Le secteur des assurances face au dérèglement climatique
Les conséquences actuelles et futures du dérèglement climatique sont multidimensionnelles. Il s’agit d’une source majeure d’incertitude et de préoccupation pour la société civile, les politiques et les opérateurs économiques. Même un secteur comme celui des assurances n’échappe pas au défi climatique, notamment au regard de la hausse des coûts des sinistres face aux événements climatiques extrêmes : inondations, submersions marines, sécheresse et retrait-gonflement des sols, cyclones et tempêtes, grêle, ou encore pertes agricoles…
La hausse continue des températures : l’échec de la régulation internationale
L’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C (par rapport à l’ère préindustrielle) a été fixé par l’Accord de Paris sur le climat (2015). Un objectif considéré désormais comme impossible à atteindre par diverses études scientifiques. Au contraire, celles-ci soulignent que les concentrations des gaz à effet de serre (et donc de chaleur) dans l’atmosphère continue de croître, ce qui nourrit une hausse (à un rythme toujours plus soutenu) des températures.
Prenant acte de l’avènement de l’« anthropocène » (nouvelle ère géologique ou période de l’histoire caractérisée par le fait que les activités humaines ont un impact global sur le système planétaire), la question du climat est reconnue désormais par l’ONU comme une « préoccupation commune » de l’humanité. L’intensification et l’accélération du phénomène de dérèglement climatique et ses conséquences humaines et économiques revêtent un caractère systémique. Ce phénomène nourrit les risques de déstabilisation socio-politiques, mais aussi de conflictualité internationale.
Des conséquences pour les assureurs
Cette situation pose aussi la question de la soutenabilité du régime d’indemnisation des catastrophes naturelles. Il existe également une tentation pour les assureurs de quitter les zones les plus à risques. Les implications et risques multidimensionnels du dérèglement climatique sont en effet des sources d’incertitude et d’insécurité pour les infrastructures, les personnes, leurs biens. Une nouvelle donne qui affecte la gestion des risques en général, et le secteur de l’assurance en particulier.
De fait, la multiplication et l’accroissement de l’intensité des catastrophes naturelles participent à la hausse des coûts directs et indirects des sinistres. Au-delà de ses implications économiques, le dérèglement climatique soulève de sérieux questionnements juridiques pour les marchés de l’assurance. Ce phénomène est source d’augmentation du nombre, de l’intensité et de la fréquence des incendies ([1]).
A l’échelle mondiale, le nombre de personnes exposées aux feux de forêt a fortement crû ces vingt dernières années (+40 %), une tendance qui se confirme au niveau de la France : si l’efficacité des politiques de prévention et de lutte contre les incendies a permis de réduire nettement le nombre de surfaces brûlées, l’exposition aux incendies est appelée à encore augmenter.
L’assurabilité des personnes physiques et morales étant en jeu, les assureurs se mobilisent et tendent à s’adapter progressivement aux nouvelles contraintes liées aux risques climatiques. Des réflexions et solutions innovantes se développent lentement, quoique parmi les acteurs du secteur, mais aussi parmi les chercheurs et les experts. Une mobilisation plus concertée et collective semble nécessaire à l’échelle internationale, dans le contexte notamment de la transition économique et écologique.
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[1] Source : S.T. SEYDI et alii, « L’exposition humaine mondiale aux incendies de forêt augmente malgré la diminution des superficies brûlées », Nature, août 2025, Vol. 389, n° 6762, pp. 826-829 ; Les Cahiers Lysias, septembre 2025.
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