Sur une barge à des centaines de mètres au large des îles Kerkennah, dans le sud-est de la Tunisie, un groupe d’étudiants observe attentivement Besma, une tortue marine en convalescence, se traîner vers l’eau et plonger, rapporte l’AFP.
La barge, utilisée pour soigner les tortues caouannes blessées, est le premier centre flottant de réhabilitation de l’espèce en Méditerranée, selon ses organisateurs.
Abritant des enclos en filet sous l’eau, elle permet à l’espèce menacée de recevoir des soins dans l’eau salée, son habitat naturel.
«Il est important que les tortues marines se rétablissent dans leur environnement naturel», a déclaré Hamed Mallat, un biologiste marin qui dirige le projet financé par l’Onu. «Nous les plaçons dans un espace suffisamment grand pour qu’elles puissent se déplacer et se nourrir plus confortablement», a-t-il ajouté.
Mallat, membre de l’association locale Kraten pour le développement durable et de la Société internationale des tortues marines, a fondé le projet le mois dernier et a déclaré que la barge de réhabilitation a été remodelée à partir d’une cage d’aquaculture coulée.
Il peut accueillir jusqu’à cinq tortues marines à la fois, chacune dans son propre enclos, et s’étend sur 150 mètres carrés (1 610 pieds carrés) à la surface, avec un filet en dessous pour permettre aux animaux en convalescence d’atteindre le fond marin.
Une espèce vulnérable menacée de disparition
La tortue caouanne, également connue sous le nom de Caretta caretta, est considérée comme une espèce vulnérable par l’Union internationale pour la conservation de la nature.
Chaque année, environ 10 000 tortues caouannes sont capturées par des chalutiers et dans des filets de pêche au large de la Tunisie.
Life Medturtles, un projet de conservation de la vie marine financé par l’Union européenne (UE), estime que plus de 70% des décès de tortues marines en Méditerranée sont causés par des filets maillants – de grands filets utilisés pour la pêche de masse.
Ce sont souvent les pêcheurs eux-mêmes qui amènent les tortues blessées à la barge, explique Mallat.
Le projet est aussi une occasion d’enseigner aux jeunes générations comment préserver la vie marine, ajoute-t-il.
Expérience directe de la conservation de la vie marine
«C’est une application directe des choses que nous étudions», explique Sarah Gharbi, 24 ans, étudiante en pêche et environnement à l’Institut national agronomique de Tunisie (INAT). «C’est aussi une première interaction avec des espèces marines que nous ne voyons généralement pas dans le cadre de nos études ou dans nos laboratoires. C’est quelque chose de nouveau et d’enrichissant», ajoute-t-elle.
Sa professeure, Rimel Ben Messaoud, 42 ans, explique que la «valeur éducative» de la barge est de donner aux étudiants une expérience directe de la conservation de la vie marine.
En raison de la hausse des températures de la mer, de la surpêche et de la pollution, un certain nombre d’espèces marines ont vu leurs itinéraires migratoires et leurs habitats se modifier au fil du temps.
Mallat estime que le projet pourrait aider à étudier ces modèles, en particulier chez les tortues caouannes, car Besma est désormais équipée d’un dispositif de suivi. «Cela nous donne un avantage considérable pour le suivi scientifique des tortues marines, qui fait quelque peu défaut dans la recherche scientifique en Tunisie», a-t-il déclaré.
Mallat a déclaré qu’il espérait également attirer les touristes estivaux des îles pour les sensibiliser à la vulnérabilité de cette espèce.
Le Fonds saoudien pour le développement (FSD) va accorder un prêt à la Tunisie pour financer la construction de deux hôpitaux régionaux à Sbiba (gouvernorat de Kasserine) et El-Jem (gouvernorat de Mahdia),
La cérémonie de signature de l’accord de prêt a eu lieu vendredi 11 janvier 2025 au siège du ministère de la Santé, en présence du ministre Dr Mustapha Ferjani, du Dr Abdulaziz Al Saqr, ambassadeur d’Arabie saoudite en Tunisie, et de Bandar Al Obaid, directeur général des opérations des pays arabes du FSD.
L’hôpital de Sbiba coûtera 77,3 millions de dinars et celui d’El-Jem 72,5 millions de dinars. Les deux établissements auront une capacité d’accueil de 105 lits chacun.
Le Dr Ferjani a indiqué que les travaux démarreront cette semaine et qu’ils dureront 20 mois, tout en saluant le développement des relations saoudo-tunisiennes dans divers domaines, et notamment celui de la santé.
Al Saqr a souligné, de son côté, la disposition de l’Arabie saoudite à accélérer la mise en œuvre de projets de développement conjoints en Tunisie, financés par diverses institutions saoudiennes. Il a en outre souligné l’engagement du FSD à mener à bien tous les projets qu’elle finance en Tunisie.
«Le FSD a contribué de manière significative au développement de la Tunisie, en finançant 32 projets et programmes de développement par le biais de prêts bonifiés dépassant 1,23 milliard de dollars», rapporte l’agence de presse saoudienne (SPA), ajoutant que «l’Arabie saoudite a également accordé quatre subventions d’une valeur de plus de 105 millions de dollars, par l’intermédiaire du FSD, pour soutenir des secteurs vitaux en Tunisie.»
Les pluies abondantes des dernières 24 heures en Tunisie ont amélioré la situation hydraulique du pays en augmentant un tant soit peu le stock total d’eau dans les barrages.(Illustration: Barrage Sidi Salem).
Selon les chiffres publiés par l’Observatoire national de l’agriculture (Onagri), les stocks d’eau dans les barrages ont atteint, ce lundi 13 janvier 2025, 22,13 millions de mètres cubes, ce qui a permis d’augmenter le taux de remplissage moyen de ces barrages de 23,2% de leur capacité globale, hier, à 24,2%, aujourd’hui.
L’Institut national de la météorologie (INM) a annoncé, pour sa part, que plusieurs régions du nord du pays ont connu d’importantes précipitations, les plus fortes étant 81 mm à Beni Mtir, 72 mm à Aïn Draham, 52 mm à Tabarka, 46 mm à Nefza, 42 mm au barrage de Bouhertma, 38 mm aux barrages El-Kassab et Berbera. Ces précipitations ont touché 18 gouvernorats.
Rappelons que les barrages tunisiens ont atteint, le 3 décembre dernier, le taux de remplissage alarmant de 19,6%, l’un des plus faibles de leur histoire et ce en raison de la sécheresse sévissant dans le pays depuis plusieurs années en raison du changement climatique.
L’émigration clandestine prend de nouvelles formes, souvent dissimulées sous le voile de promesses d’embauches légales. Cet article reprend le récit poignant d’un ouvrier tunisien, victime d’un réseau organisé, où exploitation, intimidations, et abus sont le quotidien. Son histoire illustre la dure réalité à laquelle font face de nombreux migrants en quête d’une vie meilleure.
Malek Mizouri *
Tout commence en Tunisie lorsqu’un chef de chantier, connu sous le pseudonyme Momo, représentant la société Ecotec, propose à un jeune homme une promesse d’embauche en Italie. La procédure semble claire : un acompte de 10 000 dinars (TND) à remettre à un intermédiaire, Hatem (recherché par les autorités tunisiennes), pour obtenir une promesse d’embauche. Après acceptation, Momo exige un second versement de 5 000 TND pour finaliser la démarche.
Le futur migrant, sans autre choix, s’acquitte des sommes demandées et reçoit un visa de travail portant la mention «Lavoro Subordinato». Il prend ensuite un vol pour Milan Malpensa, le 28 septembre 2024, avant de rejoindre Bologne pour déposer une demande de séjour.
