La chambre criminelle spécialisée dans les affaires de corruption financière du tribunal de première instance de Tunis a condamné par contumace à 20 ans de prison avec exécution immédiate à l’encontre de Leila Trabelsi et Mohamed Sakher El Matri, avec des amendes de plusieurs millions de dinars.
La veuve et l’ex-genre de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali, ont été condamnés pour des accusations liées à l’exploitation par un fonctionnaire public de sa qualité pour obtenir un avantage indu pour lui-même ou pour autrui et pour préjudice à l’administration.
Le dossier de l’affaire concerne un marché public attribué à Leila Trabelsi et Mohamed Sakher El Matri sans respecter les procédures légales en vigueur.
C’est le énième procès et à la énième condamnation des deux prévenus pour des accusations similaires. Ils sont en fuite hors du pays depuis le 14 janvier 2011, la première est réfugiée en Arabie saoudite, et le second, aux dernières nouvelles, aux Seychelles.
Le long de la rive sud du canal qui divise la ville tunisienne de Bizerte en deux parties, une grue imposante s’affaire à décharger des conteneurs. À proximité, des cabines de chantier ont été installées en prévision de la construction d’un nouveau pont sur le canal.
Le projet du nouveau pont de Bizerte a démarré en mars après que le ministère tunisien de l’Equipement et de l’Habitat a signé un contrat avec le groupe chinois Sichuan Road and Bridge Group (SRBG).
Le pont de 2,1 km, devrait coûter au total 250 millions d’euros, grâce à un montage financier d’un montant de 123 millions d’euros accordés par la Banque européenne d’investissement (BEI) et 122 millions d’euros par la Banque africaine de développement (BAD).
Ce nouveau pont en construction, le deuxième sur le canal et le plus grand de Tunisie après son achèvement, a redonné espoir aux habitants locaux qui étaient gênés par les désagréments des déplacements quotidiens.
«Nous souffrons depuis des années d’embouteillages entre les deux rives du canal, mais maintenant le nouveau pont nous redonne espoir», a déclaré Mohamed Haffoudhi, un jeune diplômé qui travaille à Bizerte, à l’agence chinoise de presse Xinhua.
Le pont mobile actuel qui traverse le canal a été construit en 1980. Il est fermé à la circulation routière tous les jours, car il doit soulever le tablier du pont pour permettre le passage des bateaux.
Professionnalisme et rigueur des ingénieurs chinois
Aux heures de pointe ou pendant la saison touristique, les véhicules qui doivent traverser le pont doivent faire de longues files d’attente. Pour gagner du temps, de nombreux habitants doivent faire un détour de 60 km pour atteindre l’autre côté du canal. Ils attendent avec impatience un nouveau pont qui allégera leurs difficultés de circulation quotidiennes.
Avoir le temps de voir la progression du projet, c’est comme «voir une plante pousser hors du sol», a déclaré Haffoudhi, ajoutant : «Les gens sont heureux de la voir pousser» et sont impressionnés par «le professionnalisme et la rigueur des ingénieurs chinois».
«Il s’agit d’un projet important pour le peuple tunisien et d’un témoignage de l’amitié entre la Tunisie et la Chine», a déclaré à Xinhua Mohamed-Wassim Jaouani, ingénieur tunisien de la SRBG.
Jaouani a déclaré que le nouveau pont améliorera non seulement les conditions de circulation locale, mais intégrera également l’ensemble du nord de la Tunisie dans le réseau routier national, optimisant ainsi davantage l’efficacité routière.
Avec plus de 20 ouvriers chinois et plus de 80 autres tunisiens, la construction progresse comme prévu depuis neuf mois malgré l’été torride et l’hiver pluvieux actuel, a déclaré Yu Yeqiang, directeur général du projet de la SRBG.
Jusqu’à présent, les deux côtés du canal de Bizerte sont en cours de nivellement et quatre équipes ont été dépêchées pour effectuer des études géologiques, ériger des murs de clôture, construire des cabanes pour les ouvriers et renforcer la route, a déclaré Yu. «Nous restons en contact avec la partie tunisienne concernant le projet. Ils sont satisfaits des progrès actuels», a- t-il ajouté.
La construction du pont sera achevée en trois ans
Selon Yu, le projet a adopté des techniques de pointe, notamment le coulage de fondations de pieux de pont d’un diamètre de 2,5 mètres et la construction d’un pont à poutres en acier d’une portée principale de 292,5 mètres.
La SRBG est confiante dans la possibilité d’achever la construction du pont en trois ans, a déclaré Yu, notant que le projet introduira non seulement des technologies avancées de construction de ponts dans le pays, mais contribuera également à forger des liens plus étroits entre les peuples des deux pays.
L’alfa ou sparte (Stipa tenacissima) est un symbole de résilience environnementale et d’économie durable dans le paysage tunisien. C’est une richesse menacée par les défis climatiques, qui requiert des stratégies de conservation.
Cette plante herbacée, originaire des régions arides et semi-arides, joue un rôle crucial dans la lutte contre la désertification et représente une ressource socio-économique fondamentale pour des milliers de familles dans les régions les plus pauvres de la Tunisie.
Ces dernières années, l’exploitation et la conservation de l’alfa sont menacées par les défis climatiques et les répercussions socio-économiques sont inévitables.
La cueillette fait vivre 6 000 familles
La Tunisie, avec ses 700 000 hectares de steppes d’alfa, concentre la production de cette plante dans quatre gouvernorats : Kasserine, Sidi Bouzid, Gafsa et Kairouan et chaque année, environ 6 000 familles se consacrent à la récolte de cette plante pendant une saison réglementée également par les autorités compétentes, qui s’étend de septembre à janvier.
La Société nationale de cellulose et de papier alfa (SNCPA) achète chaque année 40 000 tonnes et les transforme en papier de haute qualité. Cette industrie représente une source d’emploi importante et contribue à préserver une tradition ancienne.
Outre l’industrie du papier, l’alfa est utilisé depuis longtemps dans l’artisanat et l’agriculture. Traditionnellement, la plante était utilisée pour fabriquer des outils ménagers et industriels, tels que des cordes, des paniers, des nattes et des presses.
Cependant, l’avènement des fibres synthétiques a progressivement réduit l’importance de l’artisanat sparte, limitant son utilisation à l’industrie papetière.
Barrière naturelle contre l’érosion
D’un point de vue environnemental, l’alfa constitue une barrière naturelle contre l’érosion des sols et la désertification. La plante favorise la biodiversité locale, hébergeant un riche écosystème d’animaux et de plantes.
Cependant, la sécheresse, le surpâturage et l’urbanisation provoquent une réduction progressive des superficies cultivées. Les surfaces de production diminuent chaque année, compromettant une ressource fondamentale pour la durabilité environnementale.
Pour assurer la régénération des couches alfa, des stratégies de conservation sont nécessaires. Il s’agit notamment de la restauration des zones dégradées, de l’adoption de techniques agricoles modernes et de l’implication des communautés locales. Planter de nouveaux plants et utiliser des hydrogels pour améliorer la survie dans les zones arides sont quelques-unes des solutions proposées.
Dans le même temps, la renaissance de l’artisanat sparte pourrait contribuer à la diversification économique des régions les plus pauvres, en encourageant l’utilisation de produits naturels et éco-responsables. Cette approche soutient non seulement les traditions locales, mais répond également à la demande mondiale croissante de matériaux durables.
Une ressource stratégique
L’alfa représente une ressource stratégique pour la Tunisie, alliant valeur économique, sociale et environnementale. Cependant, sa préservation nécessite une gestion durable et un engagement concerté entre le gouvernement, les communautés locales et l’industrie.
Raviver l’intérêt pour cette plante extraordinaire, estime l’expert Ridha Bergaoui, pourrait non seulement protéger l’écosystème tunisien, mais aussi créer de nouvelles opportunités économiques pour les zones les plus vulnérables.
Dans un contexte mondial de changement climatique, l’alfa apparaît comme un symbole d’adaptation et de durabilité, digne d’une attention renouvelée.
‘Sulla terra leggeri’’ de la réalisatrice italo-tunisienne Sara Fgaier a été bien accueilli lors de sa projection à la 35e édition des Journées cinématographiques de Carthage, qui se sont achevées par la proclamation du palmarès samedi 21 décembre 2024.
Projeté dans la section Diaspora, cette co-production de Limen, Avventurosa, Dugong Films avec Rai Cinema et le soutien de MiC, ‘‘Sulla terra leggeri’’ est un film sur la perte et la tentative parfois désespérée de retrouver ce qui a été perdu : un souvenir, un amour, mais aussi une époque de le passé.
Gian, professeur d’ethnomusicologie de 65 ans, lutte contre l’obscurité provoquée par une amnésie soudaine.
Hanté par des fragments du passé, qui surgissent dans son esprit avec l’aspect granuleux d’images d’archives lointaines, il reçoit de sa fille Miriam, traitée comme une étrangère, un journal qu’il a écrit à vingt ans.
Gian se rend compte que tout tourne autour de Leila, la franco-tunisienne avec qui il a découvert l’amour en l’espace d’une nuit sur une plage italienne, se liant à elle par une promesse d’avenir mille fois attendue, mille fois inassouvie. Qui est cette femme qui a eu une telle importance dans sa vie? Où est-elle maintenant? Comment avait-il pu l’oublier?
L’enquête réveille sa mémoire, le fait revenir à la scène première du film, celle d’un deuil célébré entre notes orientales de thés parfumés et bonbons en forme de fleurs.
À travers son passé et grâce à son profond amour pour les femmes, Gian a la force de se redécouvrir en tant que père et de s’accepter comme veuf, face à l’épreuve la plus difficile : accepter d’avoir perdu quelqu’un et apprendre à le retrouver.
«La recherche du protagoniste est une lutte avec les souvenirs pour tenter de sauver de l’oubli l’armée de qui nous sommes et de qui nous avons été. Il ne s’agit pas de reconstruire le passé mais de le découvrir, en s’efforçant d’être à la hauteur de la plus grande épreuve difficile : perdre quelqu’un et apprendre à le retrouver», a déclaré Fgaier à l’agence italienne Ansa.
Sara Fgaier est diplômée d’histoire et de critique du cinéma, de l’Université de Bologne (Italie). Pendant un an, elle a travaillé à New York, sous la tutelle de Walter Murch.
