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Haithem Bouajila, prĂ©sident de la FTTH : « MalgrĂ© les freins, l’industrie textile tunisienne trace sa voie vers l’avenir »

08. Juli 2025 um 11:25

TextileEntre lĂ©gislation Ă©touffante, administration frileuse et absence de concertation, l’industrie textile tunisienne ne cesse d’avancer et d’innover en matiĂšre de durabilitĂ©, circularitĂ© et responsabilitĂ© sociale. Haithem Bouajila, prĂ©sident de la FĂ©dĂ©ration tunisienne des Textiles Habillement, dĂ©crypte les paradoxes du secteur, ses avancĂ©es silencieuses et ses dĂ©fis rĂ©glementaires.

“Le cadre lĂ©gislatif en Tunisie est contraignant pour toutes les entreprises industrielles et fortement employeuses” dĂ©plore Haithem Bouajila. Pour notre grand malheur, nous devons chaque jour nous familiariser Ă  de nouvelles lois. Les textes sont promulguĂ©s sans aucune concertation et sans participation des organisations professionnelles. Fort heureusement nous faisons bouger les choses, souvent grĂące Ă  des interlocuteurs rĂ©ceptifs au sein de l’administration publique”.

“Le cadre lĂ©gislatif en Tunisie est contraignant pour toutes les entreprises industrielles et fortement employeuses.” 

 

La rĂ©alitĂ© du terrain est complexe. La communication avec l’administration est lente, des fois frustrante. Ce qui est comprĂ©hensible aprĂšs un acharnement des diffĂ©rents gouvernements depuis 2011 qui ont voulu la politiser et la plier aux dictats des partis et aux dĂ©sidĂ©ratas des premier dĂ©cideurs du pays. L’administration est frileuse, elle a perdu une grande partie de ses compĂ©tences. Elle-mĂȘme subit des contraintes lĂ©gales et redoute les sanctions liĂ©es aux lois coercitives. Cela bloque toute initiative destinĂ©e Ă  assouplir ou accĂ©lĂ©rer les procĂ©dures. “On doit tchatcher, bien prĂ©senter les choses, argumenter sans relĂąche. Cela nous prend une Ă©nergie folle, une Ă©nergie que nous aimerions plutĂŽt investir dans l’amĂ©lioration des conditions de travail, la stratĂ©gie de dĂ©veloppement de notre secteur, l’investissement, ou encore la recherche de nouveaux marchĂ©s”.

Des Ăźlots de dialogue public-privĂ© qui donnent de l’espoir

MalgrĂ© tout, des signaux positifs Ă©mergent. “Nous restons positifs car nous avons de l’écoute. Il y a quelques semaines, nous avons Ă©tĂ© reçus au ministĂšre de l’Économie, en prĂ©sence de reprĂ©sentants du ministĂšre de l’Industrie, de la BCT et des institutions d’investissement. La rĂ©union a Ă©tĂ© constructive. Nos interlocuteurs ont Ă©tĂ© efficaces et rĂ©actifs. On nous a mĂȘme envoyĂ© un PV officiel avec l’engagement de se rĂ©unir tous les deux mois pour assurer un suivi”. MĂȘme dynamique favorable du cĂŽtĂ© de la FIPA (Agence de promotion de l’investissement extĂ©rieur) : “Nous avons reçu un grand investisseur. Un dĂźner d’affaires a Ă©tĂ© organisĂ© avec le directeur gĂ©nĂ©ral de la FIPA. Le lendemain, il l’a conduit lui-mĂȘme au ministĂšre. C’est un responsable toujours Ă  l’écoute, trĂšs engagĂ©. Notre souhait est que les autres cadres du secteur public soient aussi proactifs”.

“Notre lĂ©gislation interdit depuis toujours le travail des enfants de moins de 16 ans. Et le Code du travail tunisien garantit, depuis sa crĂ©ation, l’égalitĂ© salariale entre hommes et femmes. C’est exceptionnel !” 

 

Pour Haithem Bouajila, la Tunisie possĂšde des atouts rĂ©els qu’elle peine Ă  valoriser. “Notre lĂ©gislation interdit depuis toujours le travail des enfants de moins de 16 ans. Et le Code du travail tunisien garantit, depuis sa crĂ©ation, l’égalitĂ© salariale entre hommes et femmes. C’est exceptionnel ! En Europe, ces sujets sont encore en nĂ©gociation ou en dĂ©bat. VoilĂ  un avantage compĂ©titif que nous devrions mieux mettre en avant auprĂšs de nos partenaires”.

Mais la rĂ©glementation environnementale prĂ©sente aussi des lacunes majeures. “Sur la rĂ©glementation environnementale, nous avons un grand retard. Le projet de loi entamĂ© en 2022 n’est toujours pas bouclĂ©. Il traite d’un enjeu crucial : la circularitĂ©. Ce sera un critĂšre central d’ici 2027 s’agissant des opĂ©rateurs sur place et des investisseurs potentiels. Nous devons nous y prĂ©parer dĂšs maintenant. Et lĂ  aussi, nous pouvons faire mieux”.

Circularité, traçabilité, recyclage : des pratiques déjà bien implantées

La circularitĂ© n’est pas une thĂ©orie pour les entreprises structurĂ©es du textile tunisien : “Chez nous, les palettes en bois jetĂ©es sont transformĂ©es en bureaux. Les cartons et plastiques sont triĂ©s, tracĂ©s, recyclĂ©s. Nous transformons les dĂ©chets en produits finis. Le problĂšme, c’est qu’il n’existe pas encore de cadres rĂ©glementaires clairs pour implanter ces pratiques.

