Loi de finances 2026 l Des prévisions peu rassurantes
Le projet de la loi de finances 2026 (PLF 2026) prévoit des charges budgétaires s’élevant à 63,575 milliards de dinars, contre des ressources budgétaires ne dépassant pas les 52,560 milliards de dinars, provenant essentiellement, des recettes fiscales, à hauteur de 47,773 milliards de dinars (82%). Ainsi, le déficit budgétaire restera élevé et atteindra 11,015 milliards de dinars. Il sera sans doute résorbé par le recours à l’endettement, déjà considéré comme très élevé puisqu’il dépasse 80% du PIB.
Selon le PLF 2026, récemment publié par le ministère des Finances et remis à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) pour examen et adoption, les ressources de trésorerie s’élèveront, au cours de l’exercice 2026, à 27 milliards de dinars. Ils serviront, surtout, à financer le déficit du budget de l’Etat (11 milliards de dinars), et à rembourser les services de la dette intérieure (7,932 milliards de dinars) et extérieure (7,917 milliards de dinars).
Les ressources de trésorerie seront puisées, essentiellement, dans des emprunts intérieurs (19 milliards de dinars), et des emprunts extérieurs (6,8 milliards de dinars). Cela ne sera pas une sinécure, car la Tunisie a presque rompu les ponts avec le Fonds monétaire internationale (FMI), dont elle rejette les diktats (et le mot est du président Kaïs Saïed) et on voit mal les bailleurs de fonds internationaux se bousculer au portillon d’un pays dont la notation souveraine, pour ne rien arranger, est très basse, bien qu’elle ait été améliorée par Fitch Rating, la faisant passer de CCC+ à B- avec perspective stable en septembre dernier.
L’article 12 du PLF 2026, prévoit d’autoriser la Banque centrale de Tunisie (BCT) à accorder des facilités de financement au profit de la trésorerie générale, à hauteur de 11 milliards de dinars. Ces facilités doivent être remboursées, sans intérêts, sur une période de 15 ans, dont une période de grâce de 3 ans. En d’autres termes, les générations à venir payeront pour notre frénésie dépensière !
S’agissant du budget réservé pour appuyer financièrement le secteur public (ministères et entreprises publiques), dont l’effectif s’élève à 687 000 agents (excusez du peu !), il est estimé à 1,585 milliard de dinars, sachant que les recrutements dans ce secteur en sureffectif vont se poursuivre en 2026.
Avec de telles prévisions, le déséquilibre des finances publiques va non seulement se poursuivre mais éventuellement s’aggraver, puisque l’Etat ne prévoit pas de réduire ses dépenses, mais plutôt les augmenter, sans que la croissance ne suive au même rythme (2,3% en 2025 selon les prévisions de la Banque mondiale).
I.B. (avec Tap)
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