Logements insalubres et exploitation
À son arrivée à Pescara, où se trouve Momo, la réalité s’avère bien différente des promesses initiales. Logé avec cinq autres travailleurs dans un appartement exigu (une chambre et un séjour), sans contrat de location officiel, il découvre que tout l’immeuble est occupé par des migrants dans les mêmes conditions précaires.
Momo fournit à ses travailleurs des codes fiscaux falsifiés, générés via une application en ligne. Aucun contrat de travail n’est délivré, et les ouvriers, au moment d’arriver sur le chantier, reçoivent des consignes sans équipement de sécurité, ni tenue adaptée.
Police, menaces et intimidations
Le 28 octobre 2024, les Carabinieri, accompagnés de traducteurs, effectuent un contrôle dans le chantier où travaille notre témoin. Les autorités interrogent les travailleurs sur leur arrivée en Italie, le montant payé, et les intermédiaires impliqués. Momo est emmené pour être interrogé à la gendarmerie.
Lors de cette intervention, un homme identifié comme Vincenzo est aperçu sur place, suggérant l’existence d’un réseau plus large impliquant des Italiens et des Tunisiens. Après cette opération, les travailleurs sont relâchés, mais leur sort reste incertain.
Face aux révélations des travailleurs lors du contrôle, Momo intensifie ses intimidations. Trois hommes se rendent au domicile de notre témoin, le menaçant de représailles s’il continue de parler ou d’exiger un remboursement des sommes qu’ils leur avaient versées.
Bien que muni d’un certificat médical après une hospitalisation, ce dernier n’a pas pu porter plainte, constamment surveillé et soumis à des pressions.
Un système organisé d’esclavage moderne
Momo, qui semble intouchable, contrôle entièrement ses ouvriers : il les menace pour les maintenir dans la peur, organise leurs logements de manière à pouvoir les surveiller et leur fournit des faux documents pour leur permettre de travailler illégalement. Cependant, les salaires promis restent souvent impayés : plusieurs ouvriers affirment travailler depuis des mois sans percevoir leur rémunération.
Après un mois de menaces et d’abus, notre témoin quitte Pescara pour une autre région d’Italie, dans l’espoir de trouver une situation plus stable. Il perd contact avec les autres victimes et se retrouve sans papiers ni emploi. Lors d’une tentative de recours auprès d’une association venue lors du contrôle des Carabinieri, il se heurte à une absence de réponses claires de la part de celle-ci.
Ce témoignage met en lumière un système bien rodé d’exploitation des travailleurs tunisiens en Italie, orchestré par des réseaux transnationaux. Les victimes, souvent isolées, se retrouvent sans aide légale et exposées à des menaces constantes.
Il est impératif que les autorités tunisiennes et italiennes prennent des mesures concrètes pour démanteler ces réseaux et offrir une protection effective à ces travailleurs. Les récits comme celui-ci doivent pousser à une prise de conscience collective pour mettre fin à ces pratiques.
Lors de l’événement à la Librairie Îles aux Mots de Marseille, où plusieurs personnes étaient présentes, j’ai eu l’occasion de découvrir l’ouvrage de Saber Mansouri * ‘‘Quand la France perd le Sud et les siens’’. Une histoire contemporaine par la marge. L’auteur m’a ouvert une fenêtre sur l’histoire contemporaine de la France, loin des discours traditionnels, en nous invitant à plonger dans les zones périphériques de cette histoire, là où vivent ceux souvent ignorés par le récit officiel. À travers cet ouvrage, l’écrivain tunisien questionne la république, ses fractures sociales et la place de ceux qui, en raison de leur origine ou de leur situation, ont été relégués à l’ombre du «centre». Un ouvrage audacieux où se croisent histoire, littérature et mémoire collective.
Djamal Guettala
Kapitalis : Vous explorez la notion de marge comme clé de lecture de l’histoire française contemporaine. Selon vous, pourquoi est-il essentiel de se tourner vers ces récits périphériques pour mieux comprendre la République et ses contradictions ?
Saber Mansouri : Je suis la trace laissée par Dostoïevski grâce à sa sentence sublime : l’histoire ne révèle sa propre essence qu’à ceux qu’elle a au préalable exclus d’elle-même. Et je pense qu’il est salutaire, inspirant aussi, de chercher la lumière dans l’ombre, de faire parler la marge pour donner à lire la vérité et une histoire à hauteur de la réalité et de l’humanité.
Les figures que j’analyse dans ce livre nous dévoilent véritablement l’essence de l’histoire française contemporaine : après avoir perdu le Sud, l’Afrique donc, la France perd ses «cités» et ses «jeunes de banlieue». En un mot, la république n’est plus un bien commun.
Votre livre traverse des moments historiques allant des tirailleurs africains à Karim Benzema. Comment avez-vous sélectionné ces figures et ces périodes, et que disent-elles de l’évolution des rapports entre la France et ses marges ?
Ce sont des figures humaines, des femmes et des hommes qui ont la grâce de donner à voir le tapis français qui se défait depuis les années 70 du XIXe siècle jusqu’à Karim Benzema, le dernier esthète balle aux pieds. Pourquoi se défait-il ? À cause d’une conception politique française qui n’embrasse pas les habitants de son propre empire : il est dangereux de faire citoyen d’une nation un individu dont le cœur est ailleurs, dit-on. Et cet individu, c’est le musulman, bien entendu, son cœur et son esprit seraient soumis à la voix d’Allah.
Dans cet essai, je parle aussi de Franck Ribéry, un autre joueur de foot à qui on reproche sa grammaire médiocre (oui, il y a des livres sur le parler Franck Ribéry, comme si un joueur de football était chargé de la rédaction du dictionnaire de l’Académie française). Une république où règne une fracture entre le bon et le mauvais Français n’en est pas une !
Vous parlez de ces «vies françaises et étrangères» dépossédées du pouvoir d’écrire leur propre histoire. Quel rôle la littérature et la recherche peuvent-elles jouer pour redonner une voix à ces populations ?
Contrairement à la politique, la littérature est capable de tout, notamment le pouvoir de sortir ces figures de l’ombre pour les remettre à l’endroit, au cœur de l’histoire d’une nation, d’un pays, d’un continent, ou du village. Et pour réaliser ce don, l’écrivain est appelé à sortir de lui-même, de se débarrasser de ses certitudes et de ses préjugés pour embrasser le monde qui l’entoure et écrire à hauteur d’humanité et du réel.
Pourquoi ce titre ‘‘Quand la France perd le Sud et les siens’’ ?
Parce qu’il est beau. Il décrit bien le tapis français défait : la perte des siens aujourd’hui après avoir perdu le Sud, son propre empire.
* Saber Mansouri est né en 1971 à Nefza, dans le nord-ouest de la Tunisie. Docteur en histoire grecque ancienne, il a enseigné pendant vingt ans l’Antiquité grecque à l’université. Auteur de plusieurs livres, il se distingue par ses réflexions profondes sur la relation entre les marges et le centre, l’histoire et les mémoires effacées. En 2024, il publie ‘‘Paris est une dette’’, un roman publié aux éditions Elyzad, ainsi que l’essai ‘‘Quand la France perd le Sud et les siens’’. Une histoire contemporaine par la marge aux éditions Passés composés, dans lequel il interroge la manière dont les populations marginalisées sont reléguées à l’histoire périphérique, tout en portant un regard critique sur la République française.
Au-delà du cas particulier évoqué dans cette lettre ouverte, et qui relève de la pratique quotidienne d’un cardiologue aux prises avec des situations requérant des décisions parfois critiques, c’est l’intelligence du rapport entre le médecin, le patient et la maladie qui est ici analysée.
Dr Mounir Hanablia
A Madame F. B. Az, Sage-Femme.
Chère Madame.