“Nous sommes pionniers en matiĂšre d’énergies renouvelables. Aucun autre secteur, ni public ni privĂ©, n’a autant d’entreprises aussi bien Ă©quipĂ©es que celles du textile.” 

 

S’agissant de la durabilitĂ© devenue un pilier de l’industrie textile tunisienne M. Bouajila assure que les entreprises du secteur ont pris une avance incontestable : “Nous sommes pionniers en matiĂšre d’énergies renouvelables. Aucun autre secteur, ni public ni privĂ©, n’a autant d’entreprises aussi bien Ă©quipĂ©es que celles du textile. Idem pour le recyclage des eaux, les certifications vertes ou les process ZEHC (zĂ©ro Ă©mission chimique). Nous maĂźtrisons aussi la gouvernance des produits chimiques, leur utilisation, leur impact, leur traçabilitĂ©. L’utilisation des fibres recyclĂ©es est largement adoptĂ©e. L’efficience Ă©nergĂ©tique est organisĂ©e autour de plans quinquennaux. Et nous avons les compĂ©tences. Des femmes, des hommes, des jeunes, tous formĂ©s, engagĂ©s dans cette culture de l’efficience et de la durabilitĂ©â€.

Une culture HSE enracinée dans les entreprises textiles

Le secteur intĂšgre Ă©galement la dimension HSE (HygiĂšne, SĂ©curitĂ©, Environnement) dans ses structures. “La majoritĂ© des entreprises textiles ont au moins une personne dĂ©diĂ©e Ă  la HSE. Moi, j’ai cinq ingĂ©nieures femmes expertes dans ce domaine. Des entreprises comme VTR, Sartex, Wikmik ou Alcutex sont toutes Ă©quipĂ©es”.

Les petites structures ne sont pas en reste. “MĂȘme les TPE, qui n’ont pas les moyens, peuvent compter sur les grandes ou moyennes entreprises. Nous avons notre propre Ă©cosystĂšme. Les TPE qui travaillent avec nous trouvent une locomotive pour les tirer vers le haut”.

“Nous avons 70 ans d’expĂ©rience industrielle, un patrimoine de savoir-faire unique. Cet hĂ©ritage est dans notre ADN.”

 

La FTTH a mĂȘme mis en place une unitĂ© spĂ©cialisĂ©e dans la formation technique pour accompagner ces structures plus modestes.

Haithem Bouajila rappelle : “Nous avons 70 ans d’expĂ©rience industrielle, un patrimoine de savoir-faire unique. Cet hĂ©ritage est dans notre ADN. Il se combine aujourd’hui avec une jeune gĂ©nĂ©ration compĂ©tente et motivĂ©e. Ce croisement entre les pionniers et les talents d’aujourd’hui, c’est notre vraie richesse que nous voulons fructifier encore plus. Tout ce que nous demandons aux lĂ©gislateurs et aux dĂ©cideurs politiques dans notre pays est d’ĂȘtre nos partenaires pour le meilleur de la Tunisie et les gĂ©nĂ©rations futures auxquels nous devons lĂ©guer des richesses et non la pauvretĂ©â€.

Amel Belhadj Ali

EN BREF

  • L’industrie textile tunisienne innove en durabilitĂ© et responsabilitĂ© malgrĂ© une lĂ©gislation Ă©touffante.
  • Le secteur fait face Ă  des lois contraignantes et un manque de concertation avec l’administration.
  • Des efforts sont dĂ©ployĂ©s pour dialoguer avec les autoritĂ©s, montrant des signaux positifs.
  • La Tunisie dispose d’atouts uniques comme l’interdiction du travail des enfants et l’égalitĂ© salariale.
  • Les entreprises sont dĂ©jĂ  avancĂ©es en matiĂšre de circularitĂ©, recyclage et Ă©nergies renouvelables.
  • La culture HSE est profondĂ©ment ancrĂ©e, et les PME sont soutenues par les plus grandes structures.

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L’Accord d’Association Tunisie-Union EuropĂ©enne : Bilan et Perspectives d’un Partenariat ControversĂ©

07. Juli 2025 um 19:40
Tunisie UE
Image IA Gemini

Le 17 juillet 2025 marquera le 30Ăšme anniversaire de l’accord d’Association entre la Tunisie et l’Union europĂ©enne (UE), conclu en 1995. Bien que le texte initial prĂ©voyait une Ă©valuation et une rĂ©vision tous les vingt ans, aucune Ă©tude objective n’a Ă©tĂ© menĂ©e Ă  ce jour pour en mesurer l’atteinte des objectifs.

Un Retard Éloquent dans l’Évaluation

Tout porte Ă  croire que les responsables europĂ©ens et leurs homologues tunisiens, pour la plupart, ne sont guĂšre pressĂ©s d’engager cette Ă©valuation. À dĂ©faut de stabilitĂ© politique, ils ont habilement exploitĂ© les crises traversĂ©es par la Tunisie pour repousser sine die l’ouverture de ce dossier, ce qui semble servir leurs intĂ©rĂȘts et leur confort.

Jusqu’à prĂ©sent, les deux partenaires n’ont pas officiellement annoncĂ© le dĂ©but des nĂ©gociations pour la rĂ©novation de l’accord. Cependant, de rĂ©centes dĂ©clarations de diplomates tunisiens et europĂ©ens esquissent dĂ©jĂ  les axes d’un futur partenariat.