Elle a réalisé le court métrage ‘‘L’Approdo’’ (2013), le moyen-métrage ‘‘Arturo’’ (2014) et ‘‘L’umile Italia’’, selectionné à la Mostra de Venise (2014) qu’elle a coréalisé avec Pietro Marcello.
Elle a fondé Avventurosa, une société de production de film indépendante, avec Pietro Marcello avec qui elle a travaillé pendant plus de 10 ans. Et a été documentaliste, première assistante-réalisateur et monteuse sur plusieurs films italiens à succès.
‘‘Sulla terra leggeri’’ (2024) est son premier long-métrage présenté en compétition au Festival de Locarno.
Chaque responsable du gouvernement doit «se méfier de l’ancien système qui tente de reprendre son souffle» a averti Kaïs Saïed, lors de sa rencontre, lundi 23 décembre 2024, au Palais de Carthage, le chef du gouvernement Kamel Madouri.
Le président de la république, on le sait, mène une «guerre de libération nationale» contre ce qu’il considère comme les tenants du vieux monde avec lequel il a rompu en proclamant l’état d’exception, le 25 juillet 2021, en promulguant une nouvelle constitution en 2022 et en instaurant, ce faisant, un nouveau régime plus à l’écoute des catégories déshéritées de la population. C’est ainsi, en tout cas, qu’il voit le processus politique qu’il mène de main de fer depuis quatre ans.
Fervent défenseur du rôle social de l’Etat, Saïed n’a de cesse de rompre avec les élites intellectuelles et économiques, plus libérales que sociales, qui ont longtemps tourné le dos au peuple et défendu les intérêts des lobbys d’intérêt. Et ce sont ces lobbys, adossés à une administration publique souvent complice, qui, selon lui, font obstacle à la guerre qu’il affirme mener contre les réseaux de corruption.
«Chaque responsable doit se sentir dans une course contre la montre, dans une nouvelle étape de l’histoire de la Tunisie, afin de créer une histoire nouvelle pour le pays, fondée sur la satisfaction des revendications du peuple», a expliqué Saïed, selon un communiqué de la présidence de la république, s’affirmant ainsi comme l’initiateur de cette «histoire nouvelle».
Dans ce contexte, Saïed a donné des instructions pour que «les législations répondent aux attentes des citoyens à tous les niveaux.»«La priorité doit être accordée aux législations à dimension sociale, basées sur une nouvelle approche, non seulement en termes de contenus, mais également au niveau des concepts utilisés», a-t-il encore plaidé.
Il reste donc au Premier ministre, qui a fait toute sa carrière au ministère des Affaires sociales et qui est familiarisé avec ces législations, de mettre en musique les partitions présidentielles.
Pour Kaïs Saïed, la diplomatie n’est pas la recherche du dénominateur commun permettant d’établir un dialogue ou renforcer des liens avec des Etats tiers, mais l’affirmation de principes intangibles en-deçà desquels il n’y a pas de négociation possible.
Parmi ces principes, le président de la république a cité, lors de sa rencontre, lundi 23 décembre 2024, au Palais de Carthage, le ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, Mohamed Ali Nafti, «la recherche de l’intérêt commun dans le cadre du respect mutuel et de la souveraineté nationale».
La diversification des relations de coopération et de partenariat au double plan bilatéral et multilatéral s’inscrit donc nécessairement, selon lui, dans cette vision d’une diplomatie tunisienne à la fois indépendante, souveraine et ouverte aux mutations rapides que connaît le monde d’aujourd’hui, mais sans céder sur les principes d’équité et de justice, fondements de toute paix possible.
Le second principe intangible sur lequel se fonde désormais la politique étrangère tunisienne, c’est le droit des peuples de disposer d’eux-mêmes. Et dans ce contexte, le président Saïed a réaffirmé, hier, «l’engagement de la Tunisie à défendre les causes de la vérité et de la justice dans le monde, dont notamment le droit du peuple palestinien à un Etat indépendant sur l’ensemble du territoire de la Palestine historique avec pour capitale la ville sainte d’Al-Qods.»
Par conséquent, pas de normalisation des relations diplomatiques avec Israël ni de négociation de paix séparée avec l’Etat hébreu, comme l’ont déjà fait plusieurs Etats arabes, tant qu’un Etat indépendant n’a pas été instauré «sur l’ensemble du territoire de la Palestine historique».
La Tunisie remet donc ainsi en question l’«initiative de paix arabe» issue du sommet arabe de Beyrouth, en 2002, auquel elle avait alors souscrit. Ce plan de paix, désormais obsolète et enterré par Israël, proposait à l’Etat hébreu une paix globale et une normalisation des relations avec les pays arabes en échange du retrait des territoires occupés depuis 1967, à savoir la Cisjordanie, la bande de Gaza et le Golan syrien, de la création d’un État palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale et d’une solution au problème des réfugiés palestiniens.
Sur un autre plan, Saïed a appelé à bien se préparer aux prochains défis bilatéraux, régionaux et internationaux afin que la diplomatie tunisienne assume comme il se doit son rôle-clé dans la défense des intérêts de la Tunisie et conforte sa contribution à l’instauration de la sécurité, de la stabilité et du développement dans le monde, a indiqué un communiqué de la présidence de la république, ajoutant que le chef de l’Etat a réitéré son appel à l’instauration d’un «nouvel ordre humanitaire» plus progressiste que l’ordre international actuel, sans donner plus de précision sur les conditions, les exigences et les éventuels acteurs d’un tel ordre. Et si la Tunisie va faire des propositions concrètes à cet effet.
Le projet Qawafel, financé par l’Agence française de développement (AFD) et mis en œuvre par Expertise France, sous l’égide du ministère de l’Économie et de la Planification (MEP), a tenu le 18 décembre 2024 la deuxième édition de son événement phare le Qawafel Gathering pour amorcer les discussions sur les mécanismes et outils de soutien à l’internationalisation des entreprises tunisiennes à l’échelle du continent.
Cette rencontre a rassemblé des experts, des entrepreneurs et des représentants d’institutions, publiques et privées, pour analyser les obstacles, dévoiler des opportunités stratégiques et partager des recommandations clés.
Outils de soutien pour l’internationalisation
Parmi les dispositifs présentés, le Fonds de promotion des exportations (Foprodex) s’est imposé comme un levier essentiel pour accompagner les entreprises tunisiennes dans leur développement international.
Ce fonds soutient les entreprises pour leur permettre de réaliser des missions de prospection, de participer à des salons internationaux et de développer leur réseau commercial.
Les subventions offertes couvrent jusqu’à 60% des frais de prospection pour les marchés d’Afrique subsaharienne, reflétant une stratégie visant à encourager les exportations vers cette région prometteuse. Cependant, des améliorations ont été suggérées lors des discussions. Les participants ont notamment insisté sur la nécessité de rendre ce mécanisme plus accessible et adapté aux besoins des startups, qui souvent n’ont pas les ressources nécessaires pour naviguer dans des procédures complexes.
Ils ont également appelé à une simplification et à une clarification des critères d’éligibilité, ainsi qu’à une meilleure communication pour sensibiliser davantage les entreprises à ce dispositif. Ces ajustements viseraient à maximiser l’impact du Foprodex et à renforcer son rôle en tant que catalyseur de la présence tunisienne sur les marchés africains.
Le tremplin des accords commerciaux
La Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) a été mise en avant comme une opportunité majeure pour accélérer les échanges commerciaux et renforcer l’intégration économique sur le continent.
Depuis sa ratification par la Tunisie, cet accord a permis d’harmoniser les règles tarifaires et d’offrir un cadre favorable aux exportations tunisiennes. Il représente une passerelle essentielle pour les entreprises souhaitant s’imposer sur des marchés stratégiques africains.
Cependant, les participants ont signalé plusieurs défis persistants, notamment la présence de barrières non tarifaires et l’obtention de certifications internationales indispensables pour répondre aux normes du marché. Ces contraintes exigent un soutien renforcé pour aider les entreprises à se conformer à ces exigences et à exploiter pleinement les avantages de la Zlecaf.
L’enjeu de l’accès à l’information
L’accès à une information pertinente et actualisée sur les marchés et les procédures d’exportation constitue un défi majeur pour les entreprises tunisiennes. Pour y remédier, des plateformes comme Africa Trade Agreements centralisent les données essentielles, tandis que des outils comme Trademap et ITC sont encouragés pour une meilleure analyse des opportunités.
Amal Mghirbi, Team Leader du programme d’appui aux accords commerciaux avec l’Afrique à la GIZ, a également annoncé la tenue, dans le cadre d’un partenariat avec le ministère du Commerce et du développement des exportations, de formations spécifiques à partir de fin 2024, visant à accompagner les entreprises dans leur compréhension des accords commerciaux.
Témoignages d’entrepreneurs
Béchir Benbrika, Ceo de SmartFarm, a partagé l’expérience de son entreprise dans le secteur de l’Agritech. Grâce au programme Agritech Tunisia, porté par Stecia Internationale, SmartFarm a pu s’implanter sur des marchés comme le Sénégal et la Côte d’Ivoire, en bénéficiant d’un accompagnement déterminant pour limiter les risques financiers et réussir ses premières opérations à l’international. Ce témoignage met en lumière le rôle crucial des programmes structurés pour soutenir les startups tunisiennes.
Pour un écosystème d’exportation renforcé
De cette rencontre, plusieurs recommandations majeures ont émergé, notamment :
– la professionnalisation des entreprises et des structures d’accompagnement : Intégrer les aspects réglementaires dès la structuration des projets et renforcer les compétences des acteurs économiques;
– l’amélioration des mécanismes de financement : Simplifier les procédures, clarifier les critères d’éligibilité et renforcer la collaboration avec les banques pour faciliter l’accès aux fonds;
– la valorisation des certifications internationales par la sensibilisation des entreprises à l’importance des normes et certifications pour pénétrer de nouveaux marchés;
– l’exploitation des opportunités offertes par la Zlecaf en encourageant les entreprises à profiter des réductions tarifaires et des nouveaux réseaux commerciaux créés par cet accord.
Un élan prometteur pour l’avenir
Cette édition du Qawafel Gathering a permis de réaffirmer l’engagement des acteurs économiques tunisiens à exploiter les opportunités qu’offre le continent africain.
