
Présenté par le gouvernement de Sarra Zaafrani Zenzri, le projet de loi de finances pour l’exercice 2026 a été vivement critiqué pour son manque de clarté et de cohérence. De nombreux analystes y voient un document sans consistance, composé de « promesses vagues sans lendemain », dépourvu de chiffrage précis et de cadre méthodique.
Cette controverse met en lumière l’enjeu majeur pour l’exécutif : doter enfin la politique budgétaire d’une vision claire, cohérente et durable, au service de la redistribution des richesses.
Des orientations générales sans base chiffrée
Le PLF 2026, censé déterminer avec précision les recettes et les dépenses de l’État, se limite à des intentions générales. Il évoque le renforcement de l’État social, la lutte contre l’économie informelle, la relance de l’investissement public et privé, le développement régional et la réforme des secteurs de la santé, de l’éducation et des transports.
Parmi les mesures mises en avant figurent la simplification des procédures d’intégration du secteur informel, la consolidation des ressources non fiscales, l’allègement des charges pesant sur certaines entreprises publiques et la promotion des énergies renouvelables. Mais ces objectifs, formulés sans indicateurs concrets, peinent à convaincre.
Les critiques décrivent le PLF 2026 comme un ensemble de promesses non chiffrées, sans cadre d’exécution clair.
Une nouvelle approche de la loi de finances
Dans les déclarations officielles, la cheffe du gouvernement défend une conception renouvelée de la loi de finances. Selon elle, « la loi de finances ne doit pas se réduire à des chiffres et des pourcentages, mais refléter la volonté du peuple ». Cette approche entend rompre avec une tradition technocratique jugée stérile, mais son efficacité dépendra de la capacité de l’administration à traduire cette volonté en mesures tangibles.
La Tunisie, qui souffre depuis des décennies d’une gestion budgétaire concentrée entre la présidence du gouvernement, le ministère des Finances et celui de l’Économie, peine encore à sortir de ce modèle.
Une responsabilité politique affirmée
La responsabilité du président Kaïs Saïed est directement engagée dans la ligne budgétaire du pays. Depuis le 25 juillet 2021, il a apposé sa marque sur toutes les lois de finances adoptées. Trois faiblesses majeures sont relevées : l’absence d’une vision économique globale, la contrainte financière liée au refus du FMI d’accorder les facilités de paiement de 1,9 milliard USD, et la succession rapide de cinq gouvernements en quatre ans, qui a fragilisé la stabilité des décisions et la cohérence des réformes.
Cinq gouvernements se sont succédé en quatre ans, illustrant une instabilité chronique qui fragilise la décision économique.
Une loi de finances, reflet d’une politique
L’élaboration d’une loi de finances reste une affaire sérieuse pour le fonctionnement de l’État. Elle ne peut devenir un instrument symbolique ou idéologique. Sa réussite repose sur la clarté des orientations politiques et sur la compétence des cadres chargés de son exécution.
Comme le rappelait déjà le baron Louis, ministre des Finances sous Louis-Philippe : « Faites-moi de bonnes politiques, je vous ferai de bonnes finances. »
EN BREF
- Le PLF 2026 est critiqué pour l’absence de données chiffrées et de stratégie claire.
- Le gouvernement prône une approche sociale et participative de la loi de finances.
- L’instabilité politique et la contrainte financière du FMI pèsent sur les choix budgétaires.
- Le texte conclut sur un principe simple : sans bonne politique, aucune bonne finance.
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