Des manifestants pacifistes juifs ont été arrêtés par la police de Philadelphie hier, mercredi 2 juillet 2025, alors qu’ils occupaient le hall de l’entreprise Day & Zimmermann, un important fournisseur de munitions de 120 mm utilisées par les chars militaires israéliens contre les Gazaouis.
Jack Poulson *
«La police arrête des manifestants de Jewish Voice for Peace et les expulse du hall de D&Z où nous nous sommes rassemblés pour dire : AUCUN PROFIT DU GÉNOCIDE», a écrit l’organisation de défense des droits Jewish Voice for Peace (JVP) de Philadelphie mercredi matin.
Un agent de sécurité du bâtiment d’Allied Universal a confirmé les arrestations, mais n’a pas pu distinguer l’organisation de défense des droits des Juifs de la section de Philadelphie des Students for Justice in Palestine (SJP), qui dénonce haut et fort la fourniture d’obus d’artillerie par Day & Zimmermann à l’armée israélienne. Chaque mardi, entre 6h30 et 8h30, les manifestants scandent à plusieurs reprises «Quit your job!» («Quitte ton travail !») tandis qu’ils battaient des tambours improvisés de Home Depot et secouaient des tambourins alors que les ouvriers traversaient l’entrée arrière du siège social de Day & Zimmermann à Philadelphie, au 1500 Spring Garden St.
Une grande partie de la controverse entourant Day & Zimmermann découle de sa production présumée de munitions antichars hautement explosives (Heat) M830A1 de 120 mm, utilisées par un char de combat israélien Merkava lors du massacre, le 29 janvier 2024, de la petite Palestinienne Hind Rajab, âgée de cinq ans, et de six membres de sa famille.
Selon une enquête menée par l’organisation quaker American Friends Service Committee (AFSC), lauréate du prix Nobel de la paix en 1947, «le numéro de série d’une munition explosée retrouvée dans l’ambulance envoyée au secours de Rajab suggère qu’elle a été fabriquée à l’usine de munitions de l’armée de l’Iowa par Mason & Hanger, filiale de Day & Zimmermann, en novembre 1996.»
Schéma d’un obus antichar explosif (Heat) M830AI de 120 mm.
SOC, filiale de sécurité privée de Day & Zimmermann, basée en Virginie, avait précédemment inscrit Philip F. Reilly, ancien chef de la division des activités spéciales de la CIA, parmi les membres de son conseil consultatif gouvernemental. Reilly suscite un vif intérêt du public depuis janvier, date à laquelle il est devenu PDG de la société de sécurité privée secrète Safe Reach Solutions, qui s’est associée à la société militaire privée UG Solutions, basée en Caroline du Nord, pour mener des inspections de véhicules le long du corridor Netzarim à Gaza. Reilly est de plus en plus surveillé depuis le lancement de la Gaza Humanitarian Foundation («Fondation humanitaire pour Gaza»), soutenue par Israël, à laquelle le Département d’État américain a récemment octroyé 30 millions de dollars dans le cadre d’une initiative israélienne de longue date visant à marginaliser l’aide humanitaire relevant des Nations Unies.
Au-delà des informations provenant de JVP, les arrestations de mercredi dans le hall de Day & Zimmermann ont été documentées par l’application controversée de surveillance de quartier Citizen, qui a signalé que les arrestations avaient commencé peu après 10 h.
Au cours du mois dernier, l’unité audiovisuelle de la police de Philadelphie a filmé avec acharnement les manifestations du mardi matin organisées par SJP et la Philly Palestine Coalition. Le caméraman le plus en vue était l’agent d’information Ritchie, dont le matricule 9452 est visible dans une vidéo enregistrée par cette publication le 24 juin. On peut y voir Ritchie braquer sa caméra directement sur le visage du journaliste et des étudiants manifestants (…)
Depuis l’arrivée au pouvoir du second gouvernement Trump, les étudiants étrangers dénonçant les massacres de femmes et d’enfants de Gaza perpétrés par l’armée israélienne sont la cible d’une campagne de reconnaissance faciale agressive, dans le but explicite de soumettre leurs noms en vue d’une expulsion à un Département d’État américain réceptif, dirigé par l’ancien sénateur Marco Rubio [actuel chef de la diplomatie américaine] (…)
Le 24 juin, des manifestants se sont rassemblés devant le siège social de Day & Zimmermann, à Philadelphie. Leur banderole portait l’inscription : «Day & Zimmermann, hors de Philadelphie ! Pas de profiteurs du génocide dans notre quartier.»
«Nous serons là tous les mardis matin», a proclamé l’un des meneurs de la manifestation dans un mégaphone à la fin de la manifestation de mardi matin, avant de demander : «Que ressentiriez-vous si vous étiez réveillés par une bombe chaque matin, comme les hommes, les femmes et les enfants de Gaza?»
Les autorités sanitaires de Gaza ont rapporté la semaine dernière que l’invasion militaire israélienne de Gaza, après le 7 octobre, avait franchi le seuil des 56 000 morts, dont environ la moitié sont des femmes et des enfants.
Dans ce qui est peut-être le moment le plus controversé des manifestations jusqu’à présent, le meneur de la manifestation a conclu la manifestation de mardi par la déclaration suivante: «Mort à Day et Zimmermann ! Mort à Israël ! Mort à Tsahal ! Et gloire à la Résistance !»
Alors que la République islamique d’Iran dormait sur ses deux oreilles durant de longues années, Israël l’a infiltré jusqu’à la moelle. Avec la guerre du mois dernier qui a révélé au grand jour l’ampleur de l’infiltration, le réveil fut brutal. La léthargie a laissé place à la suspicion. C’est désormais dans un climat de paranoïa que se déroule la chasse aux espions à la solde de l’ennemi israélien. (Les Iraniens se sont rassemblés dimanche pour protester contre l’attaque américaine contre les sites nucléaires du pays. Ph. Arash Khamooshi pour le New York Times).
Imed Bahri
Dans une enquête d’Erika Solomon et de Sanam Mohoozi consacrée au climat de suspicion extrême qui prévaut aujourd’hui en Iran, le New York Times indique qu’à la suite des attaques israéliennes contre ses installations militaires et nucléaires, la République islamique a lancé une campagne contre l’ennemi intérieur.
Suite aux raids israéliens, les autorités iraniennes ont demandé à la population de signaler toute personne portant des sacs, des lunettes de soleil la nuit ou un chapeau, une rareté en Iran. Elles ont exhorté le public à signaler les plaques d’immatriculation volées, les pickups avec des caisses fermées ou les camions circulant à des heures inhabituelles. Elles ont averti que tous ces comportements pourraient être le signe d’ennemis opérant de l’intérieur.
Traque intensive des espions présumés
Sous le choc de l’ampleur des frappes israéliennes du mois dernier, l’Iran mène une traque intensive contre les infiltrés et les espions présumés en s’appuyant sur la population pour cette campagne.
Si les autorités ont arrêté des centaines de personnes, elles ont accéléré les procès et les exécutions d’espions présumés et une loi a été modifiée pour étendre le recours à la peine de mort pour toute personne reconnue coupable d’espionnage.
Compte tenu de l’ampleur de la campagne d’arrestations, même après le cessez-le-feu de la semaine dernière, certains en Iran craignent qu’elle ne se transforme en une nouvelle répression de la dissidence politique par un gouvernement qui a une longue tradition de répression.
«Tel un lion blessé, la République islamique poursuit chaque menace perçue dans le pays avec une force meurtrière», a déclaré Hadi Ghaemi, directeur du Centre pour les droits de l’homme en Iran, cité dans un communiqué publié jeudi dernier.
