L’Ong internationale d’origine allemande, Transparency International, spécialisée dans la lutte contre la corruption des gouvernements, a publié en février 2025, son traditionnel rapport sur l’Indice de perception de la corruption (IPC) pour l’année 2024. Ce rapport classe 180 pays selon, en principe, la corruption perçue dans le secteur public.
Basé faussement “sur plusieurs sources indépendantes”, l’IPC, concocté sur la perception du phénomène de la corruption – élément somme toute subjectif-, est confectionné sur la base d’une dizaine d’évaluations d’experts qui ont déterminé le degré de prévalence de la corruption dans le secteur public dans 180 pays et territoires, en attribuant un score compris entre 0 (le plus corrompu) et 100 (le plus transparent).
Avec 39 points sur 100, inférieur à la moyenne mondiale (43), la Tunisie est classée au 92ème rang mondial. Avec ce classement, la Tunisie perd deux points par rapport à l’année précédente (87ème), 4 points par rapport à 2022 (85ème) et 22 points par rapport à 2021.
L’IPC ne serait pas aussi objectif et indépendant
Transparency International explique le recul de la Tunisie, dans le classement ces dernières années par ce qu’elle appelle “le déclin de la participation citoyenne et le renforcement de la répression des voix dissidentes, ciblant en particulier les journalistes, les opposants politiques et les organisations de la société civile”.
L’ONG, qui semble ainsi perdre son indépendance, a tendance à s’aligner sur les positions du gouvernement allemand et de l’Union européenne lesquels ont observé, depuis le 25 juillet 2021, des réserves vis-à-vis du coup de force constitutionnel opéré, légalement pourtant, par le Président Kaïes Saïed.
L’appréciation de l’International Transparency contraste avec celle de l’ambassadeur des Etas-Unis en Tunisie Joey Hood lequel estime que “la situation des libertés en Tunisie ne serait pas si catastrophique”.
En Afrique du Nord, la Tunisie demeure le pays avec le meilleur niveau de perception de la corruption, devant le Maroc (99ème rang mondial (-1 place), l’Algérie 107ème (- 2 places), l’Egypte (130 ème, -5 places), la Libye (173ème, -3 places).
Sur le continent africain, la Tunisie occupe la 15ème place. En tête du classement figurent les Seychelles (1er en Afrique et 18ème au niveau mondial, suivies du Cap-Vert (35ème rang mondial) ainsi , que du Botswana et du Rwanda, qui partagent la 43ème place mondiale. La Tunisie perd deux places et se classe 87ème.
La corruption menace la lutte contre le réchauffement climatique
En général, l’IPC de 2024 estime que la corruption menace des fonds climatiques vitaux dans le monde entier : une meilleure protection est indispensable pour protéger des milliards de personnes vulnérables. L’IPC met en évidence les milliards de dollars de fonds climatiques qui risquent d’être volés ou mal utilisés. Le rapport montre également à quel point les acteurs clés de la diplomatie climatique sont aux prises avec la corruption, ce qui, selon ses auteurs, nuit à l’efficacité du multilatéralisme, comme les négociations de la COP.
Il s’agit d’une véritable mise en garde contre un redoutable obstacle mondial à la mise en œuvre d’une action climatique fructueuse. « Dans un contexte de réchauffement climatique record et de phénomènes météorologiques extrêmes, d’une érosion de la démocratie et d’un déclin du leadership climatique mondial, le monde est dos au mur dans sa lutte contre la crise climatique. La corruption rend ce combat beaucoup plus difficile, et la communauté internationale doit s’attaquer à la relation entre corruption et crise climatique », lit –on dans le rapport.
Abou Sarra
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