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Issam Chebbi | «Nous ne devons pas accepter l’injustice»

10. November 2025 um 12:48

Faiza Rahem a publié dans un bref post Facebook, ce lundi 10 novembre 2025, un message de son époux, Issam Chebbi, secrétaire général du Parti républicain (Al-Joumhouri), incarcéré depuis près de 3 ans et poursuivi avec d’autres opposants dans l’affaire dite de complot contre l’Etat.

Issam Chebbi, qui observe une grève de la faim à la prison de Borj Erroumi (Bizerte) depuis le 7 novembre, en solidarité avec un autre opposant, lui aussi en grève de la faim, depuis le 29 octobre, le professeur de droit public spécialiste de droit constitutionnel, Jawher Ben Mbarek, poursuivi dans la même affaire et incarcéré à la prison de Belli (Nabeul), a demandé à son épouse de diffuser le message suivant, inspiré d’une phrase du célèbre historien Ibn Khaldoun : «La justice est la base de la civilisation, l’injustice conduit à la ruine. Nous ne devons pas l’accepter.»

Il laisse ainsi entendre que lui et ses coaccusés dans le même procès sont victimes d’une injustice.

Rappelons que Issam Chebbi a été condamné, le 18 avril dernier, en première instance, ainsi que son frère Ahmed Nejib Chebbi, président du Front de salut national (FSN), à 18 ans de prison.

I. B.

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Kaïs Saïed | «La Tunisie sera prospère dans ses moindres recoins»

10. November 2025 um 12:04

«La Tunisie sera verdoyante et prospère, du nord au sud, jusque dans ses moindres recoins», a déclaré Kaïs Saïed dans une vidéo publiée sur la page Facebook de la présidence de la République. Les promesses sont toujours bonnes à entendre, mais elles seraient encore meilleures le jour, très lointain, où elles se réaliseraient, si elle se réalisaient un jour.  Vidéo.

Le président de la République a fait cette déclaration, hier, dimanche 9 novembre 2025, à l’occasion de la célébration de la fête de l’arbre, en plantant un olivier dans les jardins des nouveaux locaux du Conseil supérieur de l’éducation et de l’enseignement, qu’il considère comme une grande réalisation de ses deux mandats.

L’ambition est un excellent moteur pour la réussite, encore faut-il s’en donner les moyens, surtout financiers, et c’est ce qui manque le plus aujourd’hui à la Tunisie. C’est peut-être par là qu’il va falloir commencer : relancer l’investissement, la production, l’exportation et la croissance pour se doter des moyens de son ambition.

Le choix de planter un arbre dans les jardins du Conseil supérieur de l’éducation et de l’enseignement n’est pas fortuit, a-t-il d’ailleurs affirmé, dans la même vidéo. Ce conseil servira de cadre à une réforme globale du système éducatif, fondée sur les principes d’égalité, de démocratie et d’inclusion, et qui vise à éradiquer durablement l’analphabétisme sous toutes ses formes, a-t-il encore promis, en comparant le système éducatif à «un arbre qui, profondément enraciné, résiste aux tempêtes les plus violentes», lui qui a tendance à confondre les mots et les choses et à abuser des métaphores.

I. B.

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Tunisie | Le tissu associatif à l’épreuve du bâillon

10. November 2025 um 10:55

En octobre 2025, les autorités tunisiennes ont ordonné la suspension d’activités de plusieurs organisations de la société civile – Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) et Mnemty, dont la présidente Saâdia Ben Mosbah est incarcérée depuis le 6 mai 2024 – en invoquant des audits financiers liés à des financements étrangers. Ce revirement secoue le tissu associatif du pays, dévoilant la tension entre le désir d’autonomie citoyenne et la volonté de contrôle étatique. 

Manel Albouchi *

Depuis la révolution, la Tunisie a vu naître plus de vingt-cinq mille associations : autant de petites constellations dans la nuit du politique, autant de tentatives de se dire autrement. Là où l’État se retire ou se fait discret, la société cherche à se relier.

Chaque association est un mot nouveau dans la langue encore hésitante du peuple. Ce foisonnement n’est pas un désordre, mais un mouvement vital : celui d’un Moi collectif en construction. 

Comme l’enfant qui, selon Winnicott, découvre son existence à travers l’aire transitionnelle, la Tunisie expérimente l’espace du jeu social : entre dépendance à l’État et autonomie civique, entre illusion et réalité. Les associations sont ces espaces potentiels où le peuple apprend à se penser, à éprouver sa propre capacité d’agir. 

L’association : miroir et guérison 

Le tissu associatif tunisien est le miroir du psychisme national. D’un côté, l’inflation des structures traduit un désir d’existence, une pulsion créatrice comparable à celle que Freud appelait «travail de civilisation» : une transformation des pulsions en œuvre collective. De l’autre, la désorganisation et la dépendance financière révèlent les zones d’ombre d’un Moi social encore fragile, en quête d’un Autre qui le reconnaisse. 

Mais chaque initiative associative agit comme un travail de symbolisation. À travers la culture, la santé, l’éducation ou la solidarité, le peuple tunisien transforme le cri en langage, la blessure en projet.

C’est, au sens jungien, un processus d’individuation collective : le passage du multiple au sens, de la dispersion à la conscience. Là où Jung voyait l’individuation comme «le devenir de ce que nous sommes en puissance», la Tunisie cherche à devenir ce qu’elle pressent déjà : un sujet collectif capable de créer son propre mythe. 

Le mouvement associatif relève aussi du développement décrit par Piaget : comme l’enfant qui construit le réel en interaction avec le monde, le peuple apprend à se structurer par l’action. Chaque association devient une expérience cognitive, un essai du réel, où l’apprentissage démocratique passe par le tâtonnement, la coopération et parfois l’échec. 

Surmoi étatique et peur du chaos 

Le renforcement du contrôle administratif, la suspicion autour des financements étrangers ou les suspensions d’associations traduisent la peur d’un trop-plein de vie. C’est la réaction du Surmoi freudien, inquiet de l’élan pulsionnel qu’il ne parvient plus à contenir. Le Père symbolique, «l’État», tente de restaurer la Loi, mais confond parfois ordre et enfermement. Pourtant, ce conflit est nécessaire. 

Dans toute psychogenèse, comme dans toute société, le développement passe par l’épreuve de la limite. Le Moi collectif doit affronter l’autorité pour se différencier. Cette tension, douloureuse mais structurante, appartient au processus d’autonomisation : elle signe la naissance d’un sujet social responsable. 

Anthropologie du lien 

L’association porte dans son étymologie le geste du lien : ad-sociare = se joindre à. Elle est l’antidote du cynisme et de la solitude civique. S’associer, c’est plus qu’agir : c’est se relier.  

Dans son approche de la complexité, Edgar Morin nous rappelle que le vivant ne se comprend que par ses interactions : le lien précède la structure, la relation fonde l’identité. 

Le monde associatif tunisien est cette trame vivante où la société tisse son propre tissu de sens, malgré le chaos apparent. Chaque groupe, chaque collectif, chaque initiative locale est une micro-écologie du sens, fragile mais créatif, où la coopération compense la précarité. 

C’est là que s’expérimente la «pensée du Nous», celle qui relie sans uniformiser, qui organise sans figer. 

De la chute à la communion 

La Tunisie traverse encore ses contradictions : trop de lois, trop peu de confiance ; trop d’énergie, pas assez de structure. Mais dans cette tension, quelque chose se transforme. Chaque association, chaque groupe de parole, chaque projet partagé prépare la métamorphose du cri en langage, du chaos en lien. 

Freud parle d’élaboration secondaire ; Jung, d’alchimie du Soi ; Piaget, de construction du réel ; Morin, de complexification du vivant. Tous disent la même chose autrement : qu’un peuple se soigne en apprenant à se relier, qu’il s’élève en apprenant à penser ensemble. 

Je l’appelle devenir psychique d’une nation. C’est ce moment où la société, comme l’enfant, cesse de confondre liberté et toute-puissance, où elle apprend que l’autonomie naît du lien et non de la rupture. C’est le passage de l’instinct à la conscience, du cri à la parole, du groupe à la communauté de sens. C’est ce lent processus par lequel un peuple, à travers ses crises, apprend à se penser, à se contenir, à se créer. 

Ainsi, la phénoménologie d’un peuple en devenir n’est pas seulement politique : elle est psychique et surtout profondément humaine. C’est la lente émergence d’un Nous conscient, un peuple qui cesse de crier pour apprendre à se répondre, et qui découvre, dans le tissu social, la chair vivante de sa propre âme. 

* Psychologue consultante en développement. 

Biographie :

Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux – Communiqués 2025. 

Donald W. Winnicott – Jeu et Réalité (Folio essais). 

Sigmund Freud – Malaise dans la civilisation (Petite Bibliothèque Payot). 

Sigmund Freud – Psychologie des foules et analyse du moi (Petite Bibliothèque Payot).

Carl Gustav Jung – Les Racines de la conscience (le livre de poche).

Jean Piaget – la psychologie de l’intelligence (Armand Colin).

Edgar Morin – La Méthode 6 : Éthique (Points).    

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Le PBYG serait une solution tunisienne de sécurisation des affaires

10. November 2025 um 08:21

Alors que le monde du paiement numérique évolue à grande vitesse, une nouvelle approche attire l’attention : le modèle PBYG (Pay Before You Get), littéralement «Payer avant d’obtenir». En apparence classique, ce concept revisite en profondeur la logique de consommation et de financement. Il ne s’oppose pas au célèbre modèle BNPL (Buy Now, Pay Later) popularisé par des géants comme PayPal, Klarna ou Afterpay, mais s’inscrit plutôt dans une logique complémentaire, plus inclusive et adaptée aux réalités locales.

Houssem Djelassi *

Dans le contexte tunisien, où l’accès au BNPL demeure encore étroitement lié aux institutions bancaires et dépend du scoring, des antécédents et de la décision finale de la banque, le PBYG offre une alternative pragmatique, simple et ouverte à un plus large public, y compris aux indépendants et aux petites entreprises souvent exclues du circuit de crédit classique.

La Tunisie vit actuellement une transformation majeure de son paysage financier. Avec l’entrée en vigueur de la nouvelle loi n°41-2024, qui interdit formellement l’utilisation des chèques antidatés, le réflexe historique de paiement échelonné est remis en question. Cette réforme, bien que nécessaire pour assainir le système et combattre la fraude, laisse un vide immense, créant un besoin urgent d’alternatives fiables pour les entreprises, les freelances et les auto-entrepreneurs tunisiens.

Dans ce contexte de mutation, le modèle ‘Pay Before You Get’ (PBYG), ou «Paiement avant réception», émerge comme une stratégie non seulement viable, mais essentielle pour garantir la sécurité et la croissance des affaires.

