Plusieurs parties ont exprimé leur solidarité avec le directeur du lycée de Mezzouna qui a été convoqué et placé en garde à vue, dans la soirée de ce mardi 15 avril, dans le cadre de l’enquête ouverte sur le décès des trois èlèves.
Au-delà du deuil et de la douleur, le drame de Mezzouna, où l’effondrement d’un mur du lycée a coûté la vie à trois lycéens, a soulevé une vague d’indignation et des interrogations notamment sur la responsabilité dans ce drame.
Alors que l’enquête se poursuit avec plusieurs interrogatoires en cours, une information a circulé ce soir sur l’arrestation du directeur du lycée.
En réaction, plusieurs parties et activistes de la société civile ont dénoncé cette décision estimant qu’il est victime d’injustice et affirmant qu’il avait par ailleurs alerté sur l’état dudit mur et du danger qu’il représente.
Un courrier qui lui a été attribué et qu’il aurait adressé à la délégation régionale de l’Éducation a même été diffusé sur les réseaux sociaux, avec des appels à la libération du directeur du lycée.
Ils ont par ailleurs appelé à la nécessité d’une enquête impartiale qui ne fasse pas du directeur un bouc émissaire commode… : « Honorer la mémoire des victimes, c’est exiger la vérité, établir les responsabilités à tous les niveaux et garantir que de tels drames ne se reproduisent plus jamais », ont-ils notamment commenté.
Le porte-parole officiel du tribunal de première instance de Sidi Bouzid, Jawher El Ghabsi, a confirmé l’arrestation du directeur du lycée de Mezzouna suite au drame survenu dans l’établissement, où l’effondrement d’un mur a coûté la vie à trois élèves. Dans une déclaration accordée à la chaîne Al Tassiâ, mardi 15 avril 2025, il a […]
Le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) a lancé un cri d’alarme ce mardi 15 avril 2025, suite au drame survenu hier à Mezzouna, dans le gouvernorat de Sidi Bouzid.
L’effondrement d’un mur dans un lycée de la région a coûté la vie à trois élèves et blessé grièvement deux autres, suscitant une vive indignation et mettant en lumière la vétusté alarmante des infrastructures dans les écoles publiques.
Face à ce drame, le FTDES appelle le gouvernement à prendre des mesures urgentes notamment la mise en place d’un plan de sauvetage immédiat pour rénover et sécuriser les écoles, les collèges et les lycées publics à travers le pays.
Dans son communiqué, l’organisation a pointé du doigt les politiques d’austérité estimant que celles-ci ony conduit à l’abandon progressif des infrastructures scolaires et au désengagement de l’État de sa mission fondamentale de garantir un accès à une éducation sûre et de qualité pour tous.
« Au lieu d’être des espaces d’apprentissage et d’épanouissement, les établissements scolaires tunisiens se transforment en lieux de danger, de violence et de mort lente », déplore le FTDES, qui souligne que « toute réforme éducative digne de ce nom doit impérativement commencer par le respect de la dignité des élèves et des enseignants, ainsi que par la création d’un environnement scolaire sain et sécurisé ».
Outre l’appel à un plan de sauvetage urgent, le FTDES exige l’ouverture immédiate d’une enquête rigoureuse et transparente afin d’identifier et de traduire en justice toutes les personnes ayant des responsabilités administratives et pénales dans ce drame, y compris celles ayant fait preuve de négligence.
Enfin, le FTDES a estimé que le drame de Mezzouna « n’est que le tragique symptôme de l’effondrement progressif des services publics en Tunisie et de la crise profonde qui frappe le secteur de l’enseignement», tout en exprimant son inquiétdue quant à la dégradation avancée des infrastructures qui touche des centaines d’établissements scolaires, exposant quotidiennement élèves et personnel éducatif à des risques considérables, et ce, particulièrement dans les régions marginalisées.
Le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) a appelé, ce mardi, à la mise en place d’un plan de sauvetage urgent pour les écoles et lycées publics.
Dans un communiqué publié sur sa page officielle suite à l’effondrement, hier lundi, du mur d’un lycée secondaire à Mezzouna (gouvernorat de Sidi Bouzid) et le décès de trois élèves au baccalauréat, le FTDES souligne que ce plan devrait inclure un inventaire complet des établissements scolaires en péril.
