La Chine est devenue le premier fournisseur de la Tunisie, devançant l’Italie et la France, au classement de ses partenaires commerciaux. Au cours des sept premiers mois de 2025, la part de la Chine dans les importations totales de la Tunisie a atteint 13 %, contre 12% pour l’Italie et 11% pour la France. La Chine représente toujours le premier déficit commercial de la Tunisie, et de loin, devant ses autres partenaires.
Selon le dernier bulletin de l’Institut national de la statistique (INS) pour les sept premiers mois de l’année, les importations totales de la Tunisie ont atteint 48,88 milliards de dinars (14,38 milliards d’euros), contre 36,97 milliards d’euros pour les exportations, avec un déficit commercial qui s’est creusé à 11,90 milliards (3,60 milliards d’euros) et un taux de couverture des échanges commerciaux qui a chuté à 75,6 %.
Le dépassement de l’Italie par la Chine en 2025 marque un changement par rapport à 2024, lorsque l’Italie était le premier fournisseur de la Tunisie avec 9,7 milliards de dinars (2,93 milliards d’euros) de biens exportés, suivie de très près par la Chine avec 9,2 milliards (2,78 milliards d’euros).
Les tendances récentes montrent une accélération des achats tunisiens en provenance de Chine, en hausse de 37,2% sur les sept premiers mois de l’année, tandis que l’Italie a enregistré un léger recul de 0,7% et la France une hausse de 12,7%. Les importations en provenance de l’Union européenne représentent toujours 44,2% du total, avec une contribution croissante de l’Allemagne (+10,3%).
La Turquie ne soutiendra pas le projet de l’UE de mettre fin aux importations de gaz russe. Ce qui menace les efforts de Bruxelles d’éliminer la dépendance restante du bloc à l’énergie russe.
Comme l’a rapporté Capital vendredi 8 août, la Turquie, à la frontière avec l’UE, a longtemps été un canal pour l’énergie russe à destination de l’Europe. Ce qui devrait maintenant changer, suite à une récente proposition de l’UE visant à éliminer toutes les importations de gaz naturel russe d’ici la fin de 2027.
En effet, Bruxelles souhaite imposer davantage d’exigences de surveillance afin de mieux suivre l’acheminement du gaz russe vers l’UE. Pour ce faire, l’UE aura probablement besoin d’informations provenant de pays de transit clés, comme la Turquie. Et Ankara n’est pas intéressée.
« L’UE peut décider ou non d’interdire totalement les importations de gaz russe. Mais la Turquie estime que des sanctions unilatérales risquent de perturber les économies et d’accroître les inquiétudes en matière de sécurité énergétique pour tous ». C’est ce qu’a déclaré le ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué. « La République de Turquie n’applique que les sanctions approuvées par le Conseil de sécurité des Nations unies », a-t-il précisé.
Cette réticence, avertissent les experts, pourrait ouvrir une brèche qui permettrait au gaz russe de continuer à affluer dans l’Union européenne sans être détecté bien après la date limite.
« La réticence de la Turquie à se conformer aux dispositions de surveillance de l’UE pourrait créer des défis pour la mise en œuvre efficace du règlement proposé. En particulier compte tenu du rôle croissant de la Turquie en tant que transit et plaque tournante potentielle pour le gaz russe ». Ainsi estime Ville Niinistö, député européen vert et ancien ministre finlandais de l’Environnement, qui dirige les travaux du Parlement européen sur le projet de loi.
Plus de trois ans après le début de la guerre en Ukraine, l’UE tente toujours de se sevrer complètement de l’énergie de Moscou et de couper une source de revenus essentielle pour le Kremlin.
Par ailleurs, l’UE a réussi à réduire ses importations de gaz d’environ deux tiers depuis 2022. Cependant, elle a continué à acheter des quantités importantes de GNL à Moscou, parallèlement à des approvisionnements limités par gazoduc.
En juin, Bruxelles a présenté une proposition de loi visant à lutter contre ces importations par une interdiction progressive et générale. Et ce, en commençant par les contrats à court terme cette année et en supprimant progressivement les accords à plus long terme en 2027.
