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Soudan | Des mercenaires colombiens forment des enfants-soldats

14. Oktober 2025 um 10:39

Selon une enquête du journal britannique The Guardian, des centaines de mercenaires colombiens sont impliqués dans la guerre en cours au Soudan, combattant aux côtés des Forces de soutien rapide dirigés par Mohamed Hamdan Dogolo dans le cadre de la guerre civile qui les oppose à l’armée soudanaise. Ces mercenaires entraînent aussi des enfants soudanais au combat, dans l’un des épisodes les plus tragiques de cet interminable conflit depuis son déclenchement il y a plus de deux ans.

Imed Bahri

Le Guardian rapporte que des photographies de ces enfants soldats ont été prises dans le camp de Zamzam, le plus grand où sont parqués les déplacés du Soudan.

L’un des mercenaires colombiens, utilisant le pseudonyme de Carlos, a déclaré s’être rendu au Soudan début 2025 après avoir signé un contrat mensuel de 2 600 dollars par l’intermédiaire d’agents de sécurité soupçonnés d’être liés à un pays de la région.

Après une série de voyages à travers l’Europe, l’Éthiopie et la Somalie, il est arrivé à Nyala, capitale de l’État du Darfour-Sud, devenue une plaque tournante pour les mercenaires colombiens travaillant pour les Forces de soutien rapide.

«La guerre, c’est du business»

«La guerre, c’est du business», déclare Carlos, ajoutant que la première mission des mercenaires colombiens consiste à former des recrues soudanaises dont la plupart étaient des enfants qui n’avaient jamais porté d’armes auparavant. Il  ajoute : «Nous leur avons appris à utiliser des fusils, des mitrailleuses et des lance-roquettes avant de les envoyer au front. Nous les avons entraînés à mourir».

Comble du cynisme, il décrit l’expérience comme horrible et folle tout en précisant: «Malheureusement, c’est la guerre!». Le Colombien participe à une entreprise criminelle mais fait semblant de déplorer la situation ! 

Selon l’enquête du journal britannique, l’unité militaire à laquelle Carlos était affecté a finalement été envoyée dans la ville assiégée d’El- Fasher, décrit comme le pire champ de bataille du Soudan et le dernier grand bastion militaire dans la région du Darfour occidental. 

Aucune aide humanitaire n’est parvenue à El- Fasher, capitale de l’État du Darfour-Nord, depuis près de 18 mois, tandis que les Nations Unies confirment que des centaines de milliers de personnes vivent dans des conditions de quasi-famine, les enfants se nourrissant de criquets et de fourrage pour survivre.

La pire crise humanitaire au monde

Cela s’inscrit dans le contexte d’une guerre qui a coûté la vie à quelque 150 000 personnes et contraint 13 millions de personnes à fuir, dans ce qui est décrit comme la pire crise humanitaire et de déplacement au monde.

Carlos, qui a quitté le service militaire de son pays il y a plus de cinq ans, a partagé des photos et des vidéos avec le Guardian et le journal colombien La Silla Vacia, montrant des mercenaires colombiens entraînant des recrues soudanaises ou sur des positions de combat au Darfour.

Une image montre des adolescents tenant des fusils et souriant à la caméra, tandis que d’autres images montrent des tirs nourris dans des quartiers détruits d’El-Fasher, avec des mercenaires parlant en espagnol de leurs camarades blessés.

Le président colombien Gustavo Petro a décrit le phénomène du mercenariat comme «un commerce qui transforme les hommes en marchandises pour tuer», s’engageant à l’interdire. Il a toutefois reconnu que les conditions économiques et sociales des soldats retraités les rendent vulnérables aux tentations financières.

L’armée colombienne contraint ses soldats professionnels à prendre leur retraite vers 40 ans, avec de maigres pensions et des opportunités de développement professionnel limitées, les poussant à rejoindre des sociétés de sécurité privées.

Elizabeth Dickinson, analyste principale pour la Colombie à l’International Crisis Group, confirme que ces entreprises ne se limitent plus aux retraités, elles recrutent désormais des soldats encore en activité dans les zones pauvres, leur offrant des milliers de dollars par mois via des applications comme WhatsApp.

Le Guardian attribue le phénomène du mercenariat au long conflit interne en Colombie qui a laissé un excédent de combattants expérimentés dont beaucoup ont été formés par l’armée américaine. Ce pays d’Amérique du Sud est l’un des plus grands exportateurs de mercenaires.