Selon le FTDES ce drame est la conséquence de l’absence d’entretien et du désengagement de l’État qui se doit de garantir toutes les conditions de sécurité dans tous les établissements scolaires sans exception.
En outre, le forum revendique l’ouverture immédiate d’une enquête sur le drame de Mezzouna pour déterminer les responsabilités administratives et pénales accusant le ministère de l’éducation d’être le premier responsable de cet accident tragique étant donné qu’il a manqué à son devoir d’entretenir le mur bien qu’il en était avisé par la société civile.
La Tunisie entière est en deuil après le tragique effondrement du mur d’une école à Mezzouna, dans le gouvernorat de Sidi Bouzid, qui a coûté la vie à plusieurs élèves. Ce drame poignant ravive une douleur profonde et collective, rappelant que la jeunesse tunisienne continue de payer un lourd tribut, souvent victime d’un système défaillant et d’un enchaînement de négligences.
De son côté Elyes Kasri, analyste politique et ancien ambassadeur dresse un état des lieux, en déclarant comme suit : “Après le drame effroyable de Mezzouna, viendra l’avalanche de larmes, certaines sincères et d’autres de crocodiles, ainsi que la sempiternelle chasse aux boucs émissaires.
Hélas, il ne serait pas excessif de penser que nous sommes tous coupables. Certains par commission. Mais, l’écrasante majorité par omission et acquiescement plus ou moins complice, chacun selon ses contraintes et raisons propres, d’un concours de circonstances et de choix aux conséquences tragiques.
Au point où en est arrivée la Tunisie, l’effroyable drame de Mezzouna n’est malheureusement ni le premier ni le dernier accident dont sont victimes des jeunes tunisiens ravis à la fleur de l’âge.
Si les parents des jeunes de Mezzouna, face à leur tragédie poignante, pourront quand même enterrer leurs enfants morts prématurément et insensément, d’autres parents tunisiens n’auront pas eu ce réconfort, car la mer aura étouffé l’énergie du désespoir et englouti le sursaut d’une dernière chance qui ont poussé leurs enfants à l’exil et au naufrage.
Dans une transe morbide, la Tunisie ne cesse de compromettre son avenir et de malmener ses jeunes.”
Ce drame, qui a coûté la vie à plusieurs jeunes élèves et en a blessé d’autres, a suscité une vive émotion dans la région, accompagnée de manifestations et d’appels à la responsabilité des autorités. D’où la nécessité urgente de rénover les infrastructures scolaires et de renforcer la prévention des risques. Et ce, afin de protéger l’avenir de la jeunesse tunisienne et d’éviter que de telles tragédies ne se reproduisent.
Les habitants de Mezzouna, dans le gouvernorat de Sidi Bouzid, ont manifesté massivement ce mardi 15 avril 2025, au lendemain du drame ayant coûté la vie à trois élèves, victimes de l’effondrement d’un mur dans un lycée local. Après les funérailles, les citoyens, visiblement bouleversés, sont descendus dans les rues pour exprimer leur colère. Des […]
Des partis politiques ont appelé à établir les responsabilités dans le drame de Mezzouna qui a coûté la vie à trois élèves et blessé deux autres suite à l’effondrement d’un mur, menaçant ruine, d’un lycée dans cette ville. Les partis al-Joumhouri, le Courant Populaire, Ennahdha, al-Massar et le Parti destourien libre ont pointé du doigt […]
La Tunisie entière est en deuil suite à la triste nouvelle de l’effondrement du mur d’une école à Mazzouna (Sidi Bouzid). Ameur Bahba, professeur agrégé en géographie, chercheur spécialisé dans les risques naturels et expert en météorologie tunisienne, est intervenu sur les ondes de Jawhara FM pour commenter cela.
Ameur Bahba a affirmé que la vitesse du vent enregistrée au moment de l’incident ne pouvait en aucun cas être à l’origine de l’effondrement du mur de l’école de Mazzouna.
