©rents noms dans l’AntiquitĂ©, ainsi que sur l’histoire de ces deux villes au temps de Carthage et de Rome. Les interactions entre Cirta et Sicca sont Ă©tudiĂ©es, ainsi que leur rĂŽle dans un contexte plus large et sur l’histoire des deux. 

A. Berthier, J. Juillet et R. Charlier estimaient que ce qui est appelĂ© «la Numidie de Jugurtha», reposait sur l’identification, par ces auteurs, du fleuve Mulucha Ă  l’oued MellĂšgue, principal affluent de la Medjerda, et de Cirta Ă  la ville que les Romains appellent Cirta nova Sicca (Le Kef). Dans une Ă©tude collective sur ‘‘Le Bellum Iugurthinum et le problĂšme de Cirta’’, parue en 1950, A. Berthier revient Ă  la charge et procĂšde Ă  une dĂ©monstration, faisant du Kef la Cirta de Salluste et non pas Constantine. Cette thĂšse a Ă©tĂ© approfondie dans son livre, paru en 1981, intitulĂ© ‘‘La Numidie, Rome et le Maghreb’’ (1), qui se traduit essentiellement par une localisation du domaine du royaume massyle vers l’Est. Elle apporte de nouveaux Ă©lĂ©ments sur les controverses toponymiques de la gĂ©ographie dĂ©crite par Salluste, relative Ă  son Ă©poque.

Il est prĂ©conisĂ© de considĂ©rer que l’archĂ©ologie fonde ses dĂ©ductions sur un terrain variable et les donnĂ©es qu’on a aujourd’hui peuvent ĂȘtre demain contestĂ©e, surtout lorsque les sources historiques anciennes sont Ă©crites majoritairement par des Ă©trangers qui constituent par consĂ©quent des tĂ©moins indirects.

Pour «agrĂ©menter» encore les diffĂ©rentes dĂ©monstrations, le nom de «Sarim Batim» avait Ă©tĂ© Ă©voquĂ© aussi comme ancien nom de Constantine. C’est une hypothĂšse formulĂ©e et dĂ©fendue par Ph. Berger lors du onziĂšme congrĂšs des Orientalistes tenu Ă  Paris en 1897. Il s’était demandĂ© si «l’expression Sarim Batim, que l’on trouve sur quelques inscriptions nĂ©o-puniques de Constantine, n’est pas un nom de lieu dĂ©signant Cirta», et aussi par AndrĂ© Berthier qui proposait la dĂ©nomination de Sarim Batim pour dĂ©signer Constantine.

La recherche dans les sources lexicales des langues anciennes affirme que Sarrim, signifie en akkadien «roi, prince, seigneur, maitre» et Batim, signifie «maison»(2). Il a Ă©tĂ© Ă©tabli que la langue punique adopte un systĂšme consonantique, c’est-Ă -dire, qu’elle se base sur la transcription des «consonnes». D’oĂč la difficultĂ© d’avoir une seule et unique prononciation. Ainsi, il y a lieu de ne considĂ©rer que la racine des deux vocables Ă  savoir SRM et BTM renvoient Ă  «maison royale, maison du prince, ville royale ».

Il convient de souligner que les centaines de fragments trouvĂ©s Ă  Constantine portent des inscriptions avec la dĂ©coration habituelle de stĂšles trouvĂ©es Ă  Carthage. D’aprĂšs M. Berthier, parmi les objets l’image de Tanit se rencontre trĂšs frĂ©quemment.

Des atteintes au récit historique

Cette controverse, connue sous le nom de «problĂšme de Cirta», fait l’objet de publications et de discussions continues, interminables. S’il ne s’agissait que d’une recherche acadĂ©mique sur la localisation de deux citĂ©s et sur leur dĂ©nomination, personne ne trouverait rien Ă  en redire. Mais, cette dĂ©marche acadĂ©mique Ă  l’origine a eu pour consĂ©quence indirecte une posture Ă©quivoque de certains milieux, dont le dessein est de s’attribuer des figures historiques, de s’approprier ou d’utiliser leur image ou leur hĂ©ritage indument, ce qui implique des atteintes Ă  la conscience nationale et Ă  la construction du rĂ©cit historique.

Ainsi, on observe depuis quelques temps que les explorations fondĂ©es en vue d’établir la vĂ©racitĂ© historique a ouvert le champ Ă  des tentatives de dĂ©formation et de falsifications des faits historiques, d’une maniĂšre inqualifiable, qui tĂ©moignent d’une vision fantasmĂ©e de l’Histoire.

Ces assertions anachroniques qui circulent dans certains médias et réseaux sociaux trahissent une volonté de présenter un récit construit, sélectif et qui sert les visées de ceux qui les promeuvent.

L’idĂ©ologie, dans son orientation pĂ©jorative, se glisse pour dĂ©former l’histoire en prĂ©sentant une version biaisĂ©e du passĂ©, souvent pour servir des agendas politiques et des arriĂšre-pensĂ©es suprĂ©matistes. Cette dĂ©viation peut prendre la forme d’omissions, de distorsions, de simplifications excessives ou de reconstructions idĂ©ologiques du passĂ©. Il faut bien le prĂ©ciser, il s’agit tout simplement d’une forme de spoliation, Ă  l’instar du transfert illicite d’objets d’art et de biens historiques. Cette action est rĂ©cupĂ©rĂ©e par des milieux allogĂšnes qui l’instrumentalisent, elle peut avoir des consĂ©quences graves pour l’affirmation de notre conscience nationale et la mĂ©moire de notre pays.

Il est donc essentiel de «remettre les pendules Ă  l’heure» comme on dit, de clarifier et de mettre fin Ă  toute ambigĂŒitĂ© Ă  ce sujet, en se rĂ©fĂ©rant Ă  la rigueur scientifique autant que faire se peut.

Au commencement Ă©tait Carthage
   

Il convient tout d’abord de rappeler ce que reprĂ©sentait Carthage sur le continent et pour toute la MĂ©diterranĂ©e.

DĂšs l’antiquitĂ©, Aristote (384-322 av. J.-C) inclut l’exemple de Carthage parmi ceux des meilleures constitutions dans son livre II et au livre V de sa Politique (335 av. J.-C. environ). Le mĂ©rite de cette constitution aurait Ă©tĂ©, d’aprĂšs Socrate, celui de l’équilibre entre les pouvoirs. D’autres auteurs anciens font Ă©galement allusion Ă  son organisation(3).

L’État carthaginois Ă©tait une puissance maritime, il Ă©tendit sa prééminence en Ă©tablissant des comptoirs et en exerçant un contrĂŽle commercial le long des cĂŽtes, maintenant une influence politique souvent indirecte dans l’intĂ©rieur des terres, notamment en s’appuyant sur ses relations avec les chefs tribaux. Vers 510Av. J-C, Rome reconnaissait par traitĂ© le monopole commercial de Carthage dans la MĂ©diterranĂ©e occidentale. Le caractĂšre maritime et commercial de la puissance carthaginoise n’a pas pour autant attĂ©nuĂ© son assise terrienne. La ville continentale prise par les troupes carthaginoises (GĂ©nĂ©ral Hannon, IIIe siĂšcle av. J.-C.) est l’ancienne Theveste (Tebessa) qui appartenait aux GĂ©tules.

À Carthage, diffĂ©rentes populations ont non seulement cohabitĂ©, mais un vĂ©ritable brassage humain s’était effectuĂ© : carthaginois Ă©videmment, tribus autochtones (massyle, gĂ©tule, musulame
), grecs, italiens et ibĂšres, ce qui a contribuĂ© au rayonnement de la civilisation punique. Elle est renommĂ©e notamment par son navigateur-explorateur Hannon, par son agronome Magon et par ses grands militaires et stratĂšges de gĂ©nie Hamilcar Barca et son fils Hannibal. Elle est connue par l’écrivain ApulĂ©e, fondateur de la littĂ©rature latine africaine, par Saint-Cyprien et par Saint-Augustin qui y fit sa formation et de frĂ©quents sĂ©jours.

GrĂące Ă  sa rĂ©sonance historique et littĂ©raire, la civilisation de Carthage a toujours nourri l’imaginaire universel. En substance, l’État tunisien est sans conteste le prolongement historique et culturel de l’État carthaginois, alors que d’autres entitĂ©s Ă©tatiques rĂ©gionales n’ont vu le jour que trĂšs rĂ©cemment.

* Écrivain.

A suivre


Notes :

1- PrĂ©face d’AndrĂ© Wartelle; Paris: Picard, 1981; in-8°, 224 pages, 12 figures, 8 cartes.