Une Perception NĂ©gative de l’Opinion Publique Tunisienne

L’opinion publique tunisienne perçoit trĂšs nĂ©gativement cet accord d’Association, et ce, pour plusieurs raisons. Nous nous empressons de les signaler en attendant d’analyser la portĂ©e du contenu des dĂ©clarations des diplomates dans un prochain article.

Un Accord Conclu sans Concertation

La premiÚre raison est que cet accord, entré en application le 1er mars 2008, a été conclu unilatéralement par le gouvernement Ben Ali, sans aucune concertation avec les partenaires sociaux. Il en a résulté la disparition de nombreuses filiÚres industrielles locales non compétitives, exacerbant ainsi le chÎmage, le travail précaire et la sous-traitance.

« Trente ans aprĂšs sa conclusion, aucune Ă©tude objective d’évaluation n’a Ă©tĂ© Ă©laborĂ©e pour savoir si les objectifs de cet accord ont Ă©tĂ© atteints ou non. »

 

Comble du mĂ©pris de la part du gouvernement Ben Ali envers les Tunisiens, il n’a jamais exigĂ© des EuropĂ©ens la traduction en arabe, langue officielle de la Tunisie, du document de cet accord, pourtant traduit dans les langues des 27 pays membres de l’Union EuropĂ©enne.

Une Asymétrie Criante

La deuxiĂšme raison rĂ©side dans l’asymĂ©trie flagrante de cet accord, qui servait manifestement davantage les intĂ©rĂȘts europĂ©ens que ceux des Tunisiens. Forts d’une industrie florissante et excĂ©dentaire, les EuropĂ©ens peuvent, sous le parapluie de cet accord, exporter tous leurs produits manufacturĂ©s vers la Tunisie, alors que la Tunisie, pays sous-industrialisĂ©, ne peut le faire ni en quantitĂ© ni en qualitĂ©.

MĂȘme l’avantage accordĂ© Ă  la Tunisie, lui permettant d’écouler annuellement environ 57000 tonnes d’huile d’olive en franchise de douane, profite davantage aux EuropĂ©ens qu’aux Tunisiens. La raison est simple : exportĂ©e gĂ©nĂ©ralement en vrac, c’est-Ă -dire sans valeur ajoutĂ©e et Ă  trĂšs bas prix, l’huile d’olive tunisienne est utilisĂ©e pour rĂ©gulariser la production europĂ©enne, particuliĂšrement en pĂ©riode de baisse de production, la production d’huile d’olive Ă©tant par essence irrĂ©guliĂšre et intermittente.

« L’asymĂ©trie de cet accord servait, de maniĂšre criante, plus les intĂ©rĂȘts des EuropĂ©ens que ceux des Tunisiens. »

 

Un Impact NĂ©gatif sur la Croissance et l’Exclusion de la Libre Circulation des Personnes
La troisiĂšme raison concerne l’impact nĂ©gatif sur la croissance en Tunisie. La suppression des droits de douane, due Ă  cet accord, sur les produits europĂ©ens exportĂ©s en Tunisie, s’est traduite annuellement par un manque Ă  gagner de 2 points de croissance pour la Tunisie.

La quatriĂšme raison, la plus grave Ă  notre avis, est l’exclusion de la libre circulation des personnes de cet accord qui se prĂ©tend pourtant un accord de libre-Ă©change. Il n’est pas nĂ©cessaire de rappeler qu’un accord de libre-Ă©change prĂ©voit l’instauration concomitante de trois libertĂ©s :

  • la libre circulation des biens et services,
  • la libre circulation des capitaux et
  • la libre circulation des personnes.

Plus grave encore, l’économie tunisienne aurait pu pĂątir davantage de cet accord, n’eussent Ă©tĂ© les Ă©meutes du « 17 dĂ©cembre 2010 – 14 janvier 2011 » et leur corollaire, l’instauration de la libertĂ© d’expression.

« La suppression des droits de douane s’est traduite annuellement par un manque Ă  gagner de 2 points de croissance pour la Tunisie. »

 

Cette libertĂ© a permis aux Tunisiens de dĂ©noncer la dissymĂ©trie de cet accord de libre-Ă©change des produits manufacturĂ©s et surtout de mener une campagne fĂ©roce pour tuer dans l’Ɠuf un autre accord complĂ©mentaire, l’Accord de libre-Ă©change complet et approfondi Tunisie-UE (ALECA). Cet accord prĂ©voyait une libĂ©ralisation des Ă©changes des produits agricoles et des services.

Les EuropĂ©ens ont tentĂ© par tous les moyens de relancer l’ALECA avant de perdre tout espoir, vers 2020, avec l’accession Ă  la magistrature suprĂȘme d’un prĂ©sident populiste et souverainiste, en l’occurrence Kais Saied.

La NĂ©cessitĂ© d’une Convergence des Valeurs pour un Nouveau Partenariat

Il leur sera encore plus difficile de nĂ©gocier un nouvel accord d’Association avec les mĂȘmes conditions qu’en 1995, en raison de la crise de confiance qui existe dĂ©sormais entre les deux partenaires.

« Tout nouveau partenariat doit passer d’abord par une convergence de valeurs dont le respect du droit humain et du droit international. »

 

Les Tunisiens n’ont plus confiance en l’Union europĂ©enne. L’appui inconditionnel qu’elle a apportĂ© aux gĂ©nocidaires sionistes Ă  Gaza l’a beaucoup dĂ©crĂ©dibilisĂ©e auprĂšs des Tunisiens.