Selon lui, cette vitesse était de 39 km/h. Ce qui est insuffisant pour provoquer un tel drame. Ameur Bahba a par ailleurs avancé l’hypothèse que le mur, construit de manière traditionnelle au début des années 1980, aurait été fragilisé par la secousse sismique survenue à Sidi Bouzid en février dernier.
Le président de l’Assemblée des représentants du peuple, Brahim Bouderbala, a affirmé, mardi, l’engagement du Parlement à suivre de près les circonstances du “drame de Mezzouna”, qui a coûté la vie à trois élèves et blessé deux autres suite à l’effondrement d’un mur, menaçant ruine, dans un lycée. S’exprimant à l’ouverture de la séance plénière […]
Le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) a appelé, ce mardi, à la mise en place d’un plan de sauvetage urgent pour les écoles et lycées publics. Dans un communiqué publié sur sa page officielle suite à l’effondrement, hier lundi, du mur d’un lycée secondaire à Mezzouna (gouvernorat de Sidi Bouzid) et […]
Dans ce billet, l’auteure réagit, en tant que citoyenne, mère, enseignante, au décès accidentel, hier, lundi 14 avril 2025, de trois élèves de 18 et 19 ans dans l’effondrement d’un mur d’enceinte de leur lycée à Mezzouna dans le gouvernorat de Sidi Bouzid, drame qui a bouleversé tous tout un pays.
Hanen Ghanmi *
La vie s’est arrêtée ce matin. Trois rires, trois destins, trois étoiles éteintes sous les décombres d’un passé qui n’aurait jamais dû ressurgir. Je suis citoyenne, mère, enseignante… et aujourd’hui, je ne suis plus que douleur, mêlée à la poussière des pierres qui ont volé vos rêves.
Citoyenne, je regarde cette ville qui vacille. Les murs fissurés par l’indifférence, les cris étouffés par l’oubli. Comment avons-nous pu laisser mourir l’avenir dans l’indolence ? Les rapports alertaient, les parents suppliaient, les enfants passaient chaque jour sous l’épée de Damoclès d’un mur oublié. Et nous, nous, avons détourné les yeux.
Mère, je cherche vos visages dans la foule silencieuse. Trois garçons qui auraient dû courir vers leurs examens, leurs premiers amours, leurs espoirs. Je pense à vos mères, dont les bras tremblent maintenant de vide. Leur souffle est un cri rauque, un «Pourquoi eux ?» qui déchire le ciel gris.
Enseignante, je ferme les manuels. À quoi bon les équations, les poèmes, les leçons de vie, quand la vie elle-même est ensevelie? Hier encore, je leur parlais d’architecture, de solidité, de construire l’avenir. Aujourd’hui, l’ironie me mord l’âme : c’est un mur d’hier qui a tué leur avenir.
Je les imaginais ingénieurs, artistes, médecins. Ils sont devenus fantômes, et moi, gardienne d’une mémoire trop lourde. Leurs noms résonnent dans les couloirs vides : Mehdi, Youssef, Rayan. Des syllabes qui sonnent comme un glas.
La ville de Mezzouna pleure, mais ses larmes ne lavent pas la honte. Les bulldozers ronronnent enfin, mais ils ne rendront pas les battements de cœur qui manquent à l’appel. Je m’accroche à ce qui reste : des stylos sans mains, des rires en écho, une colère sourde qui dit «Plus jamais ça».
Plus jamais ça.
Mais les murs ont la mémoire longue, et les plaies des mères, éternelles.
Enfin, au nom de toute la communauté scolaire, j’adresse mes pensées les plus sincères et mes vœux de prompt rétablissement aux deux lycéens blessés lors de ce tragique accident. Que le courage et le soutien de leurs proches, de leurs camarades et de leurs enseignants les accompagnent dans cette épreuve difficile. Nous espérons de tout cœur les revoir bientôt parmi nous, en pleine santé, pour poursuivre leurs rêves et retrouver la chaleur de la vie scolaire.
* Professeur à l’Ecole nationale d’ingénieurs de Gafsa.
La chute du mur de Mezzouna, village de Sidi Bouzid, localité dont est issu le changement majeur de 2011, appelé par certains « révolution », qui a provoqué la mort de trois jeunes lycéens et envoyé deux autres à l’hôpital, a quelque chose de commun avec la chute du mur de Berlin dans la phantasmagorie populaire. La symbolique !
