L’équipe de Tunisie de football a régressé au classement de la Fifa à son plus mauvais rang depuis au moins une trentaine d’années. Les Aigles de Carthage, qui volent désormais très bas, sont désormais classés 52e sur le plan mondial et 9e en Afrique.
Les Rouge et Blanc qui, il y a quelques années seulement, étaient en tête des équipes africaines, disputant la première place aux Sénégalais, se trouvent aujourd’hui loin derrière le Maroc (14e mondial, 1er africain), le Sénégal (17e, 2e), l’Egypte (33e, 3e), l’Algérie (37e, 4e), le Nigeria (44e, 5e), la Côte d’Ivoire (46e, 6e), le Cameroun (49e,7e), le Mali (51e, 8e).
Les coéquipiers de Youssef Maskni doivent cette descente en enfer à leurs très mauvais résultats au cours des dernières années dans les compétitions continentales et internationales. Ils font peine à voir, errant sur le rectangle vert comme des âmes en peine et concèdent défaite sur défaite contre des équipes censées être largement à leur portée.
La crise au sein de la Fédération tunisienne de football (FTF), dont l’ex-président, Wadie Jary, est en prison, poursuivi dans des affaires de corruption, n’a pas arrangé les choses. La crise semble avoir démotivé les joueurs et créé une ambiance lourde et morose dans le groupe. Et plus grave encore, rien ne permet d’espérer une amélioration prochaine de ce classement qui risque même de s’aggraver. Le réveil sera dur…
En tant qu’importateur d’équipements de réfrigération, de climatisation, de pompes à chaleur et autres appareils alimentés au gaz, la Tunisie, comme tous les pays, doit envisager de réduire les quotas d’hydrofluorocarbures (HFC). Et elle s’y attèle avec beaucoup de volontarisme.
«La Tunisie, qui a réduit de 55% l’utilisation d’hydrochlorofluorocarbures appauvrissant la couche d’ozone dans plusieurs secteurs tels que la réfrigération et la climatisation, est une exception en Afrique», a déclaré le président de l’Union des associations africaines des acteurs du froid et de la climatisation (U-3arc), Madi Sakandé, à l’occasion d’une réunion régionale organisée par l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (Onudi), mercredi 18 décembre 2024, expliquant que «dans un continent aussi chaud que l’Afrique, il nous faut investir dans le refroidissement et en tenir compte dans tous les secteurs».
«Des agences du froid indépendantes doivent être créées à l’échelle nationale pour aider les acteurs de la filière (frigoristes, acteurs de la climatisation) à organiser et sécuriser l’usage des équipements de réfrigération domestique, commerciale, industrielle et de transport, mais aussi garantir et développer l’usage de la climatisation et du chauffage fixes, des pompes et climatisations mobiles tout en respectant l’environnement», a ajouté Sakandé.
«Une industrie de la réfrigération bien développée et organisée pourrait aider à lutter contre le gaspillage alimentaire, contribuer aux efforts de réduction des gaz à effet de serre, ajouter de la valeur à la production et créer des emplois», a encore déclaré Sakandé.
Aux niveaux national, régional et international, des efforts sont déployés pour réduire l’utilisation des gaz fluorés et les remplacer par des alternatives respectueuses du climat. Cependant, cette transition nécessite le soutien de l’industrie du froid à travers des campagnes de formation et de sensibilisation.
Le coordonnateur de l’Unité nationale de l’ozone à l’Agence tunisienne de protection de l’environnement (ANPE), Youssef Hammami, a indiqué que la Tunisie a complètement éliminé les substances nocives qui appauvrissent la couche d’ozone, comme les chlorofluorocarbones (CFC), le bromure de méthyle utilisé dans le secteur de la fumigation des dattes et les halons (utilisés dans la lutte contre les incendies). Mis en œuvre par l’Onudi et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) en étroite collaboration avec l’ANPE, le Protocole de Montréal, un cadre international crucial utilisé pour protéger la couche d’ozone, a conduit à une réduction significative de 55% de l’utilisation d’hydrochlorofluorocarbures (HCFC) en Tunisie, avec des émissions en baisse de 723 tonnes en 2022 à 325 tonnes cette année. L’objectif du pays est de réduire l’utilisation des HCFC de 80 % d’ici le 1er janvier 2045.
A l’occasion de la Journée internationale des migrants, des militants d’ONG et de la société civile, coordonnés par le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), ont manifesté, mercredi 18 décembre 2024, devant le Théâtre municipal de Tunis pour dire «non à la criminalisation de la solidarité» et demander la «liberté pour les prisonniers».
Dans un communiqué publié à cette occasion, le FTDES dénonce «les politiques d’immigration en Europe, dans la Méditerranée et en Tunisie» qui sont, selon lui, «de plus en plus brutales et constituent une violation des droits de l’homme et des immigrants.»
Les immigrants tunisiens en Europe souffrent de nouvelles politiques législatives qui les restreignent, limitent leurs droits et contribuent à l’escalade du racisme et de l’islamophobie. Ils sont exposés aux campagnes de haine menées par des groupes politiques fascistes et racistes sous le slogan de lutter contre ce qu’ils appellent «le flot de l’immigration», «la défense de l’identité» et «la menace démographique».
Les organisations de la société civile sont soumises à des campagnes continues de criminalisation et de stigmatisation, et la solidarité avec les immigrés est devenue une «conspiration contre la sécurité de l’État» et l’apport d’aide est devenu un «blanchiment d’argent», note le Forum, appelant à la libération des «détenus faisant l’objet d’une enquête judiciaire», par allusion à Saâdia Mosbah, Cherifa Riahi, Mohamed Saïd, Saloua Ghrissa et Sonia Dahmani, militants poursuivis dans des affaires en lien avec l’immigration dont les portraits ont été brandis par les manifestants.
Le FTDES appelle à «la libération de tous les détenus et à l’arrêt des poursuites judiciaires contre les volontaires impliqués dans le travail humanitaire auprès des migrants». Et d’ajouter : «Nous rejetons la normalisation de la mort des migrants, de leur disparition en mer, à la frontière et dans le désert, et de la privation de leur droit à la vie».
«Nous demandons que leur sort soit révélé et que la vérité soit présentée à leurs familles», poursuit le FTDES. «Nous demandons à tous de respecter pleinement la dignité de chaque migrant, partout, quels que soient sa couleur, son sexe, sa religion ou son statut administratif. Cela signifie construire des ponts, et non des murs, enracinés dans la solidarité, le partage et le respect des droits de l’homme», conclut-il.
Les prisonniers de l’État islamique (EI et en arabe Daech) ne sont pas détenus dans les sinistres prisons comme Saidnaya dans le territoire syrien qui était contrôlé par Bachar Al-Assad mais dans la partie du territoire syrien contrôlé par les Kurdes des Forces démocratiques syriennes (FDS) avec qui la Turquie veut en découdre aujourd’hui via des factions syriennes qu’elle arme et les attaques ont commencé. Un effondrement du pouvoir des FDS profitera à Daech et peut amener à la fuite de 9000 éléments terroristes très dangereux des prisons où ils sont incarcérés.
Imed Bahri
Les responsables américains ont pointé du doigt une «bombe à retardement» dans les prisons détenant des partisans de l’EI dans les zones contrôlées par les FDS, groupe armé kurde qui contrôle 40% du territoire syrien notamment le nord-est.
Selon une enquête de Robbie Gramer et Paul McLeary publiée par le magazine Politico, les responsables américains craignent que les détenus des prisons kurdes tentent de s’en échapper. Des milliers de combattants de l’EI et leurs familles sont en effet détenus dans des prisons gardés par les forces kurdes soutenues par les États-Unis et disposant d’armes limitées.
Ces prisons étaient censées être temporaires mais les pays d’origine des prisonniers ne voulaient pas qu’ils rentrent.
Le magazine ajoute qu’il s’agit d’une crise qui a lentement couvé jusqu’à la chute du régime d’Al-Assad qui a plongé le pays dans un avenir incertain.
Une armée de terroristes en prison
Le retour complet de l’EI pourrait dépendre de la capacité des États-Unis et d’un groupe d’alliés faibles à empêcher leur fuite.
«Je déteste généralement ces clichés mais c’est ce qui se rapproche le plus d’une bombe à retardement», a déclaré un haut responsable américain de la lutte contre le terrorisme qui a requis l’anonymat. «Si la Turquie ne met pas fin à ses attaques contre les FDS nous risquons d’être confrontés à une évasion massive des prisons».
Les développements en Syrie surviennent à un moment critique pour la région et pour les États-Unis avec une nouvelle administration sur le point de prendre le pouvoir qui promet moins d’aide étrangère. «Il s’agit essentiellement d’une armée terroriste en prison», a déclaré le général à la retraite et ancien commandant du commandement central Joseph Votel.
Bien que la majorité des combattants de l’EI détenus soient originaires d’Irak ou de Syrie, un certain nombre d’autres venaient d’Europe, d’Asie centrale et d’Amérique du Nord notamment des États-Unis.
Certains pays se sont montrés réticents à se voir restituer leurs nationaux prisonniers ce qui a entraîné des années d’incertitude juridique pour environ 9000 combattants aguerris du groupe et environ 50 000 autres personnes dont des épouses et des enfants.
Les États-Unis ont soutenu le groupe kurde FDS que la Turquie, membre de l’Otan, considère comme un groupe terroriste qui menace la sécurité de son territoire. Les forces mandataires de la Turquie en Syrie ont lancé plusieurs attaques à grande échelle contre les FDS depuis qu’Al-Assad a perdu le pouvoir ce mois-ci.
Le magazine affirme que les tensions actuelles ont conduit à l’épuisement des forces kurdes combattant à la fois les groupes rebelles syriens qui sont les forces mandataires de la Turquie et les restes de l’Etat islamique.
Politico estime qu’il existe une possibilité de parvenir à un accord alors que les FDS cherchent à prolonger le cessez-le-feu conclu entre leurs combattants et les combattants fidèles à la Turquie dans la ville de Manbij au nord-est de la Syrie.
Le secrétaire d’État américain Anthony Blinken s’est récemment rendu à Ankara pour discuter du cessez-le-feu négocié par les États-Unis. Le porte-parole du Département d’État Matthew Miller a déclaré: «Nous continuons à collaborer avec les Forces démocratiques syriennes et avec la Turquie pour aller de l’avant et nous ne voulons voir aucune partie exploiter la situation instable actuelle pour promouvoir ses propres intérêts étroits au détriment de l’intérêt national syrien au sens large.»
Le commandant des FDS Mazloum Abdi a déclaré sur X que ses forces attendent avec impatience la poursuite des pourparlers, l’élargissement du cessez-le-feu et l’établissement d’une zone démilitarisée avec la redistribution des forces de sécurité sous la supervision et la présence des États-Unis.
Il y a environ 900 soldats américains en Syrie pour former les FDS. Les responsables du Pentagone ont déclaré qu’il n’était pas prévu d’envoyer davantage de personnes sur place ou de modifier leur mission pour le moment cependant les États-Unis ne voudront peut-être pas prendre les devants dans la résolution de la crise syrienne surtout après l’entrée en fonction du président élu Donald Trump le mois prochain.
