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Kaïs Saïed célèbre la révolution tunisienne à Sidi Bouzid

18. Dezember 2024 um 09:23

Pour Kaïs Saïed, la révolution tunisienne n’a pas eu lieu avec la fuite de Ben Ali, le 14 janvier 2011, qui n’est selon lui que l’aboutissement d’un mouvement déclenché, le 17 décembre 2010, à Sidi Bouzid. Et c’est cette date qu’il célèbre désormais officiellement.      

C’est ainsi que le président de la république a effectué, mardi 17 décembre, une visite dans plusieurs délégations relevant du gouvernorat de Sidi Bouzid, à l’occasion du 14e anniversaire de la révolution tunisienne. Lors de sa visite à la délégation de Mezzouna, il a rencontré des habitants devant le Complexe du plastique.

À cette occasion, les citoyens ont exprimé leurs attentes et préoccupations et réclamé de relancer ce complexe qui permet de créer des emplois aux habitants de la région.

Ensuite, le président Saïed s’est rendu dans la délégation de Menzel Bouzayène, où il a visité le cimetière de la ville pour réciter la fatiha à la mémoire du martyr Chokri Nasri. Il a, à cette occasion, rencontré des citoyens qui ont réclamé davantage de services dans la région.

Le chef de l’État s’est ensuite dirigé vers la région de Nfidhet El Akerma, où il a visité le cimetière local et récité la fatiha à la mémoire de Mohamed Amari, premier martyr de la révolution tunisienne, qui a succombé, le 24 décembre 2010.

Au terme de sa visite, le président de la république s’est rendu dans la délégation de Regueb, où il a échangé avec des citoyens qui ont évoqué les difficultés rencontrées dans la région.

Ils ont, à ce propos, réclamé l’aménagement des pistes agricoles, l’amélioration des services de santé de base et l’identification de solutions durables pour la récolte d’olives, qui pose cette année de gros problèmes aux producteurs.

Avant de se rendre à Sidi Bouzid, Saïed s’était rendu à Ben Guerdane et Gabès où il est également allé à la rencontre des citoyens pour entendre leurs doléances.

«La Tunisie est entrée dans une nouvelle phase de son histoire et on œuvre actuellement à trouver des solutions radicales aux revendications du peuple tunisien», a déclaré le chef de l’Etat, selon le communiqué de la présidence de la république, en soulignant, une nouvelle fois, que «la Tunisie mène une guerre de libération nationale et il ne nous reste que la victoire et la reconstruction»

En célébrant la fête de la révolution dans des régions du sud et du centre, en allant à la rencontre de l’arrière pays, qui plus est le 17 décembre et non le 14 janvier, le président Saïed a voulu signifier que la chute de l’ancien régime a commencé avec le soulèvement des populations de l’intérieur, et la fuite de Ben Ali n’aura été que le couronnement de ce mouvement. Pour certains de ses partisans, le 14 janvier était plutôt le début de la contre-révolution ou de la restauration de l’ancien régime sous une nouvelle forme, ce à quoi la proclamation de l’état d’exception, par le président Saïed, le 25 juillet 2021, était venu mettre fin.

«Le processus révolutionnaire doit se poursuivre en vue d’assainir [le pays] et afin que la construction soit solide et ne tombe pas», a souligné Saïed. «Nous sommes dans une course contre la montre et nous voulons accélérer l’histoire afin que personne ne subisse d’injustice et que personne n’échappe non plus à la reddition des comptes», a-t-il ajouté.

«Chaque responsable doit garder à l’esprit, à tout moment en tout lieu, les souffrances des misérables et des pauvres et œuvre à réduire les obstacles», a par ailleurs déclaré le président, ajoutant que la montre ne revient jamais en arrière, en tout cas pas l’avant 17 décembre 2010 ou l’avant 25 juillet 2021.

«Les défis son énormes en raison des décennies de destruction et de corruption généralisée et il est du droit du peuple tunisien de demander des comptes et d’exiger l’assainissement de l’administration», a encore déclaré Saïed qui, selon ses termes, mène une nouvelle guerre de libération nationale contre ce qu’il considère comme l’ennemi intérieur.

I. B..

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8 ans de prison pour Belhassen Trabelsi et Hamadi Touil

16. Dezember 2024 um 21:43
8 ans de prison pour Belhassen Trabelsi et Hamadi Touil

La cour spécialisée dans les affaires de corruption financière du tribunal de première instance de Tunis a prononcé, le 16 décembre 2024, une peine de huit ans de prison avec exécution immédiate à l’encontre de Belhassen Trabelsi, le beau-frère du défunt président Zine El Abidine Ben Ali, et de l’homme d’affaires Hamadi Touil. Ces derniers […]

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Ne nous réjouissons pas trop vite de la chute d’Al-Assad

09. Dezember 2024 um 10:07

Aujourd’hui, alors que des célébrations populaires accompagnent les bouleversements en Syrie, avec la fuite de Bachar Al-Assad et la prise de la capitale Damas par les rebelles armés de Haya’at Tahrir Al-Sham, il est impératif de nous interroger : à qui profitent ces révolutions et ces désordres?