2- Hein Bernd et All. Les langues africaines. Ed. Karthala. 2004. en p.110.

3- Diodore de Sicile, Trogue Pompée/Justin, dont la source est encore une fois Timée, Polybe, Appien, et Tite-Live surtout.

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Quand Israël cherche à jeter les Palestiniens à la mer

05. Juli 2025 um 11:39

Elle, IsraĂ©lienne, responsable, suggĂšre de tuer deux millions de Palestiniens de Gaza
 Un conseil: ne pas s’énerver, ne pas se scandaliser
 pour ne pas ĂȘtre accusĂ© d’antisĂ©mitisme. Car, en France, en Allemagne et dans d’autres pays occidentaux, dĂ©mocratiques et fĂ©rus de droits humains, toute empathie envers les Palestiniens, fussent-ils victimes de crimes de guerre et de gĂ©nocide, pourrait valoir Ă  son auteur quelques ennuis
 et pas seulement judiciaires.

Abdelaziz Dahmani *

Au cafĂ©, je m’approche d’une table de copains. Effervescence de discussions partagĂ©es, thĂšmes : Gaza, Wimbledon, la Coupe du Monde des Clubs et le cĂ©lĂšbre Tour de France cycliste qui dĂ©marre aujourd’hui. L’un d’eux me lance : «Quoi de neuf ?».

Moi, furibard, perdant le contrĂŽle de mes nerfs : «Auriez-vous vu ou Ă©coutĂ© cette ignoble, inhumaine personnalitĂ© israĂ©lienne, une dĂ©putĂ©e de l’extrĂȘme droite Ă  la Knesset, qui a dit: ‘‘À Gaza, les Palestiniens, il faut les tuer, tous, toutes, y compris les bĂ©bĂ©s et les enfants. Personne parmi eux n’est innocent !’’, y compris, vous l’avez entendu, les bĂ©bĂ©s, les enfants
 Oui, tout brĂ»ler, tout saccager».

Dans sa haine sordide, cette responsable israĂ©lienne a oubliĂ© de parler de bombe atomique, et hop, tout raser, pourquoi pas? La seule bombe qui suscite les inquiĂ©tudes du monde, de Bruxelles Ă  Los Angeles, c’est la bombe iranienne, non encore fabriquĂ©e. L’IsraĂ©lienne, qui existe en grandes quantitĂ©s depuis les annĂ©es 1970, et qui est aujourd’hui aux mains d’un sanguinaire appelĂ© Benjamin Netanyahu, ne dĂ©range, elle, personne dans les capitales occidentales.  

Les Palestiniens qualifiĂ©s d’animaux Ă  abattre

Un autre voisin de la mĂȘme table, presque effrayĂ©, me demande de «mieux contrĂŽler mes paroles». «Non, lui dis je, la dĂ©claration de cette vermine immonde est devenue publique, reprise par des radios , tĂ©lĂ©visions, sĂ»rement aussi par les journaux.» Lui : «Oui, certes, c’est vrai, d’autres dirigeants israĂ©liens ont dit pire, ou la mĂȘme suggestion de tuer tous les Palestiniens, et comme ignoble justification, ils disent que les Palestiniens sont des monstres, des animaux Ă  abattre. Le slogan « Mort aux Arabes Â» est mĂȘme tombĂ© en IsraĂ«l dans la banalitĂ©, souvent scandĂ©, rĂ©pĂ©tĂ© des centaines de fois, y compris par ceux qui le hurlant dans les parages de la mosquĂ©e Al-Aqsa, troisiĂšme lieu saint de l’islam. Al-Aqsa que Ben G’vir, membre de l’actuel gouvernement hĂ©breu, voudrait dĂ©truire »

Une rasade de menthe Ă  l’eau fraĂźche et ce copain reprend : «Oui, fait gaffe. L’information que tu Ă©voques, de cette membre de la Knesset, est bien sĂ»r reprise par les radios, les tĂ©lĂ©visions, par des journalistes professionnels. Mais c’est dit sur un ton calme, neutre, passif, sans aucune passion, ni Ă©motion, de la pure information, mĂȘme si ces journalistes Ă©voquent des scĂšnes immondes de bĂ©bĂ©s squelettiques qui, peaux collĂ©es sur des os, attendent la mort.»

Toujours ce copain, il me fixe du regard et ajoute: «Toi, Aziz, tu parles avec un ton de rĂ©volte, de passion, et c’est lĂ  ta faute! Tu peux ĂȘtre accusĂ© aisĂ©ment d’antisĂ©mitisme!»

Et lĂ , j’ai Ă©clatĂ© de rire ! Si Ă©voquer les massacres, les horreurs, le gĂ©nocide, les crimes de guerre en continu, dernier Ă©pisode de plus de 630 jours, l’apartheid permanent
 on devient antisĂ©mite! Alors, oui, ok, nous voilĂ  Ă  travers le monde, dĂ©jĂ  d’un nombre de plus de 3 milliards de personnes Ă  ĂȘtre classĂ©s antisĂ©mites. Simples rĂ©voltĂ©s contre l’innommable, choquant les bons «sĂ©mites», adorateurs de leur dernier Hitler, et Ă©litistes hautins, dominateurs, et leurs cireurs de bottes, y compris mĂ©diatiques. Ils continuent Ă  croire, plus que le PĂšre NoĂ«l, qu’IsraĂ«l, reste l’exception, le peuple Ă©lu, le prĂ©fĂ©rĂ© de Dieu, le chouchou des mentalitĂ©s restĂ©es coloniales, le manipulateur, rĂ©duisant les prĂ©sidents amĂ©ricains Ă  leurs uniques services, et son armĂ©e, Tsahal, qui n’aurait jamais perdu son honneur d’«armĂ©e la plus morale et la plus Ă©thique du monde»  20 ou 30 000 enfants palestiniens, le plus grand nombre, froidement, dĂ©libĂ©rĂ©ment assassinĂ©s, c’est un «dĂ©tail», dirait l’autre
 Sic et re-sic !

Réduire les Palestiniens en poussiÚres à jeter!

Ce IsraĂ«l, exemplaire, seule dĂ©mocratie propre, Ă©thique, morale, et bla-bla-bla, a son chantre, version française et sĂ»rement d’autres, un certain BHL
 Son cĂŽtĂ© superbe, son toupet, son culot, sa mĂ©galomanie triomphante, conseiller de chefs de sales guerres, continue Ă  impressionner les bobos et les gogos. Mais dans le noir de sa conscience, dort-il tranquille? Et un beau bĂ©bĂ© palestinien, en train de mourir de soif, sous les bruits des bombes et obus israĂ©liens, en silence, loin des micros, trouble-t-il un peu sa conscience? MystĂšre. Ou, silencieusement, est-il d’accord avec cette horrible et ignoble dĂ©putĂ©e israĂ©lienne, qui voudrait passer Ă  la moulinette, ou au hachoir, faute d’hĂ©riter d’Allemagne, des fours Ă  Gaz, rĂ©duire Palestine et Palestiniens en poussiĂšres Ă  jeter
 Ă  la mer. Sans, nouveaux Nazis, aucun Ă©tat d’ñme, au nom du fanatisme
 religieux
 tuer, Ă©liminer. Deux millions d’humains. MystĂšres 


Journaliste.

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Le droit international est désormais une épée aux mains des puissants

05. Juli 2025 um 09:28

Au cours de ce mois de juin 2025, quatre juges de la Cour pĂ©nale internationale (CPI) ont Ă©tĂ© sanctionnĂ©es par les États‑Unis : gel de leurs avoirs, interdiction de voyager. Leur seul tort ? Avoir autorisĂ© des enquĂȘtes et ordonnĂ© des mandats d’arrĂȘt contre Benjamin Netanyahu, pour crimes de guerre prĂ©sumĂ©s — une simple application du droit international. Elles ont Ă©tĂ© punies pour avoir fait ce qu’un tribunal implantĂ© en 2002, ratifiĂ© par 125 pays, est censĂ© faire : juger les crimes contre l’humanitĂ©. (Ph. Les Nations unies sont de plus en plus marginalisĂ©es et impuissantes face aux diktats des puissances).

Khemais Gharbi *

À vingt ans, j’adorais le mot Â«droit international». Il brillait dans ma tĂȘte comme une Ă©toile fixe, un rempart invisible contre les horreurs du passĂ©. J’y voyais une conscience supĂ©rieure, nĂ©e des cendres des guerres, une promesse faite Ă  l’humanitĂ© tout entiĂšre : plus jamais cela. Le monde, croyais-je, s’était dotĂ© d’un langage commun, impartial, sacrĂ©. Au-dessus des intĂ©rĂȘts, au-dessus des armes.