Israël a une longue tradition d’infiltration en Iran pour recueillir des renseignements et commettre des assassinats et des sabotages. Des responsables des deux camps affirment que lors de la dernière guerre, Israël a démontré sa capacité à construire des réseaux et à lancer des attaques de grande envergure de l’intérieur même du territoire iranien.
Des responsables iraniens ont déclaré avoir découvert plusieurs éléments de preuve indiquant que le Mossad, l’agence israélienne de renseignement extérieur, reçoit l’aide d’agents sur le terrain. Ces preuves, selon les autorités, incluent l’assemblage et le déploiement de missiles israéliens à l’intérieur du pays et la découverte de milliers de petits drones dans la capitale Téhéran.
Faille massive dans la sécurité et le renseignement
«Il est clair que le Mossad dispose d’un réseau très étendu en Iran et environ 90% de ses effectifs sont locaux», a déclaré la semaine dernière Mohammad Ali Shabani, analyste iranien et rédacteur en chef du site d’information indépendant Amwaj Media. Il ajoute: «La question la plus importante est: qui sont-ils? Aujourd’hui, leq doigts accusateurs sont partout».
Quelques heures après la première frappe contre l’Iran, le 13 juin, Israël a démontré la précision de ses renseignements en tuant plusieurs généraux et scientifiques nucléaires de haut rang à leur domicile. Ces attaques ont également détruit des lanceurs de missiles et des systèmes de défense aérienne, contraignant le guide suprême iranien à se cacher.
«Nous avons été témoins d’une faille massive dans la sécurité et le renseignement. C’est indéniable», a concédé Mehdi Mohammadi, conseiller principal du président du Parlement iranien, dans un enregistrement audio.
Depuis des années, le gouvernement iranien est confronté à des failles. Aujourd’hui, sa campagne de contre-espionnage nationale intervient à un moment particulièrement sensible.
Les Iraniens interrogés par le New York Times, y compris ceux qui sont critiques du gouvernement, ont déclaré comprendre les préoccupations sécuritaires de Téhéran, un sentiment ancré dans la colère nationale face aux pertes civiles causées par les attaques israéliennes.
Toutefois, les responsables iraniens n’ont montré aucune volonté publique de reconnaître leurs graves défaillances en matière de renseignement alors même qu’ils poursuivent une campagne répressive qui, selon les groupes de défense des droits humains, touche de manière disproportionnée les minorités ethniques et religieuses, les figures de l’opposition et les étrangers.
Ces groupes affirment que nombre des personnes arrêtées ces deux dernières semaines ont été détenues sans mandat et n’ont pas été autorisées à consulter un avocat. Amnesty International s’est déclarée préoccupée par les procès sommaires et les exécutions manifestement inéquitables dans plusieurs affaires, qualifiant les dernières actions de l’Iran de démonstration de force malavisée.
Sollicités par le NYT, les responsables iraniens se sont abstenus de tout commentaire.
Mercredi 25 juin, le Mossad a publié une vidéo rare de son directeur David Barnea accueillant un parterre d’espions aux visages floutés qu’il a vivement remercié de leur travail en Iran. Barbea a ajouté: «Nous serons là-bas comme nous l’avons toujours été», a-t-il déclaré.
Le djihad du renseignement contre les agents israéliens
Le ministère iranien du Renseignement a juré de poursuivre sans réserve ce qu’il a appelé son «djihad du renseignement contre les agents israéliens».
Le gouvernement qui a reconnu avoir coupé Internet en Iran pendant plusieurs jours par crainte de cyberattaques continue d’exhorter les Iraniens à éviter les réseaux sociaux internationaux et à privilégier les plateformes nationales.
Les agents étrangers cherchant à recruter en Iran n’hésiteront pas à trouver des citoyens mécontents parmi sa population de près de 90 millions d’habitants. L’Iran a connu des périodes de protestations populaires pendant des décennies qui ont été matées par une répression meurtrière. De plus, l’espionnage pourrait trouver un terreau favorable à cause des problèmes d’argent, l’Iran étant embourbé dans une crise économique paralysante causée par des décennies de sanctions occidentales et de mauvaise gestion gouvernementale. La population est en proie à l’hyperinflation, à la paupérisation et au chômage des diplômés.
Sourour, une Téhéranaise de 39 ans, estime qu’il existe un vaste réseau d’espions dans le pays. Elle a demandé à n’être identifiée que par son prénom craignant des répercussions pour avoir parlé à des journalistes internationaux. «Dans notre quartier, on a signalé une cachette», a-t-elle déclaré, ajoutant avoir vu les autorités arrêter plusieurs personnes et retirer des drones du site. «J’ai tout vu de mes propres yeux», a-t-elle précisé.
Les autorités iraniennes affirment que les agents d’Israël sur le terrain utilisent des cachettes pour assembler des missiles et des drones qui sont ensuite secrètement transportés, stockés et déclenchés. Elles ont autorisé les médias locaux à filmer ce qu’elles ont décrit comme des ateliers et des compartiments destinés à dissimuler des drones sur des camions. Cependant, le New York Times n’a pas été en mesure de vérifier de manière indépendante l’authenticité des vidéos.
Pour tenter de démasquer ces cellules, les autorités iraniennes ont publié des notices sur les réseaux sociaux et les sites d’information, parfois accompagnés de caricatures de saboteurs utilisant des outils et du matériel d’assemblage. L’une des notices indiquait: «Si vous avez loué votre propriété ou votre logement ces derniers mois, que ce soit par des moyens traditionnels ou non, sous couvert d’un usage résidentiel à court ou à long terme, à une entreprise, veuillez le signaler», rapporte un communiqué publié par l’agence de presse Fars, affiliée au gouvernement, au nom d’Ahmad Reza Radan, chef de la police iranienne.
Depuis l’attaque israélienne contre l’Iran le 13 juin, les autorités iraniennes affirment avoir détecté plus de 10 000 petits drones rien qu’à Téhéran, selon l’agence de presse Fars.
Ces petits drones, parfois équipés d’intelligence artificielle, ont été utilisés lors de récents assassinats de scientifiques liés au programme nucléaire, selon des responsables de la sécurité iranienne cités par la même agence de presse.
Afin d’encourager la coopération populaire, les autorités annoncent régulièrement que leurs arrestations ou confiscations d’armes ont été facilitées par des Iraniens ordinaires.
«Ce public ne souhaite généralement pas interagir avec le ministère du Renseignement», a déclaré Shabani, l’analyste iranien. «Dans un État autoritaire, moins on a de contacts avec ces personnes, mieux c’est. Mais dans une nouvelle dynamique, il semble que certaines personnes souhaitent réellement les aider», a-t-il ajouté affirmant que l’attaque israélienne a galvanisé un sentiment d’unité. Certains responsables politiques modérés ont exhorté les autorités à capitaliser sur le soutien du public pour une introspection.
«La guerre et l’unité du peuple ont été l’occasion de changer notre vision de la gouvernance et du comportement de nos responsables», a déclaré le président Massoud Pezeshkian à son cabinet, selon les médias d’État.
«C’est une occasion en or de changer les choses», a ajouté Pezeshkian, élu grâce à une campagne visant à améliorer l’économie en difficulté et à nouer des relations avec l’Occident.