Pour y parvenir, la Commission européenne, l’organe exécutif de l’UE, souhaite mieux contrôler les importations d’énergie en exigeant des entreprises important du gaz russe qu’elles fournissent « toutes les informations pertinentes » nécessaires à l’évaluation de l’origine du combustible, y compris les contrats d’approvisionnement. Les capitales et le Parlement européen négocient actuellement la législation.
En réalité, il est extrêmement difficile pour l’UE de retracer l’origine des flux. Car il n’existe aucun moyen d’en vérifier la provenance. En outre, les contrats d’approvisionnement sont confidentiels et le carburant passe souvent par de multiples intermédiaires avant d’atteindre sa destination.
De plus, les règles proposées n’imposeraient aucune obligation juridique à la Turquie, qui n’est pas membre de l’UE. Cependant, comme les contrats n’indiquent pas toujours clairement la provenance du combustible, les entreprises européennes pourraient devoir demander des informations complémentaires à leurs homologues turques si elles souhaitent continuer à importer du gaz.
En vertu de l’accord signé en 2023, la société énergétique bulgare Bulgargaz peut commander des cargaisons de gaz naturel liquéfié (GNL) dans les terminaux turcs. Lesquelles sont ensuite livrées à la société publique turque Botaş avant d’être renvoyées à Bulgargaz à la frontière de l’UE.
Le problème est que « nous ne savons pas si ce gaz livré à la Bulgarie est le même » que celui qui arrive aux terminaux turcs. Ce qui signifie que l’UE ne peut pas être sûre qu’il n’a pas été « mélangé » avec d’autres approvisionnements entre-temps. Et compte tenu du prix relativement réduit du gaz naturel de Moscou, il existe un « risque élevé » qu’une grande partie de ce gaz soit russe. De même qu’un risque similaire s’applique à l’interconnexion Kipi entre la Grèce et la Turquie.
A noter qu’en 2024 l’UE a importé 1,9 milliard de mètres cubes de gaz via les deux voies, selon les données de la plateforme ENTSO-G. Un chiffre qui pourrait atteindre 5,4 milliards de mètres cubes. Bien que ce chiffre soit dérisoire par rapport aux 150 milliards de mètres cubes que la Russie a exportés vers l’UE, il représente tout de même un cinquième des importations totales du bloc via les gazoducs en provenance de Moscou l’année dernière.
L’Union européenne a perçu 25,9% des recettes mondiales du tourisme international en 2023, selon des données publiées, lundi, par Eurostat, l’office statistique de l’UE.
Sur ces recettes, le tourisme intra-UE représente 15,2%, tandis que 10,7% provenaient des touristes hors Union européenne, précise l’organe européenne, qui a combiné les chiffres clés disponibles des 27 États membres et de sources internationales.
Par État membre, l’Espagne, la France, l’Italie, l’Allemagne, le Portugal, l’Autriche, la Grèce, les Pays-Bas, la Croatie et la Pologne se classent parmi les pays enregistrant au moins 1% des recettes mondiales du tourisme international.
D’après Eurostat, en 2023, 18 pays hors UE ont perçu au moins 1% des recettes mondiales du tourisme international. Les États-Unis ont enregistré une part de 12,3%, bien supérieure à celle des autres pays hors UE. Le Royaume-Uni occupait la deuxième place (4,8 %).
Le secteur européen du tourisme, composé des prestataires traditionnels de voyages et de services touristiques, englobe 2,3 millions d’entreprises, essentiellement des petites et moyennes entreprises (PME), et emploie quelque 12,3 millions de personnes, selon la Commission européenne.
Le tourisme, qui représente 10% du PIB de l’Union, est considéré comme un moteur économique ‘’essentiel’’, qui a une incidence significative sur la croissance, l’emploi et le développement social.
Le directeur général de l’Office national du tourisme (ONTT), Mehdi Haloui, a fait savoir qu’au 20 juillet 2025, la Tunisie avait accueilli 5 279 768 touristes, enregistrant une hausse de 19,8% par rapport à l’année 2024 et une augmentation de 16,2% par rapport à l’année de référence 2019.
