Normale Ansicht

Es gibt neue verfügbare Artikel. Klicken Sie, um die Seite zu aktualisieren.
Heute — 16. Juni 2025Haupt-Feeds

Guerre Israël-Iran │ Le Moyen-Orient brûle et la loi du plus fort règne!

16. Juni 2025 um 07:58

Les États-Unis ont autrefois freiné Benjamin Netanyahu et l’ont empêché pendant quinze ans d’attaquer l’Iran. Avec Donald Trump, les choses ont changé. Et au-delà de la guerre actuelle au Moyen-Orient, c’est l’ordre international qui est bousculé et plus que jamais c’est la loi du plus fort qui prévaut. Plus aucun pays ne pourra être à l’abri de l’hégémonie des pays plus puissants que lui et cela donne lieu à un monde multicrises et très instable. (Des secouristes devant un bâtiment à Téhéran, l’une des quelque 100 cibles touchées par une frappe israélienne le 13 juin 2025. Ph. Meghdad Madadi/Tasnim News).

Imed Bahri

Une enquête de Steve Bloomfield paru dans The Observer indique que le général Amir Hajizadeh, commandant de l’armée de l’air au sein des Gardiens de la révolution, a tenu une réunion jeudi soir au quartier général du commandement ignorant les conseils d’éviter de se rassembler dans un même endroit. Lui et ses collègues pensaient que la menace d’une attaque israélienne n’allait pas se concrétiser. Ils avaient tort. Le bunker souterrain était l’un des 20 sites frappés par l’aviation israélienne en 15 minutes.

D’autres chefs militaires à l’instar de Hossein Salami, commandant des Gardiens de la révolution, ont été tués à leurs domiciles. Eux aussi avaient été avertis de se réfugier dans des maisons sûres, eux aussi ont ignoré l’avertissement

Des éminents dignitaires militaires iraniens et des chercheurs nucléaires ont été tués (14 à ce jour selon des sources israéliennes). Des radars et des systèmes de défense aérienne ont été détruits ainsi que des parties d’une installation d’enrichissement d’uranium.

Une guerre régionale

Ces attaques, qui ont déclenché une guerre régionale, révèlent les faiblesses du régime iranien, les capacités de renseignement d’Israël et la manière dont le Premier ministre israélien agit sans crainte de rendre des comptes ni de sanctions.

L’auteur ajoute que ces trois facteurs sont au cœur de la nouvelle guerre et soulignent l’instabilité des semaines à venir. Personne en dehors du régime iranien n’est conscient de la faiblesse de son guide suprême Ali Khameneï et de son gouvernement. Khameneï lui-même l’ignore peut-être. Un coup d’État, un effondrement ou un soulèvement sont autant de possibilités.

Les services de renseignement israéliens, critiqués au lendemain du 7 octobre 2023 pour leur incapacité à détecter les préparatifs de guerre du Hamas, avaient obtenu des résultats bien plus importants au cours de l’année écoulée depuis les attaques par bipeurs contre le Hezbollah et les assassinats de dirigeants du Hamas et du Hezbollah en Iran et au Liban jusqu’aux attaques de la semaine dernière. Non seulement Israël savait où se trouvaient les scientifiques et les hauts dirigeants nucléaires iraniens mais ils étaient également au courant des progrès du programme nucléaire du pays.

Bloomfield estime que le troisième facteur inquiète le plus: l’impunité. Quant à Netanyahu, il estime se battre pour préserver le peuple juif et empêcher ce qu’il appelle «un holocauste nucléaire». Alors que, ces quinze dernières années, les présidents américains successifs ont rejeté son idée d’une telle attaque contre l’Iran, Netanyahu ne ressent plus cette contrainte aujourd’hui.

Le Premier ministre britannique Keir Starmer et le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salmane ont appelé samedi à la désescalade mais Israël n’a guère réagi, son ministre de la Défense avertissant que «Téhéran brûlera» si l’Iran continue de tirer des missiles.