Mais Ă  quatre-vingts ans, ce mĂȘme mot me paraĂźt usĂ©, affadi, comme un drapeau qu’on hisse Ă  moitiĂ©, ou qu’on range selon la mĂ©tĂ©o.

Le droit international n’est plus cette boussole morale que je rĂȘvais adolescent. Il est devenu l’ombre portĂ©e du pouvoir : clair quand il sert les forts, flou quand il dĂ©range, absent quand il condamne les alliĂ©s.

À 80 ans, on n’a plus besoin de longues dĂ©monstrations. Il suffit d’observer. J’ai vu, au fil des annĂ©es, ce mot prononcĂ© avec solennitĂ© dans certains dĂ©bats — jusqu’à dix-sept fois dans une seule Ă©mission Ă©voquant l’Ukraine ou l’Iran. Et j’ai vu, dans les mĂȘmes studios, le silence peser sur Gaza, oĂč le droit semble avoir dĂ©sertĂ© les ruines, les enfants amputĂ©s, les files d’attente mitraillĂ©es. Une seule fois, ce mot sacrĂ© y fut murmurĂ©. Une seule fois. Comme une gĂȘne.

Et quand un tribunal, fĂ»t-il international, ose rappeler la rĂšgle
 il est sanctionnĂ©.

Ironie récente, amÚre vérité

Au cours de ce mois de juin 2025, quatre juges de la Cour pĂ©nale internationale ont Ă©tĂ© sanctionnĂ©es par les États‑Unis : gel de leurs avoirs, interdiction de voyager. Leur seul tort ? Avoir autorisĂ© des enquĂȘtes et ordonnĂ© des mandats d’arrĂȘt contre Benjamin Netanyahu, pour crimes de guerre prĂ©sumĂ©s — une simple application du droit international. Elles ont Ă©tĂ© punies pour avoir fait ce qu’un tribunal implantĂ© en 2002, ratifiĂ© par 125 pays, est censĂ© faire : juger les crimes contre l’humanitĂ©.

Les juges sanctionnĂ©es par Washington — Solomy Balungi Bossa, Luz del Carmen Ibåñez Carranza, Reine Alapini‑Gansou, Beti Hohler — n’ont enfreint aucune rĂšgle, sauf celle que la puissance veut prĂ©server. Washington a dĂ©noncĂ© leurs dĂ©cisions comme «illĂ©gitimes» et menaçantes pour la «souveraineté» amĂ©ricaine et israĂ©lienne.

À qui le droit appartient-il ?

C’est lĂ  que mon regard de vieil homme se fige. Le droit international, tel qu’on le voit s’appliquer aujourd’hui, n’est ni un droit, ni vraiment international. C’est un dĂ©cor. Une mise en scĂšne. Une Ă©pĂ©e qu’on prĂȘte Ă  certains, qu’on retire Ă  d’autres. Une illusion de justice quand elle est commode; un silence assourdissant quand elle dĂ©range.

À vingt ans, j’aurais criĂ©. Aujourd’hui, j’écris. Non pas par rĂ©signation, mais par luciditĂ©. Car ce n’est pas le droit lui-mĂȘme que je renie, mais l’usage inĂ©gal qu’on en fait. Il faudrait le rendre Ă  son peuple, Ă  sa source, Ă  ses victimes. Il faudrait oser le nommer quand il protĂšge les faibles, non quand il justifie les forts.

Le droit international n’est pas perdu. Il est juste pris en otage.

Mais les mots, eux, demeurent. Et tant que des juges auront le courage de dire la vĂ©ritĂ© — mĂȘme au prix de leur libertĂ© — il restera une flamme quelque part.

Et le regard d’un vieil homme pour l’entretenir.

Ecrivain et traducteur.

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De l’orientalisme savant au colonialisme dĂ©complexĂ©e

04. Juli 2025 um 09:10

L’histoire contemporaine du Moyen-Orient s’écrit autant avec des idĂ©es qu’avec des armes. Certaines thĂ©ories intellectuelles, nĂ©es dans les cercles acadĂ©miques, finissent par s’incarner dans des bombes, des murs et des lois. Ces discours, qu’on pourrait appeler des «prophĂ©ties impĂ©riales», prescrivent ce que l’Orient doit ĂȘtre et subir pour «entrer dans l’histoire». (Ph. Soldat israĂ©lien dans Gaza dĂ©truite par des armes livrĂ©s par les puissances occidentales).

Sadok Chikhaoui *

Bernard Lewis fut un intellectuel majeur du XXe siĂšcle, dont l’orientalisme savant a fourni un cadre mental justifiant les pires violences politiques. Mais il ne fut pas seul : les nĂ©oconservateurs amĂ©ricains, dans les annĂ©es 1990, ont repris et durci ce diagnostic, matĂ©rialisĂ© brutalement par la guerre d’Irak en 2003. Celle-ci a incarnĂ© l’idĂ©e d’un Orient «malade» incapable de dĂ©mocratie, qu’il faut rĂ©organiser par la force -au nom du bien de l’Orient et de la sĂ©curitĂ© occidentale.

Aujourd’hui, IsraĂ«l semble incarner cette transgression dĂ©complexĂ©e : au nom d’un droit mythique, il viole systĂ©matiquement les lois internationales avec le soutien sans faille des États-Unis. Dans ce nouvel Ăąge impĂ©rial, les rĂ©cits anciens -orientalisme, colonialisme, messianisme-ressurgissent, armĂ©s d’une puissance technologique et militaire inĂ©dite.

Bernard Lewis, prophĂšte d’un Orient fantasmĂ©

Dans un article cĂ©lĂšbre paru en 1990 (The Roots of Muslim Rage), Bernard Lewis popularise l’idĂ©e que l’islam serait ontologiquement hostile Ă  l’Occident, non pas pour des raisons politiques, mais en raison d’un ressentiment irrationnel, presque religieux, envers la modernitĂ© occidentale. Cette vision essentialiste, qui nie toute diversitĂ© et histoire interne au monde musulman, deviendra un pilier du «choc des civilisations» de Samuel Huntington.

Ainsi, tout compromis devient vain : il faut imposer l’ordre de l’extĂ©rieur, justifiant une forme de nĂ©o-impĂ©rialisme qui s’impose avec force aprĂšs les attentats du 11 septembre 2001 et donnera aux «faucons» nĂ©oconservateurs dĂ©jĂ  imbibĂ©s des idĂ©es de Lewis l’occasion de radicaliser leur discours avec l’invasion de l’Irak en 2003 comme laboratoire de reconfiguration politique et gĂ©opolitique du Grand Moyen-Orient.

Lewis conseille directement l’administration Bush, affirmant que les peuples arabes attendent d’ĂȘtre libĂ©rĂ©s par les AmĂ©ricains. Cette illusion se fracasse contre la rĂ©alitĂ© : la guerre dĂ©truit l’État irakien, alimente le sectarisme et jette des millions de gens dans la misĂšre. Mais elle incarne aussi un retour du Manifest Destiny -cette idĂ©ologie amĂ©ricaine du XIXe siĂšcle qui justifiait l’expansion divine vers l’Ouest, transposĂ© au Proche-Orient musulman.

Israël, transgression coloniale et impunité

Dans ce contexte, IsraĂ«l apparaĂźt comme le bras armĂ© de cette vision prophĂ©tique, bĂ©nĂ©ficiant d’une impunitĂ© amĂ©ricaine totale. Sa politique de colonisation, d’annexion et de purification ethnique, voire gĂ©nocidaire, se dĂ©roule sous le regard complice des puissances occidentales.

La guerre contre Gaza depuis octobre 2023, avec ses dizaines de milliers de morts civils et sa destruction massive, est prĂ©sentĂ©e comme un «droit de se dĂ©fendre». En rĂ©alitĂ©, elle rĂ©vĂšle une volontĂ© d’effacer un peuple, justifiĂ©e non par le droit mais par un rĂ©cit orientaliste et messianique dĂ©shumanisant : les Palestiniens sont des barbares, l’islam une menace Ă©ternelle, et IsraĂ«l le bastion de l’Occident.

Ce modĂšle s’inscrit dans la continuitĂ© du colonialisme classique : comme en AlgĂ©rie ou en Afrique du Sud, les colons se posent en victimes et porteurs de civilisation. Mais ils sont aujourd’hui plus cyniques, plus puissants, soutenus par des systĂšmes entiers mĂȘlant mĂ©dias, finance et technologie.