Les nuitées ont également connu, à la même date, une progression de 7,1%, atteignant le chiffre de 12 362 062. Idem pour les revenus touristiques qui ont atteint 3 899,1 millions de dinars (MDT), soit une hausse de 8,2% par rapport à 2024, a-t-il ajouté, lors d’une conférence de presse tenue ce vendredi 1er août 2025.
Le taux d’occupation jusqu’au 20 juillet s’est établi à 35,3%, très faible certes, mais en hausse de 2,1% par rapport à 2024.
Le marché européen a connu une croissance de 10,7 %, avec 1 592 816 visiteurs en provenance des pays de l’Union européenne (UE).
Quant aux pays voisins, ils ont enregistré une hausse de 9,8%, avec 2 748 687 touristes, dont 1 246 000 Libyens et 1 459 000 Algériens.
Enfin, le nombre de Tunisiens résidant à l’étranger ayant visité la Tunisie a augmenté de 7,5 %, atteignant 805 361 visiteurs.
«L’initiative urgente à prendre est la reconnaissance nationale immédiate de l’État de Palestine» est l’intitulé de de l’appel lancé par 35 anciens ambassadeurs italiens dans une lettre ouverte adressée à la Première ministre Giorgia Meloni, publiée dimanche 27 juillet 2025. (Ph. Meloni n’est pas seulement insensible aux souffrances des Palestiniens – son fond raciste y est pour beaucoup -. Elle est aussi une pro-israélienne notoire).
Latif Belhedi
Les signataires, – dont Pasquale Ferrara, Pasquale Quito Terracciano, Ferdinando Nelli Feroci, Stefano Stefanini, Rocco Cangelosi et Vincenzo De Luca – demandent de «suspendre toute relation et coopération» avec Israël dans les secteurs militaire et de la défense; de «soutenir au sein de l’Union européenne (UE) toute initiative impliquant des sanctions individuelles» ; et de «se joindre au consensus européen» pour la suspension temporaire de l’accord Israël-UE.
«L’horreur perpétrée dans la bande de Gaza par Israël contre la grande majorité des civils sans défense» pousse les ambassadeurs à abandonner le langage prudent de la diplomatie, le langage secret réservé aux initiés. Et à prendre une initiative aussi inhabituelle que pertinente par son contenu et son timing.
L’ambiguïté n’est plus possible
Cette voix s’élève haut et fort dans le débat politique divisé depuis des jours – majorité d’un côté, aux côtés de la Première ministre Giorgia Meloni dont la position sur cette question est presque calquée sur celle du président américain Donald Trump, opposition de l’autre – sur la reconnaissance ou non, au moins, de l’État de Palestine.
L’appel compte d’ailleurs parmi ses signataires des personnalités qui ont occupé pendant des années des postes institutionnels de premier plan : au sein de l’UE, au Palazzo Chigi, présidence du Conseil des ministres, à l’Otan et au Quirinal, la présidence de la république, ainsi que, bien sûr, dans les plus hautes fonctions diplomatiques. «Il y a des moments dans l’histoire où l’ambiguïté ou le juste milieu ne sont plus possibles», avertissent-ils. Et d’ajouter : «Et ce moment est venu pour Gaza».
Les anciens ambassadeurs ont dénoncé «les violations flagrantes des droits de l’homme et de la dignité humaine» et «les crimes contre l’humanité, les crimes de guerre et le mépris constant du droit international et du droit humanitaire, dont le gouvernement israélien, comme tous les gouvernements, doit répondre.» Face à tout cela, «les déclarations, aussi nécessaires soient-elles, ne sont plus utiles», mais «des gestes politiques et diplomatiques concrets et efficaces».
Silence radio de Giorgia Meloni
Cet appel a été accueilli par un silence généralisé de la majorité, tandis que les partisans de Meloni ont souligné que la Première ministre avait «toujours» soutenu la solution «deux peuples, deux États», mais que reconnaître la Palestine aujourd’hui, comme elle l’a elle-même déclaré, ne constituerait pas une décision décisive. L’opposition, cependant, applaudit et retrouve une nouvelle énergie : «Nos diplomates sont un beau témoignage de dignité et de véritable patriotisme», déclare Giuseppe Conte, tandis que ses chefs de groupe aux commissions des affaires étrangères de la Chambre des députés et du Sénat, Francesco Silvestri et Bruno Marton, soulignent comment «ces ambassadeurs enseignent à Meloni ce que signifie représenter l’État avec honneur et dignité».