Mohammad Reza, un quadragénaire habitant à Tabriz dans le nord-ouest de l’Iran, a estimé que ce n’est qu’une question de temps avant que le gouvernement n’intensifie sa répression contre les opposants politiques. «Pour l’instant, ils veulent s’assurer que personne ne se moque du régime ni n’espère de changement. La principale crainte du régime est que les gens le perçoivent comme faible. Si les gens savent que le pouvoir est fébrile, ils se révolteront», a-t-il déclaré.
Le témoignage du Pr Lamia Kallel et son plaidoyer en faveur de l’hôpital public et de celles et ceux qui en sont les piliers, les médecins internes et résidents, prend toute sa valeur en plein mouvement de protestation des jeunes médecins, qui se sentent oubliés et abandonnés de l’Etat qui les emploie. Nous reproduisons ci-dessous le poste Facebook de la praticienne où elle évoque, comme elle dit, «un exemple parmi des milliers au quotidien, qui met en valeur l’importance d’avoir un secteur public en bonne santé.»
Dr Lamia Kallel *
Je rentre de l’hôpital, appelée en renfort, pour une énième urgence.
Un gros morceau de viande qui bloque dans le haut œsophage, fermant complètement la lumière et s’impactant dans la muqueuse, faisant étouffer une septuagénaire.
Une concertation pluridisciplinaire, aboutissant à des tentatives de déblocage par voie endoscopique, plan A actionné en vain, puis passage au plan B, et c’est le plan C qui a été salvateur, le tout sur près de 3 heures de temps.
Une mobilisation de plus de 10 personnes dans une même salle entre la gastro, la réanimation et la chirurgie et 2 personnes appelées en renfort pour le plan C, sans aucune obligation sinon morale… sans aucun bénéfice sinon spirituel, pour sauver un humain, lui épargner une chirurgie lourde et… tracer un sourire sur le visage de ses proches.
On aurait pourtant pu s’arrêter au plan A…
On aurait pourtant pu s’arrêter au plan B…
Le matériel minimal requis était fonctionnel, on était outillé, capable d’opacifier, couper, brûler, dilater par voie endoscopique, avec cette chance de travailler dans la sécurité, le patient étant anesthésié, intubé, de quoi passer au plan D, E et F si requis…
Le personnel présent voulait juste réussir.
Un exemple parmi des milliers au quotidien, qui met en valeur l’importance d’avoir un secteur public en bonne santé.
Garantissez la transmission ! Retenez les compétences !
Doubler et tripler leur salaire ne sera jamais assez devant le service qu’ils peuvent rendre.
* Professeur d’hépato-gastro-entérologie, chef de service à l’hôpital Mahmoud-El Materi.
Il y a un feu qui brûle. Un feu silencieux, sous les néons blafards des hôpitaux publics. Un feu qui consume lentement ceux qui devraient être nos héros : les médecins, internes et résidents. Le 1er juillet 2025, ils ont cessé de porter leurs blouses comme des armures vides. Ils ont crié, non seulement contre les conditions matérielles indignes, mais contre une machine qui broie leurs corps et leur esprit, contre un système qui les ignore et les oublie.
Manel Albouchi *
Ils sont jeunes, souvent à peine sortis de l’université. Et pourtant, déjà fatigués. Fatigués d’un travail qui dévore leur sommeil, leur santé, leur humanité. Fatigués de voir la détresse des patients, sans jamais être eux-mêmes écoutés. Fatigués d’une hiérarchie distante, d’une administration aveugle.
Leur colère est celle d’une génération à bout, à la croisée des chemins entre le don total et la perte de sens. Ce qui les fait tenir dans ces conditions inhumaines, c’est leur rêve d’ailleurs – un ailleurs meilleur, un horizon possible, un espoir qui parfois vacille mais ne meurt jamais.
Perte de sens et rêve d’un ailleurs meilleur
Cette année, j’ai donné mon jour de repos, par volontariat, pour écouter ces jeunes médecins résidents et internes, pour entendre leur voix, leurs douleurs et leurs espoirs.
Dans le service de réanimation de l’hôpital des grands brûlés de Ben Arous, j’ai rencontré des visages fermés, des regards fuyants, des corps tendus au bord de la rupture.
Là-bas, la psychologue a déserté. Depuis deux ans, personne n’a remplacé ce lien vital. Les soignants s’occupent des corps calcinés, mais qui s’occupe d’eux ? Qui tient leur main quand le poids devient trop lourd ?
La médecine n’est pas qu’un savoir technique. C’est un art du lien, un engagement de l’âme. Quand la machine broie le lien, quand le soignant devient lui-même blessé et isolé, le soin se fragilise, et avec lui, notre société toute entière.
La grève n’est pas qu’un refus. Elle est un appel à la vie, à la reconnaissance. Un appel à réinventer l’hôpital, non pas comme une usine à soins, mais comme un lieu vivant, où l’on écoute, où l’on comprend, où l’on soigne aussi les soignants.
Mais le gouvernement, au lieu d’écouter et d’accompagner, a brandi la menace judiciaire contre l’Organisation tunisienne des jeunes médecins (OTJM). Et ce n’est qu’un signe de la froideur institutionnelle qui broie tout espoir de dialogue humain.
Et pendant que certains minimisent l’exode des talents tunisiens, d’autres menacent d’importer des médecins étrangers comme s’il s’agissait de simples pièces interchangeables.
Une bombe à retardement pour tout un pays
Ce climat toxique n’est pas seulement un affront aux professionnels de santé : c’est une bombe à retardement pour tout un pays.
Nous devons agir :
– accueillir la souffrance des médecins;
– ouvrir des espaces de parole, de supervision, d’accompagnement;
– intégrer la psychologie dans chaque service;
– former à l’écoute, à l’empathie, à la régulation émotionnelle;
– protéger le soignant pour protéger le patient.
Car la santé d’un pays se mesure aussi à la santé de ceux qui le soignent. Ignorer leur détresse, c’est creuser la tombe de notre système de soins. Entendre leur cri, c’est ouvrir une voie nouvelle, plus humaine, plus digne.
A la mémoire du Docteur Jed El Henchiri, ancien président de l’OTJM, paix à son âme.
En s’entretenant, mardi 1er juillet 2025, au palais de Carthage, avec le ministre de la Santé, Mustapha Ferjani, le président Kaïs Saïed n’a pas commenté de façon directe le mouvement social actuellement mené par les jeunes médecins opérant dans les établissements de santé publique, mais tous ses propos leurs étaient indirectement destinés. Il les appelle à faire preuve d’abnégation et de dévouement au service de leurs compatriotes, comme l’ont fait leurs prestigieux aînés depuis l’époque de la lutte de libération nationale.
Le président de la république a souligné, lors de son entretien, la nécessité d’instaurer d’urgence un nouveau système juridique qui préserve les droits des médecins, du personnel paramédical et des travailleurs de la santé et préserve leur dignité.
Selon un communiqué de la présidence, le chef de l’État a souligné que la Tunisie est fière de ses diplômés des facultés de médecine, affirmant que son école est réputée pour ses diplômés qui rayonnent dans le monde entier.
Le grand nombre de médecins et de personnel paramédical partis travailler à l’étranger en est une preuve évidente.
Qui prête réellement à qui?
«Même les facultés de médecine les plus prestigieuses du monde n’hésitent pas à inviter nos meilleurs professionnels à travailler avec elles», a-t-il déclaré dans le communiqué.
Faisant allusion à ces médecins qui louent leurs services aux pays étrangers, le président de la République a expliqué que la Tunisie accorde effectivement des «prêts» à de nombreux pays d’une valeur inestimable, en monnaies tunisienne ou étrangère.