Grâce à des discussions constructives, des solutions concrètes ont été identifiées pour renforcer l’écosystème de l’export, améliorer l’accès à l’information et au financement, et encourager une approche plus structurée de l’internationalisation. L’Afrique, véritable marché d’avenir, offre aux entreprises tunisiennes des opportunités à saisir avec ambition et préparation.
Les enfants de Gaza vivent l’enfer depuis le 7 octobre 2023. Beaucoup sont morts, beaucoup sont amputés, beaucoup sont orphelins et tous souffrent de faim mais également de graves troubles psychologiques qui risquent de les traumatiser à vie. Le génocide que perpètre Israël à Gaza n’a pas uniquement broyé des vies humaines mais il a aussi détruit psychologiquement les Gazaouis et en premier lieu desquels les enfants.
Imed Bahri
«Les enfants de Gaza souffrent de nombreux symptômes qui indiquent des troubles psychologiques tels que le fait de s’accrocher à leurs parents et de refuser de rester loin d’eux, une anxiété et une peur intenses et une miction involontaire. Ils refusent également de participer à des activités, ne peuvent pas dormir et ont des difficultés à manger.»
C’est par ces mots qu’a commencé un article du journal britannique The Guardian, qui explique les effets psychologiques de la guerre sur les enfants de la bande de Gaza, en s’appuyant sur ce que rapportaient les travailleurs de la fondation caritative War Child qui travaille à fournir des services pour améliorer la santé mentale et l’éducation pour 180 000 enfants dans la bande de Gaza.
Le Guardian a cité Ibrahim, un agent de protection d’urgence, disant: «Les enfants ont perdu leur capacité de parler et ne peuvent plus communiquer avec les membres de leur famille en raison d’un choc sévère. Certains d’entre eux souffrent d’une colère extrême et leur comportement est devenu défensif et agressifs et certains ont développé des troubles de la parole y compris le bégaiement.»
Selon cette enquête préparée par la journaliste Caroline Davies, les bénévoles s’occupent quotidiennement des enfants qui présentent ces symptômes lorsqu’ils travaillent dans le secteur et l’organisation caritative fournit généralement des premiers soins psychologiques d’urgence sous de nombreuses formes notamment en rassemblant les enfants dans des camps avec un entraîneur pour jouer, dessiner et chanter pour évacuer le stress et mettre en place des lieux d’enseignement temporaires et équipés quelles que soient les fournitures scolaires disponibles.
La Fondation organise également des séances destinées aux parents pour leur expliquer comment soutenir leurs enfants tandis que les enfants souffrant de traumatismes psychologiques complexes sont orientés vers des experts spécialisés.
L’organisation s’efforce également de répondre aux besoins de base autant que possible reconnaissant que «vous ne pouvez pas fournir un soutien psychologique à un enfant affamé ni une éducation à un enfant ayant froid», explique Mohamed, responsable des interventions d’urgence. L’organisation fournit des aides y compris de la nourriture, de l’eau potable, un abri, des couvertures, fournitures d’hygiène et pour les règles menstruelles.
Mohamed a parlé d’un garçon souffrant d’un choc grave et recevant des conseils individuels dans le coin d’un refuge bondé abritant 3 000 personnes: «Il ne peut communiquer que par le dessin. Il est en fait devenu muet et n’a plus la capacité de parler à cause de la terreur qui s’est abattue sur lui à cause de la guerre. Il n’a que six ans. C’est très difficile pour quiconque d’imaginer cela.»
Le Guardian indique que des enfants avaient perdu leur père et leur mère à la suite des bombardements israéliens et que certains d’entre eux avaient été grièvement blessés entraînant l’amputation de leurs membres.
Selon l’Unicef, il y a aujourd’hui 17 000 enfants non accompagnés, vulnérables à d’innombrables menaces notamment à la violence physique et à l’exploitation.
Ibrahim a déclaré: «ll ne se passe pas un jour sans que je rencontre un ou deux enfants orphelins et séparés de leur famille. Récemment, nous avons trouvé trois enfants dans la rue à une heure du matin pendant la guerre alors qu’ils étaient entourés du danger. Le plus âgé d’entre eux avait 10 ans et le plus jeune était une fillette de 6 ans handicapée. La recherche de leurs familles est toujours en cours et il existe de nombreux cas similaires.»
Nidaa, une assistante technique d’urgence qui travaille quotidiennement avec des femmes et des enfants, affirme: «Sans le soutien que nous apportons – en particulier les services psychologiques pour les femmes et les enfants – beaucoup de personnes que j’ai rencontrées deviendraient vraiment folles.»
Elle a souligné que les femmes subissent le plus gros de la guerre car elles essaient parfois de s’occuper de leurs enfants et de faire face aux nécessités de la vie à d’autres moments notamment en cuisinant des aliments rares sur du bois de chauffage.
S’appuyant sur des entretiens vidéo qu’elle a menés avec des volontaires à Gaza, la journaliste du Guardian a estimé que les risques personnels encourus par les membres de l’organisation sont énormes surtout après que d’autres travailleurs d’organisations non gouvernementales ont été tués à la suite des attaques israéliennes. Les volontaires ont déclaré au journal qu’ils avaient été déplacés entre 10 et 12 fois et qu’ils avaient tous perdu au moins un être cher.
Mohamed qui souffre d’une blessure a déclaré qu’il avait perdu environ 100 parents et amis et que ses cousins, oncles et tantes étaient toujours sous les décombres un an plus tard. Son collègue Ibrahim a conclu en disant: «Ce que les gens n’apprécient pas, c’est que je me sens anxieux toute la journée car ma famille peut être bombardée à tout moment chez moi pendant que je suis au travail».
Avec ‘‘Les Passagers’’, et son dernier roman ‘‘Vita’’, Julia Brandon continue de tisser des récits où réalité et magie se rencontrent, dans une impossible quête d’un sens et d’une beauté évanescents.
Djamal Guettala
Julia Brandon, auteure marseillaise passionnée et solitaire, s’impose dans le paysage littéraire grâce à des récits où l’amour, le destin et la quête de rédemption se croisent avec une intensité rare. Ses romans, portés par une profonde réflexion sur l’humanité, se distinguent par des personnages complexes et des symboles puissants. Dans ‘‘Les Passagers’’, Tome 1, l’une de ses œuvres les plus marquantes, Nejma se révèle être une figure emblématique de l’espoir, de l’inaccessible et de l’éphémère.
Le prénom Nejma, signifiant «étoile» en arabe, est bien plus qu’un simple choix littéraire. Il constitue une clé essentielle pour comprendre l’histoire.
Nejma incarne l’espoir pour Gustave, son père, dont la vie est brisée par la perte tragique de sa fille. Comme une étoile lointaine, elle reste hors d’atteinte, mais continue de guider Gustave dans sa quête désespérée pour défier l’irréversible. «Nejma représente ce que Gustave a de plus précieux. Par sa mort, elle devient inaccessible, mais son père refuse d’abandonner», confie Julia Brandon.
Ce prénom évoque également la beauté de l’éphémère. Comme une étoile filante, Nejma illumine brièvement la vie de son père, avant de disparaître. Pour Gustave, l’obsession de ramener sa fille devient une métaphore poignante de la lutte contre l’inéluctable. À travers cette quête impossible, il s’attaque aux limites imposées par le temps et l’univers. «C’est une lutte vaine, mais c’est aussi sa seule raison de vivre. Sans Nejma, Gustave perd tout repère», explique l’auteure.
Nejma ne se limite pas à être un symbole d’espoir ou de beauté fragile. Elle incarne aussi une réflexion plus large sur les luttes humaines fondamentales : l’obsession de ce qui nous échappe, la recherche d’un sens face à l’inacceptable, et le besoin de transcender la perte. En choisissant ce prénom, Julia Brandon invite ses lecteurs à explorer leurs propres désirs de maîtriser l’évanescent, l’inaccessible et le fuyant.
Dans ‘‘Les Passagers’’, le lien entre Nejma et la quête de Gustave est le cœur même de l’intrigue. Ce récit, mêlant poésie, mysticisme et émotions universelles, illustre à merveille la capacité de Julia Brandon à donner à ses personnages une profondeur symbolique. Les noms, comme celui de Nejma, ne sont jamais arbitraires : ils enrichissent la dimension émotionnelle et thématique des histoires.
Avec ‘‘Les Passagers’’, et son dernier roman ‘‘Vita’’, Julia Brandon continue de tisser des récits où réalité et magie se rencontrent. Nejma, étoile lumineuse dans l’obscurité, reste une figure inoubliable, symbole universel d’une quête éternelle : celle de l’espoir, même lorsqu’il semble hors de portée.
Nous publions ci-dessous l’article intitulé «Intérêt de l’information et du dépistage systématique dans la prévention et la lutte contre la progression du diabète et des pathologies associées» rendant compte des résultats de la Journée portes ouvertes d’information, de sensibilisation et de dépistage de la maladie diabétique et des pathologies associées, qui s’est déroulée le 14 novembre 2024 à la maison de jeunes de Khaznadar, à Tunis. Des résultats pour le moins inquiétants…
Dr Fathi El Younsi *
Avec le changement de mode de vie, s’orientant de plus en plus vers les produits ultra-transformés, le stress quotidien et la sédentarité galopante, la maladie diabétique connaît ces dernières décennies une augmentation considérable du nombre d’individus affectés dans le monde, atteignant des valeurs impressionnantes et causant une morbi-mortalité des plus alarmantes.
On parle actuellement d’épidémie mondiale ou de pandémie diabétique.
C’est ainsi que l’on dénombre plus de 537 millions de diabétiques dans le monde en 2021, le quintuple de ce qu’ils étaient dans les années 1980, pouvant atteindre 783 millions en 2045 selon les estimations de la Fédération internationale du diabète (FID).
En Tunisie, la situation est tout aussi alarmante avec plus de 2 millions de diabétiques recensés en 2021, soit une prévalence autour de 16,3%.