Ils estiment que tout nouveau partenariat doit d’abord passer par une convergence de valeurs, incluant le respect des droits humains et du droit international. Malheureusement, ce n’est pas le cas aujourd’hui avec l’Union europĂ©enne.

À bon entendeur.

Abou SARRA

Indicateurs Clés

  • 30 ans : Anniversaire de l’accord d’Association Tunisie-UE en 2025.
  • 10 ans de retard : DĂ©lai d’évaluation de l’accord par rapport Ă  la clause de rĂ©vision (tous les 20 ans).
  • 57 000 tonnes : QuantitĂ© annuelle d’huile d’olive tunisienne pouvant ĂȘtre Ă©coulĂ©e en franchise de douane vers l’UE.
  • 2 points de croissance : Manque Ă  gagner annuel pour la Tunisie suite Ă  la suppression des droits de douane sur les produits europĂ©ens.

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DOSSIER TEXTILE : « L’alignement avec l’UE est une nĂ©cessitĂ©, pas une option », dĂ©clare Haithem Bouajila (FTTH)

07. Juli 2025 um 07:18

TextileDans un contexte Ă©conomique mondial oĂč les incertitudes et les rapports de forces prĂ©valent, mĂȘme sur les discours diplomatiques courtois entre États, et oĂč les dĂ©bats Ă©conomiques polarisĂ©s dominent, il est utile de rappeler l’importance vitale du partenariat euro-mĂ©diterranĂ©en pour l’industrie tunisienne. Retour sur une relation historique, gĂ©ographique
 et rĂ©solument stratĂ©gique Ă  travers le secteur du textile.

Alors que les discours nationalistes et les appels Ă  l’autarcie ressurgissent sporadiquement dans le dĂ©bat Ă©conomique tunisien, plusieurs voix du secteur privĂ© rappellent, faits Ă  l’appui, l’importance capitale du marchĂ© europĂ©en pour l’économie du pays. Le prĂ©sident de la FĂ©dĂ©ration tunisienne du textile et de l’habillement, Haithem Bouajila, s’est rĂ©cemment exprimĂ© lors d’un entretien avec WMC, appelant Ă  un positionnement clair et assumĂ© de la Tunisie au sein de la sphĂšre euro-mĂ©diterranĂ©enne.

Une relation commerciale historique et asymétrique

L’accĂšs privilĂ©giĂ© de la Tunisie au marchĂ© europĂ©en ne date pas d’hier. Les premiers accords commerciaux datent de 1969 et 1976, annĂ©es oĂč les produits industriels tunisiens ont pu entrer librement dans l’espace europĂ©en sans subir de taxes douaniĂšres. Soit, un avantage considĂ©rable, obtenu sans offrir en retour les mĂȘmes privilĂšges aux produits europĂ©ens.

« Notre positionnement est dans la zone euro-mĂ©diterranĂ©enne. Il est vital de nous adosser Ă  des marchĂ©s plus vastes et plus matures comme l’Union europĂ©enne. »

 

Cette asymĂ©trie favorable a permis le dĂ©veloppement d’une industrie tunisienne exportatrice, structurĂ©e autour de pĂŽles comme le textile, les composants Ă©lectroniques ou l’agroalimentaire. Ce n’est qu’en 1995, avec l’accord d’association entre la Tunisie et l’Union europĂ©enne, que la rĂ©ciprocitĂ© a Ă©tĂ© instaurĂ©e. Depuis, les relations commerciales n’ont cessĂ© de progresser, faisant de l’Europe le premier partenaire Ă©conomique de la Tunisie.

À ce jour, la balance commerciale entre les deux parties reste favorable à la Tunisie.

Un ancrage géoéconomique incontournable

Haitham Bouajila
Haitham Bouajila – PrĂ©sident de la FTTH

« Que nous le voulions ou non, notre positionnement est dans la zone euro-mĂ©diterranĂ©enne », affirme Haithem Bouajila. Il rappelle le caractĂšre exigu du marchĂ© intĂ©rieur tunisien, avec ses 12 millions de consommateurs, et insiste sur la nĂ©cessitĂ© de s’adosser Ă  des marchĂ©s plus vastes et plus matures. L’Union europĂ©enne, prĂ©cise-t-il, reprĂ©sente plus de 300 millions de consommateurs, rĂ©partis sur des pays Ă  fort pouvoir d’achat comme la France, l’Allemagne, l’Italie ou l’Espagne.

À cela s’ajoute une proximitĂ© gĂ©ographique exceptionnelle : Tunis est Ă  une heure de Rome, deux heures de Paris, Ă  peine plus de Madrid. « L’Europe et la Grande-Bretagne sont notre espace Ă©conomique naturel », martĂšle-t-il. Pour profiter pleinement de cette proximitĂ©, la Tunisie doit adapter ses structures aux normes du marchĂ© europĂ©en.

L’harmonisation avec les normes europĂ©ennes : un atout compĂ©titif

Selon Bouajila, cela implique une harmonisation des lois, des institutions, et des normes industrielles avec celles en vigueur en Europe. À cet Ă©gard, l’interaction avec Euratex — l’organisation europĂ©enne du textile basĂ©e Ă  Bruxelles — est dĂ©terminante. « C’est lĂ  que se dĂ©cident toutes les grandes orientations du secteur : normes environnementales, politiques commerciales, critĂšres sociaux, investissements. Il est crucial que nous soyons prĂ©sents Ă  cette table de dĂ©cision », explique-t-il.