«Si Meloni ne nous écoute pas, qu’au moins il les écoute», a exhorté le secrétaire de +Europa, Riccardo Magi, soulignant que «reconnaître l’État de Palestine ne légitimerait pas le Hamas». Nicola Fratoianni, chef du parti Si, a qualifié cette décision de «leçon de dignité» pour le gouvernement, donnée par «une figure emblématique de notre histoire diplomatique».
Quand est-ce le bon moment ?
Lorsque le Premier ministre a déclaré que l’État palestinien n’était «pas le bon moment», il a répondu : «Quand est-ce le bon moment pour le reconnaître ? Quand il n’y aura plus de Palestiniens vivants ?» Ce sont des concepts qu’Elly Schlein elle-même met en avant depuis longtemps : «Il n’est pas trop tôt, comme le dit Meloni ; après cela, il sera trop tard, et il risque de ne plus rien rester à reconnaître.» De plus, le secrétaire du Parti démocrate estime que «cet acte constituerait une contribution concrète au processus de paix au Moyen-Orient». «Il y a des moments dans l’histoire où l’ambiguïté se mue en complicité. Et à Gaza, ce moment est arrivé», ajoute Angelo Bonelli, député AVS et co-porte-parole d’Europa Verde. Et si le gouvernement «continue de refuser de reconnaître l’État de Palestine», il fait «un choix de lâcheté politique et de subordination morale».
«Deux enfants sont morts et une personne est portée disparue après le naufrage d’un navire marchand lundi lors d’une opération [de sauvetage de migrants illégaux] dans la zone SAR tunisienne», a déclaré Sea Watch, une organisation humanitaire ayant son siège à Berlin (Allemagne) et qui exerce une activité de recherche et de sauvetage de personnes en mer Méditerranée, au moyen de navires dont elle est propriétaire et exploitante.
«Nous avons vu le bateau en détresse avec 90 personnes à bord, en mer depuis trois jours.Nous avons appelé à l’aide. Frontex est arrivée six heures plus tard, a repéré le navire et est partie. Les autorités italiennes font tout leur possible pour les empêcher d’atteindre l’Italie. Il existe un risque que les garde-côtes libyens les emmènent en Libye. Notre navire, l’Aurora, aurait pu intervenir, mais il est bloqué par les autorités italiennes à Lampedusa pour des raisons infondées», rapporte l’ONG, dans un communiqué publié mardi rapporté par l’agence italienne Ansa.
L’UE laisse les gens se noyer à ses frontières
«Hier matin [lundi,Ndlr], les personnes étaient encore abandonnées à leur sort en mer. Les navires de sauvetage européens auraient pu les atteindre en environ trois heures, mais ils ont choisi de ne pas intervenir», a poursuivi Sea Watch. Et d’enchaîner : «Lorsque le navire marchand Port Fukuka, situé à proximité, a tenté de les secourir, il a chaviré. Toutes les personnes à bord sont tombées à la mer. Une fois secourus, deux enfants étaient morts et une personne était portée disparue. Aujourd’hui, les personnes sont toujours à bord du navire marchand. Le danger est imminent que les soi-disant garde-côtes libyens les kidnappent et les emmènent en Libye : vers la torture et la mort. C’est inacceptable. Notre navire de sauvetage rapide Aurora aurait pu intervenir pour secourir ces personnes. Il n’est qu’à quatre heures et demie de route, mais il est retenu par les autorités italiennes dans le port de Lampedusa pour des raisons infondées.»
Pour Sea Watch, «ce ‘‘spectacle’’ honteux n’est pas encore terminé, mais les autorités italiennes et européennes n’ont pas réagi. Ce système fait ce pour quoi il a été conçu : laisser des gens se noyer aux frontières de l’Europe. Silencieusement, systématiquement.»