Cette sĂ©quence rĂ©vĂšle la subversion de la rationalitĂ© occidentale : le logos grec, la raison universelle, est remplacĂ© par la force brute et le silence de l’autre. Le droit devient modulable selon les rapports de force. Les prophĂ©ties de Lewis, le discours nĂ©oconservateur et l’idĂ©ologie sioniste ne dĂ©crivent plus le monde, elles le fabriquent — autorisant expropriations, bombardements, famines et censures. Le rĂ©el devient le théùtre d’un mythe violent : l’Occident Ă©lu, attaquĂ©, justifiĂ© dans son expansion infinie.

Don’t cry for me Palestina

Au moment oĂč IsraĂ«l trouve un soutien quasi inconditionnel en Occident — États-Unis et Europe — une autre dynamique tragique se joue : la dĂ©liquescence du soutien arabe Ă  la cause palestinienne.

Dans plusieurs pays occidentaux, la montĂ©e des extrĂȘmes droites colonialo-nostalgiques est frappante, en France notamment, avec un Ă©lectorat issu des pieds-noirs, oĂč la mĂ©moire coloniale est niĂ©e et oĂč l’islamophobie s’allie au soutien Ă  IsraĂ«l qui devient le modĂšle d’un État occidental agressif, ethno-nationaliste, technologiquement avancĂ©, impitoyable envers son «ennemi intĂ©rieur» et laboratoire de contre-insurrection.

Mais ce renforcement s’appuie aussi sur l’effondrement de la colonne vertĂ©brale politique du monde arabe. Depuis les annĂ©es 1990, et plus encore aprĂšs les Printemps arabes avortĂ©s, nombre de rĂ©gimes arabes du Golfe Ă  l’Afrique du Nord ont abandonnĂ© la cause palestinienne, perçue comme un fardeau anachronique gĂȘnant leur intĂ©gration dans la mondialisation capitaliste.

Ces rĂ©gimes aspirent Ă  devenir des vitrines luxueuses de la modernitĂ© : gratte-ciels, stades climatisĂ©s, plages artificielles, circuits de Formule 1, tourisme de luxe
 Les Palestiniens dĂ©rangent cette mise en scĂšne, rappel douloureux que l’histoire n’est pas finie.

Les Accords d’Abraham, signĂ©s sous houlette amĂ©ricaine, normalisent les relations entre IsraĂ«l et plusieurs États arabes sans qu’aucune concession ne soit demandĂ©e Ă  IsraĂ«l. Le message est clair : les Palestiniens sont seuls.

Le colonialisme n’est pas mort, il s’est transformĂ©. Les prophĂ©ties orientalistes se rĂ©alisent parce qu’elles servent une volontĂ© de puissance dĂ©liĂ©e de toute limite.

Le monde arabe, et plus largement musulman, redevient un théùtre de guerre d’imaginaire. Ce n’est pas l’islam en soi qui dĂ©range, mais sa rĂ©sistance : la mĂ©moire vivante d’un peuple humiliĂ©, d’une dignitĂ© qui refuse de disparaĂźtre. C’est cette altĂ©ritĂ© vivante qu’on cherche Ă  faire taire.

* Enseignant.

Du mĂȘme auteur dans Kapitalis :

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De l’importance d’avoir un secteur public en bonne santĂ©

03. Juli 2025 um 06:56

Le tĂ©moignage du Pr Lamia Kallel et son plaidoyer en faveur de l’hĂŽpital public et de celles et ceux qui en sont les piliers, les mĂ©decins internes et rĂ©sidents, prend toute sa valeur en plein mouvement de protestation des jeunes mĂ©decins, qui se sentent oubliĂ©s et abandonnĂ©s de l’Etat qui les emploie. Nous reproduisons ci-dessous le poste Facebook de la praticienne oĂč elle Ă©voque, comme elle dit, «un exemple parmi des milliers au quotidien, qui met en valeur l’importance d’avoir un secteur public en bonne santĂ©.»  

Dr Lamia Kallel *

Je rentre de l’hĂŽpital, appelĂ©e en renfort, pour une Ă©niĂšme urgence.

Un gros morceau de viande qui bloque dans le haut Ɠsophage, fermant complĂštement la lumiĂšre et s’impactant dans la muqueuse, faisant Ă©touffer une septuagĂ©naire.

Une concertation pluridisciplinaire, aboutissant Ă  des tentatives de dĂ©blocage par voie endoscopique, plan A actionnĂ© en vain, puis passage au plan B, et c’est le plan C qui a Ă©tĂ© salvateur, le tout sur prĂšs de 3 heures de temps.

Une mobilisation de plus de 10 personnes dans une mĂȘme salle entre la gastro, la rĂ©animation et la chirurgie et 2 personnes appelĂ©es en renfort pour le plan C, sans aucune obligation sinon morale
 sans aucun bĂ©nĂ©fice sinon spirituel, pour sauver un humain, lui Ă©pargner une chirurgie lourde et
 tracer un sourire sur le visage de ses proches.

On aurait pourtant pu s’arrĂȘter au plan A


On aurait pourtant pu s’arrĂȘter au plan B


Le matĂ©riel minimal requis Ă©tait fonctionnel, on Ă©tait outillĂ©, capable d’opacifier, couper, brĂ»ler, dilater par voie endoscopique, avec cette chance de travailler dans la sĂ©curitĂ©, le patient Ă©tant anesthĂ©siĂ©, intubĂ©, de quoi passer au plan D, E et F si requis


Le personnel présent voulait juste réussir.

Un exemple parmi des milliers au quotidien, qui met en valeur l’importance d’avoir un secteur public en bonne santĂ©.

Garantissez la transmission ! Retenez les compétences !

Doubler et tripler leur salaire ne sera jamais assez devant le service qu’ils peuvent rendre.

* Professeur d’hĂ©pato-gastro-entĂ©rologie, chef de service Ă  l’hĂŽpital Mahmoud-El Materi. 

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Le cri d’une gĂ©nĂ©ration de soignants dans un hĂŽpital au bord de l’effondrement 

02. Juli 2025 um 13:16

Il y a un feu qui brĂ»le. Un feu silencieux, sous les nĂ©ons blafards des hĂŽpitaux publics. Un feu qui consume lentement ceux qui devraient ĂȘtre nos hĂ©ros : les mĂ©decins, internes et rĂ©sidents. Le 1er juillet 2025, ils ont cessĂ© de porter leurs blouses comme des armures vides. Ils ont criĂ©, non seulement contre les conditions matĂ©rielles indignes, mais contre une machine qui broie leurs corps et leur esprit, contre un systĂšme qui les ignore et les oublie. 

Manel Albouchi *

Ils sont jeunes, souvent Ă  peine sortis de l’universitĂ©. Et pourtant, dĂ©jĂ  fatiguĂ©s. FatiguĂ©s d’un travail qui dĂ©vore leur sommeil, leur santĂ©, leur humanitĂ©. FatiguĂ©s de voir la dĂ©tresse des patients, sans jamais ĂȘtre eux-mĂȘmes Ă©coutĂ©s. FatiguĂ©s d’une hiĂ©rarchie distante, d’une administration aveugle. 

Leur colĂšre est celle d’une gĂ©nĂ©ration Ă  bout, Ă  la croisĂ©e des chemins entre le don total et la perte de sens. Ce qui les fait tenir dans ces conditions inhumaines, c’est leur rĂȘve d’ailleurs – un ailleurs meilleur, un horizon possible, un espoir qui parfois vacille mais ne meurt jamais. 

Perte de sens et rĂȘve d’un ailleurs meilleur

Cette annĂ©e, j’ai donnĂ© mon jour de repos, par volontariat, pour Ă©couter ces jeunes mĂ©decins rĂ©sidents et internes, pour entendre leur voix, leurs douleurs et leurs espoirs. 

Dans le service de rĂ©animation de l’hĂŽpital des grands brĂ»lĂ©s de Ben Arous, j’ai rencontrĂ© des visages fermĂ©s, des regards fuyants, des corps tendus au bord de la rupture. 

LĂ -bas, la psychologue a dĂ©sertĂ©. Depuis deux ans, personne n’a remplacĂ© ce lien vital. Les soignants s’occupent des corps calcinĂ©s, mais qui s’occupe d’eux ? Qui tient leur main quand le poids devient trop lourd ? 

La mĂ©decine n’est pas qu’un savoir technique. C’est un art du lien, un engagement de l’ñme. Quand la machine broie le lien, quand le soignant devient lui-mĂȘme blessĂ© et isolĂ©, le soin se fragilise, et avec lui, notre sociĂ©tĂ© toute entiĂšre. 