Cause majeure de cécité, d’atteinte rénale conduisant à l’insuffisance rénale chronique et à l’hémodialyse (25 à 30% des malades dialysés en Tunisie sont diabétiques), d’insuffisance coronarienne et d’infarctus du myocarde, d’accidents vasculaires cérébraux, d’artérite des membres inférieurs menant à l’amputation (8 400 amputations/an en France, 1 amputation toutes les 30 secondes dans le monde), et enfin de décès avec une mortalité estimée à 6,7 millions de décès/an dans le monde, soit 1 décès chaque 5 secondes, le diabète, qualifié de «tueur silencieux», constitue un véritable fléau et une préoccupation prioritaire de santé publique nécessitant de toute urgence la mise en place d’une politique de prévention adaptée et efficace visant tous les aspects de la maladie.
C’est dans ce cadre et à l’occasion de la 34e édition de la Journée mondiale du diabète que l’Association tunisienne d’assistance, d’intégration et de soutien aux insuffisants rénaux (Ataisir) a organisé le 14 novembre 2024 à la Maison de jeunes de Khaznadar une campagne de sensibilisation, d’information et de dépistage de la maladie diabétique et de ses complications.
Matériel et méthodes
Cette journée portes-ouvertes s’est déroulée sous une tente de 50 mètres carrés permettant à une équipe composée de 7 diététiciennes et diététiciens, 5 infirmiers et 5 médecins volontaires bénévoles d’accueillir les visiteurs de 9 heures à 17 heures. Plusieurs malades insuffisants rénaux dialysés, transplantés rénaux et des parents de malades ayant participé activement à l’organisation de cet événement étaient également présents.
Un certain nombre de sites ont été préalablement établis avec un circuit bien défini emprunté par les citoyens, s’articulant autour de 2 axes fondamentaux. L’information et la sensibilisation à la maladie diabétique et à ses complications, commençant par la projection sur écran d’un film court de 6 minutes expliquant de façon très simple et en arabe dialectal la maladie diabétique, de la définition à la prévention et au traitement, en passant par la classification, les signes cliniques et les complications; les visiteurs sont par la suite orientés vers le groupe de diététiciens et nutritionnistes.
Le dépistage du diabète, des pathologies associées et des complications : après s’être inscrits, les citoyens en possession d’une fiche de collecte des données vont bénéficier d’un dépistage, d’abord de stigmates d’atteinte rénale par la recherche d’une protéinurie ou d’une hématurie à l’analyse des urines par les bandelettes réactives (Labstix), ensuite du surpoids et de l’obésité par la mesure du poids, de la taille et de la circonférence abdominale, du diabète par la mesure de la glycémie au doigt en notant l’heure du dernier repas et enfin de l’hypertension artérielle (HTA) par la prise manuelle de la pression artérielle en position assise effectuée par les médecins qui noteront les antécédents personnels et familiaux ainsi que les éventuels traitements suivis.
Résultats et analyse des données :au terme de cette, et après avoir analysé toutes les fiches et recueilli toutes les données qui y figurent, un très grand nombre de précieuses informations ont été colligées :
l’affluence des visiteurs a été absolument remarquable, atteignant 277 personnes réparties entre 122 femmes et 155 hommes;
l’âge moyen des visiteurs est de 55 ans avec des extrêmes allant de 18 ans à 84 ans, les 3/4 d’entre eux se trouvant dans la tranche d’âge comprise entre 40 et 70 ans;
environ 1 personne/5 est tabagique avec une proportion de 1 femme pour 6 hommes. 10 cas de tabagisme passif ont été relevés chez des femmes subissant le tabagisme actif du conjoint;
en se basant sur les marqueurs anthropométriques, la population sondée parait à très haut risque cardio-vasculaire : près de la moitié des visiteurs ont un poids > 80 Kgs avec des extrêmes allant jusqu’à 118 Kgs chez un homme de 46 ans et 134 Kgs chez une femme de 52 ans ; 3/4 des personnes explorées sont en surpoids (42,2%) ou obèses (28,9%) avec 2 femmes présentant une obésité morbide grade III et 1 femme atteinte d’une super-obésité ou obésité massive nécessitant vraisemblablement une prise en charge pour une chirurgie bariatrique ; plus de 80% des femmes et prés de la moitié des hommes ont une circonférence abdominale pathologique, avec tout l’impact péjoratif de la graisse abdominale et par conséquent de la graisse viscérale sur la survenue de maladies chroniques comme l’hypertension artérielle ou le diabète de type 2 et sur le risque cardio- vasculaire.
En ce qui concerne le dépistage ciblé sur l’hypertension artérielle et le diabète qui se trouvent être les principales causes de maladie rénale chronique (MRC) et de mise en dialyse : découverte de 33 nouveaux malades hypertendus;
Sur les 66 patients hypertendus connus, 1 malade/3 ne reçoit pas de traitement; le 1/3 des personnes traitées ne sont pas contrôlées (TA mal équilibrée); 1/4 des hypertendus connus ont une protéinurie; un diabète potentiel a été découvert chez 22 visiteurs;
Sur les 142 diabétiques connus : 1 diabétique/3 seulement reçoit un traitement; 2/3 des malades traités ont un diabète mal équilibré avec des glycémies au doigt post-prandiales élevés (> 1,6 g/l), atteignant pour un malade de 40 ans sous Insuline la valeur de 5,63 g/l (patient adressé aux urgences de l’hôpital Charles Nicolle);
Par ailleurs, 22 visiteurs sont à la fois hypertendus et diabétiques connus : 1/4 d’entre eux ont une hypertension artérielle mal équilibrée avec des chiffres tensionnels atteignant 170/110; la moitié ont un diabète mal équilibré avec des glycémies au doigt post-prandiales atteignant 3,78 g/l ; 1 malade/5 présente à la fois une hypertension artérielle et un diabète mal équilibrés;
Quant à l’analyse des urines : 15% des consultants ont une protéinurie dont les 3/4 sont des hommes; 4 protéinuriques/10 ont une hypertension artérielle ou un diabète connus; 1 hypertendu/3 à l’examen présente une protéinurie; 1 visiteur/5 ayant une glycémie au doigt post-prandiale pathologique (> 1,6 g/l) présente une protéinurie et ce sont tous des hommes; enfin, une hématurie microscopique est notée dans environ 1/4 des cas avec une légère prédominance féminine
Des listes nominatives avec adresses et numéro de téléphone des personnes dépistés ont été établies pour assurer le suivi; une cinquantaine de lettres de liaison ont été par ailleurs rédigées et remises aux patients concernés pour une prise en charge dans les structures publiques de santé.
Discussion et conclusion
Avec la découverte de 33 nouveaux cas d‘hypertension artérielle, soit 12% des personnes explorées, 8% de nouveaux cas de diabète potentiel soit 22 sur les 277 consultants, 15% de patients porteurs d’une protéinurie, 25% présentant une hématurie et 197 visiteurs, soit près de 75%, en surpoids ou obèses, il ne fait pas l’ombre d’un doute que de telles manifestations constituent la pierre angulaire de tout programme de prévention et de dépistage des maladies chroniques, notamment la maladie diabétique, longtemps silencieuse, dont la progression fulgurante et l’impact péjoratif considérable de ses nombreuses complications sur la santé publique ne sont plus à démontrer; ceci justifie amplement la nécessité de multiplier et de décentraliser ces campagnes d’information et de dépistage afin de cibler le plus grand nombre de citoyens.
Par ailleurs, devant le nombre important de patients hypertendus ou diabétiques sans traitement (1 hypertendu ou diabétique/3 en arrêt de traitement), le plus souvent par indisponibilité de certains médicaments au niveau des dispensaires locaux, ou mal contrôlés malgré le traitement (1 hypertendu/3, 2/3 des diabétiques), des efforts conséquents sont à déployer dans la prise en charge de ces maladies chroniques redoutables, tant sur le plan éducation sanitaire et conseils hygiéno-diététiques avec un retour sans délai à notre gastronomie traditionnelle et au fameux régime méditerranéen qui a fait ses preuves en assurant une alimentation saine et équilibrée, tout en bannissant les «fast-food» et autres lieux malsains et en privilégiant autant que possible la restauration à domicile, que sur le plan contrôle médical et disponibilité continue d’un arsenal thérapeutique de qualité dans les structures locales de santé publique pour être à la hauteur de tous les défis engagés.
* Professeur en médecine à la retraite, néphrologue.
Printemps arabe ou pas, de gauche ou de droite, islamistes ou modernistes, royalistes ou républicains, les régimes arabes ont perdu toutes leurs guerres contre Israël et s’enfoncent jour après jour dans le marasme économique et la décrépitude sociale qui y est liée. Et pour cause, le sens du travail et la flemme de la productivité y sont simplement en panne. L’année 2024 a ajouté une autre couche de preuves et autres épreuves à cette triste réalité. Une histoire infernale, à sens unique.
Moktar Lamari *
En 2024, les revers des sociétés arabes ont été lamentables à Gaza, au Liban, en Syrie, au Soudan, en Libye, au Yémen, en Irak et pas seulement. Au-delà des débâcles militaires, guerres civiles et humiliations politiques à répétition, l’origine des drames qui plombent les sociétés arabes vient du front économique, où ces derniers traînent derrière en productivité, en innovation, en compétitivité, en investissement, entre autres.
On le sait, depuis Ibn Khaldoun, un Tunisien éclairé, il y a presque 7 siècles, les sociétés qui n’arrivent pas à se distinguer par leur gain de productivité ne peuvent plus créer de la croissance et se défendre contre leurs ennemis et démons qui le guettent au tournant.
Ibn Khaldoun avait écrit à son époque que l’Etat et ses impôts ne peuvent aucunement constituer le principal moteur de la création de la richesse économique, bien au contraire. Mais depuis, de l’eau a coulé sous les ponts.
Les impôts ne favorisent pas nécessairement la prospérité et le progrès. Plus d’impôt c’est moins d’impôts, selon la loi de Sahib El-Himar **.
Une histoire atypique
L’histoire des faits économiques nous apprend que les pays vaincus lors de la deuxième guerre mondiale (Japon, Allemagne, Italie, Espagne, entre autres) sont ceux qui ont eu la progression de productivité la plus élevée au moins pour les cinq décennies qui ont suivi leur défaite lors de la Deuxième guerre mondiale (1939-1945).