Chèque antidaté : pratique courante aux risques élevés

Pendant des décennies, le chèque antidaté a été le moyen de paiement par excellence pour des milliers de Tunisiens et de PME, permettant des achats ou des services échelonnés. C’était une solution de fortune pour pallier le manque de financement ou de flexibilité bancaire. Cependant, cette pratique comportait des risques considérables. L’émission de chèques sans provision a atteint des chiffres alarmants : plus de 36 000 affaires de crimes liés aux chèques sans provision ont été recensées en 2022/2023, avec 367 500 chèques rejetés au cours de la seule année 2024. Ces chiffres témoignent de la fragilité du système et de la nécessité d’une réforme. La nouvelle loi renforce d’ailleurs les sanctions, avec des peines de prison et des amendes importantes pour les contrevenants.

Le PBYG : un rempart contre l’incertitude

Face à ce bouleversement législatif, les acteurs économiques doivent repenser leurs moyens de paiement. Le modèle PBYG offre une réponse directe aux défis posés par la fin du chèque antidaté.

Sécurité financière absolue : le PBYG garantit que le prestataire de services ou le vendeur est payé avant de livrer, éliminant de facto le risque d’impayés, principale faiblesse du système précédent.

Trésorerie saine et prédictible : contrairement à l’attente incertaine de l’encaissement d’un chèque postdaté, le PBYG assure un flux de trésorerie immédiat et prévisible. Cette stabilité permet une meilleure planification financière et réduit le besoin de recourir à des financements coûteux.

Professionnalisme et confiance : en adoptant un modèle transparent et sécurisé, les entreprises tunisiennes renforcent leur crédibilité, signalant leur sérieux et leur engagement à opérer dans un cadre légal clair.

Une opportunité pour l’innovation financière

La transition forcée vers d’autres moyens de paiement (traites, virements instantanés, solutions fintech) représente une opportunité pour la Tunisie de moderniser son écosystème financier. Le PBYG s’inscrit parfaitement dans cette dynamique. De nouvelles solutions technologiques s’appuient sur cette philosophie, proposeront des outils digitaux et innovants pour rendre le processus simple, rapide et infalsifiable. L’objectif n’est pas uniquement de se conformer à la loi, mais d’utiliser la technologie pour renforcer la transparence et l’efficacité économique.

En conclusion, la fin du chèque antidaté marque un tournant décisif. Le modèle ‘Pay Before You Get’, loin d’être une contrainte, incarne une évolution nécessaire et avantageuse pour les entreprises tunisiennes.

C’est une stratégie gagnante qui sécurise les revenus, stabilise la trésorerie et ouvre la voie à une croissance durable dans un environnement économique assaini.

* Founder, CEO at Planif Pay (by Amana Finnovation).

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Gaica 2025 à Sousse | Pour une IA africaine souveraine  

10. November 2025 um 07:57

Global AI Congress Africa (Gaica), qui se tiendra du 17 au 19 novembre 2025 à Sousse, Tunisie, les leaders africains et internationaux de l’intelligence artificielle (IA) se réuniront pour imaginer une IA inclusive, ambitieuse et tournée vers le monde.

Lors du Gaica 2025, le technopole Novation City se transformera en un hub panafricain d’innovations, d’expérimentations et de partenariats stratégiques. Chercheurs, entrepreneurs et décideurs se rassembleront pour bâtir une IA africaine souveraine et ouverte, capable de répondre aux priorités du continent tout en dialoguant avec le monde.

On attend 6000 participants, 200 startups, 130 experts internationaux et 134 intervenants, pour un événement qui s’impose déjà comme le plus grand rendez-vous africain dédié à l’IA : de la recherche à l’investissement, du code à l’impact.

Organisé par Novation City, en partenariat avec TPM Events, et avec le soutien de la Caisse des Dépôts et Consignations de Tunisie et de la GIZ, Gaica 2025 incarne une conviction forte : l’Afrique ne subit plus la révolution technologique, elle la conduit également.

Au cœur des grands défis technologiques

Le Gaica 2025 proposera une immersion complète dans l’IA appliquée aux enjeux du continent : santé, agriculture, finance, industrie, gouvernance et éducation.

Plus de 130 experts internationaux animeront keynotes, panels et masterclasses, pour relier la recherche, l’entreprise et la politique publique. Les échanges se déploieront dans trois halls thématiques complémentaires :

  Technology Hall, vitrine des géants de la tech et des innovations mondiales ;

  Startup Hall, espace dédié aux jeunes pousses africaines les plus prometteuses ;

 Business Hall, lieu de réseautage, de partenariats et de connexions investisseurs– entrepreneurs.

Un dispositif de «matchmaking B2B» reliera directement startups africaines et investisseurs mondiaux, créant des opportunités concrètes de financement et de collaboration.

En parallèle, ateliers, hackathons et formations contribueront à former la prochaine génération d’ingénieurs, d’innovateurs et de «data scientists» africains : les bâtisseurs du futur écosystème IA du continent.

Moteurs du changement, les startups africaines seront au cœur de la vision du Gaica. De la santé numérique à l’agriculture intelligente, en passant par la finance, la logistique ou les villes durables, elles symbolisent une Afrique qui conçoit ses propres solutions et s’impose comme un acteur technologique global. Elles viendront rencontrer investisseurs, chercheurs et décideurs publics pour tisser des alliances durables et accélérer leur passage à l’échelle.

Parce que l’IA reste avant tout une aventure humaine, Gaica 2025 donnera la parole à des figures africaines et internationales qui façonnent aujourd’hui la révolution technologique. Parmi elles Dr Islem Rekik (Tunisie / Royaume-Uni); Amnah Ajmal (Émirats arabes unis) ; Sam Khalil (Suisse) ; Dr Arsen Abdulali (Cameroun / Royaume-Uni) ; Samia Chelbi (Tunisie) ; Dr Chaima Ghribi Mechteri (Tunisie / France) et Dr Obadare Peter Adewale (Nigéria).

Ces voix, venues d’Afrique et d’ailleurs, incarnent une même ambition : faire de l’IA un levier de transformation, d’équité et de rayonnement pour le continent.

Le hackathon AI Camera Challenge

Parce qu’au Gaica, l’innovation se vit autant qu’elle se pense, les festivités débuteront dès les 15 et 16 novembre avec le Hackathon AI Camera Challenge 2025, organisé par Anavid et Novation City.

Pendant 24 heures, 100 étudiants en IA, data science et ingénierie relèveront des défis inspirés du réel (banque, services, tourisme) avec à la clé 10 000 dinars tunisiens de prix.

Les projets gagnants seront dévoilés lors de la cérémonie de clôture, symbolisant le passage de la formation à l’innovation concrète.

C’est ainsi que Gaica 2025 espère devenir un tremplin pour une Afrique qui crée, innove et s’affirme. Le continent dispose aujourd’hui de la maturité, des talents et de la vision nécessaires pour concevoir ses propres technologies et influencer les grandes orientations mondiales de l’IA.

D’après communiqué.

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Gestern — 09. November 2025Haupt-Feeds

Tunisie | Qui est l’illustre M. Ben Hammoud ?

09. November 2025 um 12:18

L’ingénieur pétrochimiste Ali Ben Hammoud, que le président Kaïs Saïed a rencontré, samedi 8 novembre 2025, au palais de Carthage, et qu’il a chargé de «constituer une équipe de travail afin de mettre en œuvre rapidement des solutions immédiates, en attendant des solutions stratégiques à long terme», au problème de la pollution industrielle à Gabès et dans tout le pays, fait jaser dans les réseaux sociaux. Et pour cause…

Latif Belhedi

Présenté comme diplômé en industrie chimique de l’Université de Shanghai, en République populaire de Chine, beaucoup de ses pairs disent qu’ils ne le connaissent pas, qu’il est totalement inconnu au bataillon et qu’ils n’ont pas retrouvé, sur les sites spécialisés, la trace de la moindre recherche en chimie industrielle dont il serait l’auteur.

Totalement inconnu au bataillon

En tout cas, dans les moteurs de recherche sur Internet, son nom est quasiment absent. Peut-être le retrouve-t-on sur les sites en langue chinoise. Mais quoi qu’il en soit, les autorités qui vont le charger de chapeauter une équipe d’experts pointus, seraient bien inspirés de dissiper ces doutes en rendant publiques, avec des preuves indiscutables, une biographie ou un simple CV de celui dont le président de la république «a salué le dévouement sans faille et le sens aigu des responsabilités nationales», selon le communiqué de la présidence de la république.

Le communiqué précise, par ailleurs, que M. Ben Hammoud, «sollicité par l’appel du devoir pour remédier à la situation environnementale à Gabès», a «répondu présent sans hésiter». C’est dire l’importance du monsieur ! Et on peut donc imaginer que ceux qui ont sollicité ses services lui connaissent des travaux importants en matière d’assainissement environnementale ou de modernisation d’usines chimiques pour réduire leurs rejets toxiques. Parce que c’est ce qu’on attend de lui, et pas des dissertations sur le sujet.

A la recherche de l’oiseau rare

Sur un autre plan, on comprend que Kaïs Saïed, qui est engagé, avec «l’ensemble du peuple tunisien dans la lutte de libération nationale sur tous les fronts, face aux différents réseaux de corruption et à ceux qui, se faisant passer pour des réformateurs, [et qui] contribuent en réalité à la destruction et au gaspillage des fonds publics. Leurs objectifs, désormais avoués, sont de s’accaparer les richesses, les institutions et les infrastructures publiques du pays», selon le texte du communiqué du Palais de Carthage…

On comprend donc que M. Saïed soit tenté de chercher les «oiseaux rares» dont il a besoin pour les grandes missions publiques en dehors de l’establishment qu’il chapeaute pourtant et dont il est, théoriquement du moins, le premier responsable.

On n’ose cependant pas imaginer qu’il ait fait appel, pour une mission aussi cruciale, à un illustre inconnu dont beaucoup doutent de la compétence et de l’expérience et qui risque de ne pas être à la hauteur de la tâche. Des clarifications, donc, s’imposent…

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Le dinar tunisien n’est pas la monnaie la plus forte d’Afrique en 2025

09. November 2025 um 11:31

«L’affirmation selon laquelle le dinar serait la monnaie la plus forte d’Afrique en 2025 est trompeuse. Il s’agit d’une fausse information. Comment est-ce possible ?», affirme l’auteur dans ce post publié sur sa page Facebook et que nous reproduisons ci-dessous.