L’hîpital soigne aussi les soignants

La grĂšve n’est pas qu’un refus. Elle est un appel Ă  la vie, Ă  la reconnaissance. Un appel Ă  rĂ©inventer l’hĂŽpital, non pas comme une usine Ă  soins, mais comme un lieu vivant, oĂč l’on Ă©coute, oĂč l’on comprend, oĂč l’on soigne aussi les soignants. 

Mais le gouvernement, au lieu d’écouter et d’accompagner, a brandi la menace judiciaire contre l’Organisation tunisienne des jeunes mĂ©decins (OTJM). Et ce n’est qu’un signe de la froideur institutionnelle qui broie tout espoir de dialogue humain. 

Et pendant que certains minimisent l’exode des talents tunisiens, d’autres menacent d’importer des mĂ©decins Ă©trangers comme s’il s’agissait de simples piĂšces interchangeables. 

Une bombe Ă  retardement pour tout un pays

Ce climat toxique n’est pas seulement un affront aux professionnels de santé : c’est une bombe Ă  retardement pour tout un pays. 

Nous devons agir : 

– accueillir la souffrance des mĂ©decins; 

– ouvrir des espaces de parole, de supervision, d’accompagnement;

– intĂ©grer la psychologie dans chaque service; 

– former Ă  l’écoute, Ă  l’empathie, Ă  la rĂ©gulation Ă©motionnelle; 

– protĂ©ger le soignant pour protĂ©ger le patient. 

Car la santĂ© d’un pays se mesure aussi Ă  la santĂ© de ceux qui le soignent. Ignorer leur dĂ©tresse, c’est creuser la tombe de notre systĂšme de soins. Entendre leur cri, c’est ouvrir une voie nouvelle, plus humaine, plus digne. 

A la mĂ©moire du Docteur Jed El Henchiri, ancien prĂ©sident de l’OTJM, paix Ă  son Ăąme. 

* Psychothérapeute, psychanalyste.

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RĂ©former le financement pour libĂ©rer l’économie tunisienne

30. Juni 2025 um 16:08
RĂ©former le financement pour libĂ©rer l’économie tunisienne | Univers News

Par Mohamed OUERTATANI

  • Le tissu des PME, colonne vertĂ©brale de l’économie nationale, est en train de s’effondrer silencieusement, faute d’un modĂšle de financement adaptĂ© Ă  ses besoins
  • Moins de 15 % des crĂ©dits bancaires sont allouĂ©s aux PME, et cette proportion tombe Ă  des niveaux dĂ©risoires dans les rĂ©gions de l’intĂ©rieur
  • À travers les Ă©carts se lit une injustice Ă©conomique profonde, mais aussi une impuissance collective Ă  faire Ă©merger une croissance inclusive et durable
  • Banques, compagnies d’assurance, sociĂ©tĂ©s de leasing, fonds d’investissement : tous doivent sortir de leur logique de gestion passive des risques
  • Financer les PME, ce n’est pas prendre un risque : c’est investir dans la rĂ©silience, la prospĂ©ritĂ© et la stabilitĂ© de notre pays

TUNIS-UNIVERSNEWS- (SEF) – Alors que l’économie tunisienne traverse l’une de ses pĂ©riodes les plus critiques depuis la rĂ©volution de 2011, une question clĂ© revient avec insistance : comment sauver nos petites et moyennes entreprises (PME), ce tissu Ă©conomique vital qui reprĂ©sente plus de 90 % des entreprises du pays et plus de 70 % de l’emploi privĂ© ?

La rĂ©ponse est sans ambiguĂŻtĂ© : il faut rĂ©former d’urgence le modĂšle de financement en Tunisie.

Le tissu des petites et moyennes entreprises (PME), colonne vertĂ©brale de l’économie nationale, est en train de s’effondrer silencieusement, faute d’un modĂšle de financement adaptĂ© Ă  ses besoins. Dans un pays oĂč les PME reprĂ©sentent plus de 90 % du tissu productif et plus de 70 % de l’emploi privĂ©, leur marginalisation structurelle par le systĂšme financier ne relĂšve plus de l’anomalie, mais du danger stratĂ©gique. Moins de 15 % des crĂ©dits bancaires leur sont allouĂ©s, et cette proportion tombe Ă  des niveaux dĂ©risoires dans les rĂ©gions de l’intĂ©rieur. Les jeunes entreprises, les femmes entrepreneures, les projets Ă  contenu technologique ou culturel, tous restent durablement exclus des circuits classiques du crĂ©dit, prisonniers d’un modĂšle fondĂ© sur la garantie matĂ©rielle, la taille critique et l’aversion au risque. Cette situation n’est pas nouvelle, mais elle devient aujourd’hui insoutenable. Nous faisons face Ă  une triple fracture : entre grandes et petites entreprises, entre les rĂ©gions du littoral et celles de l’intĂ©rieur, entre l’économie tangible et l’économie de la connaissance.

À travers ces Ă©carts se lit une injustice Ă©conomique profonde, mais aussi une impuissance collective Ă  faire Ă©merger une croissance inclusive et durable. Et c’est lĂ  que se joue notre avenir. Il ne s’agit pas simplement d’ouvrir quelques lignes de crĂ©dit supplĂ©mentaires ou de crĂ©er de nouveaux guichets. Il s’agit de refonder en profondeur le systĂšme de financement tunisien, pour qu’il cesse d’ĂȘtre un frein Ă  l’initiative, et devienne au contraire un levier de transformation Ă©conomique.

Cette rĂ©forme doit ĂȘtre systĂ©mique, audacieuse et portĂ©e par une vision de long terme. Elle implique de rĂ©orienter les flux de financement vers les PME, de dĂ©velopper des instruments hybrides adaptĂ©s aux rĂ©alitĂ©s des entrepreneurs tunisiens, de faciliter l’accĂšs au capital pour les porteurs d’idĂ©es dans tous les territoires, et de valoriser les actifs immatĂ©riels qui font la richesse du XXIe siĂšcle : la crĂ©ativitĂ©, le savoir-faire, le numĂ©rique, l’innovation sociale. Il est Ă©galement essentiel que l’État reprenne une position stratĂ©gique, non pas en se substituant au marchĂ©, mais en le guidant : en fixant des prioritĂ©s claires, en crĂ©ant des incitations intelligentes, en assumant son rĂŽle de garant de la cohĂ©sion Ă©conomique et sociale. Car une stratĂ©gie nationale de financement des PME n’est pas un luxe : c’est un impĂ©ratif de survie, un acte de souverainetĂ© Ă©conomique. Elle permet de renforcer l’emploi, de lutter contre l’économie informelle, d’élargir l’assiette fiscale et de stabiliser les territoires. Mais l’État ne pourra rien sans l’engagement du secteur financier lui-mĂȘme. Banques, compagnies d’assurance, sociĂ©tĂ©s de leasing, fonds d’investissement : tous doivent sortir de leur logique de gestion passive des risques et prendre part activement Ă  la construction d’un modĂšle de croissance soutenable. Leur responsabilitĂ© est historique. Le moment est venu pour ces institutions de prouver leur utilitĂ© nationale en soutenant, avec courage, les entrepreneurs qui innovent, produisent et embauchent malgrĂ© les obstacles. Financer les PME, ce n’est pas prendre un risque : c’est investir dans la rĂ©silience, la prospĂ©ritĂ© et la stabilitĂ© de notre pays. La Tunisie ne pourra pas rebondir sans ses PME. Et celles-ci ne pourront survivre sans un environnement financier profondĂ©ment repensĂ©. Il est temps de choisir : continuer Ă  ignorer les signaux d’alerte, ou enfin bĂątir un pacte Ă©conomique fondĂ© sur la confiance, la justice et l’engagement partagĂ©.

Financer les PME, c’est financer l’avenir de la Tunisie. Le moment est venu d’en faire une prioritĂ© nationale.

Projet de «Coran europĂ©en» │ L’entrisme musulman remonte au Moyen Âge

30. Juni 2025 um 09:38

De la lecture d’AverroĂšs par Thomas d’Aquin aux subventions europĂ©ennes du XXIe siĂšcle pour les Ă©tudes coraniques, l’infiltration islamo-philosophique poursuit son Ɠuvre dans les marges du savoir occidental.

Sadok Chikhaoui *

Une panique ancienne s’est saisie de la maison fasciste. Il y a quelques mois, une tempĂȘte s’est levĂ©e dans un verre d’eau bureaucratique quand des agitateurs de l’extrĂȘme-droite surent que l’Union europĂ©enne finance un programme de recherche sur le Coran en Europe**. AussitĂŽt, les rĂ©actions outrĂ©es ont fusĂ© : «influence des FrĂšres musulmans», «offensive thĂ©ocratique», «réécriture de notre histoire».