Donald Trump n’a jamais tenu en grande estime l’Union européenne (UE) et a toujours voulu prendre le dessus dans sa relation avec elle. L’accord acté entre les États-Unis et l’UE le week-end dernier en Écosse symbolise la capitulation des 27 face à l’Oncle Sam cependant les signes de faiblesse sont là depuis des mois. Certains États ont souhaité une attitude plus ferme et plus virile vis-à-vis de l’administration américaine mais d’autres qui privilégient la servilité à l’égard Washington ont poussé vers la capitulation. C’est plutôt la désunion européenne ! À chaque fois que les Européens avancent en rang dispersé, ils perdent la partie.
Imed Bahri
Le Financial Times qui a consacré une enquête au sujet estime que l’UE a entamé son chemin vers la capitulation le 10 avril 2025 en réagissant mollement à la guerre commerciale «vicieuse» que lui a lancée par le président américain.
Les droits de douane massifs imposés par Trump à la plupart des pays du monde au début du mois d’avril, à l’occasion de ce qu’il avait baptisé «Jour de la Liberté», ont semé la pagaille sur les marchés financiers et les investisseurs ont fui les actifs américains par crainte d’une récession. Face à l’intensification des ventes de ces actifs, Trump a fait marche arrière et, le 9 avril, a réduit les droits de douane à 10%, les qualifiant de mesure temporaire.
Cependant, Bruxelles a également reculé. Le 10 avril, elle a suspendu ses droits de douane de rétorsion et accepté l’offre américaine de négociations avec un droit de douane de 10% sur la plupart de ses échanges ainsi que des droits de douane plus élevés sur l’acier, l’aluminium et les véhicules alors considérés comme une menace.
Divergences entre les États membres
Plutôt que de se joindre au Canada et à la Chine pour prendre des mesures de rétorsion immédiates, l’UE, entravée par les divergences entre ses États membres, a choisi de rechercher un compromis dans l’espoir d’obtenir un meilleur accord.
En vertu de l’accord-cadre conclu dimanche par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et Trump au complexe de golf de Turnberry, l’UE a été contrainte d’accepter un tarif de base américain de 15% qui couvre principalement les voitures mais pas l’acier qui serait soumis à des quotas.
Toutefois, selon le journal britannique, le soulagement des décideurs politiques d’avoir évité une guerre commerciale transatlantique immédiate a été tempéré par quelques regrets. L’UE, premier bloc commercial mondial et prétendument une puissance économique majeure, aurait-elle pu obtenir de meilleures conditions si elle n’avait pas initialement modéré ses actions?
Le FT cite un diplomate: «C’est la brute de la cour d’école (Trump, Ndlr). Nous n’avons pas uni nos forces contre lui. Ceux qui ne coopèrent pas sont pendus seuls».
George Yerkelis, ancien fonctionnaire de la Commission ayant participé aux négociations du Brexit, a déclaré que la dernière menace de l’UE d’imposer des droits de douane en représailles sur 93 milliards d’euros (108,33 milliards de dollars) de marchandises américaines est arrivée trop tard.
Yerkelis, qui travaille aujourd’hui au Centre de politique européenne, a ajouté: «Avec le recul, l’UE aurait mieux fait de réagir avec force face aux États-Unis en avril, en ripostant aux hausses de droits de douane chinoises qui ont laissé les marchés et Trump sous le choc».
Selon le journal, Trump considère l’UE comme un parasite, se nourrissant du lucratif marché américain tout en bloquant le sien par des réglementations et des normes. Le président américain a déclaré que l’UE avait été «créée pour affaiblir les États-Unis» et était «plus grossière que la Chine».
Une réponse tardive et hésitante
La réponse de l’UE au retour au pouvoir de Trump en janvier a été hésitante, gaspillant des mois de planification par une équipe dédiée de hauts responsables du commerce, dirigée par Sabine Weyand, experte du Brexit, et Thomas Burt, conseiller commercial de von der Leyen.
Cette équipe a élaboré un plan en trois points.
Le premier : une offre visant à réduire le déficit commercial de près de 200 milliards d’euros (233 milliards de dollars) en achetant davantage de gaz naturel liquéfié, d’armes et de produits agricoles.
Le second: une offre de réductions tarifaires mutuelles sur les marchandises de chaque partie.