C’est d’ailleurs propre aux mythologies anciennes de signifier la chute d’un mur par le passage à un autre ordre. Mais notre mur à nous cette fois-ci, est tout simplement un mur, comme il y’en a des milliers d’autres chez nous. Mal construit dés le départ, puisque sans fondation, et parait-il avec des cubes en ciment (qalib) et qui date de 1983. Tout le monde sait qu’il va s’écraser un jour.
La municipalité du coin, pour se dédouaner, a publié quelques heures après le désastre, un communiqué pour que les citoyens évitent de s’appuyer sur les murs qu’elle identifie. Les responsables de cette mairie n’ont donc pas pris la décision de les abattre. Sachant que la loi est de leur côté, sachant aussi qu’ils constituent un danger mortel. Alors que partout, on abat des maisons bien construites, des chalets luxueux et des cabanes sur les plages, et même des étages d’immeubles sous prétexte qu’ils ne sont pas conformes aux normes où que les propriétaires n’ont pas reçu la fameuse autorisation de construire. Parions que ce même mur n’a jamais reçu une quelconque autorisation.
Pourquoi tant de scrupules alors à détruire un mur qui est considéré comme un danger public, faute de pouvoir le reconstruire ou tout simplement le réparer? Cette affaire, qui est devenue nationale et dont les échos ont débordé nos frontières, illustre merveilleusement bien la débâcle que vit notre administration, et l’absurdité avec laquelle ses responsables raisonnent. L’anecdote que se racontaient les Tunisiens avant, sur le trou auprès d’un hôpital libyen qui a poussé les responsables des comités populaires de Khadhafi, après cogitation, à bâtir tout un hôpital très loin du trou au lieu tout simplement de le couvrir d’asphalte, est devenue une réalité bien triste dans la Tunisie d’aujourd’hui? Il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark!
La fondation Tunisie s’ébranle
La panique qui a saisi les autorités est bien réelle, car des heures après on remarque l’absence de réactions officielles à tous les niveaux de la responsabilité. Pire encore, la télévision nationale, dans son édition de 20 h, a affirmé qu’elle a essayé d’avoir l’information à la source, au ministère de l’Education et à la délégation régionale, mais impossible de contacter les responsables.
Les seuls communiqués publiés concernent des organismes ou des responsables. Ils rappellent qu’ils ont alerté sur la dangerosité de ce mur, comme pour dire que la responsabilité du désastre revient à d’autres. La protection civile a ainsi confirmé qu’elle a adressé un rapport aux autorités concernées. Les réseaux sociaux qui se sont enflammés, accusent en grande partie, le ministère de l’Education, qui est le ministère de tutelle du lycée.
Le comble, c’est que quelques jours avant, le ministre lui-même avait effectué une visite dans ce gouvernorat. Comme toujours, les responsables locaux l’ont emmené sur les lieux, qui en apparence ne souffrent pas de ces problèmes de délabrement des écoles, alors qu’ils auraient dû l’amener sur les lieux où rien ne va plus comme ce lycée de Mezzouna. Peut-t-on réellement les blâmer? Non évidement, car depuis l’indépendance, les fonctionnaires de l’Etat se doivent de ne montrer que le côté positif à leurs ministres, faute de subir le courroux de leurs supérieurs directs. Cette règle a fonctionné depuis toujours, même après la supposée révolution, et surtout maintenant. Tricher avec la réalité est une règle d’or de tout bon fonctionnaire qui veut durer à son poste ou au mieux s’élever en grade.
D’ailleurs révéler les points négatifs est associé en général à un acte d’opposition politique. C’est même un délit si l’on applique l’article 54 et l’on peut se trouver en prison parce qu’on a écrit un statut fb pointant du doigt une défaillance quelconque de l’administration. Beaucoup de fonctionnaires ont été traduits devant les tribunaux par leurs propres administrations, ou simplement écartés ou marginalisés.
D’autres part, les procédures administratives pour reconstruire un mur ou le restaurer obéissent aux règles de la comptabilité publique, trop contraignantes et trop strictes. Et le fonctionnaire qui ose les dépasser risque d’être traduit selon l’article 96 du code pénal et à être condamné à dix ans de prison sans parler des amendes.