La Tunisie «prête», mais elle doit encore «emprunter» en raison des difficultés intérieures qui se sont accumulées au fil des décennies et parce que de nombreux pays étrangers lui ravissent nombre de ses professionnels qualifiés, a affirmé le président, en filant la même métaphore, en s’interrogeant de nouveau : qui prête réellement à qui?
Le chef de l’État a souligné que des efforts étaient déployés sur tous les fronts, y compris dans le secteur de la santé, insistant sur le droit des citoyens à la santé et sur l’urgence de prendre des mesures en attendant la reconstruction des établissements hospitaliers publics dans toutes les régions du pays.
Suivre l’exemple des pionniers
Ce droit constitutionnel, véritable droit humain, doit être concrétisé au plus vite, a souligné le président de la République, en évoquant, également, le rôle joué par plusieurs médecins en Tunisie durant la période de la lutte pour l’indépendance, tels que Dr Habib Thameur, Dr Ahmed Ben Miled, surnommé le «médecin des pauvres», et Dr Slimane Ben Slimane, qui a non seulement rejoint le mouvement de libération nationale, mais a également soutenu tous les mouvements de libération à travers le monde.
Dr Tawhida Ben Cheikh était également surnommée «médecin des pauvres», notamment pour son rôle dans la fondation de l’Association d’aide sociale, la création d’un orphelinat et d’un foyer pour les femmes.
Par ailleurs, les fondateurs de la Faculté de médecine en Tunisie au début des années 1960 ont quitté leurs postes à l’étranger et sont revenus en Tunisie pour constituer le premier noyau de l’école de médecine tunisienne.
Le président Saïed a conclu en affirmant que la santé publique se rétablira et que les patients tunisiens recevront tous les soins et le soutien nécessaires, réitérant sa ferme position selon laquelle de nombreuses questions économiques et sociales doivent être traitées dans le cadre d’une approche nationale globale.
Les corrompus d’un système en déclin
Contre ceux qui ont causé du tort et dont le cœur nourrit encore de mauvais desseins, le remède réside dans une nouvelle législation, des cadres imprégnés d’esprit patriotique et d’un sens de l’équité. Aucun autre remède ne sera efficace contre ceux qui sont corrompus par un système en déclin, uniquement soucieux de provoquer des crises pour malmener les citoyens, a menacé le président, sans que l’on sache si ces menaces concernent les médecins internes et résidents qui ont suspendu massivement leur activité dans tous les hôpitaux publics à partir d’hier et manifesté tout aussi massivement au centre-ville de Tunis pour exiger de meilleurs conditions salariales et d’exercice de la profession médicales.
«Nous appelons à une révision des conditions de financement mondial qui permettra de consacrer le principe de conformité aux priorités nationales, d’identifier des financements stables et à long terme, pour renforcer les secteurs vitaux tels que l’agriculture durable et résiliente, la sécurité de l’eau, la santé et la transition numérique et énergétique».
C’est ce qu’a déclaré, mardi 1er juillet 2025, la cheffe du gouvernement, Sarra Zaafrani Zenzeri, dans une allocution prononcée à la 4e conférence internationale onusienne sur le financement du développement (FfD4) qui se tient à Séville (Espagne), du 30 juin au 1er juillet.
L’oratrice a aussi appelé à «réviser le rôle des institutions financières internationales pour évoluer d’une situation où des parties imposent certaines politiques à des pays, à une autre où des structures adoptent un véritable partenariat avec ces derniers, en matière de financement des programmes de développement».
Mme Zenzeri a réitéré ainsi les critiques souvent adressées par le président de la république, Kaïs Saïed, aux bailleurs de fonds institutionnel, tel que le Fonds monétaire international (FMI) qui assortissent leurs prêts d’exigences de réformes structurelles à connotation libérale dont le coût social d’avère souvent intenable pour les Etats.
«La Tunisie, qui considère le financement équitable comme un droit légitime pour les pays du Sud, a adopté une stratégie nationale ambitieuse pour l’accès aux sources de financement», a encore souligné Mme Zenzeri, en recommandant «une nouvelle politique basée sur davantage de flexibilité dans l’octroi des financements de la part des fonds internationaux, la détermination de critères objectifs pour obtenir des financements appropriés et conformes aux réalités des pays en développement, l’allégement des conditions d’octroi des crédits, et la création d’un guichet unifié sous l’égide des Nations Unies pour centraliser l’appui technique et financier dans tous les domaines».
Un nouveau pacte financier pour l’Afrique
Il s’agit, selon elle, de convenir d’un nouveau pacte financier pour l’Afrique, qui permettra aux pays du continent, d’obtenir des financements directs et adéquats à leurs programmes de développement, d’autant plus que ces pays subissent, de manière perceptible, les impacts des défis climatiques, causés par les pays industrialisés et les plus développés, et qui ont des répercussions négatives sur les équilibres économiques, financiers et sociaux du continent.
Mme Zenzeri a souligné l’importance de la mobilisation de financement, qui constitue un défi pour la mise en œuvre de politiques de réformes ambitieuses, relevant que la mobilisation de ressources financières pour la Tunisie, comme pour d’autres pays en développement, est limitée à cause de la hausse des coûts financiers. «La lourdeur du service de la dette pèse actuellement sur le budget de l’Etat tunisien, ce qui réduit notre capacité à réaliser les programmes et plans d’investissement dans des secteurs vitaux tels que l’éducation, la santé, la protection de l’environnement et l’infrastructure», a avoué Mme Zenzeri dont le gouvernement fait face à de fortes pressions sociales et économiques dans ces secteurs vitaux.
Evoquant la question de la récupération des fonds spoliés, la Première ministre a appelé à la mise en place d’un cadre international efficace et contraignant, pour accélérer la récupération de ces fonds, qui ne sont pas seulement des sommes déposées dans des comptes bancaires, mais constituent une garantie pour assurer l’avenir des futures générations.
La Tunisie considère cette question comme un droit souverain du peuple auquel le pays ne peut pas renoncer, mais la complexité des procédures judiciaires a empêché l’aboutissement à de résultats concrets dans ce domaine, a-t-elle relevé.
Le film ‘‘Where the Wind Comes From’’ (D’où vient le vent) de la cinéaste tunisienne Amel Guellaty a remporté The Golden Bee Award du meilleur long métrage à la troisième édition du Festival du film méditerranéen qui s’est tenue à La Valette, à Malte, du 21 au 29 juin 2025. L’actrice Eya Bellagha, qui incarne Alyssa, a également été récompensée par le prix de la Meilleure Interprétation.
Coproduction tuniso-franco-qatarie, ce premier long-métrage de la cinéaste se présente comme un récit initiatique, à la fois poétique et ancré dans une jeunesse en quête de sens. Il met en scène Alyssa (Eya Bellagha), une jeune rebelle de 19 ans, et Mehdi (Slim Baccar), 23 ans, timide et introverti, deux amis proches qui utilisent leur imagination pour échapper à leur triste réalité. Un jour, ils découvrent un concours qui se tient dans le sud tunisien et qui pourrait leur permettre de changer leur vie. Ils décident de faire le road trip, peu importent les obstacles. Le festival a présenté 55 films en provenance de plus de 20 pays.
À l’occasion du retour estival de la diaspora tunisienne, Attijari bank réaffirme avec force son engagement en faveur du lien intergénérationnel et du développement solidaire.
Fidèle à sa mission de proximité, la banque lance une nouvelle édition de sa campagne dédiée aux Tunisiens résidents à l’étranger (TRE), sous le slogan évocateur : «بلادنا فينا تعيش », symbole d’une identité vivante, partagée et transmise.