« En s’alignant sur les standards europĂ©ens, la Tunisie peut transformer les exigences en atouts. Cela nous positionne comme un site industriel fiable et Ă©thique. »

 

En s’alignant sur les standards europĂ©ens, la Tunisie pourrait transformer les exigences environnementales et sociales en vĂ©ritables atouts concurrentiels. Dans un contexte oĂč certains pays concurrents peinent encore Ă  intĂ©grer ces nouvelles normes, la Tunisie a une carte Ă  jouer en se positionnant comme un site industriel fiable, moderne, et Ă©thique. « Nous voulons que notre pays soit un pont, une route ouverte vers les marchĂ©s et les investissements, au-delĂ  des frontiĂšres, des clichĂ©s et des prĂ©jugĂ©s », conclut Bouajila.

Consolider les liens pour un avenir prospĂšre

Face aux incertitudes Ă©conomiques, aux mutations des chaĂźnes de valeur mondiales et aux pressions gĂ©opolitiques, la Tunisie n’a pas le luxe de l’ambiguĂŻtĂ© stratĂ©gique. Son avenir industriel, commercial et social dĂ©pendra de sa capacitĂ© Ă  consolider ses liens avec l’espace euro-mĂ©diterranĂ©en, non pas comme un choix par dĂ©faut, mais comme une opportunitĂ© pleinement assumĂ©e.

« Nous voulons que notre pays soit un pont ouvert vers les marchĂ©s et les investissements. L’alignement avec l’UE est une nĂ©cessitĂ©, pas une option. »

 

S’aligner sur les normes europĂ©ennes, renforcer les partenariats institutionnels, investir dans la montĂ©e en gamme et valoriser les atouts du site Tunisie : voilĂ  les leviers concrets d’une intĂ©gration rĂ©ussie et compĂ©titive. Dans cette dynamique, l’Europe n’est pas une alternative Ă  explorer — elle est dĂ©jĂ  une rĂ©alitĂ© Ă  approfondir. Car au-delĂ  des slogans et des crispations identitaires, c’est par la cohĂ©rence, la coopĂ©ration et l’anticipation que la Tunisie pourra transformer ses fragilitĂ©s en forces et s’affirmer comme un acteur crĂ©dible au cƓur du bassin mĂ©diterranĂ©en. Encore faut-il que dans notre pays, nous puissions encore parler de vision et de cerveaux Ă©conomiques.

Amel Belhadj Ali

Indicateurs clés

  • 1969 et 1976 : Premiers accords commerciaux permettant l’entrĂ©e libre des produits industriels tunisiens en Europe sans taxes douaniĂšres.
  • 1995 : Instauration de la rĂ©ciprocitĂ© commerciale avec l’accord d’association entre la Tunisie et l’Union europĂ©enne.
  • 12 millions : Nombre de consommateurs sur le marchĂ© intĂ©rieur tunisien, soulignant le besoin d’accĂšs Ă  des marchĂ©s plus vastes.
  • 300 millions : Nombre de consommateurs dans l’Union europĂ©enne, reprĂ©sentant un marchĂ© Ă  fort pouvoir d’achat.
  • 1 Ă  2 heures : Temps de vol entre Tunis et les grandes capitales europĂ©ennes comme Rome ou Paris, illustrant la proximitĂ© gĂ©ographique.

 

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Tunisie – Francophonie : Initiative pour promouvoir les mĂ©tiers du Luxe

05. Juli 2025 um 08:40

MĂ©tiers du LuxeLe Conseil International des Femmes Entrepreneures (CIFE), ong tunisienne, vient d’ĂȘtre retenu, par le Groupement du Patronat Francophone (GPF), rĂ©seau d’affaires francophone,  pour piloter la Commission “Petites Industries et MĂ©tiers du Luxe”.

Il s’agit d’une initiative visant Ă  fĂ©dĂ©rer les expertises de l’espace francophone autour de secteurs Ă  forte valeur ajoutĂ©e.

La commission, qui a Ă©tĂ© lancĂ©e officiellement, le 20 juin 2025, Ă  Tunis, agira comme un vivier d’initiatives, en favorisant des synergies fortes entre acteurs Ă©conomiques, culturels et institutionnels, notamment dans des pays francophones clĂ©s : Tunisie, Liban, Maroc, SĂ©nĂ©gal et Madagascar.

Ses travaux s’organiseront autour de trois prioritĂ©s: stimuler la coopĂ©ration intra-francophone entre pays membres, impulser une dynamique positive gĂ©nĂ©ratrice de synergies et renforcer la complĂ©mentaritĂ© entre les États Ă  travers des partenariats stratĂ©giques impliquant des parties prenantes engagĂ©es.

PrĂ©sentant la commission, Jean-Lou Blachier, PrĂ©sident du GPF, a indiquĂ© que cette initiative. “ concrĂ©tise la volontĂ© du GPF de rassembler les talents de l’espace francophone autour de chaĂźnes de valeur rĂ©gionales compĂ©titives Â».

De son cĂŽtĂ©, Rachida Jebnoun a dĂ©clarĂ© que « le CIFE est dĂ©terminĂ© Ă  faire de cette commission un catalyseur de projets innovants, orientĂ©s vers un dĂ©veloppement durable des mĂ©tiers du luxe. Notre prioritĂ© est de crĂ©er un impact positif et de renforcer la coopĂ©ration entre les pays francophones membres”, a-t-elle dit.

ABS

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Ain Draham : La rĂ©gion retrouvera-t-elle son Ăąge d’or touristique ?