Ces pays ont payé cher leur défaite: des millions de morts, et pas seulement, leurs infrastructures, usines et technologies démontées et expatriées pour servir les pays des vainqueurs. Ceux-ci pensaient en avoir fini avec le Japon et l’Allemagne, une bonne fois pour toutes. Peine perdue, au lieu de crouler sous le chagrin de l’humiliation, et de baisser les bras, ces pays «vaincus» se sont pris en charge pour travailler plus et mieux. La rage et la hargne comme carburants pour le progrès. Leur ressenti de l’humiliation qui leur a été infligée par les Américains a fini par devenir un propulseur pour le travail et un catalyseur de la productivité, de l’innovation et de la compétitivité. Et rapidement, Japonais et Allemands se sont imposés par leur productivité et innovation technologique dans les industries de l’automobile, de l’informatique et les technologies de pointe.
C’est incroyable que dans ces pays et civilisations fondées sur le compter sur soi, l’humiliation par les guerres peut leur insuffler la rage pour rebondir sur les fronts de l’économie et de la création des richesses et de la croissance.
«Travail d’Arabes» ou «têtes à claque»?
Ce n’est pas le cas des pays arabes. Malgré les humiliations successives infligées par le «petit» Etat d’Israël (1948, 1956, 1967, 1973, 1980, etc,), malgré les guerres civiles et insurrections, la productivité dans ces pays a été toujours à la traîne. Des sociétés qui croulent sous le fatalisme et la résignation. Des sociétés et des gouvernements qui aiment se la couler douce, entre siesta et fiesta.
Rien à faire, la productivité des travailleurs moyens dans les pays arabes est quasiment dix à quinze fois moins élevée que celle d’un travailleur israélien, américain ou japonais.
Dans les pays arabes ayant fait leur «Printemps Arabe», le niveau de vie est aujourd’hui quasiment plus faible que celui 2010 (en valeur réelle), les monnaies dévaluées et la pauvreté pousse des millions à fuir leur pays pour les pays occidentaux, et tous les moyens sont bons. Des centaines de milliers meurent noyés ou simplement embrigadés en chair à canon pour les groupes islamistes. La Tunisie ayant fourni, dit-on, plus 10 000 terroristes sous l’ère de Ghannouchi et disciples.
Les femmes se font trucider en plein jour, et elles sont exclues de la vie publique, devant se cacher derrière des voiles, au lieu de se retrousser les manches et se lancer dans la vie économique et la création de la richesse collective.
Des imitateurs, pas des innovateurs
De Rabat à Amman, de Tunis à Bagdad, on ne trouve pas une seule invention technologique, une seule industrie de pointe ou un seul exploit spatial attribué à un Arabe.
Rien de mondialement utilisé, coté en bourse et qui est issu de la R&D menée dans l’un des pays arabes. Des universités qui traînent et qui se plaisent à former des chômeurs, et une science déjà dépassée.
Tout indique que dans ce monde arabe, on est encore réfractaire aux grandes innovations, tellement coincés dans ces schèmes rétrogrades, et plein de pensées archaïques, engluées dans le fatalisme religieux, laissant presque tout à la volonté de Dieu, et autres pouvoirs en place, pour seule devise «inchallah»!
L’innovation radicale des produits et processus de production suppose de la volonté, de l’investissement et beaucoup de travail. Et cela ne semble pas être à la portée des travailleurs ordinaires, et l’Etat ne fait pas grand chose pour inverser la vapeur.
Entre flemmards, râleurs et branleurs, ces sociétés n’arrivent plus à se remettre en question. L’islam politique a quasiment gangréné les initiatives et tiré vers le bas le sens du travail et la productivité.
Des politiques axées sur la demande
Les élites arabes, quelles soient politiques, universitaires ou médiatiques, plaident l’Etat social, l’Etat providence. On n’est plus dans ce schème ailleurs dans le monde. Et ce pour justifier les interventions massives de l’Etat, pour soutenir artificiellement les prix du pain et des produits de bases.
Toutes les stratégies et programmes politiques dans les ces pays arabo-musulmans se sont articulées autour de la demande et donc de la consommation. Particulièrement alimentaire et ostentatoire.
On parle des droits, mais pas des devoirs économiques. On prend les choses à l’envers, on veut consommer comme les Occidentaux, sans pouvoir, ou vouloir, produire autant qu’eux. Et on paie les déficits budgétaires par une dette toxique. Avec une dette colossale et une dépendance grandissante envers l’étranger.
Les pays arabes n’arrivent pas encore à être autosuffisants en produits alimentaires, encore en raison des problématiques de faible productivité et de carence en innovation (peu de transformation, insuffisance de stockage, cultures extensives…).
Les produits pharmaceutiques et médicaux sont aussi tributaires des importations et à la merci des firmes et pays occidentaux. Les pénuries sont monnaie courante. Et les hausses de taxes, une «dîme» pour des États pléthoriques et dépensiers.
Réfractaires aux politiques de l’offre
Les économies et sociétés européennes et asiatiques qui ont enregistré les plus hauts gains de productivité sont celles qui ont adopté des politiques d’offre, qui donnent les incitatifs requis pour les entreprises, pour l’investissement et pour l’innovation. Des politiques économiques tournées vers l’entreprise et la production, et non pas la consommation.
Dans les pays arabes, les politiques économiques sont axées sur la demande, aussi pour des fins de politiques politiciennes et pour maintenir le statuquo dans les rapports de force ainsi que les rapports de classe.
Bouteflika, Ben Ali, Kaddafi, Moubarak, Assad, Saddam… avec tous les rois et émirs de la région ont joué la partition de la demande, ignorant l’offre et ses défis.
Partout dans ces pays, les politiques occultent les objectifs du plein emploi. Un concept ignoré, alors que 3 femmes sur quatre sont exclues du marché de l’emploi, alors 40% des jeunes diplômés sont en chômage de longue durée.
Or, il faut des taux de croissance de 6% pour au moins 10 ans pour résorber le stock de chômeurs qui attendent d’émigrer ou de soulever des «révolutions» vouées à l’échec, sans solution économique.
Les femmes, ces «dindons de la farce»
On ne comprend pas toujours comme ces sociétés arabes continuent de traiter les femmes, comme elles le font. De facto, celles-ci doivent rester chez elles, et leur rôle doit se limiter à la procréation en portant le voile et en se retirant de la sphère de la production et de la productivité.
Durant la deuxième guerre mondiale, les Japonaises, les Allemandes, les Françaises, les Anglaises sont volontairement parties dans les usines et tous les services publics pour créer du service public et de la richesse collective.
Ce n’est pas le cas des femmes arabes et musulmanes … celles-ci ont accepté leur sort et les diktats arabo-musulmans.
La femme vaut la moitié d’un homme en héritage, et elle est pratiquement exclue des activités publiques dans la plupart des pays arabes (travail salarié, mobilité publique, tutelle des actifs, enfants, etc.).
L’année 2024 a encore confirmé le retard des pays arabes dans le domaine du travail (hommes et femmes), de la productivité et l’innovation dans toutes ses facettes économiques, sociales et institutionnelles.
L’année 2025 qui arrive dans une semaine, constitue déjà un la fin du premier quart du 21e siècle. Il y a de quoi s’en inquiéter… pour l’avenir de ces pays et ces peuples qui refusent le progrès par les réformes et le pragmatisme.
* Economiste universitaire, Canada.
** Abou Yazid, surnommé «l’homme à l’âne», né en 873 et mort en 947, est un théologien berbère zénète de la tribu des Banou Ifren. Il est notamment connu pour la révolte qu’il a mené contre les fatimides régnant en Tunisie au milieu du Xe siècle.
Les arts du spectacle des Twayef de Ghbonten viennent d’être inscrits sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité (Unesco).
En Tunisie, cette pratique remonte au milieu du XIXe siècle, après l’abolition de l’esclavage en 1846. Dans ce contexte de libération, les communautés du sud tunisien ont développé cette forme d’expression mêlant influences africaines, berbères et arabes.
Aujourd’hui, ces spectacles, autrefois réservés à des contextes traditionnels tels que les mariages, ont dépassé leur cadre initial pour être présentés dans des festivals et événements culturels.
Les femmes jouent un rôle important en préparant les costumes et en brûlant de l’encens avant les spectacles, tandis que les artisans fabriquent les habits traditionnels, tels que les robes, pantalons, chaussures et chéchias. La transmission de cet art se fait de manière informelle, au sein des familles et des communautés, par oralité et observation.
Festive et intergénérationnelle, cette pratique attire également les enfants grâce à son atmosphère ludique et conviviale. Pour les communautés pratiquantes, elle constitue un facteur d’identification, d’unification et un moyen de transmettre les normes sociales, tout en célébrant un riche héritage culturel.
A l’occasion de cette nouvelle inscription d’un élément du patrimoine culturel immatériel tunisien, la 8e du nombre, après la poterie de Sejnane (2018), le palmier dattier (2019), le savoir-faire et les pratiques liés au couscous (2020), la pêche à la charfiya (2020), les arts de la calligraphie arabe (2021), la harissa (2022), la gravure sur métal (2023), la ministre des Affaires culturelles, Amina Srarfi, a présidé, dimanche 22 décembre 2024, au Théâtre des Régions à la Cité de la Culture de Tunis, une cérémonie de célébration organisée par le Centre des arts, de la culture et des lettres (CACL) – Palais Ksar Saïd, en collaboration avec l’Institut national du patrimoine (INP), le Théâtre de l’Opéra de Tunis et la direction de la Musique et de la Danse.
La cérémonie s’est déroulée en présence de représentants du corps diplomatique accrédité à Tunis, du gouverneur de Médenine, Walid Taboubi, de membres de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP), ainsi que de personnalités de la scène culturelle et artistique. Mme Srarfi a, dans une allocution, souligné l’importance de cette 8e inscription, qui constitue une première pour notre patrimoine musical à l’international, la qualifiant d’un nouveau joyau qui vient s’ajouter au registre patrimonial de la Tunisie.
Elle a aussi invité toutes les parties prenantes dans ce dossier à accorder davantage d’attention à la préservation du patrimoine tunisien et à valoriser l’identité culturelle, tout en renouvelant ses remerciements à la commission scientifique en charge de ce dossier.
Le représentant de la commission scientifique, Imed Ben Soula, a précisé que les arts du spectacle des Twayef de Ghbonten sont une pratique complexe qui allie poésie, chant et rythme, influencée par des courants culturels variés depuis la fin du XIXe siècle, à l’époque de l’abolition de l’esclavage. Cette pratique artistique est essentielle à l’affirmation de soi, la construction de l’identité et la création de liens sociaux au sein des communautés du sud tunisien.