Le troisième: si les deux parties échouent, elles prépareront des mesures de rétorsion et compteront sur la réaction du marché à une éventuelle guerre commerciale ou à une hausse de l’inflation aux États-Unis pour forcer Trump à reculer.
Trump a agi plus vite que prévu et, en mars, il avait imposé des droits de douane de 25% sur l’acier, l’aluminium et les voitures.
Lors d’une réunion à Luxembourg ce mois-là, plusieurs ministres du Commerce étaient au bord de la guerre commerciale contre les États-Unis. L’Allemagne, la France et quelques autres pays ont poussé la Commission à la consultation sur l’utilisation du nouveau «bazooka commercial», un outil anti-coercition conçu après le premier mandat de Trump pour contrer l’utilisation de la politique commerciale pour faire pression sur les gouvernements sur d’autres sujets. Cet outil permettrait à Bruxelles d’exclure les entreprises américaines des appels d’offres publics, de supprimer les protections de propriété intellectuelle et de restreindre les importations et les exportations.
Des diplomates ont déclaré, avant le dernier accord, qu’il était difficile de savoir si une majorité des États membres accepterait la menace d’utiliser cet outil anti-coercition.
Sabine Weyand a appelé les ambassadeurs de l’UE, qui se réunissaient au moins une fois par semaine pour discuter de la question, à faire preuve de patience stratégique.
Lorsque la Grande-Bretagne a conclu un accord commercial avec Washington en mai, acceptant le tarif douanier de base de 10% de Trump, ces pays ont encouragé les États membres de l’UE en quête de compromis, notamment l’Allemagne, à accepter une condition similaire.
Trump ne veut pas un accord gagnant-gagnant
Pendant des mois, la Première ministre italienne Giorgia Meloni et le chancelier allemand Friedrich Merz ont maintenu fermement l’offre initiale de l’UE d’éliminer tous les droits de douane industriels si les États-Unis faisaient de même, même si Washington a depuis longtemps exprimé clairement sa volonté de concessions unilatérales.
L’UE a envoyé son commissaire au commerce et à la sécurité économique, Maroš Šefkovich, à Washington à sept reprises pour proposer des pistes d’accord, souligner l’importance des relations transatlantiques et promouvoir le programme allemand d’indemnisation des accidents automobiles. Au total, Šefkovich a eu plus de 100 heures de discussions frustrantes avec ses homologues américains, selon le FT.
Trump a catégoriquement rejeté un accord réciproque permanent de 10% sur les droits de douane auquel sont parvenus plus tôt ce mois-ci les Européens et le représentant américain au Commerce Jamieson Greer ainsi que le secrétaire au Commerce Howard Lutnick et il a menacé au contraire de relever les droits de douane sur l’UE de 20% à 30% à compter d’août. Trump ne veut pas un accord gagnant-gagnant pour les deux parties mais seulement pour son pays.
Pendant des mois de négociations, Sefcovic a exhorté les ministres européens à la prudence. Le ministre irlandais du Commerce, Simon Harris, a été un interlocuteur fréquent, souhaitant préserver les industries pharmaceutique et bovine de son pays d’une éventuelle contre-attaque américaine, sensibilisant le monde entier, et notamment les Américains, à cette préoccupation par de fréquentes publications sur les réseaux sociaux.
Les chefs d’entreprise ont vivement appelé à la retenue, préférant accepter des marges bénéficiaires réduites plutôt que de risquer des droits de douane punitifs qui auraient un impact négatif sur leurs ventes.
L’UE a réduit une deuxième série de droits de douane imposés en représailles aux États-Unis à 72 milliards d’euros (83,86 milliards de dollars) avant d’accepter finalement, le 24 juillet, de les utiliser en cas d’échec des négociations, portant le total à 93 milliards d’euros (108,33 milliards de dollars).
Des mois d’incertitude quant à l’orientation des négociations ont révélé des divisions au sein même de la Commission. Malgré les tentatives du gouvernement français de protéger les entreprises françaises contre les représailles, celui-ci a appelé à plusieurs reprises la Commission à une approche plus ferme face aux droits de douane imposés par Trump. Finalement, l’UE a capitulé et les États-Unis ont remporté la partie.