Cet article est particulièrement responsable de la paralysie générale de l’administration. Plus aucun responsable ne s’aventure à signer. Car des centaines ont été traduits depuis 2011 devant les tribunaux et certains ont été condamnés sans qu’ils aient touché un millime de pot de vin.
Pourtant le Président de la République lui-même a appelé à amender cet article catastrophique pour le pays. Le gouvernement Chahed a même préparer un amendement qui est passé à la trappe avec son auteur. On continue à tourner en rond, en cercle vicieux, car il est clair que personne n’ose prendre le taureau par les cornes et annuler cet article censé lutter contre la corruption.
Or à cause de cet article, non seulement la corruption est devenue endémique, mais il empêche d’agir pour éviter les catastrophes comme celle de Mezzouna. Lorsqu’on paralyse les responsables de l’Etat en agitant toujours l’épée de Damoclès sur leurs têtes, on tue l’essence même de la responsabilité et on enlève toute efficience à l’action de l’administration. Le vrai tueur de Mezzouna, à notre avis est l’article 96 sous sa forme actuelle.
Mais ce désastre a montré une chose. La paralysie des rouages de l’Etat, qui n’arrive même plus à régir promptement à un incident aussi futile, même s’il est meurtrier. Car un Etat c’est une machine dont les rouages doivent êtres constamment entretenus et huilés, non par des destitutions et des nominations successives; mais par une gouvernance qui tend à consolider ses fondements en stabilisant son fonctionnement.
Et le cœur de l’Etat c’est son administration, ses ministères et surtout son premier ministère. La stabilité politique en régime présidentiel, ne dépend pas de ce moteur de l’Etat. Mais le bon fonctionnement des institutions est tributaire de la continuité des politiques et de la stabilité de ceux qui les exécutent, à savoir les hauts fonctionnaires et grands commis. Or, ce dispositif est lourdement déstabilisé à tel point qu’il risque d’ébranler les fondements.
Pourquoi pas un audit des bâtiments publics
Il est clair que cet incident meurtrier risque de se répéter à tout moment dans n’importe quelle ville ou village de la République. L’on ne sait pas si le ministère des biens de l’Etat a effectivement le listing de ces biens, leurs dates de construction et toutes les informations les concernant.
Un audit qui sera rendu public s’impose pour diagnostiquer la situation et ne pas laisser la tâche de repérer les délabrements à la seule protection civile. Car elle n’a pas les moyens ni le droit de procéder à identifier quel bâtiment représente un danger. L’inventaire est par conséquent nécessaire et seuls des sociétés constituées de professionnels peuvent le faire. Cela implique une décision politique au plus haut niveau. En attendant, les autorités gagnent à éclairer l’opinion publique sure ce qui s’est réellement passé. C’est uniquement à la justice qu’il revient de fixer les responsabilités?
Le porte-parole du tribunal de première instance de Sidi Bouzid, Jawhar Gabsi, a annoncé ce mardi sur Jawhara FM dans l’émission « Sbeh El Ward » que le parquet ouvrait une enquête suite à l’effondrement meurtrier d’un mur dans un lycée de Mezzouna. Ce drame a coûté la vie à trois élèves.
L’enquête vise à déterminer les responsabilités dans ce drame survenu le 14 avril 2025. Les personnes mises en cause risquent des poursuites pour homicide involontaire et blessures involontaires, liées à des négligences ou à une inobservation des règlements de sécurité.
Des peines pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison
Dans un premier temps, les suspects pourraient être poursuivis pour des délits passibles de deux ans d’emprisonnement. Toutefois, l’instruction pourrait évoluer vers des crimes sanctionnés par au moins cinq ans de prison, selon les éléments recueillis.
Bilan du drame et réactions
L’effondrement a également fait cinq blessés, hospitalisés dans des conditions encore inconnues. En réaction, la Fédération de l’enseignement secondaire a décrété une journée de deuil national, avec suspension des cours et boycott des épreuves du bac sport. Le ministère de l’Éducation n’a, pour l’heure, pas réagi publiquement. Les investigations se poursuivent pour établir les circonstances exactes de la tragédie et identifier les responsables.