Lors de cette cérémonie, la ministre a honoré les membres du comité scientifique composé des docteurs Naceur Baklouti, Imed Ben Soula, Ismahan Ben Barka, Mohamed Jazraoui et Mohamed Néji.
Par ailleurs, les chefs (Rayes) des sept groupes des Twayef de Ghbonten exerçant actuellement ont été honorés, à savoir Jemma Zourraga, Mohamed Tlich, Mustapha Aouidet, Mbarek Toumi, Laroussi Dbouba, Mokhtar Aouidat et Habib Toumi, ainsi que Mohamed Bacha, président du comité de gestion du dossier et Wajida Sakouhi, directrice générale du CACL.
La célébration a été marquée également par l’organisation d’une exposition photographique mettant en lumière l’histoire et les spécificités culturelles et sociales des Twayef de Ghbonten, suivie de la projection d’un documentaire retraçant le processus d’inscription de ces traditions et pratiques artistiques sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco.
En point d’orgue, les Twayef de Ghbonten, invités vedettes de cette célébration, ont offert une performance artistique immersive qui a transporté les spectateurs dans l’univers unique de ces troupes de poètes-chanteurs, affiliées à la tribu des Ghbonten. Vêtus de robes blanches et coiffés de chéchias écarlates, ils ont interprété leurs chants accompagnés du chenna, un tambour traditionnel.
La ville de Nabeul s’est parée, dimanche 22 décembre 2024, des couleurs de l’art et de la créativité, avec le coup d’envoi de la 37e édition du Festival international Neapolis de théâtre pour enfants, qui coïncide avec les vacances scolaires de l’hiver.
Cet événement culturel, qui va au-delà du simple divertissement, est devenu une plateforme célébrant l’imaginaire et insufflant les valeurs du théâtre dans le cœur des enfants.
Un carnaval a traversé les rues de la ville, où artistes et créations vivantes ont animé une cité vibrante de vie et de joie. Ce n’étaient pas de simples spectacles, mais un message ouvert adressé à chaque enfant pour lui rappeler que le théâtre est une fenêtre sur des mondes infinis de rêves et d’histoires.
Evénement annuel très attendu, le Festival Neapolis est reconnu comme le plus ancien festival en Afrique et dans le monde arabe dédié au théâtre pour enfants. Il représente une étape essentielle dans le parcours de toute œuvre théâtrale destinée aux jeunes publics, attirant les grandes figures du théâtre pour enfants.
La cérémonie d’ouverture a eu lieu à la Maison de la Culture de Nabeul, en présence de Najoua Gharbi, déléguée régionale des Affaires culturelles, et d’Akila Bettaïeb, déléguée régionale des Affaires de la femme, de la famille et de l’enfance. Étaient également présents Mohamed Hédi Chaâbani, délégué de Nabeul, et Hichem Bayoudh, secrétaire général de la municipalité de Nabeul, ainsi que les ambassadeurs de l’Égypte et de l’Indonésie. Les délégations officielles et un large public représentant toutes les tranches d’âge ont également honoré l’événement de leur présence.
La cérémonie a débuté avec une performance de ballet présentée par le club de danse dirigé par Khouloud Korali, affirmant que l’art n’est pas seulement une source de plaisir, mais aussi une voie vers l’élévation de l’esprit. Dans son discours inaugural, Walid Geddi, directeur du festival, a souligné l’importance de cet événement comme espace dédié aux enfants, véritable cœur du festival depuis sa création. De son côté, Nizar Chemengui, directeur de la programmation, a mis en avant la diversité culturelle représentée par la participation de 14 pays (Tunisie, Algérie, Maroc, Égypte, Palestine, France, Espagne, Russie, Indonésie, Bahreïn, Irak, Hongrie, Belgique et Chine). Cette diversité illustre l’ouverture et la vision globale du festival.
Dans un discours qu’il a prononcé devant le Parlement européen, le 17 décembre 2024, le député belge de la gauche unitaire européenne, Marc Botenga (PTB), a pointé les contradictions de la position européenne sur la Syrie. Nous en reproduisons ci-dessous la transcription de son discours réalisée par Mahmoud Gabsi.Vidéo.
«Madame Kallas *, nouvelle ministre des affaires étrangères de l’Union Européenne :
Après la chute du régime d’Assad, vous condamnez à raison la présence russe en Syrie, mais vous ne condamnez pas, bizarrement, la présence américaine ou la présence israélienne.
Vous parlez de Syrie libre, mais vous acceptez que vos alliés, Israéliens, Américains, etc…, occupent illégalement une partie du pays. Alors, comment construire un pays libre sous occupation?
Vous parlez de Syrie indépendante, mais vous acceptez que les Américains contrôlent le pétrole et que les Israéliens détruisent l’armée. Comment construire un pays indépendant sans armée, ni pétrole?
Vous dites vouloir aider les Syriens, mais depuis une décennie, l’Union européenne détruit l’économie de la Syrie par des sanctions.
Alors madame Kallas, les actes parlent plus clairement aujourd’hui que les paroles : il faut le dire, l’Europe aujourd’hui n’est pas en train d’œuvrer pour une Syrie forte et indépendante, mais pour un pays faible, divisé, à exploiter sans merci par nos multinationales. Comme d’ailleurs tant d’autres pays dans la région.
Pétrole, gaz, géopolitique, l’Europe aujourd’hui ne défend que les intérêts de ses multinationales. Et tout le reste, le discours sur le droit international, clairement est pour la galerie.»
* Le député d’adressait à Kaja Kallas, la nouvelle haute représentante pour les affaires étrangères et la politique de sécurité/vice-présidente de l’Union européenne.
Fief de la résistance palestinienne devenu le cauchemar de l’armée israélienne où elle a essuyé de grandes pertes et où la brigade Golani a subi un guet-apens qu’elle ne risque pas d’oublier de sitôt, le camp de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, est le théâtre des pires crimes de la soldatesque israélienne qui l’a réduit à néant. Les images qui en proviennent rappellent les dévastations de Hiroshima et Nagazaki au Japon pendant la seconde guerre mondiale ou bien celles causées par les plus violents tremblements de terre et les tsunamis les plus emblématiques. Il ne reste plus rien.
Imed Bahri
Haaretz a publié une longue enquête sur ce camp de réfugiés, confirmant qu’il est devenu une ville fantôme après avoir été l’un des endroits les plus densément peuplés au monde avant la guerre.
L’analyste des affaires militaires du journal israélien Amos Harel a indiqué que l’armée avait complètement détruit environ 70% de ses bâtiments lors de ses opérations militaires qui y ont débuté le 5 octobre 2024. Haaretz précise que c’est la troisième fois que l’armée israélienne envahit ce camp, la première fois en décembre 2023 et la deuxième en mai dernier.
Au cours d’une courte visite au camp, Harel a écrit: «Il était possible de constater que même les quelques bâtiments restants avaient subi des dommages collatéraux».
Il est difficile de comparer les sites géants du Hezbollah détruits par l’armée israélienne dans les villages du sud du Liban et l’axe de Philadelphie élargi à Rafah (sud de Gaza) avec ce qui s’est passé au cours des deux derniers mois et demi dans le camp de Jabalia en termes de gravité et d’ampleur des destructions, estime le journaliste, qui compare ce camp de réfugiés à une ville fantôme. «Dehors, vous pouvez voir des groupes de chiens errant à la recherche de restes de nourriture», écrit-il. Des vidéos diffusées par la chaîne Al-Jazira ont montré des chiens errants manger des cadavres, l’armée israélienne empêchant que les corps de Palestiniens tués soient récupérés.
La 162e division blindée israélienne opère avec quatre brigades de combat à Jabalia et dans les villes voisines de Beit Hanoun et Beit Lahia.
Selon Harel, Izz Al-Din Haddad, le commandant de la branche militaire du Hamas dans le nord de la bande de Gaza, coordonne les efforts pour affronter les forces israéliennes dans le camp. Il écrit que le Hamas y mène ses combats par le biais de petits groupes de 4 ou 5 individus armés d’armes légères, de missiles RBG et d’engins explosifs.
Depuis le début de la dernière invasion en octobre dernier, 35 soldats de l’armée israélienne ont été tués dans des combats dans et autour du camp et des centaines d’entre eux ont été blessés, rapporte le journaliste.
Après que les forces israéliennes ont enregistré un nombre relativement important de morts et de blessés notamment en pénétrant dans les maisons bombardées, une méthode d’opération différente a été adoptée, indique l’analyste de Haaretz, en expliquant que l’armée israélienne a commencé à adopter un mouvement plus lent et plus prudent qui laisse derrière elle des destructions massives mais réduit le nombre de morts dans ses rangs.
Au cours des deux premières semaines de l’opération, les habitants ont hésité à quitter le camp mais l’armée israélienne a accru la pression notamment en tirant à proximité des civils pour les forcer à partir rapidement, rapporte encore Harel. Il souligne que ce qui se passe dans le camp de Jabalia s’inscrit dans le contexte du plan des généraux qui vise à expulser l’ensemble de la population civile palestinienne du nord et du sud de la bande jusqu’au couloir Netzarim qui coupe en deux la bande de Gaza.
Le plan des généraux été proposé début septembre dernier par l’ancien chef du Conseil national de sécurité israélien, le général de division Giora Eiland et soutenu par des dizaines d’officiers supérieurs actuels et anciens de l’armée israélienne. Selon le journal Yedioth Ahronoth, ce plan vise à permettre le contrôle d’Israël sur la distribution de l’aide humanitaire en imposant un siège au nord de la bande de Gaza et en déplaçant ses habitants. Selon ce plan, toute la zone au nord du corridor de Netzarim c’est-à-dire la ville de Gaza et tous ses quartiers deviendront une zone militaire fermée.
En d’autres termes, l’ensemble de la population de la région que l’armée estime à environ 300 000 personnes sera contrainte de quitter immédiatement par des couloirs que l’armée prétend sûrs.
Les Palestiniens ne font pas confiance à ce qu’Israël considère comme des passages ou des zones sûrs car ils ont été auparavant déplacés de force vers des zones jugées sûres puis ont été exposés à plusieurs reprises aux bombardements israéliens qui ont causé des morts, des blessés et engendré des destructions massives.