Je voudrais vous apporter quelques informations concernant votre parente, que j’avais vue deux ou trois fois depuis environ deux ans, la dernière fois remonte à peut-être un an. Selon ce dont je me souviens, une coronarographie avait été indiquée par un de mes collègues, dont je n’avais pas jugé l’indication justifiée.
Puisque la question m’a été posée, je voudrais préciser que la coronarographie ne s’imposait pas quand votre parente était venue me voir.
Il me semble, si mes souvenirs sont corrects, que l’histoire clinique ne préjugeait pas d’atteinte coronarienne et que l’ECG et le Holter Rythmique ne révélaient pas de signes d’ischémie myocardique évolutive. Il n’y avait à priori aucune raison de demander cet examen, qui comme tout autre, soumet le patient à un risque même minime qu’on doit être justifié de prendre.
D’autre part, l’anti-coagulation de la patiente amenait inévitablement à la question de l’association avec les anti-agrégants plaquettaires (Plavix, Aspégic) en cas d’implantation de stents, éventualité que, obligatoirement, on garde à l’esprit avant toute coronarographie, du fait du risque hémorragique prohibitif qu’elle imposerait.
Ainsi, pour moi, seule une situation d’urgence (infarctus du myocarde) pouvait justifier chez cette patiente une implantation de stents. Et celle-ci n’existait pas quand je l’ai vue.
J’ignore pourquoi et dans quel contexte la collègue qui l’a prise en charge après moi a prescrit la coronarographie .Peut-être l’indication est-elle devenue justifiée, deux années après, dans le cadre de l’évolution naturelle de la maladie coronaire.
J’apprends maintenant qu’elle a été explorée et que trois stents lui ont été prescrits, dont il s’avère que l’implantation pose problème du fait d’une thrombopénie, ce qui ramène cette patiente en fibrillation auriculaire soumise aux anticoagulants, il faut le rappeler, pour des ictus ischémiques cérébraux répétés, à son point de départ, celui du traitement médical et de la temporisation. Le praticien, cette fois et contrairement à ses habitudes et à sa réputation, a préféré temporiser, et il a à mon avis bien fait.
Eu égard à ce qui m’a été rapporté (que je n’ai moi même pas visualisé, et dont je n’ai pas pris connaissance de documents en faisant état), l’indication de l’implantation des stents existe selon l’étude de référence Syntax qui démontre chez les tritronculaires stentés (3 artères principales sténosées) une nette augmentation de la survie à 1 an et à 5 ans. Naturellement l’existence d’un diabète modifie les résultats en faveur de la chirurgie, mais on ne va pas opérer une dame de plus de 70 ans qui a fait plusieurs ictus cérébraux.
Néanmoins l’étude de référence ultérieure Excel démontre que cette diminution de mortalité cardiaque est «compensée» par une élévation associée due à des accidents vasculaires et cérébraux ou d’autres événements. D’aucuns ont même osé parler de risque indépendant dû au stent.
En tous cas, selon Excel, la mortalité globale, stents ou pas, ne varie pas au moins à 1 an. Et on a vu comment le score Syntax II avait introduit dans l’étude de la survie d’autres facteurs (âge, insuffisance rénale, insuffisance respiratoire, cancer, etc.) qui ont tout autant leur importance.
Ceci devrait donc vous convaincre que dans le cas clinique présent, celui de votre parente, le traitement médical seul (anticoagulants, antihypertenseur) pourrait aussi bien faire l’affaire puisque la thrombopénie introduit un facteur imprévisible important dans tout stenting ultérieur.
Et en fin de compte, la coronarographie, ou le défaut de coronarographie, n’a eu aucune incidence sur sa survie, ni dans la réalité puisque deux années après elle est toujours vivante et n’a pas fait d’infarctus, ni sur le plan théorique puisque cette attitude est validée par les études de référence citées. Avec mes salutations les plus respectueuses.
Agressions physiques et sexuelles, torture, froid glacial, brûlure avec l’eau bouillante, gale, et autres maladies, c’est ce que fait subir Israël aux Palestiniens kidnappés à Gaza. Alors qu’officiellement les droits humains sont l’alpha et l’oméga des États occidentaux dans leur relation avec le reste du monde, ceci ne s’applique pas à Israël qui fait subir les pires sévices et crimes de guerre aux Palestiniens sans que cela émeuve outre mesure ces Etats «civilisés». A l’instar du président américain élu Donald Trump, ce qui leur importe c’est uniquement le sort des quelques Israéliens retenus en otage à Gaza; quant aux Palestiniens, ils sont, à leurs yeux, nés pour subir toutes les injustices, souffrir, et se taire.
Imed Bahri
Un nouveau rapport publié par la Commission des affaires des prisonniers et des libérés ainsi que le Club des prisonniers palestiniens, relayé par le journal londonien arabophone Al-Quds al Arabi a documenté de nouveaux témoignages de prisonniers de Gaza après des visites effectuées auprès de 23 d’entre eux dans la prison du Néguev et le camp de Naftali et ce, du 6 au 8 janvier. Ce mois-ci, des informations choquantes ont été publiées notamment sur la torture systématique à laquelle les prisonniers sont soumis.
La Commission et le Club ont confirmé dans ce nouveau rapport que le camp de détention de Sde Teiman n’est plus le seul endroit pour les opérations de torture, y compris les agressions sexuelles. La plupart des prisons et des camps pratiquent le même niveau de brutalité systématique.
Le prisonnier (K.N.), âgé de 45 ans et détenu depuis décembre 2023, témoigne: «Depuis mon arrestation, j’ai été soumis à de violents coups jusqu’à ce que je souffre de fractures au corps dans une tentative d’obtenir des aveux. Je suis resté dans un camp dans la bande de Gaza pendant 58 jours». Il était enchaîné et battu tout le temps, humilié et insulté. «Quand j’ai été transféré à la prison du Néguev, ils m’ont brûlé avec de l’eau bouillante. Les marques de brûlure sont encore visibles sur mon corps. Aujourd’hui, je vis dans des tentes déchirées. Nous souffrons d’un froid glacial et nous mourons de froid et de faim», raconte-t-il
«Je me couche affamé et je me réveille affamé»
Le prisonnier (A.H.), âgé de 21 ans, témoigne: «J’ai été arrêté en février 2024 et transféré dans l’un des camps de la bande de Gaza, et j’y suis resté 12 jours. Par la suite, j’ai été transféré dans un camp à Jérusalem puis à Ofer et ensuite dans le Néguev. Chaque voyage amenait son lot de tourments et aujourd’hui, comme vous pouvez le voir, des furoncles (abcès fermé, volumineux et douloureux dû à un staphylocoque), des blessures et des griffures couvrent tout mon corps. J’ai attrapé la gale. Et chaque jour, je me couche affamé et je me réveille affamé. En plus de cette souffrance, j’ai des problèmes oculaires qui nécessitent un suivi médical. Depuis l’enfance, je ne vois plus avec mon œil droit et aujourd’hui, mon œil gauche est aussi menacé de cécité.»
«Les premiers jours de ma détention ont été terribles, raconte M. H. (21 ans), détenu depuis décembre 2024 J’ai été soumis à la torture et aux mauvais traitements. Ils nous ont battus pendant toute une journée. Ensuite, ils nous ont transférés dans un autre endroit et nous ont uriné dessus puis nous ont transférés dans un camp pendant 27 jours où nous sommes restés debout, les yeux bandés et les mains et les pieds liés. Plus tard, Nous avons été transférés à la prison du Néguev et aujourd’hui nous vivons sous la torture et nous subissons une mort lente 24 heures/24.»
L’avocat qui a rendu visite à ce prisonnier a souligné que M. H. était vêtu d’un morceau de tissu déchiré de ses vêtements d’été, qu’il tremblait de froid et que la gale couvrait son corps.
«On grelotte de froid le jour et la nuit.»
