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Israël veut détruire Karim Khan et torpiller la CPI

05. August 2025 um 12:31

DĂ©jĂ  visĂ© par les sanctions amĂ©ricaines, le procureur gĂ©nĂ©ral de la Cour pĂ©nale internationale (CPI) Karim Khan voit dĂ©sormais sa carriĂšre et sa rĂ©putation menacĂ©es Ă  cause de l’émission de mandats d’arrĂȘt par la juridiction internationale contre le Premier ministre israĂ©lien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la DĂ©fense Yoav Galant. L’avenir de la CPI risque Ă©galement d’ĂȘtre compromis.

Imed Bahri

Une enquĂȘte de Middle East Eye a rĂ©vĂ©lĂ© les dĂ©tails de la campagne d’intimidation menĂ©e contre le procureur de la CPI suite Ă  son enquĂȘte sur les crimes de guerre israĂ©liens Ă  Gaza. 

Le mĂ©dia britannique a confirmĂ© que la chronologie des Ă©vĂ©nements montre que la pression sur Khan a commencĂ© Ă  s’intensifier en avril 2024 alors qu’il s’apprĂȘtait Ă  demander aux juges de la CPI d’émettre des mandats d’arrĂȘt contre Netanyahu et Gallant puis s’est de nouveau intensifiĂ©e en octobre soit un mois avant que les juges n’émettent ces mandats.

Une équipe du Mossad à La Haye sur les traces du juge

Cette campagne vicieuse comprenait des menaces et des avertissements directs de la part de personnalitĂ©s influentes, des fuites d’informations provenant de proches, de collĂšgues et d’amis de sa famille complotant contre lui ainsi que des inquiĂ©tudes pour sa sĂ©curitĂ© aprĂšs le repĂ©rage d’une Ă©quipe du Mossad Ă  La Haye et des fuites dans les mĂ©dias concernant des allĂ©gations d’agression sexuelle.

Ces informations s’inscrivent dans le contexte des efforts de Khan pour monter un dossier contre Netanyahu et d’autres responsables israĂ©liens pour leur gestion de la guerre contre Gaza, l’escalade de la colonisation et les violences contre les Palestiniens en Cisjordanie illĂ©galement occupĂ©e.

Middle East Eye rapporte qu’en mai dernier, Khan avait reçu un avertissement l’informant que si les mandats d’arrĂȘt Ă©mis l’annĂ©e derniĂšre contre Netanyahu et Gallant n’étaient pas retirĂ©s, la CPI serait dĂ©truite et lui-mĂȘme avec elle.

Cet avertissement a Ă©tĂ© relayĂ© par l’avocat britannico-israĂ©lien Nicholas Kaufman lors d’une rencontre entre Khan et son Ă©pouse Shyamala Alajendra dans un hĂŽtel de La Haye.

Des allĂ©gations d’agression sexuelle contre Khan

Le mĂ©dia britannique rapporte que cette rencontre avait eu lieu moins de deux semaines avant la publication des allĂ©gations d’agression sexuelle contre Khan – qu’il dĂ©ment catĂ©goriquement – et Ă  un moment oĂč il s’apprĂȘtait Ă  demander de nouveaux mandats d’arrĂȘt contre des responsables du gouvernement israĂ©lien.

AprĂšs l’échec d’une tentative de suspension, Khan aurait pris un congĂ© dans le cadre d’une enquĂȘte de l’Onu sur les allĂ©gations portĂ©es contre lui. La pression sur Khan avait commencĂ© Ă  s’intensifier avant mĂȘme que les allĂ©gations ne soient rĂ©vĂ©lĂ©es dans les mĂ©dias. Middle East Eye a obtenu des dĂ©tails sur la correspondance entre Khan et la plaignante –une employĂ©e du tribunal– qui remettent en question certains articles des mĂ©dias amĂ©ricains et britanniques sur l’affaire.

Middle East Eye rapporte que la plaignante a entretenu des relations amicales avec Khan et son Ă©pouse tout au long de la pĂ©riode oĂč elle a allĂ©guĂ© des agressions rĂ©guliĂšres de la part de Khan.

La plaignante a confirmĂ© avoir pleinement coopĂ©rĂ© Ă  l’enquĂȘte de l’Onu mais n’a pas pu rĂ©pondre aux questions posĂ©es ni corriger les inexactitudes en raison de «l’obligation de confidentialitĂ© et d’intĂ©gritĂ© professionnelle». Khan a refusĂ© de commenter les points soulevĂ©s dans cette enquĂȘte.