James Jeffrey, ancien envoyé spécial en Syrie sous la première administration Trump déclare: «Nous avons tendance à considérer toutes les guerres antiterroristes comme sans fin et croyez-moi, Trump ne voit pas les choses de cette façon». Jeffrey a ajouté qu’il pensait que les forces kurdes pouvaient contrôler les prisons en Syrie qu’il y ait ou non une présence américaine dans ce pays. Sauf que Jeffrey ne dit pas comment les FDS peuvent-ils se maintenir et assurer leur pérennité si les États-Unis retirent leurs troupes. Il a même déclaré que les Kurdes sont disposés à travailler avec les forces soutenues par la Turquie dans le nord de la Syrie et qu’ils ont également contacté le nouveau gouvernement de Damas. Or qui peut affirmer que dans l’autre sens, les groupes soutenus par la Turquie sont disposés à collaborer avec les Kurdes qu’ils attaquent depuis la chute de Bachar Al-Assad.
Mais tout le monde à Washington n’est pas d’accord avec James Jeffrey à Washington. Les alliés du président Joe Biden au Congrès ont critiqué Ankara pour ne pas avoir empêché ses mandataires de lancer des attaques contre les FDS ce qui complique la réponse de l’administration actuelle. «Si nous voulons garantir que ces prisons soient correctement gardés, nous devons, aux États-Unis, fournir aux Kurdes syriens l’assurance que nous empêcherons la Turquie de les attaquer», a déclaré le sénateur démocrate du Maryland Chris Van Hollen, membre la Commission des Affaires étrangères du Sénat. «Et lorsque la Turquie soutient les attaques de l’Armée nationale syrienne (l’ANS est un groupe de factions rebelles syriennes financées et armées par la Turquie fondé en 2017 et formée par la réunion de l’Armée syrienne libre du nord de la Syrie, d’Ahrar Al-Cham, de Jaych Al-Islam et de divers autres groupes, Ndlr) contre les Kurdes, le plus grand gagnant est l’EI», a-t-il ajouté.
Politico confirme que les forces américaines en Syrie pourraient être confrontées à une nouvelle menace si les FDS s’effondrent dans les camps où sont détenus les combattants de l’Etat islamique et leurs familles. «C’est quelque chose qui pourrait s’effondrer rapidement», a déclaré Carolyn Rose, experte au New Lines Institute, un groupe de réflexion sur la politique étrangère. «Les risques potentiels menacent non seulement les partenaires de Washington mais aussi les soldats américains sur le terrain qui mènent cette mission d’orientation et d’assistance», a-t-elle ajouté.
Risques pour les soldats américains sur le terrain
La semaine dernière, les États-Unis ont mené des dizaines de frappes aériennes contre des sites qu’ils prétendaient appartenir à l’EI ciblant les dirigeants du groupe terroriste.
Le responsable du commandement central, le général Eric Kurella, a également visité les forces américaines au Moyen-Orient et en Syrie et rencontré des combattants des FDS avant de se rendre à Bagdad pour rencontrer les dirigeants irakiens. Kurilla a déclaré dans un communiqué: «Sans aucun doute, nous ne devons pas permettre à l’EI de se remodeler et de profiter de la situation actuelle en Syrie et toutes les organisations en Syrie doivent savoir que nous les tiendrons pour responsables si elles coopèrent avec l’EI ou le soutiennent de quelque manière que ce soit.»
«L’héritage est lourd et l’ampleur de la destruction est grande. Cependant, chaque responsable doit adopter la mentalité d’un militant qui défend sa patrie et son peuple, et avoir pour devise à tout moment : ‘‘Je me sacrifie pour cette chère patrie’’».
C’est ce qu’a plaidé le président de la république, Kaïs Saïed, lors d’une réunion avec des membres du gouvernement tenue, mercredi 18 décembre 2024, au palais de Carthage, tout invitant chaque responsable, quel que soit son niveau de responsabilité, «à répondre aux espoirs et aux aspirations du peuple tunisien et à œuvrer à trouver des solutions urgentes aux difficultés rencontrées par les citoyens», selon un communiqué de la présidence de la république.
Cette exhortation traduit une frustration face à l’ampleur des difficultés confrontées dans la gestion des affaires du pays et à la faiblesse des moyens, notamment financiers, pour faire face aux besoins exprimés par les populations. Elle traduit aussi une lassitude et une colère face à ce que le chef de l’Etat considère comme des manquements de l’administration publique qui ne donne pas l’impression d’être en totale adéquation avec ce qu’il attend d’elle : à savoir une participation plus volontaire et plus active à la concrétisation de son projet politique d’assainissement du pays.
Ce discours présidentiel, les Tunisiens ne cessent de l’entendre depuis plusieurs années, décliné sous divers tons, tantôt menaçant tantôt suppliant, mais ils tardent à en voir les fruits en termes de réalisations concrètes qui jailliraient positivement sur leur vécu quotidien. Et c’est là où la frustration présidentielle rencontre celle de ses électeurs, et où la pression sur le gouvernement, le 5e depuis 2019, date d’accession de Saïed à la présidence, devient intenable. Les rôles au sein de l’exécutif étant ainsi répartis que la tâche du président consiste à définir le cap et à montrer la voie et qu’il revient au gouvernement de transformer les paroles en actes. Encore faut-il qu’il en ait les moyens : en termes de compétence intrinsèque, de capacité d’imagination et de ressources disponibles, notamment financières. Et c’est là une autre paire de manche. Ne dit-on pas que la plus belle femme ne peut donner que ce qu’elle a.
La 6ème édition du Forum annuel pour les migrations se tient ce jeudi 19 décembre 2024 au Radisson Blu Hotel & Convention Center de Tunis (ex-Laico), sur le thème «Migration et mobilité humaine dans le contexte du changement climatique».
La migration, sous ses diverses formes, est de plus en plus influencée par les effets du changement climatique. L’élévation du niveau des mers, les phénomènes météorologiques extrêmes, la désertification et la modification des régimes de précipitations ne sont que quelques exemples de la manière dont les phénomènes liés au climat déplacent les populations, perturbent les moyens de subsistance et remodèlent les schémas migratoires dans le monde entier. Ces défis dépassent les frontières et leur impact est particulièrement prononcé dans des régions comme l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient.
Deux défis mondiaux interdépendants
Les migrations et le changement climatique sont respectivement deux phénomènes et défis mondiaux interdépendants qui requièrent une attention urgente et une action coordonnée. Dans ce contexte, le Forum annuel pour les migrations en Tunisie apparaît comme une plateforme cruciale de dialogue et d’action. Il est convoqué dans le contexte du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières (PMM), un cadre international global adopté en 2018 pour aborder toutes les dimensions de la migration. Le PMM reconnaît que le changement climatique est l’un des principaux moteurs de la migration et souligne la nécessité d’une approche cohérente et fondée sur les droits pour gérer la mobilité des personnes touchées par les changements environnementaux.
Le PMM représente une opportunité stratégique et significative pour la communauté internationale de progresser en termes de gouvernance et de gestion globales des migrations internationales et, dans ce cadre, d’intégrer les facteurs climatiques et environnementaux dans un processus axé sur la politique migratoire.
Le PMM reconnaît explicitement l’impact du changement climatique sur les dynamiques migratoires et la mobilité humaine. Dans son préambule, il est affirmé que «les effets néfastes du changement climatique et de la dégradation de l’environnement peuvent avoir des répercussions sur la jouissance des droits de l’homme, y compris le droit à des moyens de subsistance sûrs, dignes et durables».
Cette reconnaissance marque une avancée significative, permettant d’intégrer le changement climatique dans une perspective plus large au sein des discussions et des politiques sur les migrations.
Les engagements de la Tunisie
Consciente de l’impact de ces défis, la Tunisie s’est engagée dans l’effort de lutte contre les changements climatiques. Cette volonté se caractérise par la signature de la convention Cadre des Nations Unis sur les Changements Climatiques (CCNUCC) en 1992 et sa ratification en 1993, l’engagement dans l’effort international de réduction des émissions et l’adoption des énergies renouvelables de la CCNUCC en 2015 à travers l’accord de Paris.
La Tunisie s’est engagée également à réduire ses émissions de gaz carbonique de 41% en 2030 par rapport à celles de 2010 et à augmenter la part des sources renouvelables dans la production de l’énergie à 30% pour la même période.
En outre, la Tunisie s’est investie activement dans le processus de formulation du Plan national d’adaptation (PNA), un processus initié dans le cadre de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les
Changements climatiques (CCNUCC). Ce processus s’inscrit dans le cadre plus large établi par la CCNUCC et vise à renforcer les capacités d’adaptation, à accroître la résilience et à réduire la vulnérabilité face aux impacts des changements climatiques.
La participation prometteuse de la Tunisie à la 29 éme Conférence des Parties (COP 29) à la Convention- cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) qui s’est tenu du 11 au 22 novembre 2024 à Bakou, en Azerbaïdjan, a été une occasion majeure pour la Tunisie de réaffirmer ses engagements climatiques, de promouvoir des solutions innovantes et de renforcer sa coopération avec la communauté internationale face aux défis environnementaux.
Dans le même élan, l’Observatoire national de la migration (ONM) et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) en Tunisie s’engagent dans la sensibilisation sur les liens entre la mobilité humaine et les défis climatiques sous toutes leurs formes. C’est dans ce cadre que s’inscrit le choix de la thématique du 6ème Forum annuel pour les migrations en Tunisie, qui vise à rassembler les partenaires gouvernementaux et des acteurs nationaux clés, des experts dans le domaine de la migration, l’environnement et le changement climatique., du milieu universitaire, des représentants diplomatiques et des organisations internationales, pour explorer la relation complexe entre le climat et les migrations.
Cet évènement servira de plateforme pour le partage de connaissances et d’expertise et des initiatives de collaboration pour aborder l’impact du changement climatique sur la migration. Il s’agit d’une réponse à la reconnaissance croissante du fait que le challenge climatique n’est pas seulement une question environnementale, mais qu’il a des implications considérables pour la mobilité humaine, ce qui en fait une préoccupation centrale pour les gouvernements, les sociétés et les organismes internationaux.
En encourageant la collaboration et le partage des connaissances, le but est de contribuer au développement de politiques et de pratiques efficaces qui protègent les droits et le bien-être des personnes et des communautés déplacées par le climat. Ensemble, il est possible d’œuvrer en faveur d’un système de migration sûr, ordonné et régulier, qui tient compte des défis posés par le changement climatique.
L’ONM, en tant que chef de file national chargé de l’implémentation du PMM, s’emploie, dans le cadre de sa mission, à observer le phénomène migratoire tant à l’échelle nationale qu’internationale. Il assure également la coordination avec les différents acteurs et institutions nationales, tout en contribuant à l’élaboration de programmes et de politiques publiques visant à promouvoir et à renforcer la gestion de cette thématique.
Les objectif du forum
Le forum vise à sensibiliser aux liens entre le changement climatique, les déplacements et les migrations en Tunisie et dans la région, à favoriser le partage des connaissances et la collaboration multipartite pour répondre aux impacts du changement climatique sur la mobilité humaine, encourager la collaboration entre les parties prenantes gouvernementales, notamment les agences spécialisées et les institutions, les universités, la société civile, les organisations internationales et le secteur privé, afin d’orienter le processus de décision dans l’élaboration des politiques, l’identification des solutions et la création des plans d’actions.
L’évènement réunira des représentants du gouvernement tunisien, des autorités régionales et locales impliquées dans les questions d’environnement et de changement climatique, des experts nationaux et internationaux en migration et changement climatique/environnement, des représentations diplomatiques en Tunisie, des agences des Nations Unies et institutions internationales et de représentants de la société civile actifs au niveau local sur des thématiques en relation avec le changement climatique.
Depuis l’attaque meurtrière du 7 octobre 2023 par le Hamas et autres groupes militants palestiniens – attaque qualifiée de crime de guerre par la commission d’enquête des Nations Unies –, un nombre de responsables politiques et de médias, notamment occidentaux, répètent ad nauseam qu’Israël a le droit de se défendre. Qu’en est-il exactement?