03. Juli 2025 um 11:20

Le parc hĂŽtelier du village touristique d’Ain-Draham vient d’ĂȘtre enrichi par la rĂ©habilitation de l’hĂŽtel « La ForĂȘt Â». AprĂšs une fermeture de dix ans, l’hĂŽtel s’est offert, tout en conservant sa structure extĂ©rieure, un nouveau look architectural intĂ©rieur de luxe.

RĂ©ouvert en grande pompe, le 20 juin 2025, l’hĂŽtel sera ouvert, toute l’annĂ©e, pour les sĂ©jours nature, les familles, le tourisme de chasse, le tourisme d’affaires et les groupes sportifs. L’hĂŽtel Ă©tant situĂ© Ă  quelques mĂštres du Complexe sportif international d’AĂŻn Draham.

Mention spĂ©ciale pour les tarifs. Ils seront linĂ©aires sur toute l’annĂ©e, afin de garantir une accessibilitĂ© constante, sans variation saisonniĂšre. Ils varient entre 360 dinars pour une chambre double standard Ă  572 dinars pour une suite de luxe. Il s’agit, de toute Ă©vidence,  d’une montĂ©e en gamme.

ClassĂ© 4 Ă©toiles, l’établissement d’une capacitĂ© totale de 134 lits propose 58 chambres, en plus de 3 suites junior et 2 suites senior supĂ©rieures.

Parmi les nouveautés majeures de cette réhabilitation, figurent la création de deux piscines, une piscine extérieure et une autre intérieure chauffée et un centre spa, intégrant cabines de massage, hammam et salon de coiffure.

“AprĂšs une fermeture de dix ans, l’hĂŽtel s’est offert, tout en conservant sa structure extĂ©rieure, un nouveau look architectural intĂ©rieur de luxe.”

 

BientĂŽt deux autres hĂŽtels

Le parc hĂŽtelier d’Ain draham, qui compte jusqu’à la rĂ©ouverture de l’hĂŽtel La forĂȘt, trois Ă©tablissements : Le centre thermal El Mouradi Hammam Bourguiba (4 Ă©toiles), Royal Rihana HĂŽtel (3 Ă©toiles), Dar Ismail Nour El Ain (4 Ă©toiles), sera renforcĂ©, en principe,  en 2026 par deux autres hĂŽtels : Les chĂȘnes By El Badira (ex l’hĂŽtel les chĂȘnes, trois Ă©toiles) et, l’Eco HĂŽtel et Spa de luxe bientĂŽt Ă  BĂ©ni M’tir.

Nous disions bien «en principe» parce que les promoteurs de ces deux derniĂšres unitĂ©s traĂźnent trop la patte et s’ingĂ©nient Ă  inventer, souvent, de fausses raisons pour justifier le retard.

“Ce renouveau hĂŽtelier va permettre au site touristique d’Ain Draham, haut lieu de villĂ©giature sereine, de renouer avec son glorieux passĂ©.”

 

Est-il besoin de rappeler que la rĂ©ouverture de l’hĂŽtel «Les chĂȘnes By El Badira» Ă©tait prĂ©vue pour septembre 2022. Idem pour Green Hill Resorts qui va exploiter la source de Hammam Salhine. Ce centre thermal, lancĂ© depuis 2006 (20 ans de retard) avec un cofinancement europĂ©en n’a pas pu ouvrir ses portes jusqu’à ce jour. Il pose sĂ©rieusement problĂšme. Son propriĂ©taire semble attendre un cadeau du ciel pour achever les travaux et ouvrir l’établissement. La patience des habitants du village de Ben Metir est mise Ă  rude Ă©preuve. Le ministĂšre du tourisme et les autoritĂ©s rĂ©gionales, en fermant l’Ɠil sur les tergiversations du promoteur,  assument avec lui, une grande responsabilitĂ© dans ce retard monstre.

En dĂ©pit de ces difficultĂ©s gĂ©rables, nous ne pouvons que saluer ce renouveau hĂŽtelier dans la ville d’Ain Draham.

L’idĂ©al serait toutefois d’accompagner cette nouvelle dynamique par deux initiatives : la rĂ©ouverture de l’Ecole de formation dans les mĂ©tiers du tourisme Ă  Ain draham et l’octroi d’autorisations Ă  des privĂ©s pour animer la rĂ©gion (restaurants de luxe, salons de thĂ©, boĂźtes de nuit
.).

Ain Draham sur la voie de renouer avec son passé glorieux

Et pour ne rien oublier, ce renouveau hĂŽtelier va permettre au site touristique d’Ain Draham, haut lieu de villĂ©giature sereine, de renouer avec son glorieux passĂ©.

Dans son ouvrage, «Ain Draham, village de crĂ©ation rĂ©cente aux multiplies spĂ©cificitĂ©s», le professeur d’histoire Mohamed Dabboussi revient sur l’ñge d’or d’Ain Draham, spĂ©cialisĂ© depuis 1930 dans le tourisme intĂ©rieur et administratif.

“En 1937, Ain Draham Ă©tait un des rares sites touristiques tunisiens Ă  figurer Ă  l’époque sur les revues spĂ©cialisĂ©es, routards et guides touristiques français.”

 

En 1937, Ain Draham Ă©tait un des rares sites touristiques tunisiens Ă  figurer Ă  l’époque sur les revues spĂ©cialisĂ©es, routards et guides touristiques français (Michelin, Joanne
).