L’enquĂȘte rĂ©vĂšle qu’en avril 2024, quelques semaines avant que Khan ne demande aux juges l’émission des mandats d’arrĂȘt contre Netanyahu et Galant, le ministre britannique des Affaires Ă©trangĂšres de l’époque David Cameron a discrĂštement menacĂ© Khan affirmant que la Grande-Bretagne cesserait de financer la CPI et s’en retirerait si des mandats d’arrĂȘt Ă©taient Ă©mis contre des dirigeants israĂ©liens.

«Ciblez IsraĂ«l et nous vous ciblerons !»

Cameron n’a pas rĂ©pondu aux demandes de commentaires de Middle East Eye et le ministĂšre britannique des Affaires Ă©trangĂšres a Ă©galement refusĂ© de commenter. Le lendemain de cet appel avec Cameron, 12 sĂ©nateurs rĂ©publicains amĂ©ricains dont Marco Rubio, aujourd’hui secrĂ©taire d’État de l’administration Trump, ont Ă©crit Ă  Khan pour l’avertir: «Ciblez IsraĂ«l et nous vous ciblerons !»

Ils ont Ă©galement menacĂ© Khan par ces termes: «Si la Cour Ă©mettait des mandats d’arrĂȘt contre des responsables israĂ©liens, les États-Unis sanctionneraient votre personnel et vos partenaires et vous interdiraient, ainsi qu’à vos familles, l’entrĂ©e aux États-Unis»

Le reprĂ©sentant rĂ©publicain Lindsey Graham a menacĂ© Khan et la CPI, affirmant qu’elle Ă©tait «pour l’Afrique et les gens comme Poutine et non pour les dĂ©mocraties comme IsraĂ«l»

Khan a reçu un briefing de sĂ©curitĂ© indiquant que le Mossad, l’agence de renseignement israĂ©lienne, Ă©tait active Ă  La Haye et reprĂ©sentait une menace potentielle pour le procureur.

La femme qui l’avait accusĂ© d’inconduite sexuelle en mai 2024 lui a Ă©galement envoyĂ© un SMS lui disant qu’elle estimait qu’il y avait eu des «manigances et des tentatives de l’utiliser comme un pion dans un jeu auquel elle ne voulait pas participer». L’enquĂȘte interne du tribunal sur ses allĂ©gations a Ă©tĂ© close aprĂšs son refus de coopĂ©rer.

La plaignante avait prĂ©cĂ©demment sollicitĂ© le soutien de Khan pour dĂ©poser une plainte contre un autre haut fonctionnaire de la CPI pendant la pĂ©riode oĂč elle a allĂ©guĂ© que Khan l’avait agressĂ©e. Les enquĂȘteurs n’ont trouvĂ© aucune preuve d’actes rĂ©prĂ©hensibles de la part du fonctionnaire en question.

Des accusations «fausses et trompeuses»

Selon Middle East Eye, Thomas Lynch, assistant spĂ©cial de Khan et ami de la famille, qui coordonne avec IsraĂ«l sur la question palestinienne, a jouĂ© un rĂŽle essentiel dans la transformation des allĂ©gations contre Khan en plainte officielle. Cependant, lors de conversations privĂ©es avec l’épouse de Khan, il a exprimĂ© des doutes quant Ă  la vĂ©racitĂ© des allĂ©gations et a jugĂ© leur moment «suspect»

En réponse aux questions du média britannique, Lynch a qualifié les accusations contenues dans le rapport de «fausses et trompeuses».

Une avocate travaillant au tribunal a dĂ©clarĂ© qu’un groupe au sein de l’institution s’oppose Ă  la dĂ©marche de Khan et s’efforce de nuire Ă  sa rĂ©putation. Elle a ajoutĂ© qu’en mai 2024, on lui avait demandĂ© si Khan s’était comportĂ© de maniĂšre inappropriĂ©e Ă  son Ă©gard et qu’elle avait rĂ©pondu: «C’est la derniĂšre personne Ă  laquelle je penserais pour ce genre de comportements»

La campagne contre Khan s’est accompagnĂ©e de mesures punitives et hostiles prises par les États-Unis contre la Cour. Depuis fĂ©vrier, Washington a imposĂ© des sanctions Ă  Khan en raison des mandats d’arrĂȘt Ă©mis contre Netanyahu et Galant, mĂȘme si, comme IsraĂ«l, ils ne reconnaissent pas la compĂ©tence de la Cour.