Larbi Benbouhali * 

Je sais que la Première ministre, Sarra Zaâfrani Zenzeri, qui a fait cette affirmation, la semaine écoulée, devant l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) **, est ingénieure et ne maîtrise pas les sciences monétaires, mais la personne qui a rédigé son discours lui a fourni de fausses informations.

1. C’est le rand sud-africain (ZAR) qui est la monnaie la plus forte d’Afrique cette année, et non le dinar tunisien (TND). Tous les indicateurs montrent que l’Afrique du Sud affiche un excédent commercial de USD$ 1,2 milliard de dollars américains en septembre 2025 et que ses exportations ont bondi de + 9,4 %. Cet excédent commercial s’élevait à USD$ 7 milliards de dollars américains en 2024. La Banque centrale sud-africaine dispose de 125 tonnes de réserves d’or et l’inflation en Afrique du Sud est de 3,4 % en septembre 2025.

2. La notation de crédit de l’Afrique du Sud est Ba2, soit quatre niveaux au-dessus de celle de la Tunisie (le revenu par habitant sud-africain en 2025, à USD$ 5 700, est nettement supérieur au PIB par habitant tunisien USD$ 3,800).

3. La Tunisie souffre d’un déficit chronique de sa balance commerciale et d’un déficit de sa balance commerciale énergétique depuis de nombreuses années. Ses exportations ont stagné, au deuxième trimestre de cette année.

4. Le taux d’inflation en Tunisie, à 4,9 %, est bien supérieur à celui de nos partenaires commerciaux, ce qui signifie que le dinar s’est déprécié par rapport aux devises de ces derniers.

L’inflation en Europe est de 2,1 %, celle de la Chine de -0,3 % (notre plus important déficit commercial se situe avec la Chine), celle de la Libye de 1,8 %, celle de l’Algérie de 3,7 % (90 % du gaz naturel provient d’Algérie) et celle du Maroc de 2,2 %.

5. Les termes de l’échange de l’Afrique du Sud avec le reste du monde sont bien meilleurs que ceux de la Tunisie. L’Afrique du Sud a perçu davantage de revenus pour ses ressources naturelles (or, charbon, platine), tandis que la Tunisie a perçu moins de revenus pour son huile d’olive, ses phosphates et ses produits manufacturés exportés vers l’Europe.

6. Le dinar tunisien a perdu 45 % de sa valeur par rapport à l’or. La Tunisie ne dispose que de 6 tonnes de réserves d’or monétaire, contre 125 tonnes pour l’Afrique du Sud, 173 tonnes pour l’Algérie et 146 tonnes pour la Libye. (Source : Conseil mondial de l’or, Banque des règlements internationaux – BRI, Basle et FMI).

7. Tous les économistes du monde savent que la Banque centrale de Tunisie a accordé au gouvernement 14 000 million de dinars pour le paiement des salaires et des subventions en 2024 et 2025, et 11 000 millions de dinars supplémentaires en 2025, ce qui affaiblira le dinar tunisien par rapport aux autres devises.

Par ailleurs, la masse monétaire tunisienne (M2/M3), qui s’établissait à 10,7 % en septembre, est nettement supérieure à celle de nos partenaires commerciaux. De plus, les 26 000 millions de dinars en circulation dans l’économie informelle dépassent les 106 jours de réserves de change de la Banque centrale de Tunisie (BCT), ce qui risque d’alimenter l’inflation des prix alimentaires.

8. L’agence de notation Fitch Ratings tire la sonnette d’alarme pour la Tunisie quant aux contraintes qui pèsent sur le système bancaire tunisien, conséquence de la politique économique de Kaïs Saïed. Cette politique repose sur le principe de «autosuffisance» et sur le recours à la stratégie de création monétaire de la Banque centrale de Tunisie pour octroyer des prêts sans intérêt à l’État.

9. L’inflation en Tunisie atteint 4,9 %. Ce taux est beaucoup trop élevé par rapport à nos partenaires commerciaux, notamment l’UE, notre principal partenaire commercial. Le dinar tunisien s’est déprécié de 3,5 % cette année par rapport à l’euro. Cela signifie que la Tunisie a versé 1 820 millions de dinars supplémentaires à ses créanciers de l’UE pour compenser les pertes liées aux fluctuations des taux de change. Cela implique un recours accru à l’emprunt pour le budget 2026 et un déficit budgétaire plus important pour 2026 et 2027.

En termes nominaux, le PIB est en croissance, mais en termes réels, il stagne. Le PIB tunisien en 2025 est identique à celui de 2019 et la dette augmente chaque année depuis cinq ans, les nouveaux emprunts servant à rembourser les anciens. (source : ministère des Finances).

10. L’agence de notation Fitch Ratings alerte le gouvernement tunisien sur les tensions qui pèsent sur le système bancaire en raison de la hausse des créances douteuses augmentées à 15% (source : BCT) et de la multiplication des faillites des petites entreprises. La dette publique devrait atteindre 147 000 millions de dinars cette année.

Que peuvent faire la BCT et le gouvernement tunisien pour maîtriser l’inflation et renforcer le dinar ?

1. Si la BCT souhaite maintenir un taux d’intérêt élevé (7,5 %), elle peut utiliser un autre instrument de politique monétaire pour maîtriser l’inflation : elle peut racheter la dette de la Banque nationale agricole (BNA) auprès de l’Office de Céréales (ODC) et octroyer des prêts à taux réduits aux agriculteurs afin d’accroître leur production alimentaire et ainsi freiner l’inflation des prix des denrées alimentaires.

2. La BCT et le ministère des Finances peuvent accorder des prêts à taux réduits à la Steg, l’Etap, Tunisair et la Stir pour les aider à réduire leur endettement et à faire baisser le coût de l’énergie et l’inflation pour leurs consommateurs.

3. Le ministère des Finances doit réduire l’impôt sur les sociétés et aider toutes les entreprises cotées à la Bourse de Tunis (BVMT) à développer leurs activités sur les marchés libyen et algérien afin de réaliser des économies d’échelle, de réduire leurs coûts de production, d’accroître les rentrées de devises étrangères à la BCT, d’apprécier le dinar et de ramener l’inflation à 2 %.

* Australian Company director – ACH group.

** En fait, Mme Zenzeri a repris sans vérification une information de presse erronée dans cet article paru dans Kapitalis.

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Le swahili, langue africaine de l’avenir | Ouverture prometteuse pour l’économie tunisienne

09. November 2025 um 09:39

Dans l’économie mondialisée d’aujourd’hui, la maîtrise des langues n’est plus un simple atout culturel : c’est un levier de puissance économique. Les grandes puissances l’ont compris depuis longtemps : la Chine a diffusé le mandarin à travers ses Instituts Confucius, les États-Unis ont imposé l’anglais comme lingua franca du commerce, et la France s’appuie sur la Francophonie pour défendre ses marchés. La Tunisie, quant à elle, se trouve à un tournant stratégique : entre son ancrage méditerranéen et son appartenance au continent africain, elle dispose d’un double horizon. Mais pour conquérir réellement le marché africain, il ne suffit pas d’avoir des produits compétitifs : il faut aussi parler la langue de ses futurs partenaires. Et en Afrique, le Swahili s’impose comme la langue de l’avenir.

Zouhaïr Ben Amor *

Le swahili (ou kiswahili) n’est pas seulement un moyen de communication ; c’est un passeport culturel qui ouvre les portes d’un immense marché couvrant l’Afrique de l’Est et une partie de l’Afrique centrale. Si la Tunisie veut diversifier ses échanges, réduire sa dépendance à l’Europe et s’ancrer durablement dans le continent qui est le sien, former des étudiants tunisiens au swahili et créer des filières commerciales swahili-Tunisie serait une orientation visionnaire.
Parler la langue de ses clients n’est pas une option : c’est la condition d’un partenariat fondé sur la confiance.

I. Le swahili, la langue qui relie l’Afrique

1. Une langue aux racines anciennes et aux ailes modernes : Le swahili, langue bantoue née sur les côtes de l’océan Indien (Zanzibar, Mombasa, Kilwa), est l’un des plus fascinants produits du métissage culturel africain. Son nom vient de l’arabe sawāḥil, qui signifie « côtes », rappelant son origine maritime et commerçante.
Dès le Moyen Âge, les échanges entre navigateurs arabes, marchands persans et populations locales ont donné naissance à une langue fluide, souple, riche en emprunts, parfaitement adaptée aux transactions. C’est ainsi qu’elle s’est imposée comme langue véhiculaire dans toute la région des Grands Lacs, de la Tanzanie à la République Démocratique du Congo, en passant par le Kenya et l’Ouganda.

Aujourd’hui, le swahili est parlé par plus de 200 millions de personnes. C’est la langue nationale de la Tanzanie et du Kenya, langue officielle de l’Union africaine et l’une des rares langues africaines enseignées dans des universités à travers le monde, de Harvard à Tokyo. L’Unesco l’a déclarée «langue mondiale» en 2022, reconnaissant son rôle de lien interafricain.

2. Une langue de commerce et de diplomatie : L’Afrique de l’Est est l’un des pôles économiques les plus dynamiques du continent. Le Kenya, l’Ouganda, la Tanzanie et le Rwanda forment un marché commun (East African Community) de près de 300 millions d’habitants. Dans cette région, le Swahili est la langue de la rue, du marché, des médias, de l’administration et des affaires. Un entrepreneur parlant Swahili peut communiquer sans interprète de Mombasa à Goma. C’est un atout considérable dans un continent où la diversité linguistique freine souvent les échanges.

3. Une langue de culture et d’identité africaine : Au-delà du commerce, le swahili est aussi une langue d’identité : elle véhicule la littérature, la musique, la poésie et les valeurs africaines. Des écrivains comme Shaaban Robert ou Euphrase Kezilahabi l’ont hissée au rang de langue littéraire moderne. Les chansons de Miriam Makeba et de Sauti Sol l’ont popularisée. Ainsi, le swahili n’est pas une langue régionale, mais une langue de fierté africaine, un outil d’unité dans la diversité.

II. La Tunisie et l’Afrique : une proximité à concrétiser

1. Une position stratégique sous-exploitée : Située à la croisée de l’Europe, du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne, la Tunisie est un pont naturel entre trois espaces économiques. Son réseau de ports (Radès, Sfax, Zarzis) et son système bancaire développé peuvent servir de base à des échanges Sud-Sud.
Pourtant, les relations commerciales de la Tunisie avec le reste du continent restent faibles : moins de 10 % des exportations tunisiennes sont destinées à l’Afrique subsaharienne. Ce déséquilibre s’explique par une tradition économique tournée vers l’Europe et par la méconnaissance linguistique et culturelle du reste du continent.