Le secrétaire général de la Fédération de l’Enseignement secondaire relevant de l’UGTT, Mohamed Essafi, la suspension de l’épreuve du “Bac sport”, en réaction au drame survenu à Mezzouna, dans le gouvernorat de Sidi Bouzid, où l’effondrement d’un mur dans un lycée a coûté la vie à trois élèves. “Le cadre éducatif est mobilisé pour garantir […]
Le président de la République Kais Saïed a exprimé sa profonde douleur à la suite du décès des élèves dans la ville de Mezzouna, gouvernorat de Sidi Bouzid, après l’effondrement d’un mur menaçant ruine depuis longtemps. “Le destin a voulu que ce mur ne s’effondre pas lors du séisme d’une magnitude de 4 degrés sur […]
Kais Saïed a enfin réagi au drame survenu hier, lundi 14 avril 2025, à Mezzouna (Sidi Bouzid) où trois élèves de 18 et 19 ont trouvé la mort dans l’effondrement d’un mur devant leur lycée… Pour botter en touche et se défausser sur quelques responsables régionaux.
Imed Bahri
«Le destin a voulu que ce mur ne s’effondre pas lors du séisme d’une magnitude de 4 degrés sur l’échelle de Richter, survenu le 17 février de cette année, mais qu’il le fasse plus tard», a-t-il déclaré dans ce qui ressemble à une vaine (et bien tardive) explication qui ne justifie rien et ne console personne, en tout cas pas les parents des élèves décédés ou blessés, leurs camarades et les habitants de Mezzouna qui savaient que ce mur menaçait ruine depuis des années et avaient déjà signalé la menace aux autorités régionales et nationales à plusieurs reprises.
Ils auraient sans doute mieux apprécié de voir le président de la République, la cheffe du gouvernement ou, tout au moins, le ministre de l’Education ou son collègue de la Santé se rendre sur place pour partager la douleur des familles des victimes, mais ces chers responsables n’ont pas cru devoir le faire, par peur peut-être de faire face à la douleur et à… la colère.
La démission des autorités publiques
Pis encore, même les responsables locaux et régionaux ont brillé par leur absence et leur silence, et les journalistes qui les ont sollicités sur place, notamment ceux des médias publics (Radio et Télévision nationales, agence Tap, etc.), n’ont pas réussi à avoir la moindre déclaration. C’est dire que le drame a été très mal géré par les autorités publiques qui ont perdu une nouvelle occasion pour se rendre utiles.
Dans un communiqué publié tôt ce matin, longtemps après le drame, le président de la république a «exprimé sa profonde douleur à la suite du décès des élèves dans la ville de Mezzouna (…) après l’effondrement d’un mur menaçant ruine depuis longtemps».
«Ce mur, comme d’autres, n’avait pas besoin ni d’experts ni de commissions, mais simplement d’être reconstruit», s’est indigné le président lors de sa rencontre, lundi soir, au Palais de Carthage, avec la cheffe du gouvernement, Sarra Zaâfrani Zenzeri, ajoutant que la question ne relève pas uniquement des législations, mais de leur application par ceux qui en ont la charge. «Une révolution législative ne peut réussir que si elle est accompagnée d’une révolution dans les esprits», a-t-il affirmé.
Selon un communiqué de la présidence, le chef de l’État a donné ses instructions pour que la responsabilité soit assumée par toute personne ayant failli à son devoir. Des sanctions vont donc suivre…
Saïed a également insisté sur la nécessité d’anticiper afin d’éviter la répétition de tels drames et d’accélérer les travaux de maintenance indispensables dans tous les établissements scolaires qui en ont besoin.
Il a également abordé, lors de cette rencontre, le fonctionnement de plusieurs services publics, en soulignant que la révolution législative, dans le cadre du combat de libération nationale, ne pourra atteindre ses objectifs que si elle est portée par des responsables animés par l’esprit de lutte, de sacrifice et de dévouement.