Samia Ladgham *
Un rappel historique de la notion de légitime défense dans les relations interétatiques s’impose. Si la légitime défense est une notion bien connue en droit interne, elle s’est imposée en tant que concept de droit international dans le contexte du développement général du droit international vers l’interdiction de la guerre et l’usage de la force.
En effet, jusqu’au début du 20e siècle, les États étaient libres d’organiser leur défense, comme bon leur semblait, et recouraient à la guerre ou à l’emploi de la force pour se défendre quand ils l’estimaient nécessaire. Ce n’est qu’à partir du moment où des limitations ont été apportées à l’usage de la force que la légitime défense a gagné en importance. Un premier pas dans cette direction est franchi en 1928, lors de l’adoption de la Convention de Paris ou Pacte Briand-Kellog. Dans son article premier, les parties à l’accord déclarent qu’elles condamnent le recours à la guerre pour le règlement des différends internationaux et y renoncent en tant qu’instrument de politique nationale dans leurs relations mutuelles. Il faudra attendre l’adoption de la Charte des Nations unies (ci -après dénommée la Charte) pour voir le concept de droit à la légitime défense consacré en son article 51 lequel énonce un «droit naturel de légitime défense, individuelle ou collective, dans le cas où un Membre des Nations Unies est l’objet d’une agression armée.»
La légitime défense a pour corollaire dans le contexte de la Charte l’interdiction du recours à la force tel qu’énoncé à l’article 2 (4).
Régler les différends entre États par des moyens pacifiques
Selon le juriste Nguyen Quoc Dinh, le droit à la légitime défense a été introduit dans la Charte à cause d’une confiance très limitée des participants à la Conférence de San Francisco de 1945, chargée d’approuver la Charte des Nations unies, dans l’efficacité du nouveau système de sécurité collective proposé qui donnait au Conseil de sécurité la compétence principale en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales. Ce dernier, agissant au nom des États membres, peut prendre des mesures collectives militaires et non militaires en vue de prévenir les conflits, d’écarter les menaces à la paix et, enfin, de réprimer tout acte d’agression ou autre rupture de la paix. Il peut également régler les différends entre États par des moyens pacifiques. Du fait du droit de veto accordé aux cinq membres permanents du Conseil de sécurité, des participants à la conférence ont vu, à juste titre, la menace de la paralysie de l’organe responsable de l’action collective et auraient cherché à s’en libérer et à reconquérir leur droit d’agir personnellement en cas de nécessité. Le droit à la légitime défense était donc à leurs yeux la soupape de sûreté idéale.
Pour Nguyen, l’action en légitime défense telle qu’envisagée par la Charte présente un caractère subsidiaire, provisoire et contrôlé.
Subsidiaire, car la Charte reconnaît l’exclusivité du pouvoir du Conseil de déclencher des mesures coercitives. Malheureusement, affirme Nguyen, en pratique il faut craindre que cette compétence subsidiaire n’ait que trop souvent l’occasion de s’exercer, le Conseil ne disposant pas de moyens matériels suffisamment puissants pour remplir sa tâche. Il a vu juste.
Provisoire, l’article 51 n’autorise l’exercice du droit de défense que jusqu’à ce que le Conseil ait pris les mesures nécessaires pour maintenir la paix. Toutefois, la pratique a démontré que, même dans les cas où le Conseil de sécurité avait pris des mesures contre l’agresseur, le droit à la légitime défense a parfois continué à être exercé, comme dans le cas de l’invasion du Koweït par l’Iraq en août 1990. Alors même que le Conseil de sécurité avait, aux termes de la résolution 661, adopté des sanctions économiques contre l’Iraq, les États-Unis, invoquant l’article 51, avaient, sur la demande du gouvernement koweïtien, pris des mesures pour intercepter les navires s’efforçant de commercer avec l’Iraq ou le Koweït en violation des sanctions obligatoires imposées par la résolution 661 (1990).
Contrôlé enfin, l’article 51 exige que les mesures prises par les États dans l’exercice du droit à la légitime défense soient immédiatement portées à la connaissance du Conseil de sécurité. In fine c’est au Conseil d’établir si l’État qui invoque la légitime défense est en droit de le faire.
Nécessité et proportionnalité de la riposte à une agression armée
La Charte apporte peu de précisions sur les conditions de mise en œuvre de la légitime défense. Elle indique seulement que celle-ci peut être activée si un membre des Nations unies fait l’objet d’une agression armée (par un autre État). Il y a lieu de noter que la Charte ne comporte pas de définition du terme agression. Il faudra attendre l’adoption le 14 décembre 1974 par l’Assemblée générale des Nations unies de la résolution 3314 pour en avoir une définition agréée.
Il faut donc se reporter au droit international coutumier pour trouver d’autres critères de mise en œuvre de la légitime défense, à savoir la nécessité et la proportionnalité de la riposte à une agression armée: le critère de «nécessité» permet d’évaluer si l’État ne dispose pas d’autres possibilités que le recours à la force pour se défendre et assurer sa propre sécurité; le critère de «proportionnalité» détermine, quant à lui, l’adéquation entre l’intensité de la réaction de l’État et l’agression armée dont il est l’objet. Ce principe se reflète également dans la quatrième Convention de Genève, qui touche à la protection des personnes civiles en temps de guerre.
Dans la pratique, le Conseil n’a que peu exercé ce contrôle, la procédure d’adoption des résolutions (en ce qu’elle nécessite un accord entre des États ayant des intérêts divergents) constituant un obstacle à l’action du Conseil et à son contrôle de l’exercice du droit de légitime défense.
Pourtant l’analyse de la pratique du droit de légitime défense par les États met en évidence une utilisation détournée de l’article 51. Ce dernier est devenu un réflexe pour les États qui se réfugient souvent abusivement derrière ses dispositions afin de contourner l’interdiction générale de recours unilatéral à la menace ou à l’emploi de la force armée posée à l’article 2 (4) de la Charte.
Qu’en est-il de l’invocation par Israël du droit à la légitime défense à la suite de l’attaque du 7 octobre 2023 par le Hamas ?
La légitime défense ne peut être invoquée par l’État occupant
Le 7 octobre 2023, Israël a informé par lettre le Conseil de sécurité de ce qui suit : «Israël agira par tous les moyens nécessaires pour protéger ses citoyens et défendre sa souveraineté contre les attaques terroristes menées depuis la bande de Gaza par le Hamas et d’autres organisations terroristes.»
Il est intéressant de noter qu’Israël ne fait pas référence à l’article 51 de la Charte dans sa lettre, pas plus qu’il n’y a de référence à celui-ci dans les deux seules résolutions adoptées par la Conseil de sécurité depuis le début du conflit puisque toutes les autres se sont vues opposer le droit de veto par les États-Unis. Les puissances occidentales siégeant au Conseil de sécurité ont pourtant d’emblée souligné le droit d’Israël à la légitime défense dans le cadre de l’article 51 de la Charte. Cette position est loin de faire l’unanimité. Ainsi, dans son intervention au Conseil de sécurité le 16 octobre 2023, le représentant de la Jordanie, intervenant au nom des pays arabes, souligneque «la réponse d’Israël ne relève pas de son droit à la légitime défense, et qu’il est fâcheux que certains pays continuent de répéter qu’Israël a le droit de se défendre dans la bande de Gaza, laquelle est un territoire occupé». Argument à l’appui, il cite l’avis consultatif de la CIJ du 9 juillet 2004, sur les conséquences juridiques de l’édification d’un mur qu’Israël était en train de construire dans le territoire palestinien occupé, y compris à l’intérieur et sur le pourtour de Jérusalem-est. Dans ce cas de figure, Israël a invoqué l’article 51 de la Charte pour justifier non pas une action militaire, mais des travaux de construction du mur. La Cour a affirmé à cette occasion que l’article 51 de la Charte reconnaît l’existence d’un droit naturel de légitime défense en cas d’agression armée par un État contre un autre État et que, par conséquent, cet article n’est pas pertinent ici. Elle a clairement indiqué que le droit à la légitime défense ne peut être invoqué par l’État occupant (Israël) si la menace émane du territoire occupé. Pour autant, la Cour ne dénie pas à Israël le droit de prendre des mesures visant à assurer sa sécurité puisqu’elle lui reconnaît le droit, et même le devoir, de protéger ses citoyens sur son propre territoire. Il faut savoir qu’Israël a régulièrement invoqué l’article 51 de la Charte pour justifier ses actions militaires dans les territoires occupés. En revanche, il a toujours refusé de reconnaître la Palestine comme État.
Qu’en est-il du débat sur cette question qui fait l’objet de cet article parmi les juristes? La Société française pour le droit international (SFDI), par exemple, s’est demandé si, Israël était en droit d’invoquer la légitime défense au titre de l’article 51 de la Charte vis-à-vis des faits d’un groupe armé (le Hamas) sachant que la légitime défense ne peut être invoquée que lors d’une agression armée commise par un État à l’encontre d’un autre État et que des actes commis par un groupe armé non étatique ne sont imputables à l’État que si celui-ci exerce sur eux un contrôle effectif ?
La difficulté juridique, selon la SFDI, réside dans la qualification de l’entité palestinienne : bien que répondant à la définition coutumière de l’État, elle n’est pas reconnue en tant que telle par certains sujets et acteurs de la communauté internationale, dont Israël. (Il convient de rappeler cependant que la Palestine a un statut d’État observateur aux Nations Unies depuis 2012). La SFDI souligne qu’étant donné le refus de l’État d’Israël de reconnaître la Palestine comme État, celui-ci semble invoquer une légitime défense coutumière au-delà de ce qui est prévu par la Charte des Nations Unies.
La SFDI rappelle que, le droit international coutumier impose que la légitime défense ne s’exerce que par le biais de mesures proportionnées à l’agression armée subie et nécessaires pour y mettre fin.
Pour la SFDI, le Hamas a commis des crimes qui justifient la nécessité de l’usage de la force pour y mettre fin. En revanche, le respect du critère de proportionnalité prévoit que l’État doit s’abstenir de lancer une attaque dont il est prévisible qu’elle cause des pertes en vies humaines dans la population civile, des blessures aux personnes civiles, des dommages aux biens de caractère civil, qui seraient excessifs par rapport à l’avantage militaire concret et direct attendu.
La légitime défense obéit à une logique défensive et ne saurait être motivée par une volonté de punition touchant l’intégralité de la population.De plus, l’action en légitime défense ne saurait excéder les limites fixées par le droit de la guerre et le droit humanitaire. La SDFI en conclut que l’absence du respect des principes d’humanité et de distinction dans l’usage du droit à la légitime défense, par la violation du droit humanitaire de la part de l’État israélien, modifie la qualification juridique des actes menés sur le territoire palestinien, qui peuvent à l’heure actuelle être qualifiés de représailles armées, de crimes de guerre, voire de crimes contre l’humanité. Ces représailles sont interdites en droit international et peuvent engager la responsabilité internationale de l’État.
En ce qui concerne les actes du Hamas, la SFDI note que si le droit international offre en effet le droit à un peuple sous occupation de s’y opposer, et ce en autorisant l’usage de la force, ce droit à la résistance doit respecter les limites du droit international humanitaire et de la guerre.