Selon Mohamed Daboussi, sur un total de 66 hĂŽtels (480 lits au total) que comptait la Tunisie en 1937, quatre Ă©taient opĂ©rationnels Ă  Ain Draham, soit une capacitĂ© de 100 lits. Il s’agit des hĂŽtels « Beau SĂ©jour Â», « Les ChĂȘnes Â», « Les FougĂšres Â», « Les Sources Â».

Pour comprendre l’ñge d’or touristique de ce village Ă  cette Ă©poque, des villes balnĂ©aires comme Sousse et Hammamet comptaient chacune, Ă  cette Ă©poque,  2 hĂŽtels seulement. Seule Tunis se dĂ©marquait avec 22 hĂŽtels.

Abou SARRA

EN BREF

  • L’hĂŽtel “La ForĂȘt” Ă  Ain Draham a rouvert, marquant un renouveau hĂŽtelier majeur aprĂšs dix ans de fermeture.
  • Deux autres hĂŽtels sont prĂ©vus pour 2026, bien que leur dĂ©veloppement subisse des retards notables.
  • Ain Draham cherche Ă  retrouver son passĂ© glorieux en tant que destination touristique prisĂ©e.

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Accord d’association Tunisie – UE : Trente ans aprĂšs sa signature, le bilan serait « globalement positif »

30. Juni 2025 um 09:00
Tunisie Union Européenne
image IA

En prĂ©vision de la cĂ©lĂ©bration du 30Ăšme anniversaire de l’Accord d’association conclu le 17 juillet 1995 avec la Tunisie, l’ambassade de l’Union europĂ©enne Ă  Tunis, s’emploie, depuis la cĂ©lĂ©bration le 8 mai dernier de la JournĂ©e de l’Europe, Ă  sponsoriser, directement ou indirectement, diverses manifestations consacrĂ©es Ă  l’examen du bilan de cet accord et au balisage de nouvelles pistes pour le relancer.

D’aprĂšs des observateurs de la chose tunisienne, l’objectif non-dit de ces manifestations organisĂ©es en partenariat avec des mĂ©dias de la place, serait, semble-t-il,  de tĂąter le pool et de prendre connaissance de la lecture que se font les cadres tunisiens de cet accord et des moyens de le rĂ©viser.

Car normalement, la cĂ©lĂ©bration d’un Ă©vĂšnement gĂ©ostratĂ©gique d’une telle importance aurait du ĂȘtre prĂ©cĂ©dĂ© par une Ă©valuation objective des rĂ©sultats de cet accord, surtout,  aprĂšs une si longue pĂ©riode de sa conclusion.

« L’Europe a soutenu l’industrialisation de la Tunisie, mais a oubliĂ© ses jeunes, sa mobilitĂ©, et ses ambitions technologiques. »

 

Mention spĂ©ciale pour les centaines de participants invitĂ©s Ă  ces manifestations. Ils sont triĂ©s au volet. Il s’agit pour la plupart des personnalitĂ©s pro-europĂ©ennes : universitaires, anciens ministres qui ont accompagnĂ© l’Accord, banquiers, diplomates, investisseurs, industriels, hauts cadres, journalistes


ConsĂ©quence : le ton Ă©tait Ă  l’autosatisfaction, Ă  la satisfaction et au triomphalisme. Pour relativiser, les participants ont estimĂ© que l’accord a Ă©tĂ© globalement positif avec quelques nuances.

Pour l’Union europĂ©enne, l’Accord d’association a Ă©tĂ© un succĂšs

Au rayon des rĂ©sultats positifs, ils ont citĂ© la contribution de l’accord au dĂ©veloppement du secteur industriel, au renforcement de l’ouverture de l’économie tunisienne Ă  la concurrence internationale et Ă  son intĂ©gration dans la chaĂźne des valeurs europĂ©ennes.

Selon Giuseppe Perrone, ambassadeur de l’Union europĂ©enne en Tunisie, l’Accord d’association est « une success story». Il a indiquĂ© que grĂące Ă  cet accord, le marchĂ© europĂ©en est un marchĂ© prioritaire pour l’industrie tunisienne, voire un marchĂ© qui garantit les exportations tunisiennes Il a joutĂ© que « l’accroissement des Ă©changes entre les deux partenaires a Ă©tĂ© une ressource pour investir et crĂ©er des emplois en Tunisie. Il n’est pas inutile de rappeler  que les 3400 entreprises off shore europĂ©ennes implantĂ©es en Tunisie ont créé 400 mille emplois Â».

« Face Ă  la Chine et aux États-Unis, l’Europe doit inventer un nouveau partenariat avec l’Afrique, fondĂ© sur la technologie, la transition Ă©nergĂ©tique et l’éducation inclusive. »

 

Au chapitre des insuffisances, les participants Ă  ces manifestations financĂ©es par l’UE ont estimĂ© que l’accord d’association a Ă©tĂ© dissymĂ©trique en ce sens oĂč il n’a pas favorisĂ© ni une grande mobilitĂ© de la main d’Ɠuvre tunisienne vers l’Europe, ni un transfert technologique significatif dans les secteurs porteurs (technologies de pointe), ni un flux d’investissements directs Ă©trangers consĂ©quents.

A la lumiĂšre de ce diagnostic divergent, les participants ont appelĂ© Ă  rĂ©viser l’Accord d’association sur de nouvelles bases et critĂšres.