Le mois dernier, les États-Unis ont imposĂ© de nouvelles sanctions Ă  quatre juges de la Cour, les accusant d’actions illĂ©gales visant les États-Unis et IsraĂ«l. Ce mois-ci, un conseiller juridique principal du DĂ©partement d’État amĂ©ricain a averti l’organe de surveillance de la Cour que «toutes les options Ă©taient envisageables» si les mandats d’arrĂȘt contre Netanyahu et Yoav Galant n’étaient pas retirĂ©s.

Cependant, le 16 juillet, les juges de la CPI ont rejetĂ© une demande israĂ©lienne de retrait des mandats d’arrĂȘt dans l’attente de la dĂ©cision de la Cour sur la contestation persistante par IsraĂ«l de sa compĂ©tence dans cette affaire.

Pressions israéliennes contre la prédécesseure de Khan

Une source bien informĂ©e Ă  La Haye, s’adressant Ă  Middle East Eye sous couvert d’anonymat, a dĂ©clarĂ©: «Il s’agissait d’une tentative visant non seulement Ă  affaiblir Karim Khan mais aussi Ă  affaiblir la CPI elle-mĂȘme de la part de pays qui prĂ©tendent respecter le droit international». Il a ajoutĂ© que M. Khan avait strictement respectĂ© toutes les procĂ©dures lĂ©gales lors du dĂ©pĂŽt des demandes de mandat.

«Toutefois, s’il y a une chose que l’on peut lui reprocher c’est qu’il a plutĂŽt ralenti le processus», a poursuivi la source. Depuis sa prise de fonctions de procureur en 2021, M. Khan a renforcĂ© les critĂšres d’émission des mandats d’arrĂȘt exigeant une perspective rĂ©aliste de condamnation. L’enquĂȘte pĂ©nale sur les crimes de guerre prĂ©sumĂ©s dans les territoires palestiniens occupĂ©s a Ă©tĂ© ouverte quelques mois seulement avant l’entrĂ©e en fonction de M. Khan, succĂ©dant Ă  Fatou Bensouda, ancienne ministre gambienne de la Justice et actuelle ambassadrice Ă  Londres. Le Guardian a rĂ©vĂ©lĂ© l’annĂ©e derniĂšre que le Mossad, l’agence de renseignement israĂ©lienne, avait exercĂ© des pressions et menacĂ© Mme Bensouda au cours d’une campagne de plusieurs annĂ©es qui n’a pas rĂ©ussi Ă  la dissuader d’ouvrir l’enquĂȘte. M. Khan a ensuite Ă©tĂ© placĂ© sous surveillance aprĂšs sa prise de fonctions.

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CongrĂšs de New York sur les deux États |  AvancĂ©e historique pour la Palestine

31. Juli 2025 um 08:21

La reconnaissance, lors du rĂ©cent congrĂšs de New York (28-30 juillet 2025), du principe des deux États comme issue politique viable au conflit israĂ©lo-palestinien marque un tournant diplomatique majeur. Longtemps entravĂ©e par l’intransigeance du gouvernement Netanyahu, cette avancĂ©e s’inscrit dans un contexte rĂ©gional et international en pleine mutation, oĂč la rĂ©sistance palestinienne, l’éveil de l’opinion publique occidentale et les pressions juridiques internationales ont convergĂ© pour impulser une nouvelle dynamique.

Abdelhamid LarguĂšche *

RĂ©silience de la rĂ©sistance palestinienne : la dĂ©termination du peuple palestinien, notamment Ă  Gaza, a Ă©tĂ© dĂ©cisive. Face Ă  une offensive israĂ©lienne de plus en plus dĂ©noncĂ©e par les organisations internationales comme relevant d’une «politique de gĂ©nocide» – caractĂ©risĂ©e par des bombardements intensifs, un blocus humanitaire et des dĂ©placements forcĂ©s –, la rĂ©sistance n’a pas flĂ©chi.

Plus de 60 000 morts parmi les Palestiniens Ă  Gaza, en majoritĂ© des civils, et une crise humanitaire sans prĂ©cĂ©dent ont bouleversĂ© la conscience mondiale, rendant le statu quo intenable. En mai 2024, le procureur de la Cour pĂ©nale internationale (CPI), Karim Khan, a requis des mandats d’arrĂȘt contre le Premier ministre israĂ©lien Benjamin Netanyahu et son ministre de la DĂ©fense Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l’humanitĂ©, ainsi que contre plusieurs dirigeants du Hamas. Bien que ces mandats n’aient pas encore Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©s, ils constituent un signal fort : l’impunitĂ© d’IsraĂ«l n’est plus acquise. La CPI a Ă©galement engagĂ© une enquĂȘte sur les transferts forcĂ©s de population et les blocus alimentaires, renforçant la lĂ©gitimitĂ© des revendications palestiniennes.