Le prisonnier Kh. J n’a pas été épargné, lui non plus, des mauvais traitements réservés à ses compatriotes. Il raconte: «Au début de notre détention, nous vivions un enfer et nous ne connaissions rien de notre sort et de notre statut juridique. Nous avons subi toutes les formes d’agressions, de torture et de privations. Aujourd’hui, nous sommes confrontés à la faim car les quantités de nourriture qu’on nous donne sont très faibles et impropres à la consommation humaine. La majorité des prisonniers ramassent des morceaux de nourriture pour pouvoir manger un repas par soir et depuis notre arrestation, nous sommes privés de sucre et de sel et aujourd’hui nous souffrons de conditions de détention difficiles et sommes privés de tous les besoins fondamentaux de la vie.»
Le prisonnier M. A., âgé de 25 ans, raconte: «J’ai été arrêté par l’armée d’occupation dans une école, j’ai été battu, déshabillé et interrogé sur place. J’ai été ensuite transféré dans l’un des camps autour de Gaza puis dans un camp de Jérusalem où j’étais menotté et j’avais les yeux bandés. J’ai été transféré à la prison d’Ofer puis à celle du Néguev. Aujourd’hui, la plupart des prisonniers souffrent de fatigue et d’amaigrissement et notre se détériore au fil des jours. Beaucoup d’entre nous perdent souvent conscience. Les conditions sont très difficiles. Les prisonniers ont faim, sont malades et grelottent de froid le jour et la nuit.»
Le prisonnier M.D., a raconté ceci à son avocat: «J’ai été arrêté dans un camp où j’étais accompagné de ma famille. J’ai été transféré dans un camp aux alentours de Gaza. Après quelques jours, j’ai été transféré à la prison du Néguev. À cause des coups violents que j’ai subis, j’ai perdu mon œil en plastique et aujourd’hui, j’ai un creux à la place de l’œil. Et les soldats ne se sont pas arrêtés là, ils m’ont aussi pris mes lunettes.»
Dans leur rapport, la Commission des affaires des prisonniers et du Club des Prisonniers a indiqué que les témoignages des détenus dans le camp de Naftali évoquent le même niveau de brutalité pratiqué par le système carcéral israélien dans d’autres prisons avec des différences très limitées. Les détenus se concentrent principalement sur la première étape de l’arrestation et des interrogatoires qui ont occupé la plus grande partie de la discussion sur la torture et les abus qu’ils ont subis. Les prisonniers souffrent principalement de privation de soins médicaux. L’un d’eux est atteint d’un cancer et a besoin de soins spécifiques. Un autre a perdu tous les membres de sa famille et il lui a été difficile de témoigner : la visite s’est terminée dans les larmes.
Le rapport indique que les récits et témoignages des prisonniers de Gaza représentent un changement significatif dans le niveau de brutalité du système d’occupation qui reflète un niveau sans précédent de crimes de torture, d’abus et de famine, en plus des crimes médicaux systématiques, des sévices sexuels ainsi que l’utilisation des prisonniers comme boucliers humains.
«Notre détermination est plus que jamais inflexible.Nous œuvrons, jour et nuit, sans relâche ni répit, afin que les aspirations et attentes légitimes du peuple tunisien soient concrétisées dans les plus brefs délais.»
C’est ce qu’a déclaré le président de la république, Kaïs Saïed, samedi 11 janvier 2025, en fin de matinée, en rencontrant, au centre de la capitale, une foule de citoyens pour prendre connaissance de leurs préoccupations et aspirations.
Selon un communiqué de la présidence de la république, cette rencontre a eu lieu après une réunion, au Palais du gouvernement à la Kasbah, avec le chef du gouvernement, Kamel Maddouri, en présence de la ministre de la Justice, Leila Jaffel, des Finances, Sihem Boughdiri et des Affaires sociales, Issam Lahmar, les principaux responsables chargés de la mise en œuvre des politiques sociales du chef de l’Etat dans leurs dimensions législative, politique et, surtout, financière, et ce par la recherche et la mobilisation des fonds que ces politiques exigent.
Selon la page officielle Facebook de la présidence de la république, le chef de l’Etat a réitéré son appel à la nécessité de «rompre avec les législations obsolètes contre lesquelles le peuple tunisien s’est révolté». Il a, dans ce contexte, évoqué, une nouvelle fois, le dossier de la sous-traitance et les moyens de mettre fin au recours à cette forme d’emploi précaire, en vigueur depuis des décennies dans les secteurs aussi bien public que privé, Tout en pressant le gouvernement à procéder à une refonte de certains codes juridiques, dont notamment celui du travail, afin qu’il soient en phase avec cette «révolution» que cherche à initier le président.
Saïed a, par ailleurs, discuté avec le chef du gouvernement de la teneur de nombre de projets de loi, appelant à ce propos à la nécessité de prêter un surcroît d’attention aux «détails» lors de l’élaboration de ces projets et à œuvrer à instaurer une meilleure équité sociale.
Le président a aussi souligné que le peuple et les entreprises ne peuvent prétendre à la stabilité sans la justice, estimant que «les textes de lois sont certes nécessaires mais l’objectif ultime doit être en premier et dernier ressort, celui d’instaurer la justice».
Il a, dans ce contexte, exhorté «les magistrats intègres au devoir qui leur incombe dans l’instauration de cette justice», mettant en garde les risques de voir la justice saisie par le politique.
Au cours des six derniers mois, les relations entre la France et l’Algérie ont connu des tensions dues à des enjeux historiques, politiques et culturels. L’épisode emblématique de ces relations difficiles entre la puissance européenne et son ancienne colonie nord-africaine a été surtout l’arrestation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal. Mais les causes réelles sont à rechercher ailleurs…
Imed Bahri
Sansal, 75 ans, connu pour ses critiques du fondamentalisme islamique et du régime algérien, a été arrêté à l’aéroport d’Alger à son retour de France, le 16 novembre. Les autorités algériennes l’accusent d’«atteinte à la sûreté de l’État», un crime passible de la prison à vie.
La détention de Sansal a déclenché une large mobilisation internationale en faveur de la liberté d’expression, avec des appels à sa libération émanant d’éminentes personnalités littéraires, dont quatre lauréats du prix Nobel.
Mais outre l’affaire Sansal, au moins trois autres événements ont contribué à accroître les tensions entre les deux pays, en premier lieu celui du Sahara occidental. En juillet dernier, la France avait exprimé son soutien à la Marocanité de ce territoire désertique ouvert sur l’Atlantique, une démarche qui a irrité l’Algérie, partisan historique du Front Polisario et de l’indépendance du peuple sahraoui, d’origine berbéro-arabe.
En prenant une telle décision, tranchant totalement avec la rigoureuse neutralité qu’elle a observée jusque-là sur cette question, dont elle n’ignorait pas l’importance aux yeux de ses interlocuteurs algériens, la France ne pouvait pas ignorer qu’elle allait susciter ainsi le courroux d’Alger. Autant dire qu’une telle décision n’était pas exempte d’une volonté de provocation de la part de l’Elysée.
Les Algériens crient à l’ingérence
Il y a ensuite les accusations algériennes d’ingérence visant Paris : le mois dernier, l’Algérie a accusé la France de tentatives de déstabilisation interne, convoquant l’ambassadeur de France pour obtenir des éclaircissements. Le ministre Jean-Noël Barrot a déclaré que de telles accusations étaient «infondées et tirées par les cheveux».
Enfin, les arrestations de ces derniers jours : trois influenceurs algériens très suivis sur les réseaux sociaux ont été arrêtés en France pour incitation aux attentats, alimentant encore davantage les tensions entre les deux pays qui ont également des racines historiques et culturelles.