Pour le reste, rien ne permet de penser que les milliers d’établissements éducatifs qui menacent ruine dans toutes les régions du pays vont bientôt être restaurés pour la simple raison que le budget de l’Etat pour l’année 2025 n’a pas prévu des sommes nécessaires pour de tels travaux. Et au-delà de cette logorrhée officielle qui ne fait pas manger son homme, les Tunisiens savent à quoi s’en tenir réellement : les équipements publics délabrés vont continuer à l’être encore longtemps, puisque l’essentiel du budget de l’Etat continue d’être dépensé dans le paiement des salaires et que le budget d’investissement continue de fondre comme neige au soleil. Alors des lycées décents pour nos enfants, ce n’est sans doute pas pour demain la veille !
Une transe morbide
Ce sentiment de désenchantement est partagé par beaucoup de Tunisiens. Et c’est tout naturellement que l’ancien ambassadeur Elyes Kasri l’a exprimé dans un poste Facebook ce matin, car le drame de Mezzouna ne devrait pas occulter, par l’ampleur de l’émotion qu’il a provoquée dans l’opinion, tous autres que nous vivons quotidiennement dans un pays qui gère très mal ses affaires. Nous reproduisons ci-dessous ce texte poignant de vérité :
«Après le drame effroyable de Mezzouna, viendra l’avalanche de larmes, certaines sincères et d’autres de crocodiles, ainsi que la sempiternelle chasse aux boucs émissaires.
Hélas, il ne serait pas excessif de penser que nous sommes tous coupables. Certains par commission. Mais, l’écrasante majorité par omission et acquiescement plus ou moins complice, chacun selon ses contraintes et raisons propres, d’un concours de circonstances et de choix aux conséquences tragiques.
Au point où en est arrivée la Tunisie, l’effroyable drame de Mezzouna n’est malheureusement ni le premier ni le dernier accident dont sont victimes des jeunes ravis à la fleur de l’âge.
Si les parents des jeunes de Mezzouna, face à leur tragédie poignante, pourront quand même enterrer leurs enfants morts prématurément et insensément, d’autres parents tunisiens n’auront pas eu ce réconfort, car la mer aura étouffé l’énergie du désespoir et englouti le sursaut d’une dernière chance qui ont poussé leurs enfants à l’exil et au naufrage.
Dans une transe morbide, la Tunisie ne cesse de compromettre son avenir et de malmener ses jeunes.»
Alors que le pouvoir politique à tous les niveaux a observé un silence assourdissant sur le drame de Mezzouna survenu hier, lundi 14 avril 2025, où trois élèves de 18 et 19 ans ont trouvé la mort après l’effondrement d’un mur devant leur lycée, l’opinion publique a laissé éclater sa colère face à l’incurie générale qui désormais tue dans l’indifférence et le silence.
Manel Albouchi *
Je n’avais pas prévu d’écrire ce texte.
Mais il y a des événements qui vous forcent à penser.
À parler. À nommer ce qui vous secoue le ventre avant même que le cerveau ne comprenne.
Aujourd’hui, trois enfants sont morts. Ou peut-être hier. Je ne sais plus. Le silence a brouillé la date.
La Tunisie vient de vivre une forme de traumatisme collectif, une blessure dont les strates dépassent le visible.
Un mur s’est effondré. Et trois adolescents sont morts.
Mais ce n’est pas un simple accident.
Ce mur-là est le symptôme. Il parle à notre place. Il révèle ce qu’on refuse de voir.
Il symbolise une chute bien plus large : celle d’un système, d’une société, d’un lien de confiance entre l’État et sa jeunesse.
J’ai pensé immédiatement à la dixième plaie d’Égypte. La plus douloureuse. La plus irréversible. Celle de la perte des premiers-nés.
Et si cet événement était pour nous ce moment ?
Le point de bascule ?
La frontière entre ce qui peut encore être réparé… et ce qui, une fois franchi, ne revient plus en arrière ?
On pourrait l’analyser de manière clinique.
Parler de déni institutionnel, de clivage du Moi, de dissociation collective, de désinvestissement narcissique de l’espace public.
On pourrait dire que ces enfants sont tombés victimes de ce qu’en psychologie on nomme une carence de contenance.
L’école, censée être un contenant sécurisant, devient un lieu de chute. Là où le savoir devait structurer, c’est le béton qui s’effondre.
Mais ce serait trop facile de rester dans le registre du théorique.