L’Iran, de son côté, a averti les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France qu’il attaquerait leurs bases militaires et leurs navires s’ils aidaient Israël à intercepter des missiles et des drones iraniens. Le Premier ministre britannique a annoncé samedi soir l’envoi de nouveaux avions de la Royal Air Force dans la région «pour soutenir la sécurité régionale», faisant fi des avertissements iraniens et affichant ainsi clairement son soutien total à l’expansionnisme d’Israël, Etat belliqueux que la Grande-Bretagne (on l’oublie parfois) avait beaucoup aidé à implanter au Moyen-Orient comme un nid de guêpes au cœur de la région.

Bloomfield estime qu’à la lumière de l’attaque contre l’Iran, la pression internationale sur Israël pour qu’il assouplisse le blocus de Gaza s’est atténuée tandis qu’une conférence sur la création d’un État palestinien a été reportée.

Les germes des conflits futurs

Depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump en 2017, on craint un effondrement de l’ordre international fondé sur des règles en vigueur depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ce sentiment s’est intensifié en février 2022 lorsque la Russie a envahi l’Ukraine et il est devenu plus difficile à ignorer avec le retour de Trump cette année. L’attaque de Netanyahu semble marquer le moment où il est désormais impossible de le nier.

«Nous vivons désormais dans un monde où les États puissants peuvent faire ce qu’ils veulent», a déclaré Bronwyn Maddox, directrice de Chatham House à Londres, avant d’ajouter: «Ce ne sont pas seulement les États qui déclenchent ces conflits, ils ne les arrêtent pas. Les conflits se poursuivent sans relâche».

Non seulement cela entraîne davantage de morts et de destructions aujourd’hui mais cela engendre également des problèmes pour l’avenir. «De nombreuses personnes voient leur vie brisée, cela sème les germes des conflits futurs», explique Maddox.

Peter Ricketts, ancien directeur au ministère britannique des Affaires étrangères et premier conseiller à la sécurité nationale du Royaume-Uni, considère que la période actuelle est la plus inquiétante depuis la Guerre froide. Selon lui, l’approche musclée des États-Unis, de la Russie et de la Chine dans les affaires internationales, conjuguée à la faiblesse des Nations Unies, est une combinaison inédite. Il ajoute: «Même pendant la Guerre froide, la situation était relativement stable entre les puissances et aujourd’hui, toutes les garanties sont tombées. La situation au Moyen-Orient échappe totalement à tout contrôle international».

Bloomfield estime qu’il existe une tendance à idéaliser la puissance américaine et la morale occidentale lorsqu’on évoque la période de la Guerre froide. Cela revient à ignorer son incapacité à intervenir au Rwanda et à empêcher le génocide, la décision des États-Unis et du Royaume-Uni d’envahir et d’occuper l’Irak sur la base de renseignements erronés et d’une idéologie aveugle et sa gestion désastreuse de la Syrie.

Il est clair cependant que l’utilisation de la puissance économique et diplomatique contre Israël et l’Iran a eu un effet. Non seulement elle a freiné pendant des années Netanyahu mais l’Iran était prêt à accepter un accord qui lui aurait permis de développer un programme nucléaire civil. Le précédent accord de Vienne signé en 2015 était certes imparfait, chaotique et fréquemment violé mais il a fonctionné.

Ricketts estime que les attaques actuelles renforceront à terme la détermination de l’Iran à se doter de l’arme nucléaire. «À court terme, elles retarderont considérablement le programme mais à long terme, les Iraniens redoubleront d’efforts. Israël ne peut pas voler le savoir des ingénieurs iraniens», estime le diplomate britannique. 

Selon Maddox, la décision de Trump d’abandonner le traité iranien d’Obama, sous la pression de Netanyahu, a conduit au scénario qu’ils prétendaient tous deux vouloir éviter. Ils ont poussé l’Iran au bord de la bombe nucléaire et c’était évitable.

Un monde où tout est permis

Si la situation au Moyen-Orient est terrifiante, les conséquences de ces derniers jours se répercuteront également ailleurs dans le monde. La Russie a déjà clairement indiqué que les frontières internationales n’avaient aucune importance, et ses voisins membres de l’Otan –l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie– doutent que l’alliance leur vienne en aide si la Russie envoie des troupes pour occuper leurs territoires. Maddox affirme que la Chine ne tentera peut-être pas de prendre Taïwan par la force mais «cela peut rendre la vie de Taïwan très difficile» sans grande menace de réaction de la part de Trump.