L’occupation est un acte d’agression, même s’il n’est pas décrit comme tel
Pour le juriste Johann Soufi, qui s’appuie sur l’avis consultatif rendu par la CIJ le 19 juillet 2024, il est clair qu’Israël ne peut invoquer l’article 51 de la Charte, à l’égard de la bande de Gaza, car ce droit ne s’applique pas aux territoires occupés (comme précédemment statué par la Cour dans son avis consultatif du 9 juillet 2004 sur le mur de séparation évoqué ci-dessus). Dans cet avis consultatif, la Cour ne s’est toutefois pas prononcée sur le statut juridique de la bande de Gaza, la construction du mur n’ayant pas d’incidence sur cette dernière. Cette affirmation par Soufi repose sur la précision de taille qu’apporte l’avis de 2024 en ce qui concerne le statut juridique de Gaza. La Cour y souligne que la bande de Gaza, bien qu’évacuée en 2005, reste un territoire occupé car Israël y conserve «la faculté d’exercer et continuait d’exercer certaines prérogatives essentielles notamment le contrôle des frontières terrestres, maritimes, et aériennes, l’imposition de restrictions à la circulation des personnes et des marchandises, la perception des taxes à l’importation et à l’exportation et le contrôle militaire de la zone tampon».
La Cour précise également que la Cisjordanie, Jérusalem-Est et la bande de Gaza forment «une seule et même entité territoriale dont l’unité, la continuité et l’intégrité doivent être préservées et respectées», et que l’occupation par Israël de ces territoires est illégale. Elle somme Israël d’y mettre fin dans les plus brefs délais et de démanteler et évacuer les colonies, d’indemniser les victimes palestiniennes et de permettre le retour des Palestiniens déplacés depuis 1967.
La CIJ constate également que la violation de normes indérogeables interdisant l’acquisition de territoires par la force, la ségrégation raciale et l’apartheid, et de celles protégeant le droit à l’autodétermination du peuple palestinien. Elle conclut que l’occupation constitue un acte d’agression, même s’il n’est pas décrit comme tel, qui découle en partie de sa nature coloniale.
Bien que n’incluant pas le comportement adopté par Israël dans la bande de Gaza en réaction à l’attaque menée contre lui par le Hamas le 7 octobre 2023 postérieure à la saisine de la Cour par l’Assemblée générale des Nations Unies, la Cour estime cependant que certains aspects de l’avis peuvent être applicables à la situation actuelle. Aussi rappelle-t-elle, par exemple, qu’aux termes de l’article 49 de la quatrième convention de Genève, «[l]es transferts forcés, en masse ou individuels, ainsi que les déportations de personnes protégées hors du territoire occupé dans le territoire de la Puissance occupante ou dans celui de tout autre État, occupé ou non, sont interdits, quel qu’en soit le motif. L’évacuation d’un secteur est autorisée à titre exceptionnel si, comme le prévoit le deuxième alinéa de l’article 49, ‘‘la sécurité de la population ou d’impérieuses raisons militaires l’exigent’’. En pareil cas, les personnes évacuées doivent toutefois, conformément au deuxième alinéa, ‘‘[être] ramenée[s] dans [leur]s foyers aussitôt que les hostilités dans ce secteur [] ont pris fin’’». Cela indique que les évacuations s’entendent comme une mesure temporaire, à laquelle il convient de mettre un terme dès que disparaissent les impérieuses raisons militaires.
Cet avis rendu par une instance judiciaire onusienne a été qualifié d’historique par plus d’un dans la mesure où il met la communauté internationale devant ses responsabilités en demandant à l’Assemblée générale des Nations Unies et le Conseil de sécurité de définir les modalités précises requises pour que cesse la présence illicite d’Israël dans les territoires occupés.
Quoi qu’il en soit, au regard de la tragédie qui se déroule à Gaza – 80% du territoire détruit, environ 90% de la population déplacée souvent plus d’une dizaine de fois, près de 45 000 Palestiniens recensés morts, environ 97 600 blessés (en majorité des femmes et des enfants), incalculables disparus ou arrêtés par les forces israéliennes, dizaines de milliers bombes de 150 à 1000 kg larguées sur une étroite bande de territoire surpeuplé (2,3 millions d’habitants sur 365 km2) – force est de constater qu’il ne peut pas s’agir de légitime défense qu’il s’agisse de l’article 51 ou du droit international coutumier. Dans le passé, le Conseil de sécurité a parfois condamné Israël pour avoir usé de représailles armées contre ses voisins arabes. Mais s’agit-il vraiment de représailles dans ce cas précis?
À l’automne 2023, dans la foulée des attaques du 7 Octobre perpétrées par le Hamas, le général Giora Eiland, ancien chef du Conseil de sécurité nationale israélien, a exposé dans le quotidien Yediot Aharonot ce que devait être, selon lui, la riposte de l’État hébreu. «Israël n’a pas d’autre choix que de faire de Gaza un lieu où il sera temporairement ou définitivement impossible de vivre», écrivait-il.
Des voix commencent à s’élever en Israël devant l’ampleur des massacres et des destructions par l’armée israélienne à Gaza. Le 29 octobre 2024, dans un entretien accordé au Monde, Amos Goldberg, historien israélien spécialiste de la Shoah, a déclaré que son pays «a surréagi de manière criminelle» aux massacres du 7 octobre, ajoutant que «ce qui se passe à Gaza est un génocide, car Gaza n’existe plus.» Plus récemment encore, Moshe Yaalon, ancien ministre israélien de la Défense, a accusé son pays de commettre des crimes de guerre et un nettoyage ethnique à Gaza.
Continuer, dans ces conditions, à reconnaître à Israël un droit à la légitime défense relève de la gageure sinon de la duplicité. Si la CIJ se prononce affirmativement sur le caractère génocidaire de la guerre en cours à Gaza, les pays qui continuent à soutenir au-delà des mots les actions d’Israël à Gaza pourraient se voir accuser de complicité. L’Histoire jugera.
Jean-Luc Mélenchon, figure emblématique de La France insoumise (LFI), a révélé, hier matin, mercredi 18 décembre 2024, sur son blog personnel, l’attaque de sa résidence secondaire dans le Loiret. L’ancien député a décrit avec émotion les actes de vandalisme et les messages racistes haineux découverts sur les lieux, mettant en lumière un climat de violence politique de plus en plus inquiétant en France.
C’est à travers un billet publié sur son blog que Mélenchon a détaillé les faits. Il y décrit sa stupeur en découvrant l’étendue des dégâts : des murs maculés d’inscriptions racistes et haineuses telles que «On ta trouver», «Nique les arabe» ou encore «Tu pouries le pays», accompagnées d’une croix gammée. «Ce type d’agression est toujours vécu comme une profanation, surtout lorsqu’elle cible un lieu chargé de souvenirs intimes», a-t-il écrit.
Mélenchon a décrit sa maison comme un refuge paisible, partagé avec la nature et les souvenirs de ses proches. Cet endroit, où il a achevé l’écriture de plusieurs ouvrages, a été saccagé. Livres souillés, tiroirs renversés, slogans haineux sur les murs : «Ces actes sont le reflet d’une haine politique décomplexée», a-t-il affirmé.
Une attaque au contexte politique
Dans son billet, Mélenchon a dénoncé un climat de violence alimenté par des discours extrémistes et racistes. Selon lui, ces actes sont liés à ses prises de position, notamment sur le conflit à Gaza et d’autres sujets controversés. «Pourquoi ces slogans, si ce n’est pour intimider et me punir politiquement ?», a-t-il écrit.
L’ancien candidat à la présidence a également fustigé l’inaction des autorités face aux nombreuses menaces qu’il subit. Il a évoqué un sentiment d’impunité généralisée : «Depuis un an, nous avons tous le sentiment de n’être protégés ni par la justice ni par la police», a-t-il déploré, rappelant que d’autres figures de LFI ont également été ciblées par des agressions similaires.
L’annonce de Mélenchon a suscité de nombreuses réactions. Ses proches collaborateurs et les élus insoumis ont immédiatement exprimé leur solidarité, tandis que des responsables politiques d’autres partis ont condamné cet acte, soulignant la nécessité de protéger les personnalités publiques face à la montée des violences.
Une enquête a été ouverte pour identifier les auteurs de cet acte. Cependant, pour Mélenchon, cet événement illustre une fois de plus «l’ambiance délétère et haineuse» qui gangrène le débat politique en France.
Le gouvernement tunisien ne ménage aucun effort pour assurer la réussite des entreprises communautaires (ou citoyennes), un modèle d’entrepreneuriat populaire promu par le président Kaïs Saïed dont on espère qu’il contribue à la relance d’une économie en panne depuis 2011.
Sur les 124 entreprises citoyennes légalement établies jusqu’à ce jour, seules 21 sont effectivement opérationnelles, alors que 8 autres se préparent à démarrer leurs activités effectives, a révélé la secrétaire d’État auprès du ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle chargée des entreprises citoyennes, Hasna Jiballah, dans une déclaration à Mosaïque FM, ce mercredi 18 décembre 2024, en marge d’un colloque scientifique intitulé «Les entreprises citoyennes, un levier pour le développement durable et l’économie sociale et solidaire».
La responsable a aussi parlé de la mise en place d’une plateforme numérique pour accélérer la création d’entreprises citoyennes, éviter les erreurs dans les démarches de création et fournir des statistiques et une vision claire des secteurs d’activité et de la répartition des entreprises citoyennes par délégations (sous-préfectures). Et ce dans le cadre d’une stratégie de développement de ce type d’entreprises auxquelles le chef de l’Etat accorde une grande importance et dont il fait un pilier de sa politique économique.
Jiballah a précisé que l’agriculture, la pêche, la production d’aliments composés, les industries agroalimentaires, les transports, les services, le tourisme, l’artisanat, la valorisation des déchets et les énergies renouvelables sont parmi les principaux secteurs d’activité des entreprises citoyennes créées.
Elle a insisté sur le fait que les entreprises citoyennes représentent une opportunité historique pour la Tunisie afin d’ancrer un modèle de développement économique basé sur le développement durable et les dimensions sociales et solidaires.
Les lauréats de la première édition du concours «Écrire pour l’écran» seront révélés lors d’une cérémonie sponsorisée principalement par la Biat, qui se tiendra le 28 décembre 2024, à l’espace culturel Artea, à Laouina, au nord de Tunis.
Ce concours international, conçu et organisé de manière indépendante par une équipe conduite par le cinéaste tunisien Nidhal Chatta et la scénariste italienne Diletta D’Ascia, s’adresse aux scénaristes émergents souhaitant présenter des projets cinématographiques ambitieux, qu’il s’agisse de films de fiction ou de documentaires, de courts ou longs métrage. C’est un concours sans contrainte thématique, qui encourage l’expression libre et la créativité.
Les projets soumis ont été évalués par un jury composé de professionnels du cinéma et de la culture, qui sont, en plus de Chatta (Acting Studio) et D’Ascia (Gli Utopisti), Nabil Rejaibi, écrivain et créateur culturel, Nidhal Chemengui, rédactrice en chef de No’o Cultures, et Youssef Lakhoua, producteur de cinéma.
Les lauréats bénéficieront d’un accompagnement spécifique pour affiner leur écriture grâce à des ateliers de perfectionnement animés par Chatta et Diletta D’Ascia.
Avec sa dramaturgie bien construite autour de combats de femmes frôlant l’universel par la force de leur expressivité, ‘‘La Maison dorée’’ se suffit à lui-même en nous racontant l’histoire de trois belles femmes aux destins tragiques immergées dans l’histoire qui se fait dans le bruit et la fureur de l’action.