Cette initiative s’inscrit dans une démarche stratégique à fort impact, visant à tisser des ponts durables entre les générations et les territoires, en plaçant la diaspora au cœur du projet de développement économique et social du pays.
À travers un accompagnement sur mesure, fondé sur le conseil et l’innovation, Attijari bank entend valoriser le rôle de la diaspora comme vecteur de mémoire collective, de solidarité familiale et de transformation locale.
Une offre complète, conçue pour répondre aux attentes d’une communauté connectée et engagée.
Dans ce cadre, Attijari bank propose une offre de bienvenue exclusive pour la saison estivale, incluant des avantages financiers et non financiers spécialement pensés pour les TRE et leurs familles:
Réduction sur la commission de versement en devises étrangères,
Réduction sur la commission de gestion du crédit immobilier «Dari Fi Bledi» pour les clients équipés d’un pack,
Bonification du taux de change lors du versement en compte,
Partenariat innovant avec la plateforme E-Tafakna pour simplifier la gestion des documents juridiques et comptables à distance.
Le digital au service de la proximité
La banque met la digitalisation au cœur de son dispositif d’accompagnement, avec des services bancaires 100% en ligne accessibles depuis l’étranger. Le parcours digitalisé permet désormais l’ouverture de comptes à distance, la souscription à des offres packagées et la gestion fluide des opérations courantes.
Par ailleurs, l’application Attijari Up constitue une avancée majeure, avec une interface intuitive, sécurisée et inclusive, pensée pour offrir à chaque membre de la diaspora une expérience bancaire optimisée.
Une équipe dédiée à l’écoute des TRE
Pour renforcer la qualité de service et la proximité, la banque mobilise l’équipe “Dima Tounsi ”, un dispositif exclusif de téléconseillers 100 % dédiés aux TRE, joignables via :
Ce service d’assistance personnalisée répond aux attentes spécifiques de la diaspora, en matière de conseil, d’orientation et de gestion à distance.
À travers la campagne «بلادنا فينا تعيش», Attijari bank affirme sa volonté d’inscrire son action dans une logique d’impact, de transmission et de mémoire vivante, pour une diaspora pleinement actrice du présent et de l’avenir de la Tunisie.
Le lancement du projet “Hashimori” pour l’amélioration du plan de gestion et d’entretien des ponts a été donné mardi 1er juillet 2025 avec la tenue de la première réunion du Comité conjoint de coordination, suivie par un séminaire rassemblant des acteurs des secteurs public et privé, des universitaires et des experts de la Jica, l’agence japonaise de coopération internationale, pour discuter des aspects opérationnels du projet.
S’étendant sur trois ans, l’objectif de ce projet est de renforcer les capacités du ministère de l’Equipement et de l’Habitat (MEH), en appuyant l’élaboration de plans de maintenance fondés sur le transfert de technologies liées à l’inspection et au diagnostic des ouvrages.
La réunion a été organisée avec la présence de Ali Ben Mohamed, directeur de l’Entretien et de l’Exploitation routière, Mohamed Guesmi, directeur général du Centre des essais et techniques de construction (Cetec), relevant du MEH, Jogo Rinko, représentante résidente adjointe de la Jica en Tunisie, et Kohei Nagai, éminent expert et président de la Plateforme de gestion des actifs routiers de la Jica.
«Notre objectif commun est clair : développer un système de gestion des ponts (SGP) fiable et durable, renforcer les capacités institutionnelles et techniques en matière d’inspection et de diagnostic, et poser les bases d’une culture proactive de maintenance», a indiqué Mme Jogo.
Ce système sera utilisé pour la programmation et l’exécution des opérations d’entretien et de réparation des ponts qui sont directement gérés par la Direction générale des ponts et chaussées (DGPC) et ses différentes directions régionales. A citer notamment le pont Rades-La Goulette, l’un des plus grands projets d’infrastructure financés par la Jica en Tunisie. Il s’agit également de la mise en place de manuels d’inspection et de réparation afin d’assurer une gestion efficace et pertinente des ponts.
Cette assistance technique comprendra également des formations en Tunisie et au Japon sur des thèmes liés au projet, en plus de la fourniture d’équipements nécessaires pour la réussite des activités qui y sont prévues.
Lors du séminaire, M. Kohei a présenté une conférence exhaustive sur l’expérience japonaise en matière d’entretien et de gestion des ponts.
A noter que la Jica a commencé depuis 2016 un programme de renforcement des capacités pour l’entretien du Pont Radès-La Goulette, financé par un prêt japonais, y compris une formation au Japon au profit des ingénieurs du MEH. Suite à cette formation, il a été décidé d’élaborer un plan de maintenance couvrant l’ensemble des ouvrages d’art sous la responsabilité de la DGPC, qui s’est traduit par la suite par le Projet Hashimori d’amélioration du plan de gestion et d’entretien des ponts.
La star internationale tuniso-française Emel Mathlouthi poursuit son bonhomme de chemin sur la voie de pop internationale. Son album ‘‘Mra’’ (Femme) à connotation féministe, sorti il y a un peu plus d’un an et qui a été présenté lors d’une quarantaine de concerts à travers le monde, meublera également la tournée d’été d’Emel qui l’amènera dans de prestigieux festivals internationaux.
Cet été, Emel se produira dans son pays natal, la Tunisie, pour la première fois depuis quatre ans. Elle sera ce soir au Festival International de Dougga, à Téboursouk. Elle poursuivra ensuite sa tournée internationale selon le programme suivant :
5 juillet, Eurockéennes, Belfort, France (Acid Arab);
7 juillet, Jazzablanca, Casablanca, Maroc;
12 juillet, ‘‘Ô nuit, ô mes yeux’’, Festival d’Avignon, France;
16 novembre, The Garage, Londres, Grande-Bretagne;
26 novembre, Kaserne (Rossstall 1), Bâle, Suisse;
Le 29 novembre, La Filature, Mulhouse, France.
D’autres concerts seront programmés au cours de l’automne et de l’hiver prochains.
‘‘Mra’’ a été créé par et pour les femmes, afin de les mettre en valeur et d’amplifier leurs voix à travers un art innovant et inédit. Le quatrième album studio d’Emel, entièrement enregistré avec une équipe d’artistes femmes et/ou queer, a touché des publics du monde entier. Il était donc naturel pour Emel d’inviter toutes les femmes de sa vie à participer à la vidéo célébrant son premier anniversaire.
Depuis le 26 juin 2025, la compagnie nationale tunisienne Tunisair traverse une crise sans précédent, plongeant ses passagers dans un enfer logistique et humain. Trois jours durant lesquels l’angoisse, l’incertitude et la colère se sont amplifiées, face à une désorganisation totale et un silence assourdissant des responsables, aux abonnés absents. A l’image d’un pays où tout va à vau l’eau. (Ph. De tous les vols programmés, seuls ceux de Tunisair sont reportés aux calendes grecs et les passagers abandonnés à leur sort).
Djamal Guettala
Tout commence le 26 juin. Des passagers, initialement programmés pour partir d’Orly, se voient annoncer qu’ils doivent se rendre à l’aéroport de Roissy, sans aucune garantie qu’un avion les y attend. Une situation absurde, qui se répète et s’étend. Les voyageurs patientent, s’informent, espèrent.
Mais l’espoir s’amenuise vite. Le 30 juin au soir, à Nice, un vol Tunisair vers Tunis est prévu à 21h00. Il sera finalement reporté, sans explication, à minuit, puis renvoyé aux calendes grecques. Ce vol connaîtra près de 24 heures de retard.