2. Des signes encourageants : Depuis quelques années, plusieurs initiatives témoignent d’une volonté nouvelle :

– Le Centre de promotion des exportations (Cepex) a ouvert des bureaux de représentation au Cameroun, en Côte d’Ivoire et au Kenya.

– Le Conseil d’affaires Tunisie-Afrique (TABC) multiplie les forums économiques pour connecter les entreprises tunisiennes et africaines.

– L’adhésion de la Tunisie à la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) en 2020 ouvre de nouvelles perspectives : accès à un marché de 1,3 milliard de consommateurs.

    Mais pour réussir dans l’Afrique de l’Est, il faut une compétence linguistique et culturelle que la Tunisie n’a pas encore développée : le swahili.

    3. Un potentiel étudiant et entrepreneurial : La Tunisie dispose d’un capital humain jeune, formé, polyglotte. Elle pourrait orienter une partie de cette jeunesse vers des carrières africaines : interprétariat, commerce, coopération, services.
    Des filières universitaires “Swahili et affaires africaines” pourraient être créées, en partenariat avec les universités de Nairobi, de Dar es-Salaam ou de Kigali. Ces étudiants deviendraient les ponts humains entre la Tunisie et les marchés d’Afrique de l’Est.

    III. Le swahili comme levier d’une stratégie commerciale tunisienne

    1. Diversifier les marchés pour réduire la dépendance européenne : La Tunisie exporte majoritairement vers l’Union européenne (près de 70 % des exportations). Cette dépendance rend l’économie vulnérable aux fluctuations européennes. Or, les pays d’Afrique de l’Est affichent des taux de croissance de 5 à 7 % par an. Leur demande en biens de consommation, produits pharmaceutiques, matériaux de construction ou services numériques est en pleine expansion. En investissant dans la région swahiliphone, la Tunisie pourrait ouvrir un second souffle économique à ses entreprises exportatrices.

    2. Parler pour convaincre ou la valeur de la langue : Dans le commerce africain, la confiance précède la transaction. Parler la langue locale, même imparfaitement, change le rapport : on devient un ami, pas un étranger. Une entreprise tunisienne dont les commerciaux maîtrisent le swahili pourrait négocier sans intermédiaire, comprendre les nuances culturelles, anticiper les besoins. Le swahili ne serait pas seulement un outil de traduction ; il serait un instrument d’influence et d’adaptation.

    3. Des secteurs stratégiques : 1- Agro-alimentaire : la Tunisie peut exporter ses produits transformés (huile d’olive, pâtes, conserves, dattes) dans des pays où la classe moyenne croît rapidement; 2- Santé et éducation : les compétences tunisiennes en médecine et formation peuvent séduire les pays d’Afrique de l’Est, à condition de parler leur langue; 3- Technologies et services : la Tunisie, grâce à ses start-ups, pourrait fournir du support client ou de la maintenance technique en Swahili; 4- Tourisme et culture : en promouvant des circuits Tunisie-Afrique de l’Est, on peut stimuler un tourisme africain encore inexploité.

      IV. Une stratégie linguistique à bâtir

      1. La formation universitaire et professionnelle : Il s’agirait de créer au sein des universités tunisiennes (Manouba, Carthage, Sfax…) des modules “Langue et affaires swahilies”. Les étudiants y apprendraient non seulement la langue mais aussi l’histoire, la géopolitique et les coutumes économiques de la région.
      Des stages en Tanzanie ou au Kenya permettraient d’appliquer cette formation.
      Le modèle pourrait s’inspirer de l’Institut Confucius (pour le mandarin) ou de l’Institut Cervantes (pour l’espagnol). Un Institut du swahili et du commerce africain serait un projet ambitieux mais structurant.

      2. L’accompagnement des entreprises tunisiennes : Le Cepex et les chambres de commerce pourraient proposer des ateliers “Swahili pour les affaires”, traduisant documents commerciaux et supports marketing. Des interprètes tunisiens formés en Swahili pourraient accompagner les délégations tunisiennes lors des foires africaines (Nairobi International Trade Fair, Dar es Salaam Expo).La langue deviendrait un outil de prospection autant qu’un symbole d’ouverture.

      3. Coopération académique et culturelle : La Tunisie pourrait établir des accords de coopération avec des universités africaines : échange d’étudiants, programmes conjoints, bourses. Des festivals culturels “Tunisie-Afrique de l’Est”, intégrant musique et cinéma swahili, renforceraient la visibilité de la Tunisie dans ces pays. La culture serait l’avant-poste du commerce.

      V. Les bénéfices attendus

      1. Pour les étudiants tunisiens : Apprendre le swahili, c’est accéder à un marché de 300 millions de personnes. C’est aussi se préparer à des carrières nouvelles : 1- interprétariat, traduction, diplomatie économique ; 2- commerce international ; 3- représentation d’entreprises tunisiennes dans l’Est africain ; 4- coopération culturelle et humanitaire.

      Les étudiants arabophones et francophones tunisiens disposent déjà d’une ouverture linguistique naturelle. En y ajoutant le swahili, ils deviendraient des médiateurs africains recherchés.

      2. Pour les entreprises tunisiennes : La maîtrise du swahili offrirait un accès direct à des marchés souvent négligés. Cela permettrait aussi de réduire les coûts d’intermédiation, d’éviter les malentendus contractuels et de construire des relations plus durables. Une entreprise tunisienne qui se présente en swahili gagne immédiatement en crédibilité ; elle montre qu’elle ne vient pas vendre, mais collaborer.

      3. Pour l’économie nationale : En diversifiant ses débouchés, la Tunisie renforcerait sa résilience économique. La coopération Sud-Sud, encouragée par l’Union africaine, trouverait ici un terrain concret : une Tunisie qui parle swahili serait un acteur africain à part entière. Cette orientation pourrait aussi inspirer d’autres pays du Maghreb à investir dans la dimension linguistique de leurs relations africaines.

      VI. Défis et conditions de réussite

      1. Le réalisme économique : Certes, apprendre le swahili ne suffira pas à ouvrir les marchés. Il faudra accompagner cette ouverture linguistique d’une stratégie logistique et financière : liaisons aériennes, accords douaniers, facilités bancaires. Mais la langue est la première pierre, celle qui fonde la confiance.

      2. La volonté politique : Les autorités tunisiennes devraient intégrer la dimension linguistique à la diplomatie économique.
      Créer un programme national de coopération linguistique africaine, financé par les ministères de l’Enseignement supérieur et du Commerce, serait un signal fort. L’Afrique ne doit plus être un “marché alternatif” mais un partenaire prioritaire.

      3. L’investissement dans le temps : Apprendre une langue et bâtir une culture d’affaires nécessitent des années. Les résultats ne seront pas immédiats, mais ils seront durables. Comme l’a montré l’exemple de la Turquie avec ses instituts Yunus Emre en Afrique, la diplomatie linguistique finit toujours par rapporter, économiquement et symboliquement.

      VII. Vers une Tunisie trilingue du futur : Arabe, Français, Swahili : Le multilinguisme tunisien est déjà une richesse : l’arabe structure la pensée, le français ouvre sur l’Europe, l’anglais sur la technologie. Mais le swahili ouvrirait une troisième fenêtre, celle de l’Afrique. Il compléterait l’identité méditerranéenne de la Tunisie par une identité africaine assumée. Une Tunisie capable de communiquer en arabe, français et swahili deviendrait une plateforme linguistique unique entre le Nord et le Sud du continent.

      VIII. Une auberge de langues pour un continent d’avenirs : Le commerce n’est pas qu’une question de chiffres ; c’est une affaire d’humanité. Parler la langue de l’autre, c’est lui tendre la main avant même de signer un contrat.
      Le swahili, langue d’échange et d’unité, offre à la Tunisie une chance historique : celle de redevenir ce qu’elle a toujours été, un carrefour de civilisations et de marchés.

      Si demain, dans un bureau de Nairobi ou sur un quai de Mombasa, un jeune Tunisien s’adresse à son interlocuteur en swahili pour lui proposer un partenariat, ce ne sera pas seulement une transaction commerciale : ce sera la preuve que la Tunisie a compris le message du siècle — l’économie de demain sera culturelle, ou ne sera pas.

      Parler la langue de ses futurs clients, c’est investir dans la compréhension ; et comprendre, c’est déjà commercer.

      * Universitaire.

      Bibliographie

      Union Africaine, Agenda 2063 : The Africa We Want, Addis-Abeba, 2015.

      Zlecaf, Rapport annuel sur l’intégration africaine, 2023.

      Cepex, Stratégie Tunisie–Afrique 2022–2025, Tunis, 2022.

      GIZ Tunisie, Promoting Export Activities to Sub-Saharan Markets, Tunis, 2023.

      BAD, Perspectives économiques régionales – Afrique de l’Est 2024, Abidjan, 2024.

      TDB, East Africa Growth Outlook, Nairobi, 2024.

      INS Tunisie, Commerce extérieur de la Tunisie – Rapport 2023, Tunis, 2024.

      Unesco, Swahili: A World Language of the Future, Paris, 2022.

      World Economic Forum, Swahili: The Language Linking Africa, Genève, 2023.

      Mazrui, A. & Mazrui, A., The Power of Babel: Language and Governance in the African Experience, University of Chicago Press, 1998.

      Nurse, D. & Hinnebusch, T., Swahili and Sabaki: A Linguistic History, University of California Press, 1993.

      Mulokozi, M. M., The Development of Swahili as a National and International Language, University of Dar es Salaam Press, 2002.

      Ngũgĩ wa Thiong’o, Decolonising the Mind: The Politics of Language in African Literature, Heinemann, Nairobi, 1986.

      Shaaban Robert, Kusadikika: A Philosophical Novel in Swahili, Nairobi, 1951.

      Kezilahabi, E., Rosa Mistika, Dar es Salaam University Press, 1971.

      Observatoire Tunisien de l’Économie, Tunisie et Afrique subsaharienne: potentiels et obstacles à l’intégration commerciale, 2022.

      Ministère du Commerce et du Développement des Exportations (Tunisie), Plan Afrique 2025: diversification et partenariats stratégiques, Tunis, 2024.

      TABC, Actes du Forum Tunisie–Afrique de l’Est 2023, Tunis, 2023.

      Ould-Mohamedou, M., La Tunisie dans le concert africain: entre héritage méditerranéen et avenir subsaharien, Revue des Mondes Africains, 2021.

      Banque Mondiale, Unlocking North Africa’s Potential Through Sub-Saharan Integration, Washington D.C., 2022.

      OCDE, Perspectives économiques de l’Afrique: Transformation structurelle et industrialisation inclusive, Paris, 2023.

      “Swahili gaining global momentum”, **Africa Renewal –… Africa Renewal – United Nations, 2022.