Le 5 octobre, l’armée israélienne a de nouveau envahi le nord de la bande de Gaza sous prétexte d’empêcher le Hamas de reprendre son pouvoir dans la région alors que les Palestiniens affirment que Tel-Aviv veut occuper la région et en faire une zone tampon après les avoir chassés.
Il est à rappeler qu’avec le soutien indéfectible américain, Israël commet un interminable génocide à Gaza depuis le 7 octobre 2023 ayant causé un très lourd bilan humain, 153 000 Palestiniens martyrs et blessés pour la plupart des enfants et des femmes et plus de 11 000 disparus dans un contexte de destruction massive et de famine qui a tué beaucoup d’enfants et de personnes âgées. Israël poursuit ses massacres ignorant deux mandats d’arrêt émis par la Cour pénale internationale le 21 novembre contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et l’ancien ministre de la Défense Yoav Galant pour avoir commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité contre les Palestiniens à Gaza.
Ahmad Al-Joulani, un djihadiste de 42 ans, longtemps qualifié de terroriste par les États-Unis, est en passe de devenir un homme d’Etat fréquentable, grâce à un retournement diplomatique défiant la logique des valeurs démocratiques.
Leith Lakhoua *
Ce djihadiste notoire est à la tête de Hayat Tahrir Al-Cham (HTC), un groupe insurgé qui, au départ, a été étiqueté par États-Unis comme une organisation terroriste. Washington a même mis une prime de 10 millions de dollars pour sa capture, soulignant ainsi la menace qu’il représente pour la sécurité internationale.
Pourtant, aujourd’hui, cet ancien chef djihadiste semble s’être métamorphosé en un homme d’État fréquentable, reçu par les représentants de puissances occidentales, et même soutenu, directement ou en sous-main, par des pays comme Israël et la Turquie.
Ce paradoxe soulève des questions profondes sur la nature de l’engagement international, les priorités géopolitiques et la place de la démocratie dans les relations internationales.
Un passé radical et une vision totalitaire
Lors de sa première interview en 2014, Al-Joulani avait clairement exposé ses objectifs : établir un régime islamique en Syrie, excluant toute coexistence avec les minorités religieuses, y compris les Alaouites, les Chiites, les Druzes et les Chrétiens. Ses propos étaient sans ambiguïté : il n’y aurait pas de place pour ces communautés dans une Syrie régie par la loi islamique.
Cette vision radicale a contribué à sa réputation de terroriste et à la désignation de son groupe, Hayat Tahrir Al-Cham, comme une menace pour la paix et la stabilité.
Aujourd’hui, Al-Joulani semble avoir évolué. En dépit de son passé, il bénéficie d’une attention croissante de la part de l’Occident, en plus d’Israël et de la Turquie, qui sont prêts à engager le dialogue avec lui.
Ce retournement est frappant, non seulement en raison du passé de l’homme, mais aussi parce qu’il se déroule dans un contexte où Al-Joulani n’a aucune légitimité populaire en Syrie. Les Syriens, épuisés par des années de guerre civile, semblent désabusés face aux jeux de pouvoir menés par les différents acteurs extérieurs, dont l’Occident.
Une réflexion sur les valeurs et les intérêts
Ce soutien extérieur soulève des interrogations. Comment un homme, responsable d’une organisation terroriste notoire, peut-il se retrouver ainsi sur les devants de la scène internationale comme un acteur de premier ordre? Est-ce une conséquence de la realpolitik, où les intérêts stratégiques l’emportent sur les principes démocratiques? Les Occidentaux, tout en clamant leur soutien à la démocratie et aux droits de l’homme, semblent prêts à fermer les yeux sur les agissements de cet homme pour servir leurs propres intérêts géopolitiques.
Cette situation met en lumière l’hypocrisie des puissances occidentales, qui, tout en se présentant comme les champions de la démocratie, sont prêtes à établir des alliances avec des groupes qui ne partagent en rien leurs valeurs. Si la Syrie devait un jour être gouvernée par un homme tel qu’Al-Joulani, cela constituerait un coup de maître pour ces puissances, mais un véritable échec pour les principes de liberté et de justice dont elles se proclament mensongèrement.
Il est essentiel de se demander ce que cela signifie pour les Syriens. Vont-ils accepter un régime sous la houlette d’un ancien terroriste, soutenu par l’Occident, ou se révolteront-ils pour réclamer un État laïque et civil, où toutes les communautés auraient une place égale?
La bataille pour l’avenir de la Syrie ne se joue pas uniquement sur le terrain militaire, mais aussi sur celui des valeurs et de la légitimité politique.
L’Occident face à ses contradictions
L’évolution d’Al-Joulani, de djihadiste recherché à homme d’État fréquentable, est symptomatique des contradictions de la politique internationale contemporaine. Alors que l’Occident prône les valeurs démocratiques et la défense des droits de l’homme, il semble parfois prêt à faire des compromis avec des acteurs qui incarnent des idéologies opposées à ces mêmes valeurs.
Pour les Syriens, la question demeure : accepteront-ils un tel renversement de valeurs ou se lèveront-ils pour défendre un avenir plus juste et plus libre? Seul l’avenir nous le dira, mais une chose est sûre : la situation en Syrie continuera de refléter les jeux d’intérêts complexes et souvent contradictoires des puissances mondiales.
* Consultant en organisation industrielle et logistique.
Avec l’attaque de Magdebourg, une majorité d’Arabes pensent que les Allemands ont eu moins que ce qu’ils méritent du fait de la politique suivie par l’oncle Olaf Scholz, le chancelier le plus sioniste de l’Histoire. Quant aux victimes, ils n’y pensent même pas; elles ne sont certainement dignes d’aucune compassion à leurs yeux; malheureusement pas. Tant qu’à faire, lorsque les Nazis deviennent des sionistes, faut-il s’étonner qu’un Arabe islamophobe devienne un SS?
Dr Mounir Hanablia *
Magdebourg la maudite. Cette ville d’Allemagne sur la rivière Elbe avait fait partie jusqu’à la réunification allemande de la République Démocratique Allemande, d’obédience communiste, sous la férule de l’Union Soviétique. Elle était passée à la postérité après 1631 lors de la guerre de Trente ans lorsque les troupes catholiques y avaient pénétré, et l’avaient saccagée après avoir massacré la population. Un immense incendie avait ravagé la majeure partie de la ville. Les habitations calcinées encore debout s’étaient écroulées sur les soldats revenus piller le lendemain au milieu des cadavres brûlés après l’extinction de l’incendie.
Mais Magdebourg avait joué un rôle important au Moyen âge dans la colonisation des territoires slaves de l’est, ce qu’on avait appelé «drang nach osten», la poussée vers l’est, en tant que centre commercial, religieux et politique. Car, il ne faut pas se leurrer, les populations proprement germaniques se situaient à l’origine en Scandinavie, au Danemark, en Frise, sur et dans le territoire situé entre le Rhin et l’Elbe. La Poméranie, la Prusse, la Silésie et la Livonie n’avaient été que des conquêtes coloniales allemandes et une bonne partie de la population slave y résidant avait été germanisée de gré ou de force.
Soutien allemand au colonialisme de l’État israélien
Il convient de se le rappeler pour deux raisons. La première est que les Nazis n’avaient fait que mettre en application avec des moyens modernes l’expansionnisme de leurs ancêtres, sur une échelle bien plus importante. La seconde, conséquence de la première, est la politique allemande actuelle, singulièrement accommodante, d’aide et de soutien envers le colonialisme de l’État israélien.
Ces pensées me sont venues lorsqu’un médecin d’origine saoudienne résidant en Allemagne depuis 19 ans a été accusé d’avoir foncé sur la foule à Magdebourg avec son véhicule, faisant 5 tués et 200 blessés.
Naturellement et comme toujours les médias occidentaux se sont dans un premier temps limités aux faits bruts, ainsi qu’ils le font toujours lorsqu’il s’agit de masquer le lien entre un attentat survenu dans un pays occidental et la situation actuelle bien plus dramatique qui règne depuis plus d’une année au Moyen-Orient et dont le gouvernement israélien est en majeure partie responsable. Sauf que le fait de révéler l’identité et la nationalité du suspect établissaient à priori ce lien d’une manière évidente, en l’attribuant au terrorisme, d’une manière parfaitement erronée.
Mais depuis le 7 octobre 2023, les gouvernements occidentaux, en se rangeant comme ils en ont l’habitude derrière l’administration américaine, ont adopté la thèse sioniste, celle d’y inclure la résistance palestinienne en tant que partie intégrante de l’islamisme, c’est-à-dire de l’islam, cette menace existentielle contre la civilisation européenne, ainsi que le définissent les partis nationalistes européens.
Évidemment, cette affaire aurait pu fournir de l’eau au moulin des partis chauvinistes allemands, ceux qui ont fait du combat contre l’émigration et du soutien à l’entreprise coloniale israélienne un substitut à la perte de Riga, de Dantzig, de Memel, et de Strasbourg. Tout comme la défense de l’Ukraine a fourni un alibi à une politique de cooptation, en réalité d’annexion, de ce pays par l’Europe au nom de la défense contre l’expansionnisme russe, obéissant en réalité aux mêmes mobiles que ceux qui avaient mené les Panzer allemands vers les rives de la mer Noire, ceux de la colonisation de ce grenier à blé par des populations «européennes».
Si on en revient à l’Histoire, les chevaliers teutoniques, cet ordre militaire allemand proche des Templiers et des Hospitaliers, créé durant les Croisades à Jérusalem, s’étaient heurtés à l’armée du prince russe Alexandre Nevski en 1242 lorsqu’ils avaient pénétré en Russie avec l’approbation du pape pour la convertir au catholicisme.
Le rappel de ces faits historiques établit ainsi incontestablement le lien entre la guerre actuelle en Ukraine, et celle du Proche-Orient, tout en démontrant les mobiles animant les gouvernements occidentaux. Et aux yeux du gouvernement allemand, l’État d’Israël est tout aussi fondé à coloniser des territoires arabes avec tous les moyens à sa disposition que le fut jadis l’Ordre Teutonique dans les territoires slaves. La Pologne serait bien inspirée de s’en souvenir.