Les relations franco-algériennes ont toujours été marquées par le passé colonial et la guerre d’indépendance algérienne, vieilles blessures que déclarations et décisions politiques ne font que rouvrir à intervalles plus ou moins dilatés. Le président français Emmanuel Macron, par exemple, a accusé en 2021 l’Algérie d’alimenter le sentiment anti-français basé sur une «rente commémorative» et a suscité l’indignation à Alger, conduisant au rappel de l’ambassadeur d’Algérie à Paris et à d’autres mesures diplomatiques.
L’Algérie a entamé un processus de détachement de l’influence culturelle française, promouvant l’utilisation de l’anglais dans les établissements d’enseignement et recherchant de nouveaux partenariats mondiaux, marquant un éloignement de la sphère d’influence traditionnelle de Paris.
Une réconciliation souhaitée mais difficile
Les relations entre la France et l’Algérie restent donc complexes et caractérisées par une série d’événements qui reflètent les enjeux d’une réconciliation souhaitée mais difficile. Le cas de Sansal met aussi en lumière les difficultés liées à la liberté d’expression et aux dynamiques politiques internes et externes des deux pays. La gestion de ces tensions nécessitera un équilibre délicat entre la reconnaissance du passé commun et la construction d’un avenir basé sur le respect mutuel et la coopération.
Reste que les liens très particuliers noués par Macron avec le régime algérien, avant et après son élection – selon des sources françaises et algériennes, le président français a bénéficié des fonds secrets d’oligarques algériens pour financer ses campagnes électorales – et sa dernière volte-face concernant l’affaire du Sahara ont envenimé les relations entre Alger et Paris. Les Algériens s’étant sentis floués voire trahis par celui à la montée duquel ils ont largement contribué, et les Macronistes s’étant trouvés piégés par les exigences de traitement particulier émanant de leurs interlocuteurs algériens. La crise était donc inévitable pour les deux parties.
Le bureau du procureur général de Libye a annoncé que le tribunal pénal de Tripoli a condamné un homme à 12 ans de prison pour son implication dans l’enlèvement de migrants tunisiens en 2019.
Selon une déclaration du procureur général, l’accusé a été reconnu coupable d’avoir enlevé 14 ressortissants tunisiens. Les enlèvements ont été perpétrés dans le cadre d’une tentative de pression sur les autorités tunisiennes pour qu’elles libèrent un individu détenu impliqué dans des activités criminelles en Tunisie.
La décision du tribunal a également privé définitivement le condamné de ses droits civils, soulignant la gravité du crime.
«L’incident met en évidence les défis sécuritaires actuels en Libye, où les activités criminelles telles que les enlèvements et la contrebande persistent dans un cadre politique et juridique fragile », écrit le journal électronique Libya Review, qui a publié cette information, ajoutant que «ce verdict reflète les efforts de la Libye pour lutter contre les crimes commis à l’intérieur de ses frontières et signale un engagement à maintenir la loi et l’ordre, malgré les défis complexes auxquels le pays est confronté».
Les forces de l’ordre libyennes affirment dans un communiqué avoir réussi à intercepter une importante opération de contrebande au poste frontière de Ras Jedir avec la Tunisie, en appréhendant plusieurs véhicules transportant de grandes quantités de marchandises illicites destinées au marché parallèle.
Toutes les mesures juridiques nécessaires ont été prises contre les personnes arrêtées et les propriétaires des véhicules saisis, affirment encore les autorités sécuritaires libyennes citées par le journal électronique Libya Review, ajoutant que cette opération s’inscrit dans le cadre de «la stratégie du ministère de l’Intérieur pour renforcer la sécurité nationale et lutter efficacement contre les activités de contrebande».
Le poste frontière de Ras Jedir est un point central pour les échanges et les déplacements entre la Libye et la Tunisie. Cependant, au cours de la semaine dernière, le poste frontière a connu un flux de trafic important entraînant des retards prolongés. Les voyageurs ont signalé des temps d’attente allant jusqu’à quatre heures, le trafic passant lentement à la porte, explique le journal. Qui ajoute : «Le ministère de l’Intérieur reste déterminé à renforcer les infrastructures de sécurité aux principaux points frontaliers afin de garantir la sécurité des voyageurs et l’intégrité du commerce légal. Les autorités continuent de surveiller et de traiter les menaces potentielles pour maintenir des opérations frontalières fluides et sûres».
Du 26 au 29 janvier 2025, la 6e édition du salon libyen de l’alimentation, Libya Food, se tiendra au Parc international des expositions de Tripoli avec la participation d’entreprises de nombreux pays dont la Tunisie.
Selon le site Libya Review, ce salon «souligne l’ambition de la Libye de s’imposer comme une plaque tournante du commerce international et de la collaboration dans l’industrie alimentaire».
Cette année, 130 entreprises étrangères et 86 entreprises libyennes y participeront, représentant 18 pays, dont l’Italie, la France, la Turquie, les Émirats arabes unis, la Tunisie, le Sri Lanka, l’Égypte, Malte, la Jordanie, l’Arabie saoudite, l’Inde, le Vietnam, la Russie, le Maroc, l’Allemagne et la Thaïlande.
«L’événement se concentrera sur des secteurs tels que la production alimentaire, les technologies d’emballage et l’approvisionnement et l’équipement des usines et des marchés commerciaux», écrit le même site.
«Des rencontres individuelles seront organisées entre des entreprises libyennes et internationales pour favoriser la mise en réseau, partager l’expertise et renforcer les liens commerciaux», annonce Libya Review. Et ajoute : «Ces efforts visent à connecter le secteur privé libyen aux marchés mondiaux. En créant des opportunités d’exportation, en renforçant le rôle de la Libye dans le commerce régional et international, et en créant un environnement qui encourage l’échange de connaissances et d’innovation, le salon vise à soutenir la croissance économique de la Libye et à étendre sa présence dans l’industrie alimentaire mondiale».
La compagnie italienne Ars Nova Napoli ouvrira les 10e Journées musicales de Carthage (JMC) à Tunis le 18 janvier 2025.
Ars Nova Napoli, née en 2009 dans les ruelles du centre historique de Naples, amène les musiques populaires du sud de l’Italie et de la Méditerranée à Tunis.
Cette participation est soutenue par le ministère italien de la culture et l’Institut culturel italien de Tunis et comprend un autre concert le 19 janvier sur l’avenue Bourguiba au centre de la capitale et une masterclass organisée par Marcello Squillante, le 20, au Studio de l’Opéra de Tunis.
Les JMC, selon les organisateurs, visent à mettre en valeur la créativité sous ses diverses formes et directions musicales. Ils verront se produire des artistes venus d’Algérie, de Belgique, de Bulgarie, du Cameroun, du Cap-Vert, d’Egypte, de France, d’Irak, d’Iran, d’Italie, de Jordanie, du Liban, du Maroc, de France, de Palestine, du Portugal, d’Espagne, de Suède, de Syrie et de Tunisie, avec 7 spectacles majeurs d’artistes confirmés, 18 de jeunes talents et 4 spectacles de rue. Une programmation riche, du 18 au 24 janvier, qui se déroulera entre le Théâtre de l’Opéra de Tunis, à la Cité de la Culture et à l’avenue Habib Bourguiba.
Ce n’est pas sur le registre des droits de l’homme qu’il faut rechercher l’origine de l’intervention occidentale en Libye, et le sursis de 14 ans dont bénéficia en Syrie Bachar El-Assad le prouve largement, mais dans l’adoption par l’administration américaine de la vision des think tank néo-conservateurs censée assurer la domination de leur pays sur les ressources énergétiques mondiales.