Pourtant, ce que certains feignent de dĂ©couvrir aujourd’hui Ă©tait dĂ©jĂ  Ă  l’Ɠuvre au XIIIe siĂšcle.

L’UniversitĂ© de Paris, alors haut lieu du savoir chrĂ©tien, abritait en son sein les premiĂšres manifestations de cette prĂ©tendue infiltration. Saint Thomas d’Aquin, en traduisant AverroĂšs, ouvrait dĂ©jĂ  les portes de l’Occident Ă  ce qui serait plus tard dĂ©noncĂ© comme l’entrisme islamique.
Quand le docteur angĂ©lique dĂ©couvre la pensĂ©e d’Ibn Rushd Ă  travers les traductions venues d’Espagne, il ne se doute pas qu’au XXIe siĂšcle, son goĂ»t pour la logique aristotĂ©licienne arabe lui vaudrait d’ĂȘtre soupçonnĂ© de «salafisme soft» par certains chroniqueurs du matin. Sa ‘‘Somme thĂ©ologique’’, en intĂ©grant des fragments de pensĂ©e islamique, aurait pu figurer, aujourd’hui, dans le viseur de ceux qui traquent l’ennemi de l’intĂ©rieur.

AverroÚs, Avicenne, Al-Fārābī : FrÚres musulmans avant la lettre ?

À en croire certaines lectures contemporaines — particuliĂšrement celles d’un prof de sport converti en chroniqueur omniscient — les grands philosophes arabes seraient en rĂ©alitĂ© des agents dormants de l’islam politique. Leur crime ? Avoir transmis les textes grecs Ă  l’Europe, et osĂ© penser Dieu en des termes universels.

DĂ©jĂ  en 2008, Sylvain Gouguenheim opĂ©rait un tournant rĂ©visionniste en publiant ‘‘Aristote au Mont-Saint-Michel’’. Cet ouvrage emblĂ©matique d’une tendance idĂ©ologiquement orientĂ©e cherchait Ă  redessiner l’histoire pour affirmer une puretĂ© fantasmĂ©e de la civilisation occidentale. Gouguenheim y minimisait — voire niait — le rĂŽle fondamental jouĂ© par les penseurs arabes et musulmans dans la transmission du savoir grec Ă  l’Europe mĂ©diĂ©vale.

Sa thĂšse, largement contestĂ©e par les historiens des sciences et de la philosophie, s’inscrivait dans un courant nĂ©o-conservateur, plus politique qu’acadĂ©mique. Le fait que cet auteur ait ensuite conseillĂ© un candidat d’extrĂȘme droite comme Éric Zemmour montre Ă  quel point certains travaux, sous couvert d’érudition, peuvent nourrir une rhĂ©torique identitaire, excluante, et dangereusement rĂ©visionniste.

On oublie commodĂ©ment que sans ces penseurs — Avicenne, Al-FārābÄ«, AverroĂšs — l’édifice mĂȘme de la scolastique se serait probablement effondrĂ© dans un vide thĂ©ologique. On oublie aussi que les manuscrits de TolĂšde, de Palerme, de Cordoue sont les vĂ©ritables ancĂȘtres de la mĂ©moire europĂ©enne.

De la «science juive» Ă  la philosophie islamique : l’angoisse de l’origine

L’analogie est frappante : ce que les nazis dĂ©nonçaient comme «science juive» — dans la psychanalyse, la thĂ©orie de la relativitĂ© ou la phĂ©nomĂ©nologie —, certains dĂ©tracteurs de l’islam l’appliquent aujourd’hui Ă  la philosophie arabo-musulmane.
C’est toujours la mĂȘme peur : que l’origine du savoir ne soit pas purement europĂ©enne; que la rationalitĂ© ait transitĂ© par d’autres langues, d’autres visages, d’autres lieux. Que la pensĂ©e ait traversĂ© l’islam sans s’y abĂźmer, mais au contraire s’y ĂȘtre Ă©levĂ©e.
Pour certains cercles crispés sur une identité close, cette généalogie hétérogÚne est insupportable.

Le dĂ©bat contemporain sur l’islam, comme naguĂšre sur Freud ou Einstein, est menĂ© par des figures qui ne lisent pas mais qui s’expriment. Wikipedia tient lieu de rĂ©fĂ©rence ; un petit «Que sais-je ?» devient certificat de spĂ©cialisation; et l’absence de lecture devient, pour un public dĂ©sarmĂ© culturellement, gage de clartĂ©.

L’Europe, en reniant ses propres filiations intellectuelles, se condamne Ă  l’amnĂ©sie et Ă  la stĂ©rilitĂ©. Refuser la pluralitĂ© des sources, c’est se priver de la possibilitĂ© de comprendre son histoire — et d’échapper aux fantasmes qui l’empoisonnent.

La philosophie est cet entrisme qui ne dit pas son nom. Elle vient toujours d’ailleurs, par un biais, un Ă©cho, un exil.

* Enseignant.

** Il s’agit d’un projet visant Ă  Ă©tudier l’influence du Coran en Europe du Moyen Age au XIXᔉ siĂšcle, qui a Ă©tĂ© la cible d’attaques au motif qu’il serait un relais d’influence pour les FrĂšres musulmans. « Des accusations qui paraissent dĂ©connectĂ©es de la rĂ©alitĂ© de la production de ce programme de haut niveau Â», Ă©crit notamment Le Monde.

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Face Ă  la famine qui tue Ă  Gaza, une diplomatie lĂąche et ronronnante

29. Juni 2025 um 10:38

Face Ă  la dĂ©gradation dramatique de la situation Ă  Gaza – sur le plan humanitaire, sanitaire, sĂ©curitaire et moral – certains pays europĂ©ens, dont la France, ainsi que le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral des Nations unies, semblent s’ĂȘtre rĂ©fugiĂ©s dans le confort grammatical du futur simple. (Ph. A Gaza, les affamĂ©s se font tirer dessus par l’armĂ©e israĂ©lienne).

Khemais Gharbi *

Le prĂ©sent de l’indicatif, pourtant temps de l’action concrĂšte et urgente, a disparu de leur vocabulaire. Il a Ă©tĂ© remplacĂ© par des promesses lointaines : «Nous allons reconnaĂźtre l’État de Palestine»; «Nous allons organiser une confĂ©rence»; «Nous allons Ɠuvrer pour un cessez-le-feu»; «Nous allons amĂ©liorer l’acheminement de l’aide humanitaire.»

Cette conjugaison de l’attente est accompagnĂ©e d’un appauvrissement sĂ©mantique. Les mots qui condamnent ont Ă©tĂ© gommĂ©s. On ne «dĂ©nonce» plus. On ne «condamne» plus. On «dĂ©plore», on «regrette», on «s’inquiĂšte», on «exprime une Ă©motion».

Le futur simple contre la faim immédiate

Ainsi, face Ă  une famine organisĂ©e, Ă  des civils affamĂ©s abattus en file indienne, le langage diplomatique prĂ©fĂšre l’élĂ©gance molle des euphĂ©mismes Ă  la clartĂ© courageuse des accusations.

Le ministre français Jean-NoĂ«l Barrot a dĂ©clarĂ© rĂ©cemment que la France, tout comme l’Europe, Ă©tait «prĂȘte Ă  contribuer Ă  garantir une distribution sĂ©curisĂ©e de la nourriture Ă  Gaza», sans en prĂ©ciser ni les modalitĂ©s ni le calendrier. Il reconnaĂźt nĂ©anmoins la gravitĂ© de la situation : des centaines de Palestiniens sont tombĂ©s, fauchĂ©s par les balles de l’armĂ©e israĂ©lienne alors qu’ils tentaient de rĂ©cupĂ©rer un sac de farine. Il parle d’un «scandale» et d’une «atteinte Ă  la dignitĂ© humaine»  sans oser nommer l’Etat gĂ©nocidaire auteur de ces crimes contre l’humanitĂ©. Et lĂ  encore, aucune annonce d’action immĂ©diate. Le mot «colĂšre» est lĂąchĂ©, mais ne se transforme ni en sanction, ni en pression rĂ©elle.

Selon le ministĂšre de la SantĂ© de Gaza, environ 550 personnes ont Ă©tĂ© tuĂ©es et plus de 4 000 blessĂ©es lors de rassemblements autour des centres de distribution de vivres, depuis le dĂ©but des opĂ©rations de la trĂšs controversĂ©e Fondation humanitaire de Gaza, un machin créé par IsraĂ«l et les Etats-Unis pour servir les desseins sordides de l’armĂ©e israĂ©lienne.