      “Why businesses should learn Swahili”, The Africa Report, 2023.

      “Kenya, Tanzania and the power of a shared language”, BBC Africa, 2022.

      “Tunisia’s gateway to Sub-Saharan Africa”, Oxford Business Group, 2023.

      “African Continental Free Trade Area: Opportunities for Tunisia”, Trade.gov, 2024.

      “Building bridges through language: The Swahili advantage”, WeForum.org, 2023.

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      En Tunisie, près de 5 000 bâtiments menacés d’effondrement

      09. November 2025 um 09:21

      Selon Moncef Soudani, directeur de l’amélioration de l’habitat au ministère de l’Environnement et de l’Aménagement du territoire, la Tunisie compte actuellement près de 5 000 bâtiments classés comme «menacés d’effondrement» sur l’ensemble du territoire, dont plus de 1 100 dans le gouvernorat de Tunis.

      Dans une déclaration à la radio Express FM, M. Soudani a indiqué que parmi les zones les plus exposées figurent Mahdia (environ 550 bâtiments), Bizerte et Nabeul (environ 300 chacune) et Jendouba (175).

      Dans la capitale, la situation est suivie de plus près. Une réunion de travail au gouvernorat de Tunis a examiné la mise en œuvre des décisions d’évacuation concernant 248 bâtiments classés comme à risque. L’objectif est d’accélérer la mise en œuvre et de prioriser les évacuations en fonction du niveau de danger, a déclaré M. Soudani.

      La situation évolue depuis plusieurs mois. Au printemps, la municipalité de Tunis a signalé 1 100 bâtiments à risque, dont environ la moitié dans la médina et le quartier de Bab Bhar, 513 étant considérés comme présentant un «danger certain» et nécessitant une intervention urgente.

      Plus récemment, la Direction des bâtiments municipaux a fait état de près de 1 800 bâtiments pour lesquels des rapports d’inspection ont été établis, dans l’attente des textes d’application complets de la législation.

      Le cadre juridique est la loi n° 33 du 28 juin 2024, publiée au Journal officiel (Jort), qui définit les critères et les procédures relatifs aux constats et expertises techniques, les responsabilités des propriétaires, les pouvoirs de substitution des municipalités en matière d’évacuations et de travaux urgents, ainsi que les options pour la rénovation majeure, la démolition ou la reconstruction. Le ministère a annoncé ces dernières semaines la publication imminente des textes d’application.

      Au-delà de l’aspect technico-administratif, la question opérationnelle et sociale demeure : selon les analyses du secteur, la mise en œuvre nécessite des ressources dédiées pour les municipalités et un soutien aux occupants, avec d’éventuelles indemnisations et des solutions de logement temporaire pour faciliter les évacuations et préserver le patrimoine historique.

      En bref, l’évaluation actualisée confirme un risque généralisé qui requiert des interventions progressives et continues. Les priorités, au vu des données publiées, sont le renforcement du cadre juridique, l’application des décisions d’évacuation et le financement des mesures de sécurité, avec une attention particulière portée aux quartiers historiques de la capitale.

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      Tunisie | Gros plan sur la centrale solaire de Sbikha

      09. November 2025 um 09:04

      La centrale solaire photovoltaïque de Sbikha (Kairouan), la plus grande de Tunisie, dont les travaux de réalisation ont été officiellement lancés le 8 mai 2024, doit entrer en service avant la fin de ce mois. Elle produira 230 GWh par an, soit 1,3 % de la consommation d’électricité nationale.

      Ce projet a été mis en œuvre par Kairouan Solar Plant, une société de projet enregistrée en Tunisie et détenue à 100 % par Amea Power. Il est réalisé selon un modèle de type BOO (Construction-Exploitation-Propriété). D’un montant de 86 millions de dollars américains, il est financé par la Société financière internationale (IFC), membre du Groupe Banque mondiale, et la Banque africaine de développement (BAD). Le projet a initialement été attribué à Amea Power à l’issue d’un appel d’offres international.

      D’après Sahbi Amara, PDG d’Amea Power, la centrale injectera son électricité dans le réseau de la Société tunisienne de l’électricité et du gaz (Steg), unique acheteur de l’énergie produite.

      La centrale, qui couvre environ 200 hectares et dont la construction a débuté à l’automne 2024, est aujourd’hui achevée à 95 %.

      Ce projet, dont le coût total est estimé à 260 millions de dinars, représente une étape importante dans la transition énergétique de notre pays qui importe encore près des deux tiers de ses besoins énergétiques.

      Selon l’agence de presse Tap, cette production permettrait à la Tunisie de réduire ses importations de gaz naturel de près de 25 millions de dollars par an, tout en diminuant son déficit commercial énergétique.

      La centrale électrique de Sbikha contribuera à réduire les coupures de courant lors des pics de consommation estivaux, tout en diminuant les émissions de dioxyde de carbone d’environ 120 000 tonnes par an. Mais l’impact du projet dépasse le seul aspect énergétique. D’un point de vue environnemental, la centrale représente un modèle de réaménagement durable. Deux cents hectares de terres marginales et salines ont été transformés en espaces productifs grâce à l’installation de 210 000 panneaux photovoltaïques, et 10 000 autres sont prévus.

      Le site ne génère ni bruit ni émissions polluantes, et les panneaux seront entièrement recyclés à la fin de leur durée de vie estimée à 20 ans. De plus, des réflecteurs, également appelés pare-oiseaux, ont été ajoutés à la ligne de transport à haute tension afin de protéger les oiseaux et de préserver la biodiversité locale.

      Sur le plan social, le projet employait environ 900 personnes en septembre 2025, dont 26 femmes, dont plus de la moitié étaient originaires du gouvernorat de Kairouan.

      Selon Donia Mejri, responsable des affaires environnementales et sociales chez Amea Power, l’entreprise se prépare à la finalisation de la phase de construction et propose des formations certifiées sur les systèmes solaires à certains utilisateurs répondant aux critères du ministère de la Formation professionnelle et de l’Emploi. Elle a également apporté son soutien à plusieurs écoles et dispensaires de la région par des dons de matériel.

      Ce projet, d’une capacité installée de 120 MWc, équivalente à 100 MWc, illustre le potentiel important de la Tunisie en matière d’énergie solaire.

      Forte de son expérience à Kairouan, l’entreprise souhaite renforcer son partenariat public-privé et étendre ses activités à d’autres régions du pays. Cette expansion est d’autant plus nécessaire que le gouvernement tunisien ambitionne de porter la part des énergies renouvelables à 35 % d’ici 2030. Les experts estiment que la réalisation de cette ambition dépendra de la mise en œuvre de garanties publiques afin d’attirer davantage d’investisseurs locaux et étrangers.

      I. B.

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      Archéologie | Découverte d’un masque phénicien à Carthage

      09. November 2025 um 08:41

      Découverte archéologique importante dans le sanctuaire de Baal Hammon et Tanit à Carthage : un rare masque phénicien datant de la fin du IVe siècle av. J.-C.

      Des archéologues, fouillant l’espace sacré du Tophet, ont mis au jour un rare masque en marbre représentant un visage féminin coiffé à la phénicienne. Il est daté par les spécialistes de la fin du IVe siècle av. J.-C.

      Le ministère de la Culture, qui a annoncé la découverte, précise qu’il s’agit probablement d’une offrande votive dédiée aux divinités Baal Hammon et Tanit.

      La découverte a été faite dans l’enceinte du Tophet, un sanctuaire punique renommé de Carthage, dans le cadre d’un projet de fouilles et de mise en valeur mené conjointement par l’Institut national du patrimoine (INP) et l’Agence pour la promotion du patrimoine et la promotion culturelle. Le masque, taillé dans une pierre précieuse, enrichit le corpus d’objets de culte du site et, du point de vue de la chronologie et de l’iconographie, s’inscrit dans les pratiques religieuses puniques documentées dans la zone sacrée.

      Les chercheurs pensent que des objets de ce type étaient déposés en guise d’offrandes, accompagnant les rituels célébrés dans l’espace votif.

      Le Tophet de Carthage, également connu sous le nom de Sanctuaire de Salammbô, est l’un des complexes puniques les plus étudiés de la Méditerranée. Dédié à Tanit et Baal Hammon, il abrite des stèles, des urnes et des dépôts votifs illustrant la religion et la société carthaginoises. Le site fait partie du vaste ensemble archéologique de Carthage, inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco.

      Les travaux en cours au Tophet s’inscrivent dans un programme pluriannuel de fouilles, de réorganisation et de mise en valeur du site, visant à améliorer l’accès du public et à protéger le patrimoine. Un nettoyage, une consolidation et une étude plus approfondis du masque sont prévus avant que cette pièce récemment découverte puisse être exposée dans un musée.

      D’après les archéologues, la datation proposée, fin du IVe siècle avant J.-C., situerait l’artefact dans une phase tardive de la Carthage punique, lorsque cette cité nord-africaine consolidait ses réseaux commerciaux et culturels en Méditerranée centrale. Son attribution et sa fonction votive seront précisées par des analyses en laboratoire et par comparaison avec des artefacts similaires.

      Cette découverte s’inscrit dans une campagne de fouilles actives menée sur plusieurs sites tunisiens, avec des mises au jour ces derniers mois concernant également des complexes urbains et des systèmes hydrauliques de l’époque romaine. Le cas du Tophet confirme l’apport spécifique de l’élément punique à l’histoire de Carthage et la valeur identitaire de ce patrimoine pour la Tunisie contemporaine.

      I. B.

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      Le poème du dimanche | ‘‘Semailles’’ de Saint-Pol-Roux

      09. November 2025 um 07:39

      Né en 1861 à Marseille, Saint-Pol-Roux est considéré comme l’une des figures de la poésie symboliste française.

      Il fréquente Mallarmé pour lequel il avait une grande admiration. Après un exil en Belgique et une vie parisienne, il s’installe dans le Finistère, en Bretagne qui devient sa source principale d’inspiration. Se lie d’amitié avec des poètes surréalistes.

      Propriétaire d’un manoir, il est attaqué par les nazis en 1940, événement qui marquera dramatiquement sa vie. Le même manoir sera bombardé, aujourd’hui en ruines. Ses manuscrits dilapidés et brûlés. Les surréalistes le considèrent comme un pionnier et André Breton lui rendra hommage. Il meurt à Brest, en 1940.  

      Tahar Bekri

      Comme elles étaient vieilles

      Usées par tant de lèvres et de plumes:

      Comme elles étaient vieilles

      Ces mouches de paroles et fourmis d’écriture.