Dr Mounir Hanablia *
Qui voulait la peau du Roi de l’Afrique? Le renversement du Roi Idriss Senoussi, de surcroît par un groupe d’officiers nassériens, se déroula plutôt facilement dans un pays pétrolier abritant l’importante base américaine de Wheelus. Mais les choses commencèrent rapidement à se corser avec le «complot» des ministres de la Défense et de l’Intérieur du premier gouvernement, ensuite l’opposition de ses compagnons des premières heures, organisateurs de l’affaire dite du Hilton, dont la tentative du coup d’Etat fut stoppée net par les services secrets italiens agissant en accord avec la CIA, contre la volonté des Français, qui réclamaient l’élimination du maître de Tripoli.
Les membres les plus importants du Conseil du Commandement de la Révolution, tels Omar Mehichi, firent défection lorsque Kadhafi organisa les comités populaires, pour tenir le pays d’une main de fer. Mehichi, passé à l’opposition ouverte en 1975 et réfugié en Egypte chez Sadate, quitta l’Egypte pour protester contre les accords de Camp David pour s’installer chez le Roi Hassan II du Maroc. Ce dernier, qui entretenait de bonnes relations avec Israël, le livra aux Libyens en gage de réconciliation en 1984 et plus personne n’entendit jamais parler de lui. Ce ne devait pas être le dernier opposant à disparaître ainsi. Mansour Kikhia fut enlevé au Caire et son corps sera retrouvé en 2012 enterré dans une villa. Quant à l’Imam Moussa Sadr, ce chef chiite libanais en visite à Tripoli, personne ne le revit et son sort demeure à ce jour inconnu.
Le Guide , ses adversaires et ses ennemis
Cependant, les opposants les plus divers, royalistes, modernistes et islamistes, s’étaient regroupés en un Front du Salut National. Ce dernier fut consolidé par les militaires libyens capturés au Tchad dont le chef était un certain Khalifa Haftar, et qui passèrent chez les ennemis de Kadhafi quand ils comprirent que ce dernier les avait purement et simplement abandonnés pour ne pas reconnaître ses déboires militaires dans le pays voisin.
Ces militaires, qui se baptisèrent Armée Nationale et furent appelés Contras, ont été pris en charge par les Américains et transférés en Amérique après avoir transité par le Zaïre. Mais Kadhafi, quoiqu’étant un grand client de la France en armements, finit par indisposer le président Giscard d’Estaing après l’attaque de la ville de Gafsa en 1980 par un commando tunisien en provenance de Libye et transitant par l’Algérie.
Cette attaque semble avoir eu plus tard des conséquences dramatiques avec le mystérieux désastre aérien du vol Itavia Bologne Palerme du 27 juin 1981 au cours duquel le DC 9 de la compagnie s’écrasa en mer près de l’île d’Ustica.
L’enquête menée par le juge Rosario Priore, l’un des auteurs de l’ouvrage, attribua la destruction de l’appareil à un missile, d’autant que les radars des bases italiennes établirent que deux avions de chasse croisèrent ce jour-là la route du vol Itavia. La carcasse d’un Mig libyen fut alors découverte dans les montagnes de Calabre au Sud de l’Italie avec le corps du pilote bloqué à l’intérieur, et sa carlingue était trouée par des balles de mitrailleuses. Les Français nièrent toute implication mais leurs déclarations concernant la fermeture de la base de Solenzara en Corse à l’heure de l’incident se révélèrent mensongères.
En fait il s’est avéré que c’est l’avion de Kadhafi qui devait emprunter cette route ce jour-là, mais il fut dérouté après que services secrets militaires italiens, encore eux, l’eurent prévenu des projets français de l’abattre, et c’est le vol Itavia, qui par erreur alors qu’il passait au même endroit, fut abattu.
Les Français dénoncés par l’ancien président Cossiga ne reconnurent jamais leur responsabilité dans la tragédie. Les ambitions libyennes au Tchad furent un autre sujet d’affrontement entre les deux pays et se terminèrent par un désastre pour l’ambitieux colonel après l’intervention française en 1984 en faveur du président Hissène Habré. Il ne faut pas non plus oublier les ressentiments britanniques suscités par les livraisons d’armes libyennes aux combattants de l’Armée Républicaine Irlandaise (IRA).
Dans le viseur des Américains
En 1986, les Américains, à la suite de l’explosion d’une discothèque berlinoise fréquentée par leurs soldats, bombardèrent massivement Tripoli ainsi que la demeure de Kadhafi à Bab Azizia. Mais en 1988, un Boeing de la Panam explosa au-dessus de la ville écossaise de Lockerbie, tout comme le fit près d’une année plus tard un DC 10 de la compagnie française UTA au-dessus du désert du Ténéré. Les enquêtes menées attribuèrent ces catastrophes à des bombes placées dans les carlingues dont la Libye fut tenue pour responsable. Ce pays fut donc placé sous embargo et son espace aérien considéré comme une zone d’exclusion. Comme d’habitude, des résolutions de l’Onu conférèrent l’habillage juridique nécessaire.
Dans le même temps un maquis islamiste, animé par des vétérans revenus d’Afghanistan, dont Abdelkarim Belhaj, le «copain» de Rached Ghannouchi, était constitué en Cyrénaïque et blessait même le guide libyen aux jambes lors d’un attentat.
Finalement Kadhafi accepta de livrer ses agents incriminés dans l’attentat de Lockerbie afin d’être jugés par la Cour écossaise, et de rembourser les familles des victimes. Et à partir de 2004, il annonça son intention de renoncer à son programme nucléaire et aux armes de destruction massive, et c’est ainsi que la Libye retrouva sa place dans le concert des nations et fut même citée en exemple.
L’affaire des infirmières bulgares qui furent accusées d’avoir sciemment contaminé des enfants de Benghazi par le virus du Sida ne mit pas fin à l’idylle avec l’Occident, du moins en apparence. Mais à partir de 2009, le bruit commença à courir à Washington que des changements importants allaient se produire en Libye. La survenue du Printemps Arabe donnait l’occasion aux irrédentismes régionaux libyens soutenus par les puissances occidentales de donner leur pleine mesure, à Benghazi surtout, mais aussi à l’Ouest dans le Djebel Nefoussa, à la frontière avec la Tunisie.
La question demeure de savoir qui a été à l’origine du changement de régime politique en Libye. Les Algériens avant et après le 11-Septembre ont accueilli et entraîné des membres du FSN Libyen, c’est une certitude; les militaires algériens depuis Boumediene, malgré les apparences d’une rhétorique nationaliste tiers-mondiste, se sont toujours situés dans l’orbite américaine, en particulier depuis la guerre mondiale contre le terrorisme. La Tunisie a cultivé la même ambiguïté. Elle a pris soin de ne pas accueillir officiellement d’opposition libyenne, mais après Gafsa, des commandos à l’époque de Mohamed Mzali ont bien traversé la frontière en provenance de chez nous vers le pays voisin, qui ont d’ailleurs été interceptés sans remous. Ont-ils été donnés par Ben Ali, alors ministre de l’Intérieur? En tous cas, les paroles attribuées à Rachid Sfar évoquant lors de son passage à la tête du premier ministère l’arrivée du Général Vernon Walters en compagnie de Ben Ali, telles que rapportées dans le livre de Ridha Ben Slama, prennent ainsi quelque relief, et expliqueraient les liens étroits qui ont plus tard uni le guide libyen et le futur président tunisien.
Il est vrai que Ben Ali avait été adoubé par les Libyens en tant que responsable de la sécurité ou du renseignement lors de l’Union tuniso-libyenne avortée de Djerba, et que durant l’affaire de Gafsa, il avait eu des renseignements avant l’attaque, qu’il n’avait pas utilisés pour l’anticiper.