De son cĂŽtĂ©, AntĂłnio Guterres, le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’Onu, a affirmĂ© que «chercher de la nourriture ne devrait pas Ă©quivaloir Ă  une condamnation Ă  mort», dĂ©nonçant – enfin – un systĂšme de distribution qui tue. Mais lĂ  encore, les Nations unies sont tenues Ă  l’écart.

Mourir de faim ou mourir sous les balles

Depuis le 27 mai, les États-Unis et IsraĂ«l ont instaurĂ© un nouveau mode de distribution de l’aide humanitaire, hors du contrĂŽle des agences internationales. L’armĂ©e israĂ©lienne y supervise directement la foule, et tire Ă  balles rĂ©elles sur ceux qui osent approcher.

Les Palestiniens sont ainsi acculés à un choix inhumain : mourir de faim ou mourir sous les balles.

Et pendant ce temps, l’Occident conjugue au futur. Il va faire quelque chose. Il prĂ©pare une rĂ©ponse. Il s’engagera un jour. Mais Gaza, elle, saigne au prĂ©sent.

* Ecrivain et traducteur.

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IsraĂ«l – UE │ Stop au financement europĂ©en du gĂ©nocide en Palestine !

28. Juni 2025 um 11:28

C’est le titre de l’appel lancĂ© par le Collectif Agir pour que l’Union europĂ©enne (UE), qui est liĂ©e par un accord d’association avec l’Etat d’IsraĂ«l depuis 2010, cesse de financer, indirectement et directement, la guerre gĂ©nocidaire que mĂšne l’Etat hĂ©breu contre les Palestiniens Ă  Gaza et en Cisjordanie. Nous reproduisons ci-dessous cet appel


Depuis 2010, quasiment tousles produits industriels israĂ©liens entrent sur le marchĂ© europĂ©en sans droits de douane car ils ont Ă©tĂ© supprimĂ©s progressivement au fil des annĂ©es.

L’UE est donc de fait le 1er partenaire commercial d’IsraĂ«l et reprĂ©sente environ 30% de son commerce. En 2024, 34,2% des importations israĂ©liennes provenaient de l’UE, tandis que 28,8% des exportations du pays Ă©taient destinĂ©es Ă  l’Union. Le total des Ă©changes de biens entre l’UE et IsraĂ«l en 2024 s’est Ă©levĂ© Ă  42,6 milliards d’euros, les pays europĂ©ens ayant exportĂ© pour 26,7 milliards d’euros de biens vers IsraĂ«l.

IsraĂ«l exporte principalement, pour sa part, des produits chimiques, des Ă©quipements mĂ©dicaux et des technologies de pointe vers l’UE (24% des exportations israĂ©liennes vont vers l’UE) donc les bĂ©nĂ©fices de l’économie israĂ©lienne viennent donc essentiellement de son commerce avec l’UE.

L’UE finance la recherche militaire d’IsraĂ«l

Le ministĂšre israĂ©lien de la DĂ©fense participe au programme Horizon financĂ© par l’UE via l’accord d’association.Plus de 1,11 milliard d’euros de l’UE dans ce programme dont de nombreux projets ont trait Ă  des recherches militaires ou de sĂ©curitĂ© israĂ©liennes.

De plus, le mĂ©dia Disclose a rĂ©vĂ©lĂ© en juin 2025, que le fonds europĂ©en de dĂ©fense finance des projets israĂ©liens directement liĂ©s Ă  la sĂ©curitĂ© et la dĂ©fense. DomiciliĂ©e en GrĂšce,la sociĂ©tĂ© Intracom Defense, coordinatrice du projet Actus de drones militaires, qui a reçu 14 millions d’euros est en rĂ©alitĂ© dĂ©tenue Ă  94% par Israel Aerospace Industries
 Ces drones sont utilisĂ©s notamment Â«pour surveiller, cibler et frapper des bĂątiments et campements oĂč sont rĂ©fugié·es des civil·es Palestinien·nes»

Enfin Â«les universitĂ©s israĂ©liennes forment une partie clĂ© du tissu de l’establishment militaro-sĂ©curitaire israĂ©lien et de son industrie d’armement». Des complexes militaires sont intĂ©grĂ©s dans le campus de l’UniversitĂ© de Tel-Aviv (230 millions d’euros de fonds europĂ©ens) ou encore de l’universitĂ© Ben Gourion (54 millions d’euros de l’UE).

La France hĂ©site Ă  suspendre l’accord d’association


AprĂšs des mois de mobilisation contre le gĂ©nocide dans toute l’Europe, le 20 mai 2025, 17 des 27 ministres des Affaires Ă©trangĂšres de l’UE ont finalement soutenu une proposition visant Ă  rĂ©examiner l’accord d’association avec Isra3l.

Le lundi 23 juin, le conseil europĂ©en des affaires Ă©trangĂšres s’est ouvert avec un rapport officiel qui reconnaĂźt noir sur blanc qu’IsraĂ«l viole l’article 2 de l’accord d’association avec l’UE, reposant sur les droits humains. Il documente notamment la destruction systĂ©matique d’hĂŽpitaux, la famine organisĂ©e et la colonisation Ă  grande Ă©chelle en Cisjordanie. En continuant cet accord, l’UE viole elle-mĂȘme le droit international et contribue Ă  la colonisation.

La France joue la montre, prĂ©tendant ĂȘtre pour rĂ©examiner l’accord d’association mais en mĂȘme temps demande du temps supplĂ©mentaire pour rĂ©flĂ©chir Ă  toutes les options possibles sur ce rĂ©examen
 Sauf que pendant ce temps-lĂ , IsraĂ«l continue de perpĂ©trer le gĂ©nocide Ă  Gaza !

Le 2 juillet, une commission de l’AssemblĂ©e nationale française se prononcera sur deux rĂ©solutions (n°1444 et n°1459) demandant la suspension de cet accord.

Le 2 juillet, les députés français devront choisir : la complicité ou le droit.

Pour soutenir l’action du Collectif Agir.

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Le football tunisien, entre Espérance et désespérance

28. Juni 2025 um 07:52

L’EspĂ©rance de Tunis a participĂ© au Ă  la Coupe du monde des clubs Fifa. Elle n’a pas rĂ©ussi Ă  franchir le premier tour. Est-ce pour autant une raison pour enterrer le sport de haut niveau tunisien dans une discipline aussi exigeante que le football?

Jean-Guillaume Lozato *

Pendant le premier tour de ce qui semble avoir Ă©tĂ© une rĂ©pĂ©tition pour la danse des sponsors, les EspĂ©rantistes ont bĂąti une aventure qui prĂ©sente l’aspect d’un bilan mitigĂ©.

Le tout premier match s’est vu sanctionnĂ© par une dĂ©faite qui reflĂšte la situation gĂ©nĂ©rale : quelques dispositions contrebalancĂ©es par des phases de mauvaise gestion du temps hors et sur le terrain. Logiquement, les BrĂ©siliens de Flamengo, guidĂ©s par le meilleur buteur de leur championnat, Arrascaeta, ont gagnĂ©, sans pour autant procurer une sensation d’écrasement malgrĂ© la domination du sujet.

L’opposition suivante a vu des EspĂ©rantistes contrarier les plans de l’équipe du Los Angeles FC dĂšs les premiers instants de jeu, sachant tour Ă  tour gĂ©rer et agir en dominateurs. Les locaux ont Ă©tĂ© dĂ©faits malgrĂ© leur volontĂ© de s’accrocher jusqu’au bout. Le 1 Ă  0 en faveur des Tunisiens est trĂšs loin d’ĂȘtre immĂ©ritĂ©. Victoire obtenue grĂące Ă  un Youcef Belaili intenable et grĂące au gardien BĂ©chir Ben SaĂŻd qui a dĂ©tournĂ© un penalty en toute fin de rencontre.

Des spectateurs perplexes

Malheureusement, Chelsea a anĂ©anti tous les espoirs, lors de l’ultime match de poule, de pouvoir passer Ă  la postĂ©ritĂ©. Sur un score sans appel de 3 buts Ă  zĂ©ro pour les Anglais, obtenu en seconde mi-temps, malgrĂ© une possibilitĂ© d’égalisation de l’attaquant Youcef Belaili.