Selon le Guardian, Carlos a récemment quitté le Soudan en raison de problèmes de salaire, affirmant que 30 de ses collègues étaient partis avec lui mais en même temps, des avions arrivaient avec de nouveaux mercenaires pour les remplacer.  Il reconnaît toutefois que son travail de mercenaire n’est ni légal ni honorable, ajoutant: «Nous y allons pour l’argent, rien de plus».

Bien que le phénomène des mercenaires ait disparu des champs de bataille mondiaux pendant la majeure partie du XXe siècle, le journal britannique confirme qu’il a commencé à faire un retour rapide au cours du siècle actuel.

Une sombre résurgence

Sean Mavity, expert américain en mercenaires, déclare: «C’est le plus vieux métier du monde. Nous revenons à une époque proche du Moyen Âge où les riches pouvaient posséder des armées privées et se comporter comme des superpuissances». Il ajoute que le recours aux mercenaires offre aux États un «déni plausible» qui leur permet de contourner le droit international et d’échapper à la responsabilité des violations. «Lorsque des mercenaires sont capturés ou tués, ils peuvent tout simplement être désavoués», précise-t-il. 

Au cœur de cette sombre résurgence, le Soudan est aujourd’hui devenu une arène tragique où commerce et sang se croisent, où les guerres deviennent des entreprises rentables et où les enfants deviennent du carburant.

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Le Darfour agonise dans le silence  

02. Oktober 2025 um 10:53

Alors que les yeux du monde sont fixés sur Gaza, un autre drame se déroule dans une indifférence glaciale : El Fasher, au Darfour, assiégée depuis presque deux ans par les Forces de soutien rapide. Plus d’un million de civils encerclés, privés de nourriture, d’eau, de soins. Une ville où les enfants meurent de faim, où les mosquées deviennent des cibles de drones, où l’humanité se dissout dans le silence. 

Manel Albouchi

Pendant ce temps, les Nations unies vaccinent en urgence contre le choléra. Une ironie tragique : sauver d’une main, laisser mourir de l’autre. Ce paradoxe illustre la schizophrénie de notre époque. 

À première vue, ce n’est qu’une tragédie «lointaine». Or, elle n’a jamais été aussi proche. Car beaucoup des réfugiés du Darfour sont en Tunisie, à El Amra, Jebeniana et Sfax, en attente d’émigration vers l’Europe. Mais comme les feuilles d’un même arbre, nous sommes reliés. Quand un incendie se déclare dans une branche, toutes les feuilles finissent par le sentir, même celles qui se croient à l’abri. L’anxiété se propage, la peur de la mort s’installe, et les attaques de panique frappent ceux qui pensaient être protégés. 

L’indifférence complice 

Quand des populations entières meurent et que les chancelleries se contentent de communiqués, l’ordre mondial se démasque. Les vies n’ont pas le même poids selon l’endroit où elles s’éteignent. Le silence face au Soudan préfigure les silences de demain. Et ce silence, ici, on le connaît. Car pendant que les foules ont les yeux rivés sur les guerres d’ailleurs ou même sur un match de football, les gouvernements en profitent pour détourner l’attention et imposer des choix qui étranglent le quotidien. La guerre là-bas devient une diversion ici. La souffrance des peuples sert de rideau derrière lequel se négocient nos propres asphyxies. 

Le siège là-bas, ici, partout  

Comme cette ville soudanaise encerclée, nous vivons nos propres encerclements, invisibles mais réels. 

Un siège économique : une jeunesse enfermée dans le chômage, rêvant de partir par la mer. 

Un siège politique : un peuple prisonnier des blocages et des promesses creuses. 

Un siège psychologique : un quotidien où l’espoir se raréfie, où l’impuissance colonise l’imaginaire collectif. 

Le siècle de l’indifférence 

Affamer des villes. Bombarder des hôpitaux. Détruire des mosquées. Tuer des enfants. L’humanité vit aujourd’hui un siège : entourée de murs d’indifférence, privée de la circulation de l’amour et de la solidarité. 

El Fasher n’est pas seulement une ville du Soudan. Elle devient comme Gaza symbole universel de l’âme humaine assiégée par ses propres démons.  

Nous, citoyens et citoyennes, ne pouvons pas rester spectateurs car chaque silence est une complicité. Relayer, témoigner, exiger que la vie humaine reste sacrée voilà notre responsabilité. 

Car ce qui brûle ailleurs brûle déjà en nous. Et si nous laissons l’arbre s’embraser, aucune feuille, même la plus lointaine, ne sera épargnée.

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