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Les Tunisiens et le prix du temps perdu

05. September 2025 um 07:51

Chaque Tunisien le vit au quotidien : des trajets interminables, des dos d’âne surgissant sans signalisation, des nids de poule qu’il faut contourner, et une avalanche de papiers administratifs à faire tamponner. Résultat : des heures entières de vie gaspillées dans les embouteillages et dans les files d’attente, du stress accumulé et une qualité de vie dégradée.

Hakim Tounsi *

Ce temps perdu ne coûte pas seulement de la fatigue : il coûte des milliards à l’économie tunisienne.

Mettre aux normes les ralentisseurs et supprimer les dos d’âne anarchiques, ce n’est pas seulement fluidifier la circulation, c’est aussi :

– réduire le stress permanent du stop-and-go;

– améliorer la sécurité routière, car moins d’arrêts brutaux signifie moins d’accidents;

– rendre la vie quotidienne plus fluide, plus paisible, et permettre aux citoyens d’arriver au travail moins fatigués, plus concentrés et donc plus productifs.

Un salarié moins stressé et moins usé par ses trajets produit mieux. Une société où les déplacements sont plus fluides, c’est une société où le temps récupéré devient du temps productif.

Le capital-temps : une richesse trop souvent gaspillée

L’économiste Yoland Bresson, qui a été chargé en 1970 par Air France pour faire une étude d’opportunité économique afin de lancer l’avion supersonique Concorde, a développé la théorie du Capital-Temps : chaque heure a une valeur économique mesurable. C’est du PIB potentiel. Bresson fût mon professeur à Paris XII et nous a enseigné «la croissance» et «l’économétrie», deux matières fondamentales en économie.

En Tunisie, avec environ 3,5 millions d’actifs réellement en emploi, travaillant en moyenne 220 jours par an × 8 heures par jour, cela représente 6,16 milliards d’heures de travail par an.

Avec un PIB estimé à 56,3 milliards USD en 2025, la productivité horaire ressort à seulement 9,1 USD par heure travaillée.

Comparatif international (USD/h, 2023)

– Tunisie : ~9,1 $/h

– Maroc : ~8–9 $/h

– Égypte : ~7–8 $/h

– Jordanie : ~8 $/h

– France : ~60 $/h

Chaque minute récupérée en Tunisie pèse donc lourd : elle peut transformer la vie quotidienne et créer de la richesse supplémentaire immédiatement.

Des milliards qui s’envolent chaque année

En réduisant le temps perdu sur les routes et dans les formalités administratives, les gains sont mesurables.

– Scénario prudent : +0,78 Md USD/an (+1,5 % du PIB).

– Scénario médian : +1,54 Md USD/an (+2,9 % du PIB).

– Scénario ambitieux : +2,37 Md USD/an (+4,4 % du PIB).

Cela équivaut à 219 à 664 USD de productivité récupérée par actif et par an — sans nouvel endettement, simplement en valorisant le temps existant.

Deux réformes simples, à très haut rendement:

1. Task Force “Routes & Productivité” :

– supprimer les dos d’âne abusifs;

– réparer les nids de poule;

– fluidifier les grands axes interurbains.

2. Digitalisation et simplification de l’administration :

– supprimer les formalités obsolètes;

– généraliser la signature électronique et le guichet unique numérique;

– appliquer la règle du silence vaut accord.

Le temps des Tunisiens vaut de l’or

La Tunisie pourrait générer plus de 2 milliards USD de richesse par an, tout en offrant à ses citoyens un quotidien plus serein, plus sûr et plus digne.

La vraie réforme n’est pas seulement économique : c’est une réforme de la qualité de vie. En réparant nos routes et en libérant les citoyens d’une bureaucratie archaïque, nous redonnons du temps, du bien-être et de la richesse au pays.

Le capital-temps n’est pas une théorie abstraite. C’est le levier le plus concret, le plus immédiat et le plus rentable dont dispose la Tunisie pour transformer ses heures perdues en heures productives et en croissance.

* Fondateur dirigeant du TO Authentique Voyages à Paris.

PS : Le ministère de l’Equipement est responsable de tous ce qui a été déposé sur nos routes comme dos d’âne anarchiques et irrationnels. Ça va d’épaisses cordes tendues par terre à travers les routes à de véritables obstacles hauts de 20 cm sur 50 cm rendant nos routes impraticables pour faire plaisir aux habitants de tous les bourgs de Tunisie. À chacun sa recette et son chef d’œuvre ! C’est l’automobiliste c’est à dire le tunisien moyen qui paie car l’automobile est le moyen de transport incontournable pour tous les Tunisiens. 

Pour ce qui est de l’administration, il y a des pratiques archaïques genre signature légalisée à la mairie ou la certification conforme des documents, qui n’existent que dans certaines anciennes colonies françaises. Des pratiques qui mobilisent des centaines de milliers de personnes tous les jours pour des heures improductives tassées dans les files d’attente à faire travailler des milliers de fonctionnaires pour zéro valeur ajoutée. Un gâchis énorme au détriment de l’économie nationale et de la qualité de vie du citoyen qui croule de stress. 

L’article Les Tunisiens et le prix du temps perdu est apparu en premier sur Kapitalis.

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