«Les pays prennent les choses en main», déclare Ivo Daalder, ancien conseiller en politique étrangère de Bill Clinton et Barack Obama, avant d’ajouter: «La Corée du Nord pourrait décider que le moment est venu de s’emparer d’une partie de la Corée du Sud. Je ne suis pas tout à fait certain que les États-Unis interviendraient»

Dans les prochaines 24 heures, des avions transportant des dirigeants du «monde libre» atterriront en Alberta, au Canada, pour la 51e réunion du G7. Cette réunion des plus grandes puissances occidentales, quelques jours seulement après une guerre potentiellement catastrophique au Moyen-Orient, devrait être le signe que l’ordre mondial fondé sur des règles, aussi imparfait soit-il, peut encore tenir et freiner les activités militaires inconsidérées dans une région instable.

Toutefois, nous sommes désormais dans un monde nouveau. Les dirigeants s’exprimeront et pourraient publier une déclaration appelant au calme mais rien de ce qui se dira en Alberta ne devrait empêcher Israël et l’Iran d’intensifier le conflit. «Partout où l’on regarde, des puissances plus fortes tentent de dominer des voisins plus faibles. Nous sommes désormais dans un monde où tout est permis», affirme Ricketts.

L’article Guerre Israël-Iran │ Le Moyen-Orient brûle et la loi du plus fort règne! est apparu en premier sur Kapitalis.

Ältere BeiträgeHaupt-Feeds

L’Iran bombardé : la stratégie du choc pour un changement de régime ?

13. Juni 2025 um 15:22

Au-delà des cibles militaires et nucléaires, les frappes israéliennes en cours contre l’Iran semblent viser le cœur même du pouvoir à Téhéran. Selon plusieurs sources américaines relayées par CNN et The New York Times, l’État hébreu n’écarte plus l’hypothèse d’un effondrement du régime, consécutif à une guerre d’usure savamment orchestrée.

Officiellement, Israël affirme vouloir empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire. « Nous traitons désormais avec la tête du serpent », a déclaré le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, vendredi 13 juin. Mais derrière ce discours sécuritaire transparaît une stratégie plus profonde : fragiliser durablement l’État iranien pour forcer un tournant politique, voire institutionnel.

Un rapport du renseignement américain cité par CNN évoque le changement de régime comme une visée latente, persistante dans les cercles sécuritaires israéliens. Bien que les frappes n’aient pas officiellement cet objectif déclaré, plusieurs responsables américains estiment qu’Israël voit dans l’opération actuelle une opportunité historique.

Selon le New York Times, les premières frappes ont visé des personnalités de premier plan au sein de l’appareil militaire iranien : le chef d’état-major Mohammad Bagheri, le commandant des Gardiens de la Révolution Hossein Salami et plusieurs généraux auraient été tués. Cette attaque ciblée, au cœur même de Téhéran, aurait désorganisé la chaîne de commandement, sans précédent depuis la guerre Iran-Irak.

Une logique de négociation sous les bombes

La séquence actuelle semble s’inscrire dans une tactique dite des « pourparlers sous les bombes » : intensifier la pression militaire pour forcer l’adversaire à la table des négociations dans une posture de faiblesse. Téhéran doit justement reprendre prochainement des discussions indirectes avec Washington sur le dossier nucléaire. Pour un analyste proche des services de renseignement américains, « plus le régime est occupé à contenir les incendies internes, plus il devient perméable aux concessions externes ».

L’administration Trump, selon plusieurs fuites, avait été informée à l’avance du plan israélien, sans pour autant y apporter un soutien militaire direct. Cette posture ambiguë reflète les divisions stratégiques à Washington sur la gestion du dossier iranien.

Des précédents historiques contrastés

Ce type de stratégie n’est pas sans précédent. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont tenté à plusieurs reprises de provoquer des changements de régime dans la région. En Iran même, la CIA avait orchestré en 1953 l’opération Ajax, renversant le Premier ministre Mohammad Mossadegh. Mais les tentatives plus récentes illustrent la complexité — voire l’échec — de telles entreprises.