On est donc en droit de supposer qu’étant un allié indéfectible du tyran libyen, son élimination préalable de la scène pour abattre ce dernier devenait impérative. Après sa fuite en Arabie, et sous le gouvernement provisoire de Béji Caïd Essebsi, la Tunisie devint une base arrière de l’opposition armée libyenne, en particulier celles de Zenten et Nalout dans la zone frontalière du Djebel Nefoussa. A posteriori, on se prend à penser, si ce n’est pas pour cela, que les Révolutions en Tunisie et en Egypte précédèrent celle de Libye, si elles ne lui servirent pas aussi de couverture, de justificatif, qu’on nomma Printemps Arabe. Il n’y eut d’ailleurs qu’un seul véritable changement, celui survenu en Libye. En Tunisie et en Egypte, ces changements se situent encore dans la continuité des régimes précédents. On a évoqué l’influence du Qatar, désireux de mettre la main sur le gaz libyen pour des raisons stratégiques, et de la Turquie. Ces deux pays auraient soutenu financièrement le gouvernement de Benghazi alors qu’il était privé de toute ressource.
Quant à la France, l’acharnement avec lequel elle poursuivit le colonel libyen, jusqu’à sa mise à mort par ses opposants à Syrte, suscite quelques interrogations, et pas seulement parce que Nicolas Sarkozy bénéficia de ses largesses financières durant ses campagnes électorales.
Un Printemps arabe en cache un autre
C’est au moment où le leader libyen était redevenu «fréquentable» aux yeux de la communauté internationale qu’il fut abattu par ses amis occidentaux. Il est vrai que la mise à mort de Saddam Hussein, un ennemi implacable de Kadhafi que ce dernier aurait tenté d’assassiner, l’avait sans aucun doute convaincu de faire amende honorable.
Néanmoins l’invasion de l’Irak avait démontré que les Américains ne toléreraient plus, dans le monde arabe, aucun régime doté de ressources en hydrocarbures, et non soumis à leur contrôle absolu.
Ce livre, certes, démontre bien que l’opposition, qui a pris le pouvoir en Libye, n’a pas relevé de la génération spontanée, elle a lutté dès le début contre le régime libyen et souvent, trahie par les services occidentaux, en a payé un prix conséquent. Et nul ne peut nier que le Colonel ne fût pas implacable contre ses opposants allant jusqu’à les faire assassiner par des équipes de tueurs dans les pays où ils étaient réfugiés.
Toutefois il faut bien constater que tout comme lors des derniers jours de Ben Ali, le caractère implacable des services de sécurité disparut lorsque débuta la fin du régime, et que l’arrestation de Abdelkarim Belhaj n’entraîna pas son élimination physique.
Cependant, ce n’est pas sur le registre des droits de l’homme qu’il faut rechercher l’origine de l’intervention occidentale en Libye, et le sursis de 14 ans dont bénéficia en Syrie Bachar El-Assad le prouve largement, mais dans l’adoption par l’administration américaine, y compris celle d’Obama, de la vision des think tank néo-conservateurs censée assurer la domination de leur pays sur les ressources énergétiques mondiales. Et c’est en ce sens que ce qu’on a nommé Printemps Arabe doit prendre toute sa signification.
* Médecin de libre pratique.
‘‘Pour la peau de Kadhafi : Guerres, secrets, mensonges : l’autre histoire (1969-2011)’’, de Roumiana Ougartchinska et Rosario Priore, éditions Fayard, Paris, 23 octobre 2013,352 pages.
Amirul Arham est poète et cinéaste indien, qui a réalisé une dizaine de films et documentaires.Il a publié deux livres de poésie en français.
Né en 1956 au Bengale-Occidental, Amirul Arham a fait des études de sciences, cinéma et littérature, en Inde, il vient faire un stage avec Jean Rouch, s’installe en France, en 1985. Proche du Nobel d’économie, Muhammad Yunus, il lutte contre la pauvreté.
A publié deux livres de poésie : Le trempage sous la pluie, 1998; Dans tes yeux, il y a l’ombre de la mer, édition bilingue, bengali-français, 2011.
Tahar Bekri
Où que tu ailles
Les traces de tes pas te suivent
C’est une percée de chants de bâuls
Un midi assoupi par le roucoulement des tourterelles
Nostalgique l’après-midi jonché de pétales de flamboyants
Une soirée de kîrtan, parfumée d’encens,
De riz soufflé au beurre, de thé au sucre
Des frissons dans l’obscurité, des cris de Dâhuk et de Hibou
Toute la nuit confiante reste collée contre ma poitrine.
Où que tu ailles
Les oiseaux ne cessent de voler à tes côtés, volent
Par ce lointain qui frôle le ciel
Ce nuage noir et blanc- ton sâri- sur le giron de la colline
Le cours de la rivière qui longe la rizière
A ses méandres, un banian cassé et les berges
Dans l’air une flûte, l’odeur du riz mûr,
Un geste venant de l’autre rive,
Un appui sur ma main pour un embarquement empressé/
Où que tu ailles
Même en plongeant dans l’eau profonde, tu flottes, tu flottes
La mer agitée, l’émotion intense sans fin
Le survol d’une mouette, une baleine au fond de l’eau
De vague en vague, côte à côte, tu es avec moi
Nous nageons au milieu des milliers de poissons d’or
Nous deux, roi et reine d’un pays de rêve,
Nous persistons à veiller comme la vigie de pleine lune.
Où que tu ailles
Que tu te fasses consumer par un incendie de forêt
Je demeure planant comme les cendres
Je maintiens le contact avec ton ciel qui est le mien
Qui est le malheur et le bonheur de tous les souvenirs
De notre vie calcinée.
Nous marchons et nous marchons
Tantôt nous nous arrêtons tantôt
Nous nous regardons
Tantôt nous restons muets :
Dis-moi, comment s’appelle cette fleur?
quant à ce beau petit oiseau ?
Traduit du bengali par Pritlhwindra Mukherjee
Extrait de ‘‘Dans tes yeux l’ombre de la mer’’, Paalam Publications, Paris 2011.
Le président Saïed semble déterminé à aller jusqu’au bout dans la mise en œuvre de ses politiques sociales, qui ont, on l’imagine, un surcoût financier. Reste que le gouvernement ne nous explique pas où il va chercher les fonds que la mise en œuvre de ces politiques va exiger, sachant que les finances publiques se portent plutôt mal.
«Chaque goutte de sueur essuyée doit avoir une contrepartie à travers un salaire juste et équitable», a déclaré Kaïes Saïed, en soulignant qu’il ne peut y avoir de stabilité sociale sans l’instauration des valeurs de justice et d’équité.
«Tout comme le propriétaire d’une entreprise privée est en quête de stabilité, le travailleur, lui aussi, a le plein droit à bénéficier d’une situation stable dans le respect de sa dignité et droits», a ajouté le président de la république, qui s’adressait au chef du gouvernement, Kamel Maddouri et au ministre des Affaires sociales, Issam Lahmar, qu’il a reçus, vendredi 10 janvier 2025, au Palais de Carthage, pour les appeler à prendre les mesures nécessaires pour mettre fin à la sous-traitance, ce mode de travail précaire dans les secteurs privé et public, à préserver les droits des travailleurs et à sanctionner toute violation de leurs droits.
Dans ce contexte, le chef de l’Etat a appelé à ce que «les nouvelles législations soient en phase avec les attentes du peuple tunisien et qu’elles rompent avec les solutions en demi-teinte», selon ses propos rapportés par un communiqué du Palais de Carthage.
Pour Saïed, il s’agirait d’une «révolution législative [qui] suppose nécessairement de faire table rase des législations devenues obsolètes et qui ne sont plus légitimes, notamment dans les domaines économique et social».