En ce qui concerne la maniĂšre, le spectateur lambda comme le plus fervent supporter se retrouvent perplexes. L’EspĂ©rance est-elle une formation avec quelques qualitĂ©s ou bien est-elle si mauvaise que ça ? Y a-t-il un style de jeu tunisois hors des frontiĂšres ? Pour ces deux questions, la rĂ©ponse commune est l’incertitude. À l’image du flottement caractĂ©risant le marquage individuel lors des deux buts brĂ©siliens et sur un des buts anglais. Quelques individualitĂ©s sont bien ressorties. Ce qui n’a pas Ă©tĂ© suffisant au niveau de l’osmose collective, Ă  l’exception de certaines sĂ©quences de jeu. Youcef Belaili, Mohamed Amine Tougai et Yann Sasse sont les Ă©trangers qui ont su encadrer positivement leurs coĂ©quipiers les plus en vue comme Bechir Ben SaĂŻd ou Mohamed Amine Ben Hamida.

Dirigeants, entraĂźneurs et joueurs tunisiens doivent apprendre Ă  consolider les acquis. Et cette expĂ©rience amĂ©ricaine a confirmĂ© que certaines choses Ă©taient possibles comme lors de la victoire sur Los Angeles, oĂč Ă©voluent des pointures comme Olivier Giroud et Hugo Lloris. Ce qui prouve indirectement que les Aigles de Carthage n’avaient pas triomphĂ© de la France Ă  Qatar 2022 uniquement grĂące Ă  un coup du hasard. Ce qui prouve que, sans se faire trop remarquer, les Aigles de Carthage auraient les moyens de surprendre car possĂ©dant une part d’indĂ©finissable.

Eviter les jugements expéditifs

L’EST a quittĂ© les Etats-Unis Ă  l’issue du premier tour. Mais il faut se garder des jugements expĂ©ditifs. «Pas mal mais peut mieux faire» serait le jugement le plus adaptĂ© pour rĂ©sumer la situation.

Le football tunisien n’est pas dans une position de leadership pour le moment. Son Ă©quipe A a perdu 0-2 chez le poids lourd marocain. EspĂ©rons que l’expĂ©dition outre-Atlantique de l’EST servira Ă  se forger d’autres points de repĂšres et Ă  mettre en garde l’effectif pour le Mondial 2030.

Relancer le championnat tunisien serait la premiĂšre solution pour l’équipe nationale, contrairement Ă  ce qui se passe en AlgĂ©rie et au Maroc qui comptent plus sur les expatriĂ©s.

* Universiraire et analyste de football.

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Kaïs Saïed entre salut républicain et défis de gouvernance

27. Juni 2025 um 06:58

La Tunisie a besoin aujourd’hui non seulement d’un cap politique, mais d’un dispositif administratif cohĂ©rent, innovant et rĂ©solument orientĂ© vers les rĂ©sultats. Il ne s’agit pas de renier le rĂŽle historique jouĂ© par le prĂ©sident KaĂŻs SaĂŻed dans le redressement du pays, mais bien de reconnaĂźtre que la phase actuelle exige une gouvernance plus structurĂ©e, plus participative et plus orientĂ©e vers l’efficacitĂ©.

Leith Lakhoua *

Il est incontestable que le prĂ©sident KaĂŻs SaĂŻed a, Ă  un moment dĂ©cisif de l’histoire rĂ©cente de la Tunisie, rĂ©ussi Ă  Ă©carter de graves dangers qui menaçaient l’existence mĂȘme de l’État rĂ©publicain. Face Ă  une anarchie parlementaire croissante, Ă  la complaisance de certaines institutions de l’État vis-Ă -vis de rĂ©seaux mafieux, et Ă  une infiltration systĂ©matique des intĂ©rĂȘts privĂ©s dans les rouages publics, l’intervention du prĂ©sident a Ă©tĂ© salutaire. Elle a permis de remettre de l’ordre dans un pays qui glissait lentement mais sĂ»rement vers une forme de dĂ©sintĂ©gration institutionnelle.

Réussites et échecs

Parmi les actions positives Ă  mettre Ă  son actif, on peut citer la relance de plusieurs entreprises nationales stratĂ©giques comme la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG), la SociĂ©tĂ© nationale des celluloses et du papier Alfa (SNCPA) et la SociĂ©tĂ© tunisienne du sucre (STS). Ces entitĂ©s, longtemps paralysĂ©es, connaissent depuis un retour progressif Ă  l’activitĂ©, ce qui contribue indĂ©niablement Ă  l’effort national de relance Ă©conomique.

Cependant, Ă  cĂŽtĂ© de ces rĂ©ussites, certaines initiatives du prĂ©sident ont montrĂ© leurs limites, voire leur inefficacitĂ©. C’est le cas notamment des «charikat ahlia», sociĂ©tĂ©s communautaires qui peinent Ă  Ă©merger, faute de garanties solides assurant la viabilitĂ© de leurs projets.

À cela s’ajoute l’opacitĂ© entourant le Conseil national des rĂ©gions et des districts (CNRD), dont les prĂ©rogatives restent floues. Il semble que ce conseil devait contribuer Ă  l’élaboration de la loi Ă©lectorale relative aux collectivitĂ©s locales; or, Ă  ce jour, aucune Ă©lection municipale n’a Ă©tĂ© tenue, et les communes du pays vivent dans une anarchie croissante, marquĂ©e par l’abandon, l’inefficacitĂ©, et l’absence de toute gestion structurĂ©e.

Par ailleurs, la Tunisie se trouve Ă  l’orĂ©e de plusieurs projets stratĂ©giques Ă  forte valeur ajoutĂ©e : le port en eaux profondes d’Enfidha, le pont de Bizerte, la rĂ©habilitation de l’aĂ©roport de Tunis-Carthage, le dĂ©veloppement du rĂ©seau ferroviaire, la transition vers l’énergie verte, ou encore le projet ambitieux de la CitĂ© mĂ©dicale des Aghlabides. Ces projets, vitaux pour l’avenir Ă©conomique du pays, mĂ©riteraient un pilotage institutionnel spĂ©cifique, mĂ©thodique et suivi.

C’est pourquoi, afin de passer Ă  une vitesse supĂ©rieure et rĂ©pondre aux exigences de l’heure, il devient nĂ©cessaire d’envisager une sĂ©rie de mesures structurelles :

– la réévaluation du CNRD pour dĂ©terminer de maniĂšre claire s’il constitue une vĂ©ritable valeur ajoutĂ©e ou s’il reprĂ©sente une charge superflue pour les finances publiques; le cas Ă©chĂ©ant, sa dissolution permettrait de recentrer les ressources sur des structures rĂ©ellement utiles;

– l’adoption d’une loi Ă©lectorale claire et organisation des Ă©lections municipales : la vacance du pouvoir local ne peut plus durer, et il est impĂ©ratif de rĂ©tablir les conseils municipaux Ă©lus afin de restaurer une gestion locale responsable, lĂ©gitime et efficace;

– la crĂ©ation d’un ministĂšre des Grands Projets qui aurait pour mission exclusive de piloter les projets d’envergure nationale, avec un calendrier prĂ©cis, des budgets clairs et des rapports d’avancement pĂ©riodiques (trimestriels ou semestriels);

– la constitution de cellules d’expertise auprĂšs de la prĂ©sidence : le prĂ©sident gagnerait Ă  s’entourer de conseils techniques dans les diffĂ©rents domaines de gestion (Ă©conomie, infrastructure, Ă©nergie, santĂ©, gouvernance territoriale), capables de suivre le rendement des institutions, proposer des solutions et garantir un minimum de continuitĂ© et d’évaluation dans l’action publique.

Le temps est venu de construire

Il est vrai que KaĂŻs SaĂŻed a Ă©tĂ© confrontĂ© Ă  des trahisons, parfois au plus haut niveau de l’État, y compris parmi les personnes qu’il avait lui-mĂȘme promues. Mais ces cas isolĂ©s ne doivent pas justifier une mĂ©fiance systĂ©matique ni entraver la dynamique nĂ©cessaire Ă  la gestion efficace d’un pays en quĂȘte de stabilitĂ© et de croissance.

Le temps est venu non plus de dénoncer, mais de construire; non plus de soupçonner, mais de confier avec méthode, contrÎle et rigueur.

La Tunisie a besoin aujourd’hui non seulement d’un cap politique, mais d’un dispositif administratif cohĂ©rent, innovant et rĂ©solument orientĂ© vers les rĂ©sultats. Il ne s’agit pas de renier le rĂŽle historique jouĂ© par le prĂ©sident, mais bien de reconnaĂźtre que la phase actuelle exige une gouvernance plus structurĂ©e, plus participative et plus orientĂ©e vers l’efficacitĂ©. C’est Ă  ce prix que la Tunisie pourra relever les dĂ©fis du monde moderne et redonner espoir Ă  ses citoyens.

* Consultant en organisation industrielle et logistique.

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