Sur place, les passagers épuisés passent la nuit sur des lits de camp posés à la hâte, avant que les agents de sécurité ne les ramassent à 6h00 du matin, comme s’il fallait effacer cette honte. Sans assistance réelle, sans communication. L’avion n’a décollé que le 1er juillet vers minuit, avec un passager nous confiant au téléphone : «Je dois encore attendre jusqu’à 22h00, et à 21h50 je n’ai pas embarqué, l’avion venait à peine de partir de Tunis.»
Passagers abandonnés et équipages impuissants
Les témoignages affluent. À Paris-Orly, des voyageurs dénoncent sur les réseaux sociaux des retards de dix heures et plus. Une passagère du vol TU723, arrivé à 2h30 du matin, déplore : «الحمد و الشكر لله, merci à l’équipage Tunisair pour son accueil et son assistance, eux-mêmes victimes de cette déconfiture.» Mais elle ne mâche pas ses mots : «Tunisair ne s’est pas remise et ne se remettra pas dans ces conditions, avec une mentalité et des méthodes dépassées, sans restructuration complète au niveau du capital, de la gouvernance, de la stratégie, de la gestion et du travail. La fuite en avant et la tromperie n’ont jamais servi à rien!»
Un autre passager témoigne de la désorganisation à Roissy et Orly : «Ça fait trois jours que Tunisair ne donne aucune information fiable. On nous envoie d’Orly à Roissy, puis à l’arrivée, il n’y a pas d’avion… لا حول ولا قوة الا بالله، الدمار متع المسؤولين لي ما لقاوش حل » (‘‘Il n’y a de force et de puissance qu’en Dieu, c’est un désastre total, les responsables n’ont trouvé aucune solution’’»).
Une compagnie à bout de souffle
Face à cette débâcle, Tunisair reste muette. Pas de communiqué, pas d’excuses, pas de plan d’action. Les passagers, qu’ils soient familles, professionnels ou étudiants, subissent un mépris flagrant, devenant les victimes d’un système défaillant.
Ce n’est pas seulement un problème d’organisation, mais un effondrement institutionnel et humain. Une compagnie censée symboliser la fierté nationale se transforme en cauchemar logistique, reflétant les dysfonctionnements profonds qui gangrènent sa gouvernance.
L’urgence d’une réforme en profondeur
À l’aube de la haute saison touristique, Tunisair ne peut plus continuer ainsi. Il faut une réorganisation complète, une refonte de sa gouvernance, une stratégie claire et transparente, et surtout un respect strict des droits des passagers.
Les autorités tunisiennes doivent prendre leurs responsabilités, intervenir sans délai et mettre fin à ce désastre, avant que la confiance ne soit irrémédiablement brisée. Les discours des hauts responsables de l’Etat, autosatisfaits et à connotation idéologique, ne règlent pas les problèmes, ils les aggravent et compliquent la situation, déjà très compromise, d’une entreprise en quasi-faillite, et que l’on maintient artificiellement en vie sous perfusion.
Le 29 juin 2025, l’avenue Habib Bourguiba à Tunis a été le théâtre d’un concert lyrique en plein air exceptionnel, marquant la clôture de la Fête de la Musique 2025 et célébrant simultanément la fin des «deux jours sans voiture». Plongée dans une atmosphère inhabituelle et envoûtante, l’artère principale de la capitale a vibré au son de cet événement mémorable.(Ph. Hassen Doss et Rihab Chaieb).
Nadia Hmani *
Ce concert de musique classique a été donné en plein air par le ténor Hassan Doss. Face à un auditoire disparate, mais dense et ému, l’artiste a su créer une synergie parfaite entre l’élégance musicale et l’énergie du public.
Ayant eu l’opportunité de participer à l’événement en tant qu’alto mezzo parmi les 26 choristes du Chœur El Manar, j’ai vécu ce concert – pour ainsi dire – de l’intérieur avec une excitation et une émotion intenses, déterminée à donner le meilleur de moi-même.
Interprétée avec ferveur, l’attaque de ‘‘Carmina Burana (O Fortuna)’’ fut un moment puissant : une explosion de «forte» suivie d’un chuchotement précis des paroles en latins, avant de reprendre avec un «forte forte» en final, tous unis dans un souffle collectif.
Unis dans un souffle collectif
Aux côtés du ténor Hass Doss, la performance de la mezzo-soprano Rihab Chaieb, Canadienne d’origine tunisienne, fut captivante. Elle a interprété les titres ‘‘Carmen Abanera’’ et ‘‘O Sole Mio’’ en tandem avec Doss. Sa voix sûre grave vibrato et son tempo long, accompagnées de danses en zig-zag, m’ont impressionnée et même perturbée lors des répliques «Prends garde à toi». La star a cette capacité unique à infuser des facettes de son art et de son âme dans le personnage, rendant chaque performance profondément authentique. C’était une Carmen vivante, dynamique, scénique et ensorcelante.
Avec ‘‘Libiamo’’ et ‘‘Parigi o Cara’’, Doss étaitaccompagné de la soprano tunisienne Nesrine Mahbouli. Tiré de l’opéra ‘‘La Traviata’’ de Verdi, ‘‘Libiamo’’ est naturellement une invitation à la joie, à la célébration et à l’amour. Les voix des deux artistes se sont entrelacées avec une grande harmonie et le chœur a ajouté une dimension dynamique à la scène, se mouvant avec le tempo de la musique, dans une chorégraphie fluide et captivante.
La représentation a atteint le point culminant de l’émotion artistique avec les compositions de Doss ‘‘Tayer’’, et ‘‘Katousset el rmed’’, générique d’un feuilleton, ‘‘3ichka’’. J’ai été moi-même transportée, ressentant une sensation de plénitude, transportée dans «les airs», emportée par le souffle et l’énergie de cette mélodie rythmique. Les mélodies tunisiennes propres à Doss ont visiblement marqué les esprits par leur capacité à émouvoir le public.
Le ténor a également surpris le public en invitant une acrobate tunisienne de renommée internationale Sarra Rokbani, qui a réalisé une performance époustouflante de danse suspendue des cheveux incluant une interprétation mélodique de la célèbre chanson ‘‘Lamouni illi gharou minni’’ de Hédi Jouini.
La soirée a été couronnée par l’interprétation a cappella touchante de ‘‘Leve Leve Palestina’’ sur une note particulièrement émouvante. Une chanson que Doss a traduite en tunisien et interprété pour la première fois en public avec une ferveur que tous les présents ont éprouvée et partagée dans un élan collectif.
Alors que nous accélérions le tempo, les spectateurs ont illuminé l’avenue avec les torches de leurs téléphones mobiles. Ce geste spontané a créé une connexion profonde, unissant artistes et public dans un puissant message de solidarité.
Une atmosphère magique sur scène
On ne peut évoquer cette soirée sans souligner le caractère exceptionnel de Doss. Sa modestie et son exigence lors des répétitions transparaissaient dans chacune de ses performances : une connexion unique avec le public rendant ses spectacles inoubliables.
L’apport de la soprano Amina Baklouti lors des répétitions a été fondamental. Elle nous expliquait (et corrigeait) les nuances vocales, notamment dans certains passages de ‘‘Carmen’’. Son expertise combinée à la direction magistrale de Salma Messaoudi a été essentielle pour créer cette atmosphère magique sur scène.
Pour ma part, ce concert exceptionnel a été un véritable succès, et Doss, accompagné de son Orchestre Symphonique et Chœur El Manar, prévoit une tournée à travers la Tunisie, notamment à Bizerte, El Jem, Mahdia et Monastir. Un rendez-vous à ne pas manquer !