Abdelhamid Larguèche *
Hier soir, mardi 17 décembre 2024, fête officielle de la révolution, la salle du Théâtre de l’Opéra, à la Cité de la Culture de Tunis, était pleine à craquer par un public cinéphile jeune et enthousiaste, le public habituel du festival. Mais une présence remarquée des figures parlementaires et politiques de l’avant 25 juillet 2021 était là complice avec l’équipe du film. Cette partie de l’élite aujourd’hui éclipsée est venue applaudir leur cinéaste chevronnée et auréolée par plus d’un film dont celui d’hier qui se voulait celui de l’apothéose.
La projection du film ‘‘Ennafoura’’ ou ‘‘La Maison dorée’’ s’est déroulée dans une ambiance festive pour le bonheur du public. Voilà pour le cadre, place maintenant à l’œuvre récit et à sa critique.
Trois femmes en détresse
Le film relate l’histoire de trois femmes réfugiées dans le vieil hôtel de la Maison dorée, niché dans la ville européenne, dans le Tunis de l’époque coloniale et qui rappelle un certain «bon vieux temps».
Admirablement interprétés par des comédiennes de talent, notamment Rim Riahi et Amira Derouiche (grande découverte du public), trois femmes : Jalila, Salwa et Marwa, se rencontrent dans un contexte particulier fait de déception, de trauma et de fuite pour la survie dans le vieil hôtel tenu jusqu’à une date récente par une généreuse tenancière aujourd’hui décédée. Elles mènent toutes les trois leurs combats particuliers contre l’injustice des hommes. Des combats déclinés dans des expériences insolites et plurielles mais solidaires. Et des drames aussi révoltants qu’émouvants.
Selma Baccar nous a habitués à ces films de combat de femmes souvent seules, mais rarement solidaires comme l’illustre bien ce film, et ce depuis ‘‘La danse du feu’’ jusqu’à ‘‘La Maison dorée’’ en passant par ‘‘Fleur d’oubli’’ ou ‘‘Al-Jaida’’.
Mais ce dernier film a un goût particulier parce qu’il se fend dans la grande histoire qui se joue à quelques lieux de là sur la Grande place du Bardo ou s’annonce le sit-in Errahil, en 2013, annonçant le départ de la Troïka [la coalition au pouvoir conduite par le parti islamiste Ennahdha, Ndlr]. Autour de la fontaine en marbre s’organisait la plus grande et la plus longue manifestation démocratique contre l’assassinat des députés de l’opposition Chokri Belaïd, le 6 février 2013, et Mohamed Brahmi, le 25 juillet de la même année, actes imputés à des extrémistes religieux de la mouvance islamiste.
Ce tournant qui devient un film dans le film entraîne les trois combattantes dans cette tourmente du Bardo sans en comprendre l’enjeu véritable. Mais elles s’en trouvent comme piégées et ensorcelées par le charme de l’action collective et libératrice de la parole et des corps.
Deux films qui s’enchevêtrent
Cette deuxième facette du film pose plus de question qu’elle n’en résout. Est-ce un documentaire qui cherche à sauvegarder une mémoire personnelle et subjective propre à l’auteure? Est-ce un essai de sauvegarde d’un moment historique particulier d’une transition politique dans l’impasse du fait des violences et des dérives du pouvoir dominé par les islamistes.
Selma Baccar a laissé libre cours à son imagination fertile pour nous nous livrer sa version de cette page émouvante de notre histoire contemporaine, mais une page où le langage s’exprime à la première personne pour relater un moment très personnel. Salma était dans la tourmente de l’action pour changer l’histoire avec ses consœurs, bref une journée des femmes dédiées aux femmes, mais amputée de plus d’un acteur et de plus d’un fait qui ont marqué ce moment tournant.
Ni l’UGTT qui a fait basculer les rapports; ni même Bajbouj [diminutif de Béji Caïd Essebsi, alors principal chef de l’opposition qui accèdera une année plus tard à la présidence de la république, Ndlr], grand acteur de ces moments majeurs, n’étaient visibles dans ce paysage pourtant dense et plein de couleurs. Fiction oblige, on fait le tri et on sélectionne. La mémoire personnelle et celle du groupe réduit l’emporte souvent dans les récits filmiques sur le souci de la rigueur ou du témoignage exhaustif. Peu importe si l’histoire en souffre le temps d’un film, tâche aux historiens de compléter le tableau ainsi brossé si nécessaire.
Mais le plus important du point de vue de l’écriture cinématographique c’est bien de savoir si les deux histoires ou à fortiori les «deux films dans le film» ont été harmonieusement articulés, mariés ou si cette greffe a bien réussi pour en faire un récit filmique bien fluide sur les deux plans esthétique et dramaturgique.
Avec sa dramaturgie bien construite autour de combats de femmes frôlant l’universel par la force de leur expressivité, ‘‘La Maison dorée’’ se suffit à lui-même en nous racontant une l’histoire de trois belles femmes aux destins tragiques immergées dans l’histoire qui se fait dans le bruit et la fureur de l’action.
Devant cette histoire envoutante, le sit-in du Bardo, au-delà des faits relatés avec force sur fond de chants patriotiques, n’apparaît que comme un arrière-fond, parfois réussi, parfois redondant, celui d’un autre film qui se dérobe derrière les figures désormais iconiques de ‘‘La Maison dorée’’.
La grande révélation du film est sans doute la comédienne Amira Derouiche, légitime héritière de la grande regrettée Raja Ben Ammar.
Les agents de la protection civile ont réussi a éteindre un incendie qui s’est déclaré dans une maison située au quartier Soltani, à la délégation de Zahrouni, à l’ouest de Tunis.
Selon un communiqué diffusé mardi 17 décembre 2024 par le porte-parole de la protection civile, Moez Triâ, sur sa page Facebook officielle, l’incendie a détruit complètement la maison d’où les agents ont extrait le corps calciné d’un homme âgé d’une soixantaine d’années, qui a été confié pour les agents de la garde pour les éventuelles autopsie et enquête.
La période des fêtes est propice aux fraudes en ligne en raison de l’intensification du volume des achats sur internet. Cette augmentation du trafic commercial crée un environnement favorable aux escrocs qui profitent de plusieurs facteurs : volume élevé de transactions, recherche accrue de bonnes affaires par les consommateurs, multiplication des communications marketing légitimes, et précipitation générale des acheteurs. Il est donc essentiel de redoubler de vigilance pendant cette période.
Les cybercriminels exploitent efficacement les outils numériques pour orchestrer des fraudes massives à moindre coût, principalement via l’hameçonnage par email, SMS, réseaux sociaux et publicités malveillantes. L’Eset vous présente ci-dessous quelques points de vigilance…
Les escrocs aussi font leurs emplettes
Cartes-cadeaux : vente de cartes volées ou contrefaites à prix réduits, ou utilisées comme appât dans d’autres arnaques.
Faux sites web : sites imitant des détaillants légitimes pour voler des données personnelles et financières.
Offres trompeuses : articles très demandés vendus à prix cassés sur les réseaux sociaux, exigeant un paiement immédiat, mais sans livraison.
Cartes de vœux électroniques : fausses cartes contenant des liens malveillants ou demandant des informations personnelles.
Appels frauduleux : usurpation d’identité d’entreprises ou d’organismes pour soutirer des informations personnelles.
Fausse expédition : messages imitant les entreprises de transport pour obtenir des données personnelles ou installer des logiciels malveillants.
Faux tirages au sort : concours fictifs visant à collecter des données personnelles.
Faux organismes de bienfaisance : sollicitations de dons frauduleuses via des sites d’hameçonnage.
Arnaques aux voyages : publicités pour des services de voyage inexistants (vols, hébergements, locations).
Quelles sont les mesures préventives à adopter ?
Voici nos conseils pour éviter les mauvaises surprises en cette période des fêtes de fin d’année.
Sécurisez vos comptes avec des mots de passe robustes et activez l’authentification multifacteur.
Restez vigilant face aux offres trop alléchantes.
Ne communiquez jamais d’informations sensibles à la suite d’un contact non sollicité.
Maintenez vos systèmes à jour.
Utilisez un antivirus fiable et un filtre anti-hameçonnage.
Préférez le paiement par carte de crédit aux virements.
Contrôlez l’authenticité des URLs et des expéditeurs.
Validez les notifications de livraison directement auprès des transporteurs et dans leurs applications.
Que faire en cas d’arnaque ?
Si le pire se produit, vous pouvez prendre quelques mesures pour en minimiser les conséquences.
Signalez l’incident aux autorités compétentes.
Contactez votre banque et bloquez vos cartes.
Rompez tout contact avec l’escroc.
Modifiez les mots de passe compromis.
Conservez les preuves de la fraude.
L’IA générative facilite la création d’arnaques sophistiquées, redoublez de vigilance.
Belles fêtes de fin d’année à tous.
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Le sentiment est enraciné dans le cœur de la majorité des Tunisiens que l’anniversaire du 17 décembre 2010 s’est transformé au fil du temps de la déception à une crise dans laquelle l’espoir d’un avenir radieux s’est perdu malgré les difficultés et les revers que la Tunisie avait subis à cette époque.
Elyes Kasri *
Les scènes festives enflammées se sont retirées, suivies de sentiments et d’expressions de chagrin et de chagrin d’amour ressemblant à un défilé de condoléances.
Des Tunisiens, de plus en plus nombreux, perçoivent que ce qui est pompeusement qualifié en Tunisie de révolution de la liberté et de la dignité et romantiquement à l’étranger de révolution des jasmins a pris, après l’euphorie des premiers moments, l’allure d’un cauchemar et d’un mauvais sort jeté à la Tunisie et aux Tunisiens.
Comme si ce pays, jadis respecté et imité pour ses nombreux acquis, en dépit de l’effet corrosif de la corruption et du népotisme de la fin du règne de feu Ben Ali, expiait un lourd péché et éprouvait un plaisir masochiste à détruire tout ce qui en faisait un objet d’envie pour devenir un pays regardé avec incompréhension, suspicion et même une pointe de plus en plus prononcée d’indifférence et d’insignifiance.
A l’heure où de grands bouleversements géostratégiques pointent à l’horizon, la Tunisie est dans l’obligation de se ressaisir et de prendre conscience qu’elle mérite mieux et doit mieux faire.
Dans ce contexte, ceux qui ne cessent de répéter la propagande malveillante que certains colportent pour rabaisser le Maroc doivent voir sur le terrain les progrès réalisés dans l’infrastructure, l’urbanisme, l’investissement et la création d’emplois en plus des performances du secteur touristique de ce pays qui innove et progresse à un rythme rapide. Ceci sans compter les succès engrangés sur la scène internationale par la diplomatie marocaine.
En plus de l’amélioration des salaires de la fonction publique, la dernière réforme que le parlement et le gouvernement tunisiens refusent obstinément avec un acharnement singulier consiste en la décision du gouvernement marocain d’alléger progressivement l’imposition des pensions de retraite des fonctionnaires pour atteindre une exemption totale en 2026.
Il fut un temps ou les responsables marocains venaient dans notre pays pour s’informer sur l’expérience tunisienne. Il semble que le temps soit venu pour que les responsables tunisiens se rendent plus fréquemment au Maroc, en espérant qu’ils pourront s’en inspirer pour aider la Tunisie à retrouver la voie de la croissance.
Le temps presse car l’écart se creuse dangereusement.
Pour Kaïs Saïed, la révolution tunisienne n’a pas eu lieu avec la fuite de Ben Ali, le 14 janvier 2011, qui n’est selon lui que l’aboutissement d’un mouvement déclenché, le 17 décembre 2010, à Sidi Bouzid. Et c’est cette date qu’il célèbre désormais officiellement.
C’est ainsi que le président de la république a effectué, mardi 17 décembre, une visite dans plusieurs délégations relevant du gouvernorat de Sidi Bouzid, à l’occasion du 14e anniversaire de la révolution tunisienne. Lors de sa visite à la délégation de Mezzouna, il a rencontré des habitants devant le Complexe du plastique.