On regrettera cependant l’absence à cette réunion de la ministre des Finances, la première concernée par l’application de ce type de décisions «révolutionnaires» qui ont un lourd impact sur des finances publiques en crise. N’est-ce pas elle qui devra trouver les fonds nécessaires pour concrétiser les décisions à caractère social du président de la république? On aimerait d’ailleurs l’entendre nous expliquer comment elle va financer la décision prise il y a deux jours d’intégrer plus de 10 000 enseignants contractuels dans la fonction publique. Car ces fonds n’ont pas été prévus, en tout cas à notre connaissance, dans la loi de finances pour l’exercice 2025. L’Etat tunisien va-t-il solliciter, à cet effet, un nouveau prêt et auprès de qui ? Mme Sihem Boughdiri ne peut pas garder longtemps le silence à ce propos.
La Tunisie, dans cette phase critique de son histoire contemporaine et des relations internationales, se doit de peser sereinement les avantages et les inconvénients de tout rapprochement ou alignement sur les positions de ses voisins.
Elyes Kasri *
Le vent de changement, qui menace le monde et en particulier le triangle Europe-Afrique-Moyen Orient, met de nombreux pays, dont la Tunisie, face à un dilemme du mondialisme (et son pendant régionaliste) ou le souverainisme, qui semble connaître un attrait grandissant chez les grandes et moyennes puissances, en plus de nombreux pays africains semblant prendre conscience que les groupements régionaux ne sont en fin de compte que des relais néocoloniaux.
Avec une Europe en détresse identitaire et géostratégique et un Moyen-Orient qui ne cache plus son statut de paysage politique néocolonial susceptible d’être reconfiguré à la guise de des concepteurs coloniaux, la sous-région maghrébine accentue sa descente aux enfers tant par sa gestion calamiteuse de son semblant d’indépendance que son échec patent à faire œuvre utile de ses richesses naturelles et des avantages que lui confère sa situation géographique entre l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient, lequel est qualifié par les stratèges héritiers du colonialisme anglo-saxon d’Asie occidentale.
Alors que les pays qui entourent la Tunisie semblent s’apprêter à payer, à l’intérieur et à l’international, le prix de décennies d’activisme qualifié par de nombreux stratèges occidentaux d’aventurisme et de velléités hégémoniques, notre pays se doit, dans cette phase critique de son histoire contemporaine et des relations internationales, de peser sereinement les avantages et les inconvénients de tout rapprochement ou alignement sur les positions que certains qualifient de contradictoires de ces pays voisins.
Compte tenu de la présente situation de la Tunisie, fragilisée par une fin de règne éprouvante de Ben Ali, suivie par une quinzaine d’années d’expérimentations politico-socio-économiques qui tardent à donner des résultats probants, l’intérêt national doit primer sur toute considération altruiste ou tout élan émotionnel, car plus que jamais la fable du pot de terre et du pot de fer de Jean de La Fontaine est d’actualité.
Il faut reconnaître que La Fontaine n’a pas le monopole du réalisme et de la sagesse car un vieux proverbe arabe dit: «عاش من عرف قدره و جلس دونه» (Vivra mieux celui qui aura connu sa juste place et s’en sera contenté).**
* Ancien ambassadeur.
** La morale de cette fable est la suivante : «Mesurons-nous à nos égaux, sinon nous risquerions de nous perdre».
La Société tunisienne d’électricité et de gaz (Steg) a signé un protocole de coopération avec la Société nationale algérienne de l’électricité et du gaz (Sonelgaz), a annoncé un communiqué du ministère algérien de l’Energie et des Mines.
L’accord a été signé hier, jeudi 9 janvier 2024, à Tunis, en marge d’une réunion tripartite à laquelle ont participé les dirigeants de la Steg, de la Sonelgaz et de la Gecol, la société générale d’électricité libyenne, dont les représentants ont participé par vidéoconférence.
L’accord, explique un communiqué du ministère algérien de l’Energie et des Mines, vise à consolider les relations entre l’entreprise étatique algérienne et son homologue tunisienne et définira le cadre général et les mécanismes à travers lesquels seront menées des activités conjointes dans les secteurs de l’électricité, du gaz et de la maintenance des installations.
Le PDG de Sonelgaz, Mourad Adjal, a fait part de la «pleine disponibilité» de la Sonelgaz, à travers toutes ses filiales et ses principales usines, à se coordonner avec la partie tunisienne pour garantir la sécurité énergétique de la Tunisie.
Adjal a également souligné que Sonelgaz s’emploie à mettre en œuvre les recommandations formulées précédemment par les dirigeants de l’Algérie, la Tunisie et la Libye, en vue d’accélérer la mise en œuvre du projet énergétique stratégique relatif à l’interconnexion électrique entre les trois pays.
A cette occasion, la ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Energie, Fatma Thabet, et le PDG de Sonelgaz ont examiné les moyens de renforcer le réseau électrique entre la Tunisie, l’Algérie et la Libye afin de relever les défis énergétiques, de faire face au pic de consommation en été et d’alléger la pression sur les réseaux de transport et de distribution, indique un communiqué du ministère tunisien
Le fort de Kélibia, ville située à la pointe nord-est de la Tunisie, sur la presqu’île du Cap Bon (gouvernorat de Nabeul), également connu sous le nom de Qal’at ou Bordj Al-Kilibiya, représente l’un des monuments historiques les plus fascinants de Tunisie.
Cet imposant bastion domine la mer Méditerranée, offrant une vue panoramique unique et un lien direct avec l’histoire millénaire de la région.
Outre son importance historique et architecturale, le fort a joué un rôle crucial dans la promotion du tourisme local et mérite certainement une visite pour ceux qui arrivent en Tunisie.
Le fort remonte à la période carthaginoise, avec des rénovations ultérieures au cours des époques romaine, byzantine et ottomane.
Sa position stratégique sur une colline d’environ 150 mètres de hauteur fit du site, lors des différentes dominations, un point de contrôle incontournable pour la surveillance des routes commerciales et militaires de la Méditerranée.
Un rempart contre les invasions
Pendant la domination byzantine, le fort a été agrandi pour servir de rempart contre les invasions arabes, tandis qu’à l’époque ottomane, il a été renforcé pour défendre la côte contre les incursions des pirates.
L’architecture du fort reflète une fusion de styles, avec des murs massifs en pierre calcaire, des tours de guet et un imposant portail d’entrée. À l’intérieur se trouvent des citernes pour la collecte de l’eau et des restes de structures utilisées à des fins militaires et administratives.
Le Fort de Kélibia a principalement rempli deux fonctions cruciales au cours de sa longue histoire. Premièrement, il s’agissait d’une forteresse militaire destinée à protéger la région des menaces extérieures. Sa position stratégique permettait une large vue sur la mer, facilitant la surveillance des navires en approche.
Deuxièmement, le fort avait un rôle administratif et symbolique, représentant le pouvoir des autorités locales et agissant comme centre de contrôle pour la gestion des ressources côtières.
Aujourd’hui, le Fort de Kélibia est l’une des principales attractions touristiques de la région, avec des milliers de visiteurs par an.
La vue panoramique sur la Méditerranée qu’offre la ville de Kélibia est l’un des points forts de l’expérience. Le tourisme lié au fort a contribué de manière significative au développement économique local, générant des emplois et soutenant les activités culturelles et artisanales.
Un symbole de richesse culturelle
Les événements et festivals organisés dans la région, comme le Festival international du film amateur de Kélibia, attirent des visiteurs de tout le pays, élargissant l’offre culturelle de la ville.
Le Fort de Kélibia est en quelque sorte un symbole de la résilience et de la richesse culturelle de la Tunisie. Son histoire, ses fonctions et son impact sur le tourisme en font un point de référence tant pour les locaux que pour les touristes étrangers. Promouvoir sa conservation et sa valorisation est essentiel pour qu’il continue à raconter son histoire unique et à générer des bénéfices pour la région et en effet le fort fait l’objet d’un plan de rénovation par les administrations locales.