      Comme elles étaient vieilles

      D’un très long passé de livres entassés ;

      Comme elles étaient vieilles

      D’avoir été le verbe heureux ou grave sur la multitude

      A travers les siècles et les siècles…

      Comme elles étaient vieilles

      Mais qu’il ne fallait pas les voir s’évanouir

      Au bord d’une tribune ou bien au fond d’une bibliothèque

      Comme elles étaient vieilles

      Mais que, pour l’honneur du dire ou du poème

      On ne devait pas les voir mourir

      J’ai semé,

      Puisqu’elles recelaient encore un grain de vie.

      J’ai semé les lettres

      Toutes les lettres de notre alphabet,

      Ainsi qu’on sème à la volée

      Le grain de blé,

      Dans la page du Livre de l’éternité.

      Et sur la marge large de mon espérance,

      Œil tendu, j’attends l’heure de la délivrance,

      Comme si la Page, en l’œuvre du mystère,

      Etait capable du miracle auguste de la Terre.

      La Rose et les épines du chemin,

      édition établie par Jacques Goorma, Poésie/Gallimard

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      Rapport alarmant sur la situation des migrants en Tunisie

      08. November 2025 um 13:34

      Amnesty International (AI), qui affirme avoir mené des recherches à Tunis, Sfax et Zarzis, entre février 2023 et juin 2025, en interrogeant 120 réfugiés et migrants originaires de près de 20 pays (92 hommes et 28 femmes, dont huit jeunes de 16 et 17 ans), vient de publier, le 6 novembre 2025, un nouveau rapport très alarmiste intitulé «Personne ne vous entend quand vous criez : le tournant dangereux de la politique migratoire en Tunisie».

      «Ces trois dernières années, les autorités tunisiennes ont progressivement démantelé les protections accordées aux réfugiés, aux demandeurs d’asile et aux migrants – en particulier les personnes noires originaires d’Afrique subsaharienne – perpétuant ainsi des pratiques policières dangereusement racistes et des violations généralisées des droits humains qui mettent en péril leur vie, leur sécurité et leur dignité», affirme l’Ong dans son rapport. Et elle avertit l’Union européenne contre le «risque de se rendre complice de cette situation en maintenant sa coopération dans le contrôle des flux migratoires sans garanties effectives en matière de droits humains.»

      Dans son rapport, AI documente comment «les autorités tunisiennes ont procédé à des arrestations et des détentions à caractère raciste, à des interceptions dangereuses et imprudentes en mer, et à des expulsions collectives de dizaines de milliers de réfugiés et de migrants vers l’Algérie et la Libye», et comment les migrants ont été soumis «à la torture et à des mauvais traitements, notamment au viol et à d’autres formes de violence sexuelle».

      L’organisation a également analysé des sources onusiennes, de la presse et de la société civile, ainsi que les profils officiels des autorités tunisiennes sur les réseaux sociaux.

      AI affirme, par ailleurs, avoir partagé ses conclusions avec les autorités tunisiennes, européennes et libyennes avant la publication de son rapport, ajoutant qu’elle n’a reçu aucune réponse à ce jour de ces trois parties.

      I. B. (avec Ansa)

      Lire le rapport en anglais.

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      Note de l’Ites | L’économie de rente freine la croissance en Tunisie

      08. November 2025 um 12:52

      «L’économie tunisienne connaît depuis plusieurs décennies une dynamique freinée par la prédominance d’une économie de rente qui pèse lourdement sur son développement», a souligné l’Institut tunisien des études stratégiques (Ites), dans une note qu’il vient de publier sur «La politique de lutte contre l’économie de rente en Tunisie».

      «Plus de 50% des secteurs économiques en Tunisie sont soumis à des restrictions d’accès, ce qui empêche les nouveaux entrants de concurrencer les acteurs établis et limite la dynamique entrepreneuriale», ce qui entraîne «un manque à gagner de 5% de la productivité et la non création de 50 000 emplois annuels», souligne d’emblée la note.

      «L’économie de rente se traduit par la captation de richesses par des groupes bénéficiant de privilèges liés à des monopoles, des licences d’importation, des subventions ciblées, des crédits à taux préférentiels, ou encore des barrières administratives complexes» ; ce qui «bloque la concurrence, limite l’investissement productif, freine l’innovation, crée des distorsions de marché et nourrit les inégalités sociales», relève encore l’Ites, faisant écho aux déclarations du président de la république Kaïs Saïed qui, en recevant, jeudi 6 octobre 2025, au palais de Carthage, le ministre de l’Intérieur, Khaled Nouri, et la ministre des Finances, Mechket Slama Khaldi, a pointé, une nouvelle fois, les «pratiques de spéculation et de monopole» et les «lobbies et forces rétrogrades cherchant par tous les moyens à faire éroder la confiance que les citoyens placent en l’appareil administratif de l’Etat».

      La rente détourne la richesse

      «La Tunisie fera face au creusement des inégalités économiques et sociales, à l’amoindrissement des capacités d’innovation dans l’économie, à la désaffection progressive des investisseurs privés, à la polarisation accrue du marché du travail, et au maintien d’une croissance faible», avertit l’Ites, ajoutant que «la rente détourne la richesse nationale vers des groupes minoritaires aux dépens de la majorité».

      Afin de faire face à ce problème, le think tank rattaché à la présidence de la république recommande une série d’actions, à dessein de renforcer la concurrence, améliorer la gouvernance économique, protéger la classe moyenne, stimuler l’innovation, et favoriser une croissance durable et inclusive.

      Il s’agit, tout d’abord de promouvoir une concurrence réelle et assainie, à travers le renforcement de l’indépendance du Conseil de la Concurrence, la révision des régulations sectorielles pour éliminer les protections excessives des groupes d’intérêt, l’interdiction formellement de toute exemption légale aux lois anti-cartels…

      Les recommandations de l’Ites

      L’Institut recommande, aussi, de garantir la contestabilité des marchés (éviter les barrières à l’accès de nouveaux professionnels aux marchés publics…), grâce à la simplification des procédures d’attribution de concessions, licences…, à la lutte contre les barrières informelles (clientélisme…) par des mécanismes d’audit indépendants, à la facilitation de l’accès aux financements pour les PME et les start-ups, et à la mise en place des critères transparents pour l’éligibilité aux appels d’offres publiques.

      Par ailleurs, l’Ites conseille de refondre le système fiscal pour restaurer l’équité, en veillant à supprimer progressivement les niches fiscales injustifiées, à renforcer la progressivité de l’impôt sur le revenu et les taxes sur la propriété, à numériser et centraliser les données fiscales pour réduire l’évasion, à mettre en place des dispositifs transparents de contrôle, et à lutter contre les privilèges fiscaux accordés à certains groupes, via des arrangements opaques.

      L’Ites propose, en outre, de réorienter la politique d’investissement vers la valeur ajoutée, en simplifiant et unifiant le cadre réglementaire pour les investissements, en recentrant les aides et les subventions sur les secteurs à fort potentiel technologique et les PME locales, et en mettant en place un guichet unique dématérialisé pour l’ensemble des démarches, afin d’accélérer la création des entreprises.

      Il recommande, également, d’améliorer la gouvernance économique et la transparence, à travers l’instauration d’un portail d’open data regroupant toutes les informations publiques, la publication régulièrement des bénéficiaires des concessions, marchés publics…, et la création des instances multiparties pour le suivi des réformes.

      L’effort doit être orienté, aussi, selon l’Ites, vers la réforme du système bancaire en renforçant la transparences sur les critères d’octroi de crédits et en instaurant des dispositifs spécifiques d’accès au financement pour les PME innovantes….  La réforme administrative doit aider à réduire les contacts physiques entre les acteurs économiques et l’administration, à assurer l’archivage et l’auditabillité numérique de toutes les procédures économiques…), à réaliser la réforme foncière en publiant les prix fonciers par zone géographique, en mettant en place une taxation différenciée sur les plus-values foncières non productives ou spéculatives…, et en réformant le capital humain (transparence dans les recrutements publics, lutte contre les rentes d’accès au marché du travail, via les réseaux informels…).

      L’Ites assure, finalement, que la lutte contre l’économie de rente «est un chantier majeur et complexe, nécessitant une coordination entre les différentes composantes de l’Etat, le secteur privé, la société civile, et les partenaires internationaux», ajoutant que «le succès dépendra non seulement des réformes techniques, mais aussi d’une volonté politique constante et partagée».

      I. B. (avec Tap).

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      Tunisie | Justice et ségrégation par l’argent  

      08. November 2025 um 12:07

      L’homme d’affaire Abdelaziz Makhloufi a été libéré sous caution après avoir versé une énorme somme d’argent, mais qu’en est-il de ceux qui croupissent en prison et qui sont poursuivis dans la même affaire dite de Henchir Chaâl ?  Mais ses co-accusés dans la même affaire, dont l’ancien ministre Samir Bettaieb, restent en prison, pourquoi ?  

      Imed Bahri

      Autant on est content de voir l’ancien président du Club sportif sfaxien (CSS) et patron de CHO, fleuron de l’agroalimentaire tunisien qui exporte l’huile d’olive conditionnée aux quatre coins du monde, vaquer de nouveau à ses affaires ô combien bénéfiques pour le pays, autant on se demande si ses co-accusés, qui n’ont pas, eux, un matelas financier leur permettant d’«acheter» leur liberté conditionnelle, sont condamnés à rester derrière les barreaux jusqu’au dénouement de l’affaire.

      Un ancien ministre sous les verrous

      Si c’est le cas, ce serait vraiment une injustice. D’autant qu’il s’agit d’un ancien ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, Samir Bettaieb, professeur de droit public de son état, connu pour sa probité et son intégrité et qui, selon ses avocats, n’a fait, en réalité, qu’avaliser, du fait de ses fonctions, un accord passé par le département dont il avait la charge avant même qu’il n’y débarque.

      A l’origine de l’affaire, une note d’observation formulée en 2019 au PDG de l’Office des terres domaniales (OTD) relative à la politique de recouvrement des dettes pour la saison de l’olive 2017/2018. Cette note, conforme à sa mission ministérielle et à la conjoncture économique du moment, ne portait sur aucun cas particulier, mais sur une orientation globale formulée après consultations des cadres de l’OTD, soulignent ses avocats. Selon Me Saïda Garrache, «Samir Bettaieb n’a obtenu aucun avantage personnel, ni dilapidé de fonds publics. Le contrat cité a été conclu avant sa prise de fonctions ministérielle, et les actes ultérieurs relèvent de la gestion courante.»

      Il s’agit aussi d’anciens cadres de Henchir Chaâl et de hauts responsables du département de l’Agriculture (notamment un ancien chef de cabinet et un ancien PDG de l’OTD), dont les demandes de libération présentées par leurs avocats ont toutes été rejetées depuis leur incarcération le 4 novembre 2024.