À cette occasion, les citoyens ont exprimé leurs attentes et préoccupations et réclamé de relancer ce complexe qui permet de créer des emplois aux habitants de la région.
Ensuite, le président Saïed s’est rendu dans la délégation de Menzel Bouzayène, où il a visité le cimetière de la ville pour réciter la fatiha à la mémoire du martyr Chokri Nasri. Il a, à cette occasion, rencontré des citoyens qui ont réclamé davantage de services dans la région.
Le chef de l’État s’est ensuite dirigé vers la région de Nfidhet El Akerma, où il a visité le cimetière local et récité la fatiha à la mémoire de Mohamed Amari, premier martyr de la révolution tunisienne, qui a succombé, le 24 décembre 2010.
Au terme de sa visite, le président de la république s’est rendu dans la délégation de Regueb, où il a échangé avec des citoyens qui ont évoqué les difficultés rencontrées dans la région.
Ils ont, à ce propos, réclamé l’aménagement des pistes agricoles, l’amélioration des services de santé de base et l’identification de solutions durables pour la récolte d’olives, qui pose cette année de gros problèmes aux producteurs.
Avant de se rendre à Sidi Bouzid, Saïed s’était rendu à Ben Guerdane et Gabès où il est également allé à la rencontre des citoyens pour entendre leurs doléances.
«La Tunisie est entrée dans une nouvelle phase de son histoire et on œuvre actuellement à trouver des solutions radicales aux revendications du peuple tunisien», a déclaré le chef de l’Etat, selon le communiqué de la présidence de la république, en soulignant, une nouvelle fois, que «la Tunisie mène une guerre de libération nationale et il ne nous reste que la victoire et la reconstruction»
En célébrant la fête de la révolution dans des régions du sud et du centre, en allant à la rencontre de l’arrière pays, qui plus est le 17 décembre et non le 14 janvier, le président Saïed a voulu signifier que la chute de l’ancien régime a commencé avec le soulèvement des populations de l’intérieur, et la fuite de Ben Ali n’aura été que le couronnement de ce mouvement. Pour certains de ses partisans, le 14 janvier était plutôt le début de la contre-révolution ou de la restauration de l’ancien régime sous une nouvelle forme, ce à quoi la proclamation de l’état d’exception, par le président Saïed, le 25 juillet 2021, était venu mettre fin.
«Le processus révolutionnaire doit se poursuivre en vue d’assainir [le pays] et afin que la construction soit solide et ne tombe pas», a souligné Saïed. «Nous sommes dans une course contre la montre et nous voulons accélérer l’histoire afin que personne ne subisse d’injustice et que personne n’échappe non plus à la reddition des comptes», a-t-il ajouté.
«Chaque responsable doit garder à l’esprit, à tout moment en tout lieu, les souffrances des misérables et des pauvres et œuvre à réduire les obstacles», a par ailleurs déclaré le président, ajoutant que la montre ne revient jamais en arrière, en tout cas pas l’avant 17 décembre 2010 ou l’avant 25 juillet 2021.
«Les défis son énormes en raison des décennies de destruction et de corruption généralisée et il est du droit du peuple tunisien de demander des comptes et d’exiger l’assainissement de l’administration», a encore déclaré Saïed qui, selon ses termes, mène une nouvelle guerre de libération nationale contre ce qu’il considère comme l’ennemi intérieur.
Après avoir «perdu» la Syrie, où sa présence militaire est menacée par le nouveau pouvoir qui est en train de se mettre en place, la Russie est en train de se retourner vers la Libye, pays déchiré par la guerre, et le seul en Afrique du Nord et en Méditerranée où son armée maintient une présence militaire qui lui permet d’envoyer directement des renforts sans avoir à s’arrêter et à faire le plein.(Ph: Khalifa Haftar avec le vice-ministre russe de la Défense, Ievkourov, sur un aérodrome militaire de Moscou, le 26 septembre 2023).
Imed Bahri
C’est un cataclysme géopolitique. La chute de Bachar Al-Assad a rabattu toutes les cartes et tous les protagonistes de l’échiquier régional et international en ont été impactés et en premier lieu desquels la Russie qui craint aujourd’hui de perdre ses bases militaires en Syrie datant de l’époque soviétique et par ricochet sa présence et son influence dans le Moyen-Orient. Elle fait tout pour y rester en négociant avec les nouveaux maîtres de la Syrie et en même temps elle renforce sa présence en Libye et précisément dans l’est libyen où elle compte un allié en la personne de Khalifa Haftar. La Libye est aussi importante à l’heure où la présence russe en Afrique s’est substituée à celle de la France.
Le journal Daily Telegraph a publié une enquête préparée par Sophia Yan dans laquelle elle affirme que la Russie s’emploie à renforcer ses bases militaires en Libye après l’effondrement du régime de Bachar Al-Assad en Syrie.
Les données de vol montrent qu’au moins trois avions cargo militaires russes ont volé de Biélorussie vers la Libye depuis le 8 décembre, jour où les rebelles syriens ont renversé le régime d’Al-Assad que la Russie avait auparavant soutenu.
Le vol le plus récent a atterri à Benghazi en Libye tôt samedi matin selon les données de FlightRadar24, un site web qui suit les vols alors qu’ils sont sur leur trajectoire réelle. Les experts estiment que la Russie transfère du matériel de défense stocké en Biélorussie, son plus proche allié, vers la Libye où elle renforce rapidement sa présence militaire en réponse à la prise de Damas par les combattants opposés au régime d’Assad.
«Les défis en Syrie semblent pousser la Russie à intensifier sa présence dans l’est de la Libye même si cela ne faisait pas partie de son plan initial il y a quelques semaines», a déclaré Jalel Harchaoui, spécialiste de l’Afrique du Nord et chercheur au Royal United Services Institute. Il a ajouté que Moscou s’inquiète probablement du fait que sa présence croissante en Libye soit devenue plus vulnérable ce qui nécessite de prendre une mesure logique qui consiste à envoyer davantage de renforts pour protéger cette présence.
Le journal britannique note qu’en 2014, la Russie a modernisé ses pistes d’atterrissage et construit de nouvelles installations sur ses bases aériennes libyennes lui permettant ainsi de projeter sa puissance le long de la côte sud de la mer Méditerranée. La Libye est également considérée comme un point de départ important pour les efforts du Kremlin visant à étendre son influence en Afrique surtout dans les pays du Sahel.
La Libye, pays déchiré par la guerre, était le seul en Afrique et en Méditerranée où l’armée russe maintenait une présence militaire afin de pouvoir envoyer directement des renforts sans avoir à s’arrêter et à faire le plein. Ceci, ajouté à sa présence militaire dans les ports de Tartous et de Lattaquié, l’a aidé à projeter davantage de puissance dans la région mais la chute de son allié Al-Assad a fait naître des doutes sur son avenir en Syrie où l’opposition armée a annoncé la formation d’un gouvernement.
La Syrie a souffert des années de bombardements brutaux russes contre les zones rebelles alors que Moscou tentait de soutenir la survie d’Assad et de son régime. Moscou a commencé à transférer son équipement militaire, ses responsables et son personnel depuis la Syrie tandis que de hauts responsables cherchent à parvenir à un accord avec les nouveaux dirigeants qui lui permettrait de conserver ses bases dans le pays.
Moscou a reconnu dimanche avoir retiré une partie de son personnel diplomatique de Syrie à bord d’un vol spécial depuis la base aérienne de Hmeimim près de Lattaquié. Un responsable de la sécurité syrienne a déclaré qu’un avion cargo militaire avait quitté la veille la base de Hmeimim en direction de la Libye. D’autres avions devraient décoller dans les prochains jours. Des images sont apparues montrant les forces russes emballant le système de missiles de défense aérienne S-400 à Lattaquié et des camions blindés ont été vus faisant la queue dans les rues syriennes se préparant à évacuer les sites. Harchaoui a commenté: «Même si la Russie maintient ses principales bases en Syrie-ses installations navales à Tartous et sa base aérienne près de Lattaquié-, il est clair que les événements récents n’ont pas joué en faveur de Moscou.» Il a ajouté: «Les troubles font de la Syrie un environnement plus hostile pour l’armée russe, ne serait-ce que d’un point de vue logistique, l’empêchant d’y rester avec le même niveau de confort et de sécurité qu’auparavant».
En raison des changements rapides qui ont lieu actuellement en Syrie, il est difficile de prédire comment la situation dans ce pays arabe va évoluer. Cependant, les facteurs et les circonstances qui ont assuré le succès des djihadistes sur le champ de bataille et leur rapide montée en puissance peuvent déjà être étudiés en détail.
Ahmad Al Khaled
Après un gel du conflit de quatre ans, fruit de négociations entre la Turquie et la Russie, la situation en Syrie a radicalement changé. En dix jours d’offensive rapide, les combattants du groupe Hayat Tahrir Al-Cham (HTC) ont pris le contrôle de la majeure partie du pays, obligeant les troupes gouvernementales à battre en retraite.
Le 8 décembre au matin, les forces d’opposition armées menées par le HTC se sont emparées de la capitale Damas, officialisant ainsi la chute du clan Al-Assad, qui régnait sur la Syrie depuis plus de 50 ans. Selon les dernières informations, l’ancien président Bachar Al-Assad a quitté le pays et a demandé l’asile en Russie.
La veille, trois pays garants – la Turquie, l’Iran et la Russie – se sont réunis à Doha, capitale du Qatar, et ont souligné la nécessité d’un dialogue politique entre les parties au conflit afin de transférer pacifiquement le pouvoir dans le pays et d’éviter une effusion de sang.
De son côté, le commandement du HTC a garanti la sécurité des institutions de l’État, des missions diplomatiques et des installations militaires, y compris des alliés d’Al-Assad – la Russie et l’Iran.
Actuellement, en raison des changements rapides qui ont lieu en Syrie, il est difficile de prédire comment la situation dans le pays arabe va évoluer. Cependant, les facteurs et les circonstances qui ont assuré le succès des djihadistes sur le champ de bataille et leur rapide montée en puissance peuvent déjà être étudiés en détail.
Les nouvelles tactiques d’utilisation de petits groupes mobiles sur des équipements automobiles légers, l’utilisation de véhicules aériens sans pilote et de drones de frappe, ainsi que le timing suggèrent que le HTC ne pouvait pas organiser seul une opération d’une telle envergure. Dans ce cas, la question se pose de savoir qui a aidé le HTC ou, du moins, est intervenu en sa faveur.
Le rôle de la Turquie
Pour répondre à cette question, il est juste de dire que Damas et ses alliés, la Russie et l’Iran, ont surveillé de près les menaces posées par le HTC. Au cours des trois derniers mois, les médias locaux ont fait circuler des informations sur l’imminence d’une attaque des militants.
Après l’établissement de la «zone de désescalade d’Idlib» dans le cadre d’un accord entre la Russie et la Turquie en 2020, le HTC a pu tirer le meilleur parti du calme qui régnait sur le front. Cette faction, anciennement connue sous le nom de Jabhat Al-Nosra, faisait auparavant partie de l’organisation terroriste Al-Qaïda, mais elle s’en est ensuite distanciée et est devenue l’une des forces dominantes dans le nord-ouest de la Syrie.
Les points d’observation des forces armées turques étant déployés le long de la ligne de front, ils ont constitué une sorte de bouclier derrière lequel le HTC a pu se cacher et constituer calmement des forces sans craindre une éventuelle attaque de Damas et de ses soutiens étrangers.