«Nous ne pouvons pas parler des valeurs de justice et des principes de sécurité collective sans résoudre la question palestinienne, qui reste une blessure ouverte dans la conscience mondiale».
C’est ce qu’a déclaréla cheffe du gouvernement, Sarra Zaâfrani Zenzeri, lors d’une allocution prononcée à la 4e conférence internationale onusienne sur le développement du financement (FfD4), qui se tient à Séville (Espagne), du 30 juin au 1er juillet 2025.
«La réalisation du développement durable reste un objectif lointain, tant que les droits légitimes du peuple palestinien, notamment l’établissement de son État indépendant avec Al–Qods comme capitale, n’ont pas encore été concrétisés conformément à la légitimité internationale», a ajouté Mme Zenzeri qui a souligné le lien entre la réalisation du développement au niveau national et «une solidarité internationale plus profonde répondant aux exigences d’un progrès juste et équilibré».
Le sommet de Séville se déroule dans un contexte mondial fragile qui exige une réflexion approfondie de la part de toutes les parties sur les questions liées au développement dans ses dimensions économiques, sociales, technologiques, et environnementales, a aussi indiqué Mme Zenzeri, ajoutant que «le système financier mondial actuel est devenu incapable de faire face aux défis économiques, sociaux et environnementaux croissants. En plus l’ampleur des conflits, des pandémies, des défis climatiques et des disparités de développement, numériques et technologiques entre les différents pays, ont montré la fragilité de ce système et son incapacité à atteindre les objectifs de développement durable approuvés par les Nations unies».
Les Éditions Santillana présentent, jeudi 3 juillet 2025 à 17h à la librairie Al Kitab, à Mutuelleville, une rencontre littéraire autour de trois ouvrages récents de la collection Tunisie Plurielle, qui apportent un éclairage inédit sur des communautés historiques en Tunisie.
Le premier, ‘‘Les réfugiés espagnols en Tunisie’’ de Béchir Yazidi, traduit par Meimouna Hached et préfacé par Daniel Pardo, revisite l’arrivée et le destin de ces exilés espagnols sur le sol tunisien, un pan souvent oublié de l’histoire migratoire méditerranéenne.
‘‘Les rabbins de Tunisie’’, rédigé en arabe par Sameh Metoui avec une préface de Habib Kazdaghli, propose une plongée érudite dans la vie et l’histoire de la communauté juive tunisienne, ses figures et ses dynamiques.
Enfin, ‘‘La communauté grecque de Tunisie (16e-21e siècle)’’, œuvre d’Antonis A. Chaldeos, traduite par Spiro Ampélas et précédée d’une préface de Habib Kazdaghli, retrace plusieurs siècles de présence grecque en Tunisie, mettant en lumière un héritage méditerranéen souvent méconnu.
Cette présentation s’accompagnera d’une séance de dédicace, offrant au public l’occasion d’échanger avec les auteurs et de mieux comprendre la complexité culturelle qui caractérise la Tunisie.
La Tunisie fait face à un déficit énergétique important, estimé à près de 10,8 milliards de dinars en 2024. Ce déficit est principalement dû à la baisse de la production d’hydrocarbures, combinée à une forte dépendance aux importations énergétiques, notamment de pétrole et de gaz.
Imed Bahri
Le coût financier important de ce déficit énergétique contribue largement au déficit de la balance commerciale du pays, qui continue de se creuser inéluctablement. Et bien que des efforts soient faits pour développer les énergies renouvelables, leur part dans le mix énergétique reste faible, moins de 5%, et ne permet pas de combler le déficit.
Outre le déclin de la production de pétrole et de gaz naturel, principales sources d’énergie en Tunisie, ce déficit est aggravé par l’augmentation de la demande en énergie, notamment dans les secteurs de l’industrie, du transport et résidentiel.
Si la transition énergétique piétine, c’est parce que le passage aux énergies renouvelables se heurte à des difficultés techniques et financières complexes.
Face à cette situation, les solutions envisagées sont le développement des énergies renouvelables, notammentsolaire et éolien, dans le mix énergétique. Mais aussi l’amélioration de l’efficacité énergétique en réduisant la consommation d’énergie dans tous les secteurs. Il s’agit aussi de diversification les sources d’approvisionnement, par l’explorationd’autres sources d’énergie, y compris le nucléaire, envisagée depuis le milieu des années 1990, mais qui tarde à être mise en œuvre, eu égard les difficultés financières du pays.
Le développement de partenariats stratégiques avec des pays producteurs d’énergie pourrait garantir un approvisionnement stable et diversifié, mais là encore seule l’Algérie et la Libye, ses voisins de l’ouest et de l’est, du reste pays producteurs de pétrole et de gaz, ont accepté de développer de tels partenariats mais qui restent insuffisants et aggravent la dépendance énergétique du pays. Le projet de production d’hydrogène vert dans le cadre d’un partenariat stratégique avec l’Union européenne pourrait constituer, à moyen terme, une solution pour réduire le déficit énergétique du pays et assurer sa sécurité énergétique à long terme.
Le déficit budgétaire de la Tunisie devrait s’établir à environ 5,5% du PIB en 2025, contre 6,3% en 2024. Cette réduction est due à l’augmentation des impôts sur les sociétés et les personnes à hauts revenus. Le déficit est également influencé par les efforts déployés par le pays pour gérer la dette publique, qui devrait s’établir à environ 80,5% du PIB d’ici fin 2025, contre 82,2% en 2024.
Malgré des prévisions officielles de croissance de 3,2% pour 2025 (contre 2,1 % en 2024), jugées trop optimistes par les experts, la Banque mondiale prévoyant pour le pays un taux de seulement 1,9%, la Tunisie est confrontée à une crise financière et recherche des sources de financement, notamment des prêts potentiels, non pas auprès du Fonds monétaire international (FMI) avec lequel les négociations sont au point mort depuis octobre 2023, mais auprès d’autres bailleurs de fonds internationaux. Or, ces derniers ne se bousculent pas au portillon, étant donné la faible notation souveraine du pays, qui est noté «Caa1», avec une perspective stable, par Moody’s, en février dernier.
Le projet de loi de finances 2025 table sur un déficit budgétaire d’environ 9,8 milliards de dinars.
Avec le maintien des dépenses de l’Etat à des niveaux relativement élevés, les charges budgétaires sont estimées à 59,828 milliards de dinars contre des ressources budgétaires ne devant pas dépasser 50,028 milliards de dinars.
Dans le cadre de la politique sociale du président de la république Kaïs Saïed, le gouvernement vise à réduire les impôts pour les personnes à faibles revenus et à les augmenter pour les personnes à revenus plus élevés.
Les entreprises réalisant un chiffre d’affaires de 20 millions de dinars ou plus verront ainsi leurs impôts augmenter à 25%.
La stabilité du dinar tunisien est également une source de préoccupation en raison de facteurs tels que les emprunts récurrents auprès de la Banque centrale, qui se répercutent négativement sur la contribution des banques à la relance du secteur privé.
Au 1er juillet 2025 et à l’orée d’une saison estivale dont on attend une reprise de l’activité touristique, en termes de flux et de recettes en devises, la situation économique de la Tunisie laisse entrevoir des perspectives mitigées.(Ph. Le système portuaire reste le talon d’Achille de l’économie tunisienne).
Imed Bahri
Dans l’ensemble, l’économie tunisienne est confrontée à une combinaison de tendances positives et négatives. Si la croissance devrait s’améliorer, l’inflation et la dette publique demeurent préoccupantes.