Le tournant de l’opinion publique occidentale : l’évolution de l’opinion publique en Europe et aux États-Unis a constituĂ© un second levier crucial. Les mobilisations massives Ă  Londres, Berlin, Paris et New York, appuyĂ©es par les prises de parole d’intellectuels et d’artistes, ont contraint plusieurs gouvernements Ă  revoir leur position.

L’Espagne, l’Irlande et la NorvĂšge ont officiellement reconnu l’État de Palestine. Aux États-Unis, la fracture au sein du Parti DĂ©mocrate – incarnĂ©e par des figures telles que Bernie Sanders et Alexandria Ocasio-Cortez – avait poussĂ© l’administration Biden Ă  inflĂ©chir sa ligne, mĂȘme si l’arrivĂ©e de Trump Ă  la Maison blanche a changĂ© la donne. De son cĂŽtĂ©, l’Union europĂ©enne a menacĂ© d’imposer des sanctions ciblĂ©es contre les colons extrĂ©mistes et a suspendu certains accords militaires avec IsraĂ«l.

RĂŽle des «puissances» arabes et relance diplomatique : l’Arabie Saoudite, l’Égypte et le Qatar ont jouĂ© un rĂŽle dĂ©terminant dans la relance du processus des deux États. Le plan de paix saoudien, subordonnant toute normalisation avec IsraĂ«l Ă  la crĂ©ation d’un État palestinien, a Ă©tĂ© soutenu par la Ligue arabe et par l’Onu.

La rĂ©solution 2728 du Conseil de sĂ©curitĂ©, adoptĂ©e en mars 2024, exigeant un cessez-le-feu immĂ©diat Ă  Gaza, a illustrĂ© l’isolement croissant d’IsraĂ«l sur la scĂšne internationale. Fait notable : les États-Unis se sont abstenus d’opposer leur veto, pour la premiĂšre fois contre une rĂ©solution dĂ©favorable Ă  IsraĂ«l.

Emergence d’un nouvel ordre juridique international: les actions de la CPI ont introduit une nouvelle donne juridique incontournable :

  • Appel Ă  des sanctions ciblĂ©es contre les auteurs prĂ©sumĂ©s de crimes de guerre ;
  • Recommandation d’un gel des ventes d’armes Ă  IsraĂ«l, dĂ©jĂ  partiellement appliquĂ© par plusieurs pays europĂ©ens ;
  • Demande d’un embargo international, sur le modĂšle de celui imposĂ© Ă  l’Afrique du Sud sous l’apartheid.

Les prochaines Ă©tapes pour concrĂ©tiser cette percĂ©e: pour que le congrĂšs de New York, coprĂ©sidĂ© par l Â»Arabie saoudite et la France, ne reste pas un simple geste symbolique, des mesures concrĂštes s’imposent :

  • une reconnaissance massive de l’État de Palestine par l’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de l’Onu (au-delĂ  des 140 États actuels) ;
  • des sanctions Ă©conomiques contre les colonies israĂ©liennes ;
  • la suspension des accords militaires avec IsraĂ«l tant que les violations du droit international se poursuivent ;
  • l’application effective des mandats de la CPI, assortie d’un mĂ©canisme renforcĂ© d’extradition.

Lueur d’espoir aprĂšs des dĂ©cennies d’occupation : le chemin vers une paix juste reste semĂ© d’embĂ»ches, mais le congrĂšs de New York a dĂ©montrĂ© une vĂ©ritĂ© essentielle : le droit international, lorsqu’il est soutenu par une mobilisation populaire mondiale, peut faire plier mĂȘme les pouvoirs les plus arrogants.

Un fait historique a d’ailleurs marquĂ© ce sommet : le ministre britannique des Affaires Ă©trangĂšres a prĂ©sentĂ© des excuses officielles, reconnaissant que la DĂ©claration Balfour de 1917, censĂ©e garantir en mĂȘme temps les droits nationaux du peuple palestinien, n’avait jamais Ă©tĂ© pleinement appliquĂ©e par la puissance mandataire.

«La justice est comme le soleil : tÎt ou tard, elle finit par percer les nuages», disait Mahmoud Darwich

* Historien.

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