Khémaïs Gharbi *

Depuis plus de deux décennies, le monde arabe est le théâtre de bouleversements majeurs qui ont souvent été célébrés avec enthousiasme par les puissances occidentales et forcément par les populations locales galvanisées par l’espoir de changements et de démocratie. 

La chute de Zine El-Abidine Ben Ali en Tunisie en 2011 a marqué le début d’une vague de révolutions, suivie par celle de Mouammar Kadhafi en Libye la même année, et de Hosni Moubarak en Égypte. Ces événements, bien que prometteurs pour certains, ont également ouvert la porte à des souffrances incommensurables et à une instabilité profonde.

À cela s’ajoute l’invasion de l’Irak menée par les États Unis d’Amérique et leurs alliés, la chute de Saddam Hussein en 2003, dont l’exécution, un jour de fête musulmane, a marqué un affront inoubliable pour l’histoire et la dignité de la région.

Aujourd’hui, alors que des célébrations similaires accompagnent les bouleversements en Syrie, avec la fuite de Bachar Al-Assad et la prise de la capitale Damas par les rebelles armés de Haya’at Tahrir Al-Sham, il est impératif de nous interroger : à qui profitent ces révolutions et ces désordres? Ces événements, souvent initiés ou encouragés depuis l’étranger avec l’appui de certaines oppositions locales, ont plongé des millions de personnes dans le chaos. Derrière ces apparentes victoires populaires se cache une réalité sombre : une vague de destructions et de souffrances qui ne sert que les intérêts d’acteurs géopolitiques étrangers.

Les commanditaires et les victimes

Il ne suffit pas de constater les ruines. Il faut identifier les bénéficiaires pour comprendre qui tire les ficelles de ces bouleversements. Ceux qui applaudissent la chute des régimes arabes ne le font pas pour servir les aspirations des peuples à la liberté ou à la justice. Ils agissent au nom de leurs propres agendas : redessiner des frontières, affaiblir des nations, et imposer de nouvelles formes de domination.

Les révolutions qui ont balayé le monde arabe, de la Tunisie à la Syrie, ont permis aux anciennes puissances coloniales de tenter de réaffirmer leur contrôle sur des régions qui avaient pourtant arraché leur indépendance après la Seconde Guerre mondiale, grâce au droit des peuples à l’autodétermination prôné par Woodrow Wilson puis par Franklin Roosevelt.

Aujourd’hui, cette dynamique semble inversée. Les puissances qui avaient perdu leur emprise sur les pays arabes au milieu du XXᵉ siècle tentent un retour en force, cette fois avec l’appui des États-Unis. Ce projet, que certains appellent un «nouveau Sykes-Picot», repose sur une recomposition des influences et des frontières au détriment des populations locales.

N’applaudissons pas nos malheurs !

Dans ce contexte, il est légitime de se demander pourquoi, nous, Arabes, nous nous retrouvons souvent dans le camp de ceux qui se réjouissent de la chute de nos propres dirigeants, même lorsqu’ils résistent à ces projets d’ingérence. Applaudir la chute de Bachar Al-Assad ou de n’importe quel autre dirigeant sous prétexte de changement ne fait que nous aligner sur les intérêts de nos ennemis communs. Il y a une profonde incohérence à partager les gradins avec des supporters qui œuvrent contre notre souveraineté.

Nous devons refuser de devenir les complices de notre propre affaiblissement. Il ne s’agit pas ici de défendre des régimes ou des individus, mais de défendre le principe fondamental de l’indépendance et la dignité nationales. Si nous continuons à applaudir les bouleversements orchestrés à notre encontre, nous ne ferons que prolonger notre propre souffrance.

Un appel à la conscience patriotique

L’heure est venue pour les vrais patriotes de prendre conscience de la gravité de la situation. Nous glissons sur un toboggan qui nous mène droit vers l’effondrement total. Il faut stopper cette hémorragie. Cela commence par cesser de nous diviser et de nous critiquer systématiquement les uns les autres, car cette fragmentation ne fait que servir ceux qui veulent nous ramener à l’âge de pierre, comme l’avait cyniquement prédit George W. Bush en 2001.

Il est temps de réfléchir à l’avenir et de résister à ces vagues de destruction qui se succèdent sous prétexte de «printemps» ou de «libération». Les véritables ennemis ne sont pas ceux que nous désignons à la hâte parmi nous, mais ceux qui manipulent les fils en coulisse pour servir leurs propres intérêts. Si nous ne changeons pas de cap, la roue continuera de tourner, et les prochaines victimes seront inévitablement parmi nous.

Ne soyons pas les artisans de notre propre perte

L’histoire récente nous a appris que les bouleversements ne sont jamais anodins. Il est temps de tirer les leçons de ces expériences pour éviter de tomber encore et encore dans le même piège.

Soyons lucides. Ne célébrons pas trop vite la chute d’un dirigeant sans comprendre les implications profondes de cet événement. Seules la vigilance et l’unité peuvent nous permettre de sortir de ce cycle destructeur et de construire un avenir qui serve réellement les intérêts de nos peuples.

* Ecrivain et traducteur.

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