On peut donc affirmer que le patronage diplomatique et militaire d’Ankara a directement contribué au renforcement de la position du HTC, sans parler de l’assistance économique et de la fourniture d’électricité et de carburant à Idlib par l’intermédiaire d’entreprises parapluies turques.
Profitant de la fragmentation des autres groupes d’opposition, le HTC, dirigé par son chef Abu Muhammad Al-Julani, a réussi à consolider le pouvoir dans la province rebelle d’Idlib. Il s’est complètement emparé du secteur économique et dirige le soi-disant dernier bastion de l’opposition syrienne par l’intermédiaire du gouvernement fantoche du Salut de la Syrie. Sur le plan militaire, le HTC s’est également largement renforcé, rassemblant sous sa bannière de nombreux groupes indépendants et combattants étrangers parmi les Caucasiens, les Turcs et les Ouïghours.
Tous ces facteurs ont permis au HTC d’accumuler une marge de sécurité suffisante pour mener des raids constants contre les forces gouvernementales et même prétendre à l’extension de sa zone d’influence dans le nord de la Syrie. Dans le même temps, le statut de groupe indépendant lui a également offert des opportunités supplémentaires, sans limiter la liberté d’action à des accords avec des pays tiers.
Ainsi, Ankara a de facto contribué à alimenter la machine militaire du HTC, mais peut de jure se dégager de toute responsabilité pour ses actions, car le HTC ne lui obéit pas entièrement comme l’Armée nationale syrienne affiliée à la Turquie.
Le rôle de l’Ukraine
Il n’est pas exagéré de dire que toute activité du HTC a été constamment au centre de l’attention des principaux acteurs en Syrie, en particulier de la Russie. Récemment, Moscou a déclaré à plusieurs reprises qu’il existait une coopération étroite entre le HTC et son adversaire géopolitique, l’Ukraine.
Le journal turc Aydynlyk a rapporté que des instructeurs ukrainiens formaient des militants syriens à la production et à l’utilisation de drones FPV pour frapper les installations militaires des forces armées russes en Syrie. Il indique également qu’en échange des drones, Kiev a demandé au HTC de permettre à ses militants étrangers, principalement des immigrés des nations du Caucase et d’Asie centrale, d’atteindre l’Ukraine et de lutter contre la Russie.
Les médias ukrainiens ont également publié à plusieurs reprises des vidéos dans lesquelles des rebelles syriens, en coopération avec les services de renseignement ukrainiens, frappent des cibles russes en Syrie à l’aide de drones. Dans l’une de ces vidéos, les combattants de l’opposition frappent les installations des forces armées russes sur la base aérienne de Quwayres, à l’est d’Alep.
Jusqu’à la dernière offensive du HTC, les responsables ukrainiens ont préféré ignorer les allégations des médias concernant la coopération avec les rebelles syriens. Toutefois, après la prise d’Alep, Kiev a finalement fait des aveux sincères et a déclaré que le groupe Khymyk de la Direction principale du renseignement de l’Ukraine préparait les militants du HTC à utiliser des drones d’attaque contre la Russie.
Le rôle des Etats-Unis
Mais si la coopération avec les services spéciaux ukrainiens peut expliquer l’augmentation des capacités de combat du HTC en termes d’utilisation de technologies sans pilote, l’heure du début de l’offensive des djihadistes indique une possible coordination avec les États-Unis et Israël. Alors que les Etats-Unis ont officiellement nié toute implication dans les développements actuels en Syrie, des preuves directes et indirectes suggèrent le contraire.
Tout d’abord, le lancement de l’offensive du HTC sur Alep a coïncidé de manière suspecte avec l’entrée en vigueur du traité de paix entre Israël et le Hezbollah libanais, le 27 novembre, à l’initiative des États-Unis. Il n’est donc pas déraisonnable de supposer que l’opposition syrienne a attendu qu’Israël défasse le Hezbollah pour entamer une campagne contre les forces du régime, sans craindre que les combattants libanais ne viennent aider Assad.
Il est donc clair que les États-Unis ont joué un rôle majeur dans l’affaiblissement des alliés d’Assad, ce qui a directement conduit à la décision du HTC d’attaquer.
Deuxièmement, il convient de noter que, bien que les États-Unis aient reconnu le HTC comme une organisation terroriste, ils n’ont en aucun cas perturbé leurs liens commerciaux avec la Turquie, ce qui a également contribué au renforcement économique du HTC. Cette approche envers l’organisation terroriste contrastait fortement avec la pression sans précédent exercée par Washington sur Damas en matière de sanctions.
En outre, les États-Unis et leurs alliés de la coalition internationale ont maintenu des liens étroits avec le HTC. Ils échangent notamment des informations pour lancer des frappes aériennes contre les commandants de certains groupes armés indépendants actifs dans la province d’Idlib. Sur les réseaux sociaux, les combattants de l’opposition syrienne ont accusé à plusieurs reprises le HTC de fournir aux États-Unis des données précises sur la localisation des combattants qui se cachent dans les zones tenues par les rebelles. Selon eux, les drones américains les ont frappés presque immédiatement après les réunions avec les dirigeants du HTC.
En outre, ces dernières années, les États-Unis et l’Union européenne se sont officieusement efforcés de «blanchir» la réputation du HTC afin de l’exclure de la liste des organisations terroristes. Pour le présenter comme un leader de l’opposition modérée, plusieurs publications américaines ont réalisé des interviews d’Abu Muhammad Al-Julani, dans lesquelles le chef djihadiste apparaissait en costume d’affaires et abandonnait également ses slogans fanatiques au profit d’une rhétorique plus laïque et pragmatique. Au cours de la dernière offensive, Al-Julani a également fait quelques déclarations démonstratives dans lesquelles il a mis en garde ses combattants contre les actions illégales contre les civils et leurs biens, et a également appelé au «respect de la diversité culturelle d’Alep».
Compte tenu de l’interaction cachée entre les États-Unis et le groupe d’Al-Julani, il y a lieu de croire qu’après la fin des hostilités au Liban, l’administration Biden pourrait lancer une nouvelle escalade en Syrie, en utilisant les militants du HTC comme mandataires. Ainsi, la Maison Blanche a probablement prévu d’affaiblir la position de ses rivaux géopolitiques, la Russie et l’Iran, avant le transfert imminent du pouvoir au président nouvellement élu Donald Trump. À en juger par ses déclarations préélectorales, ce dernier n’accepterait guère une telle aventure et préférerait s’occuper de ses problèmes intérieurs, plutôt que de créer un nouveau foyer de tension dans le monde ou dans une région particulière.
Mais Joe Biden, qui achève les deux derniers mois de son mandat, pourrait en décider autrement, d’autant que toutes les conditions étaient réunies pour que les militants syriens passent à l’attaque. La Russie a retiré le gros de ses troupes de Syrie et se concentre sur la guerre avec l’Ukraine ; un autre allié important de Damas, Téhéran, est affaibli par les attaques constantes d’Israël et a envoyé ses principales forces pour soutenir des formations affiliées en Palestine et au Liban ; et le Hezbollah, qui a également joué un rôle important dans l’établissement de l’ancien statu quo en Syrie, a subi des pertes importantes lors des opérations de Tsahal et ne peut plus aider le gouvernement d’Assad.
Compte tenu des contradictions aiguës entre les deux camps politiques qui ont émergé lors des dernières élections aux États-Unis, il n’est pas difficile de supposer que les démocrates voulaient rendre l’entrée en fonction de Trump aussi difficile que possible. Ils ont cherché à entraver les possibilités de l’accuser plus tard de ne pas avoir tenu les promesses qu’il avait faites aux électeurs américains.
Par conséquent, un nouveau cycle d’escalade en Syrie peut être considéré comme une tentative désespérée de l’administration américaine actuelle d’influencer les politiques futures de Trump, de le forcer à se complaire dans des conflits et des rivalités sans fin avec d’autres pays au lieu de résoudre des problèmes plus importants liés à la politique intérieure.
L’offensive du HTC a déjà porté un coup dur aux civils dans toute la Syrie, exacerbant considérablement la crise migratoire et augmentant les souffrances des Syriens ordinaires face à la reprise des affrontements et des bombardements. Dans le même temps, indépendamment de l’évolution des événements dans le pays arabe, les États-Unis, en tant que principal acteur international, n’ont rien fait pour empêcher le renforcement du HTC. En outre, Washington a délibérément encouragé le HTC pour l’utiliser comme contrepoids à Damas et à ses rivaux dans la région – la Russie et l’Iran. Et si les gagnants de ce jeu géopolitique ne sont pas clairs, le perdant est déjà évident : il s’agit du peuple syrien, qui est redevenu une « monnaie d’échange » et a payé de son sang les ambitions d’autres États.
Ce qui vient de se passer en Syrie avec la chute d’un tyran aussi sanguinaire que lâche appelé Bachar Al-Assad, ne déroge pas à la règle selon laquelle ce sont toujours les Arabes qui trinquent et Israël qui se régale, au grand bonheur de ses protecteurs occidentaux.
Faïçal Abroug *
De l’Afghanistan à la Syrie, toute la région arabo-islamique s’inscrit dans le cadre du projet impérialiste du «nouveau Moyen Orient» (qui fait écho au «printemps arabe») : démantèlement des Etats ou ce qui en reste – à l’exception, pour l’instant, des monarchies pétrolières –, réduits à de petites entités inoffensives qui guerroient entre elles dans un chaos généralisé, pour y installer des laquais, et reléguer au Moyen-âge des peuples bien disposés, pour des raisons politiques, sociales et culturelles, à y retourner. Le tout sous les labels de la «démocratie» et de la «libération».
La tâche est aisée. Il suffit d’actionner deux leviers : la religion, l’islam, vécue comme une quête identitaire sacrée et fantasmée permettant de recréer «un passé glorieux» que des obscurantistes de tout bord font miroiter à des populations frappées de pauvreté, d’ignorance et victimes d’injustice et d’oppression, dans le cadre d’un projet d’«Etat islamique» présenté comme la panacée à tous les problèmes de la région. L’islam est également vécu par ces peuples déboussolés comme un mécanisme de défense contre la civilisation occidentale impie qui corrompt la jeunesse et l’éloigne du droit chemin!
Le second levier est le tremplin que tendent à leurs peuples les régimes politiques post-coloniaux : autoritaires, tyranniques, oligarchiques voire souvent sanguinaires, qui plus est, gangrénés par la corruption et le clientélisme.
Outre les trahisons et les erreurs stratégiques comme en témoignent, la guerre d’usure menée par l’Irak contre l’Iran, l’invasion du Koweït par l’Irak ainsi que le ralliement de la Syrie, à l’époque, à l’expédition punitive «multinationale» contre son voisin de l’est, insidieusement baptisée «communauté internationale» et conduite par les Américains, maître du jeu géopolitique dans la région. Sans passer sous silence, bien entendu, le rôle pervers de la Turquie et celui ambigu de l’Iran et de la Russie.
Ces régimes survivent, par ailleurs, sur «une mémoire coloniale» pour se dédouaner de leurs échecs dans tous les domaines : économique, politique et social, conséquences de choix tributaires du diktat des institutions monétaires internationales libérales, faits par certains pays, en contrepartie de dons et surtout de prêts, souvent détournés de leur objectifs par les classes dirigeantes corrompues. Des choix qui, non seulement creusent la dette mais aussi aggravent l’inflation, ce qui se répercute sur le pouvoir d’achat de populations de plus en plus paupérisées.
