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Kaïs Saïed dans une scène rare, presque historique

24. Juli 2025 um 11:28

Cela s’est passé mardi 22 juillet 2025 au Palais de Carthage, en quelques minutes, mais ces minutes-là, il faudra bien les inscrire quelque part. Dans un livre d’histoire, peut-être. Ou dans la mémoire de ceux qui savent encore distinguer le courage de la complaisance.

Khémaïs Gharbi *

Le président tunisien, Kaïs Saïed, recevant l’émissaire de Donald Trump pour le monde arabe Massad Boulos, n’a pas attendu les discours officiels ni les formules diplomatiques rodées. À peine l’entrevue entamée, debout face à son interlocuteur, il sort une série de photos. Des clichés en couleur. Mais la couleur ici, c’est celle du sang, de la poussière, de la détresse des Palestiniens.

Il ne montre pas des paysages. Il tend les images d’un peuple supplicié : des enfants affamés, une fillette réduite à manger du sable, des visages creusés par la faim et la peur. «Je crois que ces photos, vous les connaissez bien», dit-il. Puis, commentant chaque image, il dénonce un «crime contre l’humanité entière», et réclame qu’on y mette fin — que «l’humanité tout entière se réveille».

Une gifle assénée au nom des enfants de Gaza

Face à lui, l’envoyé américain subit un réquisitoire visuel, implacable. Sans cris, sans fioritures, mais avec la force nue des images et des mots justes. Ce n’est pas un simple geste. C’est une audace rare dans le monde feutré de la diplomatie. Une gifle silencieuse, assénée au nom des enfants de Gaza.

Car il ne s’agit pas seulement de clichés. Il s’agit d’une vérité que beaucoup taisent, que d’autres enveloppent dans les euphémismes : celle d’un génocide mené en temps réel, avec le soutien sans faille du principal allié militaire et diplomatique d’Israël — les États-Unis d’Amérique.

Cette scène, inédite dans le monde arabe contemporain, résonne comme un écho des grandes heures du courage politique. On pense à la déclaration de Patrice Lumumba face au roi Baudouin en 1960 : «Entre l’esclavage et la liberté, il n’y a pas de compromis.» On entend aussi le souffle de Martin Luther King, lançant son rêve à la face de l’Amérique ségrégationniste.

Echo des grandes heures du courage politique

Aujourd’hui, c’est un président arabe qui, sans armée conquérante ni appuis massifs, a dit non. Par les images. Par la dignité. Par la vérité nue.

Il a montré qu’on peut être grand, même lorsqu’on est seul. Qu’on peut être fort, même sans violence. Et qu’à défaut de frapper avec des armes, on peut frapper avec sa conscience — et l’exposer au regard du monde entier.

Car dans ce siècle saturé d’images, une seule photo peut devenir une arme. Non pas une arme de destruction, mais une arme de révélation. Une arme qui dérange. Qui accuse. Qui réveille.

Et à ceux qui, dans l’ombre ou à la tribune, bravent la peur, les menaces, l’isolement, pour défendre la dignité humaine et nommer les injustices par leur nom — à ceux-là, va notre reconnaissance profonde.

Car ce sont eux qui, par leur courage, empêchent le monde de sombrer tout à fait dans la nuit.

* Ecrivain et traducteur.

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