      Ségrégation entre prévenus

      Ces prévenus, tous fonctionnaires de l’Etat, n’ont pas les moyens financiers pour payer une caution qui s’élèverait à des dizaines de millions de dinars, comme ce fut le cas pour les hommes d’affaires Abdelaziz Makhloufi et Ahmed Abdelkefi, poursuivi dans une autre affaire, mais selon quelle logique les maintient-on en état d’arrestation jusqu’à la fin de l’enquête ?

      Pourquoi ne les fait-on pas bénéficier du principe de la présomption d’innocence et ne leur rend-t-on pas la liberté conditionnelle, assortie d’une interdiction de voyage ?

      Quel danger représentent-ils pour la collectivité pour qu’on leur refuse cette liberté, sachant qu’ils ne sont pas de dangereux criminels et que leur supposé délit est d’ordre administratif et, dans le pire des cas, financier ?

      Cette manière d’établir une «ségrégation» – et le mot est bien à sa place ici – entre des prévenus poursuivis pour les mêmes délits et dans une même affaire est pour le moins injuste, sinon sur le plan juridique et judiciaire, du moins sur le plan moral.

      A bon entendeur…

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      Tunisie | Ces députés qui critiquent Kaïs Saïed

      08. November 2025 um 09:34

      A l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), que l’on croyait définitivement anesthésiée, des voix s’élèvent, encore rares, certes, pour critiquer le président Kaïs Saïed, son bilan mitigé, ses déclarations en nette décalage par rapport à la réalité du pays, le mauvais choix de ses collaborateurs, etc. Sacrilège ! Quelle mouche a piqué ces agités du bocal ?

      Latif Belhedi

      Ces bruissements interpellent. A plusieurs titres. D’abord, ces députés qui critiquent aujourd’hui le président de la république étaient, il y a peu, parmi ses plus fervents défenseurs.

      Que s’est-il passé entre-temps pour qu’ils virent de bord et si brutalement au point de tenir des discours qui auraient valu des poursuites judiciaires à un opposant ou à un journaliste à la parole un peu trop libre ? Ont-ils senti le vent tourner, le bateau prendre de l’eau ? Cherchent-ils à se repositionner, au cas où ?

      Après avoir longtemps adressé leurs critiques exclusivement aux membres du gouvernement, sans que leurs voix n’aient été entendues ou qu’elles aient suscité la moindre réaction, ont-ils enfin pris conscience que la réalité du pouvoir, la totalité du pouvoir, n’est pas à la Kasbah mais à Carthage et que la responsabilité de l’immobilisme actuel incomberait plutôt au chef suprême de l’exécutif ?

      Quoi qu’il en soit, cette évolution dénote, au mieux, une prise de conscience chez certains députés de l’inutilité de leur mission dans un système politique qui fonctionne comme une pyramide renversée et où le pouvoir, la totalité du pouvoir, est en réalité détenu par un seul homme, de qui tout émane et à qui tout revient, dans l’exclusion de tout contre-pouvoir.

      Au pire, ces agités du bocal cherchent seulement à se démarquer de leurs collègues, et à prendre rendez-vous avec l’après – car il y a toujours un après –, animés du même opportunisme qui les a vus, il y a quelques années, prendre le train d’où ils chercheraient aujourd’hui à descendre en faisant le plus de bruit possible.

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      Analyse de l’IACE | Et si le protectionnisme était la solution pour une relance durable ?

      08. November 2025 um 08:50

      L’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE), think tank basé à Tunis, a publié dans son blog   une analyse économique sous le titre «Quand le protectionnisme paye». Dans le contexte des hausses tarifaires imposées par les Etats-Unis à la majorité de ses partenaires, dont la Tunisie (25%), l’analyse explore une politique industrielle sélective et adaptée au contexte de notre pays.

      Cette politique s’articulerait autour de trois pistes concrètes : la substitution aux importations dans les secteurs accessibles ; le retour de la politique de compensation commerciale et des mesures ciblées respectant les engagements internationaux.

      Se basant sur les dernières statistiques publiées par le Département du Commerce américain, les auteurs de l’article constatent que le protectionnisme américain a commencé à porter ses fruits : une croissance du PIB au 2ᵉ trimestre de 3,8 % contre 3,3 % estimés initialement (taux annualisé); un rebond des achats locaux de biens d’équipement, ainsi qu’une baisse des demandes d’allocations de chômage et un raffermissement du taux de change du dollar, qui s’est apprécié de 0,66 % par rapport à un panier de grandes monnaies, malgré la baisse récente du taux d’intérêt de base et les incertitudes sur l’économie américaine, notamment à court terme (inflation).

      Constatant également que «l’objectif des mesures protectionnistes introduites par le Président Trump était d’accroître la production des entreprises américaines et les bénéfices des hommes d’affaires, même si la production locale est plus coûteuse que les importations», ils se demandent si la Tunisie pourrait s’inspirer de ce nouveau modèle, plus favorable aux entreprises qu’au consommateurs mais d’une façon sélective et ciblée. Et ce par :

      «1- l’adoption d’une politique de substitution aux importations dans certains secteurs industriels dont l’accès est aisé, soit parce qu’il avait été déjà réalisé dans le passé (industries mécaniques et électriques, industries de matériaux de construction), soit parce qu’il est devenu technologiquement faisable de nos jours. Cela exige une politique industrielle de l’État, qui doit encadrer, supporter et subventionner certaines activités industrielles, comme cela a été fait en Tunisie dans le programme de mise à niveau du siècle dernier et aux USA cette décennie. Les circonstances internationales sont favorables à cette orientation. De plus, des mesures douanières peuvent être adoptées, si cela est possible compte tenu des accords bilatéraux et multilatéraux existants;

      2. la réinstauration de la politique de compensation commerciale vécue dans les années 90 qui exigeait des fournisseurs de voitures automobiles d’acheter des pièces de rechange et autres produits locaux à raison d’une proportion de leurs ventes en Tunisie. Les circonstances internationales sont favorables à ces mesures de compensation, qui obligent les importateurs de certains produits, où la concurrence internationale est vive, à exiger de leurs fournisseurs de faire des achats locaux, augmentant ainsi les exportations du pays.

      3- Cette politique protectionniste peut poser des problèmes pour un petit pays comme la Tunisie, avait suivi longtemps une politique d’ouverture commerciale extérieure. Des réactions de la part des pays partenaires sont attendues, notamment de ceux avec qui la Tunisie est liée par des accords de coopération (UE en particulier). Pour cela, les mesures protectionnistes doivent être sélectives (par branches d’activité voire même par produits) et non générales, en donnant la préférence aux mesures qualitatives (conformité aux normes, formes de financement) sur les mesures quantitatives (taxe), et doivent être appliquées d’une manière progressive. Cela permettrait d’éviter des mesures contradictoires avec les clauses de l’accord d’association pour les produits actuellement importés par la Tunisie de l’UE, et de se concentrer sur les produits importés d’Asie (Chine, Turquie, transit de Dubaï).»

      Dans le nouveau monde qui se dessine avec des orientations et des méthodes de fonctionnement tournant le dos au libéralisme économique et renouant avec les politiques publiques de type keynésienne pour relancer la croissance de la production et de l’emploi, le défi aujourd’hui est d’assurer un développement durable et inclusif.

      «Pour accomplir ce triple rôle (croissance, durabilité et équité), les politiques publiques doivent donner la priorité aux politiques industrielles sectorielles et aux mesures méso- et microéconomiques, dans un cadre global de stabilité macroéconomique assurée par des politiques fiscales et monétaires qui respectent les grands équilibres ou pseudo-équilibres financiers intérieurs et extérieurs», préconisent les auteurs.

      Lire l’article complet. 

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      Les Émirats vont-ils enfin lâcher Hemedti Dagalo?

      08. November 2025 um 08:50

      Dans l’échelle du crime, le boucher du Darfour Mohamed Hamdan Dagalo, que tout le monde appelle Hemedti, joue dans la même catégorie que le génocidaire israélien Benjamin Netanyahu. Toutefois, il semble que le vent a tourné et qu’il commence à perdre un soutien de poids. Certains médias internationaux indiquent que les Émirats arabes unis ont commencé à reconnaître les erreurs de leur politique au Soudan suite aux massacres d’El Fasher, marquant ainsi leur première admission officielle d’un changement d’approche depuis leur soutien aux Forces de soutien rapide (FSR) après le coup d’État militaire de 2021. (Photo : Femmes et enfants déplacés d’El-Fasher dans un camp à Tawila, lundi – AP).

      Imed Bahri

      Les récentes déclarations d’Anwar Gargash, l’un des responsables les plus importants de la diplomatie émiratie, témoignent d’une évolution de la position des Emirats et d’une tentative de prendre ses distances avec la milice d’Hemedti, devenue un fardeau politique et moral pour Abou Dhabi.

      Cette prise de distance intervient dans un contexte de pression internationale croissante et d’inquiétudes quant à l’impact de ses liens économiques étroits –notamment dans le secteur de l’or et les ports de la mer Rouge– sur son rôle futur au Soudan.

      The Guardian rapporte que, pour la première fois, les Émirats ont publiquement reconnu les erreurs de leur politique au Soudan, après que leur réputation internationale a été ternie par leur soutien aux FSR, responsables de massacres à El-Fasher, capitale du Darfour-Nord, suite à la prise de contrôle de la ville à la fin du mois dernier.

      Abou Dhabi avoue s’être trompé

      Dans un discours prononcé à Bahreïn, Anwar Gargash, conseiller diplomatique de l’émir d’Abou Dhabi et président des Émirats Mohamed Ben Zayed, a déclaré que les Émirats arabes unis et d’autres pays avaient «commis une erreur en n’imposant pas de sanctions aux auteurs du coup d’État de 2021», en référence au putsch ayant renversé le gouvernement de transition civil au Soudan conduit par Abdallah Hamdok et soutenu à la fois par le chef de l’armée régulière le général Abdel Fattah Al-Burhan et Mohamed Hamdan Dagalo (Hemedti), chef des FSR.

      Après, ces deux derniers ont évincé le gouvernement civil de Hamdok et ont pris le pouvoir ensemble avant de se déchirer ce qui a conduit à la guerre civile ayant éclaté en avril 2023.

      «Nous avons tous commis une erreur en laissant ces deux généraux rivaux renverser le gouvernement civil», a affirmé M. Gargash avant d’ajouter: «Rétrospectivement, il s’agissait d’une erreur fondamentale. Nous aurions dû rester fermes et qualifier ce qui s’est passé de coup d’État, mais nous ne l’avons pas fait».

