Saâdia Mosbah écrit de sa prison │ «Je suis une femme debout»
Nous reproduisons ci-dessous la lettre ouverte écrite de l’intérieur de la prison par la militante antiracisme Saâdia Mosbah, présidente de l’association Mnemty, incarcérée depuis plus d’un an pour des faits restés mystérieux à ce jour. La lettre nous est parvenue via un membre de sa famille.
Mesdames et Messieurs…
Un an que je suis privée de liberté, loin du monde, entre quatre murs. Un an loin de ma famille, de mes proches et de mes combats…
Ce n’est pas facile de vous parler depuis l’enfermement mais parfois c’est dans le silence des murs que les mots prennent tout leur poids.
Je suis Saâdia Mosbah… une femme parmi tant d’autres… une citoyenne… une mère… une voix…
Je suis ici non pas parce que j’ai blessé, volé ou menti mais parce que j’ai dit non, parce que j’ai parlé quand il aurait fallu baisser les yeux…
Parce que j’ai cru peut-être un peu trop fort qu’être libre voulait dire pouvoir défendre celles et ceux qu’on ne regarde jamais… ce qu’on me reproche au fond, c’est de ne pas avoir eu peur.
On m’a enfermée mais je ne suis pas brisée… seulement séparée du monde pour un temps. Et pendant ce temps, je pense à la Tunisie que j’aime : celle des visages fatigués mais fiers, celle des jeunes qui espèrent encore malgré tout.
Être patriote n’est pas un slogan : c’est donner sans attendre… se tenir droite même quand tout vacille… c’est aimer assez fort pour vouloir la justice même quand elle coûte cher…
L’hiver m’a éprouvée… mais il ne m’a pas brisée… parce que je sais que le printemps existe. Je le sens, dans chaque visage solidaire, dans chaque pensée envoyée jusqu’à moi.
On m’a enfermée. Mais on n’a pas enfermé l’espérance… elle est là, vivante, calme, forte…
Je suis en prison… oui. Mais je ne suis ni une héroïne ni une victime.
Je suis une femme debout, dans l’ombre… qui croit encore à la lumière.
L’hiver a été long, froid, silencieux, mais le printemps finit toujours par revenir… il est en route… comme la vérité… comme la justice…
Saâdia Mosbah, privée de liberté mais profondément vivante.
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