Un gouvernement qui va à l’encontre de ses intérêts nationaux
Pour en revenir à l’attaque de Magdebourg, les victimes méritaient-elles de mourir ainsi écrasées par un chauffard? Incontestablement pas. Ce sont des passants comme les autres qui sont morts, pas Olaf Scholz ou ses acolytes. Et rien ne prouve que la population allemande approuve la politique d’un gouvernement qui va à l’encontre de ses intérêts nationaux en la privant d’un gaz russe abondant au coût modique issu du Nord Stream afin de complaire à une administration américaine lui ordonnant d’acheter le gaz liquéfié que son pays produit à un coût plus substantiel.
C’est ce même Olaf Scholz qui, contre tous les principes de liberté d’expression, soumet à des mesures de rétorsion ses compatriotes critiques de la politique israélienne de massacres à Gaza, au Sud Liban, et d’annexion du territoire syrien.
Il est clair que l’Occident a quitté l’esprit des Lumières, celui du caractère universel de sa civilisation et de la préservation des droits de tout individu, pour lui en substituer un autre, celui de la subordination de ces droits aux intérêts des seules nations européennes, ou bien à l’époque mercantiliste que nous vivons, de ses sociétés commerciales et financières phares.
Il reste que la profession de l’auteur présumé de l’attentat, celle de médecin, interpelle plus que ses origines. Les médecins de Gaza ont été arrêtés, séquestrés, torturés de la manière la plus vile et la plus abjecte par l’armée criminelle sioniste, après avoir vu leurs hôpitaux bombardés et saccagés. Ces faits indiscutables se sont déroulés sous les yeux de nombreux médecins étrangers qui les ont rapportés.
Du reste les 100 000 morts de Gaza et ses 500 000 blessés ne méritaient pas plus que le bon peuple de Magdebourg de souffrir et d’être privés ainsi de la vie, par des soldats bénéficiant de l’aide militaire et du soutien politique allemands.
Oui mais cet acte meurtrier mis sur le compte de l’islamisme a été en réalité perpétré par un émigré militant dans un parti allemand d’extrême droite xénophobe qui pense que le gouvernement de son pays doit être puni pour accueillir autant d’étrangers.
La haine de soi
Pourquoi ce Saoudien d’origine, médecin de surcroît, a-t-il voulu punir son pays d’accueil de cette façon? La question mérite d’être posée. Tout compte fait son acte sert bien la cause qu’il défend. En effet, la majorité des Allemands ne se feront pas faute de penser qu’après un acte semblable leur pays non seulement ne doit plus accueillir d’étrangers, mais doit en expulser ceux qui y vivent, même les plus intégrés ou ceux y bénéficiant du statut social le plus prestigieux.
Quant aux Arabes, les plus sages parmi eux pensent certainement qu’il est heureux que ce Saoudien se soit révélé avoir la haine de soi, car ce genre d’actes perpétré par des musulmans a toujours été contre-productif pour les causes qu’ils prétendent défendre.
Les autres Arabes, la majorité, pensent que les Allemands ont eu moins que ce qu’ils méritent du fait de la politique suivie par l’oncle Olaf Scholz, le chancelier le plus sioniste de l’Histoire. Quant aux victimes, ils n’y pensent même pas; elles ne sont certainement dignes d’aucune compassion à leurs yeux; malheureusement pas.
Tant qu’à faire, lorsque les Nazis deviennent des sionistes, faut-il s’étonner que les Arabes deviennent des SS?
Abdulhamid Dabaiba s’oppose à la décision de la Russie de renforcer ses bases militaires en Libye et affirme que son pays ne doit pas être une plate-forme pour régler des comptes internationaux après la chute d’Assad en Syrie.
Patrick Wintour
La décision de la Russie de renforcer sa base militaire dans l’est de la Libye après le renversement du régime d’Assad en Syrie se heurte à la résistance du gouvernement du pays soutenu par l’Onu.
Le Premier ministre du gouvernement basé à Tripoli, Abdul Hamid Dabaiba, a déclaré qu’il s’opposait à toute tentative de faire de la Libye un centre de conflits entre grandes puissances, soulignant que son pays ne serait pas une plate-forme pour régler des comptes internationaux. «Nous sommes préoccupés par le déplacement des conflits internationaux en Libye, et par le fait que ce pays deviendra un champ de bataille entre les puissances», a déclaré Dabaiba.
La présence militaire russe pose problème
La Libye a enduré des années de conflit depuis le soulèvement soutenu par l’Otan en 2011 qui a mis fin au règne de 40 ans du dictateur Mouammar Kadhafi. Il reste divisé entre le gouvernement reconnu par l’Onu à Tripoli et une administration rivale à l’est, soutenue par le chef militaire Khalifa Haftar.
Des rapports ont indiqué ces derniers jours que les forces russes transféraient du matériel militaire de la base navale syrienne de Tartous et de la base aérienne de Hmeimim vers l’est de la Libye, où l’administration rivale reçoit le soutien russe depuis des années.
Dabaiba a déclaré que son gouvernement n’autoriserait pas le transfert d’armes russes en Libye, avertissant que cela ne ferait que compliquer davantage la crise interne libyenne. Il a ajouté que «personne doté d’une once de patriotisme ne souhaite qu’une puissance étrangère impose son hégémonie et son autorité sur le pays et le peuple».
Dabaiba a déclaré avoir été en contact avec l’ambassadeur russe en Libye pour exiger une explication. Les bases russes dans l’ouest de la Syrie ont été cruciales pour sa capacité à projeter sa puissance en Méditerranée et en Afrique du Nord. Moscou a négocié avec les nouveaux dirigeants syriens pour les conserver, mais aucun accord n’a encore été conclu à ce sujet.
Jalel Harchaoui, chercheur associé au think tank de défense Rusi, a qualifié les propos de Dabaiba comme un «moment décisif», ajoutant : «Le simple fait qu’il prononce ces mots est profondément problématique pour la Russie, car une partie de la doctrine russe au Moyen-Orient consiste à ne jamais être perçu comme étant à 100% d’un côté contre l’autre.»«La Russie était donc censée être cet acteur magique qui suscitait essentiellement l’approbation active des deux côtés de la crise libyenne. Et tout cela est fini», ajouté le chercheur.
Les pressions américaines sur Tripoli
L’intervention de Dabaiba, a-t-il encore déclaré, peut signifier qu’il «estime que c’est le moment de passer pour un bon gars aux yeux des Américains, car il est sous pression sur de nombreux fronts». Les États-Unis ont en effet commencé à exercer une pression économique sans précédent sur les principaux acteurs libyens en raison de la corruption.
Le nouveau directeur de la Banque centrale libyenne, Naji Issa, a révélé dans une lettre adressée cette semaine au Libyan national audit bureau que la Federal Reserve Bank de New York, avec le soutien du Trésor américain, avait déclaré qu’elle suspendrait toutes les transactions de change en dollars avec la banque jusqu’à ce qu’un auditeur indépendant, spécialisé dans la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, soit nommé pour superviser toutes les transactions.
La Réserve fédérale a fait pression sur la Banque centrale en partie après que la Libyan National Oil Corporation a admis que la Libye avait terminé l’année 2023 avec seulement 14 milliards de dollars (11 milliards de livres sterling) de revenus provenant de la vente de 1,2 million de barils de pétrole brut par jour, laissant environ 9 milliards de dollars manquants ou dépensés en carburant pour les échanges de pétrole brut.
Harchaoui a déclaré : «La lettre montre que les Américains s’inquiètent de ce qui se passe. Ils ont donc besoin d’un audit, et ils ont besoin que les Libyens paient pour cet audit.»
Les responsables libyens ont déclaré que l’audit devrait probablement révéler des preuves de contrebande de pétrole dans l’est du pays et de liens financiers étroits avec la Russie, ouvrant ainsi la voie à l’imposition de sanctions aux principaux personnages impliqués.
Harchaoui a déclaré qu’il était incontestable que, depuis la chute d’Assad au début du mois, des avions cargo russes ont effectué plusieurs vols vers la base libyenne d’Al-Khadim à l’est de Benghazi, dont deux depuis la Biélorussie. Il y a également eu des vols de Moscou vers la Libye qui ont survolé l’espace aérien turc.
Harchaoui a déclaré que, peu importe si le nouveau gouvernement de Damas chasse complètement la Russie de Syrie, la valeur des bases pour la Russie changerait. «L’environnement en Syrie, pour la Russie, est devenu plus hostile, plus incertain, plus précaire et plus coûteux», a-t-il déclaré.
La Russie déploie ses forces en Afrique
«Le niveau de partage de renseignements qui existait entre le régime d’Assad et la Russie, nécessaire à la Russie pour maintenir sa propre présence militaire, a disparu. Peut-être que le nouveau gouvernement promettra quelque chose d’équivalent, mais il ne pourra jamais être au même niveau de confort qu’avant», a ajouté le chercheur.
Haftar était obsédé par la nécessité de la défense aérienne russe pour éviter une répétition des attaques contre ses forces en 2020, lorsqu’elles ont été décimées par des drones fournis par la Turquie, estime encore Harchaoui.
Le Wall Street Journal a rapporté que les avions cargo russes qui se sont rendus en Libye transportaient des équipements de défense aérienne avancés, notamment des radars pour les systèmes de défense aérienne S-400 et S-300.
La Russie avait déjà augmenté cette année sa présence en Libye, en apportant davantage de véhicules blindés, de camions militaires, d’équipements en général et de personnel. Le nombre de soldats est passé d’environ 900 l’année dernière à environ 1 200-1 500.
Des unités sécuritaires ont démantelé, vendredi 20 novembre 2024, un réseau de trafic de drogue dirigé par deux frères et opérant dans la cité Ettadhamen, dans le gouvernorat de l’Ariana, au nord de Tunis.
Mosaïque FM, qui rapporte l’information, indique qu’après une perquisition à son domicile, les unités de sécurité ont arrêté l’un des suspects, tandis que son frère et d’autres membres du réseau sont toujours en fuite.
Lors de l’opération, trois kilos de zatla (marijuana), 2 100 pilules d’ecstasy et 150 grammes de cocaïne ont été saisis.
Le gouvernement a adopté une position ferme contre le trafic de drogue. Les récentes opérations menées à l’échelle nationale ont permis l’arrestation de centaines de suspects, mais le trafic ne semble pas avoir baissé d’intensité, la demande restant forte dans les rangs des plus jeunes.