Le pays doit remédier aux déséquilibres structurels et promouvoir un environnement commercial stable pour favoriser une croissance durable.
Si, selon les estimations de la Banque mondiale, l’économie tunisienne devrait croître de 1,9% en 2025, contre 1,4 % en 2024, grâce à des facteurs tels que l’amélioration des précipitations et la stabilisation du secteur agricole, des défis subsistent.
L’inflation demeure préoccupante bien qu’elle ait ralenti, atteignant 5,6% en avril, son plus bas niveau depuis 2021, et que l’inflation des prix alimentaires reste élevée à 7,3%.
Il en est de même du déficit commercial, qui continue de se creuser au cours de cette année 2025.
Après s’être réduit en 2024, le déficit du compte courant s’est creusé au premier trimestre 2025 en raison de l’augmentation des importations d’énergie et du ralentissement des volumes d’exportation.
La dette publique devrait également atteindre un sommet d’ici la fin de l’année à 147,5 milliards de dinars tunisiens (50 milliards de dollars) d’ici fin 2025.
Malgré les milliers de recrutements récemment effectués dans un secteur public déjà en sureffectif, et ce dans le cadre de la politique sociale du président de la république Kaïs Saïed, le taux de chômage est resté à 15,70% au premier trimestre 2025, et atteignant le double de ce taux chez les jeunes et dans certaines régions intérieures.
Cette situation, déjà peu reluisante, risque d’être affectée encore davantage par des facteurs extérieurs et intérieurs
Si les incertitudes liées au commerce mondial et la limitation des financements extérieurs posent des défis, une dynamique de réforme plus vigoureuse et une modération de l’incertitude liée au commerce mondial pourraient améliorer les perspectives.
L’économie tunisienne est également influencée par des facteurs tels que la sécheresse, qui a impacté l’agriculture et les secteurs connexes, et les efforts d’assainissement budgétaire en cours.
L’amélioration du système portuaire, talon d’Achille de l’économie nationale, pourrait stimuler la connectivité commerciale et la croissance économique.
Cependant, l’imposition de droits de douane américains sur les exportations tunisiennes de l’ordre de 28% pourrait avoir un impact négatif sur des exportations clés comme l’huile d’olive et les dattes.
De l’ombre de Gaza à la lumière mystique d’Abd el-Kader, du camp de Yarmouk aux cuisines de l’intime, les essais retenus pour le Prix Mare Nostrum 2025 invitent à une plongée dans les tourments et les trésors du monde méditerranéen. Sept ouvrages, sept regards sur une mer traversée par les conflits, les croyances, les migrations et les rêves.
Djamal Guettala
Créé à Perpignan en 2020, ce prix distingue chaque année des livres qui dialoguent avec la Méditerranée — par leur sujet, leur imaginaire, ou leur engagement.
L’édition 2025 côté essais frappe par la diversité des approches et la puissance des récits : de l’investigation historique à la mémoire intime, du politique au spirituel, ces titres interrogent les héritages et les fractures d’un espace commun.
‘‘Abd el-Kader ou la quête de lumière’’ de Karima Berger
Une figure revisitée avec tendresse et profondeur : celle de l’émir Abd el-Kader, entre guerre et sagesse, mysticisme et humanisme. Karima Berger lui rend un hommage subtil, en explorant les chemins spirituels qui ont guidé son combat.
‘‘Gaza, une guerre coloniale’’ : ouvrage collectif dirigé par Véronique Bontemps et Stéphanie Latte Abdallah
Un ouvrage sans concession, qui analyse la situation à Gaza à l’aune d’un siècle de colonialisme. Les auteurs déconstruisent les discours dominants et analysent les mécanismes de dépossession. Une lecture essentielle pour penser autrement l’actualité.
‘‘Sénac et son diable’’ de Hamid Grine
Jean Sénac, poète algérien singulier assassiné en 1973, refait surface à travers cette enquête littéraire. Hamid Grine interroge les silences qui entourent sa mort et les lignes de fracture d’une Algérie post-indépendance. Entre mémoire personnelle et investigation, un essai à vif.
‘‘Gênes, la matrice du capitalisme’’ de Fabien Lévy
L’histoire économique de la Méditerranée revisitée par le prisme de Gênes, creuset discret mais décisif du capitalisme moderne. Fabien Lévy y mêle érudition et clarté, des ports marchands aux places financières.
‘‘Les Chrétiens d’Orient et la France’’ de Carine Marret
Une fresque dense sur les liens séculaires entre la France et les Églises d’Orient. Entre diplomatie, abandon et mémoire blessée, Carine Marret retrace une histoire où se croisent les promesses non tenues et les fidélités oubliées.
‘‘Le camp de Yarmouk (1956-2019)’’ de Valentina Napolitano
Le camp de Yarmouk, en Syrie, fut longtemps une capitale invisible de la diaspora palestinienne. Valentina Napolitano raconte son ascension, ses espoirs, puis sa destruction. Un récit à hauteur d’hommes et de femmes, à la fois historique et intime.
‘‘La Méditerranée intime’’ de William Navarrete & Pierre Bignami
Un voyage sensible, loin des cartes politiques. Par fragments, images, saveurs et souvenirs, les deux auteurs composent une Méditerranée des gestes et des voix, de la cuisine et de la famille. Une ode à la mémoire populaire.
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La sélection 2025 du Prix Mare Nostrum révèle, en creux, une Méditerranée en quête de sens. Les douleurs ne s’effacent pas, mais elles s’écrivent, s’analysent, se racontent. Ces essais, chacun à sa manière, nous rappellent que penser la Méditerranée, c’est aussi habiter ses silences.
Au 27 juin 2025, le taux de remplissage des barrages tunisiens s’élevait à 38,1% soit une hausse significative de 27,4% par rapport à la même période en 2024, indique l’Observatoire national de l’agriculture (Onagri).Ce taux est beaucoup plus élevé que celui enregistré le 8 novembre 2023, qui était de 22%, l’un des plus bas au cours des trente dernières années, au terme de quatre années successives de sécheresse, mais il reste inférieur à la demande moyenne.
Selon l’Onagri, les réserves en eau ont atteint, au 27 juin, 902 millions de mètres cubes, un volume plus important que la moyenne des trois dernières années, qui est 850,3 millions de mètres cubes, mais l’augmentation reste modeste, se situant autour de 6%.
Les barrages du nord de la Tunisie ont enregistré un taux de remplissage plus élevé, d’environ 44,5%, avec des réserves en eau s’élevant à 826,4 millions de mètres cubes, soit une hausse de 25% par rapport à la même période de l’année précédente. Quant aux barrages de la région Centre et du Cap Bon, leurs taux de remplissage ont atteint respectivement 12,9% (58,2 millions de mètres cubes) et 28% (17,2 millions de mètres cubes). Les apports d’eau enregistrés pour la seule journée du 27 juin se sont élevés à 0,230 million de mètres cubes, la quasi-totalité provenant des barrages du Nord. La consommation totale d’eau quotidienne a été estimée à 2,388 millions de mètres cubes.
Les apports cumulés au cours de la saison en cours (du 1er septembre 2024 au 26 juin 2025) ont atteint 965,9 millions de mètres cubes, soit une augmentation de 48% par rapport à la saison précédente, qui ne résout pas le problème de stress hydrique dont souffre le pays, d’autant qu’on est au tout début de la saison estivale, qui se caractérise par une forte consommation d’eau potable et d’irrigation.