Bien nĂ©gocier tout nouveau accord de partenariat avec l’UE

Du cĂŽtĂ© officiel, intervenant lors de la cĂ©lĂ©bration de la JournĂ©e de l’Euripe, le 8 mai 2025, le ministre des Affaires Ă©trangĂšres,  Mohamed Ali Nafti, a plaidĂ©, mollement, « pour un soutien accru Ă  la migration rĂ©guliĂšre et Ă  la mobilitĂ©, rĂ©itĂ©rant l’appel de la Tunisie Ă  adopter une approche humaine et globale face au phĂ©nomĂšne de la migration irrĂ©guliĂšre, en s’attaquant Ă  ses causes profondes».

Pour d’autres intervenants, il s’agit, en premier lieu, d’affirmer clairement une volontĂ© commune pour l’instauration d’un partenariat pĂ©renne entre la Tunisie et l’UE. Cette derniĂšre est invitĂ©e Ă  accompagner cette volontĂ© et Ă  fournir Ă  la Tunisie des fonds structurants  comme elle l’avait fait avec le Portugal, l’Espagne et la GrĂšce.

Toujours au rayon du financement, les participants ont suggĂ©rĂ© de crĂ©er, Ă  la charge  de l’UE,  des fonds d’investissement pour accompagner les entreprises exportatrices tunisiennes et Ă  les aider Ă  contourner les barriĂšres Ă©rigĂ©es aux frontiĂšres de l’Union Ă  l’instar de la taxe carbone (taxe environnementale sur les Ă©missions de dioxyde de carbone). L’idĂ©e serait de prendre en charge le risque climatique.

Dans un second temps, ils ont recommandĂ© d’oublier l’amateurisme avec lequel le premier accord d’association a Ă©tĂ© finalisĂ© et d’engager de vĂ©ritables professionnels pour bien nĂ©gocier toute rĂ©vision de cet accord et de se faire aider s’il le faut par des cabinets internationaux indĂ©pendants.

Un partenariat en matiùre d’IA serait la bonne piste à explorer

Par delĂ  ces propositions pratiques, les participants tunisiens ont eu le mĂ©rite de suggĂ©rer aux europĂ©ens de mettre Ă  contribution, la nouvelle technologie de rupture, en l’occurrence,  l’Intelligence artificielle (IA) pour instaurer un partenariat new look.

L’enjeu serait pour Mehdi Haouas ancien ministre du tourisme et de l’artisanat et prĂ©sident fondateur du groupe Talan spĂ©cialisĂ© dans le conseil et l’expertise technologique   que « face au tandem Etats Unis et Chine qui vont concevoir, Ă  la faveur de leur technologies avancĂ©es (IA et autres)  des modĂšles de croissance selon leurs propre visions, il y a, peut ĂȘtre une troisiĂšme voie, Celle lĂ  mĂȘme qui consisterait d’aprĂšs lui Ă  crĂ©er un partenariat entre l’Afrique et l’UE qui n’est pas compĂ©titive en matiĂšre de technologie, un modĂšle de dĂ©veloppement inclusif fondĂ© sur l’accĂšs Ă  l’éducation, la transition Ă©nergĂ©tique, l’économie circulaire et la maĂźtrise des nouvelles technologies (IA..) Â».

Tout futur partenariat avec l’UE ne sera pas une Ɠuvre facile

Abstraction faite des points de vue des uns et des autres, il faut admettre, dans l’absolu,  que tout projet de rĂ©vision et de rĂ©novation de l’Accord d’Association avec l’UE ne sera pas une Ɠuvre facile, et ce, pour deux raisons.

« On ne peut plus nĂ©gocier l’avenir d’un pays avec les mĂ©thodes du passĂ©. Ce nouvel accord devra ĂȘtre pensĂ© par des experts, et non improvisĂ© par complaisance. »

 

La premiĂšre rĂ©side dans le fait que l’UE d’aujourd’hui,  n’est plus celle de 1995. Ce groupement Ă©conomique a mal Ă©voluĂ© depuis. Sur le plan Ă©conomique,  il est en dĂ©clin avancĂ© et sur le plan gĂ©opolitique, il n’est plus crĂ©dible. Son image a Ă©tĂ© ternie par le soutien que les europĂ©ens ont apportĂ©, de maniĂšre inconditionnelle,  le gĂ©nocide Ă  ciel ouvert accompli par les sionistes dans la bande de Gaza. Les tunisiens n’ont plus confiance dans un groupement qui ne respecte pas le droit humain et le droit international. Il y a un sĂ©rieux problĂšme de confiance.

La deuxiĂšme raison consiste en le fait que la Tunisie de 2025 n’est plus celle de 1995.  La dĂ©mocrature (mix d’autocratie et de libertĂ© d’expression) qui prĂ©vaut actuellement dans le pays est de loin moins contraignante que la dictature absolue qui rĂ©gnait du temps de Ben ALI.  Mieux, Ă  la faveur de la configuration gĂ©opolitique mondiale qui se profile Ă  l’horizon, la Tunisie, plus que jamais souveraine, a,  aujourd’hui, la grande possibilitĂ© de diversifier ses partenaires.

Cela pour dire in fine que les conditions de négociation ont beaucoup changé en faveur de la Tunisie.

Abou SARRA

Chiffres clés

  • 3400 — Entreprises europĂ©ennes installĂ©es en Tunisie
  • 400 000 — Emplois créés grĂące aux investissements europĂ©ens
  • 1995 — Date de signature de l’Accord d’association
  • 30 ans — DurĂ©e de l’accord sans rĂ©vision structurelle majeure
  • ZERO — Transfert technologique significatif vers la Tunisie, selon les critiques.

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