      The Guardian estime que cette déclaration marque un tournant important dans la position des Émirats arabes unis, Abou Dhabi ayant joué un rôle prépondérant depuis la chute du régime d’Omar Hassan el-Béchir en 2019 en affaiblissant les forces civiles et en renforçant l’influence de l’armée, sous prétexte de «garantir la stabilité»

      Du soutien total à la reconnaissance des erreurs

      Suite au soulèvement de 2019, les Émirats et l’Arabie saoudite ont cherché à renforcer le Conseil militaire de transition qui a succédé à Omar El-Béchir, en lui accordant une aide de 3 milliards de dollars.

      Cependant, lorsque les civils ont repris le contrôle du gouvernement, une part importante de cette aide a été gelée. Jonas Horner, du Conseil européen des relations étrangères, affirme que cette décision a directement fragilisé le gouvernement civil et ouvert la voie au coup d’État de 2021, puis à la guerre civile de 2023. «Si les États du Golfe avaient soutenu le gouvernement civil comme promis, le destin du Soudan aurait été radicalement différent», ajoute Horner.

      Aujourd’hui, quatre ans après le coup d’État, les Émirats admettent pour la première fois que leur politique a dévié de sa trajectoire et qu’ils sont contraints de prendre leurs distances avec les FSR qu’ils ont parrainées.

      Armement non déclaré et démentis officiels

      Des rapports concordants de l’Onu et de la presse indiquent que les Émirats ont secrètement armé les FSR, malgré leurs démentis répétés. En janvier dernier, l’administration Biden a imposé des sanctions à Hemedti et à sept entreprises basées aux Émirats, les accusant de financer la milice.

      Pendant 18 mois, des organisations de la société civile soudanaise ont averti que la prise de contrôle d’El-Fasher par les FSR entraînerait des massacres à motivation ethnique, imputant une responsabilité particulière aux Émirats, puissance la plus influente sur Hemedti.

      Malgré la condamnation des massacres par Abou Dhabi, le pays a tenté d’en rejeter la faute sur l’armée soudanaise, se présentant comme victime de «campagnes de désinformation menées par des factions islamistes au sein de l’armée et des organisations occidentales hostiles aux Émirats arabes unis».

      Cependant, des militants des droits humains comme Yasmin Ahmed de Human Rights Watch ont affirmé que le véritable test pour cette évolution de la position des Émirats serait leur coopération avec le comité des Nations Unies sur l’embargo sur les armes au Soudan.

      Intérêts économiques et politiques étroitement liés

      Les Émirats entretiennent des liens économiques étroits avec le Soudan depuis plusieurs décennies, considérant ce pays comme une source vitale de denrées alimentaires et de minerais mais aussi comme un point stratégique important sur la mer Rouge.

      En 2022, Abou Dhabi Ports a investi environ 6 milliards de dollars dans le projet de port d’Abu Amama, au nord de Port-Soudan, avant que Burhan ne l’annule. Cette décision a incité Abou Dhabi à veiller à la protection de ses intérêts dans tout futur accord politique.

      L’or soudanais demeure la principale ressource du pays. Selon les données de 2024, les exportations officielles d’or vers les Émirats ont atteint 1,52 milliard de dollars, soit environ 97 % du total des exportations officielles du Soudan. Cependant, les chiffres réels sont bien plus élevés, car près de 90% de la production soudanaise, estimée à 13,4 milliards de dollars par an, est acheminée clandestinement vers les Émirats arabes unis via les pays voisins.

      La famille Hemedti entretient des liens commerciaux directs avec les Émirats, possédant d’importantes mines d’or au Darfour par le biais de la société Al-Junaid. Hemedti a également envoyé des milliers de combattants au Yémen pour soutenir la coalition dirigée par l’Arabie saoudite et les Émirats, renforçant ainsi les liens politiques et militaires.

      Outre les intérêts économiques, la politique des Émirats est guidée par des considérations idéologiques. Le pays perçoit l’islam politique, et en particulier les Frères musulmans, comme une menace existentielle qu’il convient d’endiguer. Dans cette optique, le soutien à Hemedti était considéré comme un moyen efficace de saper l’influence des islamistes.

      L’épreuve post-El-Fasher

      Face au fardeau moral et politique que représentent les massacres perpétrés par les FSR, les Émirats subissent une pression croissante pour s’engager dans la résolution de la crise soudanaise. Washington estime que la clé d’un règlement réside dans un accord parrainé par les Émirats et l’Égypte (qui soutient Abdel Fattah Al-Burhan) qui inciterait les belligérants –les FSR et l’armée– à parvenir à un cessez-le-feu global.

      En septembre, les États-Unis, l’Arabie saoudite, l’Égypte et les Émirats ont signé une déclaration commune définissant le cadre d’une trêve humanitaire de trois mois, suivie d’une période de transition civile de neuf mois. La déclaration affirmait: «L’avenir de la gouvernance au Soudan sera décidé par le peuple soudanais au terme d’un processus de transition global, non dominé par aucun groupe armé»

      Cependant, le dernier paragraphe reflétait la ligne rouge traditionnelle des Émirats: «L’avenir du Soudan ne saurait être déterminé par des groupes extrémistes violents liés aux Frères musulmans»

      Quelle est la position exacte d’Abou Dhabi?

      La question demeure : les Émirats peuvent-ils véritablement rompre leurs liens avec les FSR?

      La réponse dépendra de la façon dont ils perçoivent Hemedti: est-il un partenaire indispensable à la réalisation de leurs intérêts économiques et à la lutte contre les islamistes, ou un fardeau menaçant leur image de puissance «stable et rationnelle»?

      Comme l’a déclaré Cameron Hudson, ancien responsable américain du dossier soudanais: «Les Émirats nient catégoriquement toute implication. Tant que nous n’aurons pas établi les faits concernant la situation et les responsables, nous ne pourrons pas trouver de solution»

      La prochaine étape révélera si Abou Dhabi passera du déni à l’action et du financement et du déni à la reddition de comptes et à la réconciliation.

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      Le harcèlement sexuel, destin inéluctable des femmes ?

      08. November 2025 um 08:00

      Chez l’être humain le toucher, si on le compare à la vue qui s’exerce à distance, est le seul sens qui permet d’être en contact direct avec son prochain. Mardi 5 novembre 2025, lors d’un bain de foule qu’a voulu prendre la présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum, elle a subi, devant les caméras du monde entier, un harcèlement sexuel de la part d’un simple citoyen proche d’elle qui non seulement l’a entourée de son bras, mais l’a embrassée sur le cou et a même effleuré sa poitrine, avant d’être arrêté par les gardes du corps dont la fonction porte bien son nom puisqu’ils sont appelés, avant tout, à défendre l’intégrité physique du chef de l’État.

      Jamila Ben Mustapha *

      Après avoir vécu cet événement qui l’avait prise de court, réalisant le désordre profond à l’échelle nationale, occasionné par les gestes de plus en plus osés qu’elle avait subis, elle en a parlé par la suite à son peuple dans une intervention publique, en indiquant qu’elle allait porter plainte.

      Quelles remarques peut-on faire sur cet incident si grave ? Historiquement, dans l’Antiquité, si l’on prend l’exemple de l’Égypte, le statut des Pharaons égalait celui des dieux ou venait juste après eux. Et par la suite, l’autorité du roi, du mikado ou du sultan s’exerçait autant par le prestige de leur apparence que par la distance que leurs sujets étaient tenus de respecter quand certains d’entre eux avaient la possibilité de s’approcher d’eux, tête baissée, dans une attitude recommandée de vénération et d’humilité.

      L’autorité en démocratie

      Avec la généralisation du régime démocratique, les présidents détiennent leur légitimité, non plus par le haut – par la bénédiction des dieux ou des élites –, mais par le bas, par le peuple lui-même, appelé à les choisir et à leur déléguer la souveraineté qui lui revient en théorie, en votant pour eux. Ceci pousse le chef à donner de l’importance à ce dernier, à tenter de le séduire et à tout faire pour l’avoir de son côté dans le but d’être élu ou réélu.

      Il est certain que le fait de toucher le président de l’État que sa fonction place nettement au-dessus de tous, de la seule façon permise – lui serrer la main –, exerce une attraction réelle sur ses compatriotes, percevant spontanément une grande différence qualitative entre lui et les autres à cause de l’unicité de son rôle.

      Mais ce qui est scandaleux dans le cas de la présidente mexicaine, c’est que cet individu, mettant entièrement entre parenthèses son statut et le symbole qu’elle représente, se comporte avec elle non pas même comme avec une simple compatriote, mais comme avec une femme qu’il ne respecte pas et agresse, en s’en prenant à son intégrité physique sans lui demander son avis, comme un passant pervers qui se permettrait de toucher la première passante anonyme venue. Subi par la cheffe de l’État, cet acte n’est pas loin d’équivaloir à une profanation.

      Manque de respect de toute femme

      Quel enseignement tirer de ce geste ? Cela montre que, encore au XXIe siècle, partout, et quel que soit son niveau dans l’échelle sociale, aucune femme n’est à l’abri de ce genre d’agression, encore qu’être touchée physiquement par un passant dans la rue parce qu’il profite de l’effet de surprise et de votre impréparation, est moins choquant que de l’être quand on est la représentante suprême de la nation et que cet acte n’est pas loin de devoir être considéré comme un sacrilège.

      Cela signifie aussi, chez cet individu, le manque de respect de toute femme, le désir de ne pas prendre au sérieux, de réduire volontairement à néant le prestige de son statut, même quand il est le plus élevé du pays.

      Ce geste indique encore une volonté claire de la rabaisser, de lui rappeler qu’elle appartient irrémédiablement au sexe dit «faible», et que  sa  fonction, si haute soit-elle, n’arrive pas à éliminer sa prétendue infériorité, première, dominante, à savoir sa condition de femme, donc, aux yeux de cet individu, d’objet sexuel.

      C’est ainsi qu’aussi simples et proches du peuple que les chefs de l’État veuillent être, ils ont intérêt à ne pas oublier que la proximité totale avec lui, dans des bains de foule désordonnés, est loin d’être recommandée et que leur statut exige une distance minimale salvatrice par crainte d’«un mauvais pas» – au sens propre et figuré – qui porterait alors atteinte, non seulement à leur personne, ce qui est grave, mais à l’honneur même du pays, ce qui l’est encore plus.

      Et autant nous avons été solidaires du citoyen irakien qui avait envoyé au président George W. Bush, destructeur de son pays, une chaussure sur la tête, autant nous désapprouvons l’attaque de la présidente du Mexique qui révèle à quel point le chemin est, partout, encore bien long avant la réalisation de l’égalité des sexes.

      * Ecrivaine.

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