Parce que ce que je ressens, moi, en tant que femme, que mère, que thérapeute…
C’est une nausée.
Oui… Une nausée éthique !
Car au fond, ce n’est pas de ce mur dont il s’agit.
Ce mur n’est qu’un écran.
Ce qui est tombé, c’est notre dernier refuge symbolique.
Ce qui s’est effondré, c’est notre capacité à protéger, à prévenir, à prendre soin.
Et ce n’est pas la faute d’un ministère. Ni d’un proviseur. Ni même d’un maçon.
C’est l’échec d’une culture politique et sociale de la réparation.
Un échec profond. Systémique. Organique.
Il y a en psychologie une notion que j’utilise souvent : le processus de deuil compliqué.
Quand la perte est inacceptable, parce qu’absurde, parce qu’évitée, parce qu’annoncée mais jamais entendue.
C’est exactement ce que nous vivons.
Et il faudra un travail psychique énorme pour le traverser.
Un travail de mémoire. Un travail de honte. Un travail de lucidité.
Je pense à ces élèves encore en vie, aux enseignants, aux familles.
Comment se reconstruire après ça ?
Comment faire confiance à nouveau à l’école, au mur, à l’État ?
C’est peut-être ça, la vraie question.
Et moi, psychologue dans un pays qui s’effrite,
Je me demande parfois si je ne suis pas là, juste pour mettre des mots sur l’effondrement.
Pas pour le réparer. Mais au moins pour le nommer. Le faire exister.
Pour que demain… on ne dise pas qu’on ne savait pas.
Parce qu’on savait.
Et parce qu’on sait.
Et que le vrai crime, aujourd’hui, ce ne sont plus les erreurs…
Un point a été fait dans la nuit de ce lundi par le directeur régional de la santé de Sfax concernant les deux élèves grièvement blessés dans l’effondrement du mur du lycée de Mezzouna.
Dans une déclaration à l’agence Tap, Hatem Chérif directeur régional de la santé de Sfax a assuré que l’état de santé des deux élèves est désormais stable et qu’ils reçoivent les soins nécessaires à l’hôpital Habib Bourguiba.
Concernant l’élève qui était dans un état critique, le directeur régional a affirmé que ce dernier été opéré en urgence pour stopper une hémorragie et qu’il devra subir une seconde intervention à la jambe.
Quant à son camarade, il souffre d’un traumatisme crânien sans signe de complication grave ainsi que d’une fracture au bras, nécessitant une opération prévue cette nuit.
Rappelons que ce drame a coûté la vie à trois autres élèves, suscitant une vague d’émotion à travers tout le pays et en particulier à Sidi Bouzid, où écoles, collèges et lycées seront fermés demain, en signe de deuil.
Suite à la tragédie qui a frappé la ville de Mezzouna dans le gouvernorat de Sidi Bouzid ce lundi 14 avril 2025, coûtant la vie à trois lycéens, le Syndicat général de l’enseignement de base a appelé à un sit-in de deux heures dans toutes les écoles primaires du pays.
Le Syndicat qui attribue cette catastrophe à la vétusté alarmante de l’infrastructure de l’établissement et la nonchalance des autorités compétentes face à cette situation critique, a rappelé que le bilan humain est lourd à Mezzouna, où l’effondrement d’un mur du lycée a tué sur le coup trois élèves et gravement blessé deux autres.
Dans son communiqué, le Syndicat a présenté ses plus sincères condoléances aux familles des victimes, aux habitants de Mezzouna ainsi qu’à l’ensemble de la communauté éducative et au secteur de l’enseignement secondaire et a par ailleurs pointé directement la responsabilité du ministère de l’Éducation et de l’ensemble des autorités dans cette terrible catastrophe.
En signe de solidarité avec le secteur de l’enseignement secondaire et en deuil face à ce drame le Syndicat a appelé à observer un sit-in de protestation de deux heures dans toutes les écoles primaires du pays, le mardi 15 avril 2025, de 10h00 à midi.
Rappelons que les cours ont été suspendu dans toutes les écoles, collèges et lycées de Sidi Bouzid et que les collèges et lycées das autres régions ont également décidé de suspendre les cours demain.