Entreprises publiques tunisiennes de l’énergie : La création d’une holding est-ce la solution ?
L’idée de regrouper toutes les entreprises actives dans le secteur de l’énergie vient d’être lancée. Elle a été émise par le premier responsable de l’entreprise la plus performante du secteur, en l’occurrence, Khaled Bettine, PDG d’Agil Energy/SNDP.
Khaled Bettine pense que la grande réforme à entreprendre au niveau des entreprises publiques opérant dans le secteur de l’énergie (Etap, STIR, SNDP, Steg, sotrapil, Trapsa …) est de les regrouper dans un holding voire dans une seule et grande structure.
Lors d’une récente interview accordée à l’Economiste Maghrébin, Khaled Bettine estime qu'”il est grand temps qu’on ait dans notre pays un grand groupe qui centralise et symbolise l’énergie en Tunisie, à l’instar de Petronas en Malaisie ou d’Aramco en Arabie Saoudite”.
Il a ajouté que “le premier problème qu’on peut résoudre avec cette éventuelle convergence institutionnelle serait la résolution de la délicate problématique de la dette croisée qui prévaut actuellement entre ces entreprises. “Je pense que c’est là un rêve pour la Tunisie et ce n’est pas un rêve impossible. C’est à la limite un sujet d’écriture”, a-t-il dit.
Le holding proposé aura à résoudre le problème des dettes croisées
Il faut dire que les dettes croisées dans le secteur de l’énergie constituent un véritable casse tête. Ce type de dette présente le désavantage de ne pas être signalé dans le budget de l’Etat, particulièrement, dans le calcul de l’encours de l’endettement public. Les bailleurs de fonds dont la Banque mondiale ont alerté, à maintes reprises, le gouvernement tunisien sur la gravité de ce type de dettes entre les entreprises publiques.
A titre indicatif l’Entreprise tunisienne d’activités pétrolières (Etap) aurait pu payer dans de bonnes conditions sa dette estimée selon sa PDG, Dalila Chebbi Bouattour, à 974 MDT, si elle était parvenue à recouvrir ses impayés de 2 milliards de dinars auprès de la STEG qui lui achète du gaz à crédit.
La STEG aurait pu, à son tour, payer sa dette auprès de l’ETAP si jamais elle était parvenue à recouvrir ses impayés de 4 milliards de dinars auprès de sa clientèle privée et publique (entreprises publiques, administration…).
Pour résumer, avec ce phénomène des dettes croisées, tout le monde doit à tout le monde de l’argent par l’effet de la vente à crédit sans qu’aucune partie ne soit en mesure de rembourser ses dettes. C’est à la limite une situation kafkaïenne quasi impossible à remédier.
D’où la pertinence de la proposition de Khaled Bettine. A travers la création d’un holding la problématique des dettes croisées peut être centralisée et contenue au niveau du secteur.
La proposition a beaucoup de chance d’être retenue en ce sens où elle est en parfaite cohérence avec la vision du chef de l’Etat qui a, constamment, déploré et stigmatisé la multiplicité des structures et le peu de résultats. A un certain moment, le chef de l’Etat a durement critiqué la multiplicité des institutions en charge de la promotion de l’investissement en Tunisie, appelant à leur regroupent en une seule structure.
En toute objectivité, l’idée de Khaled Bettine de regrouper les entreprises publiques en un seul holding se défend bien au regard de la bantoustinasation, voire de la ghettoïsation actuelle qui prévaut dans les entreprises opérant dans le secteur de l’énergie. Ce que nous constatons, à l’œil nu c’est l’absence de coordination totale entre ces entreprises. Chaque entreprise a sa propre politique et fonctionne indépendamment des autres.
Le moment est venu de mettre fin à ce gaspillage institutionnalisé d’autant plus qu’à l’exception d’Agil Energy/SNDP, toutes les autres entreprises opérant dans le secteur de l’énergie sont confrontées à d’énormes déficits et pertes multiformes, le tout, par l’effet de la mauvaise gouvernance, et de l’immixtion de l’Etat dans leur gestion.
EN BREF
Réforme du secteur énergétique tunisien ?
- Idée clé : Regrouper les entreprises publiques de l’énergie (Etap, STEG, SNDP…) en un holding unique, proposition de Khaled Bettine (PDG d’Agil Energy/SNDP).
- Motivation : Résoudre le problème des dettes croisées entre ces entreprises.
- Citation marquante : “Il est grand temps qu’on ait dans notre pays un grand groupe qui centralise et symbolise l’énergie en Tunisie.” – Khaled Bettine.
- Chiffres clés :
– Endettement de l’ETAP : 974 MDT.
– Impayés de la STEG envers l’ETAP : 2 milliards de dinars.
– Impayés des clients de la STEG : 4 milliards de dinars. - Objectif : Mettre fin au “gaspillage institutionnalisé” et améliorer la gouvernance du secteur.
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