D’autres régimes de la région se sont orientés vers le bloc socialiste voire communiste, d’autres encore se sont attachés à une identité fantasmée, sous la bannière trompeuse du «nationalisme arabe» sans aucune incidence positive sur le développement de leurs pays ni sur l’épanouissement de leurs citoyens.
Tous les régimes en place dans la région sont, sans exception, mal partis. Ils font le lit de l’islamisme politique et, son corollaire, le terrorisme, au grand bonheur des parrains occidentaux, qui leur font régler la note cash. Et ce qui vient de se passer en Syrie, avec la chute d’un tyran aussi sanguinaire que stupide appelé Bachar Al-Assad, ne déroge pas à la règle selon laquelle ce sont toujours les Arabes qui trinquent et c’est Israël qui se régale, au grand bonheur de ses protecteurs occidentaux. Grenade n’en finit de tomber…
Ce n’est pas un mauvais investissement, c’est une banqueroute. Les vies humaines perdues et les milliards de dollars engloutis par l’Iran en Syrie n’ont pas permis de maintenir au pouvoir Bachar Al-Assad et par ricochet de pérenniser la mainmise de la République islamique sur l’un des pays les plus stratégiques du Moyen-Orient. Un revers géostratégique et un gouffre financier qui ne passent pas dans l’opinion. Les Iraniens sont très en colère contre leurs dirigeants et le font savoir surtout qu’ils souffrent d’une interminable crise économique et de l’hyperinflation.
Imed Bahri
Le New York Times a publié une enquête à ce sujet préparée par sa correspondante pour les affaires iraniennes Farnaz Fassihi, qui affirme qu’après l’effondrement soudain de l’influence iranienne en Syrie et la fuite de Bachar Al-Assad, le gouvernement iranien a été confronté à une réaction populaire violente à cause des milliards de dollars dépensés et du sang iranien versé pour soutenir le régime du dictateur syrien. Et cela prend une ampleur significative.
Les critiques sont venues de milieux inattendus notamment des conservateurs. Ces critiques circulent librement sur les chaînes de télévision, dans les talk-shows, dans les publications sur les réseaux sociaux et dans les forums de discussion virtuels auxquels participent des milliers d’Iraniens. Ils font quotidiennement la une des journaux.
La toile d’araignée syrienne
Un ancien député, Heshmatollah Falahatpisheh, a déclaré dans un message publié sur les réseaux sociaux que les Iraniens devraient se réjouir de la chute de leur ancien allié Bachar Al-Assad. «Personne ne pourra plus gaspiller les dollars iraniens pour entretenir une toile d’araignée», a-t-il ajouté, laissant entendre que le régime du président déchu tenait à un fil ténu.
Alors que les opposants au gouvernement expriment depuis longtemps leur inquiétude face à l’argent que l’Iran dilapide pour entretenir des régimes et des mouvements au Moyen-Orient, ce sentiment semble désormais s’être répandu. Même ceux qui ont combattu au nom de leur gouvernement en Syrie ou qui ont perdu des membres de leur famille dans la guerre civile se demandent si cela en valait la peine.
Le régime d’Al-Assad n’est pas, comme certains l’ont noté, le seul perdant du dernier soulèvement en Syrie. Ibrahim Mottaghi, professeur de relations internationales à l’Université de Téhéran, a déclaré lors d’un débat télévisé que l’Iran était passé d’une puissance régionale à un pays autre.
Certains ont remis en question la stratégie adoptée par Téhéran au cours des dernières décennies qui en a fait une puissance régionale dominante face à Israël et à son principal soutien les États-Unis. Il s’agit d’une stratégie basée sur le soutien de Téhéran à des groupes paramilitaires dans la région et qui ont formé «l’Axe de la Résistance» qui a éclaté aujourd’hui.
Les énormes pertes de l’Iran
Dans un article d’opinion en première page du journal Ham Mehan, l’ancien représentant de l’Iran auprès de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) a attaqué son gouvernement. Le religieux Mohammad Shariati Dehghan a écrit que la défaite d’Al-Assad révélait que la stratégie iranienne était mal avisée et fondée sur des fondations fragiles. Il a appelé à une nouvelle approche qui donne la priorité à la construction d’alliances avec les pays plutôt qu’au soutien aux groupes armés et à la réorientation des fonds et des ressources vers le peuple iranien.
Le NYT estime que ce débat franc et audacieux peut être qualifié d’inhabituel étant donné qu’au cours des dernières années, les dirigeants iraniens ont présenté leur soutien à la Syrie et aux groupes armés alliés combattant Israël comme un principe non négociable de la révolution islamique et une question cruciale de sécurité nationale.
Farnaz Fassihi a cité l’un des éminents analystes basés à Téhéran, Hassan Shimshadi, qui a déclaré: «La discussion sur la Syrie a lieu à tous les niveaux de la société, non seulement dans les médias et les réseaux sociaux mais dans les réunions quotidiennes partout. Les gens se demandent: Pourquoi avons-nous dépensé autant d’argent là-bas? Qu’avons-nous réalisé? Quelle est notre justification maintenant que tout a disparu?»
Shimshadi, qui est proche du gouvernement et qui dirigeait jusqu’à récemment la Chambre de commerce conjointe irano-syrienne, a déclaré que même si la forme des futures relations irano-syriennes est désormais incertaine, le partenariat stratégique construit sur quatre décennies est devenu une relique. Il a déclaré que la liberté dont jouissait depuis longtemps l’Iran pour accéder aux routes d’approvisionnement en Syrie et équiper les militants de la région en armes et autres matériels a disparu.
Le journal note que la réaction officielle du gouvernement iranien a été confuse, le président Masoud Pezeshkian et le ministre des Affaires étrangères Abbas Araghchi cherchant à éloigner les événements en Syrie du peuple iranien. Le président et le ministre des Affaires étrangères ont déclaré que le peuple syrien a le droit de déterminer son avenir politique. Le vice-président iranien chargé des affaires stratégiques Mohammad Javad Zarif a quant à lui déclaré que son pays «est prêt à établir de bonnes relations avec le futur gouvernement syrien», ajoutant : «Nous avons toujours été aux côtés du peuple syrien», comme si demain pouvait être comme hier et que la chute des Chiites Alaouites en Syrie n’allait rien changer aux relations entre Téhéran et Damas.
Les inchallahs du Guide suprême
Cependant, le véritable patron en Iran, en l’occurrence le guide suprême, l’ayatollah Ali Khameneï, a adopté un ton dur dans son premier discours public mercredi dans lequel il commentait les événements en Syrie. Il a imputé la chute d’Al-Assad aux États-Unis et à Israël et a qualifié les opposants qui ont renversé Al-Assad d’agresseurs qui servaient leurs maîtres. Il a également fait allusion au soutien de la Turquie à certains groupes d’opposition en Syrie, ajoutant: «Grâce à Dieu, les territoires occupés en Syrie seront libérés par la courageuse jeunesse syrienne. Il ne fait aucun doute que cela se produira.» Le public composé de plusieurs centaines d’hommes et de femmes assis par terre dans le hall des visiteurs de son complexe a scandé: «Si Dieu le veut». Mais personne n’était dupe des inclallahs du Guide suprême.
Khamenei, dont on se demande s’il était bien informé de la situation réelle dans la région, espérait que l’Axe de la résistance s’étendrait largement dans toute la région et que la puissance de l’Iran augmenterait. En Syrie, son accès au territoire, aux ports et aux aérodromes était si illimité qu’un haut commandant militaire a un jour décrit la Syrie comme une province iranienne.
L’Iran contrôlait des bases militaires, des usines de missiles, des tunnels et des entrepôts qui servaient à la chaîne d’approvisionnement de son réseau de groupes armés. Depuis la Syrie, l’Iran a transféré des armes, de l’argent et un soutien logistique au Hezbollah au Liban et à des militants en Irak.
Matthew Levitt, directeur du programme de lutte contre le terrorisme à l’Institut d’études sur le Proche-Orient de Washington a déclaré: «La Syrie était au centre du plan régional de l’Iran et encerclait Israël dans un cercle de feu. L’axe de la résistance était constitué d’un tabouret à trois pieds à savoir l’Iran, la Syrie et le Hezbollah et il n’existe plus.»
Le chercheur considère que l’Iran était économiquement dépendant de la Syrie. Les achats syriens de pétrole brut et raffiné de l’Iran, malgré les sanctions américaines imposées à ce pays, ont aidé Téhéran à payer les coûts de ses opérations militaires dans la région.
Cinq responsables iraniens ont déclaré qu’après la chute de la Syrie, nombre de leurs collègues désemparés avaient révélé lors de conversations privées que l’Iran avait tout perdu en seulement 11 jours. Les responsables ont déclaré que le gouvernement restait confus et essayait de chercher un moyen de poursuivre les relations avec la Syrie. Les responsables ont déclaré que les dirigeants iraniens seraient satisfaits de tout niveau de présence diplomatique aussi minime soit-il qui pourrait être autorisé par les nouveaux dirigeants en Syrie. Deux des responsables ont déclaré que l’Iran souhaitait éviter l’embarras d’être complètement expulsé de Syrie avec la rupture des relations diplomatiques et la fermeture de son ambassade dans ce pays. Le ministre iranien des Affaires étrangères, M. Araghchi, a déclaré dimanche dans une interview à la télévision d’État que l’Iran fonderait ses prochaines étapes sur les actions des dirigeants de la transition en Syrie. Il a confirmé que l’Iran et les rebelles qui pris le pouvoir à Damas ont déjà échangé des messages et que ces derniers ont accepté les demandes de protection des sanctuaires religieux chiites et des sites diplomatiques iraniens.
Difficile de renouer avec la nouvelle Syrie
Rahman Ghahramanpour, un analyste politique basé à Téhéran, a déclaré lors d’un entretien téléphonique avec le NYT: «L’Iran veut aller dans une direction qui mènera éventuellement à la normalisation de ses relations avec la Syrie mais ce sera très difficile. La première priorité est désormais de garantir que la Syrie ne devienne pas une base contre l’Iran et une rampe de lancement pour attaquer ses intérêts en Irak ou au Liban.»
Ghahramanpour a ajouté que les critiques publiques qui se sont répandues après la chute d’Al-Assad ne pouvaient être contenues et que toute tentative officielle de les modérer n’atténuerait pas l’impact de ce coup dur.
Aujourd’hui, certaines familles de combattants tués lorsque l’Iran a déployé ses forces en Syrie pour aider à sauver Al-Assad et le maintenir au pouvoir se demandent si leurs proches étaient morts en vain.
Dans un article largement diffusé, Ali Reza Makrami, un vétéran iranien qui a combattu dans la guerre civile syrienne et qui dirige aujourd’hui un journal électronique local, s’est montré cinglant dans sa critique de «l’échec catastrophique» de l’Iran en Syrie. Il y écrivait: «Pourquoi avez-vous dépensé jusqu’au bout des milliards de dollars des revenus pétroliers qui appartiennent au peuple iranien pour Al-Assad s’il ne vous a pas écouté? Au moins en ce qui concerne la Syrie, arrêtez de mentir et soyez honnête avec les gens.»
Fassihi estime que les chances que les relations entre l’Iran et la Syrie reviennent à ce qu’elles étaient semblent minces. Dimanche 8 décembre, après le renversement du régime d’Al-Assad, les Syriens ont pris d’assaut l’ambassade iranienne à Damas, arraché les photos des dirigeants iraniens et enlevé le drapeau. Ahmed Al-Sharaa, le leader de facto de la Syrie, a également critiqué publiquement l’Iran. Il a déclaré que le régime d’Al-Assad avait apporté de nombreuses maladies à son pays notamment en transformant la Syrie en une «ferme de la cupidité iranienne».