Irak, Libye, Syrie : des résultats ambigus

L’invasion de l’Irak en 2003, motivée par la crainte d’armes de destruction massive, a certes conduit à la chute de Saddam Hussein, mais au prix d’un effondrement institutionnel, de la montée du terrorisme et d’une instabilité régionale durable.

La Libye, en 2011, a connu une trajectoire similaire : l’intervention internationale contre le régime de Kadhafi a débouché sur un chaos prolongé, avec un État failli et des milices rivales.

En Syrie, malgré un long siège international et des pressions militaires indirectes, le régime de Bachar al-Assad a résisté plus de dix ans avant de s’effondrer brutalement en décembre 2024, à la suite d’une offensive rebelle inattendue. Cette chute tardive montre que même les régimes les plus enracinés peuvent finir par vaciller… ou se maintenir contre toute attente.

Un pari stratégique risqué

Pour Israël, l’option d’un effondrement contrôlé du régime iranien paraît séduisante. L’État hébreu espère peut-être reproduire, à une échelle bien plus grande, la dynamique observée au Liban : les frappes de 2024 contre le Hezbollah avaient affaibli durablement son emprise politique.

Mais ce pari reste à haut risque. L’Iran dispose encore d’un appareil sécuritaire résilient et d’une base sociale mobilisable en cas de menace extérieure. L’effet de « ralliement autour du drapeau » pourrait paradoxalement renforcer le régime face à une agression étrangère.

Le Guide suprême Ali Khamenei a déjà promis une riposte « douloureuse et irréversible ». Une escalade directe — voire un embrasement régional — reste possible si Téhéran choisit la confrontation au lieu de la négociation.

L’article L’Iran bombardé : la stratégie du choc pour un changement de régime ? est apparu en premier sur webdo.

Khomeini et Khamenei │ A la recherche du masque poétique

04. Juni 2025 um 07:39

En un jour de juin 1989, comme aujourd’hui, lorsque Rouhollah Khomeini, le fondateur de la République islamique d’Iran, est décédé, de nombreux Iraniens – partisans comme opposants au régime– furent frappés par une révélation inattendue. La télévision d’Etat annonça, à la surprise générale, que l’ayatollah était poète, et diffusa un poème inédit, jamais entendu de son vivant.

Mostafa Khalaji *

L’un des vers de ce poème disait : «J’attends l’émancipation à la mi-khordad» (vers mi-juin, selon le calendrier persan). Nombre de ses partisans y ont vu une prédiction de la date de sa propre mort, une prophétie en somme.

Depuis, le régime a publié à grand renfort des moyens un recueil intitulé ‘‘Le Divân de l’Imam’’, tiré à plusieurs millions d’exemplaires, distribué dans l’ensemble des organismes du pouvoir, bibliothèques et universités, et largement diffusé parmi ses partisans.

Pourquoi Khomeyni en poète surprend-il ?

Ces poèmes, d’après les spécialistes, ne présentent pas de qualité littéraire ou esthétique notable : ils se réduisent à un assemblage de jeux de mots, et d’expressions inspiré par la tradition littéraire iranienne, souvent qualifiées de «termes mystiques», sans originalité formelle. Bien que ses partisans aient qualifié Khomeini de «poète mystique» — une désignation prestigieuse dans la culture persane—, mais cette qualification suscitait de nombreuses réserves et contradictions.

L’Iran, terre de poésie, a vu, au cours d’un millénaire, ses poètes de Ferdowsi et Khayyâm et de Nima Yushij à Ahmad Shamlou, assurer la richesse du persan, langue officielle du pays.

La poésie et les poètes occupent donc une place éminente dans la culture iranienne. Le ‘‘Divân’’ de Hâfez de Shiraz reste le livre le plus populaire et le plus vendu en Iran, présent lors des grandes célébrations comme le Nouvel An persan ou bien la fête de Yalda (solstice d’hiver).

Dans ce contexte, présenter Khomeini comme un poète visait sans aucun doute à renforcer son influence et celle du régime et orner sa mémoire en lui donnant une aura romantique. Cette instrumentalisation de la poésie s’inscrit dans une stratégie plus large de sacralisation du pouvoir.

Mais malgré les moyens colossaux investis dans le projet, cette opération de séduction échoua pour deux raisons principales : la manière dont Khomeyni s’était exprimé dans ses discours et son comportement.

Les Iraniens avaient entendu Khomeini s’exprimer en persan : loin d’être un orateur raffiné, il employait un langage simple et dépouillé, marqué d’un accent populaire. Jamais il ne recourait à des proverbes ni à des extraits des grands poèmes persans pour illustrer ses propos.

C’est pourquoi sa soudaine transformation en poète fut perçue comme peu crédible par le peuple, d’autant plus que son comportement témoignait peu de sympathie envers les écrivains et les poètes. Aux débuts de la révolution, il prononça des discours virulents dénonçant les intellectuels, écrivains et journalistes, entraînant la censure de nombreux ouvrages.

La célèbre fatwa appelant à l’assassinat de l’écrivain d’origine indienne, Salman Rushdie, émise à la fin de la vie de Khomeyni, demeure aujourd’hui l’exemple le plus marquant de son hostilité envers la littérature.

Khamenei : «poésie d’État» sous une autre forme

De son vivant, Khomeini ne s’est jamais présenté publiquement comme poète. S’il l’était, cela restait limité à un cercle très restreint. Mais après sa mort, son successeur, Ali Khamenei, adopta une approche tout à fait différente : il affirma immédiatement, ouvertement, être poète. Il composa même un poème en réponse à celui écrit par Khomeyni et publié après son décès.

Dès le début du mandat de Khamenei, la machine de propagande du régime s’activa à promouvoir l’image d’un leader-poète. Le guide suprême ordonna ainsi l’organisation annuelle, à la mi-Ramadan, d’une séance de poésie dans son bureau, avec la participation de poètes fidèles au régime – un écho direct aux cours royales d’antan où les rois recevaient les poètes.

Lors de ces réunions, Khamenei récitait ses propres poèmes, concluant chaque rencontre par un discours soulignant la nécessité d’allier poésie et révolution. Il cherchait à faire de la poésie une arme idéologique contre ses ennemis, tant internes qu’externes.

Il a qualifié les poètes proches du pouvoir de»soldats du pouvoir doux« )soft power (dans la guerre contre les ennemis de la République islamique, et les a incités à composer sur des thèmes tels que les «trahisons des États-Unis», notamment après le retrait de Washington en 2018 de l’accord historique sur le nucléaire.

Autrefois stupéfait d’apprendre que Khomeini écrivait des poèmes, le peuple iranien ne fut guère surpris d’apprendre que Khamenei en écrit également. Toutefois, tout comme personne n’avait jamais acheté spontanément un recueil de poèmes de Khomeini ni ne les avait lus en privé, personne ne prit non plus au sérieux les ambitions poétiques de Khamenei.

Compte tenu du niveau élevé de la poésie en Iran et de sa riche tradition littéraire, les textes poétiques de Khomeini comme de Khamenei apparaissent comme de simples jeux de mots, les efforts infructueux d’amateurs passionnés.

Poésie et pouvoir : pour ou contre ?

Le critique littéraire exilé Faraj Sarkouhi souligne que Khamenei, originaire de Machhad — ville natale de nombreux grands poètes — avait côtoyé certains milieux poétiques et fréquenté quelques cercles littéraires avant la Révolution. Toutefois, selon lui, la poésie de Khamenei ne dépassait pas le niveau des poètes amateurs de ces cercles.

Par ailleurs, les Iraniens doutent profondément de la sincérité du lien de Khamenei avec la poésie, car il est perçu comme un adversaire des écrivains et poètes indépendants, ayant à plusieurs reprises ordonné des mesures répressives à leur encontre.

M. Sarkouhi a confié dans un article qu’un jour, Khamenei a contacté Mehdi Akhavan Sales, un poète moderne qu’il connaissait avant la Révolution, pour lui demander de composer des poèmes en soutien à la République islamique. Akhavan Sales lui répondit : «Nous, les poètes, avons toujours été contre le pouvoir, jamais pour le pouvoir.» 

Quelques jours après cette réponse, Akhavan Sales fut agressé en pleine rue par des inconnus et sa pension de retraite fut suspendue.

* Journaliste iranien.

L’article Khomeini et Khamenei │ A la recherche du masque poétique est apparu en premier